Marcel BRION est né le 21 novembre 1895, à Marseille, d’un père avocat, d’origine irlandaise (O’Brien) et d’une mère provençale (Berrin).
De 1908 à 1912, il fait ses études au collège Champittet à Lausanne. C’est dans cette ville que Lilianne Brion-Guerry, son épouse, a obtenu la création de la Fondation-Bibliothèque Marcel Brion). C’est de cette époque que date la devise de sa vie : Ardendo cresco.
Il est ensuite en philosophie au lycée Thiers à Marseille, puis commence des études de droit à Aix-en-Provence, études que la guerre interrompt. Engagé volontaires pour les Dardanelles, il est rapatrié sanitaire, ce qui lui permet d’achever ses études de droit.
C’est de 1924 que datent ses premières publications dans différentes revues : Le Feu, L’Art vivant, Fortunio. Il fait partie de l’équipe fondatrice de la revue Les Cahiers du Sud, auxquels il collaborera trente ans durant.
En 1929 paraissent son premier roman d’histoire, Bartolomé de Las Casas et son premier roman, Le Caprice espagnol. Il voyage beaucoup : Berlin (1928), pays scandinaves (1929, Munich (1930). Toutefois, à partir de 1933, il renonce à tout voyage en Allemagne du fait de la montée du nazisme. Il est au Proche-Orient en 1933-34, où il prépare La Résurrection des villes mortes, et au Caire, où il commence L’Histoire de l’Égypte et écrit un roman, La Folie Céladon. Il séjourne à Londres, Cork, Dublin, Rome et Florence en 1934-1935. Ses Laurent le Magnifique, Michel-ange, Léonard de Vinci s’y préparent. Il se rend aussi chaque automne à Vienne et à Venise et se retrouve fréquemment au bord du lac Léman qui a bercé son enfance.
Ses critiques littéraires en font un passeur de nombreux auteurs étrangers, dont il gagne l’amitié : Thoman Mann, Hemann Hesse, Hofmannsthal, Italo Selvo, Moretti, Unamuno, Eugenio d’Ors, Miguel Angel Asturias, Joyce, Walter Benjamin. S’il a rencontré Guillaume Apollinaire lors de la mobilisation, en août 1914, il a noué aussi des liens d’amitié avec Charles Du Bos, Blaise Briod, Giovanni Papini, Jacques Maritain. En Suisse, il fréquente Ramuz, Guy de Pourtalès, Marcel Pobé, Maurice Zermatten, Jaloux, Montherlant, André Germain, Marguerite Yourcenar.
Démobilisé au printemps 1940 pour raison de santé, il en profite pour se marier. Sa femme était élève de Maritain et de Focillon. Le couple voit souvent Darius Milhaud, Marcel Ray,Jouvet et Madeleine Ozeray, Blaise Cendrars. Marcel Brion monte Le Soulier de satin à la radio, à Marseille. Comme il refuse de collaborer avec le régime qui le sollicitait au nom de ses amitiés allemandes, il est interdit de publication.
Sa passion pour la montagne, où il retourne régulièrement jusqu’en 1982, nous vaut plusieurs romans : Les Miroirs et les Gouffres, Les Vaines Montagnes et surtout le roman initiatique Nous avons traversé la montagne.
Il noue de nouvelles amitiés,avec le P. Teilhard de Chardin rencontré chez les Margerie, Dino Buzzati, Lardera, Schneider, Domela, auxquels il consacre des études. Il défend les tenants du « nouveau roman ». Il publie l’Art abstrait (1956) et, sur un autre registre, L’Allemagne romantique (1962-1978), en quatre volumes, en même temps qu’il fait revivre la peinture de la même époque dans La Peinture romantique (1967), qui réhabilite C.D. Friedrich et P.O. Runge.
En 1964, Marcel Brion est élu à l’Académie française, où il succède à son ami Jean-Louis Vaudoyer. Parrainé par Daniel-Rops et Marcel Pagnol, il y est accueilli par René Huyghe.
Il reçoit le Grand Prix national des Lettres en 1979.
Il décède le 23 octobre 1984 dans son appartement parisien.
Bien d’autres ouvrages seraient à mentionner, car l’œuvre de Marcel Brion est particulièrement abondante. Elle se distribue en plusieurs champs. La littérature d’abord, avec des romans et des nouvelles, Marcel Brion excellant dans le domaine particulier du roman fantastique dont il est un des maîtres incontestés, puis les études sur le romantisme, enfin les essais de critique littéraire.
Un second secteur d’activité est celui de l’histoire, que ce soit l’Antiquité et le Moyen Âge, avec en ouverture une Vie d’Attila, publiée en 1928 et La Résurrection des villes mortes (1937), ou la Renaissance, qu’inaugure un Bartolomé de Las Casas, père des Indiens, déjà mentionné (1928), ou encore des récits historiques. L’histoire de l’art constitue un troisième secteur, avec en plus de titres déjà indiqués, Rembrandt, La Peinture allemande, L’Âge d’or de la peinture hollandaise, La Peinture religieuse : le sacré et sa représentation, ainsi que de nombreux essais.
Madame Brion-Guerry a poursuivi l’œuvre de son mari en publiant des œuvres posthumes et en assurant des rééditions de plusieurs ouvrages de Marcel Brion. Je souligne encore que les traductions en langues étrangères sont innombrables, non seulement en allemand ou en espagnol, mais aussi en italien, en japonais, en suédois, en hongrois, en anglais, en portugais, en grec, en roumain… C’est dire l’écho que son œuvre a rencontré et l’influence qu’il a exercée dans les domaines où il a excellé.
Le centenaire de la naissance de Marcel Brion a été marqué par un colloque international qui a eu lieu à la Bibliothèque nationale de France. Les Actes de ce colloque ont été publiés par Albin Michel sous le titre Marcel Brion, Humaniste et « passeur » (1996). On y trouvera évidemment une biographie de mon oncle, dont je me suis inspiré ici, et des études regroupées autour de « Marcel Brion et l’Europe », « Marcel Brion, un humaniste », « Les « passages », « Marcel Brion et la peinture ».