UA-62488107-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Crainte de Dieu

  • La crainte de Dieu

    La crainte sacrée est l’effroi qui s’empare de l’homme lorsqu’il entre en contact avec l’écrasante grandeur de Dieu. Elle saisit par exemple les Patriarches (Genèse 28, 17) et se grave dans un des noms redoutables donnés à Yahweh : « Terreur d’Isaac » (Genèse 31, 42.53). Elle envahit le peuple entier au pied du Sinaï (Exode 20, 18).

    Pareille frayeur trahit un réflexe instinctif de peur devant le sur-naturel, mais elle véhicule aussi des valeurs religieuses, car elle donne à l’homme à la fois le sentiment de sa fragilité et le sens de la toute-puissance de Dieu, qui impose à ses chétives créatures la distance de sa sainteté et en même temps la proximité de sa présence. Dans ce comportement de l’homme devant Dieu, l’accent est mis, on le voit, sur l’adoration tremblante et sur le respect immense, qui se manifestera aussi vis-à-vis des personnes, des objets, des lieux ou des temps marqués par la sainteté de Dieu.

    Dans la crainte morale, l’accent est mis au contraire sur l’obéissance aux commandements de Dieu, telle qu’on la rencontre, par exemple, dans l’attitude soumise de Joseph, qui se garde bien de tuer ses frères (Genèse 42, 18), des sages-femmes égyptiennes, qui se refusent à égorger les petits Hébreux (Exode 1, 17-21), et d’Abraham, qui ne voudrait pour rien au monde désobéir à ce qu’il croit être la volonté de Dieu (Genèse 22, 12). Tous craignent Dieu, c’est-à-dire se montrent totalement dociles à ses préceptes. // Ainsi, la crainte sacrée tremble devant Dieu et respecte scrupuleusement son culte, la crainte morale s’incline devant Dieu et observe intégralement sa volonté. La distinction entre les deux types de crainte n’est nullement imaginaire ; deux textes bibliques, au moins, juxtaposent curieusement, dans le même contexte, dans la même phrase, et sous les mêmes mots, la crainte effroi sacré et la crainte docilité morale :

    En Exode 20, 20, Moïse dit équivalemment à ses frères israélites terrorisés par la théophanie du Sinaï : « Ne craignez pas !... Craignez seulement ! » Ne craignez pas, c’est-à-dire, ne tremblez pas de peur ; craignez seulement, c’est-à-dire gardez-vous de pécher et préoccupez-vous d’obéir au Seigneur.

    Un parallèle analogue se lit en 2 Rois 17, 24-41. Dans cette page, le verbe craindre revient huit fois. Au verset 33, il désigne l’attitude des païens installés en Israël, qui « craignent » Yahweh, c’est-à-dire assurent régulièrement son culte (vv. 28-32). Au verset 34, il stigmatise la faute de ces mêmes païens, qui « ne craignent pas » Yahweh, c’est-à-dire n’observent pas ses commandements. Le premier de ces commandements prescrit en effet d’adorer Yahweh seul et de fuir les « dieux » étrangers ; or le péché dénoncé ici consiste précisément à offrir des sacrifices et aux idoles et à Yahweh (vv. 33, 35-40). Tout le passage vise donc les étrangers installés en Palestine, qui craignent Yahweh en tant qu’ils le vénèrent par les rites, et qui ne le craignent pas, puisqu’en même temps ils lui désobéissent. L’unité du texte, explicitement affirmée par le verset 41, est bien sauvegardée si l’on distingue ces deux sens du verbe craindre.

    P.-E. Bonnard, La Sagesse en personne annoncée et venue en Jésus Christ, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. Lectio divina 44, 1966, p. 55-56.

  • Contrition

    Platon dit d’une façon admirable : « Tous ceux qui subissent un châtiment sont bien traités. Ils en tirent, en effet, un avantage, car l’esprit de ceux qui sont châtiés avec justice s’améliore. » Si ceux qui sont corrigés reçoivent le bien des mains de la justice, et si, avec Platon, on reconnaît comme bon ce qui est juste, en vérité, la crainte elle-même est utile et se révèle un bien pour les hommes.

     

    Clément d’Alexandrie, Le Pédagogue, 1, 8, 67.