Les Égyptiens, représentant les impies, et les Israélites, figurant les justes, ont expérimenté au cours de l’Exode des sorts bien différents : les uns, le salut ; les autres, la peine. Or, ce salut et cette peine leur sont venus par le même élément, ici maléfique et là bénéfique, soit par des éléments analogues ou opposés, sources de bonheur pour les bons et de souffrances pour les mauvais. Ainsi : - la même eau abreuvait les uns, écœurait les autres (11, 4-14) ; - des bêtes infestaient l’Égypte, mais nourrissaient Israël (16, 1-4) ; - le serpent tuait les Égyptiens, mais sauvait les israélites (16, 5-14) ; - les précipitations célestes tombaient… en grêle sur les premiers, en manne sur les seconds (16, 15-29) ; - le jour devenait nuit pour les persécuteurs, la nuit devenait jour pour persécutés (17, 1-18, 4) ; - les meurtriers d’enfants virent leurs enfants tués par l’Exterminateur, qui épargna au contraire ceux dont on avait massacré leurs fils (18, 5-25) ; - comme aux origines, sous la main de Dieu, les forces cosmiques se déployèrent et spécialement les eaux d’une part s’ouvrirent pour laisser passer les israélites, d’autre part se refermèrent en chaos pour engloutir les Égyptiens (ch. 19).
P.-E. Bonnard, La Sagesse en personne annoncée et venue en Jésus Christ, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. Lectio divina 44, 1966, p. 91-92.