Je disais en pleurant : « Mon fils, las ! qui m'accordera que je meure pour lui ? Las ! dolente, que ferai-je ? Quand le fils meurt, pourquoi ne meurt avec lui sa triste et dolente mère , Mon fils, mon fils, m'amour entière, mon fils, ne me laisse pas ! Emmène-moi avec toi ! Tu ne mourras pas seul, selon ma volonté. Hé ! Mort, tu ne m'épargnes pas ! Prends-moi, je te désire plus que mille autres choses, tue la mère avec l'enfant ! Beau fils, ma douceur, ma joie, ma vie de corps et d'âme, et toute ma consolation, fais que je meure maintenant, moi qui t'ai porté ! Or je te vois mourir ! Fais ce que je prie ; car le fils doit bien faire et ouïr la prière de sa mère. Beau fils, fais ce que je te requiers et me laisse mourir avant toi, pour que nos corps soient ensemble ! »
Jean Gerson, Fragment d'un sermon inédit prononcé en 1398 devant la reine Isabeau, Paris, 1943.