10. Le rôle unique de la Vierge Marie, Mère de Dieu, dans l'Incarnation.
a) De toute éternité Dieu a choisi Marie pour être la Mère de son Fils, en comptant sur sa libre coopération. « Le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant contribué à l’œuvre de mort [Ève en commettant le péché originel], une femme contribuât aussi à la vie » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 56).
Nous disons « de toute éternité », car Dieu est en dehors du temps, dans un présent éternel.
La Vierge Marie a coopéré au salut des hommes avec sa foi et son obéissance libres et prononcé son « oui » au nom de toute la nature humaine, devenant ainsi la « nouvelle Ève », la « mère de tous les vivants » (Genèse 3, 20). Si Marie se trouve du côté de ceux qui sont sauvés, étant elle-même rachetée par avance du péché originel en vue de sa maternité divine, elle se trouvait ainsi « particulièrement prédisposée à la coopération avec le Christ, médiateur unique du salut de l’humanité » (Jean-Paul II, encyclique (La Mère du Rédempteur) , n° 39).
b) La mission de Marie a été préparée par celle des saintes femmes de l’Ancienne Alliance, héritières de la promesse faite à Ève d’une descendance qui sea victorieuse du Malin (voir Genèse 3, 15). Marie « occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de Lui avec confiance. Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 55), celle du salut enfin donné aux hommes.
c) En vue de devenir la Mère de Dieu, la Vierge a été comblée de grâce par Dieu. C’est ainsi que l’archange saint Gabriel la salue : kecharitoméné, grec « objet de la faveur de Dieu ». « Réjouis-toi, [kecharitoméné], le Seigneur est avec toi » (Luc 1, 28). Ce mot est traduit habituellement par « pleine de grâce », comme dans la prière du « Je vous salue Marie ». Participe parfait en grec, il indique une qualité stable de la Sainte Vierge, son nomen gratiæ, « nom de grâce ». Marie est, par excellence, la « pleine de grâce ». Marie a reçu une quantité de grâces qui dépasse de beaucoup celle de toute autre créature, et correspond à sa condition de Mère de Dieu.
La plénitude de grâce de la très Sainte Vierge signifie qu’après l’humanité du Christ elle a été sanctifiée par la grâce comme aucune autre nature créée ; elle participe d’une manière particulière à la vie divine de la Sainte Trinité, comme Fille de Dieu le Père, Mère de Dieu le Fils et Épouse de Dieu le Saint-Esprit.
(à suivre…)
Dominique Le Tourneau - Page 176
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Le rôle de Marie
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Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge
Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge
La première édition de cet ouvrage date de 1843, alors qu’il a été rédigé par saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) décédé près de cent trente ans plus tôt. Le titre a été imaginé par l’éditeur et ne correspond en réalité qu’à la première partie du livre, sur la dévotion envers Marie. Mais l’auteur se propose de faire découvrir dans la deuxième partie une « grande et solide dévotion », non la dévotion envers Marie en général : « parmi toutes les vraies et véritables dévotions à la Sainte Vierge quelle est la plus parfaite, la plus agréable à la Sainte Vierge, la plus glorieuse à Dieu et la plus sanctifiante pour nous, afin de nous y attacher ». Grignion de Montfort présente par là un véritable itinéraire de vie spirituelle.
Cette remarque est faite par un montfortain, le Père Bernard Guitteny, dans un article qu’il publié dans la Nouvelle Revue de Théologie 127 (2005), p. 403-426, sous le titre « Le texte authentique du Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge de saint Louis-Marie Grignion de Montfort ».
Le P. Guitteny relève aussi que l’éditeur de 1843, suivi depuis lors, a porté des corrections et biffé des lignes du manuscrit original, le deuxième paragraphe du texte étant purement et simplement omis. Rétablir le texte original permet de rectifier ce que saint Louis-Marie Grignion de Montfort dit de Marie en rapport avec le second avènement de Jésus. Il ne se réfère pas à la fin des temps mais au fait que c’est par Marie que Jésus doit régner dans le monde. « Le règne de Jésus-Christ ne sera qu’une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très Sainte Vierge », écrit Grignion de Montfort qui entend contribuer au règne de Jésus-Christ par la pratique de la dévotion envers Marie qu’il propose.
Enfin le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, tel que nous le connaissons, comporte un acte de consécration à Marie qui, selon le P. Guitteny, n’est pas de Grignion de Montfort. Cet acte est une « consécration de soi-même à Jésus-Christ, la Sagesse éternelle, par les mains de Marie », qui entraîne le renouvellement des promesses du baptême et la « petite offrande de mon esclavage » que Marie doit remettre à Jésus. Or, pour Grignion de Montfort, il s’agit d’une consécration » d’un niveau de perfection bien plus élevé qu’un simple renouvellement des promesses baptismales, celui d’une démarche consistant à se consacrer « tout ensemble à la très Sainte Vierge et à Jésus-Christ » (non à l’un par l’autre), ce que chacun est appelé à réaliser au niveau de vie spirituelle auquel il se trouve : « Dieu ne donne pas sa grâce également forte à tous quoiqu il la donne suffisante à tous ».
Ces précisions sont utiles, car elles permettent de mieux saisir la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort expurgée des scories que le temps lui a attachées. -
Gloire de Dieu, gloire des hommes
Gloire de l’homme ou gloire de Dieu
La glorification de Dieu. La gloire de Dieu se trouve avant tout dans la perfection infinie de la Sainte Trinité, Dieu unique en trois Personnes. « La gloire, je ne la reçois pas des hommes » (Jean 5, 41), dit le Christ. Elle fait partie de sa nature divine. Par essence, Dieu est dans la gloire, Dieu est la gloire elle-même, puisque tous les attributs ou propriétés de Dieu en lui se confondent avec son Être absolu et éternel. Ils sont Dieu. Jésus déplorera que les hommes ne le reçoivent pas alors qu’il vient au nom de son Père, tandis qu’ils reçoivent celui qui vient en son propre nom. Puis il ajoute : « Comment pourrez-vous croire, vous qui recevez la gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? » (Jean 5, 43).
L’Ascension de Jésus-Christ au ciel, c’est-à-dire sa montée au ciel avec son corps par sa propre puissance, est la glorification complète de sa sainte Humanité par laquelle, en tant qu’instrument uni à sa divinité, Dieu opéré la Rédemption de l’humanité, la rachetant du péché.
C’est à partager cette gloire éternelle que la création est invitée. « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » (Psaume 19 [18], 2). Mais la gloire de Dieu se reflète surtout dans ses saints et se trouve proclamée quand l’Église élève l’un ou l’autre de ses enfants sur les autels : « Tu es glorifié dans l’assemblée des saints : lorsque tu couronnes leurs mérites, tu couronnes tes propres dons » (Préface des saints I).
Il est demandé à l’homme : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31). Saint Paul revient sur cette exhortation dans son épître aux Colossiens (3, 17) : « Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père. » Agir pour la gloire de Dieu est l’objectif premier du chrétien.
Or, l’homme a facilement tendance à rechercher sa propre gloire, à se substituer à Dieu en quelque sorte, à détourner ce qui lui revient de plein droit. En effet, « qui te distingue ? Et qu’as-tu que tu ne l’aies reçu ? » (1 Corinthiens 4, 7), sous-entendu de Dieu, créateur de toutes choses.
La tentation est vieille comme le monde. « Si vous désirez la gloire, soyez avides de la vraie gloire. Qu’est-ce que la gloire lorsqu’elle engendre l’infamie ? Qu’est-ce que la gloire, lorsque vous êtes forcés de rechercher les louanges de vos inférieurs, et que vous en avez besoin ? C’est un honneur de jouir de la gloire qui vient de plus grand que soi. Si vous aimez vraiment la gloire, aimez celle qui vient de Dieu. Si, par amour de Dieu, vous dédaignez celle qui vient des hommes, vous verrez combien celle-ci est méprisable. Tant que vous ne comprenez pas cette gloire qui vient de Dieu, vous ne verrez pas combien la gloire qui vient des hommes est honteuse et ridicule » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des apôtres 18, 3). Et le même auteur d’ajouter que « l’homme qui agit en vue d’une gloire humaine abandonnera vite la pratique de la vertu. En effet, s’il aspire aux louanges des hommes, il fait ce qu’ils veulent, et non ce qu’il voudrait lui-même », moins encore ce que Dieu attend de lui, en réponse au don de la vie, au don de son Fils sur la Croix pour nous tirer du péché, au don de la grâce.
« Tout ce qui passe et ne tourne pas à la gloire de Dieu est néant, et en-dessous même du néant » (sainte Thérèse d’Avila, Vie 20, 26), parce que cela ne conduit ni à croire ni à aimer. Or, la finalité suprême de l’homme reste d’aimer « le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit […] et ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22, 37.39). Que l’homme cherche Dieu, voilà qui est conforme à sa nature d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (voir Genèse 1, 27).
Face à cette tentation, vieille comme l’humanité, l’homme serait bien inspiré de répéter : « Non pas à nous, Yahvé, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire » (Psaume 115 [113A], 1).
La gloire humaine ne dure qu’un temps et est toujours fragile. Elle est suspendue au cours des événements. Elle peut étourdir, certes, mais quand elle cesse, l’homme se retrouve dans une solitude affreuse. Sa mort ne sera sans doute pas celle du roi Hérode, à Césarée. Ayant pris pour agent comptant les acclamations du peuple « c’est un dieu qui parle, et non un homme ! » « à l’instant même, un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas rendu gloire à Dieu, et, devenu la proie des vers, il expira » (Actes 12, 22-23). Mais le retour à la réalité n’en sera pas moins dur : « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras à la poussière » (Genèse 3, 19).
(à suivre…) -
Être saint
Que veut dire « être saint » ?
« Voici quelle est la volonté de Dieu, votre sanctification » (1 Thessaloniciens 4, 3). Cette affirmation de saint Paul résume à la fois le plan de la Sainte Trinité par rapport à l’homme et la raison de notre existence sur terre. Le concile Vatican II parle de l’appel universel à la sainteté en ces termes : « Le Seigneur Jésus, Maître et Modèle divin de toute perfection a prêché cette sainteté de la vie […] à tous et à chacun de ses disciples, quelle que soit sa condition : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 48). […] Il est donc clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité » (constitution dogmatique Lumen gentium, « la lumière des nations », n° 40).
Or, l’Écriture ne cesse d’affirmer que Dieu est saint. Comment dans ces conditions prétendre à la sainteté ? C’est pourtant la volonté de Dieu, qui doit se traduire par une aspiration au progrès spirituel, à une amélioration de nos relations personnelles avec Dieu, au perfectionnement de notre vie. Il n’existe pas de sainteté médiocre. Ç’en serait l’antithèse. La sainteté se trouve dans les hauteurs, dans les sommets, dans le dépassement de soi.
Mais elle n’est pas le fruit du volontarisme. Elle résulte de la grâce de Dieu, qui est toujours première et, faut-il le souligner, acquise d’avance. Puisque Dieu veut notre sainteté, il nous en donne les moyens, il « se donne » lui-même à nous : grâce sanctifiante reçue au baptême et appelée croître tout au long de notre vie, vertus théologales de foi, espérance et charité, vertus morales de force, justice, prudence et tempérance, dons et fruits du Saint-Esprit, grâces actuelles, grâces propres à chaque sacrement, présence réelle du Christ dans l’Eucharistie et dans la réserve eucharistique gardée dans le tabernacle, trésor des indulgences…
La sainteté résulte donc de la grâce et de la réponse personnelle, libre et volontaire, de chaque homme. C’est là où le bât blesse, car Dieu ne veut pas nous contraindre à être saints : il respecte notre liberté. Il prépare les choses de sorte que nous soyons en mesure de lui dire « oui », de faire des efforts pour nous améliorer et le suivre. Mais il ne s’impose jamais. Puisque « la condition humaine, que nous l’admettions ou non, consiste [à servir], il n’est rien de meilleur que de se savoir esclaves de Dieu par Amour. Car nous perdons alors la condition d’esclaves ; nous devenons des amis, des fils. C’est en cela qu’apparaît la différence : nous faisons face aux honnêtes occupations du monde avec la même passion, le même enthousiasme que les autres, mais avec la paix au fond de l’âme ; avec joie et sérénité, y compris dans les contradictions, car nous ne mettons pas notre confiance dans ce qui passe, mais dans ce qui reste pour toujours » (st Josémaria, Amis de Dieu , n° 35).
Vouloir devenir saint, c’est ne pas se contenter d’être le chrétien que l’on est, et de se stabiliser à un niveau donné de pratique de la foi : messe dominicale, peut-être même quotidienne, prière régulière, sacrifices ou mortifications habituels, souci du prochain… Vivre la sainteté pour de bon consiste à « aspirer aux dons supérieurs » (1 Corinthiens 12, 31), comme l’écrit saint Paul.
C’est donc rechercher la perfection en toute chose, l’excellence. N’est-ce pas d’ailleurs ce à quoi le Seigneur nous invite explicitement quand il résume les commandements dans celui d’aimer Dieu « de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Matthieu 22, 38). Il n’attend pas que nous l’aimions un peu, beaucoup, énormément, mais de tout notre être, sans restriction aucune, sans réserve.
En définitive, la sainteté, c’est cela : tout faire d’abord et avant tout par amour de Dieu, pour lui faire plaisir, c’est que nous « fassions ce qui est agréable à ses yeux » (1 Jean 3, 22). C’est demander inlassablement à Dieu de nous donner sa grâce pour progresser, nous améliorer. Il ne nous la refusera pas : « Qui demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe, on ouvrira » (Matthieu 7, 8). -
Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (2)
L’Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (suite et fin)
La restauration de l’Ordre du Saint-Sépulcre. Après avoir restauré le patriarcat latin (lettre apostolique Nulla celebrior, 23 juillet 1847), Pie IX réorganise l'Ordre (bref Cum multa, 24 janvier 1868). Pour la première fois depuis quatre siècles, un patriarche de Jérusalem est nommé, en la personne de Mgr José Valerga, qui reçoit l'administration de l'Ordre dans ses prérogatives. Léon XIII étend aux dames le droit d'appartenir à l'Ordre (bref, 3 août 1888). Les nouveaux statuts sont signés à Jérusalem le 6 avril 1892.
Pie X confirme les privilèges de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem et se réserve le titre de Grand Maître (lettre apostolique Quam multa, 3 mai 1907). Le patriarcat de Jérusalem souffre beaucoup de la première guerre mondiale. Benoît XV bénit le projet de restauration et approuve la fondation de l'Œuvre de la préservation de la foi, unie à l'Ordre du Saint-Sépulcre. L'Ordre prend alors le titre d'Ordo Equestris Sancti Sepulcri Hierosolymitani, ou Ordre chevaleresque du Saint-Sépulcre de Jérusalem (sacrée congrégation de la Cérémoniale, décret du 5 août 1931). Pie XI approuve les statuts réformés (19 mars 1932). Pie XII les modifie et confie la grande maîtrise à un cardinal (lettre apostolique Quam Romani Pontifices, 14 septembre 1949).
Le 8 décembre 1962, Jean XXIII approuve la mise à jour des statuts et assigne à l'ordre la mission de travailler à promouvoir le progrès de la foi en Terre Sainte. De Paul VI est cette invitation : « Continuez à aimer ces Lieux Saints, d'une prédilection toujours plus intense et plus pieuse […] continuez à y promouvoir les œuvres de religion, d'instruction, de charité qui y attestent la présence tenace et amoureuse de l'Eglise catholique; augmentez, si possible, votre effort de bienfaisance spirituelle et corporelle pour ces populations […]; et faites-leur voir que votre Croisade veut être celle de la charité, de la concorde, de la paix; celle de l'Évangile du Christ » (Allocution à des membres du Saint-Sépulcre, 30 mai 1964).
L'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem de nos jours. Les statuts approuvés par Paul VI le 8 juillet 1977 n'ont fait que confirmer cette mission. L'Ordre du Saint-Sépulcre est l'un des trois seuls Ordres de chevalerie officiellement reconnus par le Saint-Siège et par les États (le gouvernement français l'a reconnu en 1928).
Il est placé sous l'autorité du cardinal Grand Maître — actuellement S. Em. le cardinal Caprio — qui le dirige au nom du Pontife romain et qui réside à Rome. Il est aidé par le gouverneur général et par le grand magistère, composé de 16 membres de différents pays, et par la Consulta, assemblée comprenant le grand magistère et les Lieutenants de tous les pays. Le grand prieur est de droit le patriarche latin de Jérusalem. L'ordre a son siège près de l'église de St-Onuphre au Janicule, dans un couvent donné par Pie XII, lieu où est mort Le Tasse (auteur de La Jérusalem délivrée).
L'ordre comprend 35 implantations, appelées Lieutenances. 16 en Europe : Allemagne, Angleterre et Galles, Autriche, Belgique, Ecosse, Espagne (Aragon, Catalogne et Baléares, Castille et Léon), Finlande, France, Gibraltar, Hongrie, Italie (centrale, méridionale, septentrionale, Sicile), Monaco, Pays-Bas, Portugal, Suisse); 14 dans les Amériques ; Brésil (Rio de Janeiro, São Paõlo), Canada (Montréal, Québec, Tonronto), Colombie, Equateur, Etats-Unis (sud, nord-est, ouest, est, nord), Mexique, Puerto-Rico) 1 en Océanie (Australie); 2 en Extrême-Orient (Philippines).
Les chevaliers et les dames du Saint-Sépulcre (plus de 10 000) se répartissent en trois classes : classe des chevaliers de Collier et des dames de Collier ; classe des chevaliers, qui se divise dans les grades de chevalier de Grand'Croix, Commandeur avec Plaque, Commandeur, Chevalier; classe des dames, qui se divise dans les grades de dame de Grand'Croix, dame de Commanderie avec Plaque, dame de Commanderie et dame. Choisis, comme le précisent les statuts, parmi les personnes de foi catholique profonde, de conduite morale exemplaire, particulièrement méritantes envers les œuvres catholiques de Terre Sainte ou envers l'ordre, ils sont nommés par le cardinal Grand Maître, le diplôme de nomination devant être muni du visa et du sceau de la Secrétairerie d'État.
L'investiture a lieu après une veillée de prière par l'adoubement selon le cérémonial approuvé par la congrégation des rites (25 juillet 1962).
L'insigne est la croix potencée rouge, cantonnée de quatre croisettes non potencées, dite de Jérusalem. Une ancienne explication en est qu'« en l'honneur de la passion du Christ, par respect envers le Souverain Pontife et par obéissance envers le Vicaire du Christ et les évêques, nous avons adopté « les saintes croix » en l'honneur des cinq plaies de notre Seigneur Jésus-Christ pour nous distinguer parmi les infidèles ».
L’Ordre du Saint-Sépulcre en France. La Lieutenance de France est dirigée par Maître André Damien. Elle comprend dix Régions, qui se divisent en Commanderies, au nombre de deux à cinq, les Régions et les Commanderies étant placées sous la protection d’un saint patron. L’église capitulaire de l’Ordre est l'église de Saint-Leu-Saint-Gilles, à Paris.
La Lieutenance de France assure la garde et la vénération des Saintes reliques de la Passion, dont l'ostension a lieu à Notre-Dame de Paris le premier vendredi de chaque mois, les vendredis de Carême et une bonne partie du Vendredi saint.
Ces dernières années, la Lieutenance de France, par exemple, a aidé à construire à Taybeh (village proche de Jérusalem) un dispensaire, une école (450 élèves) et une maison du pèlerin ; elle soutient des coopérants français, de préférence séminaristes, et participe à la construction d'un complexe scolaire à Reneh, en Galilée.
« Continuez à vénérer la terre sanctifiée par les Patriarches, les Prophètes, par les pas du Fils de Dieu qui s'est fait Fils de l'homme, par les Apôtres, en vous montrant toujours fidèles à l'esprit de vos statuts » (Jean-Paul II à des dirigeants de l'Ordre, 15 mai 1986). Le pape ajoutait : « Je vous félicite pour l'assistance que vous donnez aux institutions scolaires et culturelles du diocèse de Jérusalem […], les écoles contribuent à garantir la présence future de la foi chrétienne dans ces lieux, et présentent une aide appréciable pour la promotion civile, humaine et sociale de ces populations. » -
Dieu est-il injuste ?
Face aux drames que chaque homme connaît, il est fréquent d’entendre dire que Dieu est injuste ou que, puisque des gens sont durement frappés par la maladie, des catastrophes, une mort atroce, Dieu n’existe pas. Pour répondre, le préalable indispensable est de savoir ce qu’est la justice.
En droit, la justice consiste en la volonté de donner à chacun ce qui lui est dû. Élevée au rang de vertu cardinale, la vertu étant une disposition ferme et habituelle à faire le bien, la justice est « la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû » (Catéchisme de l’Église catholique Que nous ayons à donner à Dieu semble facile à comprendre : « C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17, 28), comme saint Paul l’expose aux Athéniens réunis à l’Aréopage. Nous n’existons que par Dieu, créateur du ciel et de la terre. Il est en droit de nous demander de l’écouter et de le suivre, d’autant que sa volonté à notre égard est notre vrai bien : il veut que tous les hommes soient sauvés.
Quant à nous, que pouvons-nous exiger de Dieu ? Que nous doit Dieu ? Rien, absolument rien. Ayant tout reçu de Dieu, que pourrions-nous exiger de lui ? Qui sommes-nous pour réclamer ? Dieu nous est infiniment supérieur. Il n’a aucune dette envers nous. Autrement dit, il n’y aucune injustice dans ce qu’il fait ou permet. « Tu es juste, Seigneur, toutes tes actions sont justes et toutes tes voies sont miséricorde et vérité » (Tb 3, 2).
Que le Seigneur accorde ses grâces à l’un et non à l’autre n’est nullement injuste. C’est son bon plaisir et en même temps le mystère de l’Amour de Dieu qui s’exerce comme il l’entend. « Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est mien ? Ou as-tu l’œil envieux parce que je suis bon ? » (Matthieu 20, 15). C’est la question à laquelle nous devons répondre avec la sincérité de notre conscience.
Si nous sommes favorisés par Dieu, nous lui rendrons grâce. Et si nous ne recevons pas ce que nous désirons, nous le remercierons pareillement, parce que, dans l’un et l’autre cas, il agit envers nous avec sagesse et bonté et que lui seul sait de science absolue ce qui convient à notre bien.
En outre, « l’expérience du passé démontre que la justice ne suffit pas à elle seule et même qu’elle peut conduire à sa propre négation et à sa propre ruine, si on ne permet à cette force plus profonde qu’est l’amour de façonner la vie humaine dans ses diverses dimensions (Jean-Paul II, encyclique Riche en miséricorde, n° 12). Et précisément « Dieu est amour » (1 Jean 4, 16) et n’agit que par pur Amour envers les hommes. -
Séparation et paroisses de Paris
Parmi les nombreux ouvrages parus à l’occasion du centenaire de la Loi du 9 décembre 1905 portant Séparation des Églises et de l’État, je voudrais signaler un livre un peu particulier qui a pour mérite de présenter la façon dont la séparation a été vécue sur le terrain, concrètement à Paris.
L’ouvrage, dû à Jacques Sévenet, est intitulé Les paroisses parisiennes devant la séparation des Églises et de l’État 1901-1908. Il a été publié chez Letouzey & Ané en novembre 2005, avec une préface de Valentine Zuber.
Cette reconstitution historique de la vie des paroisses catholiques à Paris au début du XXe siècle s’appuie sur une documentation riche et diversifiée : bulletins paroissiaux, revues ecclésiastiques, livres de fabrique, Journal officiel, minutes de conférences publiques, rapports de police, etc. L’auteur, curé en région parisienne, commence par un exposé sur la situation de l’Église catholique à Paris à la veillée la loi de Séparation. Puis il présente les acteurs catholiques de la période considérée, à commencer par le cardinal Richard, archevêque de Paris. Dans un troisième chapitre, il présente la typologie du conflit des deux Frances tel qu’il se présente dans les réunions publiques tenues à Paris tout au long de l’année 1905. Il montre ensuite comment ont lieu les inventaires des biens d’Église. La situation créée par la Séparation engendre le désarroi dans une Église qui se sent abandonnée et qui se demande quoi faire de sa liberté et où trouver de l’argent pour vivre. Plus angoissante semble être la question des associations cultuelles, refusées par le saint-siège. Des accommodements sont trouvés ici ou là. Le conseil curial que préside le curé, l’assemblée plénière des évêques de France sont aussi des réponses aux nouveaux besoins.
En conclusion, la Séparation va permettre aux curés parisiens de se libérer de la tutelle administrative et de développer les organisations paroissiales, notamment dans les quartiers les plus défavorisés. En outre, l’auteur prouve que la liberté et la neutralité de l’État ne sont en aucun cas une proclamation d’indifférence de ce dernier à l’égard du phénomène religieux présent sur son territoire.
Une première annexe présente les paroisses parisiennes de l’époque ; une deuxième annexe donne le texte de la loi du 9 décembre 1905.
Une recension plus détaillée de cet ouvrage paraîtra dans un prochain numéro de la revue Zeitschrift für Kirchengeschichte, à Tübingen. -
Benoît XVI : anniversaire de l'élection
19 avril : anniversaire de l’élection de Benoît XVI
Il y un an, au terme d’un conclave particulièrement bref, le cardinal Joseph Ratzinger était élu pape, pour succéder à Jean-Paul II sur le siège de Pierre, en tant que 265ème Pontife romain. Il prit le nom de Benoît XVI.
Le jour de son installation, le 24 avril 2005, le nouveau pape déclarait que son programme de gouvernement est « celui de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais de me mettre à l’écoute, avec toute l’Église, de la parole et de la volonté du Seigneur et de me laisser guider par Lui, afin que ce soit Lu-même qui guide l’Église ». C’est comme un écho de l’affirmation du Christ : « Je m’applique à faire non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 5, 30).
Ressentant le poids des nouvelles et lourdes responsabilités qui pesaient désormais sur ses épaules, Benoît XVI avait demandé ensuite de prier pour lui : « Priez pour moi, pour que j’apprenne toujours plus à aimer le seigneur. Priez pour moi, pour que j’apprenne à aimer toujours plus son troupeau […]. Priez pour moi, pour que je ne prenne pas la fuite, par peur, devant les loups. » Ces loups qui existent un peu partout, cherchant à détruire l’Église et l’œuvre de Dieu. Mais, dit Benoît XVI dans son Message pour le carême 2006, Jésus-Christ « décide de les défendre [les foules] des loups, même au prix de sa vie ». « On m’a poussé violemment pour me faire tomber, mais Yahvé m’a secouru » (Psaume 118 [117], 1 3).
Une façon de marquer sa fidélité au pape consiste à incorporer ces enseignements à notre vie. En effet, « tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique – dit Jésus – est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc » (Mt 7, 24), et, précise benoît XVI dans son Message pour la Journée mondiale de la jeunesse de2006, « il ne cédera pas aux intempéries ». Accueille en toi la parole du pape, et que ton adhésion soit religieuse, humble, intérieure et efficace : fais-toi l'écho de sa parole ! » (saint Josémaria, Forge, n° 133).
Une autre façon consiste à avoir recours au sacrement de la réconciliation afin que l’âme soit le plus possible au diapason avec Dieu. Il faut irriguer par la prière, la mortification et la grâce les nombreux déserts que nous trouvons dans le monde : « déserts de la pauvreté, désert de la faim et de la soif, désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Désert de l’obscurité de Dieu, du vide de l’âme qui n’a plus conscience de la dignité et du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans le monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus si vastes » (Benoît XVI, Homélie, 24 avril 2005). Il faut donc remplir de Dieu pour pouvoir donner Dieu aux autres. « Celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu » (Benoît XVI, Message pour le carême 2006) … -
Ordre du Saint-Sépuclre de Jérusalem (1)
L’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem
Finalité. L'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem a pour finalité : a) accroître parmi ses membres la pratique de la vie chrétienne, en fidélité absolue au Souverain Pontife, et d'après les enseignements de l'Église ; b) soutenir et aider les œuvres et les institutions cultuelles, caritatives, culturelles et sociales de l'Église catholique en Terre Sainte, particulièrement celles du patriarcat latin de Jérusalem ; c) encourager la conservation et la propagation de la foi dans ces régions, en y intéressant les catholiques du monde entier ; d) soutenir les droits de l'Église catholique en Terre Sainte (Statuts, 8 juillet 1977).
L'Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem remplit sa mission en apportant un soutien matériel aux communautés chrétiennes de Terre Sainte. Il contribue ainsi largement au fonctionnement de 44 écoles paroissiales du patriarcat latin de Jérusalem (15 100 élèves, chrétiens et musulmans). Il subvient aux besoins du clergé, de ses 60 paroisses, du séminaire de Beit Jala (80 séminaristes), soutient de nombreuses activités de bienfaisance, des dispensaires, des crèches, etc. Sur proposition du patriarche latin, chaque Lieutenance peut aider d'autres projets, en accord avec le grand magistère. Le soutien de l'ordre est aussi moral : chevaliers et dames visitent les communautés chrétiennes — le pèlerinage en Terre Sainte est un de leurs engagements — et prient avec leurs membres.
Les origines. Dès les premiers siècles de notre ère, les chrétiens accordèrent un soin particulier des lieux saints, dont le Saint-Sépulcre. L’Église de rite latin et celle de rite syriaque en assurent les premières la vénération et la garde. Sainte Hélène fait construire (328) la basilique qui abrite le Sépulcre du Seigneur et en confie la garde à des cénobites. Les Perses l'incendient (614). Les Arabes prennent Jérusalem (638). L'on attribue à Charlemagne les premiers capitulaires organisant les gardiens du Saint-Sépulcre (808).
Les événements de Terre Sainte amènent Urbain II à prêcher la première croisade (concile de Clermont, 1095). Les chevaliers à qui la Croix était imposée sont appelés Milites Sancti Sepulcri. Ils libèrent Jérusalem sous la conduite de Godefroi de Bouillon, qui confie à cinquante d'entre eux l'honneur de la garde armée du Saint-Sépulcre. Certains étaient religieux, d'autres laïcs. Son frère et successeur, Baudoin Ier, nomme le Patriarche de Jérusalem chef de l'ordre et lui octroie la faculté de créer, d'armer et d'instituer les chevaliers.
Le patriarche Arnols de Jérusalem constitue un véritable ordre militaire et religieux, qui regroupe les chanoines du chapitre de Jérusalem et les Chevaliers, les uns et les autres étant placés sous la règle de saint Augustin.
Le sultan égyptien Saladin s'empare de Jérusalem (2 octobre 1187). Reprise, elle est définitivement perdue en 1244. Les Chevaliers survivants, religieux et laïcs, se regroupent à Saint-Jean d'Acre, qui tombe le 18 mai 1291.
Cependant, moyennant un lourd tribut, le sultan cède en 1333 les lieux saints à Robert d'Anjou et à son épouse Sanche de Majorque, souverains de Naples. Clément VI les confie à la garde des Frères Mineurs de saint François ; leur supérieur, Custode de Terre Sainte, représente l'autorité du Saint-Siège. La « Custodie de Terre Sainte », du latin custodia « garde », était ainsi constituée. Elle subsiste de nos jours, toujours confiée aux Franciscains.
Léon X (bref, 29 octobre 1518) et les Pontifes ultérieurs confirment cette concession.
La défense du territoire des lieux saints étant devenue impossible l'Ordre du Saint-Sépulcre s'adonne désormais à la défense spirituelle des valeurs du christianisme en Terre Sainte et à la conservation de ses institutions éducatives et charitables.
Les Chevaliers s'installent dans leurs nombreux établissements européens, les plus importants étant l'archiprieuré de Pérouse (Italie) et le prieuré de Miechow (Pologne). L'Ordre est introduit en France par saint Louis (1254), sous forme d'une archiconfrérie royale ; il existe depuis 1131 en Espagne (où les Chevaliers continuent de combattre contre les Sarrasins) ; depuis 1125 en Allemagne (monastère de Denkendorf). Des couvents de chanoinesses régulières du Saint-Sépulcre sont également fondés : Wittstoch (Prusse), Saragosse (Aragon), Charleville, celui des Dames de la rue de Bellechasse (Paris), etc.
Le pape Innocent VIII incorpore l'Ordre du Saint-Sépulcre à celui de Saint-Jean de Jérusalem (bulle Cum Solerti Meditatione, 28 mars 1489). Mais de nombreuses résistances se font jour, si bien que la bulle n'est pas appliquée partout. La restauration de l'Ordre est tentée en 1558, en Flandres, en 1616, en France, sans succès par suite des interventions de l'Ordre de Malte peu désireux de restituer les possessions de l'Ordre du Saint-Sépulcre.
Cependant Ferdinand d'Aragon, dit le catholique, obtient d'Alexandre VI qu'il révoque en partie la bulle d'union, le Saint-Siège se réservant le fonction de Grand Maître de l'Ordre du Saint-Sépulcre. Léon X maintient ses droits à la branche espagnole, dont le monastère de Calatayud n'a pas été atteint par l'extinction de l'Ordre (bref, 29 octobre 1513). De même le monastère de Miechow a échappé à la tourmente.
(à suivre…) -
Semaine sainte
La Semaine sainte
C’est la semaine centrale de la religion chrétienne, qui, pour l’Église catholique, va du dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur (le 9 avril cette année, pour les catholiques et les protestants) au dimanche de la Résurrection ou de Pâques. Elle est marquée principalement par les trois jours saints, le triduum pascal. Il comprend d’abord le Jeudi saint, jour où Jésus prend son dernier repas – la dernière Cène – avec ses apôtres, au cours duquel il institue les sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre, ce que rappelle la Missa in Cœna Domini, « messe de la Cène du Seigneur ». Ensuite, Jésus se rend au jardin des Oliviers, où il entre en agonie et où les Juifs, conduits par Judas, procèdent à son arrestation. On peut accompagner spirituellement le Seigneur, en se recueillant devant les « reposoirs », un endroit de l’église où le saint-sacrement, l’Eucharistie, est réservé pour l’adoration et pour la communion du lendemain.
Le Vendredi saint est le jour commémoratif de la Passion et la mort de Jésus sur la Croix, par laquelle il accomplit une fois pour toutes la rédemption de l’humanité, délivrant l’homme des suites de ses péchés, ce pour quoi il s’est incarné. Ce jour ne comporte pas de messe, mais un office de la Passion, avec la vénération de la Croix, en souvenir de la Croix sur laquelle Jésus a donné sa vie pour racheter les hommes de leurs péchés. C’est un jour de jeûne – privation volontaire partielle de nourriture – et d’abstinence – abstention de viande ou autre sacrifice. Le Vendredi saint est au cœur de la Semaine sainte, et du triduum pascal.
Le Samedi saint est le seul jour de l’année sans aucune célébration liturgique, en dehors de la liturgie des heures – prière officielle de l’Église. L’Église rappelle ainsi le silence qui s’est abattu sur le monde pendant que le corps de Jésus reposait dans le sépulcre, après être descendu aux enfers et avant sa glorieuse résurrection au matin de Pâques. Seule Marie a conservé la foi : l’Église en fait mémoire le samedi, jour consacré à la Vierge Marie depuis le Moyen Âge.
Dans la nuit du Samedi saint au dimanche de Pâques a lieu une veillée de prière qui marque l’attente de la Résurrection du Christ Seigneur. Elle est appelée la « mère de toutes les veillées ». Elle comporte la bénédiction du feu et la préparation du cierge pascal, qui, porté en procession, représente la lumière du Christ, l’annonce de la Pâque ou exultet, une liturgie de la Parole, la liturgie baptismale, avec éventuellement le baptême d’adultes, et la liturgie eucharistique.
« Penser à la mort du Christ se traduit par une invitation à nous situer avec une sincérité absolue devant notre devoir quotidien, à prendre au sérieux la foi que nous professons. La Semaine Sainte ne peut donc pas être une parenthèse sacrée dans le contexte d’une vie mue exclusivement par des intérêts humains; elle doit être une occasion de pénétrer dans la profondeur de l’amour de Dieu, pour pouvoir ainsi, par notre parole et par nos œuvres, le montrer aux hommes » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 97).