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Dominique Le Tourneau - Page 177

  • Le regard du Christ

    Après avoir mis le 15 avril un texte sur le regard que le Christ porte sur Marie, voici un texte d'ordre général sur l'invitation à regarder leChrist. Il serasuivi, au fil des semaines, de quatorze poèmes décrivant principalement le regard porté sur différents personnages de l'Évangile.

    Regarder le Christ

    Le pape Benoît XVI invite à porter sur le monde qui nous entoure le regard du Christ. Face aux défis de la pauvreté, « l’indifférence et le repli sur son propre égoïsme se situent dans une opposition intolérable avec le « regard » du Christ » (Message pour le carême 2006) . Grâce au sacrement de réconciliation, « nous découvrons un « regard » qui nous scrute dans les profondeurs et qui […] redonne confiance à ceux qui ne se renferment pas dans le scepticisme, en leur ouvrant la perspective de l’éternité bienheureuse » (Ibid.).

    Engageant l’humanité dans le troisième millénaire, son prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, nous avait déjà invités à contempler le regard du Christ, à nous laisser saisir par lui. Pour aller dans ce sens, je proposerai au cours des semaines à venir une réflexion sur le regard que le Christ porte sur tel ou tel personnage et sur celui que nous devons porter sur lui.

    Mais je voudrais citer ici quelques phrases de la lettre apostolique que Jean-Paul II a adressée à tous les jeunes du monde entier, en 1985. Elle est intitulée dilecti amici, « mes chers amis » et constitue une véritable charte du jeune catholique dans l’Église et dans le monde.

    Partant de la rencontre du jeune homme riche avec Jésus, et de ce que dit l'Évangile : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima », le pape écrivait : « Je vous souhaite de connaître un tel regard ! Je vous souhaite de faire l’expérience qu’en vérité, lui, le Christ, vous regarde avec amour !

    Il regarde tout homme avec amour. L’Évangile le confirme sans cesse. On peut dire aussi que ce « regard aimant » du Christ résume et synthétise en quelque sorte toute la Bonne Nouvelle. Si nous cherchons l’origine de ce regard, il faut que nous revenions en arrière, au Livre de la Genèse, à cet instant où, après la création de l’homme, créé « homme et femme », Dieu vit que « cela était très bon ». Ce tout premier regard du Créateur se reflète dans le regard du Christ qui accompagne le dialogue avec le jeune homme de l'Évangile.

    Nous savons que le Christ confirmera et scellera ce regard par le sacrifice rédempteur de la Croix, car c’est justement par ce sacrifice que ce « regard » a atteint une particulière profondeur dans l’amour. Il contient une affirmation de l’homme et de l’humanité dont lui seul est capable, lui, le Christ, Rédempteur et Epoux. Lui seul « connaît ce qu’il y a dans l’homme », il connaît sa faiblesse, mais il connaît aussi et par-dessus tout sa dignité.

    Je souhaite à chacun et à chacune de vous de découvrir ce regard du Christ, et d’en faire l’expérience jusqu’au bout. Je ne sais à quel moment de votre vie. Je pense que cela se produira au moment le plus nécessaire : peut-être au temps de la souffrance, peut-être à l’occasion du témoignage d’une conscience pure, comme dans le cas de ce jeune homme de l'Évangile, ou peut-être justement dans une situation opposée, quand s’impose le sens de la faute, le remords de la conscience : le Christ regarda Pierre à l’heure de sa chute, après qu’il eût renié son Maître par trois fois.

    II est nécessaire à l’homme, ce regard aimant : il lui est nécessaire de se savoir aimé, aimé éternellement et choisi de toute éternité. En même temps, cet amour éternel manifesté par l’élection divine accompagne l’homme au long de sa vie comme le regard d’amour du Christ. Et peut-être surtout au temps de l’épreuve, de l’humiliation, de la persécution, de l’échec, alors que notre humanité est comme abolie aux yeux des hommes, outragée et opprimée : savoir alors que le Père nous a toujours aimés en son Fils, que le Christ aime chacun en tout temps, cela devient un solide point d’appui pour toute notre existence humaine. Quand tout nous conduit à douter de nous-mêmes et du sens de notre vie, ce regard du Christ, c’est-à-dire la prise de conscience de l’amour qui est en lui et qui s’est montré plus puissant que tout mal et que toute destruction, cette prise de conscience nous permet de survivre.

    Je vous souhaite donc de faire la même expérience que le jeune homme de l'Évangile : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima » (Jean-Paul II, lettre apostolique Dilecti amici , 31 mars 1985, n° 7).

  • Pâques

    L’Église catholique célèbre Pâques aujourd’hui.

    À l’origine, c’était une fête juive célébrant la délivrance du peuple élu de l’esclavage en Égypte (voir Exode 12, 1-28), appelée aussi fête des Azymes, car les Juifs doivent s’abstenir de manger du pain fermenté pendant la semaine qui commence avec la célébration de la Pâque.

    Pour les chrétiens, c’est la solennité du dimanche de la Résurrection de Jésus, la « Fête des fêtes », la « solennité des solennités », le Grand dimanche. Ce jour-là, l’Église se remémore la victoire du Christ sur la mort, le démon et le monde.

    Le Christ avait prophétisé, sans que ses disciples parviennent à le comprendre, qu’il ressusciterait le troisième jour après sa mort, Jésus est ressuscité avec son corps qui avait été enseveli. Son âme se réunit à son corps. La Résurrection du Seigneur est le fondement de la foi catholique. Saint Paul affirme que « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » (1 Corinthiens 15, 14). Saint Paul ajoute que « nous sommes les plus malheureux des hommes » (1 Corinthiens 15, 19) si nous mettons notre espoir dans le Christ uniquement pour la vie présente sans avoir l’espérance d’une vie à venir.

    La résurrection ne peut avoir lieu que sous l’effet d’un pouvoir extraordinaire. À plusieurs reprises Jésus a rendu des morts à la vie. Mais ici, c’est par son propre pouvoir qu’il s’arrache à la mort, car il est Dieu lui-même et qu’à Dieu rien n’est impossible : Dieu n’est pas tenu par les lois qui régissent le monde qu’il a lui-même créé.

    La Résurrection du Christ est le gage de la « résurrection de la chair », professée dans le « Je crois en Dieu ». Quand Jésus reviendra dans sa gloire à la fin du monde pour « juger les vivants et les morts », « en un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette dernière — car elle sonnera — les morts ressusciteront incorruptibles » (1 Corinthiens 15, 52), soit pour une vie glorieuse pour les saints, soit pour une vie terrible pour les impies. Ce sera le Jugement dernier. Chacun est appelé retrouver son propre corps. C’est ce que le « Je crois en Dieu » ou « profession de foi » appelle la « résurrection de la chair ».

    On parle aussi de « résurrection spirituelle » à propos des effets du sacrement de pénitence qui, quand il pardonne un péché mortel, fait « ressusciter » l’âme d’un état de mort spirituelle à la vie de la grâce et d’amitié avec Dieu.

    Pour marquer sa joie, l’Église fait entendre de nouveau aujourd’hui les alléluia qui s’étaient suspendant le carême. Déjà utilisé dans les cérémonies hébraïques, le mot alléluia veut dire « louez Dieu ».

    « Le Christ vit. La voilà la grande vérité qui donne son contenu à notre foi. Jésus, qui est mort sur la croix, est ressuscité ; il a triomphé de la mort, de la puissance des ténèbres, de la douleur et de l’angoisse. Ne vous effrayez pas, s’écrie l’ange en saluant les femmes qui se rendent au sépulcre ; ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : Il est ressuscité, Il n’est pas ici (Marc 16, 6). Hæc est dies quam fecit Dominus, exultemus et lætemur in ea ; voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie (Psaume 117, 24).
    Le temps pascal est un temps de joie, d’une joie qui ne se limite pas à cette seule époque de l’année liturgique, mais qui réjouit à tout moment le cœur du chrétien. Car le Christ vit : le Christ n’est pas une figure qui n’a fait que passer, qui n’a existé qu’un certain temps et qui s’en est allée en nous laissant un souvenir et un exemple admirables.
    Non : le Christ vit. Jésus est l’Emmanuel : Dieu est avec nous. Sa résurrection nous révèle que Dieu n’abandonne pas les siens. Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même s’il s’en trouvait une pour oublier, moi, je ne t’oublierai jamais (Isaïe 49, 14-15), avait-il promis. Et il a tenu parole. Dieu continue à faire ses délices parmi les enfants des hommes (voir Proverbes 8, 31) » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 102).

  • Regard de Jésus à Marie

    Jésus l’a regardée avec admiration
    Pendant toute sa vie, attendri pour de vrai
    De son aide humble et sûre, de sa contribution
    À nous libérer du péché, nous délivrer.
    Jésus, depuis qu’il s’est éveillé à la vie,
    Observe sa mère en qui il voit le modèle
    D’une âme que le feu de son Esprit havit
    Et qui, sa vie durant, reste à jamais fidèle.
    Elle est la femme du « oui » inconditionnel
    Qui, le Samedi saint, se place en sentinelle,
    Prenant sous son manteau l’Église en gestation,
    Devenue tabernacle en édification.
    Jésus-Christ dévisage la si pleine de grâces,
    Associée à son œuvre pour qu’elle aussi terrasse
    Le Prince de ce monde, et qu’elle provoque
    La sainteté par vagues à toutes les époques.
    Il voit l’or des vertus qui resplendit en elle,
    Reflet des perfections infinies du Seigneur,
    Il se complait dans cette distinction solennelle,
    Qui la gratifie d’une perfection supérieure.

    * * *

    À-demi aveuglé, tu aperçois ta Mère.
    Hélas, son doux visage t’apparaît déformé,
    Pourtant c’est bien Elle, vision douce et amère,
    Celle qui dans son sein virginal t’a formé.
    La vision que, du gibet, tu as de sa Mère,
    Douce consolation dans ces heures amères,
    Mêle complicité et robuste empathie,
    Liniment calmant les tourments dont tu pâtis.
    Puisant dans les rares énergies qui te restent,
    Ému par cet amour que nul ni rien n’arrête,
    Tenant ton faible souffle tout près d’être asphyxié,
    Tu ouvres encore ta bouche de supplicié :
    « Mère, voici ton fils », dis-tu en montrant Jean.
    « Quoi, un pécheur à la place du Rédempteur !
    Ô mon Unique, comme tu sais être exigeant !
    Tu n’avais plus que moi. Je te dis « oui » sur l’heure. »
    Possédant l’accord dont tu n’avais pas douté,
    Puisque Marie ne t’a jamais rien refusé,
    Tu te tournes vers le disciple chouchouté :
    « Voici ta mère, prends d’elle un soin empressé. »
    À partir de ce jour-là, Jean la prit chez lui,
    Trouvant en elle non seulement un appui
    Mais une Éducatrice pour découvrir son Fils
    En tout présent et se réjouir des sacrifices.

  • St Thomas More, intercesseur de l'Opus Dei

    Aujourd'hui, 22 juin, c'est la Saint-Thomas More, chancelier du royaume d'Angleterre.

    Le chef de saint Thomas More est vénéré dans l'église Saint-Dunstan, à Canterbury. Saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, est venu se recueillir auprès de lui le 3 septembre 1958. Il était accompagné de Mgr Alvaro del Portillo, qui lui a succédé à la tête de l’Opus Dei, en septembre 1975, et de Mgr Echevarria, qui a succédé à son tour à Mgr del Portillo en avril 1994 et est l’actuel évêque-prélat de l’Opus Dei.

    Josémaria avait choisi le lord-chancelier d'Henri VIII d'Angleterre comme intercesseur pour les relations de l'Opus Dei avec les autorités temporelles de toutes natures. Deux raisons, entre autres, l’ont poussé à choisir Thomas More : d'une part, il avait dès le premier instant la perception très nette que l’institution qu’il avait fondée ne venait pas « combler un besoin particulier d'un pays ou d'une époque déterminée, parce que dès ses débuts Jésus veut que son Œuvre ait une portée universelle, catholique » (J. Escriva, « Lettre, 19 mars 1934, n° 15 », citée dans A. de Fuenmayor-V.-Gómez-Iglesias-J.-L. Illanes, L'Itinéraire juridique de l'Opus Dei. Histoire et défense d'un charisme, Paris, 1992, p. 50) ; d’autre part, il était également conscient de ce que ladite institution visait essentiellement à promouvoir la sanctification des laïcs dans le monde, à l'occasion de leur travail professionnel et de leur vie familiale et sociale. Or, More répondait à ces deux caractéristiques : d'un côté, de souligner l'universalité de l'Opus Dei et, de l'autre, de s'être sanctifié précisément dans sa charge au service du royaume d'Angleterre et au sein de son foyer.

    J’ai publié un article qui met en parallèle la vie de Josémaria Escriva et celle de Thomas More. On pourra s’y reporter : « Josémaria Escriva et Thomas More : l’héroïsme au quotidien », Moreana 38, 147-148, décembre 2001, p. 25-40 ; traduit en anglais, « Heroism in everyday life », Position Paper 354/355, june/july 2003, p. 201-209. En voici le résumé :
    Ces deux hommes sont des modèles de fidélité à la foi vécue dans la vie courante, professionnelle et familiale. Thomas More l'a incarnée avec héroïsme dans lesdifférentes fonctions qu'il a assumées. Il est un modèle d'époux et de père, d'ami et d'homme intègre, qui sanctifie son travail quotidien. Josémaria Escriva, lui, fonde l'Opus Dei pour rappeler que Dieu attend de chacun la sainteté dans la vie ordinaire, à partir de son travail et des activités de chaque jour, elles-mêmes sanctifiables et, grâce à l'amitié, source de sainteté pour les membres de la famille, les collègues et connaissances.

  • Les dispositions face à la vérité

    Ils ont dit : « Venez, projetons des projets contre Jérémie ; car la doctrine ne fera pas défaut au prêtre, ni le conseil au sage, ni le discours au prophète. Venez, frappons-le à la langue, et ne prêtons pas l’oreille à tous ses discours. » Prête-moi l’oreille, Yahvé, et entends les propos de mes adversaires ! Le mal sera-t-il rendu pour le bien ? » (Jérémie 18, 18-20).
    Outre que ces propos peuvent être compris comme une prophétie de ce qui arrivera à Jésus-Christ, dont bien des auditeurs rejetteront l’enseignement, nous comprenons d’emblée que l’accueil de la parole de Dieu demande un minimum de disposition intérieure. C’est-à-dire non un refus systématique, un préjugé négatif, mais le désir d’explorer ce à quoi ont cru indéfectiblement des milliards d’hommes au long de deux millénaires, ce pour quoi nombre d’entre eux ont accepté de donner leur vie, ont tout abandonné. Une telle réalité ne peut être balayée d’une simple moue ou d’un air de prétendue supériorité.
    Comme pour toute connaissance, il faut aller aux sources. « Il faut connaître la vie, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, telles que les Évangiles les rapportent. Ses paroles et ses actes d’homme ont manifesté qu’il y a en lui plus que l’homme. Ils le dévoilent comme le Messie promis et annoncé par les prophètes » (Catéchisme des évêques de France, n° 144).
    Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et si Dieu est vraiment créateur et Père, qu’avons-nous à craindre de le connaître ? Il y aura toujours des gens pour s’opposer à Dieu et à la Vérité. Il sera toujours plus ou moins « politiquement incorrect » de se proclamer chrétien. Mais l’acharnement que certains mettent à déraciner la foi chrétienne ou à fausser la personne du Christ n’est-il pas un signe de son authenticité, car on ne s’attaque qu’à ce qui existe, à moins d’être un don Quichotte…
    En tout cas, on ne peut pas ignorer ce que le concile Vatican II (1962-1965) rappelle dans son décret Dignitatis humanæ sur la liberté religieuse (n° 2) : « En vertu de leur dignité, tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire des êtres doués de raison et de volonté libre, et, par suite, pourvus d’une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité. »

  • Le problème de la vérité

    S’adressant aux Juifs réunis le jour du sabbat dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, l’apôtre Paul leur dit : « Sachez-le donc, frères : c’est par lui [Jésus-Christ] que vous est annoncé la rémission des péchés. De tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit en est justifié par lui » (Actes 13, 38).
    Le salut, la sortie du péché et du mal, ne peuvent venir que de Jésus-Christ, mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts. Le reconnaître demande un acte d’humilité de l’intelligence qui accepte de reconnaître qu’elle ne connaît pas tout et qu’il existe des vérités d’un ordre supérieur à celui de la simple raison.
    Les évêques catholiques du monde entier réunis en assemblée générale, un concile œcuménique, le concile Vatican II (1962-1965), ont rappelé que, « conformément à leur dignité [sous-entendu d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu], tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire parce qu’ils sont doués de raison et de volonté libre et donc dotés de responsabilité personnelle, sont poussés par leur nature et tenus par obligation morale à chercher la vérité, avant tout celle qui concerne a religion. Ils sont tenus aussi d’adhérer à la vérité, une fois qu’elle est connue, et d’organiser toute leur vie en fonction des exigences de la vérité » (déclaration La dignité humaine, n° 2).
    La vérité se trouve en Dieu. Jésus-Christ s’auto-définit en ces termes : « Je suis la Voie, la vérité et la Vie », ajoutant que « personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6), « Le salut n’est en aucun autre » (Actes 4, 12).
    Ces affirmations méritent au moins que l’on s’y arrête pour les examiner sans a priori et chercher à en comprendre le sens. « Dieu est la Vérité même, ses paroles [recueillies dans la Bible] ne peuvent tromper. C’est pourquoi on peut se livrer en toute confiance à la vérité et à la fidélité de sa parole en toutes choses. Le commencement du péché et de la chute de l’homme [le péché originel] fut un mensonge du tentateur qui induit à douter de la parole de Dieu, de sa bienveillance et de sa fidélité » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 215).

    « Dans la foi chrétienne, la question humaine par excellence « Qu’est-ce que la vérité ? » se voit radicalement renouvelée. Elle aimantait la réflexion de Socrate. Elle prend une signification toute nouvelle sur les lèvres de Pilate. En face de celui-ci la vérité se manifeste comme Quelqu’un. Seul le Christ peut déclarer : « Je suis la Vérité. » […] Il l’est dans sa personne, dans sa vie et dans son œuvre. Il est quelqu’un qui « rend témoignage à la Vérité » (Jean 18, 37) par le don total de sa vie, à l’heure même où il est condamné à se taire et à mourir sur la Croix.
    La vérité du Christ est son être de Fils qui reçoit tout du Père, avant de transmettre son Esprit. À travers la Croix, cette vérité apparaît comme une vérité désarmée, qui ne s’impose pas, mais qui, pour cette raison, s’adresse à notre liberté pour nous rendre libres (voir Jean 8, 32).
    Si la vérité chrétienne est en dernière instance une personne, elle ne peut être l’objet d’une possession. La question n’est pas de savoir si nous la possédons, mais si nous acceptons qu’elle vienne nous libérer [du péché].
    Le chrétien connaît donc très réellement la vérité. Mais il la connaît pour la servir. Il ne prétend pas être le maître. Il se tient « en elle », en marchant à la suite de son Maître, sous la mouvance de l’Esprit, que celui-ci a laissé en héritage à ses disciples pour les conduire à « la vérité tout entière » (Jean 6, 13) » (Catéchisme des évêques de France, n° 37).

  • Anniversaire du décès de Jean-Paul II

    1er anniversaire du décès de Jean-Paul II

    Le 2 avril 2005, le pape Jean-Paul II s’éteignait après de longues souffrances et une vie entièrement consacrée à Dieu et à la mission qu’il lui avait confiée de gouverner son troupeau. Dès le rappel à Dieu du Pontife, de nombreux fidèles ont été convaincus de la sainteté de Jean-Paul II et se sont mis spontanément à le prier. Le jour de son enterrement, place Saint-Pierre,des groupes de pèlerins ont demandé qu’il soit déclaré saint sans tarder, santo subito.

    Le pape Benoît XVI a ordonné que le procès en béatification et canonisation de son prédécesseur sur le Siège de Pierre soit ouvert. Il l’a été le 28 juin, dans la basilique Saint-Jean de Latran.
    Depuis lors, Jean-Paul II porte le titre de Serviteur de Dieu.
    Voici la prière qui peut être récitée pour obtenir de Dieu des faveurs, aussi biens spirituelles que matérielles, par son intercession :


    PRIÈRE POUR LA DÉVOTION PRIVÉE AU SERVITEUR DE JEAN-PAUL II

    SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU

    Ô Dieu, Père Très Miséricordieux qui, par l’intercession de notre Seigneur Jésus-Christ, ton Fils et de la bienheureuse Vierge Marie, sa Mère, as concédé à ton Serviteur Jean-Paul II, Servus Servorum Dei, la grâce d’être un Pasteur exemplaire au service de l’Église, de ses fidèles et de tous les hommes de bonne volonté, fais que je sache moi aussi répondre fidèlement aux exigences de la vocation chrétienne et convertir tous les instants et toutes les circonstances de ma vie en occasions de t’aimer et de servir le Royaume de notre Seigneur Jesus Christ. Daigne glorifier ton Serviteur Jean-Paul II, Servus Servorum Dei, et accorde-moi, par son intercession, la faveur que je te demande : (.......). À toi, Père Tout-Puissant, à l’origine de l’univers et de l’homme, par Jésus-Christ, celui qui vit, Seigneur du Temps et de l’histoire, dans le Saint–Esprit qui sanctifie l’univers, louanges, honneur et gloire maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

    Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire au Père.

    Conformément aux décrets du Pape Urbain VIII, nous déclarons que nous ne prétendons en aucune sorte anticiper le jugement de l’Église et que cette prière n’est pas destinée au culte public.

  • Le monde est bon

    Le monde a été créé par Dieu. Cela devrait suffire pour comprendre qu’il est bon, car Dieu ne peut ni faire le mal ni agir mal. Le récit de la création de l’univers le confirme. Chaque étape est ponctuée par cette remarque : « Dieu vit que cela était bon » (Genèse 1, 4.10.12.17.21.25). Mais pour la création de l’homme et de la femme, il est précisé que « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voilà que c’était très bon » (Genèse 1, 31).

    Cela n’exclut pas la présence d’un mal physique. Dieu pouvait créer un monde meilleur, puisque sa puissance est infinie. « Cependant dans sa sagesse et sa bonté infinies, Dieu a voulu librement créer un monde « en état de cheminement » vers sa perfection ultime. Ce devenir comporte, dans le dessein de Dieu, avec l’apparition de certains êtres, la destruction d’autres, avec le plus parfait aussi le moins parfait, avec les constructions de la nature aussi les destructions. Avec le bien physique existe donc aussi le mal physique, aussi longtemps que la création n’a pas atteint sa perfection » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 310).

    « Le monde est bon ; c’est le péché d’Adam qui a brisé la divine harmonie de la création. Mais Dieu le Père a envoyé son Fils unique pour rétablir la paix, afin que nous, devenus ses enfants d’adoption, nous puissions libérer la création du désordre et réconcilier toutes choses avec Dieu » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 112). Si le monde est bon, nous devons l’aimer. D’ailleurs, Dieu nous donne l’exemple : il « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jean 3, 16). Mais en même temps, il faut « parvenir au détachement intérieur à l’égard de toute cette réalité riche et passionnante qu’est « le monde ». Il faut décider à poser la question de la vie éternelle » (Jean-Paul II, lettre Dilecti amici à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985, n° 5). En effet, « elle passe, la figure de ce monde » (1 Corinthiens 7, 31). Le monde n’a qu’un temps : il n’est pas un aboutissement, mais un point de départ, le tremplin pour nous projeter dans une éternité de gloire ou de malheur.

    Par le péché originel, l’homme a rompu toute harmonie non seulement par rapport à lui-même et à ses semblables, mais aussi par rapport « à toute la création » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 401). Désormais la puissance du diable cause de graves dommages de nature spirituelle certes, mais aussi « indirectement même de nature physique » (Ibid., n° 395). À l’homme incombe la tâche, moyennant la grâce divine, c’est-à-dire une assistance spirituelle, de « tout rassembler dans le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre » (Ephésiens, 1, 10).

  • 25 mai : l'Ascension


    L’Ascension, du latin ascensio, « action de monter », fêtée aujourd’hui, est la montée du Seigneur au ciel par son propre pouvoir, Jésus étant à la fois un homme et une Personne divine, la seconde Personne de la Sainte Trinité. C’est un fait historique qui s’est déroulé en présence de témoins, les onze apôtres (Judas s’est pendu après avoir trahi son Maître et l’avoir livré aux princes des Juifs qui l’ont mis à mort). « Le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » (Marc 16, 19). « Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Alors qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel » (Luc 24, 50-51). Quarante jours s’étaient écoulés depuis la Résurrection de Jésus au matin de Pâques : « C’est à eux [ses apôtres] qu’après sa Passion il montra de bien des manières qu’il était vivant, leur apparaissant au cours de quarante jours et les entretenant du royaume de Dieu » (Actes 1, 3).
    C’est une vérité communément admise par la première communauté chrétienne qui en a évidemment accueilli le récit de la bouche même des apôtres. Le Seigneur doit revenir, lui « que le ciel doit abriter jusqu’au moment de la restauration universelle » (Actes 3, 21), quand il se manifestera dans sa gloire à la fin du monde, « Cherchez les choses d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite du Père » (Colossiens 3, 1). Dieu ressuscité Jésus, « le faisant asseoir à sa droite dans les cieux » (Éphésiens 1, 20). Bien d’autres textes encore pourraient être cités en ce sens.
    D’autre part, le « symbole de la foi » ou « profession de foi » chrétienne affirme : « Je crois en Jésus-Christ qui […] est monté aux cieux, est assis à la droite due Dieu, le Père Tout-Puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts. »
    L’Ascension est la glorification complète de la sainte humanité du Christ, au moyen de laquelle, comme instrument uni à la divinité, Dieu a opéré la Rédemption des hommes. Elle marque l’accomplissement et la perfection du mystère de l’Incarnation.
    Par son Ascension, Jésus-Christ qui est « le premier-né d’entre les morts » (Colossiens 1, 18), permet notre propre entrée dans la gloire du ciel, lors de la résurrection des corps, qui reproduira à la fin des temps. « Je m’en vais vous préparer une place », déclarait Jésus le Jeudi saint (Jean 14, 3). L’homme est définitivement sauvé du péché. S’il accepte d’entrer dans l’amour de Dieu, il parviendra effectivement à la patrie céleste, au paradis, dont l’entrée avait été barrée par le péché d’Adam et Ève (le péché originel). L’Ascension souligne donc l’espérance des chrétiens : « Si quelqu’un vient à pécher, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le Juste » (1 Pierre 2, 1). Il « transformera notre corps misérable,le rendant semblable à son corps glorieux, par l’effet de la puissance qu’il a de soumettre tout » (Philippiens 3, 21). « Il est toujours vivant pour intercéder » en notre faveur (Hébreux 7, 25). Là aussi bien d’autres textes pourraient venir renforcer cette espérance chrétienne.
    "Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l'action degrâces, car l'Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de ton corps, il nous a précédés dans la gloire auprèsde toi, et c'est là que nous vivons en espérance" (Préface de l'Ascension).

  • L'auto-éducation des jeunes

    L’auto-éducation des jeunes

    S’il paraît acquis que la famille est le premier lieu de l’éducation des enfants et que l’école instruit et éduque, ces deux acteurs n’apportent cependant que certains éléments que la tâche d’auto-éducation doit savoir mettre en valeur et enrichir. Tel est le sens d’un passage de la lettre Dilecti amici aux jeunes du monde entier, de Jean-Paul II, que j’ai déjà eu l’occasion de citer.
    Dans ce contexte la parole du Christ : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libèrera » devient un programme essentiel », précise le pape. Il ajoute : « Si la vérité doit servir la liberté, les jeunes ont spontanément le « désir de la liberté ». Et que signifie être libre ? Cela signifie être capable de faire usage de sa propre liberté selon la vérité — être « vraiment » libre. Être vraiment libre ne veut absolument pas dire faire tout ce qui me plaît, ou tout ce que j’ai envie de faire. La liberté comprend elle-même le critère de la vérité, la discipline de la vérité. Être vraiment libre signifie faire usage de sa propre liberté pour ce qui est un vrai bien. Il s’ensuit qu’être vraiment libre veut dire être un homme à la conscience droite, être responsable, être un homme « pour les autres » (n° 13).
    D’où la nécessité de former sa conscience dans la vérité, d’apprendre à discerner le bien du mal, à connaître la volonté de Dieu, et de savoir résister aux séductions du monde. C’est une tâche qui demande du temps et de l’intériorité, de la réflexion. Il faut que le jeune se structure intérieurement, dans la persévérance. « C’est justement cette construction que l’on appelle auto-éducation. Le Seigneur Jésus parle aussi de cela quand il souligne que c’est seulement « par la constance » que nous pouvons »sauver nos vies » (voir Luc 21, 19). « Sauver sa vie », voilà le fruit de l’auto-éducation.
    J’évoquais les séductions du monde. Le pape Jean-Paul II soulignait différents points qui peuvent entraver l’auto-éducation, notamment « la tentation d’exagérer l’esprit critique au point de tout discuter et de tout remettre en question ; […] le scepticisme envers les valeurs traditionnelles, d’où on glisse facilement à une sorte de cynisme sans scrupules, quand il s’agit d’affronter les problèmes du travail, de la carrière ou celui du mariage lui-même. […] se plonger, surtout dans les pays riches,dans un marché du divertissement où l’on est détourné de prendre sérieusement ses responsabilités dans la vie et poussé à la passivité, à l’égoïsme et à l’isolement ».
    Ces dangers sont évidemment causés par certains. Pour eux le Christ a des paroles fortes, comme le rappelle le pape : « À tous ceux qui, par toutes-bonnes tentations et d’illusions, cherchent à détruire votre jeunesse, je ne peux pas ne pas rappeler les paroles du Christ à propos du scandale et de ceux qui le provoquent : « Malheur à celui par qui ils arrivent ! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits » (Luc 17, 1-2). Paroles graves ! Particulièrement graves dans la bouche de celui qui est venu révéler l’amour. […] C’est vraiment l’amour des jeunes qui lui a dicté ces paroles graves et sévères. »
    À chacun d’eux de se défendre. Pour cela, l’unique solution est d’être une âme de prière, car « sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5), nous assure le Christ. Mais la prière permet d’avoir les idées claires pour discerner quelle est l’attitude chrétienne en chaque circonstance et la force nécessaire pour l’adopter.