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Dominique Le Tourneau - Page 174

  • La deuxième venue de Jésus

    22. La seconde venue du Seigneur

    Le septième article du Credo, le dernier à porter sur le Christ, confesse : « D’où [du ciel] il reviendra juger les vivants et les morts ». C’est ce que l’on appelle la « seconde venue du Seigneur ».

    Le Christ Seigneur est Roi de l’univers, mais toutes les choses de ce monde ne lui sont pas encore soumises : « Quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils de l’homme lui-même soumettra à Celui qui lui a soumis toutes les choses, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Corinthiens 15, 28). Le triomphe du Royaume aura lieu à la fin des temps, quand le Christ reviendra visiblement dans le monde « avec beaucoup de puissance et de gloire » (Luc 21, 27).

    Cette deuxième venue du Christ est appelée parousie, mot grec signifiant « venue », « présence », « manifestation ». Jésus l’a lui-même annoncé : « […] le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa conduite » (Matthieu 16, 27).
    Avant cette seconde venue, aura lieu un dernier assaut du diable avec de grandes calamités et d’autres signes, comme Jésus l’a explicitement annoncé : « Aussitôt après ce temps de tribulations, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, les astres tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. C’est alors qu’apparaître dans le ciel le signe du Fils de l’homme » (Matthieu 24, 29-30).
    À ses disciples qui l’interrogent, Jésus répond : « Ce n’est pas à vous de connaître le jour et l’heure que le Père a fixés de sa propre autorité » (Actes 1, 7). Il s’est toujours refusé à préciser davantage, car « quant à ce jour-là et à cette heure-là, nul n’en sait rien, pas même les anges des cieux : il n’y a que le Père qui le sache, lui seul » (Matthieu 24, 36).
    Cette seconde venue est définitive et soudaine, fulgurante : « Tout comme l’éclair part du levant pour briller jusqu’au couchant, ainsi sera l’événement du Fils de l’homme » (Matthieu 24, 27). L’Église s’oppose à toutes les théories millénaristes, c’est-à-dire la croyance, née en milieu judéo-chrétien, selon laquelle, par une interprétation littérale d’Apocalypse 20, 3-6, le Christ devait revenir sur terre et régner pendant mille ans, avant de procéder au Jugement dernier. Le millénarisme s’appuie également sur les « semaines de Daniel » (Daniel 9, 24). Après les trois premiers siècles, il revient en force au Moyen Âge, lors de la Réforme, ou encore au XXe siècle. Il se retrouve dans une foule de mouvements et sectes : adventisme, anabaptisme, hussitisme, joachimisme, labadisme, spirituels, etc.

    (à suivre…)

  • L'existence historique de Jésus

    2. L’existence historique du Christ est une vérité de foi pour les chrétiens. C’est aussi un fait facilement vérifiable. Jésus-Christ est né, a vécu et est mort à un moment historique précis. Dans son Évangile, saint Luc précise le cadre historique de la naissance de Jésus :
    « En ce temps-là parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant le recensement de tout l’univers. Le premier recensement se fit pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tout le monde allait se faire recenser, chacun dans sa propre ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David qui s’appelle Bethléem, parce qu’i était de la maison et de la lignée de David : il avait à se faire recenser avec Marie, son épouse, qui retrouvait enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter étant venu, elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2, 1-7).


    Il convient d’apporter ici une précision sur l’expression « premier-né ». Dans la Bible, cette expression désigne le premier enfant, même si d’autres enfants naissent ou non du même mariage (voir, par exemple, Exode 13, 2 ; Nombres 15, 8). L’usage profane est identique : une inscription datant de l’époque de la naissance du Christ, retrouvée près de Tell-el-Jeduieh en Égypte, indique qu’une certaine Arsinoé est morte « dans les douleurs de l’enfantement de son fils premier-né ». Quand saint Luc écrit, comme nous venons de le voir, que la Vierge « enfanta son fils premier-né », il suit cet usage, sans laisser entendre que Marie a eu d’autres enfants, ce qui serait contraire à la foi et à la tradition catholiques. Marie garde une perpétuelle virginité. D’autre part, ceux qui sont appelés « frères et sœurs de Jésus » dans l’Évangile (voir Matthieu 13, 55-56) sont en réalité ses cousins, car l’hébreu et l’araméen n’ont pas de termes distincts pour désigner les différents degrés de parenté. C’est pourquoi il est question, à plusieurs reprises, dans les Évangiles des frères et des sœurs de Jésus pour désigner en réalité ses cousins et cousines, qui font partie de la « sainte parenté ». Par exemple, Jacques et Joseph sont cités dans Marc 6, 3 comme des frères de Jésus, alors qu’ils sont les fils de Marie de Cléophas, selon Marc 15, 40. Cette expression, dont on trouve d’autres utilisations dans l’Ancien Testament (par exemple, Lot est appelé frère d’Abraham dans Genèse 14, 14, alors qu’il est son neveu, d’après Genèse 12, 5), ne s’oppose donc pas à la virginité perpétuelle de Marie,

    Fermons la parenthèse. Pour reprendre le cadre historique, nous savons que Jésus est arrêté et condamné à mort alors que Caïphe est le grand prêtre des Juifs et que Ponce Pilate est le gouverneur romain.

    Il s’agit donc d’un personnage historiquement repérable, dont saint Jean pourra dire : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nous avons touché de nos mains, pour ce qui est du Verbe de vie […] nous vous l’annonçons à vous aussi » (1 Jean 1, 1-3).

    Les écrivains profanes mentionnent, bien que brièvement, l’existence du Christ. C’est le cas des historiens Flavius Josèphe dans ses Antiquités judaïques, et Tacite dans ses Annales. Suétone y fait allusion dans sa biographie de l’empereur Claude, ainsi que Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie (voir Jean-Paul II, lettre apostolique À l'approche du troisième millénaire , 10 novembre 1994, n° 5).

    Jésus-Christ est un Homme véritable : « Le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché » (concile Vatican II, constitution dogmatique Gaudium et spes, n° 22). Ce n’est ni un mythe ni une création des hommes. Quand il commence son ministère public (sa prédication et les miracles qui l’accompagnent), ses compatriotes de Nazareth se le rappellent comme « le fils du charpentier » (Matthieu 13, 55), ou simplement comme « le charpentier » (Marc 6, 3), c’est-à-dire qu’ils l’identifient par sa profession.

    (à suivre…)

  • Le Calvaire

    17. Le sacrifice du Calvaire

    Jésus-Christ a anticipé dans la dernière Cène l’offrande de sa vie, en instituant la très Sainte Eucharistie : « Ceci est mon corps qui va être donné pour vous » (Luc 22, 19). « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Matthieu 26, 28).
    L’Eucharistie est le « mémorial » de son sacrifice sur la Croix. Après avoir béni le pain, Jésus dit : « Faites ceci en souvenir de moi » (1 Corinthiens 11, 24). Pareillement, après avoir béni la coupe : « Faites cela, chaque fois que vous la boirez, en souvenir de moi » (1 Corinthiens, 11, 25).
    Jésus-Christ a institué les apôtres prêtres en leur donnant ce commandement : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22, 19). Ils sont donc chargés de répéter les mêmes gestes et les mêmes paroles tout au long des siècles. « Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de son Seigneur,cet événement central du salut est rendu réellement présent et ainsi s’opère l’œuvre de notre rédemption » (Jean-Paul II, encyclique (Ecclesia de Eucharistia) , n° 11).

    Sur la Croix, le Christ s’est offert lui-même comme victime immaculée à Dieu le Père par l’entremise de l’Esprit Saint. Jésus-Christ, Prêtre et Victime en même temps, a réalisé un véritable sacrifice, car il a livré sa vie, en un acte d’amour et d’obéissance à la volonté du Père, et « s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur » (Éphésiens 5, 2).

    Le Sacrifice du Christ a « valeur de rédemption et de réparation, d’expiation et de satisfaction » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 616), car il nous rachète de l’esclavage du péché, répare (guérit) la maladie ou la chute du péché, expie ou souffre, à notre place, la peine du péché, et satisfait pour l’offense faite à Dieu (le péché) en nous réconciliant avec lui. Ce que l’homme ne pouvait pas faire, le Christ le pouvait : « Aucun homme, fût-il le plus saint, n’était en mesure de prendre sur lui les péchés de tous les hommes et de s’offrir en sacrifice pour tous. L’existence dans le Christ de la Personne divine du Fils, qui dépasse et, en même temps, embrasse toutes les personnes humaines, et qui le constitue Tête de toute l’humanité, rend possible son sacrifice rédempteur pour tous » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 616).

    (à suivre…)

  • Jésus-Christ est vraiment venu dans le monde

    Je commence aujourd’hui une présentation argumentée de la personne de Jésus-Christ.

    Les chrétiens affirment dans le Credo, ou profession de foi : [Je crois] « en Jésus-Christ, son Fils Unique, notre Seigneur ».

    Je me propose ici d’expliquer sommairement qui est ce Jésus, ainsi déclaré Fils unique de Dieu le Père. J’ai déjà donné dans un précédent message, du 19 février, le sens des différents noms qui servent à désigner Jésus.

    Aujourd’hui, je voudrais montrer que Jésus-Christ est à la fois vrai Dieu et vrai homme, comme le proclame une ancienne profession de foi, le « Symbole d’Athanase », qui remonte à la fin du Ve siècle.

    À l’origine, le mot « symbole », du grec sumballein « qui réunit », signifiait la moitié d’un objet brisé, par exemple un sceau, que l’on présentait comme un signe de reconnaissance. Il désigne ensuite un recueil, une collection ou un sommaire, comme ici, un recueil ou résumée la foi (voir Catéchisme de l’Église catholique, n° 188).


    1. Le Fils de Dieu est vraiment venu dans le monde

    « Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son fils né d’une femme » (Galates 4, 4). « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1, 14).
    Le Christ « ne se limite pas à parler « au nom de Dieu » comme les prophètes, mais c'est Dieu même qui parle dans son Verbe éternel fait chair. Nous touchons ici le point essentiel qui différencie le christianisme des autres religions, dans lesquelles s'est exprimée dès le commencement la recherche de Dieu de la part de l'homme. Dans le christianisme, le point de départ, c'est l'Incarnation du Verbe. Ici, ce n'est plus seulement l'homme qui cherche Dieu, mais c'est Dieu qui vient en personne parler de lui-même à l'homme et lui montrer la voie qui lui permettra de l'atteindre. C'est ce que proclame le prologue de l'Évangile de Jean : « Nul n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui l'a fait connaître » (1, 18). Le Verbe incarné est donc l'accomplissement de l'aspiration présente dans toutes les religions de l'humanité : cet accomplissement est l'œuvre de Dieu et il dépasse toute attente humaine. C'est un mystère de grâce » (Jean-Paul II, lettre apostolique (À l'approche du troisième millénaire) , 10 novembre 1994, n° 6).
    C’est pourquoi il est inexact de dire que le christianisme est une « religion du Livre ». En effet, plus qu’une religion du Livre, le christianisme est la religion du Verbe, ou Parole de Dieu incarnée, qui vient attester en personne la réalité de Dieu, et révéler l’existence de la Sainte Trinité, Dieu unique en trois Personnes, en même temps que donner sa vie pour le salut du monde, pour délivrer les hommes des chaînes du péché.

    (à suivre…)

  • La mort du Christ

    Dans le quatrième article du Credo, les baptisés affirment que Jésus-Christ « souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli ». Nous affirmons donc la Passion et la mort du Christ.

    16. Jésus-Christ a souffert et est mort pour les péchés des hommes

    En premier lieu, à cause du péché originel les hommes naissent esclaves du péché, du démon et de la mort, c’est-à-dire qu’ils sentent en eux une tendance au péché, ce que l’on appelle la concupiscence, du latin concupiscere « désirer ardemment ». L’homme se trouve privé de la sainteté et de la justice originelles, mais la nature humaine n’est pas totalement corrompue : elle est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et encline au péché ; cette inclination au mal est appelée « concupiscence », ou, métaphoriquement, fomes peccati « foyer du péché ». Elle est laissée en l’homme pour qu’il puisse « lutter et résister avec courage par la grâce du Christ » (concile de Trente), par l’ascèse. « De même l’athlète ne reçoit la couronne dans la gloire céleste que s’il a lutté selon les règles » (2 Timothée 2, 5).

    En second lieu, la Volonté du Père est que tous les hommes soient sauvés : Dieu notre Sauveur « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). Par amour pour nous, Dieu le Père a livré son Fils Unique : « Voici en quoi est l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils comme agent de propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4, 10). Lorsque la plénitude des temps est arrivée, il a envoyé son Fils Unique pour qu'étant rachetés du péché, nous soyons constitués enfants de Dieu, participants de la vie divine de la Très Sainte Trinité : « Quand les temps furent accomplis, Dieu envoya son Fils né d’une femme, né sous la Loi, pour racheter ceux qui étaient sous la Loi, afin que nous recevions la qualité de fils » (Galates 4, 4-5).

    Enfin nous confessons dans le Credo que Jésus-Christ, descendu du ciel « pour nous les hommes et pour notre salut », a été « crucifié pour nous ».
    — Le péché est une désobéissance à la Volonté divine. Pour nous racheter le Christ s’est fait « obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une Croix » (Philippiens 2, 8). Le don de soi sur la Croix est la manifestation suprême de son obéissance à la volonté divine. « Ce désir d’épouser le dessein d’amour rédempteur de son Père anime toute la vie de Jésus, car sa passion rédemptrice est la raison d’être de son Incarnation : « Père, sauve-moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure » (Jean 12, 27) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 607).
    — La douleur et la mort étaient entrées dans le monde comme juste châtiment du péché. Le Christ les assume dans sa nature humaine pour obéir à la volonté du Père, et, de cette manière, il les a transformées en instruments de notre Rédemption. Leur valeur est infinie, car la vie du Christ était rien moins que la vie humaine du Fils de Dieu.

    La passion et la mort du Christ ont été annoncées dans l’Ancien Testament. « Ils me lient les mains et les pieds… Ils partagent entre eux mes habits et ils tirent au sort ma tunique » (Ps 22, 17.19). « J’ai livré mes épaules à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas dérobé mon visage aux outrages et aux crachats » (Isaïe 52, 6). « Maltraité, il s’inclinait et n’ouvrait pas la bouche ; tel l’agneau conduit à la boucherie, et la brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvrait pas la bouche. […] On a mis avec les impies son sépulcre » (Isaïe 53, 7.9). « Condamnons-le à une mort honteuse » (Sg 2, 20).

    (à suivre…)

  • La vocation des jeunes

    La vocation des jeunes

    Bien peu de jeunes ont lu la lettre, longue mais passionnante et optimiste, que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a adressé aux jeunes du monde entier à l’occasion de la Journée internationale de la Jeunesse, en 1985 : lettre (mes chers amis) à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985, n° 4). Elle mérite d’être lue et méditée. En voici un passage, dans lequel le pape défunt explique ce qu’est la vocation, c’est-à-dire littéralement l’appel (le mot latin vocare veut dire appeler) que Dieu adresse à chacun à être saint, à la perfection de la charité.
    « L’homme est une créature et il est également un fils adoptif de Dieu dans le Christ : il est fils de Dieu. La question : « Que dois-je faire ? » ; l’homme la pose alors pendant sa jeunesse non seulement à lui-même et aux autres hommes dont il peut attendre une réponse, particulièrement ses parents et ses éducateurs, mais il la pose aussi à Dieu, car il est son créateur et son père. Il la pose dans cet espace intérieur particulier où il appris à être en relation intime avec Dieu, avant tout dans la prière. […]
    « Parallèlement au processus de découverte de sa propre « vocation pour la vie », on devrait développer la prise de conscience de la façon dont cette vocation pour la vie est, en même temps, une « vocation chrétienne ».
    « Il faut remarquer ici que, dans la période antérieure au concile Vatican II, le concept de « vocation » était appliqué avant tout au sacerdoce et à la vie religieuse, comme si le christ n’avait prononcé son « suis-moi » à l’intention des jeunes que dans ces cas. Le Concile a élargi cette perspective. La vocation sacerdotale et religieuse gardé son caractère particulier et son importance pour la vie sacramentelle et les charismes dans la vie du Peuple de Dieu. En même temps, cependant, la conscience, renouvelée par Vatican II, de la participation universelle de tous les baptisés à la triple mission du Christ, prophétique, sacerdotale et royale, comme aussi la conscience de la vocation universelle à la sainteté, ont pour conséquence que toute vocation pour la vie de l’homme en tant que vocation chrétienne correspond à l’appel évangélique. Le « suis-moi » du Christ se fait entendre sur diverses routes, au long desquelles cheminent les disciples et ceux qui confessent le divin rédempteur. C’est de diverses manières que l’on peut devenir imitateur du Christ, c’est-à-dire non seulement en donnant un témoignage du Règne eschatologique de vérité et d’amour, mais aussi en s’employant à réaliser la transformation de toute la réalité temporelle selon l’esprit de l’Évangile. Et c’est là que l’apostolat des laïcs trouve aussi son point de départ, lui qui est inséparable de l’essence même de la vocation chrétienne.
    « Ce sont là des prémisses extrêmement importantes pour le projet de vie qui correspond au dynamisme essentiel de votre jeunesse. Il faut que vous examiniez ce projet — indépendamment du contenu concret « pour la vie » qu’il aura — à la lumière des paroles adressées par le christ au jeune homme de l’Évangile.
    « Il faut aussi que vous repensiezsens du baptême et de la confirmation. Il y a dans ces deux sacrements, en effet, le fondement de la vie et de la vocation chrétiennes. C’est à partir d’eux qu’on est amené à l’Eucharistie, elle qui contient la surabondance des dons sacramentels accordés au chrétien : toute la richesse de l’Église se concentre dans ce sacrement de l’amour. Il faut aussi — toujours en rapport avec l’Eucharistie — réfléchir à la question du sacrement de pénitence, lequel présente une importance irremplaçable pour la formation de la personnalité chrétienne, c’est-à-dire qu’il est, surtout si on y joint la direction spirituelle, une école méthodique de vie intérieure » (n° 9).

  • Mosaïques de Saint-Démétrius (Istanboul)

    Les mosaïques de Saint-Démétrius de Thessalonique sont connues grâce aux travaux entrepris par mon grand-père, Marcel Le Tourneau (1874-1912), à qui le ministère de l’Instruction publique avait confié la mission d’étudier les monuments byzantins de Salonique, au printemps 1907.


    « Les mosaïques de Saint-Démétrius de Salonique, explique Marcel Le Tourneau, forment deux séries distinctes […]. Les unes décorent le mur au-dessus des arcades de la colonnade qui sépare les deux collatéraux de gauche et on peut y joindre une image isolée qui a été retrouvée dans le collatéral de droite. Les autres occupent les faces des deux piliers placés à droite et à gauche de l’entrée de l’abside et elles y semblent accrochées comme de véritables icones. » De la première série, l’auteur relève qu’elle « diffère absolument dans sa conception générale des autres décorations de mosaïque actuellement connues et elle constitue par là un monument à peu près unique ». Les images de l’une et l’autre série semblent être des images votives.

    Comme remarque générale, « l’inventeur » de ces mosaïques note « l’art très savant qui a réglé l’ordonnance générale de la décoration et distribue les valeurs avec une science consommée de la polychromie ».

    Marcel Le Tourneau donne le résultat de ses découvertes dans une publication de la Fondation Eugène Piot, Les mosaïques de Saint-Démétrius de Salonique par Ch. DIEHL et M. LE TOURNEAU, Extrait des Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Deuxième fascicule du Tome XVIII), Paris, Ernest Leroux, Éditeur, 1911, avec six planches.

  • Le Christ Rédempteur

    15. Toute la vie du Christ est rédemptrice

    a) « Le Symbole ne parle, concernant la vie du Christ, que des mystères de l’Incarnation (conception et naissance) et de la Pâque (passion, crucifixion, mort, sépulture, descente aux enfers, résurrection, ascension). Il ne dit rien, explicitement, des mystères de la vie cachée et publique de Jésus, mais les articles de la foi concernant l’Incarnation et la Pâque de Jésus éclairent toute la vie terrestre du Christ » (Catéchisme de l'Eglise catholique, n° 512).

    b) Toute la vie du Christ est rédemptrice, même les années de vie quotidienne en famille et de travail à Nazareth, qui ont une grande signification : elles nous montrent que nous pouvons nous sanctifier dans la vie de tous les jours, sans avoir à faire rien d’extraordinaire. Saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, a proposé la sanctification dans la vie ordinaire, à l’imitation des trente années de « vie cachée » de Jésus : « J’ai en outre une faiblesse toute particulière pour ses trente ans de vie cachée à Bethléem, en Égypte et à Nazareth. Cette période, cette longue période, dont il est à peine question dans l’Évangile, semble dépourvue de signification particulière pour ceux qui l’envisagent de façon superficielle. Pourtant, j’ai toujours soutenu que ce silence sur la biographie du Maître est très éloquent, et qu’il renferme de merveilleux enseignements pour les chrétiens. Ce furent des années intenses de travail et de prière ; Jésus-Christ menait une existence ordinaire — semblable à la nôtre, si l’on veut — tout à la fois divine et humaine. Il accomplissait tout à la perfection, aussi bien dans l’atelier modeste et ignoré de l’artisan que, plus tard, en présence des foules » (saint Josémaria, (Amis de Dieu, n° 56).
    Dans un discours prononcé à Nazareth, Paul VI devait déclarer que Nazareth est une école où nous apprenons le silence, la vie familiale et le sens du travail (5 janvier 1964).

    (à suivre…)

  • Qui est Jésus

    Mais qui est au juste Jésus-Christ ?

    JÉSUS OU JÉSUS-CHRIST. – en hébreu « Dieu sauve » 1. Deuxième Personne de la Sainte Trinité, éternellement engendrée du Père, ayant « assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut » (Catéchisme de l'Église Catholique, n° 461).
    L’enfant, né de la Vierge Marie, s’appelle Jésus, parce qu’il est le Sauveur, puisque « Dieu seul peut remettre les péchés » (Marc 2, 7). Christ « Messie », ou « Oint » : Jésus est le Christ parce que Dieu l’a consacré en tant qu’homme, grâce à l’onction de l’Esprit Saint, pour qu’il soit Prêtre (offrant à son Père le sacrifice de sa vie pour le salut du monde), Maître (prophète) et Roi d’un royaume spirituel et éternel, qui n’est pas de ce monde, comme il le dit lui-même à Pilate (voir Jean 18, 36), avec la mission d’instaurer définitivement le royaume de Dieu. Synonymes : Sauveur.


    2. D’autres noms de Jésus : Seigneur (Kyrios en grec) indique la souveraineté divine, c’est-à-dire que le pouvoir, l’honneur et la gloire, dus à Dieu le Père, le sont aussi à Jésus ; Fils Unique de Dieu signifie que le Christ seul est Fils de Dieu le Père par nature, sa génération ayant toujours existé. Le Christ est aussi « l’aîné d’une multitude de frères » (Romains 8, 29), car grâce à lui, les hommes sont fils de Dieu, par participation : enfants adoptifs de Dieu et cohéritiers de la gloire. Verbe (Logos, en grec), ou Parole de Dieu faite homme. Nouvel Adam, qui inaugure la nouvelle création : comme Adam, selon la nature, fut tête du lignage humain, le Christ, de qui procède la grâce, est la tête de l’Église. Galiléen, Nazaréen, car il est originaire de Nazareth, en Galilée. On vénère le Cœur, ou Sacré-Cœur, de Jésus, transpercé sur la Croix, et qui a tant aimé les hommes. Toutes les actions du Christ sont théandriques, à la fois divines et humaines.


    (extrait de D. Le Tourneau, Les mots du chistianisme. Catholicisme - Orthodoxie - Protestantisme, Fayard, 2005)

  • Jésus-Christ, unique Médiateur

    14. Le Christ est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Maître, Prêtre et Roi

    a) Jésus-Christ est « l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Timothée 2, 5). Il est le Médiateur parfait et unique parce qu’il est vrai Dieu et vrai homme et qu’il a offert un sacrifice de valeur infinie — sa propre vie — pour réconcilier les hommes avec Dieu. C’est par Jésus-Christ que « maintenant nous avons obtenu la réconciliation » (Romains 5, 11).
    Cette médiation unique n’empêche pas ceux qui sont entrés dans la gloire du ciel d’intercéder en faveur de ceux qui se trouvent sur terre et d’obtenir de Dieu des grâces innombrables. « La médiation unique du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite plutôt chez les créatures une coopération variée, qui provient de la source unique » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 62). Les saints « ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père, d’offrir les mérites qu’ils ont acquis sur terre grâce au Christ Jésus […]. C’est donc une aide très appréciable que leur fraternelle sollicitude apporte à notre faiblesse » (concile Vatican II, Ibid.
    b) Jésus-Christ est Maître (ou « Prophète ») parce qu’il nous a enseigné de sa propre autorité la connaissance de Dieu Un et Trine et de ses desseins. Les prophètes de l’Ancien Testament furent envoyés pour annoncer le Maître suprême, qui est « la Parole unique, parfaite et indépassable du Père. En lui il dit tout, et il n’y aura pas d’autre parole que celle-là » (Catéchisme de l’Église catholique,n° 65) : la plénitude de la Révélation est atteinte. « L’économie chrétienne, étant Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ » (concile Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum, n° 4), lorsqu’il reviendra dans sa gloire à la fin des temps, pour « juger les vivants et les morts » (Credo).

    c) Jésus-Christ est Prêtre Souverain et Éternel parce que la charge propre du prêtre est d’offrir des sacrifices à Dieu pour les péchés, et que le Christ s’est offert lui-même à Dieu dans le sacrifice de la Croix réparer pour les péchés des hommes de tous les temps et les réconcilier avec Dieu, son Père.
    Le Christ exerce en permanence son sacerdoce au ciel, « étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu » (Hébreux 7, 25). Il est le « grand prêtre des biens à venir » (Hébreux 9, 11).


    d) Le Christ est Roi non seulement en tant que Dieu, car tout lui appartient et qu’il gouverne l’univers, mais aussi en tant qu’homme ; ayant acquis cette royauté au prix de la Rédemption.
    Son royaume est spirituel et éternel : il commence sur terre, Dieu prenant possession des âmes par sa grâce, et trouve sa perfection au ciel. « Pour accomplir la volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la terre » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 3) : c’est l’Église, qui est « le germe et le commencement du Royaume de Dieu » (concile Vatican II, Ibid., n°2). Ce Royaume est un royaume de sainteté et de justice, d’amour, de vérité et de paix.
    « Tous les hommes sont appelés à entrer dans le Royaume. Annoncé d’abord aux enfants d’Israël, ce Royaume messianique est destiné à accueillir les hommes de toutes les nations. Pour y accéder, il faut accueillir la parole de Jésus » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 543).

    e) « Le Peuple de Dieu tout entier participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les responsabilités de mission et de service qui en découlent » (Ibid., n° 783).

    (à suivre…)

citations mises par DLT, pretre catholique, membre de l'Opus Dei, spécialiste de la dévotion mariale, juge, professeur au Studium de droit canonique de Lyon