Ce n’est pas parce qu’il avait besoin de notre service qu’il nous commanda de le suivre, mais pour nous procurer à nous-mêmes le salut. Car suivre le Seigneur, c’est avoir part au salut, comme suivre la lumière, c’est avoir part à la lumière. Lorsque des hommes sont dans la lumière, ce n’est pas eux qui éclairent la lumière et la font resplendir : c’est eux qui sont illuminés et qui resplendissent par elle. Loin de lui apporter quoi que ce soit, ils reçoivent ses bienfaits, ils en sont illuminés.
Il en est ainsi du service de Dieu : à Dieu il n’apporte rien, car Dieu n’a pas besoin du service des hommes. Mais à ceux qui le suivent et le servent, Dieu procure la vie, l’immortalité et la gloire éternelle. Il accorde ses bienfaits à ceux qui le servent parce qu’ils le servent, et à ceux qui le suivent parce qu’ils le suivent : mais il ne reçoit d’eux aucun bienfait, car il est parfait et sans besoin. Si Dieu sollicite le service des hommes, c’est afin de pouvoir, lui est bon et miséricordieux, accorder ses bienfaits à ceux qui persévèrent dans son service. Car, autant Dieu n’a besoin de rien, autant l’homme a besoin de la communion avec Dieu.
La gloire de l’homme, c’est de persévérer dans le service de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis. » Il voulait dire par là qu’eux-mêmes ne se glorifiaient pas en le suivant, mais que, pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient glorifiés par lui.
Saint Irénée, Adversus hæreses 4, 13, 4-14, 1 ; SC 100, 534-540.