Il y a des méchants que Dieu garde pour en faire sortir des bons : bons, ils le sont devenus par la grâce de Dieu, car toute la masse de perdition était réservée pour la damnation. Quoi de plus pervers que le démon ? Et pourtant, quel bien n’a-t-il pas tiré de sa malice ? On n’aurait pas vu couler pour notre salut le Sang du Rédempteur sans la malice du déserteur. Lis l’Évangile et vois ce qui est écrit : « Le diable souffla au cœur de Judas de livrer le Christ « (Jean 13, 2). Mauvais était le diable, mauvais aussi Judas ; l’instrument ne pouvait ressembler qu’à l’ouvrier ; le diable a fait un bien vilain usage de son instrument ; mais le Seigneur a su bien user de l’un et de l’autre : ceux-ci se sont acharnés à notre perte, Dieu a daigner tourner leur malice à notre salut.
Saint Augustin, Sermo 301, 4.