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Histoire - Page 24

  • Prophéties et "types" du Seigneur

    13. Le Christ, les prophéties messianiques et les « types » du Sauveur

    L’Incarnation de Jésus-Christ se situe chronologiquement à un moment précis de l’Histoire, avons-nous dit, il y a deux mille ans. Mais Dieu, qui s’est choisi un peuple (le peuple élu, peuple de la promesse ou peuple de l’Alliance), a, dans une pédagogie divine, révélé progressivement son plan de Salut et la venue d’un Messie, de l’hébreu mashiah « Oint », ou « Christ » en grec. Dans l’histoire du salut, le Messie est l’envoyé de Dieu, pour restaurer le royaume d’Israël (Isaïe 11), l’« Oint de l’Esprit Saint », parce qu’il possède la plénitude de l’Esprit de Dieu : « L’esprit du Seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m’a donné l’onction ; il m’a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part de Yahvé » (Isaïe 61, 1-2).

    a) L’Incarnation fait donc l’objet de prophéties.
    Immédiatement après le péché de nos premiers parents, Dieu a annoncé, bien que de façon voilée, la Rédemption : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien ; il t’écrasera la tête, et tu l’atteindras au talon » (Genèse 3, 15).

    Puis Dieu passe une alliance avec les hommes.
    D’abord avec Noé : « Et moi, j’établis une alliance avec vous et avec vos descendants » (Genèse 9, 9), dont le signe est l’arc-en-ciel. Cette alliance est renouvelée avec Abraham : « Je mettrai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l’infini » (Genèse 17, 2) ; le signe en est cette fois-ci la circoncision. Par l’intermédiaire de Moïse, Dieu établi une nouvelle alliance entre lui et Israël, lui remettant les « Tables de la Loi » (Exode 19 et suivants).
    Dieu renouvelle aussi la promesse du Messie aux saints patriarches et au peuple d’Israël, avec des prophéties et des figures qui l’annonçaient.
    — Les prophéties prédisaient que le Rédempteur serait de la tribu de Juda : « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement la moindrement les villes principales de Juda. C’est de toi, en effet, que sortira le chef qui mènera paître mon peuple, Israël » (Luc 2, 6). Il sera de la famille de David : « L’Écriture ne dit-elle pas que le Messie doit venir de la descendance de David et de Bethléem, le bourg d’où était David ? » (Jean 7, 42). Bethléem, le lieu de sa naissance, est clairement mentionné (voir Matthieu 2, 6). Sa passion et sa mort sont annoncés avec des détails extrêmement précis, notamment dans les « poèmes du Serviteur de Dieu » chez Isaïe (Isaïe 41 ; 42 ; 43 ; 44 ; 45 ; 48). Son règne est « un règne éternel et son empire va de génération en génération » (Daniel 3, 100) ; il est à la fois spirituel, universel et perpétuel.

    b) En plus des prophéties messianiques donc, certains personnages de l’Ancienne Alliance, celle qui précède la Nouvelle Alliance scellée par Jésus-Christ avec son sang versé sur la Croix, ont été considérés comme des « types » du Sauveur. Le type, du grec tupos « coup », « empreinte d’un coup », est, dans la Bible, un personnage ou une situation de l’Ancien Testament qui constitue un modèle pour le Nouveau Testament.
    — Les principales figures du Rédempteur dans l’Ancien Testament sont :
    Abel le Juste, que son frère Caïn tue par jalousie (Genèse 4, 3-8) ;
    Melchisédech, le grand Prêtre (Genèse 14, 18), qui est « sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours ni fin d’existence » (Hébreux 7, 3) ;
    le sacrifice par Abraham de son fils Isaac, le fils la promesse (Genèse 22, 1-18) ;
    Joseph vendu par ses frères pour vingt pièces d’argent (Genèse 37, 2-28), l’Agneau pascal mangé par les Hébreux avant leur délivrance de l’esclavage en Égypte (Exode 12, 2-14) ; le serpent de bronze dressé par Moïse dans le désert qu’il suffisait de regarder pour être guéri des morsures de serpents (Nombres 21, 4-9) ;
    le prophète Jonas qui passe trois jours dans le ventre d’un gros poisson (Jonas 2, 1).

    (à suivre…)

  • Autres prérogatives de Marie

    12. D’autres prérogatives de la Vierge Marie

    En outre, Marie est Toute Sainte, très Sainte, car elle est restée « indemne de toute tache de péché, ayant été pétrie par l’Esprit Saint, et formée comme une nouvelle créature » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 56). Par une grâce spéciale de Dieu, Marie est restée toute sa vie exempte de tout péché personnel. Son âme était ornée de toutes les vertus surnaturelles et de tous les dons du Saint-Esprit.
    Cette sainteté éclatante et absolument unique » qui enrichit sa nature « dès le premier instant de sa conception » lui vient tout entière de son Fils, Jésus-Christ : elle a été « rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 56).


    Étant la Mère du Christ, Marie est aussi la Mère de l’Église, Corps Mystique du Christ, et la Mère de chacun d’entre nous, qui sommes membres de ce Corps. Il existe donc une maternité spirituelle de la Sainte Vierge envers les hommes : « La maternité spirituelle de Marie s’étend à tous les hommes que son Fils est venu sauver. « Elle engendra son Fils, dit le concile Vatican II, dont Dieu a fait « l’aîné d’une multitude de frères » (Romains 8, 29), c’est-à-dire de croyants, à la naissance et à l’éducation desquelles elle apporte la coopération de son amour maternel » (constitution dogmatique Lumen gentium, n° 63).

    Marie est aussi la Médiatrice de toutes les grâces. « À partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour de l’Annonciation et qu’elle maintint dans sa fermeté sous la Croix, cette maternité de Marie dans l’économie de la grâce continue sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. […] C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice » (constitution dogmatique Lumen gentium, n° 62).

    En résumé, la Maternité divine de Marie est la raison d’être de tous les privilèges que Dieu lui a décernés. L’Église catholique fête la Maternité divine de Marie le 1er janvier.

    (à suivre…)

  • Les privilèges de la Vierge Marie

    Le rôle unique de la Vierge Marie, Mère de Dieu (suite)

    11. Quatre dogmes concernent directement Marie. Le dogme, du grec dogma « opinion », est une vérité définie par l’Église, qui la « propose, sous une forme obligeant le peuple chrétien à une adhésion irrévocable de foi, des vérités contenues dans la Révélation divine ou bien quand [elle] propose de manière définitive des vérités ayant avec celles-là un lien nécessaire » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 88).


    1) Afin qu’elle soit toujours remplie de grâce, la très Sainte Vierge a été préservée du péché originel dès le premier instant de sa conception, en raison des mérites de Jésus-Christ, son Fils, qui devait racheter le genre humain : c’est le privilège de l’Immaculée Conception, fêté dans l’Église le 8 décembre (1er dogme marial).
    Le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé par le pape Pie IX, le 8 décembre 1854, affirme que « la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel ». C’est un privilège absolument unique, étant donné que tous les hommes naissent marqués par ce péché originel, celui que nos premiers parents, Adam et Ève, ont commis en refusant d’obéir à Dieu (voir Genèse 3).
    Bien sûr, Jésus n’est pas non plus marqué par le péché originel, car sa nature humaine est unie à sa nature divine et qu’elle lui est transmise, non par génération humaine, mais, précisément, par l’intervention du Saint-Esprit.


    2) Lorsque la Sainte Vierge donne son consentement à l’ambassade de l’ange, le très Saint Corps du Christ se forma aussitôt dans ses entrailles, et son Âme rationnelle s’y unit.
    La nature humaine ainsi formée s’unit à la divinité : le Christ devint donc à l’instant même Homme parfait tout en restant Dieu parfait. Marie n’a pas engendré la divinité, mais le corps — c’est cela être mère — de la Personne divine du Verbe.
    Par conséquent, Sainte Marie est véritablement Mère de Dieu, car « celui qu’elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la deuxième Personne de la Sainte Trinité » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 495) (2ème dogme marial).
    Elle est la Theotokos comme nous avons vu le concile d’Éphèse le proclamer pour contrer l’hérésie de Nestorius.


    3) Marie est restée toujours Vierge : avant l’accouchement (elle ne conçut pas le Christ par l’œuvre d’un homme, mais par la vertu de l’Esprit Saint), pendant l’accouchement (elle conserva sa virginité corporelle en donnant naissance au Christ, par une intervention divine spéciale) et perpétuellement après l’accouchement (elle n’a pas eu d’autres enfants : voir ce qui a été dit précédemment sur les »frères et sœurs de Jésus ») (3ème dogme marial).
    La naissance du Christ « n’a pas diminué, mais consacré l’intégrité virginale » de Marie (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 57). Marie est l’Aieparthenos, du grec aion, « toujours » et parthenos « jeune fille », « vierge ». La liturgie célèbre Marie avec ce titre. À la messe, dans la prière eucharistique I, l’Église fait mémoire « en premier lieu de la bienheureuse Marie, toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur, Jésus-Christ ».
    Donc Marie présente la singularité d’être à la fois Vierge et Mère.


    4) Comme le pape Pie XII l’a défini et proclamé solennellement, le 1er novembre 1950, « enfin la Vierge Immaculée, […] ayant accompli le cours de la vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers » (4ème dogme marial).
    L’Assomption de la Sainte Vierge constitue une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens (Catéchisme de l’Église catholique, n° 966).
    L’Assomption est célébrée le 15 août et est jour férié en France par volonté du roi Louis XIII, en remerciement envers la Sainte Vierge qui a exaucé son vœu par lequel il lui demandait un héritier.

    (à suivre…)

  • L'oeuvre de l'Incarnation

    Poursuivant notre présentation de Jésus-Christ, nous allons centre notre attention aujourd’hui sur l’Incarnation proprement dite, c’est-à-dire sur le fait de la naissance du Fils de Dieu comme homme. La profession de foi chrétienne affirme de Jésus-Christ : « Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie. »

    9. L’œuvre de l’Incarnation

    C’est le Père qui envoie le Fils, et c’est le Fils seul qui s’incarne, mais l’œuvre de l’Incarnation est attribuée au Père, au Fils et à l’Esprit Saint — auquel on attribue les œuvres de bonté et d’amour — comme nous le récitons dans le Credo : Il fut conçu par l’œuvre et la grâce de l’Esprit Saint.
    À la Vierge Marie qui demande à l’archange saint Gabriel « comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? », il est répondu : « L’Esprit Saint viendra sur toi et l’ombre de la puissance du Très-Haut te couvrira » (Luc 1, 35). C’est ce qu’on appelle du terme technique d’obrombation, du latin obumbrare « couvrir d’ombre ».
    L’Incarnation est l’envoi par Dieu le Père de Dieu le Fils par la médiation de Dieu l’Esprit Saint. C’est une œuvre de la bienheureuse Trinité tout entière. En effet, « Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas trois principes des créatures, mais un seul principe », enseigne le concile de Florence (en 1442). Toute action ad extra, « à l’extérieur » de la Trinité est commune aux trois Personnes divines, même si, par souci de précision, nous attribuons la création au Père, l’Incarnation au Fils et la sanctification à l’Esprit. « Chaque Personne opère l’œuvre commune selon sa propriété personnelle » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 258).

    8. Nous pouvons nous interroger sur le motif de l’Incarnation

    Il est affirmé dans le Credo : « Pour nous les hommes et pour notre salut il descendit du ciel. » Par conséquent, le Verbe s’est fait chair :
    — pour sauver les hommes, en les réconciliant avec Dieu son Père. Saint Jean affirme la gratuité de cet acte divin en montrant que l’initiative en est prise par Dieu : « C’est Dieu qui nous a aimés et qui envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4, 10) » ; « le Père a envoyé son Fils, le Sauveur du monde » (1 Jean 4, 14) (voir Catéchisme de l’Église catholique, n° 457) ;

    — pour que les hommes puissent connaître que « Dieu est amour » (1 Jean 4, 16), un Dieu qui « aime l’homme » et qui l’« aime personnellement » (Benoît XVI, encyclique Dieu est amour, n° 9). Le même saint Jean montre que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jean 3, 16) (voir Catéchisme de l’Église catholique, n° 458) ;

    — pour être notre modèle de sainteté : « Soyez saints, car je suis saint » (1 Pierre 1, 16). Jésus a dit : « Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi » (Matthieu 11, 29) ; et encore : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15, 12) (voir Catéchisme de l’Église catholique>/em>, n° 459) ;

    — pour nous faire participer à la nature divine (voir 2 Pierre 1, 4) : « Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs, dans lequel nous nous écrions : Abba, Père ! » (Romains 8, 15). Les Pères de l’Église ont souligné que « le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous faire dieu » (saint Athanase, cité par (voir Catéchisme de l’Église catholique, n° 460), non pas au sens d’une identification à Dieu, qui est impossible, mais de retrouver l’image et la ressemblance de Dieu à laquelle l’homme a été créé (voir Genèse 1, 27), image présente par l’âme, principe vital de l’être humain.

    (à suivre…)

  • Le rôle de Marie

    10. Le rôle unique de la Vierge Marie, Mère de Dieu, dans l'Incarnation.


    a) De toute éternité Dieu a choisi Marie pour être la Mère de son Fils, en comptant sur sa libre coopération. « Le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant contribué à l’œuvre de mort [Ève en commettant le péché originel], une femme contribuât aussi à la vie » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 56).
    Nous disons « de toute éternité », car Dieu est en dehors du temps, dans un présent éternel.
    La Vierge Marie a coopéré au salut des hommes avec sa foi et son obéissance libres et prononcé son « oui » au nom de toute la nature humaine, devenant ainsi la « nouvelle Ève », la « mère de tous les vivants » (Genèse 3, 20). Si Marie se trouve du côté de ceux qui sont sauvés, étant elle-même rachetée par avance du péché originel en vue de sa maternité divine, elle se trouvait ainsi « particulièrement prédisposée à la coopération avec le Christ, médiateur unique du salut de l’humanité » (Jean-Paul II, encyclique (La Mère du Rédempteur) , n° 39).

    b) La mission de Marie a été préparée par celle des saintes femmes de l’Ancienne Alliance, héritières de la promesse faite à Ève d’une descendance qui sea victorieuse du Malin (voir Genèse 3, 15). Marie « occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de Lui avec confiance. Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 55), celle du salut enfin donné aux hommes.


    c) En vue de devenir la Mère de Dieu, la Vierge a été comblée de grâce par Dieu. C’est ainsi que l’archange saint Gabriel la salue : kecharitoméné, grec « objet de la faveur de Dieu ». « Réjouis-toi, [kecharitoméné], le Seigneur est avec toi » (Luc 1, 28). Ce mot est traduit habituellement par « pleine de grâce », comme dans la prière du « Je vous salue Marie ». Participe parfait en grec, il indique une qualité stable de la Sainte Vierge, son nomen gratiæ, « nom de grâce ». Marie est, par excellence, la « pleine de grâce ». Marie a reçu une quantité de grâces qui dépasse de beaucoup celle de toute autre créature, et correspond à sa condition de Mère de Dieu.
    La plénitude de grâce de la très Sainte Vierge signifie qu’après l’humanité du Christ elle a été sanctifiée par la grâce comme aucune autre nature créée ; elle participe d’une manière particulière à la vie divine de la Sainte Trinité, comme Fille de Dieu le Père, Mère de Dieu le Fils et Épouse de Dieu le Saint-Esprit.

    (à suivre…)

  • Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

    Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

    La première édition de cet ouvrage date de 1843, alors qu’il a été rédigé par saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) décédé près de cent trente ans plus tôt. Le titre a été imaginé par l’éditeur et ne correspond en réalité qu’à la première partie du livre, sur la dévotion envers Marie. Mais l’auteur se propose de faire découvrir dans la deuxième partie une « grande et solide dévotion », non la dévotion envers Marie en général : « parmi toutes les vraies et véritables dévotions à la Sainte Vierge quelle est la plus parfaite, la plus agréable à la Sainte Vierge, la plus glorieuse à Dieu et la plus sanctifiante pour nous, afin de nous y attacher ». Grignion de Montfort présente par là un véritable itinéraire de vie spirituelle.
    Cette remarque est faite par un montfortain, le Père Bernard Guitteny, dans un article qu’il publié dans la Nouvelle Revue de Théologie 127 (2005), p. 403-426, sous le titre « Le texte authentique du Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge de saint Louis-Marie Grignion de Montfort ».
    Le P. Guitteny relève aussi que l’éditeur de 1843, suivi depuis lors, a porté des corrections et biffé des lignes du manuscrit original, le deuxième paragraphe du texte étant purement et simplement omis. Rétablir le texte original permet de rectifier ce que saint Louis-Marie Grignion de Montfort dit de Marie en rapport avec le second avènement de Jésus. Il ne se réfère pas à la fin des temps mais au fait que c’est par Marie que Jésus doit régner dans le monde. « Le règne de Jésus-Christ ne sera qu’une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très Sainte Vierge », écrit Grignion de Montfort qui entend contribuer au règne de Jésus-Christ par la pratique de la dévotion envers Marie qu’il propose.
    Enfin le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, tel que nous le connaissons, comporte un acte de consécration à Marie qui, selon le P. Guitteny, n’est pas de Grignion de Montfort. Cet acte est une « consécration de soi-même à Jésus-Christ, la Sagesse éternelle, par les mains de Marie », qui entraîne le renouvellement des promesses du baptême et la « petite offrande de mon esclavage » que Marie doit remettre à Jésus. Or, pour Grignion de Montfort, il s’agit d’une consécration » d’un niveau de perfection bien plus élevé qu’un simple renouvellement des promesses baptismales, celui d’une démarche consistant à se consacrer « tout ensemble à la très Sainte Vierge et à Jésus-Christ » (non à l’un par l’autre), ce que chacun est appelé à réaliser au niveau de vie spirituelle auquel il se trouve : « Dieu ne donne pas sa grâce également forte à tous quoiqu il la donne suffisante à tous ».

    Ces précisions sont utiles, car elles permettent de mieux saisir la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort expurgée des scories que le temps lui a attachées.

  • Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (2)

    L’Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (suite et fin)


    La restauration de l’Ordre du Saint-Sépulcre. Après avoir restauré le patriarcat latin (lettre apostolique Nulla celebrior, 23 juillet 1847), Pie IX réorganise l'Ordre (bref Cum multa, 24 janvier 1868). Pour la première fois depuis quatre siècles, un patriarche de Jérusalem est nommé, en la personne de Mgr José Valerga, qui reçoit l'administration de l'Ordre dans ses prérogatives. Léon XIII étend aux dames le droit d'appartenir à l'Ordre (bref, 3 août 1888). Les nouveaux statuts sont signés à Jérusalem le 6 avril 1892.
    Pie X confirme les privilèges de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem et se réserve le titre de Grand Maître (lettre apostolique Quam multa, 3 mai 1907). Le patriarcat de Jérusalem souffre beaucoup de la première guerre mondiale. Benoît XV bénit le projet de restauration et approuve la fondation de l'Œuvre de la préservation de la foi, unie à l'Ordre du Saint-Sépulcre. L'Ordre prend alors le titre d'Ordo Equestris Sancti Sepulcri Hierosolymitani, ou Ordre chevaleresque du Saint-Sépulcre de Jérusalem (sacrée congrégation de la Cérémoniale, décret du 5 août 1931). Pie XI approuve les statuts réformés (19 mars 1932). Pie XII les modifie et confie la grande maîtrise à un cardinal (lettre apostolique Quam Romani Pontifices, 14 septembre 1949).
    Le 8 décembre 1962, Jean XXIII approuve la mise à jour des statuts et assigne à l'ordre la mission de travailler à promouvoir le progrès de la foi en Terre Sainte. De Paul VI est cette invitation : « Continuez à aimer ces Lieux Saints, d'une prédilection toujours plus intense et plus pieuse […] continuez à y promouvoir les œuvres de religion, d'instruction, de charité qui y attestent la présence tenace et amoureuse de l'Eglise catholique; augmentez, si possible, votre effort de bienfaisance spirituelle et corporelle pour ces populations […]; et faites-leur voir que votre Croisade veut être celle de la charité, de la concorde, de la paix; celle de l'Évangile du Christ » (Allocution à des membres du Saint-Sépulcre, 30 mai 1964).

    L'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem de nos jours. Les statuts approuvés par Paul VI le 8 juillet 1977 n'ont fait que confirmer cette mission. L'Ordre du Saint-Sépulcre est l'un des trois seuls Ordres de chevalerie officiellement reconnus par le Saint-Siège et par les États (le gouvernement français l'a reconnu en 1928).
    Il est placé sous l'autorité du cardinal Grand Maître — actuellement S. Em. le cardinal Caprio — qui le dirige au nom du Pontife romain et qui réside à Rome. Il est aidé par le gouverneur général et par le grand magistère, composé de 16 membres de différents pays, et par la Consulta, assemblée comprenant le grand magistère et les Lieutenants de tous les pays. Le grand prieur est de droit le patriarche latin de Jérusalem. L'ordre a son siège près de l'église de St-Onuphre au Janicule, dans un couvent donné par Pie XII, lieu où est mort Le Tasse (auteur de La Jérusalem délivrée).
    L'ordre comprend 35 implantations, appelées Lieutenances. 16 en Europe : Allemagne, Angleterre et Galles, Autriche, Belgique, Ecosse, Espagne (Aragon, Catalogne et Baléares, Castille et Léon), Finlande, France, Gibraltar, Hongrie, Italie (centrale, méridionale, septentrionale, Sicile), Monaco, Pays-Bas, Portugal, Suisse); 14 dans les Amériques ; Brésil (Rio de Janeiro, São Paõlo), Canada (Montréal, Québec, Tonronto), Colombie, Equateur, Etats-Unis (sud, nord-est, ouest, est, nord), Mexique, Puerto-Rico) 1 en Océanie (Australie); 2 en Extrême-Orient (Philippines).
    Les chevaliers et les dames du Saint-Sépulcre (plus de 10 000) se répartissent en trois classes : classe des chevaliers de Collier et des dames de Collier ; classe des chevaliers, qui se divise dans les grades de chevalier de Grand'Croix, Commandeur avec Plaque, Commandeur, Chevalier; classe des dames, qui se divise dans les grades de dame de Grand'Croix, dame de Commanderie avec Plaque, dame de Commanderie et dame. Choisis, comme le précisent les statuts, parmi les personnes de foi catholique profonde, de conduite morale exemplaire, particulièrement méritantes envers les œuvres catholiques de Terre Sainte ou envers l'ordre, ils sont nommés par le cardinal Grand Maître, le diplôme de nomination devant être muni du visa et du sceau de la Secrétairerie d'État.
    L'investiture a lieu après une veillée de prière par l'adoubement selon le cérémonial approuvé par la congrégation des rites (25 juillet 1962).
    L'insigne est la croix potencée rouge, cantonnée de quatre croisettes non potencées, dite de Jérusalem. Une ancienne explication en est qu'« en l'honneur de la passion du Christ, par respect envers le Souverain Pontife et par obéissance envers le Vicaire du Christ et les évêques, nous avons adopté « les saintes croix » en l'honneur des cinq plaies de notre Seigneur Jésus-Christ pour nous distinguer parmi les infidèles ».


    L’Ordre du Saint-Sépulcre en France. La Lieutenance de France est dirigée par Maître André Damien. Elle comprend dix Régions, qui se divisent en Commanderies, au nombre de deux à cinq, les Régions et les Commanderies étant placées sous la protection d’un saint patron. L’église capitulaire de l’Ordre est l'église de Saint-Leu-Saint-Gilles, à Paris.
    La Lieutenance de France assure la garde et la vénération des Saintes reliques de la Passion, dont l'ostension a lieu à Notre-Dame de Paris le premier vendredi de chaque mois, les vendredis de Carême et une bonne partie du Vendredi saint.
    Ces dernières années, la Lieutenance de France, par exemple, a aidé à construire à Taybeh (village proche de Jérusalem) un dispensaire, une école (450 élèves) et une maison du pèlerin ; elle soutient des coopérants français, de préférence séminaristes, et participe à la construction d'un complexe scolaire à Reneh, en Galilée.

    « Continuez à vénérer la terre sanctifiée par les Patriarches, les Prophètes, par les pas du Fils de Dieu qui s'est fait Fils de l'homme, par les Apôtres, en vous montrant toujours fidèles à l'esprit de vos statuts » (Jean-Paul II à des dirigeants de l'Ordre, 15 mai 1986). Le pape ajoutait : « Je vous félicite pour l'assistance que vous donnez aux institutions scolaires et culturelles du diocèse de Jérusalem […], les écoles contribuent à garantir la présence future de la foi chrétienne dans ces lieux, et présentent une aide appréciable pour la promotion civile, humaine et sociale de ces populations. »

  • Séparation et paroisses de Paris

    Parmi les nombreux ouvrages parus à l’occasion du centenaire de la Loi du 9 décembre 1905 portant Séparation des Églises et de l’État, je voudrais signaler un livre un peu particulier qui a pour mérite de présenter la façon dont la séparation a été vécue sur le terrain, concrètement à Paris.

    L’ouvrage, dû à Jacques Sévenet, est intitulé Les paroisses parisiennes devant la séparation des Églises et de l’État 1901-1908. Il a été publié chez Letouzey & Ané en novembre 2005, avec une préface de Valentine Zuber.

    Cette reconstitution historique de la vie des paroisses catholiques à Paris au début du XXe siècle s’appuie sur une documentation riche et diversifiée : bulletins paroissiaux, revues ecclésiastiques, livres de fabrique, Journal officiel, minutes de conférences publiques, rapports de police, etc. L’auteur, curé en région parisienne, commence par un exposé sur la situation de l’Église catholique à Paris à la veillée la loi de Séparation. Puis il présente les acteurs catholiques de la période considérée, à commencer par le cardinal Richard, archevêque de Paris. Dans un troisième chapitre, il présente la typologie du conflit des deux Frances tel qu’il se présente dans les réunions publiques tenues à Paris tout au long de l’année 1905. Il montre ensuite comment ont lieu les inventaires des biens d’Église. La situation créée par la Séparation engendre le désarroi dans une Église qui se sent abandonnée et qui se demande quoi faire de sa liberté et où trouver de l’argent pour vivre. Plus angoissante semble être la question des associations cultuelles, refusées par le saint-siège. Des accommodements sont trouvés ici ou là. Le conseil curial que préside le curé, l’assemblée plénière des évêques de France sont aussi des réponses aux nouveaux besoins.

    En conclusion, la Séparation va permettre aux curés parisiens de se libérer de la tutelle administrative et de développer les organisations paroissiales, notamment dans les quartiers les plus défavorisés. En outre, l’auteur prouve que la liberté et la neutralité de l’État ne sont en aucun cas une proclamation d’indifférence de ce dernier à l’égard du phénomène religieux présent sur son territoire.

    Une première annexe présente les paroisses parisiennes de l’époque ; une deuxième annexe donne le texte de la loi du 9 décembre 1905.

    Une recension plus détaillée de cet ouvrage paraîtra dans un prochain numéro de la revue Zeitschrift für Kirchengeschichte, à Tübingen.

  • Ordre du Saint-Sépuclre de Jérusalem (1)

    L’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem


    Finalité. L'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem a pour finalité : a) accroître parmi ses membres la pratique de la vie chrétienne, en fidélité absolue au Souverain Pontife, et d'après les enseignements de l'Église ; b) soutenir et aider les œuvres et les institutions cultuelles, caritatives, culturelles et sociales de l'Église catholique en Terre Sainte, particulièrement celles du patriarcat latin de Jérusalem ; c) encourager la conservation et la propagation de la foi dans ces régions, en y intéressant les catholiques du monde entier ; d) soutenir les droits de l'Église catholique en Terre Sainte (Statuts, 8 juillet 1977).
    L'Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem remplit sa mission en apportant un soutien matériel aux communautés chrétiennes de Terre Sainte. Il contribue ainsi largement au fonctionnement de 44 écoles paroissiales du patriarcat latin de Jérusalem (15 100 élèves, chrétiens et musulmans). Il subvient aux besoins du clergé, de ses 60 paroisses, du séminaire de Beit Jala (80 séminaristes), soutient de nombreuses activités de bienfaisance, des dispensaires, des crèches, etc. Sur proposition du patriarche latin, chaque Lieutenance peut aider d'autres projets, en accord avec le grand magistère. Le soutien de l'ordre est aussi moral : chevaliers et dames visitent les communautés chrétiennes — le pèlerinage en Terre Sainte est un de leurs engagements — et prient avec leurs membres.

    Les origines. Dès les premiers siècles de notre ère, les chrétiens accordèrent un soin particulier des lieux saints, dont le Saint-Sépulcre. L’Église de rite latin et celle de rite syriaque en assurent les premières la vénération et la garde. Sainte Hélène fait construire (328) la basilique qui abrite le Sépulcre du Seigneur et en confie la garde à des cénobites. Les Perses l'incendient (614). Les Arabes prennent Jérusalem (638). L'on attribue à Charlemagne les premiers capitulaires organisant les gardiens du Saint-Sépulcre (808).
    Les événements de Terre Sainte amènent Urbain II à prêcher la première croisade (concile de Clermont, 1095). Les chevaliers à qui la Croix était imposée sont appelés Milites Sancti Sepulcri. Ils libèrent Jérusalem sous la conduite de Godefroi de Bouillon, qui confie à cinquante d'entre eux l'honneur de la garde armée du Saint-Sépulcre. Certains étaient religieux, d'autres laïcs. Son frère et successeur, Baudoin Ier, nomme le Patriarche de Jérusalem chef de l'ordre et lui octroie la faculté de créer, d'armer et d'instituer les chevaliers.
    Le patriarche Arnols de Jérusalem constitue un véritable ordre militaire et religieux, qui regroupe les chanoines du chapitre de Jérusalem et les Chevaliers, les uns et les autres étant placés sous la règle de saint Augustin.
    Le sultan égyptien Saladin s'empare de Jérusalem (2 octobre 1187). Reprise, elle est définitivement perdue en 1244. Les Chevaliers survivants, religieux et laïcs, se regroupent à Saint-Jean d'Acre, qui tombe le 18 mai 1291.
    Cependant, moyennant un lourd tribut, le sultan cède en 1333 les lieux saints à Robert d'Anjou et à son épouse Sanche de Majorque, souverains de Naples. Clément VI les confie à la garde des Frères Mineurs de saint François ; leur supérieur, Custode de Terre Sainte, représente l'autorité du Saint-Siège. La « Custodie de Terre Sainte », du latin custodia « garde », était ainsi constituée. Elle subsiste de nos jours, toujours confiée aux Franciscains.
    Léon X (bref, 29 octobre 1518) et les Pontifes ultérieurs confirment cette concession.

    La défense du territoire des lieux saints étant devenue impossible l'Ordre du Saint-Sépulcre s'adonne désormais à la défense spirituelle des valeurs du christianisme en Terre Sainte et à la conservation de ses institutions éducatives et charitables.
    Les Chevaliers s'installent dans leurs nombreux établissements européens, les plus importants étant l'archiprieuré de Pérouse (Italie) et le prieuré de Miechow (Pologne). L'Ordre est introduit en France par saint Louis (1254), sous forme d'une archiconfrérie royale ; il existe depuis 1131 en Espagne (où les Chevaliers continuent de combattre contre les Sarrasins) ; depuis 1125 en Allemagne (monastère de Denkendorf). Des couvents de chanoinesses régulières du Saint-Sépulcre sont également fondés : Wittstoch (Prusse), Saragosse (Aragon), Charleville, celui des Dames de la rue de Bellechasse (Paris), etc.
    Le pape Innocent VIII incorpore l'Ordre du Saint-Sépulcre à celui de Saint-Jean de Jérusalem (bulle Cum Solerti Meditatione, 28 mars 1489). Mais de nombreuses résistances se font jour, si bien que la bulle n'est pas appliquée partout. La restauration de l'Ordre est tentée en 1558, en Flandres, en 1616, en France, sans succès par suite des interventions de l'Ordre de Malte peu désireux de restituer les possessions de l'Ordre du Saint-Sépulcre.
    Cependant Ferdinand d'Aragon, dit le catholique, obtient d'Alexandre VI qu'il révoque en partie la bulle d'union, le Saint-Siège se réservant le fonction de Grand Maître de l'Ordre du Saint-Sépulcre. Léon X maintient ses droits à la branche espagnole, dont le monastère de Calatayud n'a pas été atteint par l'extinction de l'Ordre (bref, 29 octobre 1513). De même le monastère de Miechow a échappé à la tourmente.

    (à suivre…)

  • Pâques

    L’Église catholique célèbre Pâques aujourd’hui.

    À l’origine, c’était une fête juive célébrant la délivrance du peuple élu de l’esclavage en Égypte (voir Exode 12, 1-28), appelée aussi fête des Azymes, car les Juifs doivent s’abstenir de manger du pain fermenté pendant la semaine qui commence avec la célébration de la Pâque.

    Pour les chrétiens, c’est la solennité du dimanche de la Résurrection de Jésus, la « Fête des fêtes », la « solennité des solennités », le Grand dimanche. Ce jour-là, l’Église se remémore la victoire du Christ sur la mort, le démon et le monde.

    Le Christ avait prophétisé, sans que ses disciples parviennent à le comprendre, qu’il ressusciterait le troisième jour après sa mort, Jésus est ressuscité avec son corps qui avait été enseveli. Son âme se réunit à son corps. La Résurrection du Seigneur est le fondement de la foi catholique. Saint Paul affirme que « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » (1 Corinthiens 15, 14). Saint Paul ajoute que « nous sommes les plus malheureux des hommes » (1 Corinthiens 15, 19) si nous mettons notre espoir dans le Christ uniquement pour la vie présente sans avoir l’espérance d’une vie à venir.

    La résurrection ne peut avoir lieu que sous l’effet d’un pouvoir extraordinaire. À plusieurs reprises Jésus a rendu des morts à la vie. Mais ici, c’est par son propre pouvoir qu’il s’arrache à la mort, car il est Dieu lui-même et qu’à Dieu rien n’est impossible : Dieu n’est pas tenu par les lois qui régissent le monde qu’il a lui-même créé.

    La Résurrection du Christ est le gage de la « résurrection de la chair », professée dans le « Je crois en Dieu ». Quand Jésus reviendra dans sa gloire à la fin du monde pour « juger les vivants et les morts », « en un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette dernière — car elle sonnera — les morts ressusciteront incorruptibles » (1 Corinthiens 15, 52), soit pour une vie glorieuse pour les saints, soit pour une vie terrible pour les impies. Ce sera le Jugement dernier. Chacun est appelé retrouver son propre corps. C’est ce que le « Je crois en Dieu » ou « profession de foi » appelle la « résurrection de la chair ».

    On parle aussi de « résurrection spirituelle » à propos des effets du sacrement de pénitence qui, quand il pardonne un péché mortel, fait « ressusciter » l’âme d’un état de mort spirituelle à la vie de la grâce et d’amitié avec Dieu.

    Pour marquer sa joie, l’Église fait entendre de nouveau aujourd’hui les alléluia qui s’étaient suspendant le carême. Déjà utilisé dans les cérémonies hébraïques, le mot alléluia veut dire « louez Dieu ».

    « Le Christ vit. La voilà la grande vérité qui donne son contenu à notre foi. Jésus, qui est mort sur la croix, est ressuscité ; il a triomphé de la mort, de la puissance des ténèbres, de la douleur et de l’angoisse. Ne vous effrayez pas, s’écrie l’ange en saluant les femmes qui se rendent au sépulcre ; ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : Il est ressuscité, Il n’est pas ici (Marc 16, 6). Hæc est dies quam fecit Dominus, exultemus et lætemur in ea ; voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie (Psaume 117, 24).
    Le temps pascal est un temps de joie, d’une joie qui ne se limite pas à cette seule époque de l’année liturgique, mais qui réjouit à tout moment le cœur du chrétien. Car le Christ vit : le Christ n’est pas une figure qui n’a fait que passer, qui n’a existé qu’un certain temps et qui s’en est allée en nous laissant un souvenir et un exemple admirables.
    Non : le Christ vit. Jésus est l’Emmanuel : Dieu est avec nous. Sa résurrection nous révèle que Dieu n’abandonne pas les siens. Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ? Même s’il s’en trouvait une pour oublier, moi, je ne t’oublierai jamais (Isaïe 49, 14-15), avait-il promis. Et il a tenu parole. Dieu continue à faire ses délices parmi les enfants des hommes (voir Proverbes 8, 31) » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 102).

citations mises par DLT, pretre catholique, membre de l'Opus Dei, spécialiste de la dévotion mariale, juge, professeur au Studium de droit canonique de Lyon