11. L'Église bulgare catholique prend naissance quand des Bulgares orthodoxes, lassés de ne pouvoir obtenir d'être indépendants vis-à-vis de Constantinople, cherchèrent à retourner à la communion avec Rome après 1859. Le pape ordonna évêque leur chef. Mais il fut enlevé et mourut prisonnier dans un monastère orthodoxe de Russie. Cela n'empêcha pas une communauté d'exister. Cependant ses effectifs s'amenuisèrent, malgré les efforts de missionnaires augustiniens et assomptionistes. L'exarchat apostolique a son siège à Sofia.
12. L'Église russe catholique doit son existence au fait que le rite byzantin étant interdit aux catholiques par le régime tsariste jusqu'en 1905, les Russes qui se convertissaient devaient être de rite latin. En 1905 Nicolas II prit un édit de tolérance, et un exarchat fut créé en 1917, mais la persécution ne tarda pas à éliminer presque tous ces catholiques. L'Église russe compte deux exarchats apostoliques (Moscou et, hors de Russie, Harbin en Chine). Le collège russe fondé à Rome par le Saint-Siège en 1929 est destiné à former des prêtres pour la Russie.
13. L'Église ruthène catholique. Les Ruthènes sont les Slaves d'Ukraine, de Galicie et d'une partie des Carpates. L'union de Florence dut être renouvelée à Brest-Litovsk. Les partages de la Pologne, de 1772 à 1795, attribuent presque tout le pays des Ruthènes à la Russie. Catherine II les fait passer de force à l'orthodoxie. À la suite de l'édit de 1905, une partie redevinrent catholiques, mais de rite latin. Les Ruthènes de Galicie connurent un sort meilleur dans l'Empire austro-hongrois, et une province ecclésiastique avec deux évêchés suffragants put leur être donnée. En 1949, le synode des prêtres ruthènes catholiques décida l'intégration à l'Église russe orthodoxe. Les persécutions furent très dures, ainsi qu'en Tchécoslovaquie. Quatre éparchies existent aux États-Unis et une en Ukraine.
14. L'Église roumaine catholique comprend les régions de Valachie, Moldavie et Transylvanie, longtemps sous la domination ottomane. L'Église orthodoxe apparaissait étroitement liée à la conscience roumaine. Après l'annexion de la Transylvanie par l'Empire austro-hongrois en 1687, un mouvement de rapprochement avec Rome se dessina dans cette province. Des jésuites y furent envoyés, si bien qu'une union formelle avec Rome est proclamée en 1701. En 1940, l'Église roumaine comptait 1 500 000 fidèles et cinq éparchies. Mais le 1er décembre 1948 un synode des prêtres (auquel les évêques ne participaient pas) vota le rattachement à l'Église orthodoxe de Roumanie. Ce décret a été aboli trente et un ans plus tard. La hiérarchie catholique est reconstituée le 14 mars 1990. La Roumanie compte cinq éparchies. Un exarque réside aux États-Unis (Ohio).
(à suivre…)
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Les 21 Églises catholiques d'Orient (5)
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ROGER LE TOURNEAU (1907-1971)
Roger Le Tourneau est né le 2 septembre 1907 à Paris où il fit ses études secondaires ; admis à l'Ecole Normale Supérieure en 1927, il devint agrégé des lettres en 1930. S'étant intéressé au Maroc à l'occasion d'un voyage effectué l'année précédente, il demanda et obtint un poste dans ce pays : c'est ainsi qu'il fut nommé professeur de Lettres au Collège Moulay Idris de Fès dont il devait être ensuite le directeur, de 1935 à 1941. Durant ce séjour au Maroc, il étudia l'arabe, mais surtout se passionna pour cette ville de Fès, où l'avait d'ailleurs rejoint un de ses camarades de l'Ecole Normale Supérieure, Lucien Paye, avec lequel il entreprit plusieurs études sur les corporations de la ville. Encouragé par Robert Montagne et E. Lévi-Provençal, il décida alors de préparer une thèse de doctorat sur Fès ; celle-ci, intitulée Fès avant le Protectorat, fut soutenue en 1948 : elle constitue un modèle du genre.
Nommé en 1941 directeur de l'instruction Publique en Tunisie, Roger Le Tourneau estima qu'il ne pouvait se dérober à une tâche essentielle dans les circonstances d'alors, et la rectitude de sa position politique et intellectuelle lui valut, lorsque la Tunisie fut occupée par les Allemands, d'être arrêté par eux, déporté en Allemagne puis, ramené en France, d'être assigné à résidence. La contrainte politique et policière s'étant ensuite relâchée, il fut nommé professeur au lycée de Rouen ; il profita de cette liberté pour préparer son évasion ; en mai 1944, ayant réussi à franchir les Pyrénées, il se retrouva en prison à Lerida, puis interné dans le camp de Miranda avant de pouvoir, en août 1944, gagner le Maroc où il rejoignit sa famille. Cependant, une commission d'épuration lui reprocha, en dépit de son attitude patriotique, d'avoir servi le gouvernement de Vichy et le suspendit de tout emploi et de tout traitement. Durant un an, il utilisa ses loisirs forcés à rédiger sa thèse et surtout à reprendre des contacts avec ses amis nationalistes marocains (dont beaucoup étaient ses élèves parmi les Fassis) que les événements de 1944 avaient éloignés de la France.
L'ostracisme ayant été levé en octobre 1945, Roger Le Tourneau devint l'adjoint de Robert Montagne à la direction du Centre des Hautes Études d'Administration Musulmane ; nommé en 1947 à la Faculté des Lettres d'Alger, dans la chaire d'histoire de la civilisation musulmane, il contribua, pendant dix ans, comme au Maroc, à la formation d'intellectuels dont beaucoup sont devenus d'éminentes personnalités après l'accession de leur pays à l'indépendance. En plus de son enseignement, il anima l'Institut d’Études Supérieures Islamiques et lorsque son ami Lucien Paye fut chargé des Affaires politiques en Algérie, il s'efforça de servir d'intermédiaire avec les nationalistes algériens en vue de l'établissement de rapports nouveaux. Entre-temps, il avait effectué une mission en Libye pour le compte de l'UNESCO (1951) et avait été chargé de conférences aux États-Unis en 1954 et 1957. En octobre 1957, Roger Le Tourneau fut nommé à la Faculté des Lettres d'Aix-en-Provence où venait d'être créée à son intention une chaire d'histoire et de civilisation musulmanes. Seul islamisant alors, il sut en peu d'années réunir autour de lui des spécialistes des disciplines islamiques : grammaire, littérature, histoire, art et archéologie, sociologie, et faire du Département d'Études Islamiques d'Aix le plus important de France après Paris. Apprécié unanimement par ses collègues comme par ses étudiants il fut constamment placé à la tête du Département même après les bouleversements de 1968.
Roger Le Tourneau ne se cantonnait pas dans son métier d'enseignant : pour lui, la recherche allait de pair, et c'est afin de promouvoir les recherches et les études sur l'Afrique du Nord qu'il contribua, en 1958, à la création à Aix du Centre d'Études Nord-Africaines qui, devenu en 1964 laboratoire du C.N.R.S., prit le nom de Centre de Recherches sur l'Afrique Méditerranéenne (C.R.A.M.) dont il devint le Directeur effectif en 1965. Dès le premier volume de l'Annuaire de l'Afrique du Nord, publié en 1962 par le C.R.A.M., Roger Le Tourneau rédigea régulièrement, jusqu'à sa mort, la Chronique politique, et publia d'autres articles qui témoignaient de sa connaissance du monde maghrébin. Les événements de 1968 ayant entraîné une transformation des structures du C.R.A.M., celui-ci devint alors le Centre de Recherches sur les Sociétés Musulmanes Méditerranéennes (C.R.E.S.M.) dont Roger Le Tourneau assuma la direction, à titre de transition, jusqu'à la fin de l'année 1969 ; par la suite il fit partie du Comité de Direction du Laboratoire, apporta sa collaboration active aux programmes de recherche mis en œuvre par le C.R.E.S.M. et à la publication de l'Annuaire de l'Afrique du Nord.
Parallèlement, il menait à la Faculté le combat pour la création d'un Institut de Langues et Civilisations Orientales et Slaves comme l'une des U.E.R. de l'Université d'Aix-Marseille et il a été l'un des principaux artisans de la naissance de l'I.L.G.E.O.S.
Sa notoriété scientifique valut à Roger Le Tourneau d'être nommé à la Commission des Civilisations Orientales du C.N.R.S. et d'être élu, et réélu, au Comité Consultatif des Universités. Il fut en outre appelé à l'étranger pour des cours ou des conférences, en Italie, en Pologne, au Liban, en Angleterre ; surtout, à partir de 1958, le Département d'Études Orientales de l'Université de Princeton lui confia la responsabilité d'un enseignement sur l'Afrique du Nord — de 1958 à 1970, tous les deux ans, il y consacra plusieurs mois et contribua à former nombre de spécialistes américains du Maghreb ; il devint également membre du Comité de Rédaction de l'International journal of Middle East Studies.
Lorsque Lionel Balout et ses collaborateurs de la Revue de la Méditerranée, disparue en 1962, envisagèrent la parution d'une revue scientifique française consacrée en priorité à l'Afrique du Nord, c'est à Roger Le Tourneau qu'ils s'adressèrent, et sous l'impulsion de celui-ci fut alors créée en 1966 la Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée (R.O.M.M.) dont il fut le directeur du comité de rédaction. Il fut aussi la cheville ouvrière et l'animateur du 2e Congrès International d'Études Nord-Africaines, qui se tint à Aix-en-Provence en novembre 1969.
L'activité scientifique de Roger Le Tourneau fut considérable : il écrivit de nombreux articles — dont on peut trouver la liste dans le tome 10 de la Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée — et des livres suivants :
— Fès avant le Protectorat (Casablanca 1949).
— Damas de 1075 à 1154, traduction annotée d'un fragment de l'Histoire de Damas d'Ibn al-Qalânisî (Damas 1952). Ce livre, qui fut sa thèse complémentaire de doctorat ès lettres, est le seul ouvrage qui ne porte pas sur l'Afrique du Nord.
— L'Islam contemporain (Paris 1952).
— Révision et remise à jour du tome II de l'Histoire de l'Afrique du Nord de Ch. A. Julien : De la conquête musulmane à 1830 (Paris 1952).
— Les débuts de la dynastie saadienne (Alger 1954).
— Les villes musulmanes d'Afrique du Nord (Alger 1957).
— Fez in the age of the Merinids (University of Oklahoma Press, 1961).
— Évolution politique de l'Afrique du Nord musulmane, 1920-1961 (Paris 1962).
— La vie quotidienne à Fès en 1900 (Paris 1965).
— The Almohad movement in North-Africa in the 12" and 13" centuries (Princeton 1969).
Enfin Roger Le Tourneau avait achevé la rédaction d'une Histoire du Maroc moderne, destinée à un éditeur anglais.
(Extrait des Cahiers de Linguistique, d’Orientalisme et de Slavistique, numéros 1 – 2, publication de l'Institut de Linguistique Générale et d’Études Orientales et Slaves de l'Université de Provence (I.L.G.É.O.S.) -
3 septembre : st Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand étant le premier des Pères de l’Église que je présente, il faut commencer par expliquer qui sont les Pères de l’Église.
C’est un titre reconnu par les théologiens catholiques aux écrivains ecclésiastiques qui se sont distingués par l’orthodoxie de leur doctrine, la sainteté de leur vie, l’approbation, au moins tacite, de l’Église, et leur ancienneté (jusqu’au VIIIe siècle). On distingue les Pères grecs et les Pères latins. Les « docteurs de l’Église » se différencient de ces Pères en ce qu’ils n’ont pas toujours vécu aux premiers temps de l’Église. Certains Pères ont reçu aussi le titre de docteur de l’Église.
Les Pères grecs (ceux qui écrivent en grec) sont : Clément d’Alexandrie (v. 150-v. 215), Origène (v. 185-v. 253), Grégoire le Thaumaturge († 270), Lucien d’Antioche (v. 235-312), Athanase (298-373), Aphraate le Syrien († v. 345), Éphrem († v. 373), Basile de Césarée (329-379), Grégoire de Nazianze (v. 329-v. 390), Grégoire de Nysse (v. 335-v. 395), Cyrille d’Alexandrie (v. 380-444), Didyme l’Aveugle († 398), Cyrille de Jérusalem (v. 315-387), Jean Chrysostome (v. 349-407), Maxime le Confesseur (v. 580-662), Germain de Constantinople (634-733), Jean Damascène (fin VIIe siècle-v. 749).
Les Pères latins (ceux qui écrivent en latin) sont : Cyprien (début IIIe siècle-258), Hippolyte de Rome (170-235), Hilaire de Poitiers (v. 315-367), Ambroise de Milan (v. 340-397), Jérôme (v. 350-v. 420), Paulin de Nole (353-431), Augustin (354-430), Vincent de Lérins († av. 450), Cassien (v. 360-v. 435), Léon le Grand († 461), Grégoire le Grand (v. 540-604), Bède le Vénérable (673-735).
Saint Grégoire le Grand est né dans une famille patricienne et est élu sur le siège de Pierre, c’est-à-dire qu’il devient pape, en 590. C’est lui qui prend le titre de servus servorum Dei, « serviteur des serviteurs de Dieu », titre qui, selon le pape Jean-Paul II, est « la meilleure protection contre le risque de séparer l’autorité (et en particulier la primauté) du ministère », conçu comme service. L’ouvrage le plus connu de saint Grégoire est la Règle pastorale, qu’il a écrit au début de son pontificat et qui s’adresse principalement aux prêtres, afin deltoïdienne dans leur ministère. il contient cependant de nombreux et orientations utiles pour tous les fidèles.
Il mérite le qualificatif de Grand en raison de ses dons de gouvernement, de son zèle apostolique, de la richesse de son magistère (ou enseignement), de la sollicitude avec laquelle il s’est occupé, aussi bien dans l’aspect spirituel que dans l’aspect matériel du troupeau à lui confié. -
Les 21 Églises catholiques d'Orient (6)
15. L'Église slovaque catholique. L'histoire de la Slovaquie s'est longtemps confondue avec celle des Ruthènes. Avec la création de l'État tchèque après la Première Guerre mondiale, les Slovaques catholiques furent traités comme un groupe distinct. En 1950, un synode présidé par cinq prêtres rompt l'union à Rome et intègre les Slovaques catholiques à l'Église orthodoxe de Tchécoslovaquie. Los du « printemps de Prague », en 1968, les paroisses orthodoxes qui le désiraient purent revenir au catholicisme : 205 d'entre elles, sur 292, choisirent la communion avec Rome. L'Église slovaque catholique comprend une éparchie, à Presow. Une éparchie se trouve au Canada (Toronto).
16. L'Église biélorusse catholique a connu une histoire parallèle à celle des Ukrainiens catholiques. Quand la Biélorussie appartint à la Pologne, après la Première Guerre mondiale, l'on vit réapparaître 30 000 Biélorusses (Russes blancs) catholiques. Mais l'Église biélorusse a été intégrée à l'Église orthodoxe de Russie après l'annexion de la Biélorussie à l'URSS.
17. L'Église hongroise catholique regroupe les catholiques ukrainiens, ruthènes et roumains qui sont complètement intégrés à la Hongrie. Jusqu'en 1912 ils relevaient de la juridiction d'évêques de régions voisines. Pie X les érige à cette date en éparchie (Hajdudorog). Un exarchat apostolique existe à Miskolc.
18. L'Église grecque catholique voit le jour avec l'activité missionnaire qui travaille en 1856 au retour des dissidents de Constantinople. Deux paroisses catholiques sont créées en 1895. Rome leur donne un évêque en 1911. Les hostilités entre la Grèce et la Turquie, qui suivirent la Première Guerre mondiale, forcèrent une bonne partie de la communauté à émigrer en pays hellène en 1922, d'où la création d'un exarchat apostolique à Athènes (1932), en plus de celui d'Istanbul (1911).
19. L'Église ex-yougoslave catholique, doit son existence à l'occupation autrichienne, qui favorisa la conversion des orthodoxes au catholicisme. L'éparchie de Krizevci fut érigée le 17 juin 1777.
20. L'Église albanaise catholique provient d'un petit groupe de catholiques byzantins qui vivaient le long de la côte en 1628. Mais il disparut en 1765. Ce n'est qu'en 1920 que quelques fidèles d'un prêtre orthodoxe albanais sont reçus dans la communion avec Rome, tout en conservant leur rite byzantin. La suppression de toute religion en Albanie porta un coup sévère à cette communauté. Elle a un administrateur apostolique.
21. L'Église italo-albanaise existe dans l'Italie du Sud qui, avec la Sicile, a été longtemps de rite byzantin, mais sous la juridiction de l'évêque de Rome. Au VIIIe siècle, l'Empereur Léon III plaça cette région sous la juridiction de Constantinople. Elle revient à Rome grâce à la conquête Normande du XIe siècle. Une importante immigration albanaise est venue grossir les rangs de cette communauté au XVe siècle. Elle compte deux diocèses, en Sicile et en Calabre. L'abbaye territoriale de Grottaferrata, près de Rome, témoigne de la vie monastique qui fleurissait jadis sur les côtes de l'Italie du Sud.
(fin) -
Liberté, liberté chérie… (1)
« LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE... » MAIS QUELLE LIBERTÉ ?
La liberté n'est pas un droit, mais un devoir (Dostoïevski)
Propos liminaire
Alors qu'il est plus que jamais question de liberté — de liberté, d'égalité et de fraternité —, il n'est pas inopportun de faire remarquer que, pas plus que les autres, la Révolution française n'a le monopole de la liberté, mieux encore qu'elle ne l'a pas inventée.
L'on pourrait même affirmer que la liberté exaltée par les apôtres des années 1789 et suivantes et exportée en Europe et dans le monde, n'a été gagnée qu'à coup de guillotine et à la force des baïonnettes. Elle a donc été chèrement acquise. Et le prix payé permet de s'interroger sur son authenticité. Qu'est-ce qu'une révolution qui dévore ses propres enfants, qui les amène à s'entre-tuer ? N'y aurait-il pas une liberté qui pourrait être vécue pacifiquement par tous et assurer tout uniment le progrès du bien des individus et de celui de la société, sans antagonismes, dans un concert désirable?
N'y aurait-il pas une autre révolution ? Une autre forme de révolution ne serait-elle pas pensable ?
« Les sectaires vocifèrent contre ce qu'ils appellent « notre fanatisme », parce que les siècles passent et la Foi catholique demeure immuable. En revanche, parce qu'il n'a aucun rapport avec la vérité, le fanatisme des sectaires change à chaque époque de costume ; il dresse contre la Sainte Église l'épouvantail de simples mots, que leurs actes ont vidé de leur sens : la « liberté », qu'ils enchaînent ; le « progrès », qui ramène à la forêt vierge ; la « science », qui dissimule l'ignorance... Toujours un pavillon qui cache une vieille marchandise avariée » (saint Josémaria, (Sillon, n° 933).
Puisque « la véritable liberté est dans le ciel où personne n'est lié par les chaînes du péché, chaînes qui sont les seules véritables » (st Thomas d’Aquin, De Beatitudine, c. 4, 3), c'est donc de Dieu qu'elle doit venir, c'est donc en concorde avec son auteur qu'elle est tenue d'agir. D'où la révolution chrétienne, qui rehausse la dignité de l'homme, en fait un fils de Dieu, définitivement.
Dans notre réflexion courante, la liberté se présente souvent comme la valeur qui assoit le critère de vérité, dont la réalisation pratique forme le sens de l'existence humaine. Or l'homme est dans l'erreur quand il se laisse accroire que la liberté est elle-même sa propre fin et qu'il est libre lorsqu'il s'en sert « comme ça lui chante ». « La liberté, au contraire, est un grand don seulement quand nous savons en user avec sagesse pour tout ce qui est vraiment bien. Le Christ nous enseigne que le meilleur usage de la liberté, qui se réalise dans le don, est le service. C'est par une telle « liberté que le Christ nous a rendus libres » (Galates 5, 1) et qu'il nous libère toujours » (Jean-Paul II, encyclique Redemptor hominis, n° 21). La liberté est une propriété de la volonté par laquelle l'homme s'autodétermine dans ses actes en vue de sa bonne fin (cf. st Thomas d’Aquin, Summa Theologiæ I-II, q. 89, a. 6).
(à suivre…) -
Liberté, liberté chérie… (3)
Liberté et union à Dieu
Pourquoi le fondateur de l'Opus Dei n'emboîte-t-il pas le pas aux champions de la philosophie réflexive évoquée plus haut ? Pour une raison bien simple : il n'éprouve jamais la solitude. Quand il se regarde, il se voit en Dieu et voit Dieu en lui, devenu le temple de l'inhabitation de la Très Sainte Trinité : « Seul ! - Tu n'es pas seul. De loin, nous t'accompagnons. - Et puis..., le Saint-Esprit qui habite dans ton âme en état de grâce - Dieu avec toi - donne un ton surnaturel à toutes tes pensées, à tous tes désirs et à toutes tes œuvres » (st Josémaria, Chemin, n° 82). Mais du fait qu'elle exige une adhésion sans complexe ni problématique au champ d'action propre à l'être rationnel; du fait qu'elle implique une liberté d'esprit et de mouvement que l'on chercherait en vain chez qui n'a pas l'évidence immédiate de la réalité du monde et se verrouille dans des questionnements qui regimbent à l'idée d'un ordre de l'univers à la fois objet de connaissance et norme morale d'action.
« S'il nous arrivait un jour de penser que le bien que nous faisons est notre œuvre, l'orgueil reviendrait en force, pire encore, le sel perdrait sa saveur, le levain pourrirait et la lumière deviendrait ténèbres » (saint Josémaria, -
Liberté,liberté chérie… (2)
[Je disais que la liberté est une propriété de la volonté]
Or la volonté peut avoir pour objet, d'une part la fin et, d'autre part, ce qui se rapporte à cette fin. Dans le premier cas, elle se porte vers la fin de façon absolue ; elle est qualifiée de voluntas ut nature, ou tendance naturelle vers le bien en général. Dans le second cas, elle se porte vers l'objet qui a rapport à sa fin parce qu'elle le compare à cette fin et qu'elle trouve en lui de la bonté ; c'est la voluntas ut ratio qui peut adhérer ou non au bien qui se présente ainsi à elle (cf. St Thomas d’Aquin, Ibid. III, q. 18, a. 3). Précisons, pour éviter toute ambiguïté, qu'il s'agit en tout état de cause de deux niveaux des actes de la même et unique faculté volitive qu'est la volonté.
Autrement dit, lorsque nous envisageons la liberté en tant que don, comme nous venons de le faire, nous nous référons à la liberté ontologique de l'homme, c'est-à-dire à celle qui correspond à la voluntas ut nature.
Que l'homme soit créé en lui-même et en tous ses instants, puisque la création enveloppe le temps avec tout ce qu'il renferme, voilà qui n'enlève rien à la liberté, ne l'amoindrit nullement. « Cela constitue, au contraire, la liberté, en leur fournissant, grâce au Dieu créateur, sa raison totale » (A.-D. Sertillanges, Dieu gouverne, Paris, 1942, p. 68).
Comme Bergson l'avait bien compris, après avoir essayé de soustraire quelque chose à la causalité et à la connaissance de Dieu, afin de « prendre la liberté au sérieux », si notre libre-arbitre détenait en soi le pouvoir de constituer un monde de relations, l'ordre du monde ne dépendrait alors plus du premier Principe et Dieu cesserait d'être Dieu (cf. A.-D. Sertillanges, L'idée de création et ses retentissements en philosophie, Paris, 1945, p. 183-184).
L'homme n'est vraiment lui-même que dans la liberté des enfants de Dieu. Il serait désolant de voir les chrétiens réduire leur message à une libération temporelle qui restera toujours limitée, car il en résulterait incontinent une captivité spirituelle bien plus profonde que l'asservissement matériel. La liberté, que les techniques et les hommes politiques proposent, peut certes reculer les limites de l'existence biologique, mais elle laisse l'homme dans cette condition biologique d'une vie mortelle. Et cette immortalisation d'une vie mortelle qu'elle tente de réaliser — avec une acuité inégalée jusqu'ici — est pire que la mort. Car c'est sur un autre plan d'existence que commence seulement la liberté.
Au plan des rapports d'un fils avec son père, des domestici Dei (Éphésiens 2, 19), de ceux qui appartiennent par adoption à la famille divine. Saint Paul a qualifié la liberté dont on s'y régale de parrèsia, de franc-parler (Cf. J. Ratzinger, « Loi de l'Église et liberté du chrétien », Studia Moralia 22 (1984), p. 182-186). Ce mot désignait chez les Grecs la condition du citoyen qui peut s'exprimer librement à l'assemblée d'égal à égal avec les autres, non dans l'attitude craintive d'un serviteur envers son maître (cf. J. Daniélou, Sainteté et action temporelle, Tournai, 1955, p. 50-52).
La liberté constitue ainsi pour l'homme le chemin pour atteindre le bien véritable, objectif, de façon responsable. Jean-Paul II rappelle que la permissivité renverse cette saine vision et qu'elle fait quêter la liberté pour elle-même, comme un absolu. C'est pourquoi il est urgent de nos jours « d'apprendre aux nouvelles générations la beauté et les exigences de la liberté et de la responsabilité », et il faut « initier » (Jean-Paul II, Discours aux évêques français de la Région de l'Est en visite « ad limina », 1er avril 1982, n° 4). C'est ce que nous ambitionnons par les quelques pages qui suivent, en nous appliquant à réfléchir sur le sens chrétien de la liberté. Nous nous fonderons pour ce faire principalement sur les écrits publiés de saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei.
(à suivre…) -
Les 21 Églises catholiques d'Orient (3)
Une Église de tradition arménienne
6. L'Église arménienne catholique prend ses racines à l'époque des croisades, avec la création du royaume de Petite Arménie (Cilicie). L'union, proclamée en 1198, dura jusqu'à la disparition du royaume, en 1375. L'archevêque de Leopoli, en Pologne, rétablit l'union en 1635. Mais il faudra attendre le 26 novembre 1740 pour voir les évêques arméniens qui avaient réintégré la communion avec Rome se donner un patriarche, Abraham Arzivian, évêque d’Alep. Benoît XIV confirme l'élection en 1742 et octroie au patriarche le pallium et le titre de catholicos-patriarche des Arméniens de Cilicie. Rejeté par le clergé de son siège, il fixa sa résidence au couvent de Kreim, au Liban. En 1830 la Sublime Porte ottomane reconnaît l'indépendance de la communauté arménienne catholique. Il est procédé à l'union des deux communautés arméniennes catholiques, à savoir le patriarcat de Cilicie et celui de Constantinople (1866). Le siège patriarcal est alors établi à Istanbul. Mais les massacres de 1915 et l'exode massif qu'ils entraînent amèneront le synode des évêques arméniens catholiques à le réinstaller au Liban (1918). L'Église arménienne catholique a son éparchie patriarcale en Irak (Bagdad) et compte en Syrie deux éparchies et un exarchat patriarcal, une éparchie à Ispahan, Alexandrie, Istanbul et Paris (éparchie de Sainte Croix de Paris érigée le 30 juin 1986, première éparchie orientale catholique en Europe de l'Ouest), un exarchat apostolique en Amérique latine (Argentine), un pour les États-Unis d'Amérique et le Canada (Paterson), un exarchat patriarcal à Jérusalem. Un ordinariat a été créé en Europe orientale pour les Arméniens catholiques de l'Europe de l'Est, et en Roumanie pour les catholiques de rite arménien résident dans ce pays.
Les Églises orientales catholiques de tradition chaldéenne
7. L'Église chaldéenne catholique est l’Église de Mésopotamie fondée par l’apôtre saint Thomas et remise à l’un des soixante-dix disciples, Addai, qui, avec un compagnon fonda l’Église de Séleucie et Ctésiphon. En 424 celle-ci se rendit autonome par apport à Antioche, sans rupture formelle. La dénomination d’Église chaldéenne date du concile de Florence (1445), à l’occasion de l’union de l’Église nestorienne de Chypre avec Rome. En 1233 les dominicains convertissent le patriarche de Bagdad, qui aura plusieurs successeurs catholiques. Mais ces entreprises, tout comme celles des franciscains, n'amène que des unions passagères avec Rome. À la suite des persécutions de Tamerlan le patriarche Chimoun (Siméon) IV (1437-1477) rendit l'office patriarcal héréditaire. Nombre d'évêques assyriens se choisissent alors en 1551 un patriarche, Jean Sulaka, qui est reçu dans l'Église catholique et confirmé dans sa charge par Jules III (20 avril 1553), qui reconnaît aussi sa juridiction sur les Indes. Cette dynastie finit par retomber dans le schisme avec Chimoun XIII (1662-1700) et par donner naissance à la dynastie nestorienne. Plusieurs patriarches furent catholiques, mais c'est en 1830 que Rome reconnaît Jean Hormez comme patriarche de Babylone des Chaldéens, avec siège à Mossoul. L'Église chaldéenne compte neuf éparchies en Irak dont le siège patriarcal de Bagdad, quatre éparchies en Iran dont deux sièges métropolitains (Urmya et Téhéran), une éparchie en Turquie, à Beyrouth, à Alep, au Caire et à Detroit, un exarchat patriarcal à Jérusalem. Une mission chaldéenne existe en France, en Australie et en Suède.
8. L'Église syro-malabare catholique est de vieille tradition. En effet, les chrétiens des États de Cochin et de Travancore, sur la côte occidentale de l'Inde, revendiquent le titre de « chrétiens de saint Thomas », l'apôtre qui, selon la tradition (voir les Actes de Thomas, du IIIème siècle, conservés en syriaque et en grec), aurait évangélisé leurs ancêtres et dont la tombe est vénérée à Mylapore. C'est eux que les Portugais découvrent en 1498. À la mort du dernier évêque nestorien, l'évêque de Goa, Ménezes, réunit un synode qui décida l'union à Rome (1599). Le jésuite Francisco Roz devint évêque de l’Église syro-malabare. Ultérieurement ce furent les carmes déchaux qui assumèrent cette juridiction. 1662 voit le sacre de Mar Alexandre Parampil, dernier évêque malabar, qui ramène beaucoup de syriens orthodoxes à son Église. Les fidèles dépendirent ainsi des ordinaires latins pendant trois siècles (1599-1896), c'est-à-dire jusqu'à la création de trois vicariats apostoliques confiés au clergé indigène. En 1923 est mise en place la première hiérarchie malabare catholique, avec Ernakulam comme siège métropolitain. Mais ces chrétiens ne sont pas autorisés, même encore de nos jours, à évangéliser le reste de l'Inde, à moins de passer au rite latin. L'Église malabare comprend un archevêché majeur (Ernakulam-Angamaly) et vingt-et-une éparchies en Inde (État du Kerala).
(à suivre…)
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Les 21 Églises catholiques d'Orient (4)
Les Églises orientales catholiques de tradition constantinopolitaine
9. L'Église melkite catholique, du nom donné par les monophysites (jacobites et coptes) après la conquête arabe aux chrétiens des patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem restés fidèles à Chalcédoine et donc à l'empereur byzantin qui avait confirmé ce concile œcuménique (malka en syriaque, malik en arabe veut dire royalistes) ; cette dénomination s’applique à la fraction de cette communauté qui est entrée en communion avec Rome. Les relations de l’Église melkite avec Rome ont traversé trois phases. La période antiochienne est marquée par la communion. La période byzantine est une phase de rupture, la hiérarchie melkite se ralliant aux idées anti-latines des théologiens de langue grecque. La dernière phase est celle de l’intercommunion.
Après que les Ottomans eussent divisé l'Orient en trois wilayat (Damas, Beyrouth et Alep) au XVIe siècle, le gouvernement de Damas s'immiscait fréquemment dans les affaires du patriarche orthodoxe. Le patriarche Ephtimos II négocie alors l'union avec Rome, mais il n'a pas le temps de la conclure. À la mort du patriarche Athanasios III Dabbas, en 1724, l'autorité de son successeur est battue en brèche par le patriarche de Constantinople qui nomme son candidat, appuyé par le Sultan ottoman. D'où une scission, une partie adhérant au patriarche légitime et devenant catholique. La série des patriarches melkites catholiques est ininterrompue depuis Cyrille VI († 1759). De cette date jusqu'en 1830, l'Église melkite souffrit de violentes persécutions de la part des Ottomans. À l'occasion de l'occupation de la Syrie par les Égyptiens, le siège patriarcal fut transféré à Beyrouth (1833). En 1838 le patriarche catholique Maximos III Mazlum obtient que Constantinople reconnaisse l’existence juridique de l’Église et de la nation (millet) melkite. Rome autorisa Maximos III à porter le titre de patriarche d’Alexandrie et de Jérusalem. L'Église melkite catholique comprend vingt éparchies, dont cinq en Syrie (Alep, Bosra-Hauran, Damas, Homs, Lattaquieh), sept au Liban (Beyrouth-Jbeil, Tyr, Baalbeck, Banyas-Césarée de Philippes, Saïda, Tripoli du Liban, Zahleh-Furzol), une à Haïfa, au Caire, à Amman, São Paulo, Mexico, New-York, Montréal et Sydney, un exarchat patriarcal à Jérusalem, au Caire (pour l'Égypte et le Soudan) et au Koweit, et un exarchat apostolique au Venezuela.
10. L'Église ukrainienne catholique développa son identité propre après le schisme de 1054. Objet d'occupations diverses, celle des Polonais au XVe siècle rendit le catholicisme prépondérant, au point que le métropolite de Kiev accepta l'union proposée au concile de Florence (8 janvier 1438-7 août 1445). Moscou rejeta cette union et élut son propre métropolite. L'union de la province métropolitaine de Kiev fut alors formellement proclamée au synode de Brest-Litovsk (1595-1596). Au XVIIIe siècle le Tsar abolira l'union avec Rome en Ukraine orientale et imposera l'orthodoxie aux Ukrainiens catholiques de son Empire ; l’union n’est préservée que dans la partie occidentale de l’Ukraine, rattachée en 1772 à l’Autriche après le premier partage de la Pologne. En 1946, un synode des prêtres ukrainiens catholiques se tient à Lvov pour dissoudre officiellement l'union et intégrer l'Église d'Ukraine à l'Église russe orthodoxe, à la suite de l'annexion de l'Ukraine par l'URSS. Le premier synode plénier de toute la Rus' depuis la persécution s'est tenu en 1992 à Lvov, qui est archevêché majeur. La hiérarchie catholique a pu être reconstituée avec la création de quatre éparchies (20 août 1993) à Koloma-Chernivci des Ukrainiens, Sambir-Drohobych, Ternpil et Zboriv, et d'une administration apostolique dans les Carpates (14 août 1993). La diaspora se trouve principalement en Amérique du Nord, avec cinq éparchies au Canada, quatre aux États-Unis, une au Brésil et une en Argentine. Il en existe également une en Pologne et en Australie, à quoi s'ajoutent des exarchats apostoliques en Allemagne, France, Pologne et Royaume-Uni.
(à suivre…) -
Les 21 Églisescatholiquesd'Orient (2)
Les Églises orientales catholiques de tradition antiochienne
3. L'Église maronite, ou Église antiochienne syriaque maronite, tire son nom de saint Maron ou Maroun, ascète qui vécut dans la région de Cyr, en Syrie († 410). Le peuple maronite se considère l'héritier spirituel des moines du monastère de Saint-Maroun, situé sur les rives de l'Oronte, à l'Est de Hama. Il reçut ce nom après le concile de Chalcédoine, dont il fut un ardent défenseur, demeurant fidèle à l’Église de l’Empire et au concile lui-même. En 517 Sévère, patriarche jacobite d'Antioche, fit massacrer 350 moines maronites qui se rendaient en pèlerinage à l'église de Saint-Siméon le Stylite. Entre 631 et 641, après la conquête musulmane les Maronites se réfugient au Liban, et se donnent un patriarche d'Antioche et de tout l'Orient (685) alors que le siège patriarcal d'Antioche était vacant depuis 609. L’invasion des armées de l’empereur Justinien II (684) renforce la cohésion des maronites ainsi que leur particularisme en tant que communauté séparée. Une nouvelle vacance du siège patriarcal amène les évêques liés au monastère de Saint-Maron à élire un patriarche d’Antioche (vers 740), en particulier après que le calife de Damas, Marwan II (744-748), ait reconnu les maronites comme communauté religieuse séparée, dont le chef était aussi compétent pour les affaires séculières. C’est l’époque où les maronites commencèrent à émigrer vers le Liban. En l'absence de documents prouvant le contraire, il faut affirmer qu’ils sont restés toujours, au moins formellement, en communion avec Rome. Et si l’Église maronite a embrassé le monothélisme, elle a rejeté cette erreur une première fois en 1182 devant le légat du patriarche d'Antioche Amaury. L'Église maronite comprend une éparchie patriarcale (Batroun et Sarba) et dix éparchies au Liban (Antélias, Baalbeck, Beyrouth, Deir-El-Ahmar, Jbeil, Jounieh, Saïda, Tripoli du Liban, Tyr, Zahleh), dix en dehors du Liban (Brooklyn, São Paulo, Montréal, Sydney, Buenos Aires, Le Caire, Damas, Lattaquieh, Alep et Chypre), un exarchat à Jérusalem, un vicariat patriarcal au Koweit, trois procures patriarcales (Rome, Paris, Marseille). Un visiteur apostolique pour les Maronites d'Europe du Nord a été créé le 2 juillet 1993. Ailleurs, ce sont les ordinaires latins qui ont la charge des Maronites.
4. L'Église syrienne, ou Église antiochienne syriaque catholique, d’antique tradition, naît au XVIe siècle, quand le patriarche Ignatius Nemetellah, élu en 1557, reconnaît l'autorité de l'évêque de Rome. La tentative d’union de l’Église jacobite à Rome au moment du concile de Florence-Latran en 1444 avait échoué. En 1680, l’Église syrienne est confiée à des vicaires apostoliques. Un siècle plus tard, Mikhaïl III Jaroué, évêque syriaque catholique d'Alep est élu patriarche des syriaques catholiques et orthodoxes (27 janvier 1782). Mais ces derniers se révoltèrent treize jours après et choisirent leur propre patriarche. Le patriarche syriaque catholique réside depuis au Liban, en un lieu qui deviendra le couvent Notre-Dame de la Délivrance à Charfet. L'Église syriaque compte huit éparchies : une au Liban (éparchie patriarcale à Beyrouth), quatre en Syrie (Damas, Homs, Alep et Hassaké-Nassibine), deux en Irak (Bagdad et Mossoul), une en Égypte (Le Caire) et deux exarchats patriarcaux (Jérusalem et Turquie).
5. L'Église syro-malankare catholique. Les chrétiens de saint Thomas qui s’étaient séparés de l’Église syro-malabare au XVIIe siècle pour former l’Église syrienne orthodoxe de l’Inde, cherchent à rétablir la communion avec Rome : quatre tentatives ont lieu au XVIIIe siècle, mais elles échouent. En 1926, un de ses évêques est désigné pour rouvrir les négociations. Les conditions posées étaient, pour les malankares, de conserver leur liturgie et leur hiérarchie en place, pour Rome que le baptême et les ordinations soient prouvés valides. Or l'évêque en question, Mar Ivanios de Bethany, un autre évêque, un prêtre, un diacre et un laïc sont reçus en 1930 dans la communion de l'Église catholique. Toute la branche féminine et une partie de la branche masculine de l’Ordre de l’Imitation du Christ suivirent Mar Ivanios, leur fondateur. Ce dernier est promu chef de l’Église syro-malankare, avec siège à Trivandrum (Kérala). L'Église malankare comprend un siège métropolitain (Trivandrum) et deux éparchies (Tiruvalla et Battery). Depuis 1958, l’ashram de Kurisumala fait revivre le monachisme oriental adapté au mode de vie des ascètes hindous.
(à suivre…)