Aujourd'hui, 22 juin, c'est la Saint-Thomas More, chancelier du royaume d'Angleterre.
Le chef de saint Thomas More est vénéré dans l'église Saint-Dunstan, à Canterbury. Saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, est venu se recueillir auprès de lui le 3 septembre 1958. Il était accompagné de Mgr Alvaro del Portillo, qui lui a succédé à la tête de l’Opus Dei, en septembre 1975, et de Mgr Echevarria, qui a succédé à son tour à Mgr del Portillo en avril 1994 et est l’actuel évêque-prélat de l’Opus Dei.
Josémaria avait choisi le lord-chancelier d'Henri VIII d'Angleterre comme intercesseur pour les relations de l'Opus Dei avec les autorités temporelles de toutes natures. Deux raisons, entre autres, l’ont poussé à choisir Thomas More : d'une part, il avait dès le premier instant la perception très nette que l’institution qu’il avait fondée ne venait pas « combler un besoin particulier d'un pays ou d'une époque déterminée, parce que dès ses débuts Jésus veut que son Œuvre ait une portée universelle, catholique » (J. Escriva, « Lettre, 19 mars 1934, n° 15 », citée dans A. de Fuenmayor-V.-Gómez-Iglesias-J.-L. Illanes, L'Itinéraire juridique de l'Opus Dei. Histoire et défense d'un charisme, Paris, 1992, p. 50) ; d’autre part, il était également conscient de ce que ladite institution visait essentiellement à promouvoir la sanctification des laïcs dans le monde, à l'occasion de leur travail professionnel et de leur vie familiale et sociale. Or, More répondait à ces deux caractéristiques : d'un côté, de souligner l'universalité de l'Opus Dei et, de l'autre, de s'être sanctifié précisément dans sa charge au service du royaume d'Angleterre et au sein de son foyer.
J’ai publié un article qui met en parallèle la vie de Josémaria Escriva et celle de Thomas More. On pourra s’y reporter : « Josémaria Escriva et Thomas More : l’héroïsme au quotidien », Moreana 38, 147-148, décembre 2001, p. 25-40 ; traduit en anglais, « Heroism in everyday life », Position Paper 354/355, june/july 2003, p. 201-209. En voici le résumé :
Ces deux hommes sont des modèles de fidélité à la foi vécue dans la vie courante, professionnelle et familiale. Thomas More l'a incarnée avec héroïsme dans lesdifférentes fonctions qu'il a assumées. Il est un modèle d'époux et de père, d'ami et d'homme intègre, qui sanctifie son travail quotidien. Josémaria Escriva, lui, fonde l'Opus Dei pour rappeler que Dieu attend de chacun la sainteté dans la vie ordinaire, à partir de son travail et des activités de chaque jour, elles-mêmes sanctifiables et, grâce à l'amitié, source de sainteté pour les membres de la famille, les collègues et connaissances.
Histoire - Page 25
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St Thomas More, intercesseur de l'Opus Dei
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Anniversaire du décès de Jean-Paul II
1er anniversaire du décès de Jean-Paul II
Le 2 avril 2005, le pape Jean-Paul II s’éteignait après de longues souffrances et une vie entièrement consacrée à Dieu et à la mission qu’il lui avait confiée de gouverner son troupeau. Dès le rappel à Dieu du Pontife, de nombreux fidèles ont été convaincus de la sainteté de Jean-Paul II et se sont mis spontanément à le prier. Le jour de son enterrement, place Saint-Pierre,des groupes de pèlerins ont demandé qu’il soit déclaré saint sans tarder, santo subito.
Le pape Benoît XVI a ordonné que le procès en béatification et canonisation de son prédécesseur sur le Siège de Pierre soit ouvert. Il l’a été le 28 juin, dans la basilique Saint-Jean de Latran.
Depuis lors, Jean-Paul II porte le titre de Serviteur de Dieu.
Voici la prière qui peut être récitée pour obtenir de Dieu des faveurs, aussi biens spirituelles que matérielles, par son intercession :
PRIÈRE POUR LA DÉVOTION PRIVÉE AU SERVITEUR DE JEAN-PAUL II
SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU
Ô Dieu, Père Très Miséricordieux qui, par l’intercession de notre Seigneur Jésus-Christ, ton Fils et de la bienheureuse Vierge Marie, sa Mère, as concédé à ton Serviteur Jean-Paul II, Servus Servorum Dei, la grâce d’être un Pasteur exemplaire au service de l’Église, de ses fidèles et de tous les hommes de bonne volonté, fais que je sache moi aussi répondre fidèlement aux exigences de la vocation chrétienne et convertir tous les instants et toutes les circonstances de ma vie en occasions de t’aimer et de servir le Royaume de notre Seigneur Jesus Christ. Daigne glorifier ton Serviteur Jean-Paul II, Servus Servorum Dei, et accorde-moi, par son intercession, la faveur que je te demande : (.......). À toi, Père Tout-Puissant, à l’origine de l’univers et de l’homme, par Jésus-Christ, celui qui vit, Seigneur du Temps et de l’histoire, dans le Saint–Esprit qui sanctifie l’univers, louanges, honneur et gloire maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.
Notre Père, Je vous salue Marie, Gloire au Père.
Conformément aux décrets du Pape Urbain VIII, nous déclarons que nous ne prétendons en aucune sorte anticiper le jugement de l’Église et que cette prière n’est pas destinée au culte public. -
25 mai : l'Ascension
L’Ascension, du latin ascensio, « action de monter », fêtée aujourd’hui, est la montée du Seigneur au ciel par son propre pouvoir, Jésus étant à la fois un homme et une Personne divine, la seconde Personne de la Sainte Trinité. C’est un fait historique qui s’est déroulé en présence de témoins, les onze apôtres (Judas s’est pendu après avoir trahi son Maître et l’avoir livré aux princes des Juifs qui l’ont mis à mort). « Le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » (Marc 16, 19). « Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Alors qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel » (Luc 24, 50-51). Quarante jours s’étaient écoulés depuis la Résurrection de Jésus au matin de Pâques : « C’est à eux [ses apôtres] qu’après sa Passion il montra de bien des manières qu’il était vivant, leur apparaissant au cours de quarante jours et les entretenant du royaume de Dieu » (Actes 1, 3).
C’est une vérité communément admise par la première communauté chrétienne qui en a évidemment accueilli le récit de la bouche même des apôtres. Le Seigneur doit revenir, lui « que le ciel doit abriter jusqu’au moment de la restauration universelle » (Actes 3, 21), quand il se manifestera dans sa gloire à la fin du monde, « Cherchez les choses d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite du Père » (Colossiens 3, 1). Dieu ressuscité Jésus, « le faisant asseoir à sa droite dans les cieux » (Éphésiens 1, 20). Bien d’autres textes encore pourraient être cités en ce sens.
D’autre part, le « symbole de la foi » ou « profession de foi » chrétienne affirme : « Je crois en Jésus-Christ qui […] est monté aux cieux, est assis à la droite due Dieu, le Père Tout-Puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts. »
L’Ascension est la glorification complète de la sainte humanité du Christ, au moyen de laquelle, comme instrument uni à la divinité, Dieu a opéré la Rédemption des hommes. Elle marque l’accomplissement et la perfection du mystère de l’Incarnation.
Par son Ascension, Jésus-Christ qui est « le premier-né d’entre les morts » (Colossiens 1, 18), permet notre propre entrée dans la gloire du ciel, lors de la résurrection des corps, qui reproduira à la fin des temps. « Je m’en vais vous préparer une place », déclarait Jésus le Jeudi saint (Jean 14, 3). L’homme est définitivement sauvé du péché. S’il accepte d’entrer dans l’amour de Dieu, il parviendra effectivement à la patrie céleste, au paradis, dont l’entrée avait été barrée par le péché d’Adam et Ève (le péché originel). L’Ascension souligne donc l’espérance des chrétiens : « Si quelqu’un vient à pécher, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le Juste » (1 Pierre 2, 1). Il « transformera notre corps misérable,le rendant semblable à son corps glorieux, par l’effet de la puissance qu’il a de soumettre tout » (Philippiens 3, 21). « Il est toujours vivant pour intercéder » en notre faveur (Hébreux 7, 25). Là aussi bien d’autres textes pourraient venir renforcer cette espérance chrétienne.
"Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l'action degrâces, car l'Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de ton corps, il nous a précédés dans la gloire auprèsde toi, et c'est là que nous vivons en espérance" (Préface de l'Ascension). -
Qui était saint Paul ?
Paul est le nom grec de Saul, homme de race et de religion juive, originaire de Tarse de Cilicie, ville située au sud-ouest de l’actuelle Turquie, ayant vécu au Ier siècle après Jésus-Christ. Paul a donc été contemporain de Jésus de Nazareth, même s’ils ne se sont probablement jamais rencontrés.
Saul de Tarse a été élevé dans le pharisaïsme, une des factions du judaïsme au Ier siècle. Comme il le raconte lui-même dans un de ses écrits, la lettre aux Galates (Ga 1, 13-14), son zèle pour le judaïsme le conduisit à persécuter le groupe naissant de chrétiens qu’il considérait contraires à la pureté de la religion juive, au point qu’un jour, sur le chemin de Damas, Jésus lui-même se révéla à lui et l’appela à le suivre, comme il l’avait fait auparavant avec les apôtres. Saul répondit à cet appel en se faisant baptiser et en consacrant sa vie à répandre l’Évangile de Jésus-Christ (Actes des apôtres 26, 4-18).
La conversion de Paul est un des moments clés de sa vie, car c’est précisément alors qu’il commence à comprendre ce qu’est l’Église en tant que corps du Christ : persécuter un chrétien, c’est persécuter Jésus lui-même. Dans ce même passage, Jésus se présente comme « ressuscité », situation qui attend tous les hommes après leur mort s’ils suivent les traces de Jésus, et comme « Seigneur », soulignant son caractère divin, étant donné que le mot utilisé pour nommer le « seigneur », kyrie, s’applique dans la Bible grecque à Dieu lui-même. Nous pouvons donc dire que Paul a reçu l’Évangile à prêcher de Jésus en personne, même si après, aidé par la grâce et sa propre réflexion, il a su tirer de cette première lumière bon nombre des principales implications de l’Évangile, aussi bien pour une meilleure compréhension du mystère divin que pour en montrer les conséquences pour la condition et l’action des hommes sans foi ou ayant foi dans le Christ.
Au moment de sa conversion, Paul est présenté avec les traits du prophète auquel une mission concrète est confiée. Comme le dit un autre livre du Nouveau Testament, les Actes des apôtres, le Seigneur dit à Ananie, celui qui devait baptiser Paul : « Va ! Car cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les païens, les rois et les enfants d’Israël. C’est moi qui lui montrerai tout ce qu’il devra endurer pour mon nom » (Actes 9, 15-16). Le Seigneur dit aussi à Paul : « Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi et tiens-toi droit. Voici pourquoi je te suis apparu : c’est pour te prendre comme serviteur et comme témoin des choses que tu as vues et de celles que je te ferai voir encore. Je t’ai tiré du sein de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie pur leur ouvrir les yeux, les faire passer des ténèbres à la lumière, et de l’empire de satan à Dieu. Ils obtiendront ainsi, en croyant en moi, le pardon de leurs péchés » (Actes 26, 15-18).
Saint Paul a mené à bien sa mission de prêcher le chemin du salut en réalisant des voyages apostoliques, en fondant et fortifiant des communautés chrétiennes dans les différentes provinces de l’empire romain par lesquelles il passait : Galatie, Asie, Macédoine, Achaïe, etc. Les écrits du Nouveau Testament présentent un Paul écrivain et prédicateur. Quand il arrivait quelque part, Paul se rendait à la synagogue, lieu de réunion des Juifs, pour prêcher l’Évangile. Puis il rencontrait les païens, c’est-à-dire les non-Juifs.
Après avoir quitté certains lieux, que ce soit parce qu’il avait laissé sa prédication inachevée ou pour répondre aux questions que les communautés lui envoyaient, Paul se mit à écrire des lettres, qui allaient être rapidement reçues dans les Églises avec une révérence particulière. Le Nouveau Testament nous en a transmis quatorze ayant la prédication de Paul pour origine : une lettre aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux. Même s’il n’est pas facile de les dater, nous pouvons dire que la plupart de ces lettres ont été écrites dans la décennie de 50 à 60.
Le cœur du message prêché par Paul est la figure du Christ dans la perspective de ce qu’il a réalisé pour le salut des hommes. La Rédemption accomplie par le Christ, dont l’action est mise en étroite relation avec celle du Père et celle de l’Esprit, marque un point d’inflexion dans la situation de l’homme et sa relation avec Dieu. Avant la Rédemption, l’homme marchait dans le péché, de plus en plus éloigné de Dieu ; maintenant il y a le Seigneur, le Kyrios, qui est ressuscité et qui a vaincu la mort et le péché, et qui constitue une seule chose avec ceux qui croient et reçoivent le baptême. En ce sens, on peut dire que la clef pour comprendre la théologie paulinienne est le concept de conversion (metanoia), en tant que passage de l’ignorance à la foi, de la Loi de Moïse à la Loi du Christ, du péché à la grâce.
Francisco Varo doyen de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
Original sur le site opusdei.es
Traduit par mes soins -
A-t-on pu voler lecorps de Jésus ?
Ceux que l’affirmation de la Résurrection de Jésus dérange et qui trouvent que le tombeau où il avait été déposé est vide, pensent immédiatement et disent que quelqu’un a volé son corps (voir Matthieu 28, 11-15).
La pierre trouvée à Nazareth avec un rescrit impérial rappelant qu’il est nécessaire de respecter l’inviolabilité des tombeaux témoigne qu’un grand trouble se produisit à Jérusalem du fait de la disparition du cadavre de quelqu’un qui provenait de Nazareth autour de l’année 30.
Cependant, le fait de trouver le tombeau vide n’empêcherait pas de penser que le corps a été volé. Malgré tout, cela produit une telle impression sur les saintes femmes et les disciples de Jésus qui se sont approchés du tombeau, que même avant d’avoir vu de nouveau Jésus vivant, ce fut le premier pas pour reconnaître qu’il était ressuscité.
L’Évangile de saint Jean contient un récit précis de ce qu’ils ont trouvé. Il raconte que Pierre et Jean ayant entendu ce que Marie leur racontait, Pierre sortit avec l’autre disciple et ils se rendirent tous deux au tombeau : « Ils courraient ensemble tous les deux, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre, et il arriva le premier au tombeau. Se penchant, il vit les bandelettes posées là, mais il n’entra pas. Puis arriva aussi Simon-Pierre, qui le suivait. Il entra dans le tombeau et vit les bandelettes posées là, ainsi que le suaire, qui avait été sur sa tête, posé non avec les bandelettes, mais tout enroulé à part, à sa place. Alors entra aussi l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau : il vit et il crut » (Jean 20, 4-8).
Les mots que l’évangéliste utilise pour décrire ce que Pierre et lui virent dans le tombeau vide expriment avec un vif réalisme l’impression que ce qu’ils ont vu leur a causé. D’entrée de jeu, la surprise d’y trouver les bandelettes. Si quelqu’un était entré pour faire disparaître le cadavre, aurait-il pris le temps d’enlever les bandelettes pour n’emporter que le corps ? Cela ne semble pas logique. Mais en outre le suaire était « tout enroulé », tel qu’il avait été le vendredi après-midi autour de la tête de Jésus. Les bandelettes restaient comme elles avaient été placées enveloppant le corps de Jésus, à cette différence près qu’elles n’enveloppaient plus rien et qu’elles se trouvaient « posées là », vides, comme si le corps de Jésus s’était volatilisé et en était sorti sans les défaire, passant à travers elles. Il y a des données encore plus surprenantes dans la description de ce qu’ils virent. Quand on ensevelissait un corps, on entourait d’abord la tête avec le suaire, puis tout le corps, la tête y compris, étaient enveloppés dans les bandelettes. Le récit de Jean spécifie que le suaire restait dans le tombeau « en un autre endroit », c’est-à-dire conservant la même disposition qu’il avait eue quand le corps de Jésus s’y trouvait.
La description de l’Évangile indique avec une extraordinaire précision ce que les deux apôtres ont vu avec stupéfaction. L’absence du corps de Jésus était humainement inexplicable. Il était physiquement impossible que quelqu’un l’ait volé et que, pour le tirer du linceul, il ait dû défaire les bandelettes et le suaire, et que ceux-ci soient restés isolés. Mais ils avaient présents à l’esprit les bandelettes et le suaire tels qu’ils étaient quand ils avaient laissé le corps du Maître dans le tombeau, le vendredi après-midi. L’unique différence était que le corps de Jésus ne s’y trouvait plus. Toute le reste demeurait à sa place.
Ce qu’ils ont trouvé dans le tombeau vide était à tel point significatif que cela leur fit pressentir d’une certaine façon la résurrection du Seigneur, car « ils virent et ils crurent ».
Francisco Varo doyen de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
Original sur le site opusdei.es
Traduit par mes soins -
Saint Walfroy
Saint Walfroy (VIème s.)
Je suis à Saint-Walfroy, ce qui me donne l’occasion de parler de ce saint.
Saint Walfroy, ou Wulfilaic, ou Wolf, ou Vulfe, est le seul « stylite » d’0ccident. Originaire de Lombardie, il avait entendu parler des vertus et de la sainteté de saint Martin qu’il prit comme modèle. Il se rendit à Limoges où Arédius, l'abbé du monastère de Saint Yrieix, le conduisit lui-même à Tours, à la basilique de saint Martin. Vers 585, il s’établit dans le diocèse de Trêves qui s'étendait jusque dans les environs de Reims et dont une grande partie de la population était encore païenne.
Il éleva une colonne non loin du temple de Diane, la « Dea Arduina » (qui a donné son nom aux Ardennes). Il vécut sur cette colonne durant des années « avec de grandes souffrances, sans aucune espèce de chaussure; et lorsqu'arrivait, le temps de l'hiver, j'étais tellement brûlé des rigueurs de la gelée que très-souvent elles ont fait tomber les ongles de mes pieds, et l'eau glacée pendait à ma barbe en forme de chandelles; car cette contrée passe pour avoir souvent des hivers très-froids ». Il obtint que les habitants du lieu démolissent la colonne élevée en l’honneur de Diane, non sans une intervention divine.
Un jour l'évêque du lieu déclara a Walfroy, comme l’historien saint Grégoire de Tours, rencontré à Trêves le rapporte dans son Histoire des Francs (vol. 1, livre 8) : « La voie que tu suis n'est pas la bonne. Tu n'as pas à te comparer à Siméon d'Antioche (qu'on appelle actuellement saint Syméon le Stylite). La rigueur du climat ne te le permet pas. » Il y envoya des ouvriers avec des haches, des ciseaux et des marteaux, et fit renverser la colonne.
Walfroy obéit et rejoignit le monastère le plus proche : « L'obéissance est plus chère à Dieu que le sacrifice. […] Depuis lors j'habite ici et je suis content d'habiter avec les frères. »
Parmi les nombreux miracles que mentionne saint Walfroy, citons celui-ci : « Le fils d'un Franc, homme très noble parmi les siens, était sourd et muet. Les parents de l'enfant l'ayant amené à cette basilique, j'ordonnai qu'on lui mît un lit dans ce temple saint pour le coucher avec mon diacre et un autre des ministres de l'église. Le jour il vaquait à l'oraison, et la nuit, comme je l'ai dit, il dormait dans la basilique. Dieu eut pitié de lui et le Bienheureux Martin m'apparut dans une vision et me dit : « Fais sortir l'agneau de la basilique, car il est guéri. » Le matin arrivé, comme je croyais que c'était un songe, l'enfant vint vers moi, se mit à parler, et commença à rendre grâces à Dieu ; puis, se tournant vers moi, il me dit : « J'offre mes actions de grâces au Dieu tout-puissant qui m'a rendu la parole et l'ouïe ». Dès ce moment il recouvra la parole et retourna dans sa maison. »
Mort peu avant l’an 600, saint Walfroy fut inhumé dans l’église qu’il avait construite, mais ses reliques furent transportées par la suite à Carignan.
La propriété, rachetée par l’archevêque de Reims en 1855, devient un ermitage confié à des Lazaristes en 1868. L’église actuelle date d’après la deuxième guerre mondiale. Après diverses activités, l’ermitage saint Walfroy est tenu depuis 2002 par une association qui cherche à y réaliser la vocation que saint Walfroy lui inspire « pour une Europe chrétienne ».
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Quelle langue Jésus parlait-il ?
Au Ier siècle dans le pays où Jésus vivait, on sait que quatre langues étaient utilisées : l’araméen, l’hébreu, le grec et le latin.
photo O. de G.
Des quatre, la langue officielle et, en même temps, la moins employée, était le latin. Elle était utilisée presque exclusivement par les fonctionnaires romains entre eux et quelques personnes cultivées la connaissaient. Il ne paraît pas probable que Jésus ait étudié le latin ni qu’il l’ait employé dans sa conversation ordinaire ou dans sa prédication.
En ce qui concerne le grec, il ne serait pas surprenant que Jésus s’en soit servi parfois, car nombre de paysans et d’artisans de Galilée connaissaient cette langue, ou du moins les rudiments nécessaires à une activité commerciale simple ou pour communiquer avec les habitants des villes, qui étaient an majorité de culture hellénique. Le grec était également utilisé en Judée : on calcule que de huit à quinze pour cent des habitants de Jérusalem parlaient le grec. Malgré tout, nous ne savons si Jésus a utilisé un jour le grec, et il n’est pas possible de le déduire avec certitude des textes, même si nous ne pouvons pas écarter cette éventualité. Il est probable, par exemple, que Jésus a parlé à Pilate dans cette langue.
En revanche, les allusions répétées des évangiles à la prédication de Jésus dans les synagogues et des conversations avec les pharisiens sur des textes de l’Écriture rendent plus que vraisemblable qu’il connaissait et utilisait l’hébreu dans certaines circonstances.
Néanmoins, même si Jésus connaissait et utilisait parfois l’hébreu, il semble que, pour la conversation ordinaire et la prédication, il parlait d’ordinaire en araméen, qui était la langue normale d’usage courant entre les Juifs de Galilée. De fait, le texte grec des Évangiles laisse parfois des mots ou des phrases en araméen sur les lèvres de Jésus : talitha qum (Marc 5, 41), effetha (Marc 7, 34), géhenne (Marc 9, 43), abba (Marc 14, 34), Eloï, Eloï, lema sabacthani ? (Marc 15, 34), ou de ses interlocuteurs : rabbuni (Marc 10, 51).
Les études sur l’arrière-fond linguistique des Évangiles font ressortir que les mots qui y sont recueillis ont été prononcés originairement dans une langue sémitique : l’hébreu ou, plus probablement, l’araméen. Cela se remarque aux tournures du grec utilisé dans les Évangiles,qui manifestent une matrice syntactique araméenne. Mais cela peut se déduire aussi du fait que des mots mis par les Évangiles sans la bouche de Jésus acquièrent une force particulière quand ils sont traduits en araméen, et que certains mots sont utilisés avec une charge sémitique distincte de celle qu’ils ont habituellement en grec, qui dérive d’un usage sémitisant. Il arrive même qu’en traduisant les Évangiles dans une langue sémitique on découvre des jeux de mots qui restent cachés dans l’original grec.
Francisco Varo, doyen de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
Disponible sur le site www.opusdei.es
Traduit par mes soins -
Sainte Catherine de Sienne
L’Église célèbre aujourd’hui sainte Catherine de Sienne, une des nombreuses figures féminines qu’elle donne en exemple aux fidèles.
Catherine est née à Sienne, en Italie, le 25 mars 1347. Elle était le vingt troisième enfant du teinturier Jacopo Benincasa et de Lapa Piagenti. À l’âge de six ans elle reçoit sa première vision. Elle mène alors une vie profondément religieuse. Au lieu de mariage ou une vie monastique, elle a opté de rester avec ses parents, dans une sorte de cellule. À l’âge de seize ans, elle devient tertiaire dominicaine, une « mantellata » somme toute, nom donné à Sienne aux tertiaires en raison de leur manteau noir.
Sainte Catherine mène de concert une vie de contemplation et le soin de son prochain, s’occupant des malades de l’hôpital Della Scala et de la léproserie Saint-Lazare. Autour d’elle s’est constitué rapidement tout un cercle de personnes attirées par son ascendant spirituel et sa bonne humeur, groupe qu’elle appelle sa belle compagnie. Elle obtient des conversions retentissantes.
Ses visions font connaître rapidement Catherine dans toute l’Italie. En 1374 elle a pris pour confesseur Raymond de Capoue (environ 1330-1398), qui devient maître-général de l’Ordre dominicain en 1380. Stimulée par son confesseur, elle s’occupe de plus en plus avec le politique des villes et avec la situation de l’Église, œuvrant pour la réconciliation des familles et des villes ennemies. Le 1er avril 1375, Catherine reçoit les stigmates de la Passion du Christ.
Lors d'une apparition, le Christ lui demande d’intervenir auprès du pape d’Avignon pour le convaincre de revenir à Rome. Reçue par lui en 1376, elle l'entretient de la situation de l'Église, lui reprochant son indécision, et le presse de revenir à Rome. Elle revient à la charge par écrit après son départ d’Avignon. L'entourage pontifical, attaché au luxe et à la douceur avignonnaise fait pression contre elle. Mais elle parvient à décider Grégoire XI qui, le 13 septembre 1376, regagne Rome, où il meurt le 27 mars 1378. Pour Catherine, le pape est « le doux Christ sur la terre », en tant que vicaire du Christ à la tête de l’Église. Catherine est aussi habitée par la mystique de la croisade, qu’elle prêche au pape.
Urbain VI succède à Grégoire XI mais, le 20 septembre 1378, c’est le schisme, un pape ayant été également élu à Avignon. Le 29 avril 1380, sainte Catherine meurt à Rome dans sa petite maison de la via del Papa, non loin de l’église de Santa Maria sopra Minerva, où elle est enterrée.
Catherine, qui ne savait pas écrire, a dicté son chef-d’œuvre, le Dialogue, ou « Livre de la divine doctrine », commencé en 1378. Nous conservons plus de 380 lettres adressés à des princes, aux citoyens et aux clercs, aux prêtres et moniales, mais aussi aux cardinaux et aux papes. Il y a aussi une collection de 26 prières.
Sainte Catherine est canonisée par Pie II en 1461. En 1866 elle est déclarée co-patronne de Rome. Depuis 1939, elle est patronne de l’Italie, avec saint François d’Assise. En 1970, elle a reçu du pape Paul VI le titre du Docteur de l’Église, étant la seconde femme (après Thérèse d'Avila) à le devenir et la seule laïque. Jean Paul II a proclamé en 1999 Catherine co-patronne de l'Europe, en même temps que sainte Brigitte de Suède et la bienheureuse Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein). -
31 mai : la Visitation
C’est le nom donné à la visite que Marie, la Mère de Jésus, rend à sa cousine Élisabeth dès que l’archange Gabriel lui a révélé qu’elle « a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et elle, qu’on appelait stérile, en est à son sixième mois » (Luc 1, 36). Marie se rend « en hâte au pays des montagnes, dans une ville de Juda » (Luc 1, 39), probablement Aïn Karim. « En hâte » ne veut pas dire précipitamment ni à la légère. Marie s’est jointe sans doute à la première caravane qui allait de Nazareth vers Jérusalem. Il est possible que Joseph, son époux, l’ait accompagnée. L’on comprendrait difficilement qu’il ait laissé sa si jeune femme entreprendre toute seule un déplacement qui, à l’époque, durait plusieurs jours.
Arrivée chez Zacharie et Élisabeth, Marie est saluée par sa cousine qui, parlant sous l’inspiration du Saint-Esprit, lui dit : « Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » (Luc 1, 42), phrase qui est répétée dans le « Je vous salue Marie ». Elle ajoute : « Et d’où me vient qu’il m’est donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Luc 1, 43).
Marie, qui est « la pleine de grâces » (Luc 1, 28), comme Gabriel l’avait saluée, Marie que l’Esprit Saint à fécondée, qui porte en elle le Fils de Dieu, est toute pénétrée de ces grandes réalités surnaturelles. Reprenant des textes de la Sainte Écriture qu’elle ne cesse de méditer, elle entonne en réponse un chant d’action de grâces, le Magnificat : « Mon âme glorifie le seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Voici, en effet, que désormais toutes les nations m’appelleront bienheureuse » (Luc 1, 47-48).
Commentant le Magnificat, saint Bède dit, entre autres, « car le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom (Luc 1, 49). Pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans toute sa puissance et sa grandeur, ne manque pas de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu’ils soient eux-mêmes. Et c’est à propos qu’elle ajoute : Saint est son nom (Luc 1, 49), pour exhorter ses auditeurs et tous ceux à qui parviendraient ses paroles, pour les presser de recourir à l’invocation confiante de son nom. Car c’est de cette manière qu’ils peuvent avoir part à l’éternelle sainteté et au salut véritable, selon le texte prophétique : Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (Joël 2, 32). C’est le nom dont elle vient de dire : Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » (saint Bède, Homélies 1, 4). -
Marie-Madeleine et saint Pierre
L'Évangile de saint Jean rapporte que le lendemain du sabbat Marie-Madeleine se rend au tombeau de Jésus et, voyant que la pierre qui le fermait a été roulée, va en courant le dire à Simon-Pierre et au disciple aimé. Recevant cette nouvelle, tous deux courent au tombeau, auquel Marie revient plus tard et où elle rencontre Jésus ressuscité (Jean 20, 1-18). C’est tout ce que les Évangiles nous disent des rapports entre Pierre et Marie-Madeleine. Du point de vue historique, on ne peut rien ajouter. L’Évangile de Pierre, un évangile apocryphe du IIème siècle, qui raconte les dernières scènes de la Passion, de la résurrection et les apparitions de Jésus ressuscité, parlent d’elle comme d’une disciple du Seigneur.
Dans la littérature marginale qui prend naissance dans les cercles gnostiques, on trouve des écrits dans lesquels se produit une confrontation entre Pierre et Marie. Il faut rappeler, comme prémisse, qu’il s’agit de textes dépourvus de caractère historique et qui ont recours à des dialogues fictifs entre différents personnages comme moyen de transmission de doctrines gnostiques. L’Évangile de Marie est un des textes qui font état d’une incompréhension de la part de Pierre de la révélation secrète que Marie a reçue (voir « Ce que l’Évangile dit de Marie-Madeleine »). Un autre écrit, qui semble plus ancien, est l’Évangile de Thomas. Il se termine par ces mots de Pierre : « Que Mariham s’éloigne de nous, car les femmes ne sont pas dignes de vivre. Ce à quoi Jésus répondit : Écoute, je me chargerai d’en faire un homme, afin qu’elle devienne elle aussi un esprit vivant, identique à vous les hommes : car toute femme qui devient homme entrera dans le royaume des cieux. » Dans la Pistis Sophia aussi Pierre s’impatiente et proteste parce que Marie comprend mieux que les autres les mystères dans le sens gnostique et est félicitée par Jésus : « Seigneur, ne permets pas que cette femme parle toujours, car elle prend notre place et elle ne nous laisse jamais parler » (54b) (Ici toutefois la présence de Marie peut suggérer que cette Marie n’est pas Marie-Madeleine mais la sœur de Marthe et de Lazare, même s’il est possible que les deux s’identifient). On remarque dans ces textes des traits hérités de la mentalité rabbinique d’après laquelle les femmes étaient incapables d’apprécier la doctrine religieuse (voir Jean 4, 27), et des éléments propres à l’anthropologie gnostique, où le féminin occupait une place importante en tant que véhicule de transmission de révélations ésotériques.
Les relations entre Pierre et Marie-Madeleine ont dû être similaires à celles qui existaient entre Pierre et Jean, entre Pierre et Salomé, etc. C’est-à-dire les relations propres à celui qui retrouvait à la tête de l’Église avec ceux qui avaient été les disciples du Seigneur et qui, après sa résurrection, rendaient témoignage du ressuscité et proclamaient l’Évangile. Toute autre relation relève de la fantaisie.
Juan Chapa, professeur de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
Disponible sur le site www.opusdei.es
Traduit par mes soins