Les énergies nouvelles que le chrétien a reçues, il doit les utiliser. Ce qu'il est devenu lui impose des devoirs. Sa nouvelle condition d'enfant de Dieu n'a rien de statique : elle réclame des options pe
rsonnelles, des efforts constants, la lutte contre le mal. Demeurer dans l'amour et dans la doctrine que le Christ a apportée aux hommes ou encore demeurer dans l'Église, ce n'est que la manifestation extérieure de l'union intime de l'âme avec Dieu. C'est dans la communauté ecclésiale que s'incarne et devient visible la koinônia (communion) divine des chrétiens. Enfin celui qui demeure en Dieu « demeure éternellement » (1 Jean 2, 17), ce qui correspond à la possession permanente de la vie éternelle : de par sa nature même la communion du chrétien à la vie divine est destinée à durer toujours.
A. Feuillet, Le Mystère de l'amour divin dans la théologie johannique, Paris, 1972, p. 97
Qu'adviendrait-il de l'homme s'il n'y avait pour lui, au ciel, un Père qui le suit et l'aime 
femme, mais : né d'une femme » (Commentaire à la Lettre aux Galates). Cette profonde observation du grand exégète et écrivain ecclésiastique est importante : en effet, si le Fils de Dieu était né seulement par l'intermédiaire d'une femme, il n'aurait pas réellement assumé notre humanité, ce qu'il a fait, en revanche, en prenant chair « de » Marie. La maternité de Marie est donc vraiment et pleinement humaine. Dans l'expression « Dieu envoya son Fils, né d'une femme » se trouve résumée la vérité fondamentale sur Jésus comme Personne divine qui a pleinement assumé notre nature humaine. Il est le Fils de Dieu, il est engendré par Lui, et dans le même temps il est le fils d'une femme, Marie. Il vient d'elle. Il est de Dieu et de Marie. C'est pourquoi la Mère de Jésus peut être appelée et doit être appelée Mère de Dieu.
ils unique, pour faire de nous ses fils. C'est naître ainsi, non pas d'un vouloir d'homme, non pas du sang ni de la chair, mais naître de Dieu comme le Fils naît de Dieu et naît dans la chair pour manifester le mystère de Dieu Devenir chrétien, ce n'est pas adopter la religion du Christ, c'est devenir le Christ.
Chacun de nous a une tâche essentielle dans la vie. Jésus a choisi chacun de nous, individuellement, et il l'a appelé par son nom ! Il n'est personne parmi nous qui n'ait une vocation divine. C'est ce que saint Paul a écrit dans son Épitre aux Éphésiens (4, 7 ; 11-12) (...). D'abord et avant tout, Dieu nous a appelés à l'existence. Il nous a appelés à l'être ! Il nous a appelés, par son Fils Jésus-Christ, à le connaître comme notre Père bien-aimé. Il nous a appelés à être ses enfants. Il nous a appelés à réaliser son plan éternel dans notre vie individuelle, avec Jésus pour guide. Il nous a appelés à être avec Jésus les cohéritiers de son Royaume céleste ! Ce que Dieu notre Père nous offre par son Fils, c'est une nouvelle vie où nous sommes réellement ses enfants avec Jésus pour frère. Un pressant appel à vivre, à aimer, à travailler pour la venue de son Royaume. Et si nous hésitons, si nous sommes désorientés, Jésus s'offre lui-même comme guide quand il dit : « Viens, suis-moi ! » (Luc 9, 59).
On devient enfant de Dieu non par nécessité, mais par le libre usage de on pouvoir : de telle sorte que le don divin offert à tous ne soit pas transmis par la naissance, mais soit accepté par la volonté. Et pour que les terreurs d'une foi encore faible n'empéchâssent personne de devenir enfant de Dieu - la difficulté rend timide l'espérance quand on désire plus qu'on ne croit - le Verbe de Dieu s'est fait chair, afin que par le Verbe incarné la chair même s'élevât jusqu'à Dieu. Et pour nous faire voire que le Verbe incarné n'est autre que le Verbe de Dieu, et qu'il est la chair de notre chair, il a habité parmi nous. En y habitant, il reste Dieu. (...) Il prend notre chair, et il ne perd pas sa dignité propre : Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité, parfait dans sa nature et véritablement doué de la nôtre.
Voici qu'on ne nous promet plus une terre qui regorge de miel, ni une longue vie, ni une multitude de fils, ni du blé, ni du vin, ni des troupeaux de gros ou de petit bétail, mais bien le ciel et les biens célestes : la filiation divine, la fraternité avec le Fils unique, la participation à son héritage, la glorification et le règne en même temps que Lui.
Dans la prison de Tarnow, les prisonniers entassés dans les cellules attendent d'être transférés au camp d'extermination d'Oswiccim (Auschwitz). Un condamné à mort fut amené dans l'une de ces cellules. Il était d'extrême-gauche et il ne croyait pas en Dieu. Il se promenait dans sa cellule, de long en large. Ses camarades lui avaient donné, pour qu'il le lise, un Évangile que l'on avait réussi à leur faire parvenir de l'extérieur. Il commença à le lire. Peu après, lorsque la Gestapo arriva afin de l'amener à l'échafaud, il dit à ses camarades : « Je vous remercie de m'avoir aidé à connaître Dieu le Père. Je n'ai plus le temps de pleurer les péchés par lesquels je l'ai offensé. Faites-le vous-mêmes pour moi. »