« Le secret de vivre gai et content, écrit Pascal, c
'est de n'être en guerre ni avec Dieu ni avec la nature. » (...) Les deux paix que prêche Pascal sont du reste inséparables. Celui qui n'est pas en paix avec la nature ne peut pas être pleinement en paix avec Dieu, car Dieu est l'auteur de la nature et la nature en nous porte la grâce. Et, réciproquement, celui qui est en guerre avec Dieu ne peut pas être en paix avec la nature, car la nature n'est pas une réalité isolée et autonome, mais une urne tendue vers les eaux divines, une imploration de la grâce. La grâce a besoin de la nature, et la nature a besoin de la grâce. Les opposer, c'est pour ainsi dire introduire un déchirement en Dieu même : l'image de Dieu qu'est la nature et la réalité de Dieu qu'est la grâce sont faites pour s'unir au sein du même amour. (...) Le vrai conflit n'est pas entre la vie et l'esprit ; il est entre le oui et le non, la communion et l'isolement ; Dieu et l'idole. Et le dénouement du conflit ne consiste pas à choisir entre l'esprit et la vie qui ne sont que des parties de l'homme, mais à opter pour l'amour qui est le tout de l'homme. Dans cet amour, la vie et l'esprit, la grâce et la nature se rejoignent pour l'éternité.
Gustave Thibon, Ce que Dieu a uni. Essai sur l'amour, Paris, 1962, p. 49.
Chacun de nous, dans son unité irremplaçable, s'offre pour la croissance de la communion ecclésiale, par son être et par son agir, tout comme, par ailleurs, il reçoit et assimile, d'une façon qui lui est propre, la richesse de l'Église tout entière. C'est cela la Communion des saints que nous affirmons dans le Credo : Le bien de tous devient le bien de chacun et le bien de chacun devient le bien de tous. « Dans la sainte Église - écrit saint Grégoire le Grand - chacun est le soutien des autres et les autres sont le soutien de chacun » ( 2, 1, 5) ».
Ayez donc le courage du repentir et ayez aussi le courage d'obtenir la grâce de Dieu par la confession sacramentelle (applaudissements prolongés). Elle vous rendra libres ! Elle vous donnera la force dont vous avez besoin pour les entreprises qui vous attendent dans la société et dans l'Église, au service des hommes. En effet, le service authentique du chrétien prend son fondement sur la présence opérative de la grâce de Dieu en lui et à travers lui. Par conséquent, la paix du cœur du chrétien est inséparablement unie à la joie, et d'après le grec (chara) est étymologiquement proche de la grâce (charis).
Chacun de nous, dans son unité irremplaçable, s'offre pour la croissance de la communion ecclésiale, par son être et par son agir, tout comme, par ailleurs, il reçoit et assimile, d'une façon qui lui est propre, la richesse de l'Église tout entière. C'est cela la Communion des saints que nous affirmons dans le Credo : Le bien de tous devient le bien de chacun et le bien de chacun devient le bien de tous. « Dans la sainte Église - écrit saint Grégoire le Grand - chacun est le soutien des autres et les autres sont le soutien de chacun » (Homélie sur Ézéchiel 2, 1, 5) ».
H. Bremond a rappelé comment celle qui devait un jour fonder les Bernardines réformées en Dauphiné, étant à Ponçonas pendant son enfance, « il lui tomba entre les mains une pauvre vachère, laquelle d'abord lui partout si rustique qu'elle crut qu'elle n'avait aucune connaissance de Dieu. Elle la tira à l'écart où elle commença de tout cœur à travailler à son instruction. Cette merveilleuse fille la pria avec abondance de larmes de lui apprendre ce qu'elle devait faire pour achever son Pater, car, disait-elle, en son langage des montagnes, je n'en saurai venir à bout. Depuis près de cinq ans, lorsque je prononce cde mot : Pater et que je considère que Celui qui est là-haut, disait-elle en levant ledoigt, que Celui-là est mon Père, je pleure et je demeure tout le jour en cet état en gardant mes vaches. »
La grâce nous donne le pouvoir radical de connaître par la foi et la contemplation, et d'aimer, par la vertu de la charité, la Trinité présente en nous, dans son mystère ineffable et en chacune de ses Personnes.
conversion de mon cœur... (...) Tout ce qui n'est pas Dieu ne peut pas remplir mon attente. C'est Dieu même que je demande et que je cherche ; et c'est à vous seul, ô mon Dieu, que je m'adresse pour vous obtenir. Ouvrez mon cœur, Seigneur... (...) Vous seul avez pu créer mon âme : vous seul pouvez la créer de nouveau. Vous seul avez pu y former votre image : vous seul pouvez la reformer et y réimprimer votre portrait effacé, c'est-à-dire Jésus-Christ mon Sauveur, qui est votre image et le caractère de votre substance.
Voici qu'on ne nous promet plus une terre qui regorge de miel, ni une longue vie, ni une multitude de fils, ni du blé, ni du vin, ni des troupeaux de gros ou de petit bétail, mais bien le ciel et les biens célestes : la filiation divine, la fraternité avec le Fils unique, la participation à son héritage, la glorification et le règne en même temps que Lui.
L'homme a intimement besoin de s'ouvrir à la miséricorde divine pour se savoir radicalement compris dans la faiblesse de sa nature blessée ; il a besoin d'être fermement convaincu (...) que Dieu est un Père plein de bonté qui cherche par tous les moyens à réconforter ses propres enfants, à les aider, à les rendre heureux ; il les cherche et il les suit de son inlassable amour comme si lui-même ne pouvait être heureux sans eux. Pour l'homme le plus pervers, le plus misérable et enfin le plus perdu, Jésus est pour lui un père et une tendre mère et l'aime d'une tendresse infinie.
Le chrétien est véritablement racheté quand il permet que l'Esprit infuse en lui l'esprit filial - esprit de liberté et de confiance inconditionnée - ; et cela veut dire : quand il se sent comme un enfant qui a absolument besoin de son père pour lui adresser sa prière filiale et qui de lui-même ne sait rien dire d'autre que « papa ». Alors ce sera l'Esprit lui-même, comme une maman empressée, qui l'aidera à crier avec une immense tendresse : « Abba, Père ! » En effet, si en Romains 8, 15 il est dit que ce sont les fils qui « crient : Abba ! », en Galates 4, 6 on lit : « Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! »