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  • Suite du voyage à Pompei et au Vésuve

    Suite du récit du voyage à Pompéi et au Vésuve en 1866

    9 juin. Je suis installé tant bien que mal à Pompéi depuis deux jours. Parti le 5 au matin de Rome, je suis arrivé le soir à Naples, et ai passé la matinée à porter des lettres dont on m’avait chargé à Rome, la poste décachetant parfois les lettres. À Pompéi, j’ai choisi pour étude la dernière maison découverte, intéressante par ses vastes dispositions, un très grand atrium, des cuisines, des chambres, un escalier et deux portes d’entrée, une grande et une petite, et sur la rue, il y avait une terrasse avec balustrade, maintenant détruite, à laquelle on arrivait par un escalier de six marches existant encore.


    Cette maison n‚a pas encore été relevée ; elle n’est même pas sur le plan, et, en ce moment, on finit de découvrir le jardin.

    Le temple de Junon est en réalité un temple de Vénus, médiocrement intéressant, car il ne reste que les quatre murs sans aucune décoration.

    Je suis toujours enthousiasmé de cet admirable panorama du Golfe à Pompéi, mais je n’y suis pas bien confortablement. Je suis ici avec deux peintres, et nous vivons ensemble comme si nous nous connaissions depuis notre naissance. Tous les jours, lorsque les fouilles ferment, à 6 heures, je vais prendre un bain de mer, ce qui me remet de la grande chaleur que j’ai à supporter dans la journée.


    17 juin. Mon séjour ici s’est prolongé pour plusieurs raisons : d’abord, pendant trois jours, nous avons eu des orages effrayants, accompagnés ou suivis de pluies torrentielles qui m‚obligeaient à cesser tout travail ; puis on n’avait pas encore entièrement déblayé le jardin, et je voulais voir si on y trouverait des choses utiles à mon travail. Ce jardin est maintenant complètement fouillé : on n’y a trouvé que des jattes [sic] à lait en terre de très grandes dimensions ; le lait, par suite de la chaleur, s’est solidifié, et a diminué de volume, devenu un corps gras, granuleux et s‚écrasant sous le doigt ; j’en rapporte un petit morceau qu’on m’a permis de prendre.

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    Mes études sont très longues et fatigantes à faire, parce que nous ne sommes pas installés, et travaillons sur nos genoux, ce qui n’est pas commode pour l’architecture.

    Cette semaine, j’ai fait deux excursions : d’abord, je suis remonté au Vésuve, montant par Bosco, versant opposé à celui de Portici, par où j’étais monté la première fois. Puis, le Vésuve, si tranquille la première fois, est maintenant fort méchant et tonne comme plusieurs batteries d’artillerie, et lance des pierres comme de la mitraille. Et le spectacle en valait la peine.

    Au lieu du panorama de la terre, j’avais un panorama de nuages dorés par le soleil et ressemblant à une immense mer de glaces bordée par les montagnes qui entourent le Golfe de Naples et moi seul au milieu de cette immensité. C’est un spectacle saisissant, et il l’était d’autant plus pour moi que je le voyais pour la première fois. Quant au volcan, un spectacle grandiose m’attendait ! La lave intérieure avait monté d’au moins dix mètres en se crevassant en tous sens, et laissant apercevoir le feu intérieur. À la place de la cheminée fumant à peine, où j’étais monté la première fois, il y avait un immense cône de pierres encore incandescentes, ouvert en son milieu pour laisser échapper avec un bruit effroyable des torrents de fumée sulfureuse et une pluie de pierres incandescentes lancées à plus de vingt-cinq mètres de hauteur. Spectacle grandiose et émouvant : j’aurai vu un volcan, et, dans le pays, on s’attend à une éruption dans peu de temps. Il paraît qu’à Torre del Greco tous les puits sont à sec, ce qui est un signe précurseur. On a déjà ressenti quelques oscillations.

    Ma seconde excursion a été pour San Pietro, village à deux heures de Pompéi, où il y avait une grande foire en l’honneur de San Antonio del Foco. Pour tout le pays, ce jour qui est le 13 juin est une grande fête. On a pour ce saint une grande vénération, à cause de sa puissance sur le Vésuve « il paraît qu’il a arrêté une éruption ». À cette foire, nous avons vu les plus beaux types que j’aie encore rencontrés en Italie. Les femmes y sont fort belles, et toutes dans leurs costumes, corsages décorés de dentelles ou de passementeries, jupons rouges, rubans et épingles dans les cheveux, boucles d’oreilles de forme étonnante et cependant gracieuse, collier avec mouchoir sur la gorge. Les hommes en culotte courte et en veste avec gilet rouge et chapeau de feutre noir. La population de la campagne et de la montagne dans ses habitudes et dans son costume.



    Rome, 19 juin. J’ai encore beaucoup de monuments à voir, monuments non indiqués sur les guides, inconnus des Romains eux-mêmes, et qu’il faut aller chercher dans les rues les plus affreuses de la Ville. Je vais m’occuper de les trouver tous, maisons, palais, églises, afin que Rome n‚ait plus de secrets pour moi, et que je sois bien pénétré de cette belle Renaissance de l’art en Italie, plus belle que la nôtre sous le rapport du grandiose, de la belle proportion, de la pureté des grandes lignes, mais inférieure pour les détails de l’ornementation.

    La chaleur commence à se faire sentir d’une façon tout à fait insolite pour moi. De midi à 3 ou 4 heures, il ne faut pas songer à mettre le pied dehors, sous peine de fièvres. Voici comment je règle mon temps : lever de bonne heure pour pouvoir être au travail sur les 7 heures ; rentrer, déjeuner, faire la sieste, ressortir à 3 ou 4 heures
    suivant le temps, et rentrer à 7 heures. C‚est la meilleure marche à suivre dans ce pays, et les Romains n’agissent pas autrement.

    L’excursion projetée du côté de Viterbe, Caprarole, etc. n’est pas possible en ce moment à cause des brigands.

    La guerre est tout à fait décidée, et elle va éclater d’un moment à l’autre. Le nord de l’Italie est maintenant inabordable pour les étrangers à cause de la révolution qui remue tout le pays ; on arrête indistinctement tout le monde, Italiens et étrangers à Naples. La Vénétie est tout à fait impossible à visiter.

  • 19 mars : fête de saint Joseph

    La Saint-Joseph (célébrée cette année le lundi 20, le dimanche de carême ayant la priorité du point de vue liturgique)

    Le 19 mars est le jour où l’on fête saint Joseph, l’époux de la Vierge Marie et le père nourricier de Jésus-Christ. Nous savons très peu de choses de lui, car ce n’est pas lui le personnage central des Évangiles, mais Jésus, le Fils de Dieu devenu homme pour sauver ses semblables des conséquences du péché. Joseph est un « homme juste », comme le qualifie l’évangéliste saint Matthieu (1, 19). Il a épousé Marie et « il se trouva avant qu’ils eussent habité ensemble qu’elle avait conçu par la vertu de l’Esprit Saint » (Matthieu 1, 18).
    Joseph connaît Marie et sait qu’il ne peut pas mettre son honnêteté en doute. Il pressent que cette maternité est surnaturelle et, dans son humilité, il se résout à prendre du champ, pour ne pas diffamer sa femme. « Comme il réfléchissait, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car la conception, chez elle, est le fait de l’Esprit Saint » (Matthieu 1, 20).
    Que Joseph soit qualifié de « fils de David » est important, car, selon les Écritures, « le Messie doit venir de la descendance de David et de Bethléem, le bourg d’où était David » (Jean 7, 42). Or, à la suite d’un édit de César Auguste « ordonnant le recensement de tout l’univers », chacun doit aller refaire recenser dans la ville dont il est originaire. C’est pourquoi « Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la lignée de David » (Luc 2, 4).

    L’archange saint Gabriel précise encore, parlant de Marie : « Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus » (Matthieu 1, 21). Joseph est vraiment l’époux de Marie. Il n’est pas le père biologique de Jésus, puisque Marie conçoit sous l’action de l’Esprit, qui la couvre de son ombre (voir Luc 1, 35), ce que l’on appelle du terme technique d’« obombration ». Mais il est le père de famille : c’est donc bien à lui qu’il revient de donner son nom à l’enfant. Mais dans le cas d’espèce, ce nom lui est donné d’en haut : l’Enfant s’appellera « Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matthieu 1, 21).
    « Joseph, tiré de son sommeil, fit ce que l’ange du Seigneur lui avait dit : il prit chez lui son épouse » (Matthieu 1, 24).

    « Souviens-toi de nous, bienheureux Joseph, intercède par le secours de ta prière auprès de ton Fils adoptif ; rends-nous propice également la bienheureuse Vierge, ton épouse, car elle est la mère de celui qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vit et règne pour les siècles sans fin. Amen » (saint Bernardin de Sienne).

  • Causes de canonisation dans l'Eglise catholique

    CAUSES DE BÉATIFICATION ET DE CANONISATION

    Définitions. La béatification est un acte solennel par lequel le Pontife romain déclare qu'un vénérable serviteur de Dieu peut être appelé bienheureux et que sa fête peut être célébrée pour des groupes déterminés de fidèles, et en des lieux déterminés, selon le droit. Cette déclaration est promulguée par lettre apostolique en forme de bref pontifical, sub annulo Piscatoris, signé par le Secrétaire d'État.
    La canonisation est un acte solennel par lequel, après avoir réuni un consistoire de cardinaux et de prélats, le Pontife romain déclare qu'un bienheureux est saint, l'inscrit au catalogue des saints et décide qu'on peut lui rendre un culte dans toute l'Église. Cette déclaration est promulguée par lettre décrétale, en forme de bulle pontificale, signée du pape, évêque de l'Église catholique.
    Béatifier et canoniser est une prérogative du Pontife romain. Mais la cérémonie proprement dite peut être accomplie par un légat du pape, comme cela s'est produit pendant la dernière maladie de Jean XXIII.
    L'infaillibilité du Pontife romain est engagée dans les sentences de canonisation : elle porte uniquement sur la certitude que le saint canonisé jouit vraiment de la vision de Dieu au ciel, non sur la réalité des miracles, pourtant examinés et reconnus avec toutes les garanties requises. Il y a infaillibilité parce que le pape ne peut induire l'Église en erreur en proposant à sa vénération, par un acte de pleine autorité apostolique, quelqu'un qui serait un pécheur ; l'assistance du Saint-Esprit doit préserver l'Église d'erreur en une matière aussi grave ; le culte des saints est une profession active de la foi ; les objections soulevées contre les canonisations sont toujours résolues (Benoît XIV, Opus de Servorum Dei Beatificatione et Beatorum Canonizatione, I, XLV, 28).


    Historique. Dès le II° siècle les martyrs font l'objet d'un culte public : les fidèles recueillaient et vénéraient leurs reliques. C'est la forme la plus ancienne et la plus simple aussi de canonisation.
    Parmi les cultes locaux directement encouragés par Rome, citons avec Benoît XIV, au IV° siècle saint Vigile, évêque de Trente ; au V° siècle, saint Jean Chrysostome honoré par Innocent Ier ; au VII° siècle, saint Maur honoré par Boniface III, etc.
    Au IV° siècle, l'on commence à vénérer les simples confessores, c'est-à-dire les chrétiens qui, sans avoir été soumis au martyre, ont brillé par la pratique héroïque des vertus chrétiennes. La pratique aboutissant à un nouveau culte est la suivante, au IX° siècle : le point de départ est la vox populi. L'évêque est appelé ; on lit devant lui, souvent à l'occasion d'un synode diocésain ou provincial, une vie du saint et l'histoire des miracles qu'il a accomplis. Quand l'évêque a approuvé le culte, l'on exhume le corps pour lui assurer une sépulture plus digne : c'est l'elevatio. Souvent s'y ajoute la translatio, c'est-à-dire le transfert du corps près d'un autel, qui prend le nom du saint qui y est désormais vénéré. Parfois l'église est même agrandie et dédiée au nouveau saint.
    Le pape procède parfois à une canonisation de son propre chef, comme Jean XV pour la translation d'Ulric, évêque d'Augsbourg (31 janvier 993), la plus ancienne bulle de canonisation connue. Toutefois elle ne contient pas le mot canonizatio, qui n'apparaît que plus tard, dans une lettre d'Uldaric, évêque de Constance, au pape Calixte II (1119-1124) au sujet de la canonisation de l'évêque Conrad.
    Urbain II (1088-1099), Calixte II et Eugène III (1145-1153) recommandent que l'examen des vertus et des miracles des candidats aux autels ne soient pratiqué que dans des conciles, de préférence des conciles généraux. Mais les Pontifes romains usent de leur droit de procéder à des béatifications et des canonisations en dehors des conciles : l'empereur Henri (Eugène IV), Edouard III d'Angleterre, Thomas Becket, évêque de Cantorbéry, Bernard de Clairvaux, etc. (Alexandre III).
    Alexandre III (1159-1181) décrète que les causes seront désormais réservées au Souverain Pontife (Decret., l. III, tit. XLV, c. Audivimus) ; il les confie au collège des cardinaux. Malgré tout quelques évêques continuent à béatifier, même après qu'Innocent III (1198-1216) a réitéré la défense de son prédécesseur en canonisant l'impératrice Cunégonde (bulle Cum secundum, 3 avril 1200). A compter de cette époque, la béatification implique au moins un acte rétrospectif de l'autorité pontificale, acte comportant des restrictions quant au temps,ou au lieu de culte, ou à la plénitude de l'approbation.
    La question est définitivement tranchée par Urbain VIII (1623-1644) : la sacrée congrégation du Saint-Office interdit (décret, 13 mars 1625) le culte de ceux qui n'ont pas été béatifiés ou canonisés par le Saint-Siège, sans préjudice du culte immémorial des saints (décret, 2 octobre 1625).

    Urbain VIII confirme qu'il n'appartient plus aux évêques d'introduire de nouveaux cultes locaux (constitution Cœlestis Hierusalem cives/em>, 5 juillet 1634). Le culte immémorial rendu aux serviteurs de Dieu dans une période allant de 1181 (date de la mort d'Alexandre III) à 1534 (un siècle avant la nouvelle discipline du même Urbain VIII) peut demeurer dans le statu quo, encore qu'une canonisation formelle puisse être obtenue per viam cultus seu casis exceptis, en procédant ainsi à une canonisation équipollente, c'est-à-dire par reconnaissance d'un culte immémorial. Les évêques doivent continuer d'effectuer les enquêtes préliminaires (sacrée congrégation des rites, instruction, 12 mars 1631). Sixte-Quint avait confié l'examen des causes des saints à la sacrée congrégation des rites qu'il venait de créer (constitution Immensa Æterni Dei, 22 janvier 1588). Urbain VIII édicte une procédure nouvelle (Decreta servanda in canonizatione et beatificatione sanctorum, 12 mars 1642) qui reste longtemps en vigueur, après avoir été complétée par Benoît XIV (1754-1758). Elle figure aux c. 1999-2141 du code de droit canonique de 1917.
    En 1659 un décret sur les honneurs dus aux « bienheureux non encore canonisés » est fondamental pour établir la distinction liturgique entre bienheureux et saint. Clément X ordonne que la sacrée congrégation des rites se prononce sur la béatification sans faire aucune référence à la canonisation, séparant ainsi clairement l'une de l'autre. Alexandre VII accomplit la première béatification formelle, celle de François de Sales (8 janvier 1662).
    La procédure exceptionnelle pour la reconnaissance d'un culte a été définie par la sacrée congrégation des rites (décret, 11 novembre 1912) ; elle aboutit à une béatification ou une canonisation équipollente.
    Compte tenu des progrès de la méthodologie et de la critique historique, Pie XI crée au sein de la sacrée congrégation des rites, une section historique chargée d'étudier les sources écrites des causes (motu proprio Già da qualche tempo, 6 février 1930). Il rend aussi superflu le procès apostolique pour les causes "historiques" (Normæ servandæ in construendis processibus ordinariis super causis historicis, 4 janvier 1939).

    (à suivre…)

  • Le Vocabulaire de l'Histoire

    Je signale un ouvrage passionnant pour tous ceux qui aiment l’Histoire :

    Yves TISSIER, Le Vocabulaire de l’Histoire, publié chez Vuibert en 2005. Avec 963 pages, c’est une mine de renseignements très précis sur toutes les époques de l’Histoire, sur les cinq continents. L’auteur, autodidacte, a accumulé un savoir encyclopédique qui force l’admiration.

    Contenant 5500 entrées, classées par ordre alphabétique, l’ouvrage présente, le cas échéant, les différents sens d’un même mot, présentés dans un ordre diachronique.

    On trouvera aussi dans ce livre de nombreuses expressions historiques, les personnages de l’histoire ou de la mythologie dont le nom est passé dans la langue française, et bien d’autres informations.

    Bref, un ouvrage dont on ne peut plus se passer.

  • Albert de Mun et la doctrine sociale de l'Eglise

    Je signale un article intitulé « Autour de la doctrine sociale de l’Église : l’action d’Albert de Mun ». Il est proposé sur mon site. En voici le schéma :



    Introduction

    I. Considérations générales sur la doctrine sociale de l’Église

    A) La doctrine sociale de l’Église, une réalité d’hier et d’aujourd’hui

    B) Le champ d’application de la doctrine sociale de l’Eglise


    1. La personne humaine

    2. La société humaine

    II. Quelques aspects de la doctrine sociale de l’Église


    A) L’homme et l’importance du travail

    B) L’homme dans la communauté internationale


    Conclusion

  • L'humanité du Christ

    LA PRÉSENCE DU CHRIST DANS LE MESSAGE DE SAINT JOSÉMARIA ESCRIVA, FONDATEUR DE L’OPUS DEI (suite)


    La très sainte Humanité de Jésus-Christ. Par conséquent, le chemin royal que les chrétiens sont invités à suivre est celui de la très sainte Humanité de Jésus. C’est elle, indissolublement unie à sa Divinité, qui permet d’avoir accès au Père, qui jette comme un pont entre l’homme et Dieu. « Pour nous approcher de Dieu, nous devons emprunter la bonne voie : la très sainte Humanité du Christ. […] Suivre le Christ : voilà le secret. L’accompagner de si près que […] nous nous identifiions à lui. Nous ne tarderons pas à affirmer, si nous ne mettons pas d’obstacle à l’action de la grâce, que nous nous sommes revêtus de notre Seigneur Jésus-Christ. Le Seigneur se reflète en notre conduite comme dans un miroir. Si le miroir est tel qu’il doit être, il conservera le visage très aimable de notre Sauveur sans le défigurer, sans le caricaturer ; et les autres pourront l’admirer, le suivre » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 299).

    Pénétrer dans les Plaies du Christ. Un des aspects de la suite du Christ et de l’union au Christ consiste à revivre sa Passion en pénétrant dans ses saintes Plaies. C’est d’elles que s’écoulent les sept sacrements de salut, comme l’iconographie l’a souvent représenté en recourant à la « fontaine de vie ». « En admirant et en aimant vraiment la très sainte Humanité de Jésus, nous découvrirons ses Plaies une à une. Et dans ces moments de purification passive — moments pénibles, durs, qui nous arrachent des larmes à la fois douces et amères, que nous nous efforçons de cacher — nous aurons besoin de nous introduire dans chacune de ces très saintes blessures : pour nous purifier, pour nous réjouir dans ce Sang rédempteur, pour nous fortifier » (Ibid., n° 302). Cet exercice de vie spirituelle s’impose à celui qui veut purifier ses facultés et ses puissances, tout son être, pour être en mesure de vivre le commandement suprême de l’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit » (Luc 10, 27). L’âme n’opposera plus aucune résistance à la Volonté divine : « Si tu veux vraiment que ton cœur réagisse bien, je te conseille de t’introduire en pensée dans une des Plaies de notre Seigneur : c’est ainsi, en effet, que tu le fréquenteras de plus près, que tu te placeras tout contre lui, que tu sentiras palpiter son Cœur…, et que tu le suivras dans tout ce qu’il te demandera » (Forge, n° 755). Semblable union à Jésus-Christ est source de paix et de joie, d’une joie qui, comme le bienheureux Josémaria ne cessait de le répéter, « à ses racines en forme de Croix ». Celui qui s’efforce de s’identifier au Christ rencontre les mêmes « trésors » que lui, froid, pauvreté, dénuement, solitude… « Prends alors appui sur Celui qui est mort et ressuscité. Cherche refuge dans les Plaies de ses mains, de ses pieds, de son côté. Ta volonté de recommencer en sera renouvelée, et tu reprendras ton chemin avec une décision et une efficacité plus grandes » (Chemin de Croix, 12ème station, point n° 2). L’expérience est tellement profonde et transformante qu’elle arrache cette exclamation enthousiaste à notre auteur : « Quelle est donc aimable, la sainte Humanité de notre Dieu ! — Tu t’étais « introduit » dans la très sainte Plaie de la main droite de ton Seigneur, et tu m’avais demandé : « Si une seule blessure du Christ lave, guérit, tranquillise, fortifie, enflamme et remplit d’amour, que ne feront pas les cinq Plaies ouvertes sur la Croix ? » (Chemin, n° 555). L’efficacité ne concerne pas seulement la propre vie intérieure, la tâche de sanctification personnelle ; elle porte aussi sur l’autre dimension de la vie humaine, inséparable de la première, la vocation apostolique mise en évidence par le concile Vatican II dans la constitution dogmatique Lumen gentium et le décret Apostolicam actuositatem. C’est pourquoi le bienheureux affirme encore ceci : « C’est avec joie, Seigneur, que nous nous trouvons dans ta main blessée. Serre-nous ! Presse-nous bien fort : que nous abandonnions toute notre misère terrestre ! Pour nous purifier, nous enflammer, nous sentir imbibés de ton Sang ! — Et ensuite, lance-nous au loin, très loin, en nous donnant le désir de moissonner, de faire, par Amour pour toi, des semailles de plus en plus fécondes » (Forge, n° 5). Rien d’étonnant non plus à ce que le fondateur de l’Opus Dei mette cette dévotion virile en rapport avec le sacrifice eucharistique, puis qu’il est le renouvellement non sanglant du Sacrifice du Calvaire : « Oui, vis la sainte messe ! — Elle t’aidera, cette réflexion, qui se faisait un prêtre ardent [Il s’agit d’un trait autobiographique, comme tant d’autres points de ses écrits rédigés dans un style impersonnel ] : est-il possible, ô mon Dieu, de participer à la sainte messe sans être saint ? Et il poursuivait : chaque jour je resterai blotti dans la Plaie du Côté de mon Seigneur, afin d’accomplir une résolution que j’ai prise il y a longtemps ! — Essaye à ton tour ! » (Forge, n° 934).

    (à suivre…)

  • Mosaïques de Sainte-Sophie

    Les mosaïques de Sainte-Sophie de Thessalonique sont connues grâce aux travaux entrepris par mon grand-père, Marcel Le Tourneau (1874-1912), à qui le ministère de l’Instruction publique avait confié la mission d’étudier les monuments byzantins de Salonique, au printemps 1907.



Les photographies prises avant l’incendie de 1890 montraient les personnages de la coupole recouverts et cachés aux yeux par des peintures à l’huile représentant des arbres, tandis que le Christ Pantocrator disparaissait sous un papier sur lequel était peinte une inscription coranique et que la Madone de l’abside était invisible.

Marcel Le Tourneau a lu une note le 17 janvier 1908 à l’Académie des Inscriptions dans laquelle il livre le résultat de ses travaux. On en trouvera le texte dans une publication de la Fondation Eugène Piot, Les mosaïques de Sainte-Sophie de Salonique par Ch. DIEHL et M. LE TOURNEAU, Extrait des Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Premier fascicule du Tome XVI), Paris, Ernest Leroux, Éditeur, 1908, avec treize illustrations et trois planches en couleurs.

  • La vie cachée du Christ

    LA PRÉSENCE DU CHRIST DANS LE MESSAGE DE SAINT JOSÉMARIA ESCRIVA, FONDATEUR DE L’OPUS DEI (suite)

    L’imitation de la vie cachée de notre Seigneur. Pour un chrétien courant, appelé à se sanctifier dans sa vie de tous les jours, le processus d’identification au Christ passe par l’imitation des trente années que Jésus a passées à Bethléem, en Égypte et à Nazareth. Une tranche de vie qui semble dépourvue de signification. Pourtant, « ce furent des années intenses de travail et de prière ; Jésus-Christ menait une existence ordinaire — semblable à la nôtre, si l’on veut — tout à la fois divine et humaine. Il accomplissait tout à la perfection, aussi bien dans l’atelier modeste et ignoré de l’artisan que, plus tard, en présence des foules » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 56). Par conséquent, l’enseignement principal que nous tirons de la vie cachée du Seigneur est que la vie ordinaire, le travail et toutes les occupations humaines, les relations avec nos frères les hommes peuvent et doivent devenir l’occasion privilégiée de la perfection chrétienne. Dieu a fait naître l’Opus Dei, le 2 octobre 1928, pour que les chrétiens comprennent que leur vie « peut être l’occasion d’une rencontre avec le Christ, c’est-à-dire qu’elle est un chemin de sainteté et d’apostolat. Le Christ est présent à toute tâche humaine honnête : l’existence d’un chrétien ordinaire — qui paraît peut-être quelconque et mesquine à d’autres — peut et doit être une vie sainte et sanctifiante. En d’autres termes : pour suivre le Christ, pour servir l’Église, pour aider les autres hommes à reconnaître leur destin éternel, il n’est pas indispensable de quitter le monde, pas plus que de se consacrer à une activité ecclésiastique ; la condition nécessaire et suffisante est d’accomplir la mission que Dieu nous a confiée à chacun, à l’endroit et dans le milieu fixés par sa Providence ». Or, cette mission consiste, pour les fidèles laïcs, à sanctifier le monde de l’intérieur, en l’imprégnant de sens chrétien et en l’orientant à Dieu. L’Opus Dei montre alors que « la vocation humaine — la vocation professionnelle, familiale et sociale — ne s’oppose pas à la vocation surnaturelle ; bien au contraire, elle en est une partie intégrante » (Entretiens, n° 60 ; voir D. Le Tourneau, L'Unité de vie et la sainteté ordinaire d'après le bienheureux Josémaria Escriva, Paris, 1999).


    Revivre l’Évangile comme un film. L’imitation du Christ et la sanctification de la vie courante demandent de bien connaître la vie du Seigneur. Le bienheureux Josémaria conseillait de se fondre dans les personnages qui vivent avec Jésus ou qu’il rencontre, et de lire et méditer le Nouveau Testament afin d’arriver à revivre les scènes comme dans un film. « Vis près du Christ ! Sois, dans l’Évangile, comme un personnage de plus, qui partage sa vie avec Pierre, avec Jean, avec André…, parce que maintenant aussi le Christ est vivant ! » (Forge, n° 8). Commentant le mystère de l’Annonciation (Saint Rosaire), il nous livre sa propre expérience des « enfantillages de la vie intérieure » : « Toi, tu es dans cette maison [de Marie, à Nazareth] tout ce que tu voudras : un ami, un serviteur, un curieux, un voisin… — Quant à moi, je n’ose pas être quoi que ce soit en ce moment. Caché derrière toi, je contemple la scène, ébloui. » Puis, parlant de la Naissance de Jésus, il se fait le serviteur de saint Joseph, qui, écrit-il, « me pardonne si je prends l’Enfant dans mes bras et passe des heures entières à lui dire des choses douces et ardentes !… Et je l’embrasse — embrasse-le toi aussi — et je l’appelle Roi, Amour, mon Dieu, mon Unique, mon Tout !… » Le fondateur de l’Opus Dei invite son lecteur à être un personnage de plus de la vie du Seigneur, pour « que « tu accomplisses » l’Évangile dans ta vie…, et pour « le faire accomplir » (Sillon, n° 672). L’insistance sur ce mode de méditation est constante dans l’enseignement du bienheureux Josémaria, qui y voit un élément essentiel de l’identification au Christ. Bien entendu, si la vie du chrétien courant doit reproduire avant tout celle de Jésus dans son cadre familial, professionnel, social, elle doit aussi chercher l’identification au Christ souffrant pour la rédemption des hommes. « Veux-tu suivre Jésus de près, de très près ?… Ouvre le saint Évangile et lis la Passion du Seigneur. Non seulement pour la lire, mais pour la vivre. La différence est grande. Lire, c’est se rappeler un événement passé ; vivre, c’est se trouver là quand quelque chose arrive, c’est être un personnage parmi d’autres dans la scène. Alors, laisse ton cœur s’épancher et se blottir près du Seigneur. Et lorsque tu sentiras que ton cœur t’échappe — que tu es lâche, comme les autres — demande pardon pour tes lâchetés, et pour les miennes » (, 9ème station, point n° 3).

    (à suivre…)

    Dominique Le Tourneau

  • Jésus dans l'enseignement de st Josémaria

    LA PRÉSENCE DU CHRIST DANS LE MESSAGE DE
    SAINT JOSÉMARIA ESCRIVA,
    FONDATEUR DE L’OPUS DEI


    Toute la pensée du fondateur de l’Opus Dei étant christocentrique, il est particulièrement ardu de résumer en quelques pages son enseignement sur le Christ. De fait, « sa personnalité humaine et sacerdotale, son activité ecclésiale, son action de fondation et sa pensée se sont forgées depuis sa jeunesse dans la profondeur de l’identification surnaturelle avec le Fils de Dieu sur la Croix et dans sa glorification, dans son existence quotidienne et dans l’événement pascal, dans son mystère sacerdotal de donation et de service de l’Église et de tous les hommes » (A. ARANDA, « Il cristiano « alter Christus, ipse Christus », Santità e mondo. Atti del Convegno teologico di studio sugli insegnamenti del beato Josemaría Escrivá (Roma, 12-14 ottobre 1993), Cité du Vatican, 1994, p. 103). C’est pourquoi nous ne pourrons brosser ici que quelques coups de pinceau, en espérant qu’ils suffiront quand même à permettre d’apercevoir ou d’entrapercevoir la profondeur de la pensée de quelqu’un qui se sentait « fasciné par le Christ », comme le pape Jean Paul II l’a relevé dans l’homélie de la messe de béatification, place Saint-Pierre, le 17 mai 1992. Une fascination qui amenait le bienheureux à insérer fréquemment dans ses écrits les initiales « RChV », pour regnare Christum volumus, « nous voulons que le Christ règne », en nous et dans le monde. Nous ferons une large place aux citations textuelles des écrits du bienheureux Josémaria, car elles sont plus parlantes que toute glose. Ces textes s’adressent au chrétien qui cherche à être cohérent avec sa foi. Ils tracent un itinéraire de vie, qui n’est nullement hors de portée, mais qui ne saurait être parcouru en un clin d’œil. C’est l’affaire de toute notre vie. Par conséquent, nous sommes invités à regarder le Christ comme un miroir, qui nous montre ce qu’il attend que nous devenions : sa « reproduction » la plus fidèle possible, car, ne l’oublions pas, l’homme a été créé à l’image de Dieu (Genèse 1, 27).

    Le chrétien est appelé à être alter Christus, ipse Christus, « un autre Christ, le Christ lui-même ». Moyennant le baptême, le fidèle est incorporé au Christ dans l’Esprit Saint ; il participe au don et à la mission de l’unique Christ Seigneur ; il est revêtu du sacerdoce commun de tous les fidèles qui, comme le concile Vatican II l’a souligné, se distingue d’avec le sacerdoce ministériel d’une « différence non seulement de degré mais essentielle » (Lumen gentium, n° 10). Cette identification progressive, fruit de la grâce et de la réponse généreuse dans la lutte ascétique quotidienne, conduit à ce que le bienheureux Josémaria a appelé la « divinisation ». L’on sait que les orientaux parlent de préférence de « déification ». Mais le concept est le même. Il s’agit de suivre saint Paul, qui affirme : « Je suis crucifié avec le Christ ; ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 19-20). L’initiative part de Dieu : « C’est notre Seigneur Jésus-Christ qui le veut : il faut le suivre de près. Il n’y a pas d’autre chemin. Telle est l’œuvre du Saint-Esprit dans chaque âme et dans la tienne : sois docile, n’oppose pas d’obstacles à Dieu, jusqu’à ce qu’il fasse un crucifix de ta pauvre chair » (Sillon, n° 978). Parvenir à être un crucifix demande de combattre le péché et de rejeter avec énergie et décision tout ce qui pourrait nous écarter de Dieu, et du chemin de notre vie, dont l’aboutissement doit être la sainteté. C’est une lutte sans cesse recommencée, et toujours menée avec l’aide de la grâce de Dieu, qui ne saurait jamais manquer. Nous disposons des mêmes moyens spirituels que les premiers chrétiens, et Jésus, « premier-né parmi beaucoup de frères » (Romains 8, 29), intercède constamment auprès du Père. Mais nous devons y mettre du nôtre. « Mon enfant : où est le Christ que les âmes cherchent en toi ? Dans ton orgueil ? Dans tes désirs de t’imposer aux autres ? Dans ces mesquineries de caractère que tu ne veux pas vaincre en toi ? Dans cet entêtement… ? Le Christ se trouve-t-il là ? — Non et non ! — D’accord : il faut avoir une personnalité, mais la tienne doit tendre à s’identifier à celle du Christ » (Forge, n° 468). Le chrétien doit donc crucifier ses passions s’il veut parcourir l’itinéraire de la sainteté, qui se résume ainsi : « Cherche le Christ, trouve le Christ, aime le Christ » (Chemin, n° 382), il est indispensable qu’il tâche de revivre le Sacrifice du Christ, de transformer sa journée en un sacrifice permanent, uni à celui du Christ sur la Croix et à l’autel, « en une messe qui dure vingt-quatre heures », de faire de la sainte messe « le centre et la racine de sa vie intérieure », expression qui se retrouvera dans l’enseignement du concile Vatican II. « Pour accompagner le Christ dans sa Gloire, lors de sa victoire définitive, il est nécessaire de participer à son holocauste et de nous identifier à lui, lui qui est mort sur le Calvaire » (Forge, n° 1022).

    (à suivre…)


    Dominique LE TOURNEAU

  • Un féminisme chrétien

    En cette Journée de la femme, je mentionne mon article « un féminisme chrétien » paru dans une revue qui n’existe plus, Cedrus Libani, 55, Automne 1997, p. 4-5 et publié récemment en portugais sous le titre « Um feminismo cristão », Celebração Liturgica. Revista de Liturgia e Pastoral 35 (2003-2004) n° 3, p. 574-578. Il figure aussi sur mon site. J’en cite juste un bref extrait : « C’est vers une femme que l’Église se tourne continuellement. Vers la Femme, par excellence, la seule créature humaine à n’avoir pas été marquée par le péché originel, en raison du choix que Dieu avait fait d’Elle pour être la Mère de son Fils, notre Rédempteur. La Femme, sans laquelle les chrétiens ne seraient rien, car elle nous a vraiment engendrés à la vie surnaturelle et aussi parce que Dieu l’a instituée médiatrice de toutes les grâces : aucun secours divin, aucune aide spirituelle ne nous est accordé indépendamment d’Elle. Aucun féminisme ne va aussi loi. Aucun féminisme ne peut même envisager un tel radicalisme. Ce qui fait que la religion catholique est l’archétype d’un sain féminisme, dépourvu de toute revendication étriquée et tout entier orienté vers la finalité ultime de l’homme, qui consiste à reconnaître et aimer Dieu, à le servir et le glorifier pour les siècles sans fin. »