Les évêques américains et le Da Vinci Code
Selon api/usccb/be, le 9 mars dernier, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis d’Amérique a ouvert un site sur l’internet consacré au film « Da Vinci Code ». Il s’appelle « Jesus Decoded » (Jésus décodé).
Le film en question, qui prend la suite du livre du même nom, doit ouvrir le Festival du cinéma de Cannes, en mai prochain, et paraître simultanément sur les écrans dans le monde entier.
Compte tenu des graves attaques portées contre le Christ et contre l’Église, il a semblé opportun aux évêques américains de fournir des informations fiables et de rappeler les fondements du christianisme, dans trois directions :
a) d’abord un site internet www.jesusdecoded.com
b) puis un documentaire destiné aux stations de télévision de la NBC (à partir de la 3e fin de semaine du mois de mai) ; tourné en Israël, en Turquie et en Italie par NewGroup Media, ce film apporte une « réponse catholique solide » à la fiction du « Da Vinci Code » et à ses fans, selon la Conférence des évêques américaine. Il se concentre en particulier sur les trois premiers siècles de l'Église et comprend des entrevues d’intellectuels de réputation internationale et de spécialistes de l'art, d'histoire et des Saintes Écritures qui aident à séparer la vérité de la fiction, selon les initiateurs de cette production ;
c) enfin une brochure de 16 pages intitulée The Authentic Jesus (l’authentique Jésus), produite par la Commission des communications de la Conférence des évêques pour présenter « l'enseignement catholique authentique » sur Jésus, sa divinité, le Nouveau Testament, le gnosticisme, les femmes et l'Église, et d'autres thèmes importants sous formes de questions–réponses.
Le site fournit également des données sur l'enseignement catholique et sur d'autres abordés de façon erronée par le « Da Vinci Code ».
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Année Mozart
À l'occasion de "l'année Mozart", je signale un ouvrage classique qui a fait l'objet d'une réédition au mois d'octobre dernier :
Mozart, par Marcel Brion, aux éditions Perrin.
Marcel Brion (1895-1984), qui fut membre de l'Académie française, a été un humaniste et un "passeur" à l'égard des grands écrivains étrangers : Joyce, dont il fut l'un des "douze maréchaux", Thomas Mann, Hugo von Hofmannsthal, R.M. Rilke, Wallter Benjamin, mais aussi Papini, Buzzati, Asturias, Eliade, Remizov, etc.
Ceci a été bien mis en évidence lors du Colloque international de la Bibliothèque nationale de France organisé à l'occasion du centenaire de sa naissance par sa femme, Liliane Brion-Guerry, elle-même écrivain, connue pour sa thèse sur "Cézanne et l'expression de l'espace", qui a passé les dernières années de sa vie à assurer la mémoire de son mari. Elle a été rappelée à Dieu voici quelques semaines. -
La descente aux enfers
Le « Je crois en Dieu » se poursuit par l’affirmation que Jésus-Christ « est descendu aux enfers, et le troisième jour est ressuscité d’entre les morts ». C’est son cinquième article.
19. Le Christ est descendu aux enfers
Pour comprendre la signification de cet article du Credo, il faut tenir compte du fait que dans la Sainte Écriture le terme « enfer » peut signifier : 1°) l’enfer des condamnés ; 2°) le purgatoire ; et 3°) le « sein d’Abraham » c'est-à-dire le lieu où étaient retenues les âmes des justes, qui ne pouvaient entrer dans le ciel jusqu’à ce que la Rédemption s’accomplisse.
Par l’expression « Jésus descendit aux enfers », nous confessons donc que Jésus, après sa mort, est descendu au « sein d’Abraham », non « pour y délivrer les damnés ni pour détruire l’enfer de la damnation » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 633), mais pour ouvrir les portes du ciel aux justes qui l’avaient précédé. Il montre ainsi son pouvoir sur le démon et la mort. Il est descendu dans la profondeur de la mort afin que « les morts entendent la voix du Fils de Dieu et que ceux qui l’auront entendue vivent » (Jean 5, 25). Jésus a ainsi « réduit à l’impuissance par sa mort, celui qui a l’empire de la mort, c’est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort » (Hébreux 2, 14-15). « Désormais le Christ ressuscité « détient la clef de la mort et de l’Hadès » (Apocalypse 1, 18) et « au nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers » (Philippiens 2, 10) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 635).
La résurrection « d’entre les morts » (Romains 8, 11) implique que Jésus soit demeuré au préalable dans le séjour des morts : il « a été chez les morts » (Hébreux 13, 20).
(à suivre…) -
La divinité de Jésus
4. La remise en cause de la divinité du Christ et son affirmation par le magistère de l’Église
Précision terminologique : magistère, du latin magister, « maître ». Fonction d’enseignement de l’Église, qu’elle exerce en vertu du mandat reçu de son divin fondateur, Jésus-Christ, de prêcher la vérité à toutes les nations.
« Dès le troisième siècle, l’Église a dû affirmer contre Paul de Samosate, dans un concile [c’est-à-dire une réunion d’évêques ou de chefs d’Églises locales] que Jésus-Christ est Fils de dieu par nature et non par adoption. Le premier concile œcuménique [réunion des évêques représentant l’ensemble de l’Église] de Nicée, en 325, confessa dans son Credo que le fils de Dieu est « engendré, non pas créé, de la même substance (homousios) que le Père » et condamna Arius qui affirmait que « le Fils de Dieu est sorti du néant » et d’une autre substance que le Père » (Catéchisme de l’Église catholique)
Plus tard, Nestorius (vers 380-vers 451) voit dans le Christ une personne humaine conjointe à la personne divine du Fils de Dieu. Cette nouvelle hérésie est combattue par saint Cyrille d’Alexandrie (vers 376-444) et condamnée par le troisième concile œcuménique, réuni à Éphèse en 431. Il affirme que « le Verbe, en s’unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle, est devenu homme ».
« L’humanité du Christ n’a d’autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée et faite sienne dès sa conception. »
C’est pourquoi le même concile d’Éphèse a proclamé que la Vierge Marie est en toute vérité theotokos, la Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu en son sein : « Mère de Dieu, non parce que le Verbe de Dieu a tiré d’elle sa nature divine, maistrance que c’est d’elle qu’il tient le corps sacré doté d’une âme rationnelle, uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 466).
Une nouvelle hérésie allait surgir : le monophysisme, du grec monos « un seul » et phusis « nature ». Elle est développée par Eutychès (378- après 454), pour qui « la nature humaine avait cessé d’exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 467). En 451, le concile de Chalcédoine, quatrième concile œcuménique, l’a condamnée en enseignant qu’il y avait deux natures en Jésus, la divine et l’humaine, « sans confusion, sans changement, sans division, et sans séparation. La différence des natures n’est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase ».
Cette définition ne devait pas calmer tous les esprits. Il s’en trouva encore, après Chalcédoine, pour faire de la nature humaine du Christ une sorte de sujet personnel. Il revint au deuxième concile de Constantinople (cinquième concile œcuménique), réuni en 553, de proclamer qu’il « n’y a qu’une seule hypostase [ou personne], qui est notre seigneur Jésus-Christ, un de la Trinité ». Résumant les enseignements conciliaires le Catéchisme de l’Église catholique (n° 468) affirme que « tout dans l’humanité du Christ doit donc être attribué à sa personne divine comme à son sujet propre, non seulement les miracles mais aussi les souffrances et même la mort : « Celui qui a été crucifié dans la chair, notre seigneur Jésus-Christ, est vrai Dieu, Seigneur de la gloire et Un de la Sainte Trinité » (IIème concile de Constantinople, en 553).
Dans son enseignement, l’Église se sert de notions qu’elle empreinte à la philosophie — substance, nature, hypostase ou personne — pour préciser la réalité de Dieu et, en lui, de Jésus-Christ, à la fois, nous l’avons dit, vrai dieu et vrai homme. On appelle union hypostatique cette union de la nature divine et de la nature humaine, dans l’unité de la personne, ou hypostase, du Christ, chaque nature conservant ses caractéristiques propres. L’union hypostatique de la nature humaine du Christ avec le Logos ou « Verbe » divin se produit au moment de la conception du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie. Elle ne s’est pas interrompue avec la mort du Christ sur la Croix : son âme seule s’est séparée de son corps, la divinité ne se séparant pas de l’humanité du Seigneur.
(à suivre…) -
Jésus est vrai homme
5. Nous avons vu jusqu’ici l’affirmation de l’Église comme quoi Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, à l’encontre des diverses hérésies qui se sont manifestées aux IVème et Vème siècles.
Aujourd’hui, il est question de la très sainte Humanité de Jésus.
Une précision terminologique tout d’abord. Incarnation vient du latin in « dans » et caro « chair ». « Reprenant l’expression de saint Jean (« Le Verbe s’est fait chair » : Jean 1, 14), l’Église appelle « Incarnation » le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 461) : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme » (credo de Nicée-Constantinople).
Dans l’Incarnation, « la nature humaine a été assumée, non absorbée » par la personne du Verbe, comme le souligne le concile Vatican II (constitution dogmatique Gaudium et spes, n° 22).
— Parce que la nature humaine n’a pas été « absorbée », l’Église enseigne « la pleine réalité de l’âme humaine, avec ses opérations d’intelligence et de volonté, et du corps humain du Christ » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 470).
— Parce qu’elle a été « assumée », « la nature humaine du Christ appartient en propre à la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée » (ibid.). C’est pourquoi la plus petite des actions du Christ dans son humanité a une valeur infinie par rapport à la rédemption de l’humanité, la rédemption étant n des principaux mystères de la foi chrétienne – partie de la vérité inaccessible à la raison –, selon lequel Jésus-Christ a sauvé l’humanité du péché en mourant sur la Croix.
L’humanité de Jésus apparaît comme le « sacrement », c’est-à-dire « le signe et l’instrument de sa divinité et du salut qu’il apporte : ce qu’il y avait de visible dans sa vie terrestre conduit au mystère invisible de sa filiation divine et de sa mission rédemptrice » (Ibid., n° 515).
* L’Incarnation marque un anéantissement de la nature divine. Le Seigneur a assumé la nature humaine sans manifester dans son humanité la gloire surnaturelle qui lui revenait en tant qu’humanité du Verbe : « Il s’anéantit lui-même » (Philippiens 2, 7). Il a connu la soif (Jean 6, 7), ressenti la fatigue (Jean 4, 6 ; Matthieu 8, 24), eu des amis (Jean12, 1-3), éprouvé de la tristesse devant l’ingratitude des hommes (Luc 19, 41), manifesté une sainte colère en présence du comportement mercantile des marchands dans le Temple qui transforment la maison de prière en une caverne de brigands (Matthieu 21, 13), etc.
Il a voulu nous ressembler en tout, sauf dans le péché, pour que, par son exemple, nous aimions notre condition humaine et nous sachions la sanctifier. En effet, étant Dieu parfait Jésus nous donne un modèle de perfection dans la vie ordinaire.
* L’âme humaine du Christ. Apollinaire de Laodicée (vers 300-vers 390) ayant affirmé que le Verbe avait remplacé l’âme du Christ, le pape Damase Ier a écrit en 375 une lettre à l’évêque Paulin d’Antioche dans laquelle il affirme que le Fils de Dieu « a pris l’âme et l’esprit de l’homme » et a donc assumé une âme humaine raisonnable.
« Le Fils de Dieu a assumé un corps animé par une âme humaine raisonnable. Avec son intelligence humaine, Jésus a appris beaucoup par l’expérience. Mais aussi comme homme, le Fils de Dieu avait une connaissance intime et immédiate de Dieu son Père. Il pénétrait également les pensées secrètes des hommes et connaissait les desseins éternels qu’il est venu révéler » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 90).
(à suivre…) -
Jésus est Dieu
3. D’une façon implicite, Jésus-Christ lui-même a déclaré être Dieu et il l’a montré dans les faits. Par exemple : « Le Père et moi, nous sommes un » (Jean 10, 30). « Qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14, 9). Lors de son procès, à la question « Es-tu le Christ, le Fils du Béni ? » il affirme sans détour : « Je le suis, et vous verrez le Fils l’homme siéger à la droite de la Puissance et venir avec les nuées du ciel » (Marc 14, 61-62). Semblable affirmation sera retenue contre lui pour le mettre à mort comme blasphémateur (voir Mac 14, 64).
Fils Unique de Dieu, de la même nature que le Père, et il a manifesté sa divinité par sa vie, sa doctrine et ses miracles, surtout par sa glorieuse Résurrection. Cette dernière sera étudiée ultérieurement.
Quant à la doctrine et aux miracles, ils suscitent l’admiration des foules : « Il a tout fait à la perfection » (Marc 7, 37), il donnait son enseignement « en homme qui détient l’autorité, et non comme les scribes » (Matthieu 7, 29). Les Évangiles apportent de nombreux témoignages en ce sens. Il est question, par exemple, du pouvoir de Jésus sur la nature : « Il lança au vent un ordre impératif et dit à la mer : « Tais-toi. Fais silence ! » Et le vent tomba, et il se fit un grand calme » (Marc 4, 39).
Jésus possède le pouvoir de guérir les différentes maladies : « La ville entière se trouvait rassemblée auprès de la porte. Il guérit beaucoup de gens qui souffraient de maux divers » (Marc 1, 33-34). Il commande aux esprits impurs : « Il chassa beaucoup de démons » (Marc 1, 34).
Il a même la maîtrise de la mort, faisant revenir des défunts à la vie : la fille de Jaïre (voir Matthieu 9, 18-25), le fils de la veuve de Naïm (voir Luc 7, 11-17), son ami Lazare (voir Jean 11, 1-45).
Jésus est conscient de jouer un rôle particulier et d’accomplir les prophéties de l’Ancien Testament, qui le concernent effectivement. Il dit un jour à ses apôtres : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens, et ils le bafoueront, et ils cracheront sur lui, et ils le flagelleront, et ils le mettront à mort, et trois jours après il relèvera d’entre les morts » (Marc 10, 33-34). Cette annonce renvoie à ce que disait le prophète Isaïe 52, 13-53, 12.
Jésus sait que ces paroles sont des paroles de vie éternelle : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24, 35). Pour le croyant, il est logique qu’il en soit ainsi, car le Christ est la Parole éternelle du Père, il est le Verbe fait chair. C’est pourquoi il peut affirmer : « C’est moi la Voie, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6). Pour être sauvé, c’est-à-dire pour parvenir au bonheur éternel du ciel, il faut donc passer par lui : « C’est moi qui suis la porte : celui qui entrera par moi sera sauvé » (Jean 10, 9). D’où la nécessité de le suivre pour atteindre le salut, en se détachant des choses de la terre : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à causée moi et du Bon message la sauvera » (Marc 8, 34-35). Vraiment, « jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jean 7, 46) et n’a pu présenter de telles exigences.
Nous avons là le caractère tout à fait singulier de la religion chrétienne. Jésus-Christ n’est pas en partie Dieu et en partie homme, ni un mélange des deux. Il s’est fait vraiment homme tout en restant vraiment Dieu. L’Église a dû défendre cette vérité de foi et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient. L’hérésie, du grec haireô « choisir » et hairesis « choix », « préférence », étant un choix opéré parmi les vérités révélées, ou une « négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité » (Code de droit canonique, canon 751).
(à suivre…) -
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Le dernier numéro de la Revue d’Histoire de l’Église de France 91 (2005), p. 407-412 publie deux recensions que j’ai rédigées de deux ouvrages récents sur la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort :
E. RICHIER, La pédagogie de sainteté de saint Louis-Marie Grignion de Montfort
P.-M. DESSUS de CÉROU, Une vraie dévotion à la Sainte Vierge selon saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Le premier de ces deux livres semble être une synthèse ou l’état actuel des travaux de l’auteur, prêtre de la Communauté des Béatitudes, qui prépare une thèse de doctorat en théologie portant le même titre. Le P. Richer souhaite inviter le lecteur à prendre la mesure de la richesse et de l’actualité de la doctrine de Grignion de Montfort dans le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge et dans le Secret de Marie, dont Jean-Paul II a dit à quel point il leur devait son approfondissement de la piété mariale, « véritablement christocentrique, profondément enracinée dans le mystère trinitaire, et dans ceux de l’Incarnation et de la Rédemption ».
Dans le second ouvrage, l’auteur entend préciser autant que possible la place d’une vraie dévotion à la Sainte Vierge dans le processus d’acquisition et de conservation de la Sagesse éternelle dans une âme, qui est une parfaite consécration à Jésus-Christ par les mains de Marie ou la rénovation des promesses du baptême » (p. 13). Ce travail est conçu pour servir la cause du doctorat de saint Louis-Marie Grignion de Montfort et éclairer le message de l’Annonciation à l’Île Bouchard (p. 262-263) et la vie de Jean-Paul II qui avait pris le Totus tuus montfortain pour devise. L’auteur annonce trois parties : en étudiant d’abord les témoignages des diverses périodes de sa vie, puis en les mettant en référence à ses œuvres et enfin en faisant un commentaire personnel sur l’interprétation de sa vie spirituelle » (p. 21). En réalité, ce livre ne comporte que deux parties, la « première période (1673-1706) » et la « deuxième période (1706-1716) », suivies d’une brève conclusion (p. 249-258), et c’est à l’intérieur de chaque partie que se retrouve la tripartition annoncée.
Ces études interviennent à une époque où il est question d’obtenir du saint-siège qu’il reconnaisse la condition de « Docteur de l’Église » à saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Ceci n’a pas pu se faire à l’occasion du grand Jubilé de la Rédemption de l’an 2000. Des recherches s’avèrent nécessaires pour déterminer avec précision les œuvres qui sont de la main du saint de celles qui lui sont attribuées mais qui sont dues à une autre plume. Il semble que ce soit le cas de L’Amour de la Sagesse éternelle, ouvrage dont la paternité de Louis-Marie est précisément de plus en plus contestée de nos jours et, de préférence, attribuée à Charles Besnard.
Les deux recensions évoquées ci-dessus sont précédées dans la Revue d’Histoire de l’Église de France d’un article du P. Louis Pérouas, « Grignion de Montfort et la lecture duelle de son charisme » (p. 403-407). -
L'humanité du Christ
LA PRÉSENCE DU CHRIST DANS LE MESSAGE DE SAINT JOSÉMARIA ESCRIVA, FONDATEUR DE L’OPUS DEI (suite)
La très sainte Humanité de Jésus-Christ. Par conséquent, le chemin royal que les chrétiens sont invités à suivre est celui de la très sainte Humanité de Jésus. C’est elle, indissolublement unie à sa Divinité, qui permet d’avoir accès au Père, qui jette comme un pont entre l’homme et Dieu. « Pour nous approcher de Dieu, nous devons emprunter la bonne voie : la très sainte Humanité du Christ. […] Suivre le Christ : voilà le secret. L’accompagner de si près que […] nous nous identifiions à lui. Nous ne tarderons pas à affirmer, si nous ne mettons pas d’obstacle à l’action de la grâce, que nous nous sommes revêtus de notre Seigneur Jésus-Christ. Le Seigneur se reflète en notre conduite comme dans un miroir. Si le miroir est tel qu’il doit être, il conservera le visage très aimable de notre Sauveur sans le défigurer, sans le caricaturer ; et les autres pourront l’admirer, le suivre » (Amis de Dieu", n° 299).
Pénétrer dans les Plaies du Christ. Un des aspects de la suite du Christ et de l’union au Christ consiste à revivre sa Passion en pénétrant dans ses saintes Plaies. C’est d’elles que s’écoulent les sept sacrements de salut, comme l’iconographie l’a souvent représenté en recourant à la « fontaine de vie ». « En admirant et en aimant vraiment la très sainte Humanité de Jésus, nous découvrirons ses Plaies une à une. Et dans ces moments de purification passive — moments pénibles, durs, qui nous arrachent des larmes à la fois douces et amères, que nous nous efforçons de cacher — nous aurons besoin de nous introduire dans chacune de ces très saintes blessures : pour nous purifier, pour nous réjouir dans ce Sang rédempteur, pour nous fortifier » (Ibid., n° 302). Cet exercice de vie spirituelle s’impose à celui qui veut purifier ses facultés et ses puissances, tout son être, pour être en mesure de vivre le commandement suprême de l’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit » (Luc 10, 27). L’âme n’opposera plus aucune résistance à la Volonté divine : « Si tu veux vraiment que ton cœur réagisse bien, je te conseille de t’introduire en pensée dans une des Plaies de notre Seigneur : c’est ainsi, en effet, que tu le fréquenteras de plus près, que tu te placeras tout contre lui, que tu sentiras palpiter son Cœur…, et que tu le suivras dans tout ce qu’il te demandera » (Forge, n° 755). Semblable union à Jésus-Christ est source de paix et de joie, d’une joie qui, comme le bienheureux Josémaria ne cessait de le répéter, « à ses racines en forme de Croix ». Celui qui s’efforce de s’identifier au Christ rencontre les mêmes « trésors » que lui, froid, pauvreté, dénuement, solitude… « Prends alors appui sur Celui qui est mort et ressuscité. Cherche refuge dans les Plaies de ses mains, de ses pieds, de son côté. Ta volonté de recommencer en sera renouvelée, et tu reprendras ton chemin avec une décision et une efficacité plus grandes » (, 12ème station, point n° 2). L’expérience est tellement profonde et transformante qu’elle arrache cette exclamation enthousiaste à notre auteur : « Quelle est donc aimable, la sainte Humanité de notre Dieu ! — Tu t’étais « introduit » dans la très sainte Plaie de la main droite de ton Seigneur, et tu m’avais demandé : « Si une seule blessure du Christ lave, guérit, tranquillise, fortifie, enflamme et remplit d’amour, que ne feront pas les cinq Plaies ouvertes sur la Croix ? » (Chemin, n° 555). L’efficacité ne concerne pas seulement la propre vie intérieure, la tâche de sanctification personnelle ; elle porte aussi sur l’autre dimension de la vie humaine, inséparable de la première, la vocation apostolique mise en évidence par le concile Vatican II dans la constitution dogmatique Lumen gentium et le décret Apostolicam actuositatem. C’est pourquoi le bienheureux affirme encore ceci : « C’est avec joie, Seigneur, que nous nous trouvons dans ta main blessée. Serre-nous ! Presse-nous bien fort : que nous abandonnions toute notre misère terrestre ! Pour nous purifier, nous enflammer, nous sentir imbibés de ton Sang ! — Et ensuite, lance-nous au loin, très loin, en nous donnant le désir de moissonner, de faire, par Amour pour toi, des semailles de plus en plus fécondes » (Forge, n° 5). Rien d’étonnant non plus à ce que le fondateur de l’Opus Dei mette cette dévotion virile en rapport avec le sacrifice eucharistique, puis qu’il est le renouvellement non sanglant du Sacrifice du Calvaire : « Oui, vis la sainte messe ! — Elle t’aidera, cette réflexion, qui se faisait un prêtre ardent [Il s’agit d’un trait autobiographique, comme tant d’autres points de ses écrits rédigés dans un style impersonnel ] : est-il possible, ô mon Dieu, de participer à la sainte messe sans être saint ? Et il poursuivait : chaque jour je resterai blotti dans la Plaie du Côté de mon Seigneur, afin d’accomplir une résolution que j’ai prise il y a longtemps ! — Essaye à ton tour ! » (Ibid., n° 934).
(à suivre…) -
Abandon à la miséricorde divine
J'ai entre les mains un "Acte d'abandon à la miséricorde" fait par le pape Jean-Paul II. Il date probablement de l'année 1985, d'après l'incipit.
En plus d'être, à mon avis, un témoignage sur l'élévation spirituelle de ce personnage insigne, il peut aider beaucoup de monde à mieux porter le poids de la maladie ou des ans.
"Seigneur, voilà plus de soixante-cinq ans que Tu m'as fait le don inestimable de la vie, et depuis ma naissance, Tu n'as cessé de me combler de tes grâces et de ton amour infini.
Au cours de toutes ces années se sont entremêlés de grandes joies, des épreuves, des succès, des échecs, des revers de santé, des deuils, comme cela arrive à tout le monde.
Avec ta grâce et ton secours, j'ai pu triompher de ces obstacles et avancer vers Toi.
Aujourd'hui, je me sens riche de mon expérience et grande est la consolation d'avoir été l'objet de ton amour.
Mon âme chante sa reconnaissance.
Mais je rencontre quotidiennement dans mon entourage des personnes âgées que Tu éprouves fortement : elles sont paralysées, impotentes et souvent n'ont plus la force de Te prier, d'autres ont perdu l'usage de leurs facultés mentales et ne peuvent plus T'atteindre à travers leur monde irréel. Je voisagir ces gens et je me dis : "Si c'était moi." Alors, Seigneur, aujourd'hui-même, tandis que je jouis de la possession de toutes mes facultés motrices et mentales, je T'offre à l'avance mon acceptation à ta sainte volonté, et dès maintenant je veux que si l'une ou l'autre de ces épreuves m'arrivait, elle puisse servir à ta gloire et au salut des âmes. Dès maintenant aussi, je Te demande de soutenir de ta grâce les personnes qui auraient la tâche ingrate de me venir en aide.
Si un jour la maladie devait envahir mon cerveau et anéantir ma lucidité, déjà, Seigneur, ma soumission est devant Toi et se poursuivra en une silencieuse adoration. Si, un jour, un état d'inconscience prolongée devait me terrasser, je veux que chacune de ces heures que j'aurai à vivre soit une suite ininterrompue d'actions de grâce et que mon dernier soupir soit aussi un soupir d'amour. Mon âme, guidée à cet instant par la main de Marie, se présentera devant Toi pour chanter tes louanges éternellement. Amen." -
L'Ascension de Jésus au ciel
Le sixième article du Credo affirme que Jésus-Christ « est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant ». C’est l’Ascension de Jésus au ciel.
21. Quarante jours après sa résurrection, le Christ monta aux cieux. « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre, dit Jésus à ses apôtres réunis autour de lui vers Béthanie. Sur ces mots, il fut enlevé dans les airs sous leurs yeux et une nuée le déroba à leur vue » (Actes 1, 8-9). Saint Luc nous donne un récit encore plus succinct de cet événement à la fin de son Évangile : « Alors qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel » (Luc 24, 51).
En même temps, il faut affirmer que Jésus est monté au ciel par son propre pouvoir. « Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux » (Jean 3, 13). « Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la « Maison du Père » (Jean 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 661).
L’Ascension est la glorification complète de la Sainte Humanité du Christ, par laquelle, comme instrument uni à la divinité, Dieu a opéré notre Rédemption. Elle marque l’accomplissement et la perfection du mystère de l’Incarnation.
L’Ascension du Seigneur a une double orientation. D’une part, elle est tournée vers le ciel, car « elle exprime la montée définitive du Ressuscité vers le Père. Jésus « siège » désormais « à la droite de Dieu » avec son humanité. Par l’Incarnation, Dieu est venu chez nous, ; par l’Ascension, notre humanité a été glorifiée auprès de Dieu ». L’Ascension est également tournée vers la terre : en effet, « le Seigneur ressuscité envoie ses disciples pour une mission universelle : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » Matthieu 28, 19). Cela ne signifie pas que Jésus soit désormais absent. Il demeure présent à son Église, sous une forme nouvelle : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). L’Église vit maintenant dans l’attente active de la Parousie, c’est-à-dire de la venue du Christ dans sa gloire » (Catéchisme des évêques de France, n° 218).
Dans cet article du Credo, nous confessons que le Christ « est assis à la droite du Père », ce qui désigne la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu s’est assis corporellement une fois glorifié. « Par droite du Père, nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée » (saint Jean Damascène, De fide orthodoxa, cité dans Catéchisme de l’Église catholique, n° 663).
« La session du Fils à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme : « À lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit » (Daniel 7, 14). » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 664).
(à suivre…)