La concupiscence
Une des conséquences du péché originel est, avons-nous dit, la présence de la concupiscence dans la nature humaine. Le terme vient du latin concupiscere, « désirer ardemment ». Cette concupiscence se manifeste sur trois plans, comme saint Jean l’exprime : « convoitise de la chair, convoitise des yeux et orgueil des richesses » (1 Jean 2, 16). « En soi, la concupiscence n’est pas un péché ; elle ne peut causer de dommage à ceux qui n’y consentent pas et lui résistent avec la grâce de Jésus-Christ » (D. Le Tourneau, Les mots du christianisme, Paris, 2005).
« La concupiscence de la chair ne se limite pas exclusivement au désordre de la sensualité, mais qu’elle comprend aussi la commodité, le manque d’enthousiasme, qui nous font rechercher ce qu’il y a de plus facile, de plus agréable, le chemin apparemment le plus court, quitte à faire des concessions dans notre fidélité à Dieu. […]
Nous pouvons et nous devons lutter contre la concupiscence de la chair car, si nous sommes humbles, la grâce du Seigneur nous sera toujours accordée.
Notre autre ennemi, écrit saint Jean, c’est la convoitise des yeux, c’est une avarice radicale, qui nous pousse à n’attacher de prix qu’a ce qui peut se toucher. Nos yeux demeurent comme collés aux choses de la terre et, de ce fait, sont incapables de découvrir les réalités surnaturelles. C’est pourquoi nous pouvons employer les mots de la Sainte Écriture pour nous référer non seulement à l’avarice des biens matériels, mais aussi à cette déformation qui consiste à n’observer tout ce qui nous entoure — les autres, les événements de notre vie et de notre époque — qu’avec une vision humaine.
Les yeux de notre âme se troublent ; notre raison croit pouvoir tout comprendre par elle-même sans avoir besoin de Dieu. Tentation subtile, s’abritant derrière la dignité de cette intelligence que Dieu notre Père a donnée à l’homme pour Le connaître et L’aimer librement. Entraînée par une telle tentation, l’intelligence humaine finit par se considérer comme le centre de l’univers, par croire une nouvelle fois au « vous serez comme des dieux » (Genèse 3, 5) et, toute remplie d’amour pour elle-même, par tourner le dos à l’amour de Dieu.
C’est ainsi que notre existence peut se livrer totalement aux mains de son troisième ennemi : la superbia vitæ. Elle ne concerne pas seulement les pensées éphémères de vanité ou d’amour-propre : il s’agit plutôt ici d’une enflure générale. Ne nous y trompons pas, c’est bien là le pire des maux, la racine de tous nos égarements. Notre lutte contre l’orgueil doit être constante, car ce n’est pas pour rien que l’on dit, de façon imagée, que cette passion meurt un jour après notre mort. C’est la morgue du pharisien, que Dieu refuse de justifier, parce qu’Il se heurte en lui à une barrière de suffisance. C’est l’arrogance qui nous amène à mépriser les autres, à les dominer, à les maltraiter: car « là où il y a orgueil, il y a offense et déshonneur » (Proverbes 11, 2) » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, nos 5-6).
(à suivre…)
Dominique Le Tourneau - Page 194
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Le péché originel (3)
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Ste Écriture (7)
Nous voulons donc non seulement connaître la Parole révélée mais en vivre, car le Maître et Seigneur (cf. Jean 13, 13-14) veut que nous portions « du fruit en abondance » (Jean 15, 8). Or, nous dit saint Jean Damascène, « comme un arbre planté au long d’un cours d’eau, ainsi l’âme, irriguée par les divines Écritures, se trouve ornée de feuillages verts, c’est-à-dire d’œuvres qui sont belles devant Dieu » (De fide orthodoxa 4, 17). « Tout ce qui a été écrit par avance a été écrit pour notre instruction », proclame saint Paul, qui ajoute que c’est « afin que par la patience et la consolation que donnent les Écritures nous possédions l’espérance » (Romains 14, 4). La connaissance des Écritures instruit dans la foi, renforce l’espérance des biens à venir, console dans les épreuves intérieures et extérieures. Comme l’écrit encore saint Paul, « toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit parfaitement équipé pour faire toute œuvre bonne » (2 Timothée 3, 16-17).
Telle est la suprême aspiration du chrétien, avec l’aide de la grâce de Dieu naturellement. Comme Jean-Paul II l’explique en se fondant indéniablement sur son expérience : « Apprendre à lire la Sainte Écriture est fondamental pour le croyant : c’est la première marche d’un escalier, qui se poursuit pas la méditation,puis par l’oraison proprement dite. Prier en partant de la lecture biblique est le chemin royal de la spiritualité chrétienne. Celui qui sait y consacrer le temps et les efforts nécessaires en recueille des fruits abondants » (Angélus, 20 juillet 1997).
Saint Josémaria, quant à lui, donnait un conseil pratique : « Pour approcher le Seigneur à travers les pages du saint Évangile, je vous recommande toujours de faire l’effort d’entrer dans la scène, d’y participer comme un personnage de plus. Je connais nombre d’âmes, normales et courantes qui le font. Ainsi, vous serez absorbés comme Marie, suspendue aux lèvres de Jésus ou, comme Marthe, vous oserez lui faire part sincèrement de vos soucis, mêmes les plus insignifiants (cf. Lc 10, 39-40) » (Amis de Dieu, n° 222). Et il précisait le « secret » de la vie chrétienne : « Suivre le Christ : voilà le secret. L’accompagner de si près que nous vivions avec lui, comme ses douze premiers apôtres ; de si près que nous nous identifiions à lui. Nous ne tarderons pas à affirmer, si nous ne mettons pas d’obstacle à l’action de la grâce, que nous nous sommes revêtus de notre Seigneur Jésus-Christ (cf. Romains 13, 14). Le Seigneur se reflète en notre conduite comme dans un miroir » (Ibid., n° 299).
(à suivre…) -
Ste Écriture (3)
« La Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger » (concile Vatican II, const. dogm. Dei Verbum, n° 12 § 3). Car l’Esprit « a laissé des traces de sagesse dans toutes les Écritures, y compris les plus modestes » (Origène, Selecta in psalmos 4). C’est pourquoi celui qui lit l’Écriture en invoquant l’Esprit Saint voit se développer en lui le don de sagesse. Et la sagesse conduit le lecteur à s’identifier à l’esprit du Christ, à partager ses sentiments. C’est à cela que saint Paul exhortait les fidèles de l’Église de Philippe (2, 5) : « Ayez entre vous les sentiments mêmes qui étaient ceux du Christ Jésus ». Le Christ a fait don de l’Esprit à l’homme et, en retour, l’Esprit communique à l’homme l’esprit du Christ pour vivre en hommes spirituels et non en hommes charnels (cf. 1 Corinthiens 3, 1 et suivants). Dans la lecture méditée du Nouveau Testament, l’Esprit fait découvrir la personnalité du Christ, amène à aimer Celui qui, « après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1), à s’attacher à lui et à vivre avec le Christ.
La personne du Christ est comme le point oméga de toute l’Écriture. Lui-même aide comprendre les passages obscurs de l’Ancien Testament et montre comment les prophéties s’accomplissent en lui. Un cas emblématique est la conversation de Jésus avec les deux disciples d’Emmaüs, auxquels il explique tout ce qui dans le concernait dans l’Écriture : « Telles sont les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout celui-là est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes et les psaumes » (Luc 24, 27).
Même si nous trouvons une grande diversité de genres littéraires dans la Bible — livres historiques, livres sapientiaux, livres prophétiques, épîtres, genre apocalyptique… — ils conservent une unité foncière : « L’Écriture est une en raison de l’unité du dessein de Dieu, dont le Christ Jésus est le cœur, ouvert depuis la Pâque » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 112). C’est le Père qui nous parle dans le Christ par la force de l’Esprit.
(à suivre…) -
Ste Écriture (2)
L’Écriture, disais-je, est vraiment la Parole de Dieu. En outre, « elle est vivante, la parole de Dieu, efficace, plus effilée qu’un glaive à deux tranchants, pénétrant jusqu’à séparer l’âme et l’esprit, les jointures et les moelles, dévoilant les sentiments et les pensées du cœur. Nulle créature ne peut se dérober à ses regards » (Hébreux 4, 12-13). C’est dire qu’elle est contemporaine de chaque lecteur : ce n’est pas une Parole qui passe et se démode. Cette parole est « le glaive de l’Esprit » (Éphésiens 6, 17), qui permet d’affronter la vie. Elle possède donc la force de l’Esprit qui éclaire l’intelligence et réchauffe le cœur, en même temps qu’il apporte une réponse aux inquiétudes et aux problèmes propres chaque époque.
C’est une parole consolante et qui engendre la vie, puisqu’elle fait naître les choses à partir du néant : « Il a dit et tout a été fait » (Psaume 33, 9). C’est bien ce qu’illustre le récit de la création que relate le Livre de la Genèse (1, 3 et suivants), où il est constamment indiqué que « Dieu dit » et « cela fut ainsi ». Mais cette parole inspire aussi le respect et la révérence envers son auteur, Dieu. Elle situe l’homme face au jugement final : « L’Apôtre de Dieu écrit cela non seulement pour ses lecteurs mais aussi pour nous tous. Il convient par conséquent que nous considérions constamment ce jugement divin, et que nous nous remplissions de crainte et de tremblement et que nous observions les préceptes de Dieu avec diligence en attendant le repos promis que nous obtiendrons dans le Christ » (Théodoret de Cyr ,Interpretatio Epistulæ ad Hæbreos) (nous verrons un autre jour ce qu’il faut entendre par « crainte de Dieu « ).
La Sainte Écriture ne nous transmet que ce que Dieu a voulu que nous connaissions, pour notre édification et notre sanctification, non pour satisfaire notre curiosité, même légitime. « Beaucoup de choses qui intéressent la curiosité humaine au sujet de Jésus ne figurent pas dans les Évangiles » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 514). Et, comme l’écrit saint Jean, « il est encore quantité de miracles que Jésus a fait en présence de ses disciples et qui n’ont pas été mis par écrit dans ce livre. Ceux-ci ont été mis par écrit pour que vous croyiez que jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie par son nom » (Jean 20, 30-31).
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Voyage en Italie en 1906 (suite)
Palerme, 19 février. Hier, nous avons visité les cathédrales dont l’extérieur, en un style tout à fait étrange, produit un effet étonnant de forteresse rendue plus séduisante à l’œil. L’intérieur est celui d’une grande église comme Saint-Sulpice.
Le Palais Royal, avec son bijou de Chapelle Palatine, malheureusement un peu trop sombre ; mais quelle somptuosité et quelle impression on aurait si on pouvait restituer une cérémonie religieuse avec les costumes du XIIème siècle.
La chambre du Roi Roger nous a fait aussi une étrange impression. C’est un somptueux cachot plutôt qu’une chambre.
L’ancienne église Saint-Jean, avec son petit cloître et toute sa flore exotique, est d’une poésie toute prenante ; quel joli coin ! Mais on regrette qu’il n’y ait que des murs.
La promenade à l’Acqua Santa et au village d’Arremelia [Arenella sur les cartes modernes] est agréable et permet de jouir de la Baie de Palerme du côté de Palerme. C’est bien de formes, un peu plus accentuées que les montagnes de Sorrente. Mais il y avait un peu trop de nuages et de brume en fin de journée.
La population vit dehors et les enfants vous accompagnent en bande, vous offrant leurs services, et demandant de la « moneta ». Leur voix est douce et leur physionomie généralement agréable de traits ; les hommes ont la voix gutturale. Les femmes ont des yeux superbes et une démarche pleine de noblesse. Mais on voit qu’il y a diversité de races et grand mélange de sang.
La ville est bien changée et améliorée, mais perd son cachet spécial : on a créé de grandes voies et tout un quartier neuf au pied du Monte Pellegrino. On rencontre encore dans la vieille ville tous les vicolos avec balcons et linges pendants qui donnent un cachet tout particulier et inconnu de nos pays.
Nous venons de visiter le Musée, qui est intéressant et contient des œuvres assez remarquables en peinture et sculpture, mais, sauf certaines ˛œuvres de Renaissance, ce ne sont pas les sommités de l’art.
Les églises de San Cataldo et de la Martorana sont intéressantes par leur disposition intérieure que l’on a restitué autant que possible, et leurs mosaïques, en partie anciennes ; mais ce sont de petites églises n’ayant pas les dimensions de nos sanctuaires actuels.
Dans la journée, nous sommes allés à la Villa Julia, à la promenade le long de la mer, d’où la vue est très belle sur la baie de Palerme, avec un bon éclairage des montagnes environnantes.
Girgenti [rebaptisée Agrigente en 1927], 22 février 1906. Nous sommes arrivés hier par la pluie battante, après avoir eu mauvais temps pendant une partie de notre route de Palerme ici.
Le trajet a été rendu désagréable par le transbordement de 500 mètres à pied sous la pluie, par suite d’un affaissement de la voie.
La route n’offre pas toutes les beautés dont on nous avait parlé. Il y a de beaux points de vue avec la mer et de hautes montagnes couvertes de neige, mais le paysage finit par être le même, surtout dans la traversée de la Sicile. Cependant, il y a de la grandeur et de la noblesse dans les lignes de montagnes que l‚on contourne.
L’arrivée à Girgenti produit une grande impression, avec ses horizons de montagnes couvertes de neige et ses premiers plans fortement vallonnés, et presque partout cultivés. La ville est curieuse mais n’offre rien de particulier ; les églises sont sans intérêt, et les quelques édifices que l‚on trouve sont d’un style médiocre.
Mais quelle joie et quelle satisfaction à la vue des temples antiques ! Leurs belles proportions et leurs lignes si pures étant si sévères, produisent un si prodigieux effet avec tant de simplicité.
Quelle devrait être l‚impression si l’on pouvait restituer les édifices qui entouraient ces temples, les habitants, etc.
Le Temple de la Concorde permet d’imaginer ce que pouvaient être ces cérémonies. Mais quelle était la décoration intérieure ? Rien ne peut nous aider dans une restitution.
Le Musée offre de l’intérêt par de superbes vases grecs, un magnifique sarcophage orné de triglyphes en marbre blanc, un torse de jeune homme d’une beauté et d’une exécution parfaites.
La situation de cette ville antique était superbe et fait comprendre combien elle était enviée par les peuples qui se disputaient la Sicile.
Les amandiers sont tous en fleurs, les blés sont verts, et toutes les fleurs des champs s’épanouissent au milieu des roches et des débris antiques. Aussi la campagne est séduisante, surtout en songeant à nos arbres sans feuilles. Autour de Palerme, on voit une quantité de citronniers, remplacés ici par des amandiers.
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Le rosaire
Le rosaire, du latin rosarium, « couronne », est une pratique de piété principalement diffusée par les dominicains de sorte qu’une tradition en attribue l’origine à leur fondateur, saint Dominique (v. 1170-1221), qui l’aurait reçue directement de la Vierge Marie. Elle consiste à réciter cent cinquante « Je vous salue Marie », répartis par groupes de cinquante, en méditant les « mystères » de la vie de notre Seigneur et de sa Mère, mystères « joyeux », « douloureux » et « glorieux ». C’est le « psautier de la Vierge », le « Bréviaire de l’Évangile », ou encore un « abrégé de tout l’Évangile » (Paul VI, encyclique Marialis cultus) et l’expression du culte et de la dévotion envers Marie. Le pape saint Pie V en a fixé la forme traditionnellement 1569. chaque groupe de cinq mystères est appelé « chapelet ». En 2002, le pape Jean-Paul II y a ajouté cinq mystères « lumineux », recouvrant la vie publique de Jésus.
Commençons par dire d’abord un mot de l’efficacité de la récitation du rosaire. « L’histoire de l’Église atteste l’efficacité de cette prière :elle nous rappelle la défaite des troupes turques dans un combat naval près des îles Échinades, et les victoires éclatantes remportées au siècle dernier sur le même peuple à Temesvar, en Hongrie, et à l’île de Corfou. Grégoire XIII voulut perpétuer le souvenir du premier de ces triomphes par l’institution d’une fête en l’honneur de Marie victorieuse. Plus tard, notre prédécesseur, Clément XI, appela cette solennité fête du Rosaire et décréta qu’elle serait célébrée chaque année dans l’Église universelle. Cette milice priante, étant « enrôlée sous l’étendard de Marie », en acquiert une nouvelle force et un nouvel honneur. C’est le but que vise spécialement, dans la prière du Rosaire, la répétition fréquente de la salutation angélique après la récitation de l’oraison dominicale » (Léon XIII, encyclique Augustissimæ, 12 septembre 1897).
Le pape Jean-Paul II a consacré une lettre apostolique au Rosaire de la Vierge Marie.
Le mois d’octobre étant donc consacré à la dévotion du rosaire, je me propose de donner un bref commentaire de chacun des vingt « mystères » et de parler aussi de la fête de Notre Dame du Rosaire, qui a lieu le 7 octobre. -
Voyage en Italie (suite 5)
13 mars. Nous avons passé la journée dans les ruines de la vieille Rome, le matin au Forum, l’après-midi au Palatin et au Colisée. Que de changements : le Forum, découvert de l’Arc de Septime Sévère à l’Arc de Titus, on suit la Voie sacrée, bordée de temples et de ruines de toute sorte, et personne ne passe plus là où nous avons vu voitures, bêtes et gens circuler sur une route poussiéreuse au milieu de l’herbe. On ne peut se figurer l’entassement de monuments, de ruines, de débris de toute sorte, et, malgré les souvenirs classiques, on a peine à se retrouver au milieu de toutes ces constructions ruinées.
Au Palatin, on a presque tout mis au jour : Palais de Caracalla, des Flaviens, de Septime Sévère, de Livie, où l’on voit des peintures plus belles que celles de Pompéi, dont le fini, le modelé étonnent.
Au milieu du Palais de Septime Sévère se trouve un cirque de plus de 150 mètres de long, entouré de portiques ; la loge impériale existe encore avec sa voûte ornée de caissons ; c’est fabuleux de proportions, et tout a été découvert depuis 1866.
Aussi suis-je bien heureux d’être revenu à Rome, qui, gâtée dans certaines parties, est encore plus intéressante dans ses parties anciennes.
Le Colisée a été débarrassé de son ridicule Chemin de Croix ; il produit toujours le même effet de construction colossale.
14 mars. Je suis allé à Saint-Paul-hors-les-murs et ai erré dans la Ville, pendant que Blanche était à Tivoli. Je lui passe la parole : « La visite de Tivoli est maintenant presque toujours précédée par celle de la Villa d’Hadrien que l’on a dégagée il y a trente ans, et qui est à quatre kilomètres avant Tivoli.
Hadrien avait réuni là théâtres, thermes, naumachies, stades, école de philosophes, habitation, temple égyptien, etc. Ce sont des restes très importants au milieu d’un parc d’oliviers et de grands cyprès. La visite en est extrêmement intéressante, bien que tous les marbres aient été enlevés et mis dans les musées.
À Tivoli, je suis allée sous la pluie aux Cascades et au Temple de Vesta. C’est un paysage charmant, et j’en suis revenue enchantée ».
15 mars. Nous avons, par un temps superbe, passé une journée charmante, le matin à la Villa Borghèse, devenue la Villa Umberto. Les ombrages, les perspectives, les pièces d’eau sont des plus heureux.
Rachetée par la Ville après la déconfiture des Borghèse, elle est devenue le Bois de Boulogne d’ici, en conservant tous ces beaux restes des demeures de neveux des Papes.
De là au Pincio, l’ancienne promenade romaine, où j’avais rêvé quand j‚avais 23 ans et attrapé les fièvres pour m’être attardé dans mes rêves.
Après avoir descendu l’escalier de la Trinité des Monts pour arriver à la Place d’Espagne, et avoir déjeuné dans un excellent restaurant italien, nous sommes allés à Sainte-Marie-Majeure et à San-Lorenzo-hors-les-murs, pour revenir au Quirinal et à la Fontaine Trevi. Quel ravissement en face de ces œuvres vraiment remarquables : Sainte-Marie-Majeure par ses belles proportions et ses mosaïques, San-Lorenzo par ses superbes mosaïques byzantines, les seules de Rome, ses ambons ornés de dessins en mosaïques, ses colonnes de marbre blanc, couronnées de chapiteaux corinthiens, intacts, et par deux chapiteaux tout à fait uniques, représentant une armure romaine avec bouclier, et des Victoires aux angles.
Cette basilique a été restaurée par Pie IX qui y a son tombeau, fort simple d’ailleurs, mais dans une chapelle décorée de mosaïques superbes.
En rentrant, nous avons admiré la superbe fontaine Trevi, que l’on ne peut se lasser de voir, un des plus beaux chefs d’œuvre de l’architecture.
16 mars. Notre journée s’est passée à visiter Saint-Pierre, les musées du Vatican, Saint-Paul-hors-les-murs et les ruines sur le chemin. Le tombeau du Pape Léon XIII à Saint-Pierre est des plus simples, sarcophage en marbre blanc dans une niche au-dessus d'une porte, avec dessus un coussin sur lequel est posée la tiare. Ni figure, ni symbole.
Les Chambres de Raphaël sont toujours aussi impressionnantes par leur puissante et magnifique décoration. On les a restaurées et elles sont en bon état ; il n’en est pas de même des Loges, dont les superbes décorations, genre Pompéi, ont presque partout disparu. On a restauré les scènes de l’Ancien Testament, qui sont dans les voûtes, mais d’une coloration trop vive.
La Chapelle Sixtine n‚a pas changé non plus, quoique les fresques m’aient paru un peu noircies. La Chapelle de Nicolas V avec les fresques de Fra Angelico est un bijou.
Les musées d’art antique sont les plus riches que je connaisse, il y a là réunis des chefs d’œuvre incomparables, et on ne peut se lasser d’admirer les quatre merveilles du Belvédère.
En avant de Saint-Paul-hors-les-murs, on achève un superbe portique formant atrium orné de magnifiques colonnes de granit, avec bases et chapitaux corinthiens en marbre blanc ; la façade au-dessus du portique est décorée de mosaïques représentant le Père éternel, les Quatre docteurs, l’Agneau Pascal faisant couler les sources où les brebis viennent puiser les bonheurs célestes et peut-être terrestres.
On pense restaurer le cloître : il m’a ravi, plus que celui de Monreale, qui est dans le même style.
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Voyage en Italie (suite 4)
7 mars, temps couvert. Nous sommes allés au Musée [de Naples], dont nous avons revu les chefs d’œuvre, et avons parcouru la vieille ville, où j’ai retrouvé quelques marchands de cuisine en plein air, à la Porte Capuana, mais bien moins qu’autrefois.
Ensuite, visite de la Cathédrale, que je ne me rappelais pas. La nouvelle façade sera bien, lorsque les deux flèches seront achevées.
Que ce pays est donc beau !
9 mars. Le temps couvert nous a fait rester à Naples. Nous sommes allés au Campo Santo, fort curieux par toutes ces chapelles de confréries où l’on dépose les corps momifiés dans des caves, comme aux catacombes à Rome. Quelques-unes sont comme de petites églises ; il y en a aussi comme les nôtres et des monuments plus ou moins baroques.
Le jour, nous sommes allés dans les parties neuves de la ville, avec rues à angles droits, et à San Martino pour redescendre à Chiaja par les nouvelles voies en corniche. Nous avons eu la chance de rencontrer un quatuor ambulant, violon, violoncelle, flûte et clarinette qui ne jouait vraiment pas mal. Il y a eu un air populaire, repris en chœur par les auditeurs.
Pompéi, 10 mars. J’ai eu la joie de retrouver tout seul la maison que j’avais relevée en 1866. Je l’ai parcourue avec amour, car je retrouvais mon enfant, et ai admiré tout ce que j’avais dessiné il y a quarante ans. Mais aussi, j’ai éprouvé une vraie peine en voyant dans quel état de vétusté et de délabrement étaient toutes les peintures que je trouvais si vives et si bien conservées, lorsqu’on les découvrait devant moi. Dans ce qui était le jardin, il y a encore de ces grandes jarres, dans lesquelles j’avais recueilli du lait solidifié. Cette maison doit avoir été reconnue comme ayant un intérêt spécial, car elle a une inscription spéciale et est mentionnée au guide.
Nous avons eu un grand bonheur en revoyant cette ville si intéressante et curieuse. Mais le temps a fait son œuvre et une grande partie des peintures est altérée au point de ne plus être reconnaissable. Telles celles de la Maison de Faune et du Poète tragique.
Quel changement aussi dans ce petit coin : on y arrive en train ou tram électrique ; l’Hôtel Dieu est éclairé à l’électricité, et nous y avons bu d’excellent Lacryma-Christi.
Pompéi, 11 mars. Pendant que votre Maman montait au Vésuve, je suis allé flâner dans les ruines, évoquant mes souvenirs et ceux de ma jeunesse. J’étais d’autant plus heureux que j’étais seul, et que j’ai pu aller et venir sans rencontrer de forestieri.
Dans la journée, après 3 heures, votre Mère étant revenue, nous avons visité la Villa Diomède, la Voie des Tombeaux, la Maison du Faune et le Musée, où sont les moulages palpitants encore des angoisses de la mort.
Votre Mère dit : « Le temps était clair le matin ; j’en ai profité pour monter au Vésuve, évitant ainsi la caravane Cook, et y allant d’ici seule, avec une voiture, un cheval et un guide. Quelle déception en haut : des nuages partout, et après m’être fait haler sur le cône de cendres, il m’a été dit : voilà le cratère, vous le voyez fumer ; il n’est pas prudent d’aller plus loin, et il n’y a qu’à redescendre. En bas du cône, nous avons obliqué pour nous approcher d’une coulée de lave incandescente.
Le temps s’est éclairci lorsque j’étais dans la plaine. Il semble que cette époque de l’année n’est pas favorable aux ascensions. La prudence n’était pas exagérée ; il y a eu deux jets de pierres incandescentes comme nous commencions à descendre, et l’un des voyageurs a été blessé à l’endroit où nous devions aller.
La descente en déambulant dans la cendre était amusante, et les guides ne comprenaient pas que je préfère gagner la voiture à pied plutôt qu’endurer les secousses du cheval ».
Rome, 12 mars. En face de la Poste, installée dans le couvent où étaient en 1866 le mess des officiers et le Génie, j’ai retrouvé la maison où j’avais habité chez le commandant Maurice, maintenant Maison de Banque. Puis nous sommes allés à la Place du Peuple, qui n’a pas changé, avec ses fontaines, ses églises, et l’entrée du Pincio, puis au Palais Borghèse où il y a maintenant un marchand d’antiquités.
Par la via Repetta, nous sommes allés au Tibre, qui est maintenant bordé de hauts quais avec des ponts en fer, ce qui le fait ressembler à un canal d’eau jaune et sale ; puis nous sommes revenus à la Place Navone, où il n’y a plus une seule boutique ambulante, ni un seul mendiant. Nous sommes passés devant le Panthéon, qui est complètement dégagé et entouré de grilles pour protéger les restes de murs que l’on a trouvés derrière.
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Voyage en Italie (fin)
16 mars. Nous avons vu Saint-Jean-de-Latran et son musée, où il y a tant de choses superbes, la Voie Appienne, et, après déjeuner dans une osteria ayant vue sur la campagne romaine, nous sommes revenus par les Thermes de Caracalla.
La campagne de Rome n’existe plus : partout la culture a remplacé les monticules stériles d’autrefois, et tout ce désert est maintenant habité. C’est certainement bien préférable au point de vue humain, mais l’artiste n’en déplore pas moins le charme qu’il avait éprouvé en voyant, de la Porte de Saint-Jean, la campagne au lever du soleil.
17 mars. Prenant une voie qui menait à la Via Appia, nous avons recherché le Tombeau de Cecilius Metelle ; mais après avoir visité les sépultures des Scipions, nous nous sommes attardés pour déjeuner en plein air dans une osteria, avec, dans le fond, les montagnes de la Sabine, dont les cimes sont encore couvertes de neige.
Puis nous sommes revenus admirer les ruines imposantes des Thermes de Caracalla, que l’on a bien changées par les consolidations qu‚on y a faites, mais dont on a aussi déblayé des parties que j’avais vues encombrées de débris de toute sorte.
[Nous sommes] rentrés par le Forum de Trajan et l’église du Gesù.
Rome, 19 mars. Notre journée du dimanche s’est passée à visiter quelques églises, après avoir assisté à la messe au Gesù, toujours aussi mondain et aussi fréquenté ; nous avons entendu des chants grégoriens.
À 11 heures un quart, nous étions au Palais Farnèse à admirer la belle galerie peinte par les Carrache, qui est restée superbe, fraîche de coloris, et si harmonieuse de composition. Ce beau palais appartient à la France, qui y loge son ambassadeur.
Puis nous sommes allés au Trastevere, qui est bien changé : sur les hauteurs à travers les jardins de Saint-Onofrio, de la Villa Corsini et de Saint-Pierre-in-Montorio, jusqu’à la fontaine de l’Aqua Paula, on a créé un superbe jardin, avec de beaux arbres, palmiers et conifères, d’où l’on a la plus belle vue sur Rome, le Vatican, Saint-Pierre et la campagne.
Aujourd’hui, j’ai passé la journée à errer dans la ville, à revoir bien des coins où j’étais passé étant jeune, pendant que Blanche était à Albano.
C’est la fête de Saint Joseph ; aussi beaucoup de monde dans les églises, presque toutes les boutiques fermées, et toutes les trattoria populaires ornées de branches vertes, avec tentures aux couleurs pontificales et italiennes, et un tableau représentant Saint Joseph tenant l’Enfant dans ses bras. Et l’on fabrique des montagnes de beignets, que le peuple mange sur place ou emporte chez lui pour festoyer. C’est tout à fait local : c’est un vrai jour de fête : on se promène et on festoie.
Rome est transformée et beaucoup de monuments sont mis en valeur, et bien des quartiers sont assainis ; il n’y a plus que des coins où l’on retrouve les vicolos d’autrefois. L’artiste n’y trouve plus ce pittoresque qui le charmait : ainsi, la Place Navone a maintenant des trottoirs en bitume, des grilles autour des fontaines, des bancs en marbre et l’éclairage électrique.
Où sont les étalages de marchands de fruits, légumes, fleurs, les gens mangeant leur romaine, assis sur les vasques des fontaines, les femmes vendant leurs vieilles épingles en cuivre ; c’est maintenant une place qui n’a plus d’attrait que ses magnifiques fontaines. Ces beautés artistiques feront toujours de Rome une ville sans rivale.
Blanche prend la parole : Je suis enchantée de ma promenade à Albano et Nemi, pour laquelle le temps m’a favorisée. Je suis allée à pied d’Albano à Nemi par une route superbe, avec de très beaux points de vue sur la campagne et au milieu d’oliviers magnifiques ; j’ai trouvé le lac Nemi délicieux avec ses eaux bleu clair et les deux petites villes de Genzano et Nemi perchées sur les deux rives opposées.
J’ai poussé à pied jusqu’à Castelgandolfo, où j’ai repris le chemin de fer : la route domine le lac d’Albano et a des points de vue charmants.
Gênes, 21 mars. Nous sommes arrivés hier soir après onze heures de chemin de fer peu intéressant sur une grande partie. Le paysage autour de Pise et Massa est assez beau, avec des montagnes aux silhouettes découpées, en partie encore couvertes de neige ; on voit en certains endroits les carrières de marbre.
Nous sommes allés au Campo Santo, qui a étonné votre Mère par sa grandeur. Les monuments sont pour la plupart bien médiocres et d’une modernité bien déplorable. On souhaiterait plus de sobriété et dans la forme et dans l’exécution.
Ernest Le Tourneau -
Le péché originel (1)
1. Son existence.
Il est pour le moins étrange que l’on parle si peu du péché originel, alors qu’il s’agit d’une réalité essentielle qui apporte une explication aux problèmes du monde.
Voyons les faits. Après avoir créé Adam et Ève, nos premiers parents, Dieu les plaça dans le jardin d’Éden, le paradis, en disant : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais quant à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu seras condamné à mourir » (Genèse 2, 16-17). Las, voilà que, dédaignant tout ce dont ils disposent, Adam et Ève se laissent séduire par cet arbre et par le diable qui présente à Ève Dieu comme un obstacle à sa liberté. Il commence par poser une question apparemment innocente, mais en réalité très pernicieuse : « Est-ce vrai que Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » (Genèse 3, 1). L’interdit ne porte que sur les fruits d’un seul arbre. Ève tombe dans le piège et commence à dialoguer avec le démon. C’est son erreur fatale. « Ne dialogue pas avec la tentation. Laisse-moi te le redire : aie le courage de fuir, aie la force de ne pas jouer avec ta faiblesse, en te demandant jusqu’où tu pourrais tenir. Tranche, sans concession ! (saint Josémaria, Sillon, n° 137).
Elle dit au serpent, forme sous laquelle le diable se présente à elle : « Des fruits des arbres du jardin, nous en mangeons. Mais les fruits de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, sinon vous mourriez » (Genèse 3, 2-3). Elle rétabli la vérité, certes. Mais le « serpent était le plus avisé de tous les animaux des champs » (Genèse 3, 1). Il sait comment embobiner son interlocutrice :
« Non, vous ne mourrez pas, mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal » (Genèse 3, 4-5).
Alors, « la femme vit que beau à voir, l’arbre était bon à manger, et désirable pour acquérir l’intelligence ; elle prit de ses fruits et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea » lui aussi, sans se soucier davantage des instructions divines (Genèse 3, 6).
Les conséquences sont immédiates : « Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; et, ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures » (Genèse3, 7). La nudité, qui ne leur posait aucun problème tant que les passions étaient soumises à la raison, devient quelque chose de honteux et réclame la pudeur, une vertu qui « désigne le refus de dévoiler ce qui doit rester caché » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2521).
L’homme se cache quand Dieu vient à sa recherche (voir Genèse 3, 9-10) : il a perdu confiance en la bonté paternelle de Dieu et, faisant un mauvais usage de sa liberté, a désobéi au commandement qu’il lui avait donné. C’est le premier péché, et c’est en cela que consiste aussi tout péché.
« Dans ce péché, l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là-même il a méprisé Dieu : il a fait le choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 398).
Ce péché n’est pas un défaut de croissance, une faiblesse psychologique, une simple erreur ou la conséquence d’une structure sociale inadéquate. Il faut le voir à la lumière de la Révélation divine : « C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le péché est un abus de la liberté que Dieu donne aux personnes créées pour qu’elles puissent L’aimer et s’aimer mutuellement » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 388).
« L’homme et la femme sont responsables de la faute. Mais derrière leur choix, il y a une voix séductrice, opposée à Dieu (voir Genèse 3, 5), un accusateur de l’homme (voir Job 1, 11 ; 2, 5-7) qui, par envie, le fait chuter dans la mort (voir Sagesse 2, 24). L’Écriture et la tradition de l’Église voient en cet être un ange déchu, appelé satan ou diable » (Catéchisme des évêques de France, n° 115).
(à suivre…)