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Dominique Le Tourneau - Page 193

  • 2ème mystère douloureux : la flagellation

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    Pilate ne semble guère disposé à entrer dans les vues des chefs du peuple juif qui lui amènent Jésus pour qu’il le juge. « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » leur demande-t-il. Et eux de répondre : « Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré » (Jean 18, 29-30). Mais ils semblent incapables d’avancer des chefs d’accusation précis.
    Quand ils ont fait passer Jésus en jugement, en pleine nuit, à la hussarde, ils n’ont pas réussi à trouver des témoins crédibles et capables de se mettre d’accord, leur permettant de formuler une accusation qui tint la route… Alors ils ne savent qualifier Jésus que du terme flou de « malfaiteur ».
    Pilate accepte d’interroger Jésus. Il conclut : « Je ne trouve chez lui aucun motif de condamnation » (Jean 18, 38).
    Les Juifs précisent qu’« il soulève le peuple, enseignant dans toute la Judée, depuis la Galilée, où il a débuté, jusqu’ici » (Luc 23, 5). Pilate profite de cette information pour faire une manœuvre de diversion en envoyant Jésus chez Hérode, mais sans faire avancer la cause.
    medium_Flagellation.LucaSignorelli.jpg« Vous m’avez amené cet homme comme excitant le peuple à la révolte. Je l’ai interrogé devant vous, et je n’ai trouvé en lui aucun des crimes dont vous l’accusez, ni Hérode non plus, car il nous l’a renvoyé. Vous le voyez : rien n’a été prouvé contre lui qui mérite la mort » (Luc 23, 14-15). Le procureur sait que l’objectif des Juifs est la mort du rabbi. Quand il leur avait dit : « Prenez-le, vous autres, et jugez-le selon votre loi », ils avaient répondu : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort » (Jean 18, 31-32). Pour eux, la sentence était arrêtée avant que le procès ne commence… C’est pourquoi quand Pilate a demandé à la foule, qui grossissait et manifestait de façon inquiétante pour le maintien de l’ordre public, de choisir entre Barabbas et Jésus, elle avait opté pour la libération du premier, qui « était un brigand » (Jean 18, 30), et réclamé pour Jésus « qu’il soit crucifié » (Matthieu 27, 23).
    Il est triste de voir la veulerie de Pilate. Il se décide pour une côte mal taillée : « Je vais donc le libérer après l’avoir fait châtier » (Luc 23, 16). « Je suis innocent du sang de ce juste » (Matthieu 27, 24), dira-t-il plus tard pour se justifier et se donner bonne conscience à bon marché. Et il livre Jésus pour que ses soldats le flagellent, sachant très bien qu’ils n’allaient pas être tendres avec Jésus. Drôle de justice !
    Quel parti prenons-nous ? Celui de Jésus, venu rendre témoignage à la Vérité ? (cf. Jean 18, 37). Celui de Pilate qui ne veut pas compromettre sa carrière et se lave les mains du meurtre d’un innocent ? Celui de la foule excitée par ses chefs qui réclame la mort de Jésus sans trop savoir pourquoi, tout en disant : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matthieu 27, 25) ? Celui des apôtres qui ont pris la fuite dans une peur panique ? Celui de Marie, de Jean et des saintes femmes, qui prient en silence, acceptent la volonté de Dieu et lui font pleinement confiance ?

  • 1er mystère glorieux : la Résurrection

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Le surlendemain de la mort du Christ sur la Croix, une fois le grand sabbat de la Pâque achevé, les saintes femmes « qui étaient venues avec lui de Galilée » (Luc 23, 55), prennent « alors qu’il faisait encore nuit » (Jean 20, 1) « les aromates qu’elles avaient préparées » (Luc 24, 1) pour achever de « l’embaumer » (Marc 16, 1). Il s’agit de « Marie la Magdaléenne et de l’autre Marie » (Matthieu 28, 1), c’est-à-dire « la mère de Jacques ». Salomé est aussi présente (Marc 16, 1).
« Elles se disaient entre elles : « Qui va nous rouler la pierre de devant l’entrée du tombeau ? » Et en regardant, elles s’aperçurent que la pierre avait été roulée » (Marc 16, 3-4). « Alors qu’elles ne savaient comment interpréter la chose, voilà que deux hommes en vêtements éblouissants se présentèrent à elles » (Luc 24, 4). Elles « furent prises de frayeur » (Marc 16, 5), n’osant lever les yeux (cf. Luc 24, 5). Mais ils leur dirent : « N’ayez pas de frayeur ! C’est Jésus de Nazareth que nous cherchez. » Ils montrent ainsi qu’ils sont au courant du sens de leur démarche. « Il est ressuscité. Il n’est pas ici » (Marc 16, 6).
Voici la nouvelle la plus inouïe jamais entendue : le Christ est ressuscité ! Il est bien mort le Vendredi saint, et les saintes femmes « examinèrent le tombeau et comment le corps avait été placé » (Luc 23, 55). Mais « il n’est pas ici ». Il n’est plus dans le sépulcre. Il est ressuscité !
Marie-Madeleine, qui a tant aimé Jésus, a le privilège d’être témoin de sa première apparition. Jésus, qu’elle prend pour le jardinier, lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Elle répond : « Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, pour que j’aille le reprendre » (Jean 20, 15). Elle s’exprime avec énergie et conviction. Elle veut son Jésus, comme nous devrions toujours vouloir être en sa présence. Jésus lui dit : « Myriam ! » Elle, se retournant, lui dit en hébreu : « Rabbouni ! » — ce qui veut dire « Maître » —. Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers le Père, mais va-t-en vers mes frères et dis-leur que je vais remonter vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20, 16-17).
Quand on sait le peu de cas que les hommes faisaient à l’époque de ce que les femmes disaient, et le peu de considération dont elles jouissaient dans la société, il est frappant de constater que Jésus charge précisément une femme d’aller annoncer aux disciples qu’il est ressuscité et qu’il va les « précéder en Galilée » (Marc 16, 17).
Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité, alléluia ! La mort n’a pas pu avoir d’emprise sur lui. Il était mort quand il l’avait voulu, quand « l’heure était venue pour lui de passer de ce monde auprès du Père » (Jean 13, 1). Mais il avait parlé de son pouvoir sur sa propre vie : « Je donne ma vie, pour la recouvrer ensuite. Personne ne me la prend : c’est moi qui la donne de mon propre chef. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la recouvrer ensuite » (Jean 10, 17-18). Jésus est ressuscité par la toute-puissance qu’il possède en tant que Dieu. Il est ressuscité !
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On imagine aisément la hâte avec laquelle Marie-Madeleine court raconter aux apôtres : « J’ai vu le Seigneur. Et voici ce qu’il m’a dit » (Jean 20, 18). Mais une déception l’attendait, car « eux, en entendant dire qu’il était vivant et qu’elle l’avait vu, se refusèrent à croire » (Marc 16, 11). Non seulement ils ne croient pas, mais ils refusent d’envisager cette hypothèse : le Christ est ressuscité ! Il le leur avait pourtant annoncé.
Il faudra que Jésus se présente en personne pour qu’ils croient. Le soir de sa résurrection, jour que nous appelons Pâques, alors que les portes du Cénacle étaient « fermées par peur des Juifs, Jésus arriva et se trouva devant eux » (Jean 20, 19). Ils sont stupéfaits et n’en croient pas leurs yeux. Pour les tirer de leur hébétude, le Seigneur leur dit : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est moi en personne. Touchez et voyez » (Luc 24, 39).
Jésus est ressuscité ! Il se montre à deux disciples, Cléophas et son compagnon, tous deux originaires d’Emmaüs, qui sont découragés et désertent. Ils ne le reconnaissent qu’à la fraction du pain et, retournant à Jérusalem reprendre leur place parmi les disciples, « ils se dirent l’un à l’autre : « N’avions-nous pas le cœur tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, nous expliquant les Écritures ? » (Luc 24, 32). Et à Jérusalem, les frères leur dirent : « Réellement le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon » (Luc 24, 34).
Et il apparaît encore huit jours plus tard pour l’apôtre Thomas qui continuait de refuser à croire. Sans doute sa sensibilité était-elle tout particulièrement meurtrie par les événements du Jeudi et du Vendredi saints. « Il dit à Thomas : « Amène ton doigt ici et regarde mes mains ; puis amène ta main et mets-la dans mon côté. Et ne sois pas incrédule, mais croyant » (Jean 20, 27).
medium_Resurrection.Blake.jpgJésus est ressuscité ! C’est le cœur du message évangélique. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans effet ; vous êtes donc encore dans vos péchés » (1 Corinthiens 15, 17). Le Christ est ressuscité ! Faisons un acte de foi comme Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20, 28). Oui, mon Seigneur et mon Dieu, je crois que tu es vivant, « le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité » (Hébreux 13, 8), et que tu es ressuscité comme prémices de notre propre résurrection à la fin des temps (cf. 1 Corinthiens 15, 20-24).

  • Ste Écriture (6)

    Pour une « approche » correcte des Saintes Écritures, il convient d’en aborder la lecture avec des dispositions d’écoute et de méditation, pour en retirer tous les fruits possibles.

    « À celui qui possède l’amour de la Parole, sera aussi donnée l’intelligence pour comprendre cette Parole qu’il aime, tandis que celui qui n’aime pas la parole ne goûtera pas les délices de la vraie sagesse, même s’il croit la posséder, à cause de ses qualités naturelles ou de ses études » (Saint Bède, Commentaire à l’Évangile de Marc ). Dans l’Écriture Sainte, « que l’on ne peut comparer qu’à la Sainte Eucharistie », comme le disait Claudel (« Introduction à l’Évangile d’Isaïe », Le poëte et la Bible II 1945-1955, Paris, 2004, p. 1289), l’Église trouve sans cesse sa nourriture et sa force, car en elle, elle n’accueille pas seulement une parole humaine, « mais ce qu’elle est réellement : la Parole de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 104), qui ne cesse de nous rapporter les magnalia Dei (Saint Augustin, In Ioannis Evangelium tractatus 122, 2), au profit des hommes. De plus, nous dit Théodore de Cyr, « écouter les paroles ne suffit pas pour être sauvé. Il faut les recevoir avec foi et les garder avec fermeté. À quoi sert la promesse divine à ceux qui l’ont reçue, s’ils ne l’ont pas reçue fidèlement et s’ils n’ont pas mis leur confiance dans le pouvoir de Dieu et ne se sont pas fondus, pour ainsi dire, dans les paroles divines ? » (Interpretatio Epistulæ ad Hæbreos 4).

    Il y a donc tout intérêt à effectuer cette lecture pour chercher une implication concrète des textes scripturaires dans notre vie de chrétien plongé dans les réalités du monde, à l’instar de nos premiers frères dans la foi. En effet, fait remarquer l’évêque d’Hippone, « ceux qui se parent d’un nom et qui ne l’ont pas, quelle joie leur donne-t-il, ce nom, si ce n’est pas la réalité ?… Ainsi beaucoup s’appellent chrétiens, mais ne le sont pas, parce qu’ils ne sont pas ce qu’ils disent être ni dans la vie, ni dans les mœurs, ni dans l’espérance, ni dans la charité » (Saint Augustin, In Epistola Ioannis tractatus 4, 4, cité par Jean-Paul II, « Discours à 8 000 professeurs, élèves et anciens élèves de collèges romains », 9 février 1980).

    (à suivre…)

  • Ste Écriture (4)

    L’Écriture Sainte étant la Parole de Dieu, elle est insondable, c’est-à-dire que l’homme n’arrivera jamais à la connaître en profondeur. Il ne peut que s’approcher de la Vérité, en acquérir une connaissance toute partielle et limitée. Mais cela explique aussi qu’à chaque génération, et que pour chaque croyant lui-même, un progrès dans l’approfondissement soit possible, que de nouvelles significations puissent être découvertes. C’est le cas, pour citer un exemple, quand saint Josémaria Escriva comprend, à partir de Genèse II, 15 où il est dit que l’homme a été placé dans le jardin d’Éden ut operaretur, pour qu’il le cultive, que l’homme a été créé pour travailler et participer ainsi à l’activité permanente de Dieu. D’ailleurs, Dieu avait dit lui-même : « J’ouvrirai ma bouche en paraboles, et je révélerai des choses cachées depuis la création du monde » (Matthieu 13, 35 ; cf. Psaume 78, 2).

    Cette Parole est proclamée à la messe à tous les fidèles, qui l’écoutent debout en signe de respect. Après la lecture, l’officiant invite : « Acclamons la Parole de Dieu. » Ce à quoi le peuple répond : « Louange à Toi, Seigneur Jésus », confessant ainsi que la Parole est bien le Verbe de Dieu. Cette Parole, est écoutée « dans la Tradition vivante de toute l’Église », car c’est le magistère de l’Église qui seul a autorité pour l’interpréter de façon authentique. « Selon un adage des Pères, la Sainte Écriture se lit bien plus dans le cœur de l’Église que dans les moyens matériels de son expression. En effet, l’Église porte dans sa tradition la mémoire vivante de la Parole de Dieu, et c’est l’Esprit Saint qui lui donne l’interprétation spirituelle de l’Écriture » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 113). D’où l’exclamation de saint Grégoire le Grand : « Oh ! l’admirable profondeur des paroles de Dieu ! C’est une joie que de diriger là son regard, une joie de pénétrer ses secrets, avec la grâce pour guide. Chaque fois que nous la scrutons, essayant de comprendre, que faisons-nous, sinon entrer dans l’opacité des forêts pour nous dérober dans la fraîcheur aux chaleurs étouffantes de ce monde ? » (Homélies sur Ézéchiel 1, 5, 1).
    « La force et la puissance que recèle la parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle » (concile Vatican II, const. dogm. Dei Verbum, n° 21). C’est pourquoi l’accès à la Sainte Écriture doit être « largement ouvert aux chrétiens » (Ibid., n° 22). Recourons encore à saint Augustin, qui énonce une proposition hardie : « La Parole de Dieu que l’on ouvre chaque jour, que l’on vous rompt en quelque sorte, est aussi un pain quotidien. Nos esprits ont faim de lui, comme de l’autre pain nos corps » (Sermon 58, 5). Et saint Ambroise d’affirmer dans la même ligne : « Corps [du Fils de Dieu] sont les Écritures qui nous sont transmises » (Expositio in Lucam 6, 33). Le fidèle se nourrit donc et du Pain de la parole de Dieu et du Pain de l’Eucharistie.

    (à suivre…)

  • Le péché originel (2)

    2. Les conséquences.
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    Quand Dieu l’avait créé, il avait comblé l’homme de bienfaits : des dons surnaturels — la grâce de la sainteté originelle était « une participation à la vie divine », que nous appelons grâce sanctifiante — et le dons préternaturels, qui ne sont pas dus par la nature, mais vont au-delà : intégrité ou soumission parfaite des sens à la raison ; immortalité ; immunité de toute douleur ; science proportionnée à leur état.
    Par conséquent, « tant qu'il demeurait dans l'intimité divine, l'homme ne devait ni mourir, ni souffrir. L’harmonie intérieure de la personne humaine, l’harmonie entre l’homme et la femme, enfin l’harmonie entre le premier couple et toute la création constituait l’état appelé « justice originelle » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 376).
    L’homme était maître de soi, parce que la triple concupiscence dont parle saint Jean (voir 1 Jean 2, 16) n'existait pas en lui (l'attrait désordonné des plaisirs des sens ; la convoitise désordonnée des biens terrestres ; l'affirmation désordonnée de soi qui traduit l'orgueil).
    Par suite du péché, nos premiers parents commencent à regarder Dieu avec crainte et méfiance ; ils perdent les dons surnaturels et préternaturels ; la nature elle-même — bien qu’elle reste bonne — est blessée : l’intelligence est affaiblie pour connaître la vérité, et tombe facilement dans l’ignorance et dans l’erreur ; la volonté, affaiblie pour faire le bien, incline facilement au mal ; les sens n’obéissent pas à la raison ; surtout, la conséquence explicitement annoncée en cas de désobéissance se réalise : « Tu es glaise, et tu retourneras à la glaise » (Genèse 3, 19). Ainsi, « par un seul homme, Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort », dira saint Paul (Romains 5, 12). Par sa transgression, l’homme a « perdu la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi » (concile de Trente). Il est chassé du paradis terrestre. Désormais, la femme enfante dans la douleur et le travail devient pénible : « Tu mangeras du pain à la sueur de ton front » (Genèse 3, 19).
    La nature humaine est gravement blessée par le péché originel. « L’harmonie dans laquelle ils [nos premiers parents] étaient, établie grâce à la justice originelle, est détruite ; la maîtrise des facultés spirituelles de l’âme sur le corps est brisée ; l’union de l’homme et de la femme est soumise à des tensions ; leurs rapports sont marqués par la convoitise et la domination. L’harmonie avec la création est rompue : la création visible est devenue pour l’homme étrangère et hostile » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 400). Dieu n’a pas créé des pécheurs, mais des hommes libres qui, usant mal de cette liberté, sont devenus pécheurs.
    L’homme porte désormais en lui le foyer du péché ou fomes peccati, « inclination au péché que la Tradition appelle la concupiscence » (Ibid., n° 1264). Elle est laissée en l’homme pour qu’il puisse « lutter et résister avec courage par la grâce du Christ » (concile de Trente), par l’ascèse.

    (à suivre…)

  • La Sainte Écriture (1)

    Lire la Sainte Écriture, c’est-à-dire la Parole de Dieu contenue dans la Bible

    Jésus a promis que sa présence ne ferait jamais défaut aux hommes : « Et moi, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). Cette promesse se réalise, entre autres, par la Sainte Écriture, en particulier dans les Évangiles, par lesquels le Seigneur continue de parler aux hommes et aux femmes de tous les temps, aux hommes et aux femmes de notre époque, à chacun d’entre nous.
    Cette parole est une « bonne nouvelle ». C’est ce que signifie le mot « évangile ». C’est pourquoi le croyant en aborde la lecture en disant, avec le prophète Jérémie (15, 16) : « Que ta parole devienne mon délice et la joie de mon cœur. » Il ne fait pas de doute qu’il lui sera très vite donné de pouvoir dire : « Ta parole est douce à mon palais, plus que le miel à ma bouche » (Psaume 119, 103).
    « La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit » (concile Vatican II, constitution dogmatique Dei verbum, n° 9). Mais, comme le Verbe est Dieu le Fils en personne, « à travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui Il se dit tout entier » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 102). C’est ce que saint Augustin exprimait en ces termes : « Rappelez-vous que c’est une même Parole de Dieu qui s’étend dans toutes les Écritures, que c’est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n’y a pas besoin de syllabes parce qu’il n’y est pas soumis au temps » (Enarratio in psalmos 103, 4, 1).
    Par conséquent, la parole contenue dans la Bible, aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament, bien que rédigée par des auteurs humains, n’est pas une parole humaine, mais la Parole de Dieu. « Dans les Saints Livres, en effet, le Père, qui est aux cieux, vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux » (concile Vatican II, const. dogm. Dei Verbum, n° 21). C’est une Parole qui interpelle, qui veut engager un dialogue et à laquelle l’homme est donc invité à répondre. « Dieu nous parle par ses lectures, parlons-lui par nos prières. Si nous écoutons avec obéissance ses paroles, il habitera en nous, celui que nous implorons » (saint Augustin, Sermon 219).

    (à suivre…)

  • Litanies du chapelet

    Litanies

    La récitation du chapelet s’achève habituellement par les litanies de Lorette, une série d’invocations à la Sainte Vierge, connue depuis le XIIe siècle.
    On pourrait ajouter bien d’autres invocations, comme, par exemple :
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    Aimée de Dieu par dessus tout
    Belle comme la lune
    Belle entre toutes
    Brillante comme l’aurore
    Cœur immaculé
    Cœur très aimable
    Cœur très doux
    Couronne de jubilation
    Épouse de Dieu le Saint-Esprit
    Étoile de l’évangélisation
    Étoile de l’Orient
    Exemple des vertus
    Exemple excellent entre tous
    Fille de Dieu le Père
    Fontaine de toutes les grâces
    Gloire de Jérusalem et joie d’Israël
    Guide très sûr
    Habitacle du Dieu tout-puissant
    Maîtresse admirable de foi
    Maîtresse de prière
    Mère d’abondante miséricorde
    Mère d’espérance et de grâce
    Mère de Dieu le Fils
    Mère du Bel amour
    Mère du Sauveur du monde
    Mère illustre entre toutes
    Notre avocate
    Notre défenseur
    Notre espérance
    Notre intercesseur
    Notre médiatrice auprès du Christ
    Odeur de sainteté
    Pleine de charité et d’amour
    Porte du Cœur très doux de Jésus
    Protectrice de tous ceux qui sont fidèles
    Reine au doux nom
    Reine de notre cœur
    Reine de tous les chrétiens
    Reine des Français
    Reine resplendissante de gloire
    Resplendissante comme le soleil
    Rose très belle
    Servante du Seigneur
    Terrible comme une armée rangée en ordre de bataille
    Toute-puissance suppliante
    Trésor inépuisable d’amour
    Trône de la gloire
    Vierge d’allégresse
    Vierge de bonté
    Vierge glorieuse et bénie.

  • Acceptation de la mort

    Prière

    Ô Dieu, mon Père, Maître de la vie et de la mort, toi qui as établi par un décret immuable que tous les hommes doivent mourir, en châtiment adéquat de nos méfaits, regarde-moi, prosterné devant toi. Je déteste de tout mon cœur mes fautes passées, pour lesquelles j’ai mille fois mérité la mort, que j’accepte actuellement pour les expier et pour obéir à ton aimable volonté. Je mourrai avec joie, Seigneur, au moment, à l’endroit et de la façon que tu voudras, et je profiterai d’ici là de tous les jours qu’il me reste à vivre pour lutter contre mes défauts et pour croître en ton amour, pour briser les liens qui attachent mon cœur aux créatures, pour préparer mon âme à comparaître en ta présence ; et je me place dès à présent dans les bras de ta providence paternelle.

    Prière pour obtenir une bonne mort :

    Mon Créateur et mon Père, je te demande la plus importante de toutes les grâces : la persévérance finale et une sainte mort. Même si j’ai beaucoup abusé de la vie que tu m’as donnée, accorde-moi de la vivre désormais et de la terminer en ton saint amour.
    Fais que je meure comme les saints patriarches, abandonnant sans tristesse cette vallée de larmes, pour aller jouir du repos éternel dans ma vraie patrie.
    Fais que je meure comme le glorieux saint Joseph, accompagné par Jésus et par Marie, en prononçant ces noms très doux que j’espère bénir pour l’éternité.
    Fais que je meure comme la Vierge immaculée, dans la charité la plus pure et avec le désir de m’unir à l’unique objet de mes amours.
    Fais que je meure comme Jésus sur la Croix, pleinement identifié à la volonté du Père, devenu holocauste par amour.
    Jésus, mort pour moi, accorde-moi la grâce de mourir dans un acte de charité parfaite envers toi.
    Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi maintenant et à l’heure de ma mort.
    Saint Joseph, mon père et seigneur, obtiens-moi la grâce de mourir de la mort des justes.

    Prière pour le moment de la mort :

    Mon Seigneur et mon Dieu, j’accepte dès à présent de plein gré, comme venant de ta main, n’importe quel genre de mort que tu voudras m’envoyer, avec toutes ses angoisses, ses peines et ses douleurs.

    V. Jésus, Marie, Joseph.
    R. Je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie.
    V. Jésus, Marie, Joseph.
    R. Soyez à mes côtés lors de mon agonie.
    V. Jésus, Marie, Joseph.
    R. Puissé-je en paix mourir en votre compagnie.

  • Les trois voies de la vie spirituelle

    Les trois voies par lesquelles l'âme passe progressivement, selon les auteurs spirituels, sont :
    La « voie purgative » est le chemin des commençants, ou débutants dans la vie de prière, qui purifient progressivement leur âme par la pénitence et la mortification (privation volontaire par amour de Dieu), la lutte contre les passions désordonnées, l’aversion du péché. La « voie illuminative » est le chemin des progressants, conduits à imiter le Christ, lumière du monde, en pratiquant la charité et les autres vertus – dispositions stables à bien agir – en s’adonnant à la prière, spécialement l’oraison – prière de l’esprit –, en fuyant toute tiédeur dans la vie de foi. Enfin la « voie unitive » est l’étape ultime dans le progrès de la vie spirituelle : une fois entièrement purifiée et pratiquant habituellement les vertus, l’âme est prête pour l’union intime avec Dieu, objectif de la voie unitive.
    [ces définitions sont tirées de mon ouvrage Les mots du christianisme. Catholicisme — Orthodoxie — Protestantisme, Fayard, 2005]

    L’effort de l’homme pour observer les commandements de Dieu (voir Exode 10, 1-17 ; Dt 5, 6-18) ou les béatitudes (voir Matthieu 5, 3-12 ; Luc 6, 20-23) suppose de vaincre le péché et le mal moral tel qu’il existe dans notre vie. L’âme purifie donc peu à peu. C’est la première étape, purgative.
    « En même temps, cela permet de découvrir des valeurs. On peut donc conclure que la voie purgative débouche tout naturellement sur la voie illuminative », déclarait le pape Jean-Paul II (1978-2005). Il donnait quelques exemples de ce processus transformateur dans son ouvrage Mémoire et identité, Flammarion, 2005, p. 41 et s. J’en cite deux : « En observant le commandement : « Tu ne tueras pas ! » l’homme découvre la valeur de la vie sous divers aspects et apprend à avoir un respect toujours plus profond pour elle. En observant le commandement : « Tu ne commettras pas d’adultère ! » l’homme fait sienne la vertu de pureté, et cela signifie qu’il découvre toujours mieux la beauté gratuite du corps humain, de la masculinité et de la féminité. C’est précisément cette beauté gratuite qui devient la lumière de ses actes. »
    L’homme acquiert de la sorte une liberté intérieure de plus en plus grande. « La lumière intérieure éclaire ses actes et lui montre tout le bien du monde créé comme provenant de la main de Dieu. De cette façon, la voie purgative et, à son tour, la voie illuminative constituent l’entrée naturelle dans la voie appelée unitive », dans laquelle l’âme fait une expérience personnelle d’une union particulière avec Dieu qui, en elle-même, est une anticipation de l’union qui aura lieu au ciel, pour l’éternité.

  • La tentation

    « Veillez et prier pour ne pas entrer en tentation » (Marc 14, 38), dit Jésus à ses disciples au Jardin des Oliviers.
    La recommandation est claire. Ne pas entrer en tentation ne veut pas dire ne pas être en butte à la tentation, mais ne pas lui donner prise, de pas y succomber.
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    La tentation en elle-même n’est pas une mauvaise chose. C’est, comme l’étymologie le suggère, une mise à l’épreuve. Autrement, le Christ n’aurait pas laissé le diable le tenter au terme des quarante jours qu’il a passé à jeûner dans le désert pour se préparer à sa vie publique, à prêcher la Bonne Nouvelle. Le Christ vaincu le tentateur pour nous : « Nous n’avons pas un grand-prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, Lui qui a été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché » (Hébreux 4, 15).
    Quand, dans le « Notre Père », nous adressons à Dieu la demande suivante : « Ne nous soumets pas à la tentation », ce que nous lui demandons en fait, c’est « de ne pas nous laisser seuls au pouvoir de la tentation. Nous demandons à l’Esprit de savoir discerner d’une part entre l’épreuvequi nous fait grandir dans le bien et la tentation qui mène au péché et à la mort, et, d’autre part, entre être tenté et consentir à la tentation » (, n° 596).
    Ne pas entrer dans la tentation implique une décision du cœur, s’appuyant sur l’aide de la grâce divine : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur […] Nul ne peut servir deux maîtres » (Matthieu 6, 21.24). De plus, « aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; Il ne permettra pas que voussoyez tenté au-delà de vos forces. Avec la tentation, Il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter » (1 Corinthiens 10, 13). Cette affirmation de l’Apôtre est particulièrement importante. Elle apporte la sérénité et la confiance dans la lutte pour la sainteté. Ces moyens que Dieu donne pour surmonter les épreuves de la vie spirituelle, nous les recevons dans la prière — avec sa composante de mortification volontaire de nos sens — et dans la fréquentation des sacrements. Car, « sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5), mais « tout est possible à celui qui croit » (Marc 2, 23).
    Le péché n’est donc pas inéluctable. Dire : « c’est plus fort que moi », « c’est dans ma nature », « je suis comme cela », n’est qu’une excuse au manque d’effort pour prendre les moyens d’affronter la tentation avec un moral de vainqueur et le désir sincère de ne pas offenser Dieu.