Lire la Sainte Écriture, c’est-à-dire la Parole de Dieu contenue dans la Bible
Jésus a promis que sa présence ne ferait jamais défaut aux hommes : « Et moi, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). Cette promesse se réalise, entre autres, par la Sainte Écriture, en particulier dans les Évangiles, par lesquels le Seigneur continue de parler aux hommes et aux femmes de tous les temps, aux hommes et aux femmes de notre époque, à chacun d’entre nous.
Cette parole est une « bonne nouvelle ». C’est ce que signifie le mot « évangile ». C’est pourquoi le croyant en aborde la lecture en disant, avec le prophète Jérémie (15, 16) : « Que ta parole devienne mon délice et la joie de mon cœur. » Il ne fait pas de doute qu’il lui sera très vite donné de pouvoir dire : « Ta parole est douce à mon palais, plus que le miel à ma bouche » (Psaume 119, 103).
« La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit » (concile Vatican II, constitution dogmatique Dei verbum, n° 9). Mais, comme le Verbe est Dieu le Fils en personne, « à travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui Il se dit tout entier » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 102). C’est ce que saint Augustin exprimait en ces termes : « Rappelez-vous que c’est une même Parole de Dieu qui s’étend dans toutes les Écritures, que c’est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n’y a pas besoin de syllabes parce qu’il n’y est pas soumis au temps » (Enarratio in psalmos 103, 4, 1).
Par conséquent, la parole contenue dans la Bible, aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament, bien que rédigée par des auteurs humains, n’est pas une parole humaine, mais la Parole de Dieu. « Dans les Saints Livres, en effet, le Père, qui est aux cieux, vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux » (concile Vatican II, const. dogm. Dei Verbum, n° 21). C’est une Parole qui interpelle, qui veut engager un dialogue et à laquelle l’homme est donc invité à répondre. « Dieu nous parle par ses lectures, parlons-lui par nos prières. Si nous écoutons avec obéissance ses paroles, il habitera en nous, celui que nous implorons » (saint Augustin, Sermon 219).
(à suivre…)
Dominique Le Tourneau - Page 193
-
La Sainte Écriture (1)
-
Litanies du chapelet
Litanies
La récitation du chapelet s’achève habituellement par les litanies de Lorette, une série d’invocations à la Sainte Vierge, connue depuis le XIIe siècle.
On pourrait ajouter bien d’autres invocations, comme, par exemple :
Aimée de Dieu par dessus tout
Belle comme la lune
Belle entre toutes
Brillante comme l’aurore
Cœur immaculé
Cœur très aimable
Cœur très doux
Couronne de jubilation
Épouse de Dieu le Saint-Esprit
Étoile de l’évangélisation
Étoile de l’Orient
Exemple des vertus
Exemple excellent entre tous
Fille de Dieu le Père
Fontaine de toutes les grâces
Gloire de Jérusalem et joie d’Israël
Guide très sûr
Habitacle du Dieu tout-puissant
Maîtresse admirable de foi
Maîtresse de prière
Mère d’abondante miséricorde
Mère d’espérance et de grâce
Mère de Dieu le Fils
Mère du Bel amour
Mère du Sauveur du monde
Mère illustre entre toutes
Notre avocate
Notre défenseur
Notre espérance
Notre intercesseur
Notre médiatrice auprès du Christ
Odeur de sainteté
Pleine de charité et d’amour
Porte du Cœur très doux de Jésus
Protectrice de tous ceux qui sont fidèles
Reine au doux nom
Reine de notre cœur
Reine de tous les chrétiens
Reine des Français
Reine resplendissante de gloire
Resplendissante comme le soleil
Rose très belle
Servante du Seigneur
Terrible comme une armée rangée en ordre de bataille
Toute-puissance suppliante
Trésor inépuisable d’amour
Trône de la gloire
Vierge d’allégresse
Vierge de bonté
Vierge glorieuse et bénie. -
Acceptation de la mort
Prière
Ô Dieu, mon Père, Maître de la vie et de la mort, toi qui as établi par un décret immuable que tous les hommes doivent mourir, en châtiment adéquat de nos méfaits, regarde-moi, prosterné devant toi. Je déteste de tout mon cœur mes fautes passées, pour lesquelles j’ai mille fois mérité la mort, que j’accepte actuellement pour les expier et pour obéir à ton aimable volonté. Je mourrai avec joie, Seigneur, au moment, à l’endroit et de la façon que tu voudras, et je profiterai d’ici là de tous les jours qu’il me reste à vivre pour lutter contre mes défauts et pour croître en ton amour, pour briser les liens qui attachent mon cœur aux créatures, pour préparer mon âme à comparaître en ta présence ; et je me place dès à présent dans les bras de ta providence paternelle.
Prière pour obtenir une bonne mort :
Mon Créateur et mon Père, je te demande la plus importante de toutes les grâces : la persévérance finale et une sainte mort. Même si j’ai beaucoup abusé de la vie que tu m’as donnée, accorde-moi de la vivre désormais et de la terminer en ton saint amour.
Fais que je meure comme les saints patriarches, abandonnant sans tristesse cette vallée de larmes, pour aller jouir du repos éternel dans ma vraie patrie.
Fais que je meure comme le glorieux saint Joseph, accompagné par Jésus et par Marie, en prononçant ces noms très doux que j’espère bénir pour l’éternité.
Fais que je meure comme la Vierge immaculée, dans la charité la plus pure et avec le désir de m’unir à l’unique objet de mes amours.
Fais que je meure comme Jésus sur la Croix, pleinement identifié à la volonté du Père, devenu holocauste par amour.
Jésus, mort pour moi, accorde-moi la grâce de mourir dans un acte de charité parfaite envers toi.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi maintenant et à l’heure de ma mort.
Saint Joseph, mon père et seigneur, obtiens-moi la grâce de mourir de la mort des justes.
Prière pour le moment de la mort :
Mon Seigneur et mon Dieu, j’accepte dès à présent de plein gré, comme venant de ta main, n’importe quel genre de mort que tu voudras m’envoyer, avec toutes ses angoisses, ses peines et ses douleurs.
V. Jésus, Marie, Joseph.
R. Je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie.
V. Jésus, Marie, Joseph.
R. Soyez à mes côtés lors de mon agonie.
V. Jésus, Marie, Joseph.
R. Puissé-je en paix mourir en votre compagnie. -
Les trois voies de la vie spirituelle
Les trois voies par lesquelles l'âme passe progressivement, selon les auteurs spirituels, sont :
La « voie purgative » est le chemin des commençants, ou débutants dans la vie de prière, qui purifient progressivement leur âme par la pénitence et la mortification (privation volontaire par amour de Dieu), la lutte contre les passions désordonnées, l’aversion du péché. La « voie illuminative » est le chemin des progressants, conduits à imiter le Christ, lumière du monde, en pratiquant la charité et les autres vertus – dispositions stables à bien agir – en s’adonnant à la prière, spécialement l’oraison – prière de l’esprit –, en fuyant toute tiédeur dans la vie de foi. Enfin la « voie unitive » est l’étape ultime dans le progrès de la vie spirituelle : une fois entièrement purifiée et pratiquant habituellement les vertus, l’âme est prête pour l’union intime avec Dieu, objectif de la voie unitive.
[ces définitions sont tirées de mon ouvrage Les mots du christianisme. Catholicisme — Orthodoxie — Protestantisme, Fayard, 2005]
L’effort de l’homme pour observer les commandements de Dieu (voir Exode 10, 1-17 ; Dt 5, 6-18) ou les béatitudes (voir Matthieu 5, 3-12 ; Luc 6, 20-23) suppose de vaincre le péché et le mal moral tel qu’il existe dans notre vie. L’âme purifie donc peu à peu. C’est la première étape, purgative.
« En même temps, cela permet de découvrir des valeurs. On peut donc conclure que la voie purgative débouche tout naturellement sur la voie illuminative », déclarait le pape Jean-Paul II (1978-2005). Il donnait quelques exemples de ce processus transformateur dans son ouvrage Mémoire et identité, Flammarion, 2005, p. 41 et s. J’en cite deux : « En observant le commandement : « Tu ne tueras pas ! » l’homme découvre la valeur de la vie sous divers aspects et apprend à avoir un respect toujours plus profond pour elle. En observant le commandement : « Tu ne commettras pas d’adultère ! » l’homme fait sienne la vertu de pureté, et cela signifie qu’il découvre toujours mieux la beauté gratuite du corps humain, de la masculinité et de la féminité. C’est précisément cette beauté gratuite qui devient la lumière de ses actes. »
L’homme acquiert de la sorte une liberté intérieure de plus en plus grande. « La lumière intérieure éclaire ses actes et lui montre tout le bien du monde créé comme provenant de la main de Dieu. De cette façon, la voie purgative et, à son tour, la voie illuminative constituent l’entrée naturelle dans la voie appelée unitive », dans laquelle l’âme fait une expérience personnelle d’une union particulière avec Dieu qui, en elle-même, est une anticipation de l’union qui aura lieu au ciel, pour l’éternité. -
La tentation
« Veillez et prier pour ne pas entrer en tentation » (Marc 14, 38), dit Jésus à ses disciples au Jardin des Oliviers.
La recommandation est claire. Ne pas entrer en tentation ne veut pas dire ne pas être en butte à la tentation, mais ne pas lui donner prise, de pas y succomber.
La tentation en elle-même n’est pas une mauvaise chose. C’est, comme l’étymologie le suggère, une mise à l’épreuve. Autrement, le Christ n’aurait pas laissé le diable le tenter au terme des quarante jours qu’il a passé à jeûner dans le désert pour se préparer à sa vie publique, à prêcher la Bonne Nouvelle. Le Christ vaincu le tentateur pour nous : « Nous n’avons pas un grand-prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, Lui qui a été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché » (Hébreux 4, 15).
Quand, dans le « Notre Père », nous adressons à Dieu la demande suivante : « Ne nous soumets pas à la tentation », ce que nous lui demandons en fait, c’est « de ne pas nous laisser seuls au pouvoir de la tentation. Nous demandons à l’Esprit de savoir discerner d’une part entre l’épreuvequi nous fait grandir dans le bien et la tentation qui mène au péché et à la mort, et, d’autre part, entre être tenté et consentir à la tentation » (, n° 596).
Ne pas entrer dans la tentation implique une décision du cœur, s’appuyant sur l’aide de la grâce divine : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur […] Nul ne peut servir deux maîtres » (Matthieu 6, 21.24). De plus, « aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; Il ne permettra pas que voussoyez tenté au-delà de vos forces. Avec la tentation, Il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter » (1 Corinthiens 10, 13). Cette affirmation de l’Apôtre est particulièrement importante. Elle apporte la sérénité et la confiance dans la lutte pour la sainteté. Ces moyens que Dieu donne pour surmonter les épreuves de la vie spirituelle, nous les recevons dans la prière — avec sa composante de mortification volontaire de nos sens — et dans la fréquentation des sacrements. Car, « sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5), mais « tout est possible à celui qui croit » (Marc 2, 23).
Le péché n’est donc pas inéluctable. Dire : « c’est plus fort que moi », « c’est dans ma nature », « je suis comme cela », n’est qu’une excuse au manque d’effort pour prendre les moyens d’affronter la tentation avec un moral de vainqueur et le désir sincère de ne pas offenser Dieu. -
Ste Écriture (5)
Pour ce qui concerne le Pain de la parole, l’exhortation du pape Benoît XVI dans son « Message aux jeunes à l’occasion de la XXIe Journée mondiale de la Jeunesse, 2006 », peut être utile à tout un chacun. Il invitait les jeunes « à devenir des familiers de la Bible, à la garder à portée de la main, pour qu’elle soit pour vous comme une boussole qui indique la route à suivre. En la lisant, vous apprendrez à connaître le Christ. Saint Jérôme observe à ce propos : « L’ignorance des Écritures est l’ignorance du Christ » (PL 24, 17 ; cf. Dei Verbum, n° 25). Un moyen assuré pour approfondir et goûter la parole de Dieu est la lectio divina, qui constitue un véritable itinéraire spirituel par étapes. De la lectio, qui consiste à lire et relire un passage de l’Écriture Sainte en en recueillant les principaux éléments, on passe à la meditatio, qui est comme un temps d’arrêt intérieur, où l’âme se tourne vers Dieu en cherchant à comprendre ce que sa parole dit aujourd’hui pour la vie concrète. Vient ensuite l'oratio, qui nous permet de nous entretenir avec Dieu dans un dialogue direct, et qui nous conduit enfin à la contemplatio ; celle-ci nous aide à maintenir notre cœur attentif à la présence du Christ, dont la parole est une « lampe brillant dans l’obscurité, jusqu'à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs » (2 P 1, 19). La lecture, l’étude et la méditation de la Parole doivent ensuite déboucher sur l’adhésion d’une vie conforme au Christ et à ses enseignements ». La lecture méditée et la contemplation, individuelle ou communautaire, de l’Écriture, la lectio divina, est une lecture qui s’effectue sous la motion et l’impulsion de l’Esprit Saint, ainsi que l’explique un document de la Commission pontificale biblique (L’interprétation de la Bible dans l’Église).
Cette lectio divina est un exercice par lequel le lecteur « apprend une science éminente de Jésus-Christ » (Dei Verbum, n° 25). Cette lecture est qualifiée de « divine », non seulement parce qu’elle porte sur la Parole écrite de Dieu, mais aussi parce que l’intelligence et le cœur du lecteur sont mis en rapport avec Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l’Esprit Saint. elle le situe donc dans une perspective trinitaire dans laquelle, sous l’impulsion de l’Esprit, l’homme cherche le Christ pour arriver à contempler le Père. « Applique-toi à la lectio divina, disait Origène. Cherche en Dieu avec une confiance et une loyauté fermes le sens des divines Écritures qui s’y cache amplement. Mais ne te contente pas d’appeler et de chercher ; la prière est nécessaire pour comprendre les choses de Dieu. C’est pourquoi non seulement le Sauveur a dit : « Cherchez et vous trouverez », « frappez et on vous ouvrira », mais il ajoute : « Demandez et on vous donnera » (Matthieu 7, 7 ; Luc 11, 9) » (Lettre d’Origène à Grégoire le Thaumaturge 4). C’est ce que nous pouvons déduire aussi de la conclusion que Jésus donne à certaines de ses paraboles : « Que celui qui a des oreilles entende ! » (Matthieu 13, 9). Il faut un effort d’application de nos sens et une réflexion, une méditation de la Parole de Dieu pour, avec l’aide de l’Esprit Saint, en comprendre le sens. Telle est l’attitude que nous voyons chez la Sainte Vierge, dont saint Luc nous dit qu’elle « conservait toutes ces choses dans son cœur » (2, 51), ou encore qu’elle « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur » (2, 19).
(à suivre…) -
7 octobre : Notre-Dame du Rosaire
Aujourd’hui, 7 octobre, l’Église célèbre la Sainte Vierge sous l’invocation de Notre-Dame du Rosaire.
Le pape Léon XIII écrivait que, parmi ses différents titres, « le rosaire a celui-ci de très remarquable qu’il a été institué surtout pour implorer le patronage de la Mère de Dieu contre les ennemis du nom chrétien. À ce point de vue, personne n’ignore qu’il a souvent et beaucoup servi à soulager les maux de l’Église […] (voir la note du 1er octobre 2006). Nous donc, en l’honneur de Marie, la très auguste Mère de Dieu, en souvenir perpétuel du secours demandé par tous les peuples à son Cœur très pur en ce mois d’octobre, en témoignage perpétuel du très grand espoir que Nous mettons en cette Mère très aimante ; pour obtenir chaque jour davantage de sa bienfaisante protection, Nous voulons et décrétons que dans les litanies de Lorette, après l’invocation « Reine conçue sans le péché originel », soit ajoutée la formule : « Reine du très saint Rosaire, priez pour nous » (lettre apostolique Salutaris illa, 24 décembre 1883).
« Le début du chemin, dont le terme est d’être complètement fou de Jésus, est un amour confiant envers Marie.
— Veux-tu aimer la Sainte Vierge ? — Eh bien ! fréquente-la. Comment ? — En priant bien le Rosaire.
Mais, dans le Rosaire… nous répétons toujours les mêmes choses ! — Toujours les mêmes choses ? Et ceux qui s’aiment, ne se disent-ils pas toujours les mêmes choses l’un à l’autre ?… La monotonie de ton Rosaire ne viendrait-elle pas de ce que, au lieu de prononcer des mots comme un homme, tu émets des sons comme un animal, l’esprit très loin de Dieu ? Écoute encore ceci : le mystère que nous allons contempler est indiqué avant chaque dizaine. — Est-ce que toi… tu as jamais contemplé ces mystères ?
Fais-toi petit. Viens avec moi et — c’est là le point central de ma confidence — nous vivrons la vie de Jésus, de Marie et de Joseph.
Chaque jour nous leur rendrons un nouveau service. Nous écouterons leurs conversations familiales. Nous verrons grandir le Messie. Nous admirerons ses trente ans de vie cachée… Nous serons présents à sa Passion et à sa Mort… Nous serons éblouis par la gloire de sa Résurrection…
En un mot : fous d’Amour (il n’y a pas d’autre amour que l’Amour), nous contemplerons tous les instants de la vie de Jésus-Christ» (saint Josémaria, Saint Rosaire, au lecteur). -
Le rosaire
Le rosaire, du latin rosarium, "couronne", est une pratique de piété principalement diffusée par lesdominicains de sorte qu'une tradition en attribue l'origine à leur fondateur, saint Dominique (v. 1170-1221), qui l'aurait reçue directement de la Vierge Marie. Elle consiste à réciter cent cinquante "Je vous salue Marie", répartis par groupes de cinquante, en méditant les "mystères" de la vie de notre Seigneur et de sa Mère, mystères "joyeux", "douloureux" et "glorieux". C'est le "psautier de la Vierge", le "Bréviaire de l'Évangile" ou encore un "abrégé de tout l'Évangile" (Paul VI, encyclique Marialis cultus) et l'expression du culte et de la dévotion envers Marie. Le pape saint Pie V en a fixé la forme traditionnelle en 1569. Chaque groupe de cinq mystères est appelé "chapelet". En 2002, le pape Jean-Paul II y a ajouté cinq mystères "lumineux", recouvrant la vie publique de Jésus.
Le pape Jean-Paul II a consacré une lettre apostolique le Rosaire de la Vierge Marie dans laquelle il écrit (n° 2) : "Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. [...] On peut dire que le Rosaire est, d'une certaine manière, une prière-commentaire du dernier chapitre de la Constitution Lumen gentium du deuxième Concile du Vatican, chapitre qui traite de l'admirable présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Église. En effet, sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité, c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine. »
Le mois d’octobre étant donc consacré à la dévotion du rosaire, je me propose de donner un bref commentaire de chacun des vingt « mystères » et de parler aussi de la fête de Notre Dame du Rosaire, qui a lieu le 7 octobre. -
Agir en enfant de Dieu
Par son exemple et ses paroles, Jésus nous a appris à nous adresser filialement à Dieu, notre père, en toutes circonstances. Le dialogue avec notre Père ne doit pas se limiter à quelques moments de notre vie ; il ne dépend pas non plus de sentiments passagers ni de la seule imagination. C’est l’attitude logique d’un enfant conscient que son Père est unique et le plus formidable de tous, qu’il peut tout.
Même si Jésus se retire à l’écart pour s’adresser à son Père, il le prie également souvent alors qu’il se trouve avec ses disciples ou même une foule bruyante et exubérante qui se presse pour l’entendre ou attend qu’il fasse des miracles. « Je te bénis, Père du ciel et de la terre pour avoir caché cela à ceux qui ont la science et l’entendement et pour l’avoir révélé aux tout petits » (Matthieu 11, 25).
Avant de ressusciter son ami Lazare, Jésus dit : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé » (Jean 11, 41).
Au moment de multiplier les pains et les poissons pour donner à manger à une foule évaluée à cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, Jésus « lève les yeux au ciel » (Luc 9, 16).
Le Jeudi saint, dans la solitude de Gethsémani et l’agonie dans laquelle il entre, le Seigneur prie ainsi : « Père, si tu veux bien, écarte de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Luc 22, 42)
Le lendemain — Vendredi saint — au Calvaire, Jésus s’adresse encore à son Père : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23, 46).
Cette relation filiale est constitutive de notre condition humaine élevée à l’ordre de la grâce. Elle doit donc commander le comportement entier du chrétien. Notre conversation devrait être la conversation d’un enfant de Dieu, notre travail, le travail d’un enfant de Dieu, notre vie de famille, la vie de famille d’un enfant de Dieu, notre amitié, l’amitié d’un enfant de Dieu, nos vertus, les vertus d’un enfant de Dieu, qui fait pleinement confiance à son Père pour le conduire jour après jour sur la voie de la sainteté, d’un progrès réel dans le bien. « Je vous veux rebelles, libres de tout lien, car je vous veux — le Christ nous veut — enfants de Dieu. Esclavage ou filiation divine : voilà le dilemme de notre vie. Ou enfants de Dieu ou esclaves de l’orgueil, de la sensualité, de cet égoïsme angoissé dans lequel tant d’âmes semblent se débattre » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 38). -
Le péché originel (6 & fin)
4. La restauration de l’ordre brisé. « L’homme sans Dieu ne peut pas se comprendre lui-même, et il ne peut pas non plus s’accomplir sans Dieu. Jésus-Christ est venu dans le monde avant tout pour rendre chacun de nous conscient de cela. Sans lui, cette dimension fondamentale de la vérité sur l’homme s’enfoncerait aisément dans l’obscurité » (Jean-Paul II, lettre Dilecti amici à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985, n° 4). Dieu est de nouveau sorti à la rencontre de l’homme, en la personne de Jésus. Par sa mort sur la Croix et sa Résurrection, le Christ permet à l’homme de se réconcilier avec Dieu le Père, de retrouver sa condition d’enfant de Dieu et la possibilité d’accéder au ciel au terme de sa vie. Toutefois, cela dépend de la réponse libre de chacun à la grâce. Et cela demande de lutter contre le mal et de chercher à faire le bien, d’user de sa liberté, non contre Dieu, mais pour lui, car la vraie liberté consiste à choisir le bien et le Bien ultime qui est Dieu lui-même.
« Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des mœurs » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 407). Cette affirmation devrait paraître une lapalissade, mais ne semble pas l’être cependant. Or, le monde « tout entier gît au pouvoir du mauvais » (1 Jean 5, 19), qui possède une certaine domination sur l’homme, sans toutefois détenir le pouvoir de le forcer à pécher : l’homme reste libre de ses actes. « Un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l’histoire des hommes ; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l’a dit, jusqu’au dernier jour. Engagé dans cette bataille, l’homme doit sans cesse combattre pour s’attacher au bien ; et non sans grands efforts, avec la grâce de Dieu, il parvient à réaliser son unité intérieure » (concile Vatican II, constitution pastorale Gaudium et spes, n° 37).
Le Christ est le nouvel Adam, « l’aîné d’une multitude de frères » (Romains 8, 29). « De même que par la désobéissance d’un seul homme [Adam] tous les autres ont été constitués pécheurs, pareillement aussi par l’obéissance d’un seul [le Christ] tous les autres sont constitués justes » (Romains 5, 19).
Par sa mort, le Christ offre la possibilité du rachat des péchés. Il institue des sacrements, qui sont les sources de la grâce et permettent d’appliquer les fruits de la Rédemption à chaque âme, une par une. Le péché originel est effacé au moment où un être humain reçoit le sacrement du baptême. Par le baptême « nous sommes libérés du péché [originel] et régénérés comme fils de Dieu [par l’adoption surnaturelle], nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l'Église et faits participants à sa mission » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1213).
Dieu n’a pas choisi la voie de la facilité. En acceptant de souffrir et de passer par la mort pour le rachat des péchés des hommes de tous les temps, il nous montre la vraie valeur de la souffrance et de la mort inhérentes à la condition humaine : elles sont à replacer dans le cadre de son Sacrifice, que la messe rend présent. Unies à ce Sacrifice, elles entrent dans les plans de la Rédemption et font partie des « offrandes spirituelles » que les hommes sont invités à offrir conjointement au pain et au vin que les paroles du prêtre — les paroles consécratoires — vont vraiment transformer en Corps et Sang du Christ.
Le péché reste un mystère, et un « mystère d’iniquité » (2 Thessaloniciens 2, 7), dit saint Paul. À ce mystère d’iniquité s’oppose le « mystère de la piété » (1 Timothée 3, 16), c’est-à-dire le mystère du Christ lui-même, « capable de pénétrer jusqu’aux racines cachées de notre iniquité, pour susciter dans l’âme un mouvement de conversion, pour la racheter et déployer ses voiles vers la réconciliation » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Réconciliation et pénitence, n° 20).
En présence de ce Dieu qui n’a pas hésité à envoyer son Fils pour nous tirer d’affaire, nous sommes émerveillés. Il faut que Dieu nous aime et tienne à nous pour qu’il ait voulu payer le prix fort. Semblable comportement de la part de Dieu devrait être une invitation à nous comporter envers lui de façon responsable, c’est-à-dire à écouter sa voix. « N’endurcissez pas vos cœurs comme au jour de l’exaspération, au jour de la tentation dans le désert, quand vos pères me tentèrent et me mirent à l’épreuve, eux qui avaient vu mes œuvres » (Hébreux 3, 8). « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Hébreux 4, 7).