le Rosaire de la ViergeMarie dans laquelle il écrit (n° 2) : "Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. [...] On peut dire que le Rosaire est, d'une certaine manière, une prière-commentaire du dernier chapitre de la Constitution Lumen gentium du deuxième Concile du Vatican, chapitre qui traite de l'admirable présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Église. En effet, sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité, c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine. »
Dominique Le Tourneau - Page 196
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1er octobre : mois du rosaire
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Voyage en Italie (suite 3)
Taormine, 27 février.
En arrivant hier, nous sommes allés au Théâtre, où nous avons eu un beau coucher de soleil. Quelle merveille situation, et qu’une représentation devait être superbe, avec une telle toile de fond. Mais le théâtre est bien plus romain que grec, et a perdu cette simplicité que j’ai admirée à Syracuse, où l’effet était laissé au cadre extérieur.
Le matin et l’après-midi, nous sommes retournés au théâtre, pour voir les effets de lumière que donnaient un soleil radieux et un ciel sans nuages.
Entre temps, nous avons visité la Cathédrale, divers palais, et la Naumachie, en réalité des thermes, dont il reste des murs en briques ornés de niches profondes et d’autres plus petites, les grandes pour s’y asseoir, les petites pour recevoir des statues ; enfin, une très belle piscine, rappelant en moins grand la piscine de Baïes.
Cette petite ville est la plus admirablement située du monde, et l’on ne peut rêver de plus belles teintes au coucher du soleil.
Le Carnaval est peu animé : des enfants déguisés et un joueur d‚accordéon.
Nous sommes à l’Hôtel Victoria, très bien situé, et, de notre chambre, nous voyons la baie de Naxos et l’Etna. Mais que d’Allemands ! Il n’y a presque que cela. Un ménage anglais, à côté de nous à table, s’en plaint et a été heureux de nous trouver pour parler anglais. Partout, on rencontre des aquarellistes femmes ; les enfants ne demandent pas la « moneta » comme à Syracuse.
28 février. Votre Mère a fait ce matin l’ascension du Monte Venerre, 836 mètres par un chemin des plus rocailleux, avec, pour finir, une montée d’un grand quart d’heure dans les pierres. Malheureusement, le ciel était brumeux, et elle n’a pas vu tout ce qu’elle espérait. Les côtes de Calabre étaient cachées, ainsi que le bas des montagnes de Taormine, mais l’Etna et les montagnes de l’intérieur se voyaient parfaitement. Partie à 7 heures, elle est rentrée à midi et demie.
Naples, 4 mars. Après avoir vu Messine pendant une demie-journée, qui est une très belle et grande ville, avec une cathédrale dont la façade est ornée de marbres faisant mosaïque comme à Florence, nous sommes allés coucher à San Giovanni, en face, de l’autre côté du détroit, et nous en sommes repartis le matin pour jouir des côtes de Sicile éclairées par le soleil levant, avec des montagnes couvertes de neige dans le fond. Nous sommes repartis pour Cefalù,

Le sergent de ville [= policier] de l’endroit nous a accompagnés pour nous délivrer des mendiants et des soi-disant guides.

Arrivés à Palerme pour déjeuner, nous en sommes repartis à 7 heures et demie par le « Christophe Colomb », après une jolie promenade au Couvent de Santa Maria del Jesu, d’où la vue est superbe sur Palerme et son port, puis au Jardin Anglais, planté de palmiers, aloès et autres plantes tropicales.
Aujourd’hui, dimanche, Naples est animé comme Paris, et on a peine à circuler dans la rue de Tolède, qui s'appelle

maintenant Via Roma, et dans Chiaja qui mène au Jardin Public bien augmenté et agrandi. Toujours les mêmes cris et le même mouvement : le peuple ne peut pas être calme.

5 mars. Notre journée a été occupée à aller, par un temps superbe, à Torre del Greco et Portici, où nous sommes allés en tram[way] pour 0.40 par personne. Tout est construit tout le long de la route. Quel changement ! On ne reconnaît plus les routes que j’ai faites il y a quarante ans. Déjeuner dans une trattoria au-dessus du port ; en face, le Vésuve, qui fume beaucoup et a une traînée rouge sur le côté gauche.
Naples est toujours aussi grouillante et animée ; on peut à peine circuler dans les vias Chiaja et Roma. Mais du côté de Pouzzoles et du Pausilippe, des quartiers absolument neufs avec de grandes maisons.
Nous sommes au deuxième étage d’une pension via Partenope I, notre chambre a vue sur le Pausilippe, à l’angle du jardin public qui longe la mer.
6 mars. Nous avons fait, par un temps superbe, la tournée de Pouzzoles, Baïes et le cap Misène. Partis à 9 heures, nous ne sommes rentrés qu’à 6 heures et avons vu le soleil se coucher pendant que nous descendions le Pausilippe.

La Solfatare a de nouvelles fumerolles depuis que le Vésuve est en activité. Elles sont assez puissantes pour faire bouillonner les cendres.
De là, nous sommes allés à l’amphithéâtre, si curieux par ses chambres sous l’arène, où l’on devait enfermer bêtes et hommes. Nous sommes passés ensuite le long du lac d’Agnano, d’Averna et de Fusaro. On ne visite plus la grotte du chien où j’étais allé.
Après déjeuner, nous sommes allés en voiture à la Piscine Mirabile, de dimensions colossales, et au Cap Misène, d’où l’on gagne à pied un petit kiosque à mi-hauteur, d’où la vue est superbe sur la Baie et les Iles.
(à suivre…)
1er novembre : la communion des saints
Dans le « Je crois en Dieu », les baptisés affirment croire en « la communion des saints », qui n’est autre que l’Église dans sa triple dimension d’Église « triomphante » au ciel, d’Église « souffrante » au purgatoire et d’Église « militante » sur terre. Comme saint Paul l’expose, « de même que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, si nombreux soient-ils, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ » (1 Corinthiens 12, 12), avec qui les baptisés ne forment qu’un seul corps, le Corps mystique de l’Église.
Puisqu’il n’y a qu’un seul corps, « il faut croire qu’il existe une communion de biens dans l’Église », écrit saint Thomas d’Aquin (Excpositio in Symbolum apostolicum 10). Or, le Christ étant la tête du corps, il est communiqué à tous les membres par les sacrements de l’Église, canaux de la grâce.
« Les sacrements, et surtout le baptême qui est comme la porte par laquelle les hommes entrent dans l’Église, sont autant de liens sacrés qui les unissent et les attachent à Jésus-Christ. La communion des saints, c’est la communion des sacrements » (Catéchisme du concile de Trente 1, 10, 24). Mais ce n’est pas seulement une « communion aux choses saintes, sancta », mais aussi une « communion entre les personnes saintes, sancti », donc entre les membres du Corps mystique. « Un membre souffre-t-il ? tous les membres souffrent avec lui. Un membre et-il à l’honneur ? tous les membres prennent part à sa joie. Or, vous êtes le Corps du Christ, et membres chacun pour sa part » (1 Corinthiens 12, 26-27). Moyennant quoi, « le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous, dans cette solidarité avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur la communion des saints ? Tout péché nuit à cette communion » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 953). Communion que nous pouvons parfaitement étendre aux hommes qui viendront après nous.
« Vivez avec une intensité particulière la communion des saints, et chacun sentira, à l’heure de la lutte intérieure, aussi bien qu’à l’heure du travail professionnel, la joie et la force de ne pas être seul » (saint Josémaria, Chemin, n° 545). Le fait de méditer sur cette grande réalité apporte à la fois force et sérénité dans le vie de chaque jour. Le chrétien sait qu’il ne lutte pas seul, et que rien de ce qu’il fait n’est indifférent ou inutile. Tout renforce ou affaiblit la communion des saints, tout peut être une aide apportée aux âmes du purgatoire et aux hommes qui se trouvent sur terre. Et en toute circonstance, le chrétien peut compter sur l’appui des anges et des saints du paradis et sur celui des âmes du purgatoire.
Le dogme de la communion des saints se présente donc comme un moteur puissant de la vie spirituelle et de la vie tout court. C’est pour cela que l’Église a pour habitude d’invoquer les saints, notamment par les « litanies », invocations chantées en différentes circonstances, par exemple lors de la vigile pascale, la nuit de Pâques, de l’ordination sacerdotale, de la dédicace d’une église, etc. Les litanies comprennent le kyrie eleison et une liste de saints : à l’énoncé de chaque nom, le peuple répond « priez pour nous ». Les fidèles récitent aussi des litanies à la fin du chapelet.
(à suivre…)
Voyage en Italie (suite 2)
23 février. La route de Girgenti à Syracuse est longue et monotone, avec quelquefois de beaux points de vue sur les montagnes couvertes de neige. L’Etna, tout blanc et brillant au soleil, fait bel effet et est bien majestueux. Nous en avons bien joui, et on ne peut le voir mieux.
La campagne commence à s’animer. Les paysans labourent et préparent leurs vignes ; mais on laboure comme au temps des Romains avec la houe de bois.
La route côtoie des carrières de soufre, dont on voit seulement les fours de distillation, car elles sont souterraines. Dans la plaine de l’Etna, il y a de belles cultures d’orangers, et des arbres fruitiers en grand nombre, qui donnent à la campagne un aspect de printemps.
Syracuse, 24 février.

La ville est petite et n’a d’intéressant que son église cathédrale avec de superbes colonnes du temple de Minerve, une fort belle chapelle en marbre blanc, et de magnifiques grilles de clôture en fer forgé, assemblées par des ornements rapportés.
Le théâtre grec, l’amphithéâtre romain et les latomies sont d’intérêt tout à fait unique :
- le théâtre par sa construction, puisqu’il est entièrement creusé dans le rocher, sa situation puisque la mer lui sert de fond de scène, position qui n’est surpassée que par celle du théâtre de Taormine.
- l’amphithéâtre par sa position, également creusé en partie dans le rocher ; malheureusement, il ne reste aucune décoration et l’on est dans l’impossibilité de tenter une reconstitution vraisemblable.

- les latomies, anciennes carrières, dont le ciel s’est effondré en maints endroits, sont devenues de véritables oasis de verdure, avec toutes sortes d’arbres et de plantes, où le mandarinier voisine avec le citronnier, l’olivier, le palmier et les plantes des Tropiques.
Les catacombes sont fort curieuses par la longueur de leurs voies et les dimensions de leurs carrefours ou salles rondes, bien plus grandes que celles de Rome. Les tombes sont parfois réunies dans une chambre faisant comme une chapelle particulière ouvrant par une baie sur la voie, que fermait probablement une porte.
Toutes les sépultures ont été violées, et il ne reste que quelques ossements et quelques débris de poteries grossières.
25 février. Partis le matin en voitures, nous sommes allés visiter un ancien château fort à l’extrémité ouest de l’ancienne ville, curieux par ses souterrains et ses magasins, creusés dans le roc.
Du haut des tours, la vue est superbe sur la baie de Syracuse et l’ancienne ville, qui était immense. Il n’en reste rien.
Après déjeuner dans une maison décorée à la Pompéienne, nous avons repris la voiture et gagné une barque qui nous attendait à l’entrée de la Pima, petite rivière que nous avons remontée jusqu’à sa source, au milieu des papyrus qui la bordent sur ses deux rives, et font presque un berceau de verdure d’un effet très pittoresque, tout à fait inconnu des habitants du nord.
En rentrant, nous avons visité les restes du gymnase romain. On y voit une piscine, une palestre, et on y trouvera sans doute autre chose, tout n’étant pas déblayé.
Comme c’est aujourd’hui dimanche, on promène le Bonhomme Carnaval, gros Anglais remuant têtes [sic] et bras, avec une nuée de pierrots et d’arlequins sous sa chaise. La musique de la ville la précède et joue un air endiablé. Dans la ville, on se jette des confetti. Partout, des enfants costumés et les gens sur leurs portes regardent passer la foule.
26 février. La route pour gagner Taormine côtoie la mer. Le temps est splendide et le soleil éclaire l’Etna tout blanc, se dessinent sur une mer bleue. [Il doit manquer quelques mots, au moins le sujet pluriel de « se dessinent »]

(à suivre…)