C’est une communauté de conversion, formée par l’amour repentant. Il y a là une dimension normale de l’Assemblée, car c’est toujours un homme pécheur qui se présente au sacrifice de Jésus-Christ. On vient à la messe pour se convertir au Dieu vivant et vrai, pour demander et obtenir son pardon par Jésus-Christ. Et ceci explique le moment pénitentiel […]. C’est aussi une communauté de charité envers Dieu – l’amour adorant, « l’adoration en esprit et en vérité » - qui s’accomplit dans le Saint-Esprit. Tous se donnent à Dieu dans le Christ, et la séparation du mal et du péché, l’amour pour Dieu, sont donnés par le sacrifice. […] C’est une communauté de charité fraternelle. / Tous ensemble se rassemblent pour former la sainte communauté, où il n’y a plus ni grec, ni juif, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, mais simplement des enfants de Dieu. C’est là-dessus que doit porter la conversion : pardonner, accueillir, prendre la dernière place, abandonner l’agressivité, briser les barrières de l’égoïsme, se décider à servir. […] C’est aussi une communauté de repas fraternel. On mange le pain, on boit le vin, qui sont l’unique corps et sang du Seigneur. […] / C’est un repas de guérison, « le remède par quoi nous sommes libérés des péchés quotidiens et préservés des péchés mortels » (Trente), parce que « le médecin charnel et spirituel » (CS 5) y est toujours présent. C’est un repas de fraternité divine parce que l’Eucharistie est un repas de charité et que la charité construit l’Église. […] L’Eucharistie est encore un repas d’action de grâces. […] L’Eucharistie est enfin un repas de résurrection : elle confère l’immortalité ; elle en dépose la semence dans nos âmes et dans nos corps ; elle anticipe mystérieusement la résurrection dernière et le banquet eschatologique. Bref, le repas s’achève dans l’au-delà et dans la gloire, parce qu’il s’accomplit en Jésus-Christ, qui est, lui-même, l’au-delà et la gloire. C’est le sens des paroles du Christ en saint Jean : « Je suis le pain qui vit, celui qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6, 51). […] L’Assemblée eucharistique est, enfin, l’assemblée de la gloire de Dieu. Là se réalisent sa finalité et sa signification dernières : tout, dans l’Assemblée, existe pour la gloire de Dieu. Les chrétiens, le prêtre, le Christ, tous sont déjà – par le Christ - le retour à Dieu de l’humanité sauvée et sanctifiée. Mais si la gloire de Dieu est réalisée par le sacrifice lui-même, elle doit être désirée, participée, assumée librement par les fidèles.
J. Mouroux, Faites ceci en mémoire de moi, Paris, Aubier, 1970, p. 87-93.