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verité - Page 34

  • Le péché originel (5)

    Le péché originel (suite)
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    Ses conséquences pour l’homme. Outre le châtiment que le péché originel entraîné, et que j’ai rappelé précédemment, désormais « l'homme n'a pas confiance en Dieu. Tenté par les paroles du serpent, il nourrit le soupçon que Dieu, en fin de compte, ôte quelque chose à sa vie, que Dieu est un concurrent qui limite notre liberté et que nous ne serons pleinement des êtres humains que lorsque nous l'aurons mis de côté ; en somme, que ce n'est que de cette façon que nous pouvons réaliser en plénitude notre liberté » (Benoît XVI, homélie pour le 40ème anniversaire de la clôture du concile Vatican II, 8 décembre 2005).
    Par sa ruse, le démon, qui est un ange, déchu certes, mais un ange quand même, qui « se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11, 14), réussi le tour de force de dresser l’homme contre Dieu, à lui occulter sa Bonté pour le présenter comme un obstacle au libre accomplissement de sa volonté. L’homme, créé libre, se sent esclave. Et comme il n’est pas esclave de Dieu, de qui l’est-il, si ce n’est de lui-même et, par ricochet, du diable ? Telle est la condition dramatique dans laquelle le péché originel l’a plongé.
    Le serpent infernal, sous la forme duquel le récit biblique représente le tentateur, a distillé le venin du doute dans le cœur de l’homme : le doute sur l’Amour de Dieu, le doute sur son vrai Bien. L’Ami avec lequel il conversait dans le jardin d’Éden (voir Genèse 2, 16 ; 3, 8-9) n’est plus… Désormais « le mal se présente comme bien et le bien est disqualifié » (Jean-Paul II, lettre Dilecti amici à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985, n° 4). « Nous portons tous en nous une goutte du venin de cette façon de penser illustrée par les images du Livre de la Genèse. Cette goutte de venin, nous l'appelons péché originel » (Benoît XVI, homélie cit.).
    « L'homme vit avec le soupçon que l'amour de Dieu crée une dépendance et qu'il lui est nécessaire de se débarrasser de cette dépendance pour être pleinement lui-même. L'homme ne veut pas recevoir de Dieu son existence et la plénitude de sa vie. Il veut puiser lui-même à l'arbre de la connaissance le pouvoir de façonner le monde, de se transformer en un dieu en s'élevant à Son niveau, et de vaincre avec ses propres forces la mort et les ténèbres. Il ne veut pas compter sur l'amour qui ne lui semble pas fiable ; il compte uniquement sur la connaissance, dans la mesure où celle-ci confère le pouvoir. Plutôt que sur l'amour, il mise sur le pouvoir, avec lequel il veut prendre en main de manière autonome sa propre vie. Et en agissant ainsi, il se fie au mensonge plutôt qu'à la vérité et cela fait sombrer sa vie dans le vide, dans la mort. L'amour n'est pas une dépendance, mais un don qui nous fait vivre. La liberté d'un être humain est la liberté d'un être limité et elle est donc elle-même limitée. Nous ne pouvons la posséder que comme liberté partagée, dans la communion des libertés : ce n'est que si nous vivons d'une juste manière, l'un avec l'autre et l'un pour l'autre, que la liberté peut se développer. Nous vivons d'une juste manière, si nous vivons selon la vérité de notre être, c'est-à-dire selon la volonté de Dieu. Car la volonté de Dieu ne constitue pas pour l'homme une loi imposée de l'extérieur qui le force, mais la mesure intrinsèque de sa nature, une mesure qui est inscrite en lui et fait de lui l'image de Dieu, et donc une créature libre. Si nous vivons contre l'amour et contre la vérité — contre Dieu —, alors nous nous détruisons réciproquement et nous détruisons le monde. Alors nous ne trouvons pas la vie, mais nous faisons le jeu de la mort » (Benoît XVI, Ibid.).
    Mais le péché n’est pas le dernier mot sur l’homme. Dieu « a pris les choses en main », pour ainsi dire, et envoyé son Fils sur terre pour « tout rassembler dans le Christ » (Éphésiens 1, 10).

    (à suivre…)

  • Le péché originel (4)

    3. La présence du mal dans le monde.

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    Tout le mal qui existe dans le monde provient de ce mal originel qu’est le péché d’Adam et Ève et par cette présence du mal en l’homme. Ce péché n’est pas un péché personnel de celui qui le contracte en naissant. Il n’en marque pas moins cruellement l’âme qui naît « fille de la colère », c’est-à-dire coupée de Dieu. La nature transmissible par génération est une nature irrémédiablement marquée par le péché originel, car « tout le genre humain est en Adam « comme l’unique corps d’un homme unique » (saint Thomas d’Aquin, De malo 4, 1) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 404). « Depuis ce premier péché, une véritable « invasion » du péché inonde le monde » (Ibid., n° 401). Satan, ce « génie pervers du soupçon » (Jean-Paul II, encyclique Dominum et vivificantem, n° 37), cherche par tous les moyens, même s’il se répète beaucoup, à mettre Dieu « en état de doute, et même en état d’accusation, dans la conscience de la créature » (Ibid.).
    C’est pourquoi, à la suite de saint Paul affirmant que « par la désobéissance d’un seul homme, la multitude [c’est-à-dire tous les hommes] a été constituée pécheresse » (Romains 5, 19), l’Église « a toujours enseigné que l’immense misère qui opprime les hommes et leur inclination au mal et à la mort ne sont pas compréhensibles sans leur lien avec le péché d’Adam et le fait qu’il nous a transmis un péché dont nous naissons tous affectés et qui est la « mort de l’âme » (concile de Trente) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 403).
    Cependant cette nature n’est pas pleinement corrompue, moins encore détruite. L’homme reste capable d’accueillir le salut, qui lui est déjà annoncé, bien que de façon voilée : « Je mets une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; elle te visera la tête, et tu la viseras au talon » (Genèse 3, 15). L’Église voit dans ce texte l’annonce du Rédempteur et de Marie, associée au salut de l’humanité. C’est pourquoi ce verset est qualifié de protévangile, ou premier Évangile. Ainsi, Dieu n’a pas abandonné l’homme au pouvoir de la mort. Il décide d’envoyer son Fils, Jésus-Christ, pour réconcilier l’humanité avec Dieu, la création et elle-même.
    Tant que le Fils de Dieu n’avait pas donné sa vie en rançon pour la multitude, la réconciliation avec Dieu était impossible. Les justes de l’Ancien Testament ne pouvaient pas accéder au ciel. Ils attendaient la délivrance dans le « sein d’Abraham ».

    (à suivre…)

  • 5ème mystère joyeux : Jésus perdu et retrouvé au Temple

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    Fidèles observateurs de la Loi mosaïque et de ses prescriptions liturgiques, Marie et Joseph « se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque » (Luc 2, 41), confiant Jésus à des voisins ou à des amis. Quand Jésus « eut douze ans, ils y montèrent selon la coutume pour cette fête ; puis, le temps voulu écoulé, ils s’en retournèrent » (Luc 2, 42-43), en deux caravanes, comme à l’aller, une d’hommes et une de femmes. Les enfants allaient de l’une à l’autre, ce qui explique que ses parents ne s’aperçurent pas que « le jeune Jésus resta à Jérusalem » (Luc 2, 43). Chacun « pensant qu’il était dans la caravane, ils firent une journée de chemin » (Luc 2, 44). Et ce n’est qu’arrivés à l’étape que tous deux s’aperçurent avec horreur qu’il manquait à l’appel. « Ils se mirent à le chercher parmi leurs parents et connaissances » (Luc 2, 44), mais en vain. Il leur fallut se rendre à l’évidence : aussi incroyable que cela pouvait paraître : ils avaient bel et bien perdu Jésus, le Messie d’Israël… Perdre un enfant, c’est déjà poignant, mais le Fils de Dieu… Marie et Joseph ont dû se culpabiliser de ne pas avoir été plus attentifs, tout en acceptant la volonté de Dieu qu’ils ne pouvaient humainement pas comprendre. Les plans de Dieu ne sont pas ceux des hommes. Ce n’était pas la première fois qu’ils s’en apercevaient : il y avait déjà eu la chaude alerte d’Hérode voulant tuer l’Enfant, la fuite en Égypte, l’installation précaire dans la condition d’immigré, l’incertitude quant à l’avenir et au retour au pays…
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    « Ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent, toujours le cherchant, à Jérusalem. Ce fut au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple », probablement sur le parvis du Temple, « assis au milieu des docteurs, les écoutant et leur posant des questions ; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses » (Luc 2, 45-47), ignorant qu’ils avaient à faire au Verbe de Dieu.
    « Sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi, nous te cherchions tout angoissés » (Luc 2, 48) depuis trois jours. C’est long, trois jours. On a le temps de souffrir beaucoup. Marie et Joseph, qui ont passé au peigne fin tous les endroits où ils avaient été, n’ont pas dû fermer l’œil et ont prié sans relâche.
    Ils se sont rendus enfin au Temple, comme au dernier endroit où ils s’attendaient à trouver Jésus. Et lui va leur expliquer qu’il est logique qu’il soit là. « Il leur répondit : « Et pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Luc 2, 49), dans ce Temple qui est « une maison de prière » (Luc 19, 46) ? Sa place est chez son Père, sa fonction consiste à s’occuper des affaires de son Père : « Je m’applique à faire non ma volonté à moi, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 5, 30).
    Ses parents « ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire » (Luc 2, 50), du moins pas à ce moment-là. « Marie gardait tout cela en sa mémoire » (Luc 2, 51) et elle « y réfléchissait » (Luc 2, 19), elle en faisait la matière de sa méditation. Nul doute que peu à peu la lumière s’est faite dans son âme. C’est ainsi, en tout cas, que nous devons nous comporter quand la logique des plans de Dieu nous échappe et que les événements prennent une tournure déconcertante et nous font souffrir. Jésus comme Marie nous invitent à prier pour avoir et la force et la lumière dont nous avons besoin.

  • 4ème mystère joyeux : la Purification

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    Marie dont l’âme n’a jamais été souillée un instant par le péché originel, Marie toute sainte, panhagiata, se rend au temple portant son Enfant dans ses bras, accompagnée de Joseph. Elle se conforme à la Loi qui prescrit que toute mère doit être purifiée après qu’elle a mis un enfant au monde, et de présenter aussi une offrande pour le premier-né.
    Marie et Joseph obéissent à la Loi, la suivent avec fidélité. Ils ne cherchent aucun privilège que, d’ailleurs, personne ne comprendrait. Il faudrait des explications indiscrètes… La meilleure façon d’adhérer à la Volonté de Dieu est sans nul doute de vivre la Loi reçue du Très-Haut avec la plus grande perfection possible, puisqu’elle la Volonté de Dieu codifiée, et d’imiter l’humilité du Fils de Dieu, « lui qui était de condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2, 6-7). Comment Marie et Joseph auraient-ils pu agir différemment ?
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    Et Dieu se sert de cette fidélité pour se faire connaître des justes. C’est d’abord le vieillard Siméon qui comprend par révélation que le nourrisson qu’on lui présente est le Messie Sauveur. Il est conscient d’avoir atteint un âge avancé pour être témoin de la venue de l’envoyé de Dieu : « Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu l’Oint du Seigneur » (Luc 2, 26). C’est pourquoi, après avoir reçu l’enfant Jésus dans ses bras, il « bénit Dieu et dit : « Maintenant, ô Maître, tu peux congédier ton serviteur en paix, selon ta parole ; car de mes yeux j’ai vu le salut que tu as préparé en faveur de tous les peuples, lumière qui révélera aux païens et gloire d’Israël, ton peuple » (Luc 2, 29-32).
    Il prédit que cet enfant sera « un signe de contradiction » (Luc 2, 34) pour beaucoup en Israël. Et « pour toi — c’est à Marie qu’il s’adresse — tu auras l’âme transpercée d’un glaive » (Luc 2, 35). Des jours sombres sont ainsi annoncés, qui viennent altérer la joie de cette journée. C’est aussi l’annonce que la Sainte Vierge sera associée de près aux souffrances rédemptrices de son divin Fils.
    Puis voici que survient une prophétesse, Anne, âgée de quatre-vingt-quatre ans, qui « ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière » (Luc 2, 37). Elle se met à son tour à « louer le Seigneur et à parler de l’enfant à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la rédemption » (Luc 2, 38).
    L’humilité de Siméon et d’Anne, leur service assidu de Dieu, leur vie de prière et de pénitence, leur valent d’être un instrument de l’Esprit Saint pour découvrir aux hommes le Christ qui vient de faire son entrée dans le monde et proclamer qu’il est le Messie annoncé par les prophètes. C’est dire que la prière et la mortification — les sacrifices consentis volontairement dans une fin spirituelle — rendent l’homme agréable à Dieu et attirent sur lui toutes sortes de bénédictions.

  • 3ème mystère joyeux : La naissance de Jésus

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    La nouvelle est tombée : l’empereur ordonne un recensement du monde entier. Chacun doit se rendre dans la ville dont sa lignée est originaire. Joseph en est contrarié pour Marie, qui n’est pas loin de mettre son fils au monde. Mais l’un comme l’autre se plient à la volonté des hommes, s’en remettant à la Volonté de Dieu.
    Et celle-ci se sert des causes secondes, de cette décision impériale pour que s’accomplisse la prophétie : « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement la moindrement les villes de Juda. C’est de toi, en effet, que sortira le chef qui mènera paître Israël, mon peuple » (Michée 5, 1 ; Matthieu 2, 6). C’est Dieu qui dirige le cours des événements…
    Marie et Joseph étant arrivés à Bethléem, « il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2, 7). Cruel constat de l’indifférence des hommes qui ne savent pas reconnaître le Christ qui passe dans leur vie, et qui ne comprennent pas non plus quel est leur intérêt véritable : il ne consiste pas à faire un plus grand profit avec des clients plus fortunés que Marie et Joseph, mais à accueillir le Fils de Dieu qui vient leur apporter la vie, qui est lui-même la Vie (voir Jean 14, 6).
    Et si les hommes ne veulent pas accueillir le Seigneur, il lui reste la création, sa création. C’est dans une étable qu’il va naître, une étable avec ou sans un bœuf et un âne, qu’importe. C’est dans la discrétion, méconnu, lui qui pourtant est connu, car il est Dieu…
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    Marie et Joseph contemplent l’Enfant dont ils savent qu’il est vrai Fils de Dieu. Ils sont dans l’émerveillement — comme jamais des parents ont pu l’être — et leur cœur déborde d’action de grâce. Parce que les promesses concernant le Messie, ces promesses qu’ils ont souvent entendu rapporter et commenter, sont enfin accomplies.
    Ils s’étonnent sans doute d’être partie prenante d’un tel mystère, et sont couverts de confusion que Dieu ait pu penser à eux pour semblable mission.
    Jésus naît dans une grotte qu’il illumine. « La lumière venait dans le monde […] et le monde ne l’a pas reconnu » (Jean 1, 9-10).
    Bientôt des bergers se présentent à l’entrée, qui demandent à voir l’Enfant, car, expliquent-ils, un ange leur est apparu qui leur a dit : « Je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira grandement tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David [c’est-à-dire Bethléem], il vous est né un Sauveur qui est le Messie Seigneur » (Luc 2, 10-11).

  • 2ème mystère joyeux : La Visitation

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    L’archange Gabriel ayant appris à Marie que sa cousine Élisabeth attend elle aussi un enfant dans sa vieillesse, et qu’elle « en est à son sixième mois » (Luc 1, 36), elle se rend chez elle « en hâte » (Luc 1, 39). Marie n’a pas dû entreprendre le voyage seule, mais a dû attendre la première caravane qui se rendait à Jérusalem. Il se peut, même si nous en sommes réduits à des conjectures, que saint Joseph l’ait accompagnée. Nous le ferions à sa place. Et comme il est beaucoup plus saint et parfait que nous, il y a tout lieu de penser qu’il n’a pas laissé partir seule celle qui abritait en son sein le Fils de Dieu, le Messie.
    L’Esprit Saint qui couvrit Marie de son ombre s’empare d’Élisabeth pour lui faire découvrir le Dieu que Marie porte en elle : « D’où m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Luc 1, 43). La rencontre avec le Christ est toujours sanctificatrice pour qui l’accueille dans de bonnes dispositions. Élisabeth salue la Mère de son Seigneur et son fils Jean-Baptiste tressaille de joie en son sein en percevant la présence de Celui qu’il désignera plus tard comme étant « l’Agneau de Dieu » (Jean 1, 35).
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    Jésus-Christ est le « Prince de la Paix » (Isaïe 9, 6). Par sa grâce, il est présent aussi en nous. Nous portons le Christ à nos frères, les hommes. Veuille le seigneur que notre comportement soit d’une telle qualité humaine et surnaturelle qu’en voyant nos bonnes œuvres « ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 16).
    Dans le climat particulièrement surnaturel de la Visitation, où la proximité de Dieu d’avec les hommes est tangible, Marie laisse son cœur s’épancher dans le Magnificat, qui montre à quel point sa vie est pétrie des Saintes Écritures. Elle connaît par cœur la Parole adressée par Dieu aux patriarches et aux prophètes. Mais elle connaît plus intimement encore maintenant la Parole vivante, le Verbe fait chair en elle, qui lui parle dans un langage dont elle ne soupçonnait pas la profondeur, la chaleur, l’illumination et la joie. « Mon âme magnifie le Seigneur, mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante. Toutes les générations à venir, en effet, me diront bienheureuse, car le puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom » (Luc 1, 46-49). Même ce cantique d’action de grâces traduit l’humilité de Marie, car on n’y trouve « pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans sa puissance et sa grandeur, ne manque de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu’ils soient en eux-mêmes » (saint Bède, Homélies, lib. 1, 4).

  • 1er mystère joyeux : L’Annonciation

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    Selon la tradition, la Vierge Marie est recueillie en prière quand l’archange saint Gabriel s’adresse à elle de la part de Dieu. En réalité, Marie est dans une relation intime privilégiée avec Dieu à tout instant, car elle a été rachetée par avance du péché et rien ne fait donc obstacle en elle au dialogue amoureux avec Dieu.
    « Je vous salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec vous » (Luc 1, 28). Le messager céleste reconnaît cet état de fait, cet état de grâce en Marie. Il en fait même un nom : Marie est la « comblée de grâce », la « pleine de grâce ». Elle, et elle seule. Pleine de grâce et, de ce fait, l’humilité même. C’est pourquoi Marie « fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation » (Luc 1, 29). Plus une créature est sainte, moins elle est consciente de l’être, car l’abîme qui la sépare du Dieu incréé lui paraît infini.
    C’est cette humilité qui a touché le Dieu Tout-Puissant. Il a jeté ainsi son dévolu sur la petite jeune fille de Nazareth, « il a jeté les yeux sur son humble servante » (Luc 1, 48), et lui fait dire : « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur » (Luc 1, 46-47).
    Marie ne demande pas mieux que de donner une réponse positive, car elle s’est toujours attachée à suivre la Volonté de Dieu. Seulement voilà, elle a épousé Joseph, bien qu’ils ne vivent pas encore sous le même toit. « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge », demande-t-elle à l’archange. Il répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1, 34-35).
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    La conversation est brève. Elle va à l’essentiel. Marie écoute intensément. Pendant ce temps-là, l’univers tout entier est suspendu à ses lèvres. Il en va de la Rédemption de l’humanité. « Vierge bienheureuse, ouvrez votre cœur à la foi, vos lèvres au consentement, vos chastes entrailles au Créateur. Voyez : le Désiré de toutes les nations frappe à votre porte. Malheur à vous si vous tardiez à lui ouvrir ; il passerait son chemin, et ensuite vous reviendriez avec douleur chercher l’aimé de votre âme ! Levez-vous, courez, ouvrez. Levez-vous par la foi, courez par la dévotion, ouvrez par le consentement » (saint Bernard, Homélie super Missus est 4, 9).
    Le Christ lui-même, qui veut venir au temps fixé sauver l’humanité du péché et la restaurer dans sa condition initiale d’enfant de Dieu, attend la réponse : « Même le Verbe l’attend, tremblant et en secret, pour réaliser tout aussitôt l’éternel dessein du Père » (Jean-Paul II, Audience générale, 23 mars 1983).
    Et Marie donne son assentiment : Fiat mihi, « qu’il m’arrive selon ta parole » (Luc 1, 38). À l’instant même, elle conçoit le fils de Dieu dans son sein par la vertu de l’Esprit Saint. Désormais elle vit dans une union étroite avec chaque personne de la Très Sainte Trinité, ne cessant de remercier Dieu pour tous ses bienfaits et offrant toute sa vie pour coopérer de toutes ses forces à la mission salvatrice de son divin Fils. Oui, il est bel et bien son fils selon la chair. Marie est devenue la Théotokos, la Mère du Dieu incarné en elle !

  • 3ème mystère lumineux : l’annonce du royaume et l’appel à la conversion

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    Aussi surprenant que cela puisse paraître, Jésus-Christ est venu sur terre pour instaurer le royaume des cieux. Cela peut semble une contradiction. Ce n’en est pas une, car, comme Jésus le déclare, « mon royaume est parmi vous » (Luc 17, 21), c’est-à-dire « en vous ».
    « Mon royaume n’est pas de ce monde », dira Jésus (Jean 18, 36). Alors, « à quoi le royaume de Dieu est-il semblable, et à quoi pourrai-je le comparer ? Il est semblable à une graine de sénevé qu’un homme a prise et a jetée dans son jardin. Elle a crû et est devenue un grand arbre, et les oiseaux du ciel sont venus nicher dans ses branches » (Luc 13, 18-19).
    C’est donc un royaume spirituel. Il demande une attitude spirituelle. C’est pourquoi, Jésus prend le relais de la prédication de Jean-Baptiste. Ce dernier proclamait : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3, 2), « royaume des cieux » étant synonyme de « royaume de Dieu ». Jésus répète cet appel : « Le temps est révolu, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à l’Évangile » (Marc 1, 15) que je prêche.
    « Quand le Christ commence sa prédication sur la terre, Il ne propose pas de programme politique, mais il dit : Faites pénitence, parce que le royaume des cieux est proche (Matthieu 3, 2 ; 4, 17). Il charge ses disciples d’annoncer cette bonne nouvelle (cf. Luc 10, 9) et leur apprend à demander dans la prière l’avènement du royaume (cf. Matthieu 6, 10). Voilà le royaume de Dieu et sa justice. Voilà en quoi consiste une vie sainte et ce que nous devons rechercher en premier lieu (cf. Matthieu 6, 33), la seule chose qui soit vraiment nécessaire (cf. Luc 10, 42) » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 180).
    medium_SermonMontagne.Rosselli.jpgUne des manifestations de la venue du royaume est que Jésus remet leurs péchés à ceux qui s’approchent de lui avec une foi humble, comme le paralytique que quatre de ses amis lui présentent à Capharnaüm en faisant une ouverture dans le plafond : « Mon fils, tes péchés te sont remis » (Marc 3, 5), ou Marie-Madeleine à laquelle il pardonne son adultère : « Tes péchés te sont pardonnés. […] Ta foi t’a sauvée ; va en paix » (Luc 7, 48.50).
    Ce ministère de miséricorde que Jésus a commencé, il le poursuivra jusqu’à la fin des temps, jusqu’à son retour sur terre, principalement à travers le sacrement de la miséricorde ou de la réconciliation, conféré à son Église : « Recevez l’Esprit Saint : les péchés de ceux à qui vous les remettrez leur seront remis ; ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez » (Jean 20, 22-23).
    Nous sommes tous invités à prendre part à ce royaume. Mais, selon des paraboles du Seigneur, il faut avoir revêtu « l’habit de noces » (Matthieu 22, 12), c’est-à-dire avoir l’âme purifiée de ses péchés, précisément dans le sacrement de la confession, avoir les bonnes dispositions d’accueillir Dieu qui veut nous prendre avec lui, mais pas dans n’importe quel état… Le sacrement du pardon est vraiment une merveille de la miséricorde de Dieu, par lequel le croyant sait de science certaine qu’il est pardonné et que ses péchés sont effacés. Il apporte une grande paix et une joie que rien d’autre au monde ne peut communiquer.

  • 27 décembre : saint Jean (1)

    L’apôtre saint Jean présenté par le pape Benoît XVI, lors des audiences générales des 5 juillet, 9 et 23 août 2006

    Jean, fils de Zébédée
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    Nous consacrons notre rencontre d'aujourd'hui au souvenir [de] Jean, fils de Zébédée et frère de Jacques. Son nom, typiquement juif, signifie « le Seigneur a fait grâce ». Il était en train de réparer les filets sur la rive du lac de Tibériade, quand Jésus l'appela avec son frère (cf. Matthieu 4, 21 ; Mc 1, 19). Jean appartient lui aussi au petit groupe que Jésus emmène avec lui en des occasions particulières. Il se trouve avec Pierre et Jacques quand Jésus, à Capharnaüm, entre dans la maison de Pierre pour guérir sa belle-mère (cf. Marc 1, 29) ; avec les deux autres, il suit le Maître dans la maison du chef de la synagogue Jaïre, dont la fille sera rendue à la vie (cf. Marc 5, 37) ; il le suit lorsqu'il gravit la montagne pour être transfiguré (cf. Marc 9, 2) ; il est à ses côtés sur le Mont des Oliviers lorsque, devant l'aspect imposant du Temple de Jérusalem, Jésus prononce le discours sur la fin de la ville et du monde (cf. Marc 13, 3); et, enfin, il est proche de lui quand, dans le jardin de Gethsémani, il s'isole pour prier le Père avant la Passion (cf. Marc 14, 33). Peu avant Pâques, lorsque Jésus choisit deux disciples pour les envoyer préparer la salle pour la Cène, c'est à lui et à Pierre qu'il confie cette tâche (cf. 22, 8).
    Cette position importante dans le groupe des Douze rend d'une certaine façon compréhensible l'initiative prise un jour par sa mère : elle s'approcha de Jésus pour lui demander que ses deux fils, Jean précisément et Jacques, puissent s'asseoir l'un à sa droite et l'autre à sa gauche dans le Royaume (cf. Matthieu 20, 20-21). Comme nous le savons, Jésus répondit en posant à son tour une question : il demanda s'ils étaient disposés à boire la coupe qu'il allait lui-même boire (cf. Matthieu 20, 22). L'intention qui se trouvait derrière ces paroles était d'ouvrir les yeux des deux disciples, de les introduire à la connaissance du mystère de sa personne et de leur laisser entrevoir l'appel futur à être ses témoins jusqu'à l'épreuve suprême du sang. Peu après, en effet, Jésus précisa qu'il n'était pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa propre vie en rançon pour une multitude (cf. Matthieu 20, 28). Les jours qui suivent la résurrection, nous retrouvons « les fils de Zébédée » travaillant avec Pierre et plusieurs autres disciples au cours d'une nuit infructueuse, à laquelle suit, grâce à l'intervention du Ressuscité, la pêche miraculeuse : ce sera « le disciple que Jésus aimait » qui reconnaîtra en premier « le Seigneur » et l'indiquera à Pierre (cf. Jean 21, 1-13).
    Au sein de l'Église de Jérusalem, Jean occupa une place importante dans la direction du premier regroupement de chrétiens. En effet, Paul le compte au nombre de ceux qu'il appelle les "colonnes" de cette communauté (cf. Galates 2, 9). En réalité, Luc le présente avec Pierre dans les Actes, alors qu'ils vont prier dans le Temple (cf. Actes 3, 1-4.11) ou bien apparaissent devant le Sanhédrin pour témoigner de leur foi en Jésus-Christ (cf. Actes 4, 13.19). Avec Pierre, il est envoyé par l'Église de Jérusalem pour confirmer ceux qui ont accueilli l'Évangile en Samarie, en priant pour eux afin qu'ils reçoivent l'Esprit Saint (cf. Actes 8, 14-15). Il faut en particulier rappeler ce qu'il affirme, avec Pierre, devant le Sanhédrin qui fait leur procès: « Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu » (Actes 4, 20). Cette franchise à confesser sa propre foi est précisément un exemple et une invitation pour nous tous à être toujours prêts à déclarer de manière décidée notre adhésion inébranlable au Christ, en plaçant la foi avant tout calcul ou intérêt humain.
    Selon la tradition, Jean est « le disciple bien-aimé » qui, dans le Quatrième Évangile, pose sa tête sur la poitrine du Maître au cours de la Dernière Cène (cf. Jean 13, 21), qui se trouve au pied de la Croix avec la Mère de Jésus (cf. Jean 19, 25) et, enfin, qui est le témoin de la Tombe vide, ainsi que de la présence même du Ressuscité (cf. Jean 20, 2 ; 21, 7). Nous savons que cette identification est aujourd'hui débattue par les chercheurs, certains d'entre eux voyant simplement en lui le prototype du disciple de Jésus. En laissant les exégètes résoudre la question, nous nous contentons ici de tirer une leçon importante pour notre vie : le Seigneur désire faire de chacun de nous un disciple qui vit une amitié personnelle avec Lui. Pour y parvenir, il ne suffit pas de le suivre et de l'écouter extérieurement ; il faut aussi vivre avec Lui et comme Lui. Cela n'est possible que dans le contexte d'une relation de grande familiarité, imprégnée par la chaleur d'une confiance totale. C'est ce qui se passe entre des amis ; c'est pourquoi Jésus dit un jour : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis... Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître » (Jean 15, 13, 15).
    Dans les Actes de Jean apocryphes, l'apôtre est présenté non pas comme le fondateur d'Eglises, ni même à la tête de communautés déjà constituées, mais dans un pèlerinage permanent en tant que communicateur de la foi dans la rencontre avec des « âmes capables d'espérer et d'être sauvées » (18, 10; 23, 8). Tout cela est animé par l'intention paradoxale de faire voir l'invisible. Et, en effet, il est simplement appelé « le Théologien » par l'Église orientale, c'est-à-dire celui qui est capable de parler en termes accessibles des choses divines, en révélant un accès mystérieux à Dieu à travers l'adhésion à Jésus.
    Le culte de Jean apôtre s'affirma à partir de la ville d'Éphèse, où, selon une antique tradition, il oeuvra long-temps, y mourant à la fin à un âge extraordinairement avancé, sous l'empereur Trajan. À Éphèse, l'empereur Justinien, au VIe siècle, fit construire en son honneur une grande basilique, dont il reste aujourd'hui encore des ruines imposantes. Précisément en Orient, il a joui et jouit encore d'une grande vénération. Dans l'iconographie byzantine, il est souvent représenté très âgé — selon la tradition, il mourut sous l'empereur Trajan — et dans l'acte d'une intense contemplation, presque dans l'attitude de quelqu'un qui invite au silence.
    En effet, sans un recueillement approprié, il n'est pas possible de s'approcher du mystère suprême de Dieu et de sa révélation. Cela explique pourquoi, il y a des années, le Patriarche oecuménique de Constantinople, Athénagoras, celui que le Pape Paul VI embrassa lors d'une mémorable rencontre, affirma : « Jean est à l'origine de notre plus haute spiritualité. Comme lui, les "silencieux" connaissent ce mystérieux échange de cœurs, invoquent la présence de Jean et leur cœur s'enflamme » (O. Clément, Dialogues avec Athénagoras, Turin 1972, p. 159). Que le Seigneur nous aide à nous mettre à l'école de Jean pour apprendre la grande leçon de l'amour de manière à nous sentir aimés par le Christ « jusqu'au bout » (Jean 13, 1) et donner notre vie pour lui.

    (à suivre demain)

  • 1er mystère douloureux : l’agonie de Jésus

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    L’atmosphère intime du repas pris au Cénacle n’a guère été troublée par l’annonce de la trahison prochaine : « En vérité, je vous le dis : Un de vous va me livrer » (Matthieu 26, 21). « C’est que le Fils de l’homme s’en va conformément à ce qui a été fixé ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré » (Luc 22, 22). « Il eut mieux valu pour cet homme-là qu’il ne fût pas né » (Marc 14, 21). L’esprit des apôtres n’est pas préparé à ce genre de nouvelles. Pierre a bien essayé de savoir par Jean de qui il s’agissait : « Simon-Pierre lui fit donc signe et lui dit : « Dis, qui est celui dont il parle ? » (Jean 13, 24). Mais son intérêt s’est arrêté là. D’ailleurs, les douze se disputaient alors pour savoir « qui, parmi eux, passait pour être le plus grand » (Luc 22, 24) !
    Judas est sorti, sans que son départ éveille de soupçons. « Ce que tu as à faire, fais-le vite ! » lui a dit Jésus. « Mais cela, aucun des convives ne comprit pourquoi il le lui avait dit. Comme Judas tenait la bourse, il y en eut qui pensèrent que Jésus voulait lui dire : « Achète ce dont nous avons besoin pour la fête », ou : « Donne quelque chose aux pauvres » (Jean 13, 27-29).
    Le repas terminé, Jésus sortit avec les onze apôtres restants en direction du mont des Oliviers. Il avait l’habitude, quand il venait à Jérusalem, de se rendre dans ce jardin, sans doute propriété de la mère de Marc. Il s’y trouvait une grotte où ils pouvaient s’abriter de la fraîcheur de la nuit. « Judas, qui le livrait, connaissait aussi l’endroit, car Jésus s’y était souvent retrouvé avec ses disciples » (Jean 18, 2).
    Jésus prend avec lui les trois apôtres qui ont été témoins de sa Transfiguration sur le mont Thabor, Pierre, Jacques et Jean, et il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez » (Marc 14, 34). Puis il s’écarte d’eux à la distance du jet d’une pierre, de sorte qu’ils pouvaient parfaitement le voir, si l’idée leur était venue de prêter attention à lui… Mais ils ne font pas attention au Seigneur, ce qui est déjà bien triste en soi, et ne tardent pas à sombrer dans le sommeil, tandis que Jésus adresse une prière ardente à son Père : Abba !, « Père, si c’est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non comme je veux, moi, mais comme tu veux, toi » (Matthieu 26, 39), c’est-à-dire « que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse mais la tienne ».
    medium_Agonie.Mantegna.jpgElle est impressionnante cette prière de Jésus, qui souffre tellement des affres de la mort désormais proche que, « en proie à l’angoisse, il priait de façon plus pressante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre » (Luc 22, 45). Et ce, alors même qu’un ange était venu du ciel, qui « le réconfortait » (Luc 22, 43). Mais que pouvait faire une créature pour apaiser la souffrance qui déjà pesait sur les épaules du Seigneur et oppressait son cœur ? Nul doute que l’histoire de l’humanité tout entière, c’est-à-dire celle de chaque homme et de chaque femme, depuis Adam et Ève jusqu’à la fin du monde, est présente à l’esprit et au cœur du Seigneur, une histoire faite de tant de péchés et de trahisons… Sa souffrance morale dépasse de beaucoup sa souffrance physique…
    Et Judas accomplit sa triste besogne. « Levez-vous ! Allons ! Maintenant est arrivé celui qui va me livrer ! » (Marc 14, 42). Judas avait convenu d’un signe, dont il devrait avoir terriblement honte : « Celui à qui je donnerai le baiser, c’est lui : arrêtez-le et emmenez-le sous bonne garde » (Marc 14, 44). « Alors la cohorte, l’officier et les gardes juifs saisirent de Jésus, le lièrent et l’emmenèrent d’abord chez Anne » (Jean 18, 12-13).