Selon la tradition, la Vierge Marie est recueillie en prière quand l’archange saint Gabriel s’adresse à elle de la part de Dieu. En réalité, Marie est dans une relation intime privilégiée avec Dieu à tout instant, car elle a été rachetée par avance du péché et rien ne fait donc obstacle en elle au dialogue amoureux avec Dieu.
« Je vous salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec vous » (Luc 1, 28). Le messager céleste reconnaît cet état de fait, cet état de grâce en Marie. Il en fait même un nom : Marie est la « comblée de grâce », la « pleine de grâce ». Elle, et elle seule. Pleine de grâce et, de ce fait, l’humilité même. C’est pourquoi Marie « fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation » (Luc 1, 29). Plus une créature est sainte, moins elle est consciente de l’être, car l’abîme qui la sépare du Dieu incréé lui paraît infini.
C’est cette humilité qui a touché le Dieu Tout-Puissant. Il a jeté ainsi son dévolu sur la petite jeune fille de Nazareth, « il a jeté les yeux sur son humble servante » (Luc 1, 48), et lui fait dire : « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur » (Luc 1, 46-47).
Marie ne demande pas mieux que de donner une réponse positive, car elle s’est toujours attachée à suivre la Volonté de Dieu. Seulement voilà, elle a épousé Joseph, bien qu’ils ne vivent pas encore sous le même toit. « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge », demande-t-elle à l’archange. Il répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1, 34-35).
La conversation est brève. Elle va à l’essentiel. Marie écoute intensément. Pendant ce temps-là, l’univers tout entier est suspendu à ses lèvres. Il en va de la Rédemption de l’humanité. « Vierge bienheureuse, ouvrez votre cœur à la foi, vos lèvres au consentement, vos chastes entrailles au Créateur. Voyez : le Désiré de toutes les nations frappe à votre porte. Malheur à vous si vous tardiez à lui ouvrir ; il passerait son chemin, et ensuite vous reviendriez avec douleur chercher l’aimé de votre âme ! Levez-vous, courez, ouvrez. Levez-vous par la foi, courez par la dévotion, ouvrez par le consentement » (saint Bernard, Homélie super Missus est 4, 9).
Le Christ lui-même, qui veut venir au temps fixé sauver l’humanité du péché et la restaurer dans sa condition initiale d’enfant de Dieu, attend la réponse : « Même le Verbe l’attend, tremblant et en secret, pour réaliser tout aussitôt l’éternel dessein du Père » (Jean-Paul II, Audience générale, 23 mars 1983).
Et Marie donne son assentiment : Fiat mihi, « qu’il m’arrive selon ta parole » (Luc 1, 38). À l’instant même, elle conçoit le fils de Dieu dans son sein par la vertu de l’Esprit Saint. Désormais elle vit dans une union étroite avec chaque personne de la Très Sainte Trinité, ne cessant de remercier Dieu pour tous ses bienfaits et offrant toute sa vie pour coopérer de toutes ses forces à la mission salvatrice de son divin Fils. Oui, il est bel et bien son fils selon la chair. Marie est devenue la Théotokos, la Mère du Dieu incarné en elle !