Marie dont l’âme n’a jamais été souillée un instant par le péché originel, Marie toute sainte, panhagiata, se rend au temple portant son Enfant dans ses bras, accompagnée de Joseph. Elle se conforme à la Loi qui prescrit que toute mère doit être purifiée après qu’elle a mis un enfant au monde, et de présenter aussi une offrande pour le premier-né.
Marie et Joseph obéissent à la Loi, la suivent avec fidélité. Ils ne cherchent aucun privilège que, d’ailleurs, personne ne comprendrait. Il faudrait des explications indiscrètes… La meilleure façon d’adhérer à la Volonté de Dieu est sans nul doute de vivre la Loi reçue du Très-Haut avec la plus grande perfection possible, puisqu’elle la Volonté de Dieu codifiée, et d’imiter l’humilité du Fils de Dieu, « lui qui était de condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2, 6-7). Comment Marie et Joseph auraient-ils pu agir différemment ?
Et Dieu se sert de cette fidélité pour se faire connaître des justes. C’est d’abord le vieillard Siméon qui comprend par révélation que le nourrisson qu’on lui présente est le Messie Sauveur. Il est conscient d’avoir atteint un âge avancé pour être témoin de la venue de l’envoyé de Dieu : « Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu l’Oint du Seigneur » (Luc 2, 26). C’est pourquoi, après avoir reçu l’enfant Jésus dans ses bras, il « bénit Dieu et dit : « Maintenant, ô Maître, tu peux congédier ton serviteur en paix, selon ta parole ; car de mes yeux j’ai vu le salut que tu as préparé en faveur de tous les peuples, lumière qui révélera aux païens et gloire d’Israël, ton peuple » (Luc 2, 29-32).
Il prédit que cet enfant sera « un signe de contradiction » (Luc 2, 34) pour beaucoup en Israël. Et « pour toi — c’est à Marie qu’il s’adresse — tu auras l’âme transpercée d’un glaive » (Luc 2, 35). Des jours sombres sont ainsi annoncés, qui viennent altérer la joie de cette journée. C’est aussi l’annonce que la Sainte Vierge sera associée de près aux souffrances rédemptrices de son divin Fils.
Puis voici que survient une prophétesse, Anne, âgée de quatre-vingt-quatre ans, qui « ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière » (Luc 2, 37). Elle se met à son tour à « louer le Seigneur et à parler de l’enfant à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la rédemption » (Luc 2, 38).
L’humilité de Siméon et d’Anne, leur service assidu de Dieu, leur vie de prière et de pénitence, leur valent d’être un instrument de l’Esprit Saint pour découvrir aux hommes le Christ qui vient de faire son entrée dans le monde et proclamer qu’il est le Messie annoncé par les prophètes. C’est dire que la prière et la mortification — les sacrifices consentis volontairement dans une fin spirituelle — rendent l’homme agréable à Dieu et attirent sur lui toutes sortes de bénédictions.