La nouvelle est tombée : l’empereur ordonne un recensement du monde entier. Chacun doit se rendre dans la ville dont sa lignée est originaire. Joseph en est contrarié pour Marie, qui n’est pas loin de mettre son fils au monde. Mais l’un comme l’autre se plient à la volonté des hommes, s’en remettant à la Volonté de Dieu.
Et celle-ci se sert des causes secondes, de cette décision impériale pour que s’accomplisse la prophétie : « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement la moindrement les villes de Juda. C’est de toi, en effet, que sortira le chef qui mènera paître Israël, mon peuple » (Michée 5, 1 ; Matthieu 2, 6). C’est Dieu qui dirige le cours des événements…
Marie et Joseph étant arrivés à Bethléem, « il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2, 7). Cruel constat de l’indifférence des hommes qui ne savent pas reconnaître le Christ qui passe dans leur vie, et qui ne comprennent pas non plus quel est leur intérêt véritable : il ne consiste pas à faire un plus grand profit avec des clients plus fortunés que Marie et Joseph, mais à accueillir le Fils de Dieu qui vient leur apporter la vie, qui est lui-même la Vie (voir Jean 14, 6).
Et si les hommes ne veulent pas accueillir le Seigneur, il lui reste la création, sa création. C’est dans une étable qu’il va naître, une étable avec ou sans un bœuf et un âne, qu’importe. C’est dans la discrétion, méconnu, lui qui pourtant est connu, car il est Dieu…
Marie et Joseph contemplent l’Enfant dont ils savent qu’il est vrai Fils de Dieu. Ils sont dans l’émerveillement — comme jamais des parents ont pu l’être — et leur cœur déborde d’action de grâce. Parce que les promesses concernant le Messie, ces promesses qu’ils ont souvent entendu rapporter et commenter, sont enfin accomplies.
Ils s’étonnent sans doute d’être partie prenante d’un tel mystère, et sont couverts de confusion que Dieu ait pu penser à eux pour semblable mission.
Jésus naît dans une grotte qu’il illumine. « La lumière venait dans le monde […] et le monde ne l’a pas reconnu » (Jean 1, 9-10).
Bientôt des bergers se présentent à l’entrée, qui demandent à voir l’Enfant, car, expliquent-ils, un ange leur est apparu qui leur a dit : « Je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira grandement tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David [c’est-à-dire Bethléem], il vous est né un Sauveur qui est le Messie Seigneur » (Luc 2, 10-11).