Un groupe bruyant et gesticulant s’avance :
C’est une femme, par les cheveux empoignée.
Il y a eu offense, qui réclame vengeance,
Comme les pharisiens se sont imaginé :
« Elle a été surprise en flagrant adultère.
Notre Loi nous fait un devoir de lapider
Ce genre de femme. Toi, quelle est ton idée ?
Devons-nous la mettre à mort, ou vas-tu te taire ? »
Il ne se taira pas, mais sans lever les yeux
Il lance une réponse qui est déconcertante
Dont il a le secret : « Que celui que ne hante
Aucun péché et qui se juge religieux
Lui jette la première de ces pierres mortelles. »
La masse des délits passés les écartèle.
Ils se retirent alors, les plus vieux en premier.
De la faute ils avaient été de fins limiers…
Il subsiste en eux un semblant de dignité :
Se détournant de la pécheresse, ils partent
Déçus, démasqués dans leur inhumanité
Et laissent seule avec Jésus la sœur de Marthe.
* * *
Elle avait aussi un frère, nommé Lazare.
Ils habitaient un bourg, du nom de Béthanie,
Située sur le chemin que, comme par hasard,
Jésus suivait pour se rendre à Gethsémani.
Or, les deux sœurs prévinrent le Seigneur que leur frère
Était tombé malade gravement. Mais lui
Fit semblant de ne pas avoir été instruit,
De mésestimer une optique funéraire.
Quand il se décida à gagner Béthanie,
Son ami était mort depuis bien quatre jours.
« Tu pouvais empêcher une telle avanie
Si tu avais voulu avancer ton séjour
Parmi nous, et mon frère n’aurait pas été mort »,
Lui dit Marie en pleurs, prosternée à ses pieds.
— La foule des amis était là à l’épier.
Voyant ce regard de souffrance qui l’implore,
Jésus fut à son tour gagné par l’émotion.
Il s’enquit : « Où l’avez-vous mis ? » On répondit :
« Seigneur, viens voir. » À ces simples mots, il fondit
En larmes. « Il avait une vraie dévotion
Pour ce Lazare », dirent ceux qui étaient présents.
« Que n’a-t-il usé de son pouvoir bienfaisant
Pour lui épargner la mort et nous le laisser ?
Mais voyez comme son cœur d’amour est blessé. »
Une fois face au caveau, le Maître s’écria :
« Lazare, sors. » Les anges entonnent le Gloria
Et Lazare s’avance, pleinement entouré
De bandages. « Déliez-le, et qu’il soit libéré. »
* * *
Le lendemain de la Pâque, Marie se rend
Au tombeau, escortée des autres saintes femmes,
Elle porte un flacon de parfums enivrants,
Pour finir d’embaumer Jésus après le drame.
Elle se penche, tout en pleurant, dans la tombe,
Et voit deux anges en blanc qui étaient assis,
Et s’adressent à elle sur un ton adouci :
« Ô femme, qui cherches-tu dans ces catacombes ? »
« On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais
Où on l’a placé. » Puis, sentant une présence,
Elle se retourna et perçut à distance
Un homme qui pourrait parler du trépassé,
Car elle pensait que c’était le jardinier.
« Femme, pourquoi es-tu en pleurs ? » demanda-t-il.
« Si c’est toi, où as-tu caché le crucifié ? »
« Myriam ! » Le ton de la voix est chaud et subtil.
Marie capte alors le regard et reconnaît
Celui qu’elle cherchait éplorée. « Rabbouni ! »
La voilà qui s’en trouve aussitôt rajeunie.
« Ne me touche pas, bien que tu sois passionnée,
Je ne suis pas encore remonté vers mon Père,
Mais vas porter la bonne nouvelle à tous mes frères,
Et dis-leur que je vais remonter vers mon Père
Et votre Père, et que j’ai délaissé l’ossuaire. »
verité - Page 30
-
Regard de Jésus sur Marie-Madeleine
-
Les 21 Églises catholiques d'Orient (5)
11. L'Église bulgare catholique prend naissance quand des Bulgares orthodoxes, lassés de ne pouvoir obtenir d'être indépendants vis-à-vis de Constantinople, cherchèrent à retourner à la communion avec Rome après 1859. Le pape ordonna évêque leur chef. Mais il fut enlevé et mourut prisonnier dans un monastère orthodoxe de Russie. Cela n'empêcha pas une communauté d'exister. Cependant ses effectifs s'amenuisèrent, malgré les efforts de missionnaires augustiniens et assomptionistes. L'exarchat apostolique a son siège à Sofia.
12. L'Église russe catholique doit son existence au fait que le rite byzantin étant interdit aux catholiques par le régime tsariste jusqu'en 1905, les Russes qui se convertissaient devaient être de rite latin. En 1905 Nicolas II prit un édit de tolérance, et un exarchat fut créé en 1917, mais la persécution ne tarda pas à éliminer presque tous ces catholiques. L'Église russe compte deux exarchats apostoliques (Moscou et, hors de Russie, Harbin en Chine). Le collège russe fondé à Rome par le Saint-Siège en 1929 est destiné à former des prêtres pour la Russie.
13. L'Église ruthène catholique. Les Ruthènes sont les Slaves d'Ukraine, de Galicie et d'une partie des Carpates. L'union de Florence dut être renouvelée à Brest-Litovsk. Les partages de la Pologne, de 1772 à 1795, attribuent presque tout le pays des Ruthènes à la Russie. Catherine II les fait passer de force à l'orthodoxie. À la suite de l'édit de 1905, une partie redevinrent catholiques, mais de rite latin. Les Ruthènes de Galicie connurent un sort meilleur dans l'Empire austro-hongrois, et une province ecclésiastique avec deux évêchés suffragants put leur être donnée. En 1949, le synode des prêtres ruthènes catholiques décida l'intégration à l'Église russe orthodoxe. Les persécutions furent très dures, ainsi qu'en Tchécoslovaquie. Quatre éparchies existent aux États-Unis et une en Ukraine.
14. L'Église roumaine catholique comprend les régions de Valachie, Moldavie et Transylvanie, longtemps sous la domination ottomane. L'Église orthodoxe apparaissait étroitement liée à la conscience roumaine. Après l'annexion de la Transylvanie par l'Empire austro-hongrois en 1687, un mouvement de rapprochement avec Rome se dessina dans cette province. Des jésuites y furent envoyés, si bien qu'une union formelle avec Rome est proclamée en 1701. En 1940, l'Église roumaine comptait 1 500 000 fidèles et cinq éparchies. Mais le 1er décembre 1948 un synode des prêtres (auquel les évêques ne participaient pas) vota le rattachement à l'Église orthodoxe de Roumanie. Ce décret a été aboli trente et un ans plus tard. La hiérarchie catholique est reconstituée le 14 mars 1990. La Roumanie compte cinq éparchies. Un exarque réside aux États-Unis (Ohio).
(à suivre…) -
Regard de Jésus à Pierre
André ayant quitté Jean pour l’autre Rabbi
Ne peut vivre seul ce cheminement subit.
Il s’empresse d’aller trouver Simon, son frère,
Devant aux travaux de la pêche le soustraire.
« Le Messie, le Messie, nous l’avons rencontré.
Il vient d’arriver, mais si ! dans notre contrée.
Laisse tes compagnons achever le travail,
Viens t’adjoindre à ceux qui font partie du sérail. »
Jésus le fixa du regard, puis il lui dit :
« Tu es Simon, fils de Jean : tu t’appelleras
Désormais Képhas, ou Pierre, et tu seras
Un pêcheur d’hommes, pour remplir mon paradis. »
* * *
« Tu es un compagnon de ce Galiléen. »
Cette apostrophe d’une servante à Simon
Est le piège qu’invente l’astucieux démon
Pour que chute le bras droit du Nazaréen.
En effet, devant tous avec force il nia :
« Non, vraiment, je ne vois pas ce que tu veux dire. »
il abandonne sur le champ son vicariat,
N’hésitant pas, le malheureux, à se dédire.
Il se rapproche du portail, pour partir,
Quand un autre dit : « Tu étais avec Jésus ! »
De Nazareth », bloquant ainsi l’unique issue.
Pierre va se laisser encore pervertir :
« Je ne connais pas cet homme, vous ai-je dit ! »
Il fait cette assertion sans la moindre assurance.
Il ne pense pas une seconde aux souffrances
De Jésus, seule compte sa propre tragédie.
« Et pourtant ta façon de parler te trahit. »
Par cette affirmation, l’homme a surenchéri.
Alors, Pierre se lance dans des imprécations,
Se met à jurer et nie toute relation :
« Je ne connais pas cet homme, je vous le jure ! »
Pour la troisième fois dans la cour du palais
Du grand prêtre résonne cet atroce parjure :
Terrorisé, Simon-Pierre s’est emballé.
Le serviteur tout de go l’a désarçonné,
Et ce, par peur d’être à son tour emprisonné !
Pierre peut le regretter : ce qui est dit est dit.
Il est l’acteur de la terrible tragédie.
Il devait devenir une pierre angulaire
Pour l’Église, et en plus affermir tous ses frères,
Mais voilà qu’il s’effondre pris de couardise,
Tombant de plein gré dans une effroyable mouise.
Pendant ce temps, Jésus consent à un semblant
D’interrogatoire. Et, simultanément,
Tandis qu’il descend de l’étage un coq chante,
Jésus se tourne vers Simon en fin de pente.
Leurs regards se croisent. Pour Jésus, un regard
De tristesse et d’Amour, où on peut discerner
Déjà le pardon. Et pour Simon, un regard
De honte, le cœur pris dans de tristes chardons.
Dans ce regard perçant, il entrevoit l’horreur
De son inconcevable et dure trahison,
Il voit qu’une fois de plus, il est dans l’erreur,
La peur de la prison reste son horizon.
Découvrant sa misère, il sait qu’il est aimé
En dépit de tout, au lieu d’être condamné.
Il a pourtant renié et beaucoup blasphémé,
Mais il y a moyen de se désaliéner.
La possibilité d’un vrai relèvement,
N’a pas disparu, qui suppose un mouvement
De purification avec l’acceptation
De la situation, épurant l’intention.
La chance de Pierre est d’avoir su accepter
De croiser le regard de Jésus, son bon Maître,
D’avoir pu pleurer sa trahison, pour renaître
À la vie, et ne plus se laisser dérouter.
Il sortit enfin de l’enceinte du palais,
Malade, comme si on l’avait empalé.
Il pleura longuement, versa de chaudes larmes,
Lui qui croyait sauver Jésus-Christ par les armes.
* * *
Dans les jours qui font suite à la Résurrection,
Jésus demande à Pierre, seul, dans un tête-à-tête :
« M’aimes-tu ? » « Oui, Seigneur, et mon cœur est en fête. »
Cette question, il la pose à répétition :
« Simon, fils de Jean, m’aime-tu plus que tous ceux-ci ? »
« Oui, Seigneur, répondit-il, tu sais que je t’aime. »
« Pais mes brebis », dit Jésus, qui le remercie.
Mais voici encore une question, une troisième :
« M’aimes-tu ? » Simon est peiné de l’insistance
Du Rabbi. Pourtant il faut faire pénitence
De la négation triple, qui a pour conséquence
La manifestation de la Toute-Puissance.
Il lui répond : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais
Bien que je t’aime ». Leurs regards se sont croisés.
Et tandis que Jésus répond : « Pais mes brebis »,
Il sait que le pardon a soldé son débit. -
Les 21 Églises catholiques d'Orient (6)
15. L'Église slovaque catholique. L'histoire de la Slovaquie s'est longtemps confondue avec celle des Ruthènes. Avec la création de l'État tchèque après la Première Guerre mondiale, les Slovaques catholiques furent traités comme un groupe distinct. En 1950, un synode présidé par cinq prêtres rompt l'union à Rome et intègre les Slovaques catholiques à l'Église orthodoxe de Tchécoslovaquie. Los du « printemps de Prague », en 1968, les paroisses orthodoxes qui le désiraient purent revenir au catholicisme : 205 d'entre elles, sur 292, choisirent la communion avec Rome. L'Église slovaque catholique comprend une éparchie, à Presow. Une éparchie se trouve au Canada (Toronto).
16. L'Église biélorusse catholique a connu une histoire parallèle à celle des Ukrainiens catholiques. Quand la Biélorussie appartint à la Pologne, après la Première Guerre mondiale, l'on vit réapparaître 30 000 Biélorusses (Russes blancs) catholiques. Mais l'Église biélorusse a été intégrée à l'Église orthodoxe de Russie après l'annexion de la Biélorussie à l'URSS.
17. L'Église hongroise catholique regroupe les catholiques ukrainiens, ruthènes et roumains qui sont complètement intégrés à la Hongrie. Jusqu'en 1912 ils relevaient de la juridiction d'évêques de régions voisines. Pie X les érige à cette date en éparchie (Hajdudorog). Un exarchat apostolique existe à Miskolc.
18. L'Église grecque catholique voit le jour avec l'activité missionnaire qui travaille en 1856 au retour des dissidents de Constantinople. Deux paroisses catholiques sont créées en 1895. Rome leur donne un évêque en 1911. Les hostilités entre la Grèce et la Turquie, qui suivirent la Première Guerre mondiale, forcèrent une bonne partie de la communauté à émigrer en pays hellène en 1922, d'où la création d'un exarchat apostolique à Athènes (1932), en plus de celui d'Istanbul (1911).
19. L'Église ex-yougoslave catholique, doit son existence à l'occupation autrichienne, qui favorisa la conversion des orthodoxes au catholicisme. L'éparchie de Krizevci fut érigée le 17 juin 1777.
20. L'Église albanaise catholique provient d'un petit groupe de catholiques byzantins qui vivaient le long de la côte en 1628. Mais il disparut en 1765. Ce n'est qu'en 1920 que quelques fidèles d'un prêtre orthodoxe albanais sont reçus dans la communion avec Rome, tout en conservant leur rite byzantin. La suppression de toute religion en Albanie porta un coup sévère à cette communauté. Elle a un administrateur apostolique.
21. L'Église italo-albanaise existe dans l'Italie du Sud qui, avec la Sicile, a été longtemps de rite byzantin, mais sous la juridiction de l'évêque de Rome. Au VIIIe siècle, l'Empereur Léon III plaça cette région sous la juridiction de Constantinople. Elle revient à Rome grâce à la conquête Normande du XIe siècle. Une importante immigration albanaise est venue grossir les rangs de cette communauté au XVe siècle. Elle compte deux diocèses, en Sicile et en Calabre. L'abbaye territoriale de Grottaferrata, près de Rome, témoigne de la vie monastique qui fleurissait jadis sur les côtes de l'Italie du Sud.
(fin) -
3 septembre : st Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand étant le premier des Pères de l’Église que je présente, il faut commencer par expliquer qui sont les Pères de l’Église.
C’est un titre reconnu par les théologiens catholiques aux écrivains ecclésiastiques qui se sont distingués par l’orthodoxie de leur doctrine, la sainteté de leur vie, l’approbation, au moins tacite, de l’Église, et leur ancienneté (jusqu’au VIIIe siècle). On distingue les Pères grecs et les Pères latins. Les « docteurs de l’Église » se différencient de ces Pères en ce qu’ils n’ont pas toujours vécu aux premiers temps de l’Église. Certains Pères ont reçu aussi le titre de docteur de l’Église.
Les Pères grecs (ceux qui écrivent en grec) sont : Clément d’Alexandrie (v. 150-v. 215), Origène (v. 185-v. 253), Grégoire le Thaumaturge († 270), Lucien d’Antioche (v. 235-312), Athanase (298-373), Aphraate le Syrien († v. 345), Éphrem († v. 373), Basile de Césarée (329-379), Grégoire de Nazianze (v. 329-v. 390), Grégoire de Nysse (v. 335-v. 395), Cyrille d’Alexandrie (v. 380-444), Didyme l’Aveugle († 398), Cyrille de Jérusalem (v. 315-387), Jean Chrysostome (v. 349-407), Maxime le Confesseur (v. 580-662), Germain de Constantinople (634-733), Jean Damascène (fin VIIe siècle-v. 749).
Les Pères latins (ceux qui écrivent en latin) sont : Cyprien (début IIIe siècle-258), Hippolyte de Rome (170-235), Hilaire de Poitiers (v. 315-367), Ambroise de Milan (v. 340-397), Jérôme (v. 350-v. 420), Paulin de Nole (353-431), Augustin (354-430), Vincent de Lérins († av. 450), Cassien (v. 360-v. 435), Léon le Grand († 461), Grégoire le Grand (v. 540-604), Bède le Vénérable (673-735).
Saint Grégoire le Grand est né dans une famille patricienne et est élu sur le siège de Pierre, c’est-à-dire qu’il devient pape, en 590. C’est lui qui prend le titre de servus servorum Dei, « serviteur des serviteurs de Dieu », titre qui, selon le pape Jean-Paul II, est « la meilleure protection contre le risque de séparer l’autorité (et en particulier la primauté) du ministère », conçu comme service. L’ouvrage le plus connu de saint Grégoire est la Règle pastorale, qu’il a écrit au début de son pontificat et qui s’adresse principalement aux prêtres, afin deltoïdienne dans leur ministère. il contient cependant de nombreux et orientations utiles pour tous les fidèles.
Il mérite le qualificatif de Grand en raison de ses dons de gouvernement, de son zèle apostolique, de la richesse de son magistère (ou enseignement), de la sollicitude avec laquelle il s’est occupé, aussi bien dans l’aspect spirituel que dans l’aspect matériel du troupeau à lui confié. -
Jésus-Christ, cause de scandale
« On lit dans l’Écriture : Voici que je place dans Sion une pierre d’angle, pierre de choix et de grand prix : qui met confiance en elle ne sera pas déçu. Pour vous donc l’honneur, pour vous qui croyez ; mais pour ceux qui ne croient pas, cette pierre que les constructeurs ont rejetée est devenue la pierre d’angle, et la pierre d’achoppement et le roc de scandale : ils achoppent contre en refusant d’obéir à la Parole » (1 Pierre 2, 6-8).
Lorsque l’Enfant Jésus avait été présenté au Temple par ses parents, le vieillard Siméon qui les avait accueillis avait prédit : « Cet enfant en amènera beaucoup en Israël à tomber ou à redresser, et il sera un signe sur qui on discutera » (Luc 2, 34), un signalement à la contradiction. Jésus est un signe de contradiction pour ceux qui s’obstinent à le rejeter et qui, par là, se ferment librement la voie d’accès au ciel et au salut.
Pourtant, souligne saint Pierre, les hommes « ont été destinés » (1 Pierre 2, 8) à obéir à la parole qui, pour le chrétien, est Jésus incarné, c’est-à-dire le Fils de Dieu devenu homme. Personne n’est destiné par avance à se condamner, car Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). C’est d’ailleurs le motif premier de l’Incarnation de Jésus. Mais Dieu compte sur la libre réponse de l’homme au dessein de salut. Jusqu’au dernier instant de sa vie, c’est-à-dire jusqu’au moment de sa mort, l’homme peut accepter Dieu et se laisser toucher par sa grâce, ou le refuser et se détourner de lui. « La coupe du salut de l’humanité, faite de notre faiblesse et de la puissance divine, contient bien ce qui est utile à tous ; mais si l’on n’y boit pas, on n’est pas guéri » (concile de Quierzy, mai 853).
L’Église catholique dit encore : « Nous affirmons avec confiance la prédestination des élus à la vie, et la prédestination des impies à la mort ; dans l’élection cependant de ceux qui doivent être sauvés la miséricorde de Dieu précède le mérite, tandis que dans la damnation de ceux qui doivent périr le démérite précède le juste jugement de Dieu. […] « Mais qu’il y ait des hommes prédestinés au mal par la puissance divine », de telle sorte que pour ainsi dire ils ne puissent pas être autre chose, « non seulement nous le croyons pas, mais s’il en est qui voulaient croire une chose aussi mauvaise, avec toute notre détestation », comme aussi le concile d’Orange, « nous leur disons : anathème » (concile de Valence, 8 janvier 855), c’est-à-dire qu’ils sont retranchés de la communion des croyants.
Le mystère de la prédestination met en valeur trois vérités d’une grande importance et qui sont autant d’encouragements dans la vie quotidienne. Tout d’abord, la liberté absolue et la générosité de Dieu au moment d’accorder sa grâce à qui il le veut sans mérite de la part de l’homme, et qui fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde (voir Romains 9, 15-16). En second lieu, la volonté salvifique de Dieu est universelle : elle s’adresse à tous les hommes de toutes les époques. Le Christ a été envoyé par le père pour mourir sur la Croix pour tous. Enfin dans l’œuvre de notre salut, Dieu compte sur notre libre coopération, qu’il aide par sa grâce. L’homme peut toujours refermer à la grâce et tourner le dos à Dieu qui ne s’impose jamais. -
Regard de Jésus sur la Croix
En toi je ne découvre ni grâce ni beauté
Vers lesquelles mon âme se retrouve attirée.
C’est tout le poids de ta très Sainte Humanité,
Autre qu’au Thabor où tu t’es transfiguré.
Il peut paraître hagard, mais c’est bien le regard
Du Fils de l’Homme et un regard d’éternité,
Mêlé d’humaine entente en confraternité,
Cherchant à attirer les hommes qui s’égarent.
Offusqué de filets de sang coagulé,
Il voit le nombre sans fin des générations
Au long des siècles en train de s’accumuler
Qui toutes ont besoin d’une réparation.
Depuis Adam et Ève jusqu’au jour du retour
En gloire pour juger les vivants et les morts
Tous, dans son Acte Pur, il se les remémore,
Il pousse pour chacun au point de non-retour.
Tous sont présents : cupides, rapaces et voleurs,
Semeurs d’injustices et fort beaux parleurs,
Idolâtres, cupides et pécheurs solitaires,
Ivrognes, impudiques, tenants de l’adultère,
Calomniateurs, perfides et magistrats iniques,
Exploiteurs du faible et du pauvre, usuriers,
Dirigeants despotiques et meneurs tyranniques,
Efféminés, rebelles, fourbes et meurtriers,
Athées, présomptueux, semeurs de zizanie,
Les trafiquants du Temple et de la simonie,
Et l’armée de ceux par qui le scandale arrive,
Les oisifs, et tous ceux à la vie conflictive…
Nos pensées, nos paroles, actions et omissions
Se dressent devant nous et prennent tout leur sens
Face à Celui que blesse un adroit coup de lance
Qui est le résultat de leur longue addition.
« Ils dévisageront Celui qu’ils ont percé. »
Ma place est au Calvaire : si jamais je l’oublie,
Il suffit de peu pour que je sois renversé
Que mes défenses soient plus encore affaiblies.
Où que j’agisse, dans le monde qui m’entoure,
Mon refuge est dans ta Croix comme en une tour.
C’est là, seulement là, que des mauvais désirs
Et mauvaises pensées je peux me dessaisir.
Sois sous mes yeux comme un reproche permanent
Pour que je mène ma bataille maintenant.
Que ta sainte Croix soit un rappel affectueux
Pour abandonner toute vie de voluptueux.
Ne permets pas que je m’écarte d’un iota
Du bois sacré planté sur le mont Golgotha
Et que mes yeux se tournent continuellement
D’une Plaie à une autre, pour t’aimer follement.
Mais les regards me semblent peu, car ce que je dois
C’est y pénétrer en esprit et te trouver
Dans les tiens sentiments qu’il me faut éprouver
Pour les faire miens et pour grandir dans la foi.
Et quand je parviens à joindre ton Cœur blessé
Je souffre, mais d’amour, de t’avoir délaissé.
Nous nous disons des choses exquises et ardentes
Mon âme devient — je rêve ! — une confidente.
C’est au monde que tu m’appelles à vivre ainsi
— J’y insiste — au sein des tâches quotidiennes ;
Qui constituent l’autel sur lequel j’officie,
Joint à ton oblation qui est contemporaine.
Ainsi uni à toi, partout et en tous lieux,
Je vois ce que tu vois, tous les hommes, mes frères.
Te ressemblant, je ne serai pas oublieux
De donner, moi aussi, ma vie pour leurs misères.
Ils seront ceux que tu as appelés « amis »,
Non, comme cela est fréquent, des ennemis.
Ensemble nous ferons régner la charité
Et nous produirons une aimable hilarité. -
Les 21 Églises catholiques d'Orient (3)
Une Église de tradition arménienne
6. L'Église arménienne catholique prend ses racines à l'époque des croisades, avec la création du royaume de Petite Arménie (Cilicie). L'union, proclamée en 1198, dura jusqu'à la disparition du royaume, en 1375. L'archevêque de Leopoli, en Pologne, rétablit l'union en 1635. Mais il faudra attendre le 26 novembre 1740 pour voir les évêques arméniens qui avaient réintégré la communion avec Rome se donner un patriarche, Abraham Arzivian, évêque d’Alep. Benoît XIV confirme l'élection en 1742 et octroie au patriarche le pallium et le titre de catholicos-patriarche des Arméniens de Cilicie. Rejeté par le clergé de son siège, il fixa sa résidence au couvent de Kreim, au Liban. En 1830 la Sublime Porte ottomane reconnaît l'indépendance de la communauté arménienne catholique. Il est procédé à l'union des deux communautés arméniennes catholiques, à savoir le patriarcat de Cilicie et celui de Constantinople (1866). Le siège patriarcal est alors établi à Istanbul. Mais les massacres de 1915 et l'exode massif qu'ils entraînent amèneront le synode des évêques arméniens catholiques à le réinstaller au Liban (1918). L'Église arménienne catholique a son éparchie patriarcale en Irak (Bagdad) et compte en Syrie deux éparchies et un exarchat patriarcal, une éparchie à Ispahan, Alexandrie, Istanbul et Paris (éparchie de Sainte Croix de Paris érigée le 30 juin 1986, première éparchie orientale catholique en Europe de l'Ouest), un exarchat apostolique en Amérique latine (Argentine), un pour les États-Unis d'Amérique et le Canada (Paterson), un exarchat patriarcal à Jérusalem. Un ordinariat a été créé en Europe orientale pour les Arméniens catholiques de l'Europe de l'Est, et en Roumanie pour les catholiques de rite arménien résident dans ce pays.
Les Églises orientales catholiques de tradition chaldéenne
7. L'Église chaldéenne catholique est l’Église de Mésopotamie fondée par l’apôtre saint Thomas et remise à l’un des soixante-dix disciples, Addai, qui, avec un compagnon fonda l’Église de Séleucie et Ctésiphon. En 424 celle-ci se rendit autonome par apport à Antioche, sans rupture formelle. La dénomination d’Église chaldéenne date du concile de Florence (1445), à l’occasion de l’union de l’Église nestorienne de Chypre avec Rome. En 1233 les dominicains convertissent le patriarche de Bagdad, qui aura plusieurs successeurs catholiques. Mais ces entreprises, tout comme celles des franciscains, n'amène que des unions passagères avec Rome. À la suite des persécutions de Tamerlan le patriarche Chimoun (Siméon) IV (1437-1477) rendit l'office patriarcal héréditaire. Nombre d'évêques assyriens se choisissent alors en 1551 un patriarche, Jean Sulaka, qui est reçu dans l'Église catholique et confirmé dans sa charge par Jules III (20 avril 1553), qui reconnaît aussi sa juridiction sur les Indes. Cette dynastie finit par retomber dans le schisme avec Chimoun XIII (1662-1700) et par donner naissance à la dynastie nestorienne. Plusieurs patriarches furent catholiques, mais c'est en 1830 que Rome reconnaît Jean Hormez comme patriarche de Babylone des Chaldéens, avec siège à Mossoul. L'Église chaldéenne compte neuf éparchies en Irak dont le siège patriarcal de Bagdad, quatre éparchies en Iran dont deux sièges métropolitains (Urmya et Téhéran), une éparchie en Turquie, à Beyrouth, à Alep, au Caire et à Detroit, un exarchat patriarcal à Jérusalem. Une mission chaldéenne existe en France, en Australie et en Suède.
8. L'Église syro-malabare catholique est de vieille tradition. En effet, les chrétiens des États de Cochin et de Travancore, sur la côte occidentale de l'Inde, revendiquent le titre de « chrétiens de saint Thomas », l'apôtre qui, selon la tradition (voir les Actes de Thomas, du IIIème siècle, conservés en syriaque et en grec), aurait évangélisé leurs ancêtres et dont la tombe est vénérée à Mylapore. C'est eux que les Portugais découvrent en 1498. À la mort du dernier évêque nestorien, l'évêque de Goa, Ménezes, réunit un synode qui décida l'union à Rome (1599). Le jésuite Francisco Roz devint évêque de l’Église syro-malabare. Ultérieurement ce furent les carmes déchaux qui assumèrent cette juridiction. 1662 voit le sacre de Mar Alexandre Parampil, dernier évêque malabar, qui ramène beaucoup de syriens orthodoxes à son Église. Les fidèles dépendirent ainsi des ordinaires latins pendant trois siècles (1599-1896), c'est-à-dire jusqu'à la création de trois vicariats apostoliques confiés au clergé indigène. En 1923 est mise en place la première hiérarchie malabare catholique, avec Ernakulam comme siège métropolitain. Mais ces chrétiens ne sont pas autorisés, même encore de nos jours, à évangéliser le reste de l'Inde, à moins de passer au rite latin. L'Église malabare comprend un archevêché majeur (Ernakulam-Angamaly) et vingt-et-une éparchies en Inde (État du Kerala).
(à suivre…)
-
Les 21 Églises catholiques d'Orient (4)
Les Églises orientales catholiques de tradition constantinopolitaine
9. L'Église melkite catholique, du nom donné par les monophysites (jacobites et coptes) après la conquête arabe aux chrétiens des patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem restés fidèles à Chalcédoine et donc à l'empereur byzantin qui avait confirmé ce concile œcuménique (malka en syriaque, malik en arabe veut dire royalistes) ; cette dénomination s’applique à la fraction de cette communauté qui est entrée en communion avec Rome. Les relations de l’Église melkite avec Rome ont traversé trois phases. La période antiochienne est marquée par la communion. La période byzantine est une phase de rupture, la hiérarchie melkite se ralliant aux idées anti-latines des théologiens de langue grecque. La dernière phase est celle de l’intercommunion.
Après que les Ottomans eussent divisé l'Orient en trois wilayat (Damas, Beyrouth et Alep) au XVIe siècle, le gouvernement de Damas s'immiscait fréquemment dans les affaires du patriarche orthodoxe. Le patriarche Ephtimos II négocie alors l'union avec Rome, mais il n'a pas le temps de la conclure. À la mort du patriarche Athanasios III Dabbas, en 1724, l'autorité de son successeur est battue en brèche par le patriarche de Constantinople qui nomme son candidat, appuyé par le Sultan ottoman. D'où une scission, une partie adhérant au patriarche légitime et devenant catholique. La série des patriarches melkites catholiques est ininterrompue depuis Cyrille VI († 1759). De cette date jusqu'en 1830, l'Église melkite souffrit de violentes persécutions de la part des Ottomans. À l'occasion de l'occupation de la Syrie par les Égyptiens, le siège patriarcal fut transféré à Beyrouth (1833). En 1838 le patriarche catholique Maximos III Mazlum obtient que Constantinople reconnaisse l’existence juridique de l’Église et de la nation (millet) melkite. Rome autorisa Maximos III à porter le titre de patriarche d’Alexandrie et de Jérusalem. L'Église melkite catholique comprend vingt éparchies, dont cinq en Syrie (Alep, Bosra-Hauran, Damas, Homs, Lattaquieh), sept au Liban (Beyrouth-Jbeil, Tyr, Baalbeck, Banyas-Césarée de Philippes, Saïda, Tripoli du Liban, Zahleh-Furzol), une à Haïfa, au Caire, à Amman, São Paulo, Mexico, New-York, Montréal et Sydney, un exarchat patriarcal à Jérusalem, au Caire (pour l'Égypte et le Soudan) et au Koweit, et un exarchat apostolique au Venezuela.
10. L'Église ukrainienne catholique développa son identité propre après le schisme de 1054. Objet d'occupations diverses, celle des Polonais au XVe siècle rendit le catholicisme prépondérant, au point que le métropolite de Kiev accepta l'union proposée au concile de Florence (8 janvier 1438-7 août 1445). Moscou rejeta cette union et élut son propre métropolite. L'union de la province métropolitaine de Kiev fut alors formellement proclamée au synode de Brest-Litovsk (1595-1596). Au XVIIIe siècle le Tsar abolira l'union avec Rome en Ukraine orientale et imposera l'orthodoxie aux Ukrainiens catholiques de son Empire ; l’union n’est préservée que dans la partie occidentale de l’Ukraine, rattachée en 1772 à l’Autriche après le premier partage de la Pologne. En 1946, un synode des prêtres ukrainiens catholiques se tient à Lvov pour dissoudre officiellement l'union et intégrer l'Église d'Ukraine à l'Église russe orthodoxe, à la suite de l'annexion de l'Ukraine par l'URSS. Le premier synode plénier de toute la Rus' depuis la persécution s'est tenu en 1992 à Lvov, qui est archevêché majeur. La hiérarchie catholique a pu être reconstituée avec la création de quatre éparchies (20 août 1993) à Koloma-Chernivci des Ukrainiens, Sambir-Drohobych, Ternpil et Zboriv, et d'une administration apostolique dans les Carpates (14 août 1993). La diaspora se trouve principalement en Amérique du Nord, avec cinq éparchies au Canada, quatre aux États-Unis, une au Brésil et une en Argentine. Il en existe également une en Pologne et en Australie, à quoi s'ajoutent des exarchats apostoliques en Allemagne, France, Pologne et Royaume-Uni.
(à suivre…) -
24 juin : Saint-Jean-Baptiste
L’influence de Jean-Baptiste sur Jésus
La figure de saint Jean-Baptiste occupe une place importante dans le Nouveau Testament et, concrètement, dans les Évangiles. Elle a été commentée par la tradition chrétienne la plus ancienne et a pénétré profondément dans la piété populaire, qui célèbre depuis les temps les plus reculés la fête de sa naissance avec une solennité particulière. Ces dernières années, elle est au centre de l’attention de ceux qui étudient le Nouveau Testament et les origines du christianisme et qui se posent la question de savoir ce que nous pouvons connaître des rapports entre Jean-Baptiste et Jésus de Nazareth du point de vue de la critique historique.
Deux types de sources parlent de Jean-Baptiste, les unes chrétiennes, les autres profanes. Les sources chrétiennes sont les quatre Évangiles canoniques et l’évangile gnostique de Thomas. La source profane la plus importante est Flavius Josèphe, qui consacre un long paragraphe de ses Antiquitates Judaicæ 18, 116-119, à gloser le martyre de Jean-Baptiste du fait d’Hérode dans la forteresse de Machéronte (en Pérée). Pour apprécier les influences éventuelles, il peut être utile de considérer ce que nous savons de la vie, de la conduite et du message des deux hommes.
1. Naissance et mort. Jean-Baptiste est contemporain de Jésus, est né certainement un peu avant lui et a commencé sa vie publique aussi avant. Il était d’origine sacerdotale (Luc 1), même s’il n’a pas exercé ses fonctions et si l’on suppose que, par sa conduite et du fait qu’il est resté éloigné du Temple, il s’est montré contraire au comportement du sacerdoce officiel. Il a passé un certain temps au désert de Judée (Luc 1, 80), mais il ne semble pas qu’il ait été en relation avec le groupe de Qumran, étant donné qu’il ne se montre pas aussi radical que lui dans l’accomplissement des préceptes légaux (halakhot). Il est mort condamné par Hérode Antipas (Flavius Josèphe, Ant. 18, 118). Jésus, pour sa part, a passé sa première enfance en Galilée et a été baptisé par Jean dans le Jourdain. Il a appris la mort de Jean-Baptiste et en a toujours loué la figure et la mission prophétique.
2. Comportement. De sa vie et sa conduite, Josèphe dit que c’était « une bonne personne » et que beaucoup « allaient à lui et s’enflammaient en l’écoutant ». Les évangélistes sont plus explicites et mentionnent le lieu où sa vie publique s’est déroulée, la Judée et les rives du Jourdain, sa conduite austère dans l’habillement et la nourriture, son attitude de chef à l’égard de ses disciples et sa fonction de précurseur, quand il découvre en Jésus de Nazareth le vrai Messie. Jésus, en revanche, ne s’est pas distingué extérieurement de ses concitoyens : il ne s’est pas limité à prêcher en un endroit déterminé, il a pris part aux repas de famille, s’est habillé avec naturel et, tout en condamnant l’interprétation littérale de la Loi que faisaient les pharisiens, il a accompli tous les préceptes légaux et s’est rendu au Temple de façon assidue.
3. Message et baptême. Selon Josèphe, Jean-Baptiste « exhortait les Juifs à pratiquer la vertu, la justice les uns envers les autres et la piété envers Dieu, puis à recevoir le baptême ». Les Évangiles ajoutent que son message était un message de pénitence, eschatologique et messianique ; il exhortait à la conversion et enseignait que le jugement de Dieu était imminent : un qui est « plus fort que moi » viendra, qui baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Pour Josèphe, son baptême était « un bain du corps » et signe de propreté de l’âme par la justice. Pour les évangélistes, c’était « un baptême de conversion pour le pardon des péchés » (Marc 1, 15). Jésus ne rejette pas le message de Jean-Baptiste, mais part de lui (Marc 1, 15) pour annoncer le royaume et le salut universel, et il s’identifie au Messie que Jean annonçait, ouvrant ainsi l’horizon eschatologique. Et, surtout, il fait du baptême la source du salut (Marc 16, 16) et la porte pour participer aux dons octroyés aux disciples.
En résumé, il y a eu beaucoup de point de contact entre Jean et Jésus, mais toutes les données connues jusqu’ici mettent en évidence le fait que Jésus de Nazareth a dépassé le schéma vétérotestamentaire de Jean-Baptiste (conversion, attitude éthique, espérance messianique) et présenté l’horizon infini du salut (règne de Dieu, rédemption universelle, révélation définitive).
Santiago Ausín, professeur de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
Original sur le site opusdei.es
Traduit par mes soins