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théologie - Page 12

  • Le péché originel (5)

    Le péché originel (suite)
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    Ses conséquences pour l’homme. Outre le châtiment que le péché originel entraîné, et que j’ai rappelé précédemment, désormais « l'homme n'a pas confiance en Dieu. Tenté par les paroles du serpent, il nourrit le soupçon que Dieu, en fin de compte, ôte quelque chose à sa vie, que Dieu est un concurrent qui limite notre liberté et que nous ne serons pleinement des êtres humains que lorsque nous l'aurons mis de côté ; en somme, que ce n'est que de cette façon que nous pouvons réaliser en plénitude notre liberté » (Benoît XVI, homélie pour le 40ème anniversaire de la clôture du concile Vatican II, 8 décembre 2005).
    Par sa ruse, le démon, qui est un ange, déchu certes, mais un ange quand même, qui « se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11, 14), réussi le tour de force de dresser l’homme contre Dieu, à lui occulter sa Bonté pour le présenter comme un obstacle au libre accomplissement de sa volonté. L’homme, créé libre, se sent esclave. Et comme il n’est pas esclave de Dieu, de qui l’est-il, si ce n’est de lui-même et, par ricochet, du diable ? Telle est la condition dramatique dans laquelle le péché originel l’a plongé.
    Le serpent infernal, sous la forme duquel le récit biblique représente le tentateur, a distillé le venin du doute dans le cœur de l’homme : le doute sur l’Amour de Dieu, le doute sur son vrai Bien. L’Ami avec lequel il conversait dans le jardin d’Éden (voir Genèse 2, 16 ; 3, 8-9) n’est plus… Désormais « le mal se présente comme bien et le bien est disqualifié » (Jean-Paul II, lettre Dilecti amici à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985, n° 4). « Nous portons tous en nous une goutte du venin de cette façon de penser illustrée par les images du Livre de la Genèse. Cette goutte de venin, nous l'appelons péché originel » (Benoît XVI, homélie cit.).
    « L'homme vit avec le soupçon que l'amour de Dieu crée une dépendance et qu'il lui est nécessaire de se débarrasser de cette dépendance pour être pleinement lui-même. L'homme ne veut pas recevoir de Dieu son existence et la plénitude de sa vie. Il veut puiser lui-même à l'arbre de la connaissance le pouvoir de façonner le monde, de se transformer en un dieu en s'élevant à Son niveau, et de vaincre avec ses propres forces la mort et les ténèbres. Il ne veut pas compter sur l'amour qui ne lui semble pas fiable ; il compte uniquement sur la connaissance, dans la mesure où celle-ci confère le pouvoir. Plutôt que sur l'amour, il mise sur le pouvoir, avec lequel il veut prendre en main de manière autonome sa propre vie. Et en agissant ainsi, il se fie au mensonge plutôt qu'à la vérité et cela fait sombrer sa vie dans le vide, dans la mort. L'amour n'est pas une dépendance, mais un don qui nous fait vivre. La liberté d'un être humain est la liberté d'un être limité et elle est donc elle-même limitée. Nous ne pouvons la posséder que comme liberté partagée, dans la communion des libertés : ce n'est que si nous vivons d'une juste manière, l'un avec l'autre et l'un pour l'autre, que la liberté peut se développer. Nous vivons d'une juste manière, si nous vivons selon la vérité de notre être, c'est-à-dire selon la volonté de Dieu. Car la volonté de Dieu ne constitue pas pour l'homme une loi imposée de l'extérieur qui le force, mais la mesure intrinsèque de sa nature, une mesure qui est inscrite en lui et fait de lui l'image de Dieu, et donc une créature libre. Si nous vivons contre l'amour et contre la vérité — contre Dieu —, alors nous nous détruisons réciproquement et nous détruisons le monde. Alors nous ne trouvons pas la vie, mais nous faisons le jeu de la mort » (Benoît XVI, Ibid.).
    Mais le péché n’est pas le dernier mot sur l’homme. Dieu « a pris les choses en main », pour ainsi dire, et envoyé son Fils sur terre pour « tout rassembler dans le Christ » (Éphésiens 1, 10).

    (à suivre…)

  • Le péché originel (4)

    3. La présence du mal dans le monde.

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    Tout le mal qui existe dans le monde provient de ce mal originel qu’est le péché d’Adam et Ève et par cette présence du mal en l’homme. Ce péché n’est pas un péché personnel de celui qui le contracte en naissant. Il n’en marque pas moins cruellement l’âme qui naît « fille de la colère », c’est-à-dire coupée de Dieu. La nature transmissible par génération est une nature irrémédiablement marquée par le péché originel, car « tout le genre humain est en Adam « comme l’unique corps d’un homme unique » (saint Thomas d’Aquin, De malo 4, 1) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 404). « Depuis ce premier péché, une véritable « invasion » du péché inonde le monde » (Ibid., n° 401). Satan, ce « génie pervers du soupçon » (Jean-Paul II, encyclique Dominum et vivificantem, n° 37), cherche par tous les moyens, même s’il se répète beaucoup, à mettre Dieu « en état de doute, et même en état d’accusation, dans la conscience de la créature » (Ibid.).
    C’est pourquoi, à la suite de saint Paul affirmant que « par la désobéissance d’un seul homme, la multitude [c’est-à-dire tous les hommes] a été constituée pécheresse » (Romains 5, 19), l’Église « a toujours enseigné que l’immense misère qui opprime les hommes et leur inclination au mal et à la mort ne sont pas compréhensibles sans leur lien avec le péché d’Adam et le fait qu’il nous a transmis un péché dont nous naissons tous affectés et qui est la « mort de l’âme » (concile de Trente) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 403).
    Cependant cette nature n’est pas pleinement corrompue, moins encore détruite. L’homme reste capable d’accueillir le salut, qui lui est déjà annoncé, bien que de façon voilée : « Je mets une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; elle te visera la tête, et tu la viseras au talon » (Genèse 3, 15). L’Église voit dans ce texte l’annonce du Rédempteur et de Marie, associée au salut de l’humanité. C’est pourquoi ce verset est qualifié de protévangile, ou premier Évangile. Ainsi, Dieu n’a pas abandonné l’homme au pouvoir de la mort. Il décide d’envoyer son Fils, Jésus-Christ, pour réconcilier l’humanité avec Dieu, la création et elle-même.
    Tant que le Fils de Dieu n’avait pas donné sa vie en rançon pour la multitude, la réconciliation avec Dieu était impossible. Les justes de l’Ancien Testament ne pouvaient pas accéder au ciel. Ils attendaient la délivrance dans le « sein d’Abraham ».

    (à suivre…)

  • 5ème mystère joyeux : Jésus perdu et retrouvé au Temple

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    Fidèles observateurs de la Loi mosaïque et de ses prescriptions liturgiques, Marie et Joseph « se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque » (Luc 2, 41), confiant Jésus à des voisins ou à des amis. Quand Jésus « eut douze ans, ils y montèrent selon la coutume pour cette fête ; puis, le temps voulu écoulé, ils s’en retournèrent » (Luc 2, 42-43), en deux caravanes, comme à l’aller, une d’hommes et une de femmes. Les enfants allaient de l’une à l’autre, ce qui explique que ses parents ne s’aperçurent pas que « le jeune Jésus resta à Jérusalem » (Luc 2, 43). Chacun « pensant qu’il était dans la caravane, ils firent une journée de chemin » (Luc 2, 44). Et ce n’est qu’arrivés à l’étape que tous deux s’aperçurent avec horreur qu’il manquait à l’appel. « Ils se mirent à le chercher parmi leurs parents et connaissances » (Luc 2, 44), mais en vain. Il leur fallut se rendre à l’évidence : aussi incroyable que cela pouvait paraître : ils avaient bel et bien perdu Jésus, le Messie d’Israël… Perdre un enfant, c’est déjà poignant, mais le Fils de Dieu… Marie et Joseph ont dû se culpabiliser de ne pas avoir été plus attentifs, tout en acceptant la volonté de Dieu qu’ils ne pouvaient humainement pas comprendre. Les plans de Dieu ne sont pas ceux des hommes. Ce n’était pas la première fois qu’ils s’en apercevaient : il y avait déjà eu la chaude alerte d’Hérode voulant tuer l’Enfant, la fuite en Égypte, l’installation précaire dans la condition d’immigré, l’incertitude quant à l’avenir et au retour au pays…
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    « Ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent, toujours le cherchant, à Jérusalem. Ce fut au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple », probablement sur le parvis du Temple, « assis au milieu des docteurs, les écoutant et leur posant des questions ; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses » (Luc 2, 45-47), ignorant qu’ils avaient à faire au Verbe de Dieu.
    « Sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi, nous te cherchions tout angoissés » (Luc 2, 48) depuis trois jours. C’est long, trois jours. On a le temps de souffrir beaucoup. Marie et Joseph, qui ont passé au peigne fin tous les endroits où ils avaient été, n’ont pas dû fermer l’œil et ont prié sans relâche.
    Ils se sont rendus enfin au Temple, comme au dernier endroit où ils s’attendaient à trouver Jésus. Et lui va leur expliquer qu’il est logique qu’il soit là. « Il leur répondit : « Et pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Luc 2, 49), dans ce Temple qui est « une maison de prière » (Luc 19, 46) ? Sa place est chez son Père, sa fonction consiste à s’occuper des affaires de son Père : « Je m’applique à faire non ma volonté à moi, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 5, 30).
    Ses parents « ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire » (Luc 2, 50), du moins pas à ce moment-là. « Marie gardait tout cela en sa mémoire » (Luc 2, 51) et elle « y réfléchissait » (Luc 2, 19), elle en faisait la matière de sa méditation. Nul doute que peu à peu la lumière s’est faite dans son âme. C’est ainsi, en tout cas, que nous devons nous comporter quand la logique des plans de Dieu nous échappe et que les événements prennent une tournure déconcertante et nous font souffrir. Jésus comme Marie nous invitent à prier pour avoir et la force et la lumière dont nous avons besoin.

  • 4ème mystère joyeux : la Purification

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    Marie dont l’âme n’a jamais été souillée un instant par le péché originel, Marie toute sainte, panhagiata, se rend au temple portant son Enfant dans ses bras, accompagnée de Joseph. Elle se conforme à la Loi qui prescrit que toute mère doit être purifiée après qu’elle a mis un enfant au monde, et de présenter aussi une offrande pour le premier-né.
    Marie et Joseph obéissent à la Loi, la suivent avec fidélité. Ils ne cherchent aucun privilège que, d’ailleurs, personne ne comprendrait. Il faudrait des explications indiscrètes… La meilleure façon d’adhérer à la Volonté de Dieu est sans nul doute de vivre la Loi reçue du Très-Haut avec la plus grande perfection possible, puisqu’elle la Volonté de Dieu codifiée, et d’imiter l’humilité du Fils de Dieu, « lui qui était de condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2, 6-7). Comment Marie et Joseph auraient-ils pu agir différemment ?
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    Et Dieu se sert de cette fidélité pour se faire connaître des justes. C’est d’abord le vieillard Siméon qui comprend par révélation que le nourrisson qu’on lui présente est le Messie Sauveur. Il est conscient d’avoir atteint un âge avancé pour être témoin de la venue de l’envoyé de Dieu : « Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu l’Oint du Seigneur » (Luc 2, 26). C’est pourquoi, après avoir reçu l’enfant Jésus dans ses bras, il « bénit Dieu et dit : « Maintenant, ô Maître, tu peux congédier ton serviteur en paix, selon ta parole ; car de mes yeux j’ai vu le salut que tu as préparé en faveur de tous les peuples, lumière qui révélera aux païens et gloire d’Israël, ton peuple » (Luc 2, 29-32).
    Il prédit que cet enfant sera « un signe de contradiction » (Luc 2, 34) pour beaucoup en Israël. Et « pour toi — c’est à Marie qu’il s’adresse — tu auras l’âme transpercée d’un glaive » (Luc 2, 35). Des jours sombres sont ainsi annoncés, qui viennent altérer la joie de cette journée. C’est aussi l’annonce que la Sainte Vierge sera associée de près aux souffrances rédemptrices de son divin Fils.
    Puis voici que survient une prophétesse, Anne, âgée de quatre-vingt-quatre ans, qui « ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière » (Luc 2, 37). Elle se met à son tour à « louer le Seigneur et à parler de l’enfant à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la rédemption » (Luc 2, 38).
    L’humilité de Siméon et d’Anne, leur service assidu de Dieu, leur vie de prière et de pénitence, leur valent d’être un instrument de l’Esprit Saint pour découvrir aux hommes le Christ qui vient de faire son entrée dans le monde et proclamer qu’il est le Messie annoncé par les prophètes. C’est dire que la prière et la mortification — les sacrifices consentis volontairement dans une fin spirituelle — rendent l’homme agréable à Dieu et attirent sur lui toutes sortes de bénédictions.

  • 3ème mystère joyeux : La naissance de Jésus

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    La nouvelle est tombée : l’empereur ordonne un recensement du monde entier. Chacun doit se rendre dans la ville dont sa lignée est originaire. Joseph en est contrarié pour Marie, qui n’est pas loin de mettre son fils au monde. Mais l’un comme l’autre se plient à la volonté des hommes, s’en remettant à la Volonté de Dieu.
    Et celle-ci se sert des causes secondes, de cette décision impériale pour que s’accomplisse la prophétie : « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement la moindrement les villes de Juda. C’est de toi, en effet, que sortira le chef qui mènera paître Israël, mon peuple » (Michée 5, 1 ; Matthieu 2, 6). C’est Dieu qui dirige le cours des événements…
    Marie et Joseph étant arrivés à Bethléem, « il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc 2, 7). Cruel constat de l’indifférence des hommes qui ne savent pas reconnaître le Christ qui passe dans leur vie, et qui ne comprennent pas non plus quel est leur intérêt véritable : il ne consiste pas à faire un plus grand profit avec des clients plus fortunés que Marie et Joseph, mais à accueillir le Fils de Dieu qui vient leur apporter la vie, qui est lui-même la Vie (voir Jean 14, 6).
    Et si les hommes ne veulent pas accueillir le Seigneur, il lui reste la création, sa création. C’est dans une étable qu’il va naître, une étable avec ou sans un bœuf et un âne, qu’importe. C’est dans la discrétion, méconnu, lui qui pourtant est connu, car il est Dieu…
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    Marie et Joseph contemplent l’Enfant dont ils savent qu’il est vrai Fils de Dieu. Ils sont dans l’émerveillement — comme jamais des parents ont pu l’être — et leur cœur déborde d’action de grâce. Parce que les promesses concernant le Messie, ces promesses qu’ils ont souvent entendu rapporter et commenter, sont enfin accomplies.
    Ils s’étonnent sans doute d’être partie prenante d’un tel mystère, et sont couverts de confusion que Dieu ait pu penser à eux pour semblable mission.
    Jésus naît dans une grotte qu’il illumine. « La lumière venait dans le monde […] et le monde ne l’a pas reconnu » (Jean 1, 9-10).
    Bientôt des bergers se présentent à l’entrée, qui demandent à voir l’Enfant, car, expliquent-ils, un ange leur est apparu qui leur a dit : « Je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira grandement tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David [c’est-à-dire Bethléem], il vous est né un Sauveur qui est le Messie Seigneur » (Luc 2, 10-11).

  • 2ème mystère joyeux : La Visitation

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    L’archange Gabriel ayant appris à Marie que sa cousine Élisabeth attend elle aussi un enfant dans sa vieillesse, et qu’elle « en est à son sixième mois » (Luc 1, 36), elle se rend chez elle « en hâte » (Luc 1, 39). Marie n’a pas dû entreprendre le voyage seule, mais a dû attendre la première caravane qui se rendait à Jérusalem. Il se peut, même si nous en sommes réduits à des conjectures, que saint Joseph l’ait accompagnée. Nous le ferions à sa place. Et comme il est beaucoup plus saint et parfait que nous, il y a tout lieu de penser qu’il n’a pas laissé partir seule celle qui abritait en son sein le Fils de Dieu, le Messie.
    L’Esprit Saint qui couvrit Marie de son ombre s’empare d’Élisabeth pour lui faire découvrir le Dieu que Marie porte en elle : « D’où m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Luc 1, 43). La rencontre avec le Christ est toujours sanctificatrice pour qui l’accueille dans de bonnes dispositions. Élisabeth salue la Mère de son Seigneur et son fils Jean-Baptiste tressaille de joie en son sein en percevant la présence de Celui qu’il désignera plus tard comme étant « l’Agneau de Dieu » (Jean 1, 35).
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    Jésus-Christ est le « Prince de la Paix » (Isaïe 9, 6). Par sa grâce, il est présent aussi en nous. Nous portons le Christ à nos frères, les hommes. Veuille le seigneur que notre comportement soit d’une telle qualité humaine et surnaturelle qu’en voyant nos bonnes œuvres « ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 16).
    Dans le climat particulièrement surnaturel de la Visitation, où la proximité de Dieu d’avec les hommes est tangible, Marie laisse son cœur s’épancher dans le Magnificat, qui montre à quel point sa vie est pétrie des Saintes Écritures. Elle connaît par cœur la Parole adressée par Dieu aux patriarches et aux prophètes. Mais elle connaît plus intimement encore maintenant la Parole vivante, le Verbe fait chair en elle, qui lui parle dans un langage dont elle ne soupçonnait pas la profondeur, la chaleur, l’illumination et la joie. « Mon âme magnifie le Seigneur, mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante. Toutes les générations à venir, en effet, me diront bienheureuse, car le puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom » (Luc 1, 46-49). Même ce cantique d’action de grâces traduit l’humilité de Marie, car on n’y trouve « pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans sa puissance et sa grandeur, ne manque de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu’ils soient en eux-mêmes » (saint Bède, Homélies, lib. 1, 4).

  • 1er mystère joyeux : L’Annonciation

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    Selon la tradition, la Vierge Marie est recueillie en prière quand l’archange saint Gabriel s’adresse à elle de la part de Dieu. En réalité, Marie est dans une relation intime privilégiée avec Dieu à tout instant, car elle a été rachetée par avance du péché et rien ne fait donc obstacle en elle au dialogue amoureux avec Dieu.
    « Je vous salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec vous » (Luc 1, 28). Le messager céleste reconnaît cet état de fait, cet état de grâce en Marie. Il en fait même un nom : Marie est la « comblée de grâce », la « pleine de grâce ». Elle, et elle seule. Pleine de grâce et, de ce fait, l’humilité même. C’est pourquoi Marie « fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation » (Luc 1, 29). Plus une créature est sainte, moins elle est consciente de l’être, car l’abîme qui la sépare du Dieu incréé lui paraît infini.
    C’est cette humilité qui a touché le Dieu Tout-Puissant. Il a jeté ainsi son dévolu sur la petite jeune fille de Nazareth, « il a jeté les yeux sur son humble servante » (Luc 1, 48), et lui fait dire : « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur » (Luc 1, 46-47).
    Marie ne demande pas mieux que de donner une réponse positive, car elle s’est toujours attachée à suivre la Volonté de Dieu. Seulement voilà, elle a épousé Joseph, bien qu’ils ne vivent pas encore sous le même toit. « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge », demande-t-elle à l’archange. Il répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1, 34-35).
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    La conversation est brève. Elle va à l’essentiel. Marie écoute intensément. Pendant ce temps-là, l’univers tout entier est suspendu à ses lèvres. Il en va de la Rédemption de l’humanité. « Vierge bienheureuse, ouvrez votre cœur à la foi, vos lèvres au consentement, vos chastes entrailles au Créateur. Voyez : le Désiré de toutes les nations frappe à votre porte. Malheur à vous si vous tardiez à lui ouvrir ; il passerait son chemin, et ensuite vous reviendriez avec douleur chercher l’aimé de votre âme ! Levez-vous, courez, ouvrez. Levez-vous par la foi, courez par la dévotion, ouvrez par le consentement » (saint Bernard, Homélie super Missus est 4, 9).
    Le Christ lui-même, qui veut venir au temps fixé sauver l’humanité du péché et la restaurer dans sa condition initiale d’enfant de Dieu, attend la réponse : « Même le Verbe l’attend, tremblant et en secret, pour réaliser tout aussitôt l’éternel dessein du Père » (Jean-Paul II, Audience générale, 23 mars 1983).
    Et Marie donne son assentiment : Fiat mihi, « qu’il m’arrive selon ta parole » (Luc 1, 38). À l’instant même, elle conçoit le fils de Dieu dans son sein par la vertu de l’Esprit Saint. Désormais elle vit dans une union étroite avec chaque personne de la Très Sainte Trinité, ne cessant de remercier Dieu pour tous ses bienfaits et offrant toute sa vie pour coopérer de toutes ses forces à la mission salvatrice de son divin Fils. Oui, il est bel et bien son fils selon la chair. Marie est devenue la Théotokos, la Mère du Dieu incarné en elle !

  • 15 novembre : saint Albert le Grand

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    C’est aujourd’hui le dies natalis, le « jour de la naissance » au ciel de saint Albert le Grand, né en 1206 et décédé le 15 novembre 1280. De son vrai nom Albert de Bollstaedt, il entra dans l’ordre des frères prêcheurs (les Dominicains), malgré la vive opposition de sa famille. Il se consacra très vite à l’enseignement dans divers couvents, avant d’être nommé Régent du studium generale, le centre d’études supérieures de l’ordre qui venait d’ouvrir à Cologne, où il fut le professeur du futur saint Thomas d’Aquin (1225-1274), à qui il communiqua sa passion pour la documentation.
    Béatifié en 1622, le pape Pie XI le déclara saint et docteur de l’Église, en 1931. Il est connu comme le Doctor universalis, le « Docteur universel » en raison de l’universalité de ses connaissances. Il écrit, en effet, des ouvrages de philosophie (logique et sciences naturelles, son apport dans ce domaine étant considérable ; mathématiques, métaphysique, sciences morales et politiques) ; des ouvrages de théologie (commentaires aux Saintes Écritures, commentaire du Pseudo-Denys, commentaire des Sentences de Pierre Lombard, somme théologique) ; des écrits parénétiques ou d’exhortation et d’instruction dans la foi. Il se distingue aussi par le fait qu’il a intégré dans la pensée chrétienne les éléments de la philosophie d’Aristote qui pouvaient lui être utiles.
    Voici un extrait d’un texte de saint Albert sur l’Eucharistie où il montre que le prêtre est pasteur et docteur dans l’édification du corps du Christ qu’est l’Église : « Faites cela en mémoire de moi. Dans cette parole, deux choses sont à relever. La première, c’est que le Seigneur nous prescrit la pratique de ce sacrement, qu’il signale quand il dit : Faites cela. La seconde, c’est qu’il doit être le mémorial du Seigneur qui s’en allait pour nous à la mort. Il dit donc : Faites cela. Il ne pouvait nous prescrire rien de plus utile, rien de plus doux, rien de plus salubre, rien de plus aimable, rien de mieux accordé à la vie éternelle. […]
    Ce sacrement est utile pour le pardon des péchés, et très utile pour que notre vie ait la plénitude de la grâce. Le Père des esprits nous forme à ce qui est utile, pour que nous recevions sa sainteté. Or sa sainteté se trouve dans le sacrifice de son Fils, c’est-à-dire lorsque dans le sacrement il s’est offert au Père pour nous, et à nous comme notre nourriture. […]
    En outre, nous ne pouvons rien faire de plus doux : Tu as donné à ton peuple un pain venu du ciel tout préparé, sans aucun travail de leur part, ayant en lui toutes les délices et la saveur de tous les goûts. Et la substance que tu donnais manifestait bien ta douceur envers tes enfants, puisque, répondant au goût de chacun, elle se transformait selon ta volonté.
    Rien non plus ne pouvait être prescrit de plus salubre. En effet, ce sacrement est celui de l’arbre qui porte les fruits de vie ; qui en mange avec la dévotion d’une foi sincère ne goûtera jamais la mort. […]
    Rien ne pouvait être prescrit de plus aimable. En effet, ce sacrement réalise l’amour et l’union. Le plus grand signe d’amour est de se donner en nourriture : Les gens de ma tente le disaient bien : Qui nous donnera de sa chair pour que nous soyons rassasiés ? C’est comme s’il disait : Je les ai tant aimés, et réciproquement, que je désirais être dans leurs entrailles ; quant à eux, ils désiraient être incorporés à moi pour devenir mes membres. Ils ne pouvaient être unis à moi, et moi à eux, d’une manière plus intime et plus physique.
    Enfin, rien ne pouvait être prescrit qui soit mieux accordé à la vie éternelle. Car la permanence de la vie éternelle vient de ce que, dans sa douceur, Dieu répand lui-même dans les bienheureux .»

  • Ste Écriture (6)

    Pour une « approche » correcte des Saintes Écritures, il convient d’en aborder la lecture avec des dispositions d’écoute et de méditation, pour en retirer tous les fruits possibles.

    « À celui qui possède l’amour de la Parole, sera aussi donnée l’intelligence pour comprendre cette Parole qu’il aime, tandis que celui qui n’aime pas la parole ne goûtera pas les délices de la vraie sagesse, même s’il croit la posséder, à cause de ses qualités naturelles ou de ses études » (Saint Bède, Commentaire à l’Évangile de Marc ). Dans l’Écriture Sainte, « que l’on ne peut comparer qu’à la Sainte Eucharistie », comme le disait Claudel (« Introduction à l’Évangile d’Isaïe », Le poëte et la Bible II 1945-1955, Paris, 2004, p. 1289), l’Église trouve sans cesse sa nourriture et sa force, car en elle, elle n’accueille pas seulement une parole humaine, « mais ce qu’elle est réellement : la Parole de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 104), qui ne cesse de nous rapporter les magnalia Dei (Saint Augustin, In Ioannis Evangelium tractatus 122, 2), au profit des hommes. De plus, nous dit Théodore de Cyr, « écouter les paroles ne suffit pas pour être sauvé. Il faut les recevoir avec foi et les garder avec fermeté. À quoi sert la promesse divine à ceux qui l’ont reçue, s’ils ne l’ont pas reçue fidèlement et s’ils n’ont pas mis leur confiance dans le pouvoir de Dieu et ne se sont pas fondus, pour ainsi dire, dans les paroles divines ? » (Interpretatio Epistulæ ad Hæbreos 4).

    Il y a donc tout intérêt à effectuer cette lecture pour chercher une implication concrète des textes scripturaires dans notre vie de chrétien plongé dans les réalités du monde, à l’instar de nos premiers frères dans la foi. En effet, fait remarquer l’évêque d’Hippone, « ceux qui se parent d’un nom et qui ne l’ont pas, quelle joie leur donne-t-il, ce nom, si ce n’est pas la réalité ?… Ainsi beaucoup s’appellent chrétiens, mais ne le sont pas, parce qu’ils ne sont pas ce qu’ils disent être ni dans la vie, ni dans les mœurs, ni dans l’espérance, ni dans la charité » (Saint Augustin, In Epistola Ioannis tractatus 4, 4, cité par Jean-Paul II, « Discours à 8 000 professeurs, élèves et anciens élèves de collèges romains », 9 février 1980).

    (à suivre…)

  • Ste Écriture (4)

    L’Écriture Sainte étant la Parole de Dieu, elle est insondable, c’est-à-dire que l’homme n’arrivera jamais à la connaître en profondeur. Il ne peut que s’approcher de la Vérité, en acquérir une connaissance toute partielle et limitée. Mais cela explique aussi qu’à chaque génération, et que pour chaque croyant lui-même, un progrès dans l’approfondissement soit possible, que de nouvelles significations puissent être découvertes. C’est le cas, pour citer un exemple, quand saint Josémaria Escriva comprend, à partir de Genèse II, 15 où il est dit que l’homme a été placé dans le jardin d’Éden ut operaretur, pour qu’il le cultive, que l’homme a été créé pour travailler et participer ainsi à l’activité permanente de Dieu. D’ailleurs, Dieu avait dit lui-même : « J’ouvrirai ma bouche en paraboles, et je révélerai des choses cachées depuis la création du monde » (Matthieu 13, 35 ; cf. Psaume 78, 2).

    Cette Parole est proclamée à la messe à tous les fidèles, qui l’écoutent debout en signe de respect. Après la lecture, l’officiant invite : « Acclamons la Parole de Dieu. » Ce à quoi le peuple répond : « Louange à Toi, Seigneur Jésus », confessant ainsi que la Parole est bien le Verbe de Dieu. Cette Parole, est écoutée « dans la Tradition vivante de toute l’Église », car c’est le magistère de l’Église qui seul a autorité pour l’interpréter de façon authentique. « Selon un adage des Pères, la Sainte Écriture se lit bien plus dans le cœur de l’Église que dans les moyens matériels de son expression. En effet, l’Église porte dans sa tradition la mémoire vivante de la Parole de Dieu, et c’est l’Esprit Saint qui lui donne l’interprétation spirituelle de l’Écriture » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 113). D’où l’exclamation de saint Grégoire le Grand : « Oh ! l’admirable profondeur des paroles de Dieu ! C’est une joie que de diriger là son regard, une joie de pénétrer ses secrets, avec la grâce pour guide. Chaque fois que nous la scrutons, essayant de comprendre, que faisons-nous, sinon entrer dans l’opacité des forêts pour nous dérober dans la fraîcheur aux chaleurs étouffantes de ce monde ? » (Homélies sur Ézéchiel 1, 5, 1).
    « La force et la puissance que recèle la parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle » (concile Vatican II, const. dogm. Dei Verbum, n° 21). C’est pourquoi l’accès à la Sainte Écriture doit être « largement ouvert aux chrétiens » (Ibid., n° 22). Recourons encore à saint Augustin, qui énonce une proposition hardie : « La Parole de Dieu que l’on ouvre chaque jour, que l’on vous rompt en quelque sorte, est aussi un pain quotidien. Nos esprits ont faim de lui, comme de l’autre pain nos corps » (Sermon 58, 5). Et saint Ambroise d’affirmer dans la même ligne : « Corps [du Fils de Dieu] sont les Écritures qui nous sont transmises » (Expositio in Lucam 6, 33). Le fidèle se nourrit donc et du Pain de la parole de Dieu et du Pain de l’Eucharistie.

    (à suivre…)