C’est aujourd’hui le dies natalis, le « jour de la naissance » au ciel de saint Albert le Grand, né en 1206 et décédé le 15 novembre 1280. De son vrai nom Albert de Bollstaedt, il entra dans l’ordre des frères prêcheurs (les Dominicains), malgré la vive opposition de sa famille. Il se consacra très vite à l’enseignement dans divers couvents, avant d’être nommé Régent du studium generale, le centre d’études supérieures de l’ordre qui venait d’ouvrir à Cologne, où il fut le professeur du futur saint Thomas d’Aquin (1225-1274), à qui il communiqua sa passion pour la documentation.
Béatifié en 1622, le pape Pie XI le déclara saint et docteur de l’Église, en 1931. Il est connu comme le Doctor universalis, le « Docteur universel » en raison de l’universalité de ses connaissances. Il écrit, en effet, des ouvrages de philosophie (logique et sciences naturelles, son apport dans ce domaine étant considérable ; mathématiques, métaphysique, sciences morales et politiques) ; des ouvrages de théologie (commentaires aux Saintes Écritures, commentaire du Pseudo-Denys, commentaire des Sentences de Pierre Lombard, somme théologique) ; des écrits parénétiques ou d’exhortation et d’instruction dans la foi. Il se distingue aussi par le fait qu’il a intégré dans la pensée chrétienne les éléments de la philosophie d’Aristote qui pouvaient lui être utiles.
Voici un extrait d’un texte de saint Albert sur l’Eucharistie où il montre que le prêtre est pasteur et docteur dans l’édification du corps du Christ qu’est l’Église : « Faites cela en mémoire de moi. Dans cette parole, deux choses sont à relever. La première, c’est que le Seigneur nous prescrit la pratique de ce sacrement, qu’il signale quand il dit : Faites cela. La seconde, c’est qu’il doit être le mémorial du Seigneur qui s’en allait pour nous à la mort. Il dit donc : Faites cela. Il ne pouvait nous prescrire rien de plus utile, rien de plus doux, rien de plus salubre, rien de plus aimable, rien de mieux accordé à la vie éternelle. […]
Ce sacrement est utile pour le pardon des péchés, et très utile pour que notre vie ait la plénitude de la grâce. Le Père des esprits nous forme à ce qui est utile, pour que nous recevions sa sainteté. Or sa sainteté se trouve dans le sacrifice de son Fils, c’est-à-dire lorsque dans le sacrement il s’est offert au Père pour nous, et à nous comme notre nourriture. […]
En outre, nous ne pouvons rien faire de plus doux : Tu as donné à ton peuple un pain venu du ciel tout préparé, sans aucun travail de leur part, ayant en lui toutes les délices et la saveur de tous les goûts. Et la substance que tu donnais manifestait bien ta douceur envers tes enfants, puisque, répondant au goût de chacun, elle se transformait selon ta volonté.
Rien non plus ne pouvait être prescrit de plus salubre. En effet, ce sacrement est celui de l’arbre qui porte les fruits de vie ; qui en mange avec la dévotion d’une foi sincère ne goûtera jamais la mort. […]
Rien ne pouvait être prescrit de plus aimable. En effet, ce sacrement réalise l’amour et l’union. Le plus grand signe d’amour est de se donner en nourriture : Les gens de ma tente le disaient bien : Qui nous donnera de sa chair pour que nous soyons rassasiés ? C’est comme s’il disait : Je les ai tant aimés, et réciproquement, que je désirais être dans leurs entrailles ; quant à eux, ils désiraient être incorporés à moi pour devenir mes membres. Ils ne pouvaient être unis à moi, et moi à eux, d’une manière plus intime et plus physique.
Enfin, rien ne pouvait être prescrit qui soit mieux accordé à la vie éternelle. Car la permanence de la vie éternelle vient de ce que, dans sa douceur, Dieu répand lui-même dans les bienheureux .»