Pour la première fois en ce monde se consommait la merveille : posséder ce qu’on aime, s’incorporer à lui, s’en nourrir, ne faire plus qu’un avec sa substance, être transformé en son amour vivant.
Vie de Jésus, chapitre sur la Cène.
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Pour la première fois en ce monde se consommait la merveille : posséder ce qu’on aime, s’incorporer à lui, s’en nourrir, ne faire plus qu’un avec sa substance, être transformé en son amour vivant.
Vie de Jésus, chapitre sur la Cène.
Nous sommes restés fidèles jusqu’à la fin à Celui que nous avons aimé au départ, dans la fraîcheur d’une aube de mai [allusion à sa première communion, le 12 mai 1896] et qu’à l’extrême soir de la vie nous reconnaissons une fois encore à la fraction du pain dans l’auberge d’Emmaüs. Puisse-t-il être là, de communion en communion, jusqu'au dernier passage. Alors, il sera en nous, mais il est d’ores et déjà, lui qui ne nous a quitté à aucun moment de notre vie, jamais si près de nous que lorsque nous l’avons cru très loin… La vie sacramentelle, c’est déjà l’éternité commencée. Le recueillement de la communion nous permet peut-être de pressentir ce que sera ce moment éternel que nous appelons le ciel.
Conférence au Congrès eucharistique de Bordeaux, 13 avril 1966.
Chacune de nos communions accomplit physiquement, dans la chair, la promesse qui nous a été faite, l’assurance qui nous a été donnée : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera et nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure. »
Celui pour qui le temps n’existe pas et qui reposait un matin de mai [allusion à sa première communion, le 12 mai 1896], dans cette poitrine d’enfant, y voyait mieux que les freudiens d’aujourd’hui, le germe des crimes futurs ; il saisissait dans la source un fleuve de souillure, et de ce pauvre cœur d’oiseau qui, à cette minute battait follement pour lui, il comptait d’avance les battements coupables ; il assistait à cette chasse passionnée de l’enfant devenu homme, à cette poursuite du bonheur par la tendresse. Il connaissait déjà au long de quelles routes, par quels détours, l’enfant traqué, à bout de souffle, retrouvait enfin son point de départ, cette messe de l’aube, les larmes de sa Première communion.
Journal
Notre Seigneur lui avait donné une foi si vive à une âme], que lorsqu’elle entendait dire à quelqu’un qu’il aurait souhaité d’être venu au monde dans le temps que Jésus-Christ, notre Sauveur et tout notre bien, conversait avec les hommes, elle en riait en elle-même, parce que, croyant jouir aussi véritablement de sa présence dans la très sainte Eucharistie qu’elle aurait pu le faire alors, elle ne comprenait pas qu’on pût désirer davantage.
Sainte Thérèse d’Avila, Le Chemin de la perfection 34.
Jésus chez Simon le lépreux (3)
« Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait : elle a, par avance, parfumé mon corps pour mon ensevelissement » (Marc 14, 8).
Jésus « nous apprend à tous par un tel langage que nous devons accueillir et favoriser une bien quelconque, n’importe quel en sera l’auteur, et tâcher de le conduire à la perfection, au lieu d’exiger qu’il soit parfait dès le principe. […] De même que, si quelqu’un eût posé la question avant l’acte de cette femme, il aurait déclaré que cela ne devait pas se faire ; de même, l’acte une fois accompli, il ne se propose qu’une chose ; de mettre cette femme à l’abri des pénibles récriminations de ses disciples, et de l’acheminer par ses encouragements vers un plus grand bien. Quand l’huile était déjà répandue, leur réprimande devenait intempestive. […] Il n’a pas voulu refroidir la piété de cette femme, et tout ce qu’il dit tend à l’encourager. Puis, comme il avait prononcé cette parole : ‘Elle l’a fait pour ma sépulture’, craignant de l’avoir jetée dans l’anxiété par cette image funèbre, en évoquant les idées de sépulture et de mort, voyez comment il la relève, en ajoutant : ‘Ce qu’elle a fait sera raconté dans le monde entier’. »
Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Matthieu 80, 2.
Jésus chez Simon le lépreux
La femme qui verse de l'huile sur la tête de Jésus chez Simon le lépreux, à Béthanie, fait l’objet de la réprobation générale. En effet, « il y en eut qui s’indignèrent entre eux » (Marc 14, 4). Saint Matthieu, qui était présent, va jusqu’à dire que, « ce voyant, les disciples dirent avec indignation : À quoi bon ce gaspillage ? » (Matthieu 26, 8). Ils sont unanimes à déplorer le geste de la femme qui leur apparaît comme scandaleux. « Et d’où vint aux disciples une telle pensée ?
C’est qu’ils avaient entendu le Maître leur dire : ‘Je veux la miséricorde, et non le sacrifice’ (Osée 6, 6) ; reprocher aux Juifs de laisser de côté les choses importantes, le jugement, la miséricorde et la foi ; recommander notamment l’aumône dans son sermon sur la montagne. Recueillant tous ces faits, ils pensaient en eux-mêmes que, si le Seigneur n’admettait pas les holocaustes et les cérémonies de l’ancienne loi, à plus forte raison devait-il réprouver l’effusion de ce parfum. Voilà quelle était leur appréciation ; mais lui qui voyait les sentiments de cette femme, approuva son action. Elle était animée d’une piété sincère, d’une admirable ferveur : il lui permit donc, avec une condescendance non moins admirable, de lui verser sur la tête l’huile qu’elle portait.
Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Matthieu 80, 1.
Jésus chez Simon le lépreux
Ce n’est pas sans motif que l’Évangéliste parle de la lèpre de Simon ; il nous explique par là comment cette femme se présente avec confiance. Cette maladie était réputée chose immonde, abominable, et Jésus en ayant délivré son hôte – il n’aurait pas pu voulu s’arrêter et manger dans la maison d’un lépreux – cette femme se persuade qu’il fera de même aisément disparaître l’impureté de son âme. Ce n’est pas sans intention non plus que se trouve indiqué ici le nom de la ville de Béthanie ; c’est pour nous apprendre que volontiers le Seigneur s’avance vers sa Passion. Il s’était antérieurement échappé de leurs mains, alors qu’ils étaient dans le paroxysme de l’envie ; maintenant il approche, il n’est plus qu’à quinze stades ; ce qui prouve que la première fuite rentrait dans le plan de l’incarnation ».
Saint Jean Chrysostome, Homélie sur saint Matthieu 80, 1.
Le complot contre Jésus
Il y aura une suite à ce miracle : le complot des Pharisiens pour faire mourir le Seigneur (cf. Jean 11, 45-57). « Parmi les Juifs, les uns s’extasiaient
devant le miracle qui venait d’être accompli ; d’autres s’en allèrent l’annocner aux Pharisiens. Que firent ces derniers ? Au lieu d’être ravis d’étonnement et d’admiration, ils cherchent le moyen de mettre à mort celui qui venait de rappeler un mort à la vie. Quelle démence ! Celui qui triomphe de la mort et lui fait rendre ses victimes, ils estiment pouvoir le livrer à la mort, et ils disent : ‘Que ferons-nous ? car cet homme opère beaucoup de prodiges.’ Ils le qualifient d’homme après une preuve aussi éclatante de sa divinité. ‘Que ferons-nous ?’ Ce que vous devriez faire, ce serait de croire en lui, de le servir, de l’adorer, et de ne plus le regarder comme un homme. ‘Si nous le laissons en liberté, les Romains viendront et ruineront notre nation et notre cité.’ […] Et pourquoi, s’il vous-plaît ? Est-ce que Jésus prêchait la révolte ? Ne recommandait-il pas de payer l’impôt à César ? Lorsque vous vouliez le proclamer roi, n’est-il pas vrai qu’il s’est dérobé à vos recherches ? N’a-t-il pas mené un genre de vie complètement étranger à toute ambition, n’ayant ni habitation, ni rien de pareil ? – Ce langage, ce n’était pas la crainte qui le leur inspirait, mais la haine. Toutefois, ce à quoi ils ne s’attendaient pas leur arriva ; les Romains détruisirent leur capitale et leur nation, précisément parce qu’ils avaient mis à mort le Christ ».
Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 63, 1.
Jésus pleure Lazare
Jésus manifeste son humanité ; il pleure, il est ému. D’ordinaire, le regret éveille en nous la sensibilité. Contenant ensuite son émotion, réprimant le trouble qu’il éprouvait – et c’est là ce que veulent dire les mots ‘il frémit intérieurement’ – il demande à ceux qui l’entourent : ‘Où l’avez-vous déposé ?’ Il ne voulait pas verser des larmes en posant cette question ; mais cette question, quelle en est l’utilité ? Le Seigneur tenait à ne pas se mettre en avant, à tout apprendre de leur bouche et à n’intervenir que sur leur prière, afin que le miracle fut au-dessus de toute suspicion ; on lui répondit : ‘Venez et voyez. Et Jésus pleura’. Jusqu’ici rien n’apparaît qui présage une résurrection ; si le Maître s’approche du tombeau, c’est pour pleurer, semble-t-il, et nous pour rappeler le mort à la vie. Ainsi le comprirent les Juifs qui disaient : ‘Voilà comme il l’aimait ; quelques-uns d’entre eux ajoutaient : Lui qui a ouvert les yeus de l’aveugle-né, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?’
Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 63, 1.