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Béthanie

  • La mission évangélisatrice des laïcs (2)

    Mais comment réaliser cet apostolat qu’il vous appartient de faire ?

    Le décret sur l’apostolat des laïcs précise que « les laïcs ont d’innombrables occasions d’exercer l’apostolat d’évangélisation et de sanctification. Le témoignage même de la vie chrétienne et les œuvres accomplies dans un esprit surnaturel sont puissants pour attirer les hommes à la foi et à Dieu ». Et d’ajouter que « cet apostolat cependant ne consiste pas dans le seul témoignage de la vie ; le véritable apôtre cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants, pour les aider à cheminer vers la foi, soit aux fidèles pour les instruire, les fortifier, les inciter à une vie plus fervente, « car la charité du Christ nous presse ». Ce passage termine par un rappel : « Malheur à moi si je n’évangélise pas ! »

    Nous pouvons penser qu’il est difficile de parler de Dieu. En réalité, cela correspond à un manque de foi et à la peur de réactions. Il nous arrive souvent d’agir en fonction du « qu’en dira-t-on, alors que ce qui devrait nous importer, c’est le « qu’en dira Dieu ». C’est autrement important.

    Il n’y a donc pas lieu d’avoir peur de parler de Dieu. Nous devrions au contraire éprouver une sainte fierté d’avoir été choisi par Dieu pour être son enfant, notre reconnaissance pour se don précieux entre tous se manifestant dans l’ardeur à faire partager notre bonheur aux autres et à leur transmettre ce qui en est à l’origine : notre foi catholique. Il serait normal d’éprouver une sorte de complexe de supériorité. Je m’explique. Non en nous croyant supérieur aux autres, ce qui serait de l’orgueil. Mais en partant de la fierté d’être et de se sentir enfant de Dieu.

    Saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, que nous avons déjà rencontré l’autre jour, a forgé une expression pour qualifier l’action apostolique que tout un chacun est appelé à réaliser dans sa vie de tous les jours. Il parlait d’un « apostolat d’amitié et de confidence ».

    « À travers les rapports individuels avec vos compagnons de profession ou de métier, avec vos parents, vos amis, vos voisins, disait-il, dans une tâche que j’ai souvent qualifié d’apostolat d’amitié et de confidence, vous secouerez leur engourdissement, vous ouvrirez de larges horizons à leur existence égoïste et embourgeoisée, vous leur compliquerez la vie, en faisant en sorte qu’ils s’oublient eux-mêmes et qu’ils comprennent les problèmes de ceux qui les entourent. Et soyez sûrs qu’en leur compliquant la vie, vous les menez – vous en avez l’expérience – au gaudium cum pace, à la joie et à la paix. »

    Et le pape François d’attirer notre attention dans La joie de l’Évangile, sur le fait que « la première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus. Mais, quel est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l’être aimé, de le montrer, de le faire connaître ? Si nous ne ressentons pas l’intense désir de le communiquer, il est nécessaire de prendre le temps de lui demander dans la prière qu’il vienne nous séduire » (n° 264).

     

    Apostolat d’amitié.

    Le préalable consiste donc à gagner peu à peu l’amitié de l’autre, de celui que l’on se propose de rapprocher de Dieu. C’est bien ce que nous voyons notre Seigneur pratiquer. Nous le voyons chez des ais ou des connaissances, en visite ou pour partager une repas : chez Pierre à Capharnaüm, dans la maison de Lévi, le futur Matthieu, après son appel à le suivre ; chez Simon le pharisien, ou dans la maison de Zachée, chez qui il s’invite lui-même : « Zachée descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »

    Il est invité aux noces qui se déroulent à Cana, ou bien prend le temps de s’occuper de ses seuls disciples, « se retirant avec [eux] au bord de la mer », désireux qu’ils se reposent un peu. Ou encore, il se rend relativement fréquemment à Béthanie chez Marthe, Marie et Lazare. Quand celui-ci tombe malade, ses sœurs envoient un messager avertir le rabbi de Nazareth que « celui que tu aimes est malade ».

     

    Apostolat de confidence

    L’amitié facilite la confidence, et permet ainsi l’apostolat de la doctrine, de rapprocher de Dieu ces âmes, ces amis dont nous voulons le bien.

    Nous le voyons clairement à Béthanie. La confiance née de l’amitié permet à chacun de s’exprimer en toute confiance. Marthe, voulant que tout soit prêt à temps et quelque peu débordée par l’arrivée inopinée du Seigneur et de ses disciples, s’impatiente de voir que sa sœur ne l’aide pas pour le service mais reste aux pieds de Jésus à l’écouter. Elle finit par exploser et s’adresser à Jésus avec véhémence : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse faire seule le service ? » Il est très beau de voir cette confiance.

    Elle se manifeste encore au moment de la mort de Lazare. Lorsque Jésus se présente enfin à Béthanie, Marthe lui dit : « Seigneur, si avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quelques instants plus tard, Marie lui dit exactement la même chose.

    L’amitié est importante : elle permet de partager les joies et les peines, de demander conseil, de se faire aider, d’être réconforté dans l’épreuve. Elle autorise d’aborder les sujets essentiels de la vie : la prière, la fréquentation des sacrements, à commencer par la confession, si nécessaire pour le développement de la vie spirituelle, pour ne pas être coupé de Dieu. Elle donne autorité pour faire remarquer à l’autre ses erreurs, quitte à ce qu’il réagisse mal dans un premier temps. mais, l’amitié reprenant vite le dessus, l’intéressé témoigne de sa reconnaissance.

    L’amitié possède une valeur intrinsèque, parce qu’elle traduit une préoccupation réelle pour l’autre. L’actuel prélat de l’Opus Dei, Mgr Ocariz, écrit à ce sujet que « l’amitié elle-même est apostolat. L’amitié elle-même est un dialogue dans lequel nous donnons et nous recevons de la lumière ; dans lequel des projets surgissent, alors que l’on s’ouvre mutuellement des horizons ; dans lequel nous nous réjouissons de ce qui est bon et nous nous soutenons dans ce qui est difficile ; dans lequel enfin nous nous sentons bien, parce que Dieu nous veut heureux ».

    « L’apostolat que chacun doit exercer personnellement, nous dit encore le concile, et qui découle toujours d’une vie vraiment chrétienne est le principe et la condition de tout apostolat des laïcs, […] et rien ne peut le remplacer ». Cet apostolat individuel, d’ami à ami, de personne à personne, « est toujours et partout fécond, poursuit ce texte ; il est en certaines circonstances le seul adapté et le seul possible. Tous les laïcs y sont appelés et en ont le devoir, quelle que soit leur condition, même s’ils n’ont pas l’occasion ou la possibilité de collaborer dans des mouvements » (AA, n° 16).

    Ce qui sera le cas la plupart du temps. En tout cas cette collaboration à des mouvements est même impensable dans le cas, le plus général, que nous avons présenté d’apostolat d’amitié et de confidence. Les engagements du baptême suffisent largement à l’assumer.

  • Jésus chez Simon le lépreux (3)

    Jésus chez Simon le lépreux (3)

    OnctionBéthanie.jpg« Ce qu’elle pouvait faire, elle  l’a fait : elle a, par avance, parfumé mon corps pour mon ensevelissement » (Marc 14, 8).

    Jésus « nous apprend à tous par un tel langage que nous devons accueillir et favoriser une bien quelconque, n’importe quel en sera l’auteur, et tâcher de le conduire à la perfection, au lieu d’exiger qu’il soit parfait dès le principe. […] De même que, si quelqu’un eût posé la question avant l’acte de cette femme, il aurait déclaré que cela ne devait pas se faire ; de même, l’acte une fois accompli, il ne se propose qu’une chose ; de mettre cette femme à l’abri des pénibles récriminations de ses disciples, et de l’acheminer par ses encouragements vers un plus grand bien. Quand l’huile était déjà répandue, leur réprimande devenait intempestive. […] Il n’a pas voulu refroidir la piété de cette femme, et tout ce qu’il dit tend à l’encourager. Puis, comme il avait prononcé cette parole : ‘Elle l’a fait pour ma sépulture’, craignant de l’avoir jetée dans l’anxiété par cette image funèbre, en évoquant les idées de sépulture et de mort, voyez comment il la relève, en ajoutant : ‘Ce qu’elle a fait sera raconté dans le monde entier’. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Matthieu 80, 2.

  • Jésus chez Simon le lépreux (2)

    Jésus chez Simon le lépreux 

    La femme qui verse de l'huile sur la tête de Jésus chez Simon le lépreux, à Béthanie, fait l’objet de la réprobation générale. En effet, « il y en eut qui s’indignèrent entre eux » (Marc 14, 4). Saint Matthieu, qui était présent, va jusqu’à dire que, « ce voyant, les disciples dirent avec indignation : À quoi bon ce gaspillage ? » (Matthieu 26, 8). Ils sont unanimes à déplorer le geste de la femme qui leur apparaît comme scandaleux. « Et d’où vint aux disciples une telle pensée ?

    JesuschezSimon.Bouts.jpg

     C’est qu’ils avaient entendu le Maître leur dire : ‘Je veux la miséricorde, et non le sacrifice’ (Osée 6, 6) ; reprocher aux Juifs de laisser de côté les choses importantes, le jugement, la miséricorde et la foi ; recommander notamment l’aumône dans son sermon sur la montagne. Recueillant tous ces faits, ils pensaient en eux-mêmes que, si le Seigneur n’admettait pas les holocaustes et les cérémonies de l’ancienne loi, à plus forte raison devait-il réprouver l’effusion de ce parfum. Voilà quelle était leur appréciation ; mais lui qui voyait les sentiments de cette femme, approuva son action. Elle était animée d’une piété sincère, d’une admirable ferveur : il lui permit donc, avec une condescendance non moins admirable, de lui verser sur la tête l’huile qu’elle portait.

    Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Matthieu 80, 1.

  • Jésus chez Simon le lépreux (1)

    JésuschezSimonLépreux.jpgJésus chez Simon le lépreux

    Ce n’est pas sans motif que l’Évangéliste parle de la lèpre de Simon ; il nous explique par là comment cette femme se présente avec confiance. Cette maladie était réputée chose immonde, abominable, et Jésus en ayant délivré son hôte – il n’aurait pas pu voulu s’arrêter et manger dans la maison d’un lépreux – cette femme se persuade qu’il fera de même aisément disparaître l’impureté de son âme. Ce n’est pas sans intention non plus que se trouve indiqué ici le nom de la ville de Béthanie ; c’est pour nous apprendre que volontiers le Seigneur s’avance vers sa Passion. Il s’était antérieurement échappé de leurs mains, alors qu’ils étaient dans le paroxysme de l’envie ; maintenant il approche, il n’est plus qu’à quinze stades ; ce qui prouve que la première fuite rentrait dans le plan de l’incarnation ».

    Saint Jean Chrysostome, Homélie sur saint Matthieu 80, 1.

  • Jésus est la Résurrection

    Jésus est la Résurrection

    Lazare.Resurrection.JP.Lemieux.jpg

    Jésus-Christ est le Dieu vivant. C’est pourquoi il répond à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Le crois-tu ? » (Jean11, 25-26). « ‘Quiconque croit en moi, fût-il mort, vivra’ ; fût-il mort de la vie temporelle. ‘Et qui conque croit en moi, ne pourra pas’, de la mort véritable. Ne soyez donc pas hors de vous parce que votre frère est mort ; je suis la résurrection ; seulement croyez : la mort temporelle n’est pas une mort ;- Aisni, en même temps qu’il la console du malheur qui venait de l’atteindre, il ranime son espérance, soit en lui disant que son frère ressuscitera, soit en ajoutant : ‘Je suis la résurrection’, soit en affirmant que, vint-il à ressusciter, puis à mourir une seconde fois, il ne lui arrivera aucun mal. Ce n’est pas cette mort qui est à craindre. Lazare n’est pas mort, et vous ne mourrez pas non plus.

    Saint Jean Chrysostome,  Homélies sur saint Jean 62, 3.

  • Lazare est bien mort

    Lazare.Resurrection.jpgLazare est bien mort

    Or, Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ. Beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Dès que Marthe eut appris que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. Marthe dit donc à Jésus : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11, 17-21). « Ce qui est admirable, c’est de voir les sœurs de Lazare, après avoir entendu dire que cette maladie ne causerait pas la mort de leur frère, assister à sa mort sans être scandalisées de cet événement contraire à la prédiction du Sauveur, et s’approcher de Jésus sans concevoir de lui une opinion défavorable.

    Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 1.

  • Le "sommeil" de Lazare

    Lazare4.jpgLe "sommeil" de Lazare

    « Notre ami Lazare dort, mais je me mets en route pour le réveiller. » Ses disciples lui dirent : « S'il dort, il guérira. » Mais Jésus avait parlé de sa mort, et ils pensaient que c'était du repos du sommeil. Alors Jésus leur dit clairement : « Lazare est mort ; et je me réjouis à cause de vous de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui » (Jean 11, 11-15). « Dès qu’il leur a déclaré qu’il va non à Jérusalem mais à Béthanie, il ajoute : ‘Lazare dort ; je vais le réveiller de son sommeil.’ Je ne vais pas recommencer mes discussions avec les Juifs et les combattre de  nouveau. Je vais ouvrir les yeux de notre ami à la lumière » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 1). Remarquons que Jésus sait ce qui est advenu à Lazare sans que personne l’en ait prévenu. « Tout est à nu et sans masque » à ses yeux (Hébreux 4, 15).

  • La mort de Lazare

    Lazare1.jpgLa mort de Lazare

    "Lorsqu’il eut parlé ainsi, il demeura deux jours dans ce lieu". Pourquoi y demeurat-il ? Afin que Lazare put rendre le dernier soupir et être enseveli ; pour ôter tout sujet de tenir un pareil langage : Il n’a ressuscité qu’un homme qui n’était pas mort. […] Aussi le Christ attend-il que la corruption se soit déclarée et que l’on puisse dire : "Déjà il sent mauvais…" Après cela il dit à ses disciples : "Allons en Judée." Pourquoi Jésus, qui d’ailleurs ne fait point de prédiction pareille, en fait-il une ici ? Ses disciples étaient en proie à uneterreur profonde : c’est pour les rassurer que le Maître leur annonce ce qui doit avoir lieu. Et que lui disaient-ils ? "Les Juifs cherchaient naguère à te lapider [cf. Jean 10, 31], et tu reviens au milieu  d’eux !" Ils craignaient à la vérité encore plus pour eux-mêmes que pour lui, parce qu’ils étaient loin de la perfection. Plus pressé par la crainte que les autres, plus faible aussi et plus incrédule, Thomas s’écrie : ‘Allons-y nous aussi, afin de mourir’ (Jean 11, 16) » avec lui.

    Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 1.

  • La meilleure part

    La meilleure part

    Marie a choisi la meilleure part – lMartheMarie.J.Beuckelaert.jpg’excellence, dit notre texte latin […]. Non, le Seigneur n’arrachera point Marie à sa contemplation et à son amour ; bien assise, elle a pris place déjà à ce festin de la vie éternelle que le Seigneur est venu offirir à ses hôtes de Béthanie. Il est bon de recevoir Jésus dans sa maison ; il est meilleur encore de recevoir, des lèvres de Jésus, la vérité dans son cœur. Les vrais heureux sont ceux qui recueillent la parole de Dieu et la gardent avec amour, comme un trésor (cf. Luc 11, 28).

    Dom Paul Delatte, L’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ le Fils de Dieu, Sablé, Éd. de l’abbaye de Solesmes, t. I, 1975, p. 534