Je reviens ici sur l’Eucharistie, déjà abordée le Jeudi saint (le 13 avril)
Le Christ avait promis : « Et maintenant, moi, je serai avec vous toujours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Et il est resté de façon toute spéciale dans l’Eucharistie. Dans sa dernière lettre apostolique, Jean-Paul II rappelait que « la foi nous demande de nous tenir devant l’Eucharistie avec la conscience que nous sommes devant le Christ lui-même. […] L’Eucharistie est le mystère de présence, par lequel se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde » (Jean-Paul II, lettre apostolique Mane nobiscum Domine, n° 16).
« De la vertu de religion, l’adoration est l’acte premier », nous rappelle notre Catéchisme, qui ajoute : « Adorer Dieu, c’est le reconnaître comme Dieu, comme le Créateur et le Sauveur, le Seigneur et le Maître de tout ce qui existe, l’Amour infini et miséricordieux. « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte » (Lc 4, 8) dit Jésus, citant le Deutéronome (Dt 6, 13) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2096).
Jean-Paul II écrivait dans sa lettre pour le Jeudi saint de 1980, que, « en étant source de charité, l’Eucharistie a toujours été au centre de la vie des disciples du Christ. […] La vénération de Dieu qui est Amour naît, dans le culte eucharistique, de cette sorte d’intimité dans laquelle Lui-même, comme la nourriture et la boisson, remplit notre être spirituel, en lui assurant comme elles la vie. Une telle vénération « eucharistique » de Dieu correspond donc étroitement à ses desseins salvifiques. Lui-même, le Père, veut que « les vrais adorateurs » (Jn 4, 23) l’adorent ainsi. Le Christ est l’interprète de cette volonté, par ses paroles et par ce sacrement dans lequel il nous donne la possibilité d’adorer le Père, de la façon la plus conforme à sa volonté » (Jean-Paul II, lettre Dominicæ Cenæ, 24 février 1980, n° 7).
Dès sa première encyclique, Le Rédempteur de l’homme (n° 20), le pape Jean-Paul II avait souligné que l’Eucharistie est, « au sens propre, le sacrement ineffable ! », montrant que « l’engagement essentiel, et par-dessus tout la grâce visible et jaillissante de la force surnaturelle de l’Église comme peuple de Dieu, consiste à persévérer et à progresser constamment dans le vie eucharistique, dans la piété eucharistique, à se développer spirituellement dans le climat de l’Eucharistie ». Puis il montrait le lien existant entre l’Eucharistie et la pénitence : « De fait, si la première parole de l’enseignement du Christ, si la première phrase de la « Bonne Nouvelle » de l’Évangile était : « Convertissez-vous, et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15), le sacrement de la Passion, de la Croix et de la Résurrection semble renforcer et fortifier d’une manière toute spéciale cet appel dans nos âmes. L’Eucharistie et la pénitence deviennent ainsi, en un certain sens, deux dimensions étroitement connexes de la vie authentique selon l’esprit de l’Évangile, de la vie vraiment chrétienne. Le Christ qui invite au banquet eucharistique, est toujours le Christ qui exhorte à la pénitence, qui répète : « Convertissez-vous. » Sans cet effort constant et toujours repris pour la conversion, la participation à l’Eucharistie serait privée de sa pleine efficacité rédemptrice ».
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Encore l'Eucharistie
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Oui à la vie
« Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction ; choisis donc la vie » (Deutéronome 30, 19). Telle est la proposition que Dieu fait à l’homme, étant entendu qu’il est lui-même la vraie Vie, comme Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, le dira explicitement : « C’est moi la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6).
Celui qui prend de mauvaises habitudes — mensonge, débauche, infidélité, drogue, etc. — tombe dans un esclavage auquel il lui est très difficile, de plus en plus difficile, de s’arracher.
Alors que l’option de Dieu élève l’âme et détache des emprises terrestres et matérielles. Au lieu de centrer l’homme sur lui-même, la foi ouvre des perspectives insoupçonnées sur un Dieu qui est Amour (1 Jean 4, 16), un Amour qui, comme tout amour authentique, se donne gratuitement à l’autre et suscite, chez cet autre, le désir d’aimer pareillement. La Vie se trouve là. Non dans le repli sur soi, purement égoïste et totalement stérile, mais dans une ouverture qui fait entrer dans une grande fraternité et peut susciter aussi une paternité spirituelle.
« Choisis la vie, dit Dieu. » Que faire pour cela ? « Si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu, que je te prescris aujourd'hui, et que tu aimes Yahvé ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras » (Deutéronome 30, 16).
C’est de ce choix que dépend la vraie vie, c’est-à-dire la vie terrestre tournée vers la vie éternelle, vécue en vue de la vie éternelle au ciel, en la compagnie de ses anges et de ses saints, parce que la vie éternelle de l’enfer avec satan et les démons existe aussi.
Contrairement à ce que Nietzsche, et tant d’autres avec lui, ont affirmé, l’Église ne va pas contre la vie. Pour ces auteurs, comme le pape Benoît XVI l’explique, « à travers la Croix, à travers tous les commandements, à travers tous les « Non » qu'il [le christianisme] nous propose, il nous ferme la porte de la vie. Mais nous, nous voulons avoir la vie, et nous choisissons, nous optons, finalement, pour la vie en nous libérant de la Croix, en nous libérant de tous ces commandements et de tous ces « non ». Nous voulons avoir la vie en abondance, rien d'autre que la vie. Ici vient immédiatement en mémoire la parole de l'Évangile : « Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Luc 9, 24). Tel est le paradoxe que nous devons avant tout garder en mémoire dans l'option pour la vie. Ce n'est pas en nous arrogeant la vie pour nous-mêmes, mais seulement en donnant la vie, ce n'est pas en la possédant et en la prenant, mais en la donnant, que nous pouvons la trouver. Tel est le sens ultime de la Croix : ne pas garder pour soi, mais donner la vie » (Benoît XVI, Discours au clergé de Rome, 2 mars 2006).
Il est intéressant de constater que quelqu’un comme la norvégienne Janne Haaland Matlary, qui deviendra secrétaire d’État aux Affaires étrangères de son pays, a pu découvrir, alors qu’elle était agnostique, donc excluant toute connaissance de Dieu, que « le catholicisme n’était pas un beau système philosophique […], mais qu’il «était fondé sur une personne qui se proclamait aussi vivante aujourd’hui que deux mille ans auparavant » (Quand raison et foi se rencontrent, Paris, 2003, p. 34).
Le Seigneur dit dans l'Évangile de saint Jean : « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent » (Jean 17, 3). « La vie humaine est une relation. Ce n'est qu'au sein d'une relation, et non pas fermés sur nous-mêmes, que nous pouvons avoir la vie. Et la relation fondamentale est la relation avec le Créateur, sinon les autres relations sont fragiles. Choisir Dieu, donc : tel est l'essentiel » (Benoît XVI, Discours cit.). Même si cela n’échappe pas au paradoxe, à ce que saint Paul appelle le « scandale de la Croix ». « Le Christ est la vie, et pourtant il est mis en croix. Le Christ est la vie, et pourtant il est mort. Mais dans la mort du Christ la mort est morte : en mourant, la Vie a tué la mort, la plénitude de la vie a englouti la mort, la mort a été absorbée dans le corps du Christ. Mais nous aussi, nous le dirons à la résurrection, lorsque nous chanterons le chant triomphal : « Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? » (1 Corinthiens 15, 55) » (saint Augustin, Sur l’Évangile de Jean).
« Je suis la résurrection et la vie », proclame le Seigneur (Jean 14, 6). La mort et la Résurrection du Christ sont sources de vie spirituelle jaillissant pour l’éternité. Et l’Eucharistie — la messe — qui rend présent dans le temps l’unique Sacrifice de la Croix, est la fontaine à laquelle nous allons nous abreuver : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 54). -
Qui était saint Paul ?
Paul est le nom grec de Saul, homme de race et de religion juive, originaire de Tarse de Cilicie, ville située au sud-ouest de l’actuelle Turquie, ayant vécu au Ier siècle après Jésus-Christ. Paul a donc été contemporain de Jésus de Nazareth, même s’ils ne se sont probablement jamais rencontrés.
Saul de Tarse a été élevé dans le pharisaïsme, une des factions du judaïsme au Ier siècle. Comme il le raconte lui-même dans un de ses écrits, la lettre aux Galates (Ga 1, 13-14), son zèle pour le judaïsme le conduisit à persécuter le groupe naissant de chrétiens qu’il considérait contraires à la pureté de la religion juive, au point qu’un jour, sur le chemin de Damas, Jésus lui-même se révéla à lui et l’appela à le suivre, comme il l’avait fait auparavant avec les apôtres. Saul répondit à cet appel en se faisant baptiser et en consacrant sa vie à répandre l’Évangile de Jésus-Christ (Actes des apôtres 26, 4-18).
La conversion de Paul est un des moments clés de sa vie, car c’est précisément alors qu’il commence à comprendre ce qu’est l’Église en tant que corps du Christ : persécuter un chrétien, c’est persécuter Jésus lui-même. Dans ce même passage, Jésus se présente comme « ressuscité », situation qui attend tous les hommes après leur mort s’ils suivent les traces de Jésus, et comme « Seigneur », soulignant son caractère divin, étant donné que le mot utilisé pour nommer le « seigneur », kyrie, s’applique dans la Bible grecque à Dieu lui-même. Nous pouvons donc dire que Paul a reçu l’Évangile à prêcher de Jésus en personne, même si après, aidé par la grâce et sa propre réflexion, il a su tirer de cette première lumière bon nombre des principales implications de l’Évangile, aussi bien pour une meilleure compréhension du mystère divin que pour en montrer les conséquences pour la condition et l’action des hommes sans foi ou ayant foi dans le Christ.
Au moment de sa conversion, Paul est présenté avec les traits du prophète auquel une mission concrète est confiée. Comme le dit un autre livre du Nouveau Testament, les Actes des apôtres, le Seigneur dit à Ananie, celui qui devait baptiser Paul : « Va ! Car cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les païens, les rois et les enfants d’Israël. C’est moi qui lui montrerai tout ce qu’il devra endurer pour mon nom » (Actes 9, 15-16). Le Seigneur dit aussi à Paul : « Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi et tiens-toi droit. Voici pourquoi je te suis apparu : c’est pour te prendre comme serviteur et comme témoin des choses que tu as vues et de celles que je te ferai voir encore. Je t’ai tiré du sein de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie pur leur ouvrir les yeux, les faire passer des ténèbres à la lumière, et de l’empire de satan à Dieu. Ils obtiendront ainsi, en croyant en moi, le pardon de leurs péchés » (Actes 26, 15-18).
Saint Paul a mené à bien sa mission de prêcher le chemin du salut en réalisant des voyages apostoliques, en fondant et fortifiant des communautés chrétiennes dans les différentes provinces de l’empire romain par lesquelles il passait : Galatie, Asie, Macédoine, Achaïe, etc. Les écrits du Nouveau Testament présentent un Paul écrivain et prédicateur. Quand il arrivait quelque part, Paul se rendait à la synagogue, lieu de réunion des Juifs, pour prêcher l’Évangile. Puis il rencontrait les païens, c’est-à-dire les non-Juifs.
Après avoir quitté certains lieux, que ce soit parce qu’il avait laissé sa prédication inachevée ou pour répondre aux questions que les communautés lui envoyaient, Paul se mit à écrire des lettres, qui allaient être rapidement reçues dans les Églises avec une révérence particulière. Le Nouveau Testament nous en a transmis quatorze ayant la prédication de Paul pour origine : une lettre aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux. Même s’il n’est pas facile de les dater, nous pouvons dire que la plupart de ces lettres ont été écrites dans la décennie de 50 à 60.
Le cœur du message prêché par Paul est la figure du Christ dans la perspective de ce qu’il a réalisé pour le salut des hommes. La Rédemption accomplie par le Christ, dont l’action est mise en étroite relation avec celle du Père et celle de l’Esprit, marque un point d’inflexion dans la situation de l’homme et sa relation avec Dieu. Avant la Rédemption, l’homme marchait dans le péché, de plus en plus éloigné de Dieu ; maintenant il y a le Seigneur, le Kyrios, qui est ressuscité et qui a vaincu la mort et le péché, et qui constitue une seule chose avec ceux qui croient et reçoivent le baptême. En ce sens, on peut dire que la clef pour comprendre la théologie paulinienne est le concept de conversion (metanoia), en tant que passage de l’ignorance à la foi, de la Loi de Moïse à la Loi du Christ, du péché à la grâce.
Francisco Varo doyen de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
Original sur le site opusdei.es
Traduit par mes soins -
A-t-on pu voler lecorps de Jésus ?
Ceux que l’affirmation de la Résurrection de Jésus dérange et qui trouvent que le tombeau où il avait été déposé est vide, pensent immédiatement et disent que quelqu’un a volé son corps (voir Matthieu 28, 11-15).
La pierre trouvée à Nazareth avec un rescrit impérial rappelant qu’il est nécessaire de respecter l’inviolabilité des tombeaux témoigne qu’un grand trouble se produisit à Jérusalem du fait de la disparition du cadavre de quelqu’un qui provenait de Nazareth autour de l’année 30.
Cependant, le fait de trouver le tombeau vide n’empêcherait pas de penser que le corps a été volé. Malgré tout, cela produit une telle impression sur les saintes femmes et les disciples de Jésus qui se sont approchés du tombeau, que même avant d’avoir vu de nouveau Jésus vivant, ce fut le premier pas pour reconnaître qu’il était ressuscité.
L’Évangile de saint Jean contient un récit précis de ce qu’ils ont trouvé. Il raconte que Pierre et Jean ayant entendu ce que Marie leur racontait, Pierre sortit avec l’autre disciple et ils se rendirent tous deux au tombeau : « Ils courraient ensemble tous les deux, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre, et il arriva le premier au tombeau. Se penchant, il vit les bandelettes posées là, mais il n’entra pas. Puis arriva aussi Simon-Pierre, qui le suivait. Il entra dans le tombeau et vit les bandelettes posées là, ainsi que le suaire, qui avait été sur sa tête, posé non avec les bandelettes, mais tout enroulé à part, à sa place. Alors entra aussi l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau : il vit et il crut » (Jean 20, 4-8).
Les mots que l’évangéliste utilise pour décrire ce que Pierre et lui virent dans le tombeau vide expriment avec un vif réalisme l’impression que ce qu’ils ont vu leur a causé. D’entrée de jeu, la surprise d’y trouver les bandelettes. Si quelqu’un était entré pour faire disparaître le cadavre, aurait-il pris le temps d’enlever les bandelettes pour n’emporter que le corps ? Cela ne semble pas logique. Mais en outre le suaire était « tout enroulé », tel qu’il avait été le vendredi après-midi autour de la tête de Jésus. Les bandelettes restaient comme elles avaient été placées enveloppant le corps de Jésus, à cette différence près qu’elles n’enveloppaient plus rien et qu’elles se trouvaient « posées là », vides, comme si le corps de Jésus s’était volatilisé et en était sorti sans les défaire, passant à travers elles. Il y a des données encore plus surprenantes dans la description de ce qu’ils virent. Quand on ensevelissait un corps, on entourait d’abord la tête avec le suaire, puis tout le corps, la tête y compris, étaient enveloppés dans les bandelettes. Le récit de Jean spécifie que le suaire restait dans le tombeau « en un autre endroit », c’est-à-dire conservant la même disposition qu’il avait eue quand le corps de Jésus s’y trouvait.
La description de l’Évangile indique avec une extraordinaire précision ce que les deux apôtres ont vu avec stupéfaction. L’absence du corps de Jésus était humainement inexplicable. Il était physiquement impossible que quelqu’un l’ait volé et que, pour le tirer du linceul, il ait dû défaire les bandelettes et le suaire, et que ceux-ci soient restés isolés. Mais ils avaient présents à l’esprit les bandelettes et le suaire tels qu’ils étaient quand ils avaient laissé le corps du Maître dans le tombeau, le vendredi après-midi. L’unique différence était que le corps de Jésus ne s’y trouvait plus. Toute le reste demeurait à sa place.
Ce qu’ils ont trouvé dans le tombeau vide était à tel point significatif que cela leur fit pressentir d’une certaine façon la résurrection du Seigneur, car « ils virent et ils crurent ».
Francisco Varo doyen de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
Original sur le site opusdei.es
Traduit par mes soins -
Un livre tonifiant
Je conseille la lecture du livre de Janne Haaland MATLARY, Quand raison et foi se rencontrent, publié par les Presses de la Renaissance en 2003. L'auteur est norvégienne, issue d'un milieu luthérien, mais personnellement agnostique, c'est-à-dire étrangère à la connaissance de Dieu, dans un pays où le catholicisme était considéré avec mépris. Docteur en philosophie, elle se spécialise dans les relations internationales, qu'elle enseigne à l'université d'Oslo.
Elle découvre peu à peu ce qu'est le catholicisme. Toute agnostique qu'elle soit, elle comprend que le catholicisme est "fondé sur une personne qui se proclamait aussi vivante aujourd'hui que deux mille ans auparavant", et qu'il "existe une réalité objective dans l'hostie après la consécration, malgré ce que j'en pense ; que j'y croie ou non".
Après sa conversion au catholicisme en 1982, Matlary ne découvre que progressivement que la foi ne doit pas se cantonner à la prière, mais imprégner toute sa vie, d'épouse, de mère de quatre enfants, d'enseignante, de femme engagée dans la vie publique (elle sera secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères de Norvège), de catholique (elle dirigera la représentation du Saint-Siège au congrès mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, à Yokohama en 2001). C'est ce combat pour unifier toutes les composantes de l'existence que l'auteur nous livre, un combat qui connaît des hauts et des bas. L'auteur avoue avoir mis des années à comprendre que "le Christ nous offre chaque jour ses sacrements, qui sont là pour nous aider à entretenir et à améliorer nos relations avec Lui. Sans leur recours, on ne pourrait pas y arriver. Sans viligance, nous risquons de nous laisser entraîner dans la paresse, la volupté, le matéralisme et l'égocentrisme".
Bref, avec Mme Matlary, nous comprenons que "le Christ incarné n'est pas uniquement mon Dieu personnel, mon ami, mais que nous sommes tous inclusdans cette relation d'amour, le monde aussi. La sanctification de soi, celle des autres et celle du monde font partie d'un seul et même processus. Ma vocation porte le nom de chacun de mes enfants, de mon travail, de ma famille — bref, mon cheminement est fait de l'ordinaire de ma vie. Cet ordinaire est extraordinaire : c'est là que le Christ est présent".
L'ouvrage est préfacé par Michel Camdessus.
À lire. -
La Passion et saint Marc (1)
Réfléchissant à la Passion de Jésus-Christ, j’ai imaginé de l’envisager du point de vue de l’évangéliste Marc, qui se trouve présent au Jardin des Oliviers, au moment de l’arrestation de Jésus. Voici le produit de cette méditation, qui imagine le récit que Marc peut nous donner des événements, et fait partie d’un ouvrage inédit de ma composition :
Marc est un homme discret et efficace. Il habite Jérusalem. Il appartient à une famille de condition aisée. Sa mère est veuve. Tous deux se lient très tôt d’amitié avec Jésus et avec le groupe de ses disciples. Cette amitié est providentielle, car elle va servir les desseins de Dieu. Marc est devenu, lui aussi, disciple du Nazaréen.
Les spécialistes s’accordent pour dire que le Cénacle appartenait à la mère de Marc, et probablement aussi le Jardin des Oliviers. Ceci explique que le Seigneur s’y rend souvent avec ses apôtres, à la tombée de la nuit, à un moment où il n’y a plus personne sur place et où ils peuvent donc être tranquilles pour prier et pour parler entre eux. Il n’est pas rare que Marc aille les rejoindre. Il est chez lui… C’est ce qu’il fait le Jeudi Saint.
Ce soir-là, Marc respecte l’intimité du Maître et de ses apôtres. Il a donné toutes sortes de facilités pour les préparatifs de la Pâque. Il s’est montré aussi coopératif que possible.
Quand il accompagnera Paul et son cousin Barnabé, puis Barnabé tout seul, et enfin Pierre, à Rome, il pourra confier tout ce qu’il a vécu aux premières communautés chrétiennes.
— « Que la grâce et la paix vous soient données en abondance par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur (2 P 1, 2). J’ai le projet de rédiger un récit de la Bonne Nouvelle, comme Lévi, fils d’Alphée (Mc 2, 14) l’a déjà fait à l’intention des saints issus du judaïsme. Cela vous servira d’aide-mémoire.
« Pour l’heure, plaçons-nous au jour où notre Seigneur a pris son dernier repas avec les douze, avant d’être arrêté et mis en Croix. J’étais là. Ça se passait chez moi, au Cénacle, à Jérusalem. Vous ne pouvez pas imaginer ma joie d’accueillir Jésus sous mon toit. C’est un honneur que je ne méritais pas. J’étais transporté d’allégresse. Mais si j’avais su que le Maître allait instituer les sacrements de l’ordre et de l’Eucharistie au cours de cette soirée, j’en aurais été encore plus émerveillé et fier.
« Je n’étais pas dans la salle du repas, bien entendu. Ce n’était pas ma place. Mais je les ai vus arriver. Le Maître m’a donné le baiser de paix avec beaucoup d’affection, et je le lui ai bien rendu ! Enfin, comme j’ai pu. Parce qu’il est impossible de rivaliser avec l’amour du Christ. C’était un baiser authentique. Comme un baiser à l’âme ! On sentait tout de suite le cœur brûler. On éprouvait très fortement l’envie de répondre de son mieux, d’être un digne fils de Dieu.
« Donc Jésus m’a salué. J’ai versé de l’eau bien fraîche sur ses pieds et les ai essuyés et embrassés avec affection, me souvenant de ce que dit le prophète : Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds du messager qui publie la paix ; du messager de la bonne nouvelle, qui publie le salut ! (Is 52, 7).
« Puis j’ai versé de l’huile parfumée sur sa tête. Jésus a salué maman, qui avait veillé à ce que rien ne manque, d’après les instructions de Pierre et de Jean, venus dans la matinée pour préparer la Pâque (Lc 22, 8). Une fois qu’ils ont été installés, et après nous être assurés qu’ils n’avaient besoin de rien, maman et moi nous sommes allés manger aussi la Pâque chez des voisins, comme chaque année. En effet, dans l’Ancienne Alliance, le Seigneur Dieu a disposé au temps de Moïse que, si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra en commun avec le voisin le plus proche, selon le nombre de personnes (Ex 12, 4). »
Marc doit reprendre sa respiration. Chaque fois qu’il pense à ces événements, il ne peut s’empêcher d’être ému.
— « Excusez-moi, dit-il, en renouant le fil de son récit, mais je ne peux pas évoquer ces moments sans émoi. Vous rendez-vous compte ? Jésus est chez moi ! Le Fils du Très-Haut, qu’il soit béni ! le Messie fait homme dans le sein très pur de la bienheureuse Vierge Marie ! Chez moi ! Il n’y a pas grand monde qui peut en dire autant. La belle-mère de Pierre, au bord du lac, à Capharnaüm. Marthe, Marie et Lazare, à Béthanie. Mais, je n’en connais pas beaucoup d’autres. J’y vois une grande grâce. Et puis, comme vous le savez, c’est au cours de ce repas que le Christ prit du pain, et après avoir prononcé la kidoush, une bénédiction, il le rompit, et le leur donna [à ses apôtres], en disant :
— « Prenez, ceci est mon corps. »
Il prit ensuite la coupe, et, ayant rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit :
— « Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour la multitude » (Mc 14, 22-24). »
Ce que Marc ne peut pas relater, c’est qu’à ce moment-là, tous les anges du paradis ont embouché leur trompette argentine pour proclamer à la face de l’univers la grande nouvelle, l’invention divine de Dieu désormais présent, réellement présent, dans le très saint-sacrement !
— « Puis Jésus a commencé son action de grâces à voix haute pour cette première messe et cette première communion à son Corps. C’est moi qui suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron […]. Demeurez en moi, et moi [je demeurerai] en vous (Jn 15, 1.4). Puis il s’est mis à vanter les mérites de la charité sincère, authentique : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez dans cet amour que j’ai pour vous. Si vous mettez mes commandements en pratique, vous demeurerez dans mon amour, tout comme moi j’ai mis en pratique les commandements de mon Père et que je demeure en son amour (Jn 15, 9-10). Et il est revenu sur ce que nous pourrions appeler son « testament spirituel » : Voici quel est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15, 12). »
« Il a poursuivi longuement. Si bien que nous étant dépêchés de rentrer, maman et moi, pour être sur place avant le départ de Jésus et des siens, de fait ils étaient encore là, fort heureusement. Comme je l’ai dit, Jésus était en train de parler. Nous entendions le bruit de sa voix, si familière, sans comprendre les paroles. Bien sûr, je ne l’ai pas dérangé. J’ai su plus tard qu’il faisait la prière que je viens de rappeler, en s’adressant à son Père. C’est ce que nous connaissons sous le nom de « prière sacerdotale » de Jésus. »
(à suivre…) -
Saint Walfroy
Saint Walfroy (VIème s.)
Je suis à Saint-Walfroy, ce qui me donne l’occasion de parler de ce saint.
Saint Walfroy, ou Wulfilaic, ou Wolf, ou Vulfe, est le seul « stylite » d’0ccident. Originaire de Lombardie, il avait entendu parler des vertus et de la sainteté de saint Martin qu’il prit comme modèle. Il se rendit à Limoges où Arédius, l'abbé du monastère de Saint Yrieix, le conduisit lui-même à Tours, à la basilique de saint Martin. Vers 585, il s’établit dans le diocèse de Trêves qui s'étendait jusque dans les environs de Reims et dont une grande partie de la population était encore païenne.
Il éleva une colonne non loin du temple de Diane, la « Dea Arduina » (qui a donné son nom aux Ardennes). Il vécut sur cette colonne durant des années « avec de grandes souffrances, sans aucune espèce de chaussure; et lorsqu'arrivait, le temps de l'hiver, j'étais tellement brûlé des rigueurs de la gelée que très-souvent elles ont fait tomber les ongles de mes pieds, et l'eau glacée pendait à ma barbe en forme de chandelles; car cette contrée passe pour avoir souvent des hivers très-froids ». Il obtint que les habitants du lieu démolissent la colonne élevée en l’honneur de Diane, non sans une intervention divine.
Un jour l'évêque du lieu déclara a Walfroy, comme l’historien saint Grégoire de Tours, rencontré à Trêves le rapporte dans son Histoire des Francs (vol. 1, livre 8) : « La voie que tu suis n'est pas la bonne. Tu n'as pas à te comparer à Siméon d'Antioche (qu'on appelle actuellement saint Syméon le Stylite). La rigueur du climat ne te le permet pas. » Il y envoya des ouvriers avec des haches, des ciseaux et des marteaux, et fit renverser la colonne.
Walfroy obéit et rejoignit le monastère le plus proche : « L'obéissance est plus chère à Dieu que le sacrifice. […] Depuis lors j'habite ici et je suis content d'habiter avec les frères. »
Parmi les nombreux miracles que mentionne saint Walfroy, citons celui-ci : « Le fils d'un Franc, homme très noble parmi les siens, était sourd et muet. Les parents de l'enfant l'ayant amené à cette basilique, j'ordonnai qu'on lui mît un lit dans ce temple saint pour le coucher avec mon diacre et un autre des ministres de l'église. Le jour il vaquait à l'oraison, et la nuit, comme je l'ai dit, il dormait dans la basilique. Dieu eut pitié de lui et le Bienheureux Martin m'apparut dans une vision et me dit : « Fais sortir l'agneau de la basilique, car il est guéri. » Le matin arrivé, comme je croyais que c'était un songe, l'enfant vint vers moi, se mit à parler, et commença à rendre grâces à Dieu ; puis, se tournant vers moi, il me dit : « J'offre mes actions de grâces au Dieu tout-puissant qui m'a rendu la parole et l'ouïe ». Dès ce moment il recouvra la parole et retourna dans sa maison. »
Mort peu avant l’an 600, saint Walfroy fut inhumé dans l’église qu’il avait construite, mais ses reliques furent transportées par la suite à Carignan.
La propriété, rachetée par l’archevêque de Reims en 1855, devient un ermitage confié à des Lazaristes en 1868. L’église actuelle date d’après la deuxième guerre mondiale. Après diverses activités, l’ermitage saint Walfroy est tenu depuis 2002 par une association qui cherche à y réaliser la vocation que saint Walfroy lui inspire « pour une Europe chrétienne ».
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Les religions du Livre
Il est fréquent d’entendre parler des religions du Livre à propos du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Ce nom est en réalité donné par les musulmans aux religions qui s’appuient sur un texte sacré : Tora pour le judaïsme, Bible pour le christianisme. Nous y ajoutons parfois l’islam lui-même, avec le Coran.
En réalité, il est tout à fait discutable de dire que les trois religions monothéistes, croyant en un seul Dieu, sont des « religions du Livre ». En effet, plus qu’une religion du Livre, le christianisme est la religion du Verbe, ou Parole de Dieu incarnée, Jésus-Christ, qui vient attester en personne la réalité de Dieu, et révéler l’existence de la Sainte Trinité, Dieu unique en trois Personnes, en même temps que donner sa vie pour le salut du monde, pour délivrer les hommes des chaînes du péché.
« Le Coran, selon la foi islamique, est une parole donnée oralement par Dieu, sans médiation humaine. Le Prophète n'y est pour rien. Il l'a uniquement écrite et transmise. C'est la pure parole de Dieu. Tandis que pour nous [les chrétiens], Dieu entre en communion avec nous, il nous fait coopérer, il crée ce sujet et c'est dans ce sujet que croît et se développe sa parole. Cette part humaine est essentielle, et nous donne également la possibilité de voir que les paroles individuelles ne deviennent réellement Parole de Dieu que dans l'unité de toute l'Écriture dans le sujet vivant du Peuple de Dieu. Le premier élément est donc le don de Dieu ; le second est la participation dans la foi du peuple en pèlerinage [se trouvant sur terre], la communion dans la Sainte Église, qui, pour sa part, reçoit le Verbe de Dieu, qui est le Corps du Christ, animé par la Parole vivante, par le Logos divin [le Verbe, c’est-à-dire le christ]. Nous devons approfondir, jour après jour, notre communion avec la Sainte Église et ainsi avec la Parole de Dieu. Il ne s'agit pas de deux choses opposées, de telle sorte que je puisse dire : je préfère l'Église ou je préfère la Parole de Dieu. […] Celui qui vit de la Parole de Dieu ne peut la vivre que parce qu'elle est vivante et vitale dans l'Église vivante » (Benoît XVI, Discours au clergé de Rome, 2 mars 2006).
« Le Christ « ne se limite pas à parler « au nom de Dieu » comme les prophètes, mais c'est Dieu même qui parle dans son Verbe éternel fait chair. Nous touchons ici le point essentiel qui différencie le christianisme des autres religions, dans lesquelles s'est exprimée dès le commencement la recherche de Dieu de la part de l'homme. Dans le christianisme, le point de départ, c'est l'Incarnation du Verbe. Ici, ce n'est plus seulement l'homme qui cherche Dieu, mais c'est Dieu qui vient en personne parler de lui-même à l'homme et lui montrer la voie qui lui permettra de l'atteindre. C'est ce que proclame le prologue de l'Évangile de Jean : « Nul n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui l'a fait connaître » (1, 18). Le Verbe incarné est donc l'accomplissement de l'aspiration présente dans toutes les religions de l'humanité : cet accomplissement est l'œuvre de Dieu et il dépasse toute attente humaine. C'est un mystère de grâce » (Jean-Paul II, lettre apostolique À l'approche du troisième millénaire , 10 novembre 1994, n° 6). -
Opus Dei : les membres
N’importe quel laïc catholique, c’est-à-dire quelqu’un qui n’a pas reçu le sacrement de l’ordre et qui n’a pas pris d’engagements dans une institution religieuse, peut demander son admission dans l’Opus Dei. Il doit agir avec droiture d’intention, être mû par une vocation divine, c’est-à-dire un appel intime et personnel de Dieu à mettre toute sa vie à son service, selon l’esprit de l'Opus Dei, en tirant parti de ses circonstances dans le monde. Cet appel est unique et le même pour tous : mariés et célibataires, de quelque couche sociale, race ou profession qu’il soit.
L'unicité de la vocation se traduit en ce que tous les membres de la Prélature acquièrent les mêmes engagements ascétiques, apostoliques et de formation doctrinale. C’est, en outre, une vocation qui engage toutes les facettes de la vie : se donner à Dieu dans l’Opus Dei n’amène pas à « sélectionner des activités, ne suppose pas d’employer une partie plus ou moins importante de notre temps à réaliser de bonnes œuvres, en en délaissant d’autres. L’Opus Dei se greffe sur toute notre vie » (saint Josémaria Lettre, 25 janvier 1961).
L’incorporation à la Prélature de l’Opus Dei se fait par une déclaration formelle de nature contractuelle qui donne naissance à un lien stable entre la Prélature et le membre laïc qui désire librement s'y incorporer. Pour le passer, il faut avoir atteint les dix-huit ans. Tant que l’intéressé n’est pas pleinement incorporé à l’Opus Dei, incorporation qui n’intervient au plus tôt qu’au bout de six ans et demi, il renouvelle son engagement chaque année.
Les prêtres de la Prélature sont issus de ses rangs laïcs. Ces prêtres sont ordonnés pour le service pastoral de la Prélature.
Les prêtres déjà incardinés dans d'autres diocèses ne peuvent pas faire partie du clergé de la Prélature : le droit de la Prélature ne le permet pas. Ils peuvent, en revanche, adhérer à la Société sacerdotale de la Sainte-Croix, dont la finalité est la sanctification sacerdotale selon l’esprit et la pratique ascétique de l’Opus Dei. -
Opus Dei : sa place dans l'Église
L’Opus Dei, fondé en 1928 par saint Josémaria Escriva (1902-1975), a été érigé en 1982 en prélature personnelle. Le qualificatif « personnel » distingue ce type de prélature des circonscriptions administratives de l’Église à base territoriale, ce qui est le cas le plus fréquent, notamment avec les diocèses. Mais « personnel » ne veut pas dire « du pape ». Comme toutes les autres circonscriptions administratives ecclésiastiques, la prélature personnelle relève du saint-siège par le biais de la Congrégation pour les évêques, qui en nomme le prélat.
La prélature personnelle relève du droit commun de l’Église, selon les canons 294-297 du code de droit canonique. Elle est assimilée en droit à un diocèse, c’est-à-dire qu’en règle générale les normes qui régissent les diocèses lui sont applicables. Elle peut posséder, en effet, comme dans le cas de l’Opus Dei, un prélat, la gouvernant avec un pouvoir quasi-épiscopal (ou épiscopal, s’il est évêque), un presbyterium propre, c’est-à-dire un ensemble de prêtres adonnés au service des tâches propres de la prélature, et un peuple de fidèles, pouvant, là aussi comme dans l’Opus Dei, y être pleinement incorporés. La prélature personnelle se présente alors comme « une petite partie de l’Église » qui, comme toutes les autres « parties », les Églises particulières ou diocèses notamment, est au service de la mission de l’Église universelle d’évangéliser le monde entier.
La mission de l’Opus Dei est donc une façon de vivre la mission générale et universelle de l’Église. Elle s’exerce au service de l’Église universelle et des Églises particulières, c’est-à-dire essentiellement des diocèses dont les fidèles laïcs de l’Opus Dei continuent de faire partie comme avant d’entrer dans l’Opus Dei. Pour ces fidèles laïcs, le lieu normal de pratique de leur foi est la paroisse, le diocèse auquel ils appartiennent en raison de leur domicile. On pourrait dire que l’apport de l’Opus Dei à chaque diocèse est « une offre de services pastoraux ». Concrètement, du fait que l’Opus Dei forme des chrétiens à assumer pleinement leurs responsabilités dans l’Église et dans le monde, en restant à leur place, leur effort de sainteté personnelle et leur apostolat profitent au diocèse ou à la paroisse d’appartenance. Cette double action (sainteté et apostolat) s’inscrit naturellement dans le cadre des préoccupations pastorales de l’évêque diocésain.
(voir D. Le Tourneau, L’Opus Dei, coll. « Que sais-je ? »)