On peut s’interroger sur les moyens de l’Opus Dei. J’ai dit dans un message précédent que la finalité de la Prélature de l’Opus Dei est d’ordre strictement spirituel. On ne s’étonnera pas dès lors que les moyens soient eux aussi spirituels.
L’actuel prélat de l’Opus Dei, Monseigneur Xavier Echevarria, a témoigné au cours du procès en béatification du fondateur de l’Opus Dei que ce dernier lui avait affirmé : « L’unique arme que nous avons eue, et que nous aurons toujours, ne l’oublie pas, c’est la prière. Il n’y en a pas d’autre. Si tu ne pries pas, tout s’effondre » : il n’est plus possible de devenir saint et d’aider les hommes à le devenir.
Dans l’esprit de l’Opus Dei, la vie consiste à travailler et à prier et, à l'inverse, à prier et à travailler. Car le moment vient où « il est impossible de distinguer où termine la prière et où commence le travail », disait le fondateur. Sans le travail et l'accomplissement des devoirs personnels, il ne peut y avoir, pour un chrétien courant, de vie de prière, de vie contemplative... Sans vie contemplative, prétendre travailler pour le Christ n’aurait guère de sens. Ce serait comme coudre avec une aiguille sans fil… (voir D. Le Tourneau, L’Opus Dei, coll. « Que sais-je ? »).
Les seuls moyens financiers dont la Prélature dispose ont trait au culte et à « l’honnête subsistance » du clergé de la prélature dont le prélat a la charge. En France, un statut d’association du même type que celui qui a été accordé aux diocèses français, « l’Association de la prélature personnelle dite Prélature de la Sainte-Croix et Opus Dei », permet d’assumer les frais du culte catholique (siège de la curie du vicaire, églises éventuelles, séminaire éventuel, vie et formation permanente des prêtres, cérémonies, etc.).
Comme pour n’importe quel catholique courant, les biens de l’entreprise ou de la société dans laquelle il travaille n’appartiennent pas à l’institution religieuse dont il relève, que ce soit le diocèse, le diocèse aux armées, une prélature, etc.
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Opus Dei : les moyens
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Quelle langue Jésus parlait-il ?
Au Ier siècle dans le pays où Jésus vivait, on sait que quatre langues étaient utilisées : l’araméen, l’hébreu, le grec et le latin.
photo O. de G.
Des quatre, la langue officielle et, en même temps, la moins employée, était le latin. Elle était utilisée presque exclusivement par les fonctionnaires romains entre eux et quelques personnes cultivées la connaissaient. Il ne paraît pas probable que Jésus ait étudié le latin ni qu’il l’ait employé dans sa conversation ordinaire ou dans sa prédication.
En ce qui concerne le grec, il ne serait pas surprenant que Jésus s’en soit servi parfois, car nombre de paysans et d’artisans de Galilée connaissaient cette langue, ou du moins les rudiments nécessaires à une activité commerciale simple ou pour communiquer avec les habitants des villes, qui étaient an majorité de culture hellénique. Le grec était également utilisé en Judée : on calcule que de huit à quinze pour cent des habitants de Jérusalem parlaient le grec. Malgré tout, nous ne savons si Jésus a utilisé un jour le grec, et il n’est pas possible de le déduire avec certitude des textes, même si nous ne pouvons pas écarter cette éventualité. Il est probable, par exemple, que Jésus a parlé à Pilate dans cette langue.
En revanche, les allusions répétées des évangiles à la prédication de Jésus dans les synagogues et des conversations avec les pharisiens sur des textes de l’Écriture rendent plus que vraisemblable qu’il connaissait et utilisait l’hébreu dans certaines circonstances.
Néanmoins, même si Jésus connaissait et utilisait parfois l’hébreu, il semble que, pour la conversation ordinaire et la prédication, il parlait d’ordinaire en araméen, qui était la langue normale d’usage courant entre les Juifs de Galilée. De fait, le texte grec des Évangiles laisse parfois des mots ou des phrases en araméen sur les lèvres de Jésus : talitha qum (Marc 5, 41), effetha (Marc 7, 34), géhenne (Marc 9, 43), abba (Marc 14, 34), Eloï, Eloï, lema sabacthani ? (Marc 15, 34), ou de ses interlocuteurs : rabbuni (Marc 10, 51).
Les études sur l’arrière-fond linguistique des Évangiles font ressortir que les mots qui y sont recueillis ont été prononcés originairement dans une langue sémitique : l’hébreu ou, plus probablement, l’araméen. Cela se remarque aux tournures du grec utilisé dans les Évangiles,qui manifestent une matrice syntactique araméenne. Mais cela peut se déduire aussi du fait que des mots mis par les Évangiles sans la bouche de Jésus acquièrent une force particulière quand ils sont traduits en araméen, et que certains mots sont utilisés avec une charge sémitique distincte de celle qu’ils ont habituellement en grec, qui dérive d’un usage sémitisant. Il arrive même qu’en traduisant les Évangiles dans une langue sémitique on découvre des jeux de mots qui restent cachés dans l’original grec.
Francisco Varo, doyen de la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
Disponible sur le site www.opusdei.es
Traduit par mes soins -
L'Opus Dei : les objectifs
Selon son fondateur, saint Josémaria Escriva, « l’Opus Dei propose d’encourager des gens qui appartiennent à toutes les classes de la société à vivre la plénitude de la vie chrétienne au sein du monde » (Entretiens avec Monseigneur Escriva, n°24). Comme je l’ai écrit dans mon « Que sais-je ? » consacré à L’Opus Dei, « la mission de l’Opus Dei consiste à collaborer à la mission d’évangélisation de l’Église, en promouvant parmi des chrétiens de toute condition une vie pleinement cohérente avec la foi, dans les circonstances ordinaires de l’existence, en particulier par la sanctification du travail. L’Opus Dei se propose donc d’aider à transformer le travail et toute tâche en prière, moyen et occasion d’apostolat, de parler de Dieu aux autres, et à l’accomplir avec la plus grande perfection possible ». Le fondateur a expliqué à un journaliste que l’activité principale de l’Opus Dei consiste à « donner à ses membres, et aux personnes qui le désirent, les moyens spirituels nécessaires pour vivre dans le monde en bons chrétiens » (Entretiens avec Monseigneur Escriva, n° 27) ».
L’objectif est donc d’ordre spirituel et se borne pleinement à cet aspect.
Autrement dit, l’action de l’Opus Dei consiste à rappeler aux chrétiens qu’ils sont appelés à se sanctifier et témoigner de leur foi dans leur vie courante de travail, de famille, de loisirs, de relations sociales, etc., et à leur fournir les moyens spirituels et la formation doctrinale leur permettant d’y arriver.
Le reste, tout le reste, c’est-à-dire les options familiales, professionnelles, sociales, politiques, éthiques, culturelles ou autres, sont du ressort de la liberté de chacun, sous son entière responsabilité. Il n’appartient pas à la Prélature de l’Opus Dei ni à ses dirigeants de donner quelque consigne que ce soit dans ce domaine, en dehors du fait de rappeler l’enseignement de l’Église.
Attribuer à l’Opus Dei les activités de citoyens courants qui en font partie n’a pas plus de sens que de les attribuer au diocèse auquel ils appartiennent aussi ou, de façon plus générale, à l’Église catholique. -
Sainte Catherine de Sienne
L’Église célèbre aujourd’hui sainte Catherine de Sienne, une des nombreuses figures féminines qu’elle donne en exemple aux fidèles.
Catherine est née à Sienne, en Italie, le 25 mars 1347. Elle était le vingt troisième enfant du teinturier Jacopo Benincasa et de Lapa Piagenti. À l’âge de six ans elle reçoit sa première vision. Elle mène alors une vie profondément religieuse. Au lieu de mariage ou une vie monastique, elle a opté de rester avec ses parents, dans une sorte de cellule. À l’âge de seize ans, elle devient tertiaire dominicaine, une « mantellata » somme toute, nom donné à Sienne aux tertiaires en raison de leur manteau noir.
Sainte Catherine mène de concert une vie de contemplation et le soin de son prochain, s’occupant des malades de l’hôpital Della Scala et de la léproserie Saint-Lazare. Autour d’elle s’est constitué rapidement tout un cercle de personnes attirées par son ascendant spirituel et sa bonne humeur, groupe qu’elle appelle sa belle compagnie. Elle obtient des conversions retentissantes.
Ses visions font connaître rapidement Catherine dans toute l’Italie. En 1374 elle a pris pour confesseur Raymond de Capoue (environ 1330-1398), qui devient maître-général de l’Ordre dominicain en 1380. Stimulée par son confesseur, elle s’occupe de plus en plus avec le politique des villes et avec la situation de l’Église, œuvrant pour la réconciliation des familles et des villes ennemies. Le 1er avril 1375, Catherine reçoit les stigmates de la Passion du Christ.
Lors d'une apparition, le Christ lui demande d’intervenir auprès du pape d’Avignon pour le convaincre de revenir à Rome. Reçue par lui en 1376, elle l'entretient de la situation de l'Église, lui reprochant son indécision, et le presse de revenir à Rome. Elle revient à la charge par écrit après son départ d’Avignon. L'entourage pontifical, attaché au luxe et à la douceur avignonnaise fait pression contre elle. Mais elle parvient à décider Grégoire XI qui, le 13 septembre 1376, regagne Rome, où il meurt le 27 mars 1378. Pour Catherine, le pape est « le doux Christ sur la terre », en tant que vicaire du Christ à la tête de l’Église. Catherine est aussi habitée par la mystique de la croisade, qu’elle prêche au pape.
Urbain VI succède à Grégoire XI mais, le 20 septembre 1378, c’est le schisme, un pape ayant été également élu à Avignon. Le 29 avril 1380, sainte Catherine meurt à Rome dans sa petite maison de la via del Papa, non loin de l’église de Santa Maria sopra Minerva, où elle est enterrée.
Catherine, qui ne savait pas écrire, a dicté son chef-d’œuvre, le Dialogue, ou « Livre de la divine doctrine », commencé en 1378. Nous conservons plus de 380 lettres adressés à des princes, aux citoyens et aux clercs, aux prêtres et moniales, mais aussi aux cardinaux et aux papes. Il y a aussi une collection de 26 prières.
Sainte Catherine est canonisée par Pie II en 1461. En 1866 elle est déclarée co-patronne de Rome. Depuis 1939, elle est patronne de l’Italie, avec saint François d’Assise. En 1970, elle a reçu du pape Paul VI le titre du Docteur de l’Église, étant la seconde femme (après Thérèse d'Avila) à le devenir et la seule laïque. Jean Paul II a proclamé en 1999 Catherine co-patronne de l'Europe, en même temps que sainte Brigitte de Suède et la bienheureuse Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein). -
La vocation des jeunes
La vocation des jeunes dans le monde
Bien peu de jeunes ont lu la lettre, longue mais passionnante et optimiste, que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a adressé aux jeunes du monde entier à l’occasion de la Journée internationale de la Jeunesse, en 1985 : lettre Dilecti amici à tous les jeunes du monde, 31 mars 1985 (n° 4). Elle mérite d’être lue et méditée. En voici un passage, dans lequel le pape défunt explique ce qu’est la vocation, c’est-à-dire littéralement l’appel (le mot latin vocare veut dire appeler) que Dieu adresse à chacun à être saint, à la perfection de la charité.
« L’homme est une créature et il est également un fils adoptif de Dieu dans le Christ : il est fils de Dieu. La question : « Que dois-je faire ? » l’homme la pose alors pendant sa jeunesse non seulement à lui-même et aux autres hommes dont il peut attendre une réponse, particulièrement ses parents et ses éducateurs, mais il la pose aussi à Dieu, car il est son créateur et son père. Il la pose dans cet espace intérieur particulier où il appris à être en relation intime avec Dieu, avant tout dans la prière. […]
« Parallèlement au processus de découverte de sa propre « vocation pour la vie », on devrait développer la prise de conscience de la façon dont cette vocation pour la vie est, en même temps, une « vocation chrétienne ».
« Il faut remarquer ici que, dans la période antérieure au concile Vatican II, le concept de « vocation » était appliqué avant tout au sacerdoce et à la vie religieuse, comme si le Christ n’avait prononcé son « suis-moi » à l’intention des jeunes que dans ces cas. Le Concile a élargi cette perspective. La vocation sacerdotale et religieuse gardé son caractère particulier et son importance pour la vie sacramentelle et les charismes dans la vie du Peuple de Dieu. En même temps, cependant, la conscience, renouvelée par Vatican II, de la participation universelle de tous les baptisés à la triple mission du Christ, prophétique, sacerdotale et royale, comme aussi la conscience de la vocation universelle à la sainteté, ont pour conséquence que toute vocation pour la vie de l’homme en tant que vocation chrétienne correspond à l’appel évangélique. Le « suis-moi » du Christ se fait entendre sur diverses routes, au long desquelles cheminent les disciples et ceux qui confessent le divin rédempteur. C’est de diverses manières que l’on peut devenir imitateur du Christ, c’est-à-dire non seulement en donnant un témoignage du Règne eschatologique de vérité et d’amour, mais aussi en s’employant à réaliser la transformation de toute la réalité temporelle selon l’esprit de l’Évangile. Et c’est là que l’apostolat des laïcs trouve aussi son point de départ, lui qui est inséparable de l’essence même de la vocation chrétienne.
« Ce sont là des prémisses extrêmement importantes pour le projet de vie qui correspond au dynamisme essentiel de votre jeunesse. Il faut que vous examiniez ce projet — indépendamment du contenu concret « pour la vie » qu’il aura — à la lumière des paroles adressées par le christ au jeune homme de l’Évangile.
« Il faut aussi que vous repensiez, en l’approfondissant réellement, le sens du baptême et de la confirmation. Il y a dans ces deux sacrements, en effet, le fondement de la vie et de la vocation chrétiennes. C’est à partir d’eux qu’on est amené à l’Eucharistie, elle qui contient la surabondance des dons sacramentels accordés au chrétien : toute la richesse de l’Église se concentre dans ce sacrement de l’amour. Il faut aussi — toujours en rapport avec l’Eucharistie — réfléchir à la question du sacrement de pénitence, lequel présente une importance irremplaçable pour la formation de la personnalité chrétienne, c’est-à-dire qu’il est, surtout si on y joint la direction spirituelle, une école méthodique de vie intérieure » (n° 9). -
Le monde a besoin de saints
Le monde a besoin de saints
Voici un texte de Charles Péguy, qui pourrait bien s’appliquer à notre époque, en remplaçant « quatorze siècles » par « vingt siècles ». Tiré du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, il est mis par l’auteur dans la bouche de Jeannette. Ses propos peuvent paraître pessimistes. Nous pouvons les tempérer avec ce que le pape Jean-Paul II disait : « Dieu est en train de préparer pour le christianisme un grand printemps, que l’on voit déjà poindre », parce que « les peuples ont tendance à se rapprocher progressivement des idéaux et des valeurs évangéliques » (exhortation apostolique Redemptoris missio).
« Ô mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne. Si on voyait seulement se lever le soleil de votre règne. Mais rien, jamais rien. Vous nous avez envoyé votre Fils, que vous aimiez tant, votre Fils est venu,qui a tant souffert, et il est mort, et rien, jamais rien. Si on voyait poindre seulement le jour de votre règne. Et vous avez envoyé vos saints, vous avez appelé chacun par leur nom, vos autres fils les saints, et vos filles les saintes, et vos saints sont venus, et vos saintes sont venues, et rien, jamais rien. Des années ont passé, tant d’années que je n’en sais pas le nombre ; des siècles d’années ont passé ; quatorze siècles de chrétienté, hélas, depuis la naissance, et la mort, et la prédication. Et rien, rien, jamais rien. Et ce qui règne sur la face de la terre, rien, rien, ce n’est rien que la perdition. Quatorze siècles (furent-ils de chrétienté), quatorze siècles depuis le rachat de nos âmes. Et rien, jamais rien, le règne de la terre n’est rien que le règne de la perdition, le royaume de la terre n’est rien que le royaume de la perdition. Vous nous avez envoyé votre fils et les autres saints. Et rien ne coule sur la face de la terre,qu’un flot d’ingratitude et de perdition. Mon Dieu, mon Dieu, faudra-t-il que votre fils soit mort en vain. Il serait venu ; et cela ne servirait de rien. C’est pire que jamais. Seulement si on voyait seulement se lever le soleil de votre justice. mais on dirait, mon Dieu, mon Dieu, pardonnez-moi,on dirait que votre règne s’en va. Jamais on n’a tant blasphémé votre nom. Jamais on n’a tant méprisé votre volonté. Jamais on n’a tant désobéi. Jamais notre pain ne nous a tant manqué ; et s’il ne manquait qu’à nous, mon Dieu, s’il ne manquait qu’à nous ; et s’il n’y avait que le pain du corps qui nous manquait, le pain de maïs, le pain de sigle et de blé ; mais un autre pain nous manque ; le pain de la nourriture de nos âmes ; et nous sommes affamés d’une autre faim ; de la seule faim qui laisse dans le ventre un creux impérissable. Un autre pain nous manque. Et au lieu que ce soit le règne de votre charité, le seul règne qui règne sur la face de la terre, de votre terre, de la terre de votre création, au lieu que ce soit le règne du royaume de votre charité, le seul règne qui règne, c’est le règne du royaume impérissable du péché. Encore si l’on voyait le commencement de vos saints, si l’on voyait poindre le commencement du règne de vos saints. Mais qu’est-ce qu’on a fait, mon Dieu, qu’est-ce qu’on a fait de votre créature, qu’est-ce qu’on a fait de votre création ? Jamais il n’a été fait tant d’offenses ; et jamais tant d’offenses de sont mortes impardonnées. Jamais le chrétien ‘a fait tant d’offense au chrétien, et jamais à vous, mon Dieu, jamais l’homme ne vous a fait tant d’offense. Et jamais tant d’offense n’est morte impardonnée. Sera-t-il dit que vous nous avez envoyé en vain votre fils, et que votre fils aura souffert en vain, et qu’il sera mort. et faudra-t-il que ce soit en vain qu’il se sacrifie et que nous le sacrifions tous les jours. Qu’est-ce qu’on a fait du peuple chrétien, mon Dieu, de votre peuple. Et ce ne sont plus seulement les tentations qui nous assiègent, mais ce sont les tentations qui triomphent ; et ce sont les tentations qui règnent ; et c’est le règne de la tentation ; et les règne des royaumes de la terre est tombé tout entier au règne du royaume de la tentation ; et les mauvais succombent à la tentation du mal, de faire du mal ; de faire du mal aux autres ; et pardonnez-moi, mon Dieu, de faire du mal à vous ; mais les bons, ceux qui étaient bons, succombent à une tentation infiniment pire : à la tentation de croire qu’ils sont abandonnés de vous. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, mon Dieu délivrez-nous du mal, délivrez-nous du mal. S’il n’y a pas eu encore assez de saintes et assez de saints, envoyez-nous en d’autres, envoyez-nous en autant qu’il en faudra ; envoyez-nus en tant que l’ennemi se lasse. Nous les suivrons, mon Dieu. Nous ferons tout ce que vous voudrez. Nous ferons tout ce qu’ils voudront. Nous ferons tout ce qu’ils nous diront de votre part. nous sommes vos fidèles ; envoyez-nous vos saints ;nous sommes vos brebis, envoyez-nous vos bergers ; nous sommes le troupeau, envoyez-nous les pasteurs. Nous sommes des bons chrétiens, vous savez que nous sommes des bons chrétiens. Alors comment ça se fait que tant de bons chrétiens ne fassent pas une bonne chrétienté. Il faut qu’il y ait quelque chose qui ne marche pas. Si vous nous envoyiez, si seulement vous vouliez nous envoyer l’une de vos saintes. Il y en a bien encore. On dit qu’il yen a. On en voit. On en sait. On en connaît. Mais on ne sait pas comment ça se fait. Il a des saintes, il y a de la sainteté, et ça ne marche pas tout de même. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Il y a des saints, il y a de la sainteté, et jamais le royaume de la perdition n’avait autant dominé sur la face de la terre. Il faudrait peut-être autre chose, mon Dieu, vous savez tout. Vous savez ce qui nous manque. Il nous faudrait peut-être quelque chosée nouveau,quelque chose qu’on n’aurait encore jamais vu. Quelque chose qu’on n’aurait encore jamais fait. Mais qui oserait dire, mon Dieu, qu’il puisse encore y avoir du nouveau après quatorze siècles de chrétienté, après tant de saintement saints, après tous vos martyrs, après la passion et la mort de votre fils. » -
L'Eucharistie
L’Eucharistie
C’est aujourd’hui le Jeudi saint, jour où Jésus prend son dernier repas – la dernière Cène – avec ses apôtres, au cours duquel il institue les sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre, ce que rappelle la Missa in Cœna Domini, « messe de la Cène du Seigneur ». C’est le moment que Judas, un des douze disciples, choisit pour aller livrer son Maître aux autorités juives, qui attendaient une occasion favorable pour l’arrêter, avec l’intention de le faire mourir (voir Jean 11, 53)
À l’issue de ce repas, Jésus se rend au jardin des Oliviers, où il entre en agonie et où les envoyés des princes des Juifs et des pharisiens, conduits par l’apôtre Judas, procèdent à son arrestation. Les fidèles ont pour coutume d’accompagner spirituellement le Seigneur, en se recueillant devant les « reposoirs » dans la nuit du Jeudi saint au Vendredi saint.
« L’Eucharistie est le sacrifice même du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, qu’il a institué pour perpétuer au long des siècles jusqu’à son retour le sacrifice de la Croix, confiant ainsi à son Église le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 271). Autrement dit, la foi enseigne que Jésus a institué le sacrement pour rendre présent au long des siècles le Sacrifice de sa vie auquel il a librement consenti sur la Croix, le Vendredi saint, afin de donner aux hommes la possibilité d’être rachetés de leurs péchés et, s’ils le désirent, de le suivre vers son Père et la vie éternelle du ciel.
Le sacrement de l’Eucharistie est célébré par le prêtre qui agit « en la personne et à la place » du Christ. Il prononce les mêmes paroles que Jésus le Jeudi saint, paroles qui sont efficaces, c’est-à-dire qui transforment réellement le pain et le vin offerts dans le vrai Corps et le vrai Sang du Christ, auxquels sont unies son Âme et sa Divinité.
Le Jeudi saint, Jésus, prenant du pain dans ses mains, a dit : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » Puis, prenant la coupe pleine de vin, il a dit : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi » (1 Corinthiens 11, 23-25).
C’est le sacrement de la présence réelle du Christ. C’est la nourriture spirituelle de l’âme, pour être en mesure de parcourir le chemin de la vie dans la justice et la sainteté. C’est la force spirituelle pour être témoin, apôtre du Seigneur dans notre vie de tous les jours, pour être fier de notre foi et la faire partager par d’autres.
« C’est pour nous que Jésus est resté dans la Sainte Hostie ! Pour demeurer à notre côté, pour nous soutenir, pour nous guider. L’amour ne se paye que par l’amour. — Alors, comment ne pas nous rendre auprès du tabernacle, chaque jour, ne serait-ce que pour quelques minutes, pour Le saluer et Lui témoigner notre amour d’enfants et de frères ? » (saint Josémaria, Sillon, n° 686). Et ce soir, après les Offices liturgiques, en allant tenir compagnie à Jésus dans les « reposoirs », les autels où Jésus dans le saint-sacrement a été déposé précisément pour que nous l’adorions et lui tenions compagnie, lui évitant ainsi la solitude dans laquelle il s’est trouvé à Gethsémani le Jeudi saint quand ses apôtres n’ont même pas « eu la force de veiller une heure » avec lui (Matthieu 26, 40). -
Notre Dame de Fatima
C’est aujourd’hui la fête de Notre-Dame de Fatima, en souvenir des apparitions de la Sainte Vierge, le 13 mai 1917 à trois enfants qui faisaient paître leur troupeau de moutons à la Cova da Iria, sur la paroisse de Fatima. Ces enfants étaient Lucie, âgée de 10 ans, et ses cousins François et Jacinthe Marto, âgés respectivement de 9 et 7 ans.
Ce 13 mai 1917, vers midi, après avoir récité le chapelet, une pratique de dévotion envers la Sainte Vierge, comme ils avaient l’habitude de le faire, ils s’amusaient à construire de petites maisons en pierre à la Cova da Iria, à l’emplacement de l’actuelle basilique du sanctuaire de Fatima. Brusquement, ils virent une lumière brillante qui ressemblait à un éclair, suivie bientôt d’un second éclair. Alors ils virent au sommet d’un petit chêne vert, que l’on peut voir encore sur l’esplanade, une « Dame plus brillante que le soleil ». De ses mains pendait un chapelet blanc. La Dame invita les trois bergers à prier beaucoup et leur demanda de revenir à la Cova da Iria le 13 de chaque mois, à la même heure et ce, pendant cinq mois de suite. Les enfants revinrent donc le 13 des mois de juin, juillet, septembre et octobre, la Dame leur réapparaissant et leur parlant. L’apparition du mois d’août ne put avoir lieu le 13, car l’administrateur de la commune les avait emmenés ce jour-là. Elle se produisit le 19, au lieu dit Valinhos, sur le chemin d’Aljustrel, le village où les voyants vivaient.
Lors de la dernière apparition, le 13 octobre 1907, en présence d’environ 70 000 personnes, la Dame déclara être la « Dame du rosaire » et demanda aux enfants que l’on construise une chapelle en son honneur. Après cette apparition, toutes les personnes présentes purent observer un miracle promis par la Dame en juin et en septembre : le soleil ressemblait à un disque d’argent que l’on pouvait fixer sans difficulté ; il tournait sur lui-même comme une roue en feu qui paraissait se précipiter sur la terre. Une chapelle, située sur le côté gauche de l’esplanade, a été construite sur le lieu même des apparitions.
Devenue religieuse de sainte Dorothée, Lucie a reçu trois nouvelles apparitions de la Sainte Vierge, au couvent de Pontevedra, en Espagne, où elle retrouvait, les 10 décembre 1925 et 15 février 1926, puis au couvent de Tuy, dans la nuit du 13 au 14 juin 1929. Notre Dame lui demanda deux choses :
a) la dévotion des cinq premiers samedis du mois, consistant à réciter le chapelet, méditer les mystères du rosaire, confesser et recevoir la communion en réparation des péchés commis contre le Cœur immaculé de Marie ;
b) la consécration de la Russie au même Cœur immaculé de Marie, demande formulée déjà le 13 mai 1917 dans le « secret de Fatima ». Le 13 mai 1982, le pape Jean-Paul II est venu à Fatima remercier la Sainte Vierge de lui avoir sauvé la vie un an plus tôt, lors de l’attentat de la place saint-Pierre. À genoux, il a consacré l’Église, les hommes et les peuples au Cœur immaculé de Marie, faisant une allusion voilée à la Russie. Revenu le 25 mars 1984, Jean-Paul II a consacré le monde au Cœur immaculé de Marie en union avec les évêques du monde entier. Le 26 juin 2000, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié le texte complet de la troisième partie du « secret de Fatima », en l’accompagnant d’un commentaire.
Sœur Lucie a raconté qu’entre avril et octobre 1916, un ange leur était apparu par trois fois, les invitant à prier et à faire pénitence.
Sœur Lucie est décédée en 2005. Son corps a été transporté dans la basilique de Fatima le 19 février 2006. Elle repose maintenant à côté de Jacinthe, dans le bras droit du transept, tandis que François est dans le bras gauche. -
L'Opus Dei et le travail
L’Église fête aujourd’hui saint Joseph en tant que patron des travailleurs en tout genre, lui qui était connu comme charpentier (voir Marc 6, 3). « La Sainte Écriture nous dit que Joseph était artisan ; plusieurs Pères de l'Église ajoutent qu’il était charpentier, et saint Justin, en parlant de la vie de travail de Jésus, affirme qu’il faisait des charrues et des jougs (Dialogue avec Tryphon 88, 2, 8). C’est peut-être en se fondant sur ces dires que saint Isidore de Séville en conclut qu’il était forgeron. De toute façon, c’était un artisan qui travaillait au service de ses concitoyens et dont l’habileté était le fruit d’années de durs efforts » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 40).
Le fondateur de l’Opus Dei a toujours compris que Dieu a créé l’homme ut operaretur, « pour qu’il travaille » (Genèse 2, 15). « Le travail est l’inévitable compagnon de la vie de l’homme sur terre. Il s’accompagne d’effort, de lassitude, de fatigue, manifestations de la douleur et de la lutte, qui font partie de notre vie présente et qui sont les signes de la réalité du péché et de la nécessité de la Rédemption. Mais le travail en soi n’est ni peine, ni malédiction, ni châtiment » (ibid., n° 47). Ce qui est la conséquence du péché originel d’Adam et Ève, c’est le côté pénible, laborieux à proprement parler, du travail.
Le travail est donc un véritable don de Dieu, qui nous fait ressembler celui qui est Acte pur : « Mon Père travaille toujours, et moi aussi je travaille » (Jean 5, 17). « Il n’est pas sensé de diviser les hommes en diverses catégories selon le travail qu’ils réalisent, en considérant certaines tâches plus nobles que d’autres. Le travail — tout travail — est témoignage de la dignité de l’homme et de son emprise sur la création. C’est une occasion de perfectionner sa personnalité. C’est un lien qui nous unit aux autres êtres, une source de revenus pour assurer la subsistance de sa famille, un moyen de contribuer à l’amélioration de la société et au progrès de l’humanité tout entière.
Pour un chrétien, ces perspectives s’élargissent et s’amplifient, car le travail lui apparaît comme une participation à l’œuvre créatrice de Dieu, qui, en créant l’homme, le bénit en lui disant : Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et tous les animaux qui rampent sur la terre (Genèse 1, 28). Car, pour avoir été assumé par le Christ, le travail nous apparaît comme une réalité qui a été rachetée à son tour. Ce n’est pas seulement le cadre de la vie de l’homme, mais un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l’on peut sanctifier » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 47).
Ainsi compris, « le travail naît de l’amour, manifeste l’amour et s’ordonne à l’amour » (Ibid., n° 48). Et nous comprenons qu’il soit source de sainteté dans toutes les directions. D’où l’invitation de saint Josémaria à « sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail, sanctifier par le travail ». -
31 mai : la Visitation
C’est le nom donné à la visite que Marie, la Mère de Jésus, rend à sa cousine Élisabeth dès que l’archange Gabriel lui a révélé qu’elle « a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et elle, qu’on appelait stérile, en est à son sixième mois » (Luc 1, 36). Marie se rend « en hâte au pays des montagnes, dans une ville de Juda » (Luc 1, 39), probablement Aïn Karim. « En hâte » ne veut pas dire précipitamment ni à la légère. Marie s’est jointe sans doute à la première caravane qui allait de Nazareth vers Jérusalem. Il est possible que Joseph, son époux, l’ait accompagnée. L’on comprendrait difficilement qu’il ait laissé sa si jeune femme entreprendre toute seule un déplacement qui, à l’époque, durait plusieurs jours.
Arrivée chez Zacharie et Élisabeth, Marie est saluée par sa cousine qui, parlant sous l’inspiration du Saint-Esprit, lui dit : « Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » (Luc 1, 42), phrase qui est répétée dans le « Je vous salue Marie ». Elle ajoute : « Et d’où me vient qu’il m’est donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Luc 1, 43).
Marie, qui est « la pleine de grâces » (Luc 1, 28), comme Gabriel l’avait saluée, Marie que l’Esprit Saint à fécondée, qui porte en elle le Fils de Dieu, est toute pénétrée de ces grandes réalités surnaturelles. Reprenant des textes de la Sainte Écriture qu’elle ne cesse de méditer, elle entonne en réponse un chant d’action de grâces, le Magnificat : « Mon âme glorifie le seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Voici, en effet, que désormais toutes les nations m’appelleront bienheureuse » (Luc 1, 47-48).
Commentant le Magnificat, saint Bède dit, entre autres, « car le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom (Luc 1, 49). Pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans toute sa puissance et sa grandeur, ne manque pas de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu’ils soient eux-mêmes. Et c’est à propos qu’elle ajoute : Saint est son nom (Luc 1, 49), pour exhorter ses auditeurs et tous ceux à qui parviendraient ses paroles, pour les presser de recourir à l’invocation confiante de son nom. Car c’est de cette manière qu’ils peuvent avoir part à l’éternelle sainteté et au salut véritable, selon le texte prophétique : Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (Joël 2, 32). C’est le nom dont elle vient de dire : Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » (saint Bède, Homélies 1, 4).