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La Passion et saint Marc (1)

Réfléchissant à la Passion de Jésus-Christ, j’ai imaginé de l’envisager du point de vue de l’évangéliste Marc, qui se trouve présent au Jardin des Oliviers, au moment de l’arrestation de Jésus. Voici le produit de cette méditation, qui imagine le récit que Marc peut nous donner des événements, et fait partie d’un ouvrage inédit de ma composition :


Marc est un homme discret et efficace. Il habite Jérusalem. Il appartient à une famille de condition aisée. Sa mère est veuve. Tous deux se lient très tôt d’amitié avec Jésus et avec le groupe de ses disciples. Cette amitié est providentielle, car elle va servir les desseins de Dieu. Marc est devenu, lui aussi, disciple du Nazaréen.
Les spécialistes s’accordent pour dire que le Cénacle appartenait à la mère de Marc, et probablement aussi le Jardin des Oliviers. Ceci explique que le Seigneur s’y rend souvent avec ses apôtres, à la tombée de la nuit, à un moment où il n’y a plus personne sur place et où ils peuvent donc être tranquilles pour prier et pour parler entre eux. Il n’est pas rare que Marc aille les rejoindre. Il est chez lui… C’est ce qu’il fait le Jeudi Saint.
Ce soir-là, Marc respecte l’intimité du Maître et de ses apôtres. Il a donné toutes sortes de facilités pour les préparatifs de la Pâque. Il s’est montré aussi coopératif que possible.
Quand il accompagnera Paul et son cousin Barnabé, puis Barnabé tout seul, et enfin Pierre, à Rome, il pourra confier tout ce qu’il a vécu aux premières communautés chrétiennes.
— « Que la grâce et la paix vous soient données en abondance par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur (2 P 1, 2). J’ai le projet de rédiger un récit de la Bonne Nouvelle, comme Lévi, fils d’Alphée (Mc 2, 14) l’a déjà fait à l’intention des saints issus du judaïsme. Cela vous servira d’aide-mémoire.
« Pour l’heure, plaçons-nous au jour où notre Seigneur a pris son dernier repas avec les douze, avant d’être arrêté et mis en Croix. J’étais là. Ça se passait chez moi, au Cénacle, à Jérusalem. Vous ne pouvez pas imaginer ma joie d’accueillir Jésus sous mon toit. C’est un honneur que je ne méritais pas. J’étais transporté d’allégresse. Mais si j’avais su que le Maître allait instituer les sacrements de l’ordre et de l’Eucharistie au cours de cette soirée, j’en aurais été encore plus émerveillé et fier.
« Je n’étais pas dans la salle du repas, bien entendu. Ce n’était pas ma place. Mais je les ai vus arriver. Le Maître m’a donné le baiser de paix avec beaucoup d’affection, et je le lui ai bien rendu ! Enfin, comme j’ai pu. Parce qu’il est impossible de rivaliser avec l’amour du Christ. C’était un baiser authentique. Comme un baiser à l’âme ! On sentait tout de suite le cœur brûler. On éprouvait très fortement l’envie de répondre de son mieux, d’être un digne fils de Dieu.



« Donc Jésus m’a salué. J’ai versé de l’eau bien fraîche sur ses pieds et les ai essuyés et embrassés avec affection, me souvenant de ce que dit le prophète : Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds du messager qui publie la paix ; du messager de la bonne nouvelle, qui publie le salut ! (Is 52, 7).
« Puis j’ai versé de l’huile parfumée sur sa tête. Jésus a salué maman, qui avait veillé à ce que rien ne manque, d’après les instructions de Pierre et de Jean, venus dans la matinée pour préparer la Pâque (Lc 22, 8). Une fois qu’ils ont été installés, et après nous être assurés qu’ils n’avaient besoin de rien, maman et moi nous sommes allés manger aussi la Pâque chez des voisins, comme chaque année. En effet, dans l’Ancienne Alliance, le Seigneur Dieu a disposé au temps de Moïse que, si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra en commun avec le voisin le plus proche, selon le nombre de personnes (Ex 12, 4). »
Marc doit reprendre sa respiration. Chaque fois qu’il pense à ces événements, il ne peut s’empêcher d’être ému.
— « Excusez-moi, dit-il, en renouant le fil de son récit, mais je ne peux pas évoquer ces moments sans émoi. Vous rendez-vous compte ? Jésus est chez moi ! Le Fils du Très-Haut, qu’il soit béni ! le Messie fait homme dans le sein très pur de la bienheureuse Vierge Marie ! Chez moi ! Il n’y a pas grand monde qui peut en dire autant. La belle-mère de Pierre, au bord du lac, à Capharnaüm. Marthe, Marie et Lazare, à Béthanie. Mais, je n’en connais pas beaucoup d’autres. J’y vois une grande grâce. Et puis, comme vous le savez, c’est au cours de ce repas que le Christ prit du pain, et après avoir prononcé la kidoush, une bénédiction, il le rompit, et le leur donna [à ses apôtres], en disant :
— « Prenez, ceci est mon corps. »
Il prit ensuite la coupe, et, ayant rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit :
— « Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour la multitude » (Mc 14, 22-24). »
Ce que Marc ne peut pas relater, c’est qu’à ce moment-là, tous les anges du paradis ont embouché leur trompette argentine pour proclamer à la face de l’univers la grande nouvelle, l’invention divine de Dieu désormais présent, réellement présent, dans le très saint-sacrement !
— « Puis Jésus a commencé son action de grâces à voix haute pour cette première messe et cette première communion à son Corps. C’est moi qui suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron […]. Demeurez en moi, et moi [je demeurerai] en vous (Jn 15, 1.4). Puis il s’est mis à vanter les mérites de la charité sincère, authentique : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez dans cet amour que j’ai pour vous. Si vous mettez mes commandements en pratique, vous demeurerez dans mon amour, tout comme moi j’ai mis en pratique les commandements de mon Père et que je demeure en son amour (Jn 15, 9-10). Et il est revenu sur ce que nous pourrions appeler son « testament spirituel » : Voici quel est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15, 12). »
« Il a poursuivi longuement. Si bien que nous étant dépêchés de rentrer, maman et moi, pour être sur place avant le départ de Jésus et des siens, de fait ils étaient encore là, fort heureusement. Comme je l’ai dit, Jésus était en train de parler. Nous entendions le bruit de sa voix, si familière, sans comprendre les paroles. Bien sûr, je ne l’ai pas dérangé. J’ai su plus tard qu’il faisait la prière que je viens de rappeler, en s’adressant à son Père. C’est ce que nous connaissons sous le nom de « prière sacerdotale » de Jésus. »

(à suivre…)

Commentaires

  • Merci pour ce beau récit!

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