15. L'Église slovaque catholique. L'histoire de la Slovaquie s'est longtemps confondue avec celle des Ruthènes. Avec la création de l'État tchèque après la Première Guerre mondiale, les Slovaques catholiques furent traités comme un groupe distinct. En 1950, un synode présidé par cinq prêtres rompt l'union à Rome et intègre les Slovaques catholiques à l'Église orthodoxe de Tchécoslovaquie. Los du « printemps de Prague », en 1968, les paroisses orthodoxes qui le désiraient purent revenir au catholicisme : 205 d'entre elles, sur 292, choisirent la communion avec Rome. L'Église slovaque catholique comprend une éparchie, à Presow. Une éparchie se trouve au Canada (Toronto).
16. L'Église biélorusse catholique a connu une histoire parallèle à celle des Ukrainiens catholiques. Quand la Biélorussie appartint à la Pologne, après la Première Guerre mondiale, l'on vit réapparaître 30 000 Biélorusses (Russes blancs) catholiques. Mais l'Église biélorusse a été intégrée à l'Église orthodoxe de Russie après l'annexion de la Biélorussie à l'URSS.
17. L'Église hongroise catholique regroupe les catholiques ukrainiens, ruthènes et roumains qui sont complètement intégrés à la Hongrie. Jusqu'en 1912 ils relevaient de la juridiction d'évêques de régions voisines. Pie X les érige à cette date en éparchie (Hajdudorog). Un exarchat apostolique existe à Miskolc.
18. L'Église grecque catholique voit le jour avec l'activité missionnaire qui travaille en 1856 au retour des dissidents de Constantinople. Deux paroisses catholiques sont créées en 1895. Rome leur donne un évêque en 1911. Les hostilités entre la Grèce et la Turquie, qui suivirent la Première Guerre mondiale, forcèrent une bonne partie de la communauté à émigrer en pays hellène en 1922, d'où la création d'un exarchat apostolique à Athènes (1932), en plus de celui d'Istanbul (1911).
19. L'Église ex-yougoslave catholique, doit son existence à l'occupation autrichienne, qui favorisa la conversion des orthodoxes au catholicisme. L'éparchie de Krizevci fut érigée le 17 juin 1777.
20. L'Église albanaise catholique provient d'un petit groupe de catholiques byzantins qui vivaient le long de la côte en 1628. Mais il disparut en 1765. Ce n'est qu'en 1920 que quelques fidèles d'un prêtre orthodoxe albanais sont reçus dans la communion avec Rome, tout en conservant leur rite byzantin. La suppression de toute religion en Albanie porta un coup sévère à cette communauté. Elle a un administrateur apostolique.
21. L'Église italo-albanaise existe dans l'Italie du Sud qui, avec la Sicile, a été longtemps de rite byzantin, mais sous la juridiction de l'évêque de Rome. Au VIIIe siècle, l'Empereur Léon III plaça cette région sous la juridiction de Constantinople. Elle revient à Rome grâce à la conquête Normande du XIe siècle. Une importante immigration albanaise est venue grossir les rangs de cette communauté au XVe siècle. Elle compte deux diocèses, en Sicile et en Calabre. L'abbaye territoriale de Grottaferrata, près de Rome, témoigne de la vie monastique qui fleurissait jadis sur les côtes de l'Italie du Sud.
(fin)
Religion - Page 68
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Les 21 Églises catholiques d'Orient (6)
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Jésus-Christ, cause de scandale
« On lit dans l’Écriture : Voici que je place dans Sion une pierre d’angle, pierre de choix et de grand prix : qui met confiance en elle ne sera pas déçu. Pour vous donc l’honneur, pour vous qui croyez ; mais pour ceux qui ne croient pas, cette pierre que les constructeurs ont rejetée est devenue la pierre d’angle, et la pierre d’achoppement et le roc de scandale : ils achoppent contre en refusant d’obéir à la Parole » (1 Pierre 2, 6-8).
Lorsque l’Enfant Jésus avait été présenté au Temple par ses parents, le vieillard Siméon qui les avait accueillis avait prédit : « Cet enfant en amènera beaucoup en Israël à tomber ou à redresser, et il sera un signe sur qui on discutera » (Luc 2, 34), un signalement à la contradiction. Jésus est un signe de contradiction pour ceux qui s’obstinent à le rejeter et qui, par là, se ferment librement la voie d’accès au ciel et au salut.
Pourtant, souligne saint Pierre, les hommes « ont été destinés » (1 Pierre 2, 8) à obéir à la parole qui, pour le chrétien, est Jésus incarné, c’est-à-dire le Fils de Dieu devenu homme. Personne n’est destiné par avance à se condamner, car Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). C’est d’ailleurs le motif premier de l’Incarnation de Jésus. Mais Dieu compte sur la libre réponse de l’homme au dessein de salut. Jusqu’au dernier instant de sa vie, c’est-à-dire jusqu’au moment de sa mort, l’homme peut accepter Dieu et se laisser toucher par sa grâce, ou le refuser et se détourner de lui. « La coupe du salut de l’humanité, faite de notre faiblesse et de la puissance divine, contient bien ce qui est utile à tous ; mais si l’on n’y boit pas, on n’est pas guéri » (concile de Quierzy, mai 853).
L’Église catholique dit encore : « Nous affirmons avec confiance la prédestination des élus à la vie, et la prédestination des impies à la mort ; dans l’élection cependant de ceux qui doivent être sauvés la miséricorde de Dieu précède le mérite, tandis que dans la damnation de ceux qui doivent périr le démérite précède le juste jugement de Dieu. […] « Mais qu’il y ait des hommes prédestinés au mal par la puissance divine », de telle sorte que pour ainsi dire ils ne puissent pas être autre chose, « non seulement nous le croyons pas, mais s’il en est qui voulaient croire une chose aussi mauvaise, avec toute notre détestation », comme aussi le concile d’Orange, « nous leur disons : anathème » (concile de Valence, 8 janvier 855), c’est-à-dire qu’ils sont retranchés de la communion des croyants.
Le mystère de la prédestination met en valeur trois vérités d’une grande importance et qui sont autant d’encouragements dans la vie quotidienne. Tout d’abord, la liberté absolue et la générosité de Dieu au moment d’accorder sa grâce à qui il le veut sans mérite de la part de l’homme, et qui fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde (voir Romains 9, 15-16). En second lieu, la volonté salvifique de Dieu est universelle : elle s’adresse à tous les hommes de toutes les époques. Le Christ a été envoyé par le père pour mourir sur la Croix pour tous. Enfin dans l’œuvre de notre salut, Dieu compte sur notre libre coopération, qu’il aide par sa grâce. L’homme peut toujours refermer à la grâce et tourner le dos à Dieu qui ne s’impose jamais. -
Regard de Jésus sur la Croix
En toi je ne découvre ni grâce ni beauté
Vers lesquelles mon âme se retrouve attirée.
C’est tout le poids de ta très Sainte Humanité,
Autre qu’au Thabor où tu t’es transfiguré.
Il peut paraître hagard, mais c’est bien le regard
Du Fils de l’Homme et un regard d’éternité,
Mêlé d’humaine entente en confraternité,
Cherchant à attirer les hommes qui s’égarent.
Offusqué de filets de sang coagulé,
Il voit le nombre sans fin des générations
Au long des siècles en train de s’accumuler
Qui toutes ont besoin d’une réparation.
Depuis Adam et Ève jusqu’au jour du retour
En gloire pour juger les vivants et les morts
Tous, dans son Acte Pur, il se les remémore,
Il pousse pour chacun au point de non-retour.
Tous sont présents : cupides, rapaces et voleurs,
Semeurs d’injustices et fort beaux parleurs,
Idolâtres, cupides et pécheurs solitaires,
Ivrognes, impudiques, tenants de l’adultère,
Calomniateurs, perfides et magistrats iniques,
Exploiteurs du faible et du pauvre, usuriers,
Dirigeants despotiques et meneurs tyranniques,
Efféminés, rebelles, fourbes et meurtriers,
Athées, présomptueux, semeurs de zizanie,
Les trafiquants du Temple et de la simonie,
Et l’armée de ceux par qui le scandale arrive,
Les oisifs, et tous ceux à la vie conflictive…
Nos pensées, nos paroles, actions et omissions
Se dressent devant nous et prennent tout leur sens
Face à Celui que blesse un adroit coup de lance
Qui est le résultat de leur longue addition.
« Ils dévisageront Celui qu’ils ont percé. »
Ma place est au Calvaire : si jamais je l’oublie,
Il suffit de peu pour que je sois renversé
Que mes défenses soient plus encore affaiblies.
Où que j’agisse, dans le monde qui m’entoure,
Mon refuge est dans ta Croix comme en une tour.
C’est là, seulement là, que des mauvais désirs
Et mauvaises pensées je peux me dessaisir.
Sois sous mes yeux comme un reproche permanent
Pour que je mène ma bataille maintenant.
Que ta sainte Croix soit un rappel affectueux
Pour abandonner toute vie de voluptueux.
Ne permets pas que je m’écarte d’un iota
Du bois sacré planté sur le mont Golgotha
Et que mes yeux se tournent continuellement
D’une Plaie à une autre, pour t’aimer follement.
Mais les regards me semblent peu, car ce que je dois
C’est y pénétrer en esprit et te trouver
Dans les tiens sentiments qu’il me faut éprouver
Pour les faire miens et pour grandir dans la foi.
Et quand je parviens à joindre ton Cœur blessé
Je souffre, mais d’amour, de t’avoir délaissé.
Nous nous disons des choses exquises et ardentes
Mon âme devient — je rêve ! — une confidente.
C’est au monde que tu m’appelles à vivre ainsi
— J’y insiste — au sein des tâches quotidiennes ;
Qui constituent l’autel sur lequel j’officie,
Joint à ton oblation qui est contemporaine.
Ainsi uni à toi, partout et en tous lieux,
Je vois ce que tu vois, tous les hommes, mes frères.
Te ressemblant, je ne serai pas oublieux
De donner, moi aussi, ma vie pour leurs misères.
Ils seront ceux que tu as appelés « amis »,
Non, comme cela est fréquent, des ennemis.
Ensemble nous ferons régner la charité
Et nous produirons une aimable hilarité. -
Liberté, liberté chérie… (1)
« LIBERTÉ, LIBERTÉ CHÉRIE... » MAIS QUELLE LIBERTÉ ?
La liberté n'est pas un droit, mais un devoir (Dostoïevski)
Propos liminaire
Alors qu'il est plus que jamais question de liberté — de liberté, d'égalité et de fraternité —, il n'est pas inopportun de faire remarquer que, pas plus que les autres, la Révolution française n'a le monopole de la liberté, mieux encore qu'elle ne l'a pas inventée.
L'on pourrait même affirmer que la liberté exaltée par les apôtres des années 1789 et suivantes et exportée en Europe et dans le monde, n'a été gagnée qu'à coup de guillotine et à la force des baïonnettes. Elle a donc été chèrement acquise. Et le prix payé permet de s'interroger sur son authenticité. Qu'est-ce qu'une révolution qui dévore ses propres enfants, qui les amène à s'entre-tuer ? N'y aurait-il pas une liberté qui pourrait être vécue pacifiquement par tous et assurer tout uniment le progrès du bien des individus et de celui de la société, sans antagonismes, dans un concert désirable?
N'y aurait-il pas une autre révolution ? Une autre forme de révolution ne serait-elle pas pensable ?
« Les sectaires vocifèrent contre ce qu'ils appellent « notre fanatisme », parce que les siècles passent et la Foi catholique demeure immuable. En revanche, parce qu'il n'a aucun rapport avec la vérité, le fanatisme des sectaires change à chaque époque de costume ; il dresse contre la Sainte Église l'épouvantail de simples mots, que leurs actes ont vidé de leur sens : la « liberté », qu'ils enchaînent ; le « progrès », qui ramène à la forêt vierge ; la « science », qui dissimule l'ignorance... Toujours un pavillon qui cache une vieille marchandise avariée » (saint Josémaria, (Sillon, n° 933).
Puisque « la véritable liberté est dans le ciel où personne n'est lié par les chaînes du péché, chaînes qui sont les seules véritables » (st Thomas d’Aquin, De Beatitudine, c. 4, 3), c'est donc de Dieu qu'elle doit venir, c'est donc en concorde avec son auteur qu'elle est tenue d'agir. D'où la révolution chrétienne, qui rehausse la dignité de l'homme, en fait un fils de Dieu, définitivement.
Dans notre réflexion courante, la liberté se présente souvent comme la valeur qui assoit le critère de vérité, dont la réalisation pratique forme le sens de l'existence humaine. Or l'homme est dans l'erreur quand il se laisse accroire que la liberté est elle-même sa propre fin et qu'il est libre lorsqu'il s'en sert « comme ça lui chante ». « La liberté, au contraire, est un grand don seulement quand nous savons en user avec sagesse pour tout ce qui est vraiment bien. Le Christ nous enseigne que le meilleur usage de la liberté, qui se réalise dans le don, est le service. C'est par une telle « liberté que le Christ nous a rendus libres » (Galates 5, 1) et qu'il nous libère toujours » (Jean-Paul II, encyclique Redemptor hominis, n° 21). La liberté est une propriété de la volonté par laquelle l'homme s'autodétermine dans ses actes en vue de sa bonne fin (cf. st Thomas d’Aquin, Summa Theologiæ I-II, q. 89, a. 6).
(à suivre…) -
Liberté, liberté chérie… (3)
Liberté et union à Dieu
Pourquoi le fondateur de l'Opus Dei n'emboîte-t-il pas le pas aux champions de la philosophie réflexive évoquée plus haut ? Pour une raison bien simple : il n'éprouve jamais la solitude. Quand il se regarde, il se voit en Dieu et voit Dieu en lui, devenu le temple de l'inhabitation de la Très Sainte Trinité : « Seul ! - Tu n'es pas seul. De loin, nous t'accompagnons. - Et puis..., le Saint-Esprit qui habite dans ton âme en état de grâce - Dieu avec toi - donne un ton surnaturel à toutes tes pensées, à tous tes désirs et à toutes tes œuvres » (st Josémaria, Chemin, n° 82). Mais du fait qu'elle exige une adhésion sans complexe ni problématique au champ d'action propre à l'être rationnel; du fait qu'elle implique une liberté d'esprit et de mouvement que l'on chercherait en vain chez qui n'a pas l'évidence immédiate de la réalité du monde et se verrouille dans des questionnements qui regimbent à l'idée d'un ordre de l'univers à la fois objet de connaissance et norme morale d'action.
« S'il nous arrivait un jour de penser que le bien que nous faisons est notre œuvre, l'orgueil reviendrait en force, pire encore, le sel perdrait sa saveur, le levain pourrirait et la lumière deviendrait ténèbres » (saint Josémaria, -
Liberté,liberté chérie… (2)
[Je disais que la liberté est une propriété de la volonté]
Or la volonté peut avoir pour objet, d'une part la fin et, d'autre part, ce qui se rapporte à cette fin. Dans le premier cas, elle se porte vers la fin de façon absolue ; elle est qualifiée de voluntas ut nature, ou tendance naturelle vers le bien en général. Dans le second cas, elle se porte vers l'objet qui a rapport à sa fin parce qu'elle le compare à cette fin et qu'elle trouve en lui de la bonté ; c'est la voluntas ut ratio qui peut adhérer ou non au bien qui se présente ainsi à elle (cf. St Thomas d’Aquin, Ibid. III, q. 18, a. 3). Précisons, pour éviter toute ambiguïté, qu'il s'agit en tout état de cause de deux niveaux des actes de la même et unique faculté volitive qu'est la volonté.
Autrement dit, lorsque nous envisageons la liberté en tant que don, comme nous venons de le faire, nous nous référons à la liberté ontologique de l'homme, c'est-à-dire à celle qui correspond à la voluntas ut nature.
Que l'homme soit créé en lui-même et en tous ses instants, puisque la création enveloppe le temps avec tout ce qu'il renferme, voilà qui n'enlève rien à la liberté, ne l'amoindrit nullement. « Cela constitue, au contraire, la liberté, en leur fournissant, grâce au Dieu créateur, sa raison totale » (A.-D. Sertillanges, Dieu gouverne, Paris, 1942, p. 68).
Comme Bergson l'avait bien compris, après avoir essayé de soustraire quelque chose à la causalité et à la connaissance de Dieu, afin de « prendre la liberté au sérieux », si notre libre-arbitre détenait en soi le pouvoir de constituer un monde de relations, l'ordre du monde ne dépendrait alors plus du premier Principe et Dieu cesserait d'être Dieu (cf. A.-D. Sertillanges, L'idée de création et ses retentissements en philosophie, Paris, 1945, p. 183-184).
L'homme n'est vraiment lui-même que dans la liberté des enfants de Dieu. Il serait désolant de voir les chrétiens réduire leur message à une libération temporelle qui restera toujours limitée, car il en résulterait incontinent une captivité spirituelle bien plus profonde que l'asservissement matériel. La liberté, que les techniques et les hommes politiques proposent, peut certes reculer les limites de l'existence biologique, mais elle laisse l'homme dans cette condition biologique d'une vie mortelle. Et cette immortalisation d'une vie mortelle qu'elle tente de réaliser — avec une acuité inégalée jusqu'ici — est pire que la mort. Car c'est sur un autre plan d'existence que commence seulement la liberté.
Au plan des rapports d'un fils avec son père, des domestici Dei (Éphésiens 2, 19), de ceux qui appartiennent par adoption à la famille divine. Saint Paul a qualifié la liberté dont on s'y régale de parrèsia, de franc-parler (Cf. J. Ratzinger, « Loi de l'Église et liberté du chrétien », Studia Moralia 22 (1984), p. 182-186). Ce mot désignait chez les Grecs la condition du citoyen qui peut s'exprimer librement à l'assemblée d'égal à égal avec les autres, non dans l'attitude craintive d'un serviteur envers son maître (cf. J. Daniélou, Sainteté et action temporelle, Tournai, 1955, p. 50-52).
La liberté constitue ainsi pour l'homme le chemin pour atteindre le bien véritable, objectif, de façon responsable. Jean-Paul II rappelle que la permissivité renverse cette saine vision et qu'elle fait quêter la liberté pour elle-même, comme un absolu. C'est pourquoi il est urgent de nos jours « d'apprendre aux nouvelles générations la beauté et les exigences de la liberté et de la responsabilité », et il faut « initier » (Jean-Paul II, Discours aux évêques français de la Région de l'Est en visite « ad limina », 1er avril 1982, n° 4). C'est ce que nous ambitionnons par les quelques pages qui suivent, en nous appliquant à réfléchir sur le sens chrétien de la liberté. Nous nous fonderons pour ce faire principalement sur les écrits publiés de saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei.
(à suivre…) -
Liberté, liberté chérie… (4)
Liberté et vision du monde
Les philosophies classiques et modernes ont, pour leur part, appelé liberté ce qui n'était, en réalité, qu'un désir naturel, inconscient de son objet et de sa structure — de liberté aussi, certes. Désir naturel impuissant à déboucher sur des résultats précis, faute de réalisme de l'intelligence et de claire appréhension de l'ordre et du droit naturels.
Que le monde soit l'œuvre d'une intelligence supérieure et qu'il comporte un ordre bon appelant un respect en réponse, voilà une vérité fondamentale que la société païenne connaissait déjà. Saint Josémaria intègre cette vérité dans la spiritualité qu'il préconise. Dans une formule heureuse, il présente la liberté comme « une plante forte et saine qui s'acclimate mal aux pierres, aux épines et aux chemins battus par les gens » (st Josémaria, Quand le Christ passe, Paris, 1989, n° 185). Allusion on ne peut plus claire à la parabole du semeur (cf. Luc 8, 5-7), qui nous dévoile à quel point ces idées sont incompatibles avec une conception du monde qui limite le connaissable à ce que l'on peut imaginer en un instant. Notre monde ne peut faire l'économie de Dieu, sauf à échouer misérablement.
Il peut censurer Dieu, l'évincer, proclamer sa mort, il ne peut échapper à l'attraction de la nature et se prosterner devant une représentation sublimée de lui-même, devenant par le fait même son propre esclave. Le spectacle qu'il offre alors est celui d'un être appelé à communier avec Dieu qui se dégrade volontairement à un niveau infra-animal.
Que ne comprend-il la grandeur de l'esprit qui ne saurait se résigner à être déterminé ni par ses passions ni par celles d'autrui et qui n'entend se soumettre qu'à la vérité ! Que ne sait-il s'élever au-dessus des contingences immédiates et se rebeller contre les modes et les comportements stéréotypés ! « Je n'accepte pas d'autre esclavage que celui de l'Amour de Dieu. Et cela parce que la religion est la plus grande révolte de l'homme qui ne tolère pas de vivre comme une bête, qui ne se résigne pas, qui ne s'apaise pas avant de fréquenter et de connaître le Créateur. Je vous veux rebelles, libres de tout lien, car je vous veux — le Christ nous veut — enfants de Dieu » (st Josémaria, Amis de Dieu, n° 38).
(à suivre…) -
Les 21 Églises catholiques d'Orient (3)
Une Église de tradition arménienne
6. L'Église arménienne catholique prend ses racines à l'époque des croisades, avec la création du royaume de Petite Arménie (Cilicie). L'union, proclamée en 1198, dura jusqu'à la disparition du royaume, en 1375. L'archevêque de Leopoli, en Pologne, rétablit l'union en 1635. Mais il faudra attendre le 26 novembre 1740 pour voir les évêques arméniens qui avaient réintégré la communion avec Rome se donner un patriarche, Abraham Arzivian, évêque d’Alep. Benoît XIV confirme l'élection en 1742 et octroie au patriarche le pallium et le titre de catholicos-patriarche des Arméniens de Cilicie. Rejeté par le clergé de son siège, il fixa sa résidence au couvent de Kreim, au Liban. En 1830 la Sublime Porte ottomane reconnaît l'indépendance de la communauté arménienne catholique. Il est procédé à l'union des deux communautés arméniennes catholiques, à savoir le patriarcat de Cilicie et celui de Constantinople (1866). Le siège patriarcal est alors établi à Istanbul. Mais les massacres de 1915 et l'exode massif qu'ils entraînent amèneront le synode des évêques arméniens catholiques à le réinstaller au Liban (1918). L'Église arménienne catholique a son éparchie patriarcale en Irak (Bagdad) et compte en Syrie deux éparchies et un exarchat patriarcal, une éparchie à Ispahan, Alexandrie, Istanbul et Paris (éparchie de Sainte Croix de Paris érigée le 30 juin 1986, première éparchie orientale catholique en Europe de l'Ouest), un exarchat apostolique en Amérique latine (Argentine), un pour les États-Unis d'Amérique et le Canada (Paterson), un exarchat patriarcal à Jérusalem. Un ordinariat a été créé en Europe orientale pour les Arméniens catholiques de l'Europe de l'Est, et en Roumanie pour les catholiques de rite arménien résident dans ce pays.
Les Églises orientales catholiques de tradition chaldéenne
7. L'Église chaldéenne catholique est l’Église de Mésopotamie fondée par l’apôtre saint Thomas et remise à l’un des soixante-dix disciples, Addai, qui, avec un compagnon fonda l’Église de Séleucie et Ctésiphon. En 424 celle-ci se rendit autonome par apport à Antioche, sans rupture formelle. La dénomination d’Église chaldéenne date du concile de Florence (1445), à l’occasion de l’union de l’Église nestorienne de Chypre avec Rome. En 1233 les dominicains convertissent le patriarche de Bagdad, qui aura plusieurs successeurs catholiques. Mais ces entreprises, tout comme celles des franciscains, n'amène que des unions passagères avec Rome. À la suite des persécutions de Tamerlan le patriarche Chimoun (Siméon) IV (1437-1477) rendit l'office patriarcal héréditaire. Nombre d'évêques assyriens se choisissent alors en 1551 un patriarche, Jean Sulaka, qui est reçu dans l'Église catholique et confirmé dans sa charge par Jules III (20 avril 1553), qui reconnaît aussi sa juridiction sur les Indes. Cette dynastie finit par retomber dans le schisme avec Chimoun XIII (1662-1700) et par donner naissance à la dynastie nestorienne. Plusieurs patriarches furent catholiques, mais c'est en 1830 que Rome reconnaît Jean Hormez comme patriarche de Babylone des Chaldéens, avec siège à Mossoul. L'Église chaldéenne compte neuf éparchies en Irak dont le siège patriarcal de Bagdad, quatre éparchies en Iran dont deux sièges métropolitains (Urmya et Téhéran), une éparchie en Turquie, à Beyrouth, à Alep, au Caire et à Detroit, un exarchat patriarcal à Jérusalem. Une mission chaldéenne existe en France, en Australie et en Suède.
8. L'Église syro-malabare catholique est de vieille tradition. En effet, les chrétiens des États de Cochin et de Travancore, sur la côte occidentale de l'Inde, revendiquent le titre de « chrétiens de saint Thomas », l'apôtre qui, selon la tradition (voir les Actes de Thomas, du IIIème siècle, conservés en syriaque et en grec), aurait évangélisé leurs ancêtres et dont la tombe est vénérée à Mylapore. C'est eux que les Portugais découvrent en 1498. À la mort du dernier évêque nestorien, l'évêque de Goa, Ménezes, réunit un synode qui décida l'union à Rome (1599). Le jésuite Francisco Roz devint évêque de l’Église syro-malabare. Ultérieurement ce furent les carmes déchaux qui assumèrent cette juridiction. 1662 voit le sacre de Mar Alexandre Parampil, dernier évêque malabar, qui ramène beaucoup de syriens orthodoxes à son Église. Les fidèles dépendirent ainsi des ordinaires latins pendant trois siècles (1599-1896), c'est-à-dire jusqu'à la création de trois vicariats apostoliques confiés au clergé indigène. En 1923 est mise en place la première hiérarchie malabare catholique, avec Ernakulam comme siège métropolitain. Mais ces chrétiens ne sont pas autorisés, même encore de nos jours, à évangéliser le reste de l'Inde, à moins de passer au rite latin. L'Église malabare comprend un archevêché majeur (Ernakulam-Angamaly) et vingt-et-une éparchies en Inde (État du Kerala).
(à suivre…)
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Les 21 Églises catholiques d'Orient (4)
Les Églises orientales catholiques de tradition constantinopolitaine
9. L'Église melkite catholique, du nom donné par les monophysites (jacobites et coptes) après la conquête arabe aux chrétiens des patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem restés fidèles à Chalcédoine et donc à l'empereur byzantin qui avait confirmé ce concile œcuménique (malka en syriaque, malik en arabe veut dire royalistes) ; cette dénomination s’applique à la fraction de cette communauté qui est entrée en communion avec Rome. Les relations de l’Église melkite avec Rome ont traversé trois phases. La période antiochienne est marquée par la communion. La période byzantine est une phase de rupture, la hiérarchie melkite se ralliant aux idées anti-latines des théologiens de langue grecque. La dernière phase est celle de l’intercommunion.
Après que les Ottomans eussent divisé l'Orient en trois wilayat (Damas, Beyrouth et Alep) au XVIe siècle, le gouvernement de Damas s'immiscait fréquemment dans les affaires du patriarche orthodoxe. Le patriarche Ephtimos II négocie alors l'union avec Rome, mais il n'a pas le temps de la conclure. À la mort du patriarche Athanasios III Dabbas, en 1724, l'autorité de son successeur est battue en brèche par le patriarche de Constantinople qui nomme son candidat, appuyé par le Sultan ottoman. D'où une scission, une partie adhérant au patriarche légitime et devenant catholique. La série des patriarches melkites catholiques est ininterrompue depuis Cyrille VI († 1759). De cette date jusqu'en 1830, l'Église melkite souffrit de violentes persécutions de la part des Ottomans. À l'occasion de l'occupation de la Syrie par les Égyptiens, le siège patriarcal fut transféré à Beyrouth (1833). En 1838 le patriarche catholique Maximos III Mazlum obtient que Constantinople reconnaisse l’existence juridique de l’Église et de la nation (millet) melkite. Rome autorisa Maximos III à porter le titre de patriarche d’Alexandrie et de Jérusalem. L'Église melkite catholique comprend vingt éparchies, dont cinq en Syrie (Alep, Bosra-Hauran, Damas, Homs, Lattaquieh), sept au Liban (Beyrouth-Jbeil, Tyr, Baalbeck, Banyas-Césarée de Philippes, Saïda, Tripoli du Liban, Zahleh-Furzol), une à Haïfa, au Caire, à Amman, São Paulo, Mexico, New-York, Montréal et Sydney, un exarchat patriarcal à Jérusalem, au Caire (pour l'Égypte et le Soudan) et au Koweit, et un exarchat apostolique au Venezuela.
10. L'Église ukrainienne catholique développa son identité propre après le schisme de 1054. Objet d'occupations diverses, celle des Polonais au XVe siècle rendit le catholicisme prépondérant, au point que le métropolite de Kiev accepta l'union proposée au concile de Florence (8 janvier 1438-7 août 1445). Moscou rejeta cette union et élut son propre métropolite. L'union de la province métropolitaine de Kiev fut alors formellement proclamée au synode de Brest-Litovsk (1595-1596). Au XVIIIe siècle le Tsar abolira l'union avec Rome en Ukraine orientale et imposera l'orthodoxie aux Ukrainiens catholiques de son Empire ; l’union n’est préservée que dans la partie occidentale de l’Ukraine, rattachée en 1772 à l’Autriche après le premier partage de la Pologne. En 1946, un synode des prêtres ukrainiens catholiques se tient à Lvov pour dissoudre officiellement l'union et intégrer l'Église d'Ukraine à l'Église russe orthodoxe, à la suite de l'annexion de l'Ukraine par l'URSS. Le premier synode plénier de toute la Rus' depuis la persécution s'est tenu en 1992 à Lvov, qui est archevêché majeur. La hiérarchie catholique a pu être reconstituée avec la création de quatre éparchies (20 août 1993) à Koloma-Chernivci des Ukrainiens, Sambir-Drohobych, Ternpil et Zboriv, et d'une administration apostolique dans les Carpates (14 août 1993). La diaspora se trouve principalement en Amérique du Nord, avec cinq éparchies au Canada, quatre aux États-Unis, une au Brésil et une en Argentine. Il en existe également une en Pologne et en Australie, à quoi s'ajoutent des exarchats apostoliques en Allemagne, France, Pologne et Royaume-Uni.
(à suivre…) -
Les 21 Églisescatholiquesd'Orient (2)
Les Églises orientales catholiques de tradition antiochienne
3. L'Église maronite, ou Église antiochienne syriaque maronite, tire son nom de saint Maron ou Maroun, ascète qui vécut dans la région de Cyr, en Syrie († 410). Le peuple maronite se considère l'héritier spirituel des moines du monastère de Saint-Maroun, situé sur les rives de l'Oronte, à l'Est de Hama. Il reçut ce nom après le concile de Chalcédoine, dont il fut un ardent défenseur, demeurant fidèle à l’Église de l’Empire et au concile lui-même. En 517 Sévère, patriarche jacobite d'Antioche, fit massacrer 350 moines maronites qui se rendaient en pèlerinage à l'église de Saint-Siméon le Stylite. Entre 631 et 641, après la conquête musulmane les Maronites se réfugient au Liban, et se donnent un patriarche d'Antioche et de tout l'Orient (685) alors que le siège patriarcal d'Antioche était vacant depuis 609. L’invasion des armées de l’empereur Justinien II (684) renforce la cohésion des maronites ainsi que leur particularisme en tant que communauté séparée. Une nouvelle vacance du siège patriarcal amène les évêques liés au monastère de Saint-Maron à élire un patriarche d’Antioche (vers 740), en particulier après que le calife de Damas, Marwan II (744-748), ait reconnu les maronites comme communauté religieuse séparée, dont le chef était aussi compétent pour les affaires séculières. C’est l’époque où les maronites commencèrent à émigrer vers le Liban. En l'absence de documents prouvant le contraire, il faut affirmer qu’ils sont restés toujours, au moins formellement, en communion avec Rome. Et si l’Église maronite a embrassé le monothélisme, elle a rejeté cette erreur une première fois en 1182 devant le légat du patriarche d'Antioche Amaury. L'Église maronite comprend une éparchie patriarcale (Batroun et Sarba) et dix éparchies au Liban (Antélias, Baalbeck, Beyrouth, Deir-El-Ahmar, Jbeil, Jounieh, Saïda, Tripoli du Liban, Tyr, Zahleh), dix en dehors du Liban (Brooklyn, São Paulo, Montréal, Sydney, Buenos Aires, Le Caire, Damas, Lattaquieh, Alep et Chypre), un exarchat à Jérusalem, un vicariat patriarcal au Koweit, trois procures patriarcales (Rome, Paris, Marseille). Un visiteur apostolique pour les Maronites d'Europe du Nord a été créé le 2 juillet 1993. Ailleurs, ce sont les ordinaires latins qui ont la charge des Maronites.
4. L'Église syrienne, ou Église antiochienne syriaque catholique, d’antique tradition, naît au XVIe siècle, quand le patriarche Ignatius Nemetellah, élu en 1557, reconnaît l'autorité de l'évêque de Rome. La tentative d’union de l’Église jacobite à Rome au moment du concile de Florence-Latran en 1444 avait échoué. En 1680, l’Église syrienne est confiée à des vicaires apostoliques. Un siècle plus tard, Mikhaïl III Jaroué, évêque syriaque catholique d'Alep est élu patriarche des syriaques catholiques et orthodoxes (27 janvier 1782). Mais ces derniers se révoltèrent treize jours après et choisirent leur propre patriarche. Le patriarche syriaque catholique réside depuis au Liban, en un lieu qui deviendra le couvent Notre-Dame de la Délivrance à Charfet. L'Église syriaque compte huit éparchies : une au Liban (éparchie patriarcale à Beyrouth), quatre en Syrie (Damas, Homs, Alep et Hassaké-Nassibine), deux en Irak (Bagdad et Mossoul), une en Égypte (Le Caire) et deux exarchats patriarcaux (Jérusalem et Turquie).
5. L'Église syro-malankare catholique. Les chrétiens de saint Thomas qui s’étaient séparés de l’Église syro-malabare au XVIIe siècle pour former l’Église syrienne orthodoxe de l’Inde, cherchent à rétablir la communion avec Rome : quatre tentatives ont lieu au XVIIIe siècle, mais elles échouent. En 1926, un de ses évêques est désigné pour rouvrir les négociations. Les conditions posées étaient, pour les malankares, de conserver leur liturgie et leur hiérarchie en place, pour Rome que le baptême et les ordinations soient prouvés valides. Or l'évêque en question, Mar Ivanios de Bethany, un autre évêque, un prêtre, un diacre et un laïc sont reçus en 1930 dans la communion de l'Église catholique. Toute la branche féminine et une partie de la branche masculine de l’Ordre de l’Imitation du Christ suivirent Mar Ivanios, leur fondateur. Ce dernier est promu chef de l’Église syro-malankare, avec siège à Trivandrum (Kérala). L'Église malankare comprend un siège métropolitain (Trivandrum) et deux éparchies (Tiruvalla et Battery). Depuis 1958, l’ashram de Kurisumala fait revivre le monachisme oriental adapté au mode de vie des ascètes hindous.
(à suivre…)