Il est fréquent d’entendre parler des religions du Livre à propos du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Ce nom est en réalité donné par les musulmans aux religions qui s’appuient sur un texte sacré : Tora pour le judaïsme, Bible pour le christianisme. Nous y ajoutons parfois l’islam lui-même, avec le Coran.
En réalité, il est tout à fait discutable de dire que les trois religions monothéistes, croyant en un seul Dieu, sont des « religions du Livre ». En effet, plus qu’une religion du Livre, le christianisme est la religion du Verbe, ou Parole de Dieu incarnée, Jésus-Christ, qui vient attester en personne la réalité de Dieu, et révéler l’existence de la Sainte Trinité, Dieu unique en trois Personnes, en même temps que donner sa vie pour le salut du monde, pour délivrer les hommes des chaînes du péché.
« Le Coran, selon la foi islamique, est une parole donnée oralement par Dieu, sans médiation humaine. Le Prophète n'y est pour rien. Il l'a uniquement écrite et transmise. C'est la pure parole de Dieu. Tandis que pour nous [les chrétiens], Dieu entre en communion avec nous, il nous fait coopérer, il crée ce sujet et c'est dans ce sujet que croît et se développe sa parole. Cette part humaine est essentielle, et nous donne également la possibilité de voir que les paroles individuelles ne deviennent réellement Parole de Dieu que dans l'unité de toute l'Écriture dans le sujet vivant du Peuple de Dieu. Le premier élément est donc le don de Dieu ; le second est la participation dans la foi du peuple en pèlerinage [se trouvant sur terre], la communion dans la Sainte Église, qui, pour sa part, reçoit le Verbe de Dieu, qui est le Corps du Christ, animé par la Parole vivante, par le Logos divin [le Verbe, c’est-à-dire le christ]. Nous devons approfondir, jour après jour, notre communion avec la Sainte Église et ainsi avec la Parole de Dieu. Il ne s'agit pas de deux choses opposées, de telle sorte que je puisse dire : je préfère l'Église ou je préfère la Parole de Dieu. […] Celui qui vit de la Parole de Dieu ne peut la vivre que parce qu'elle est vivante et vitale dans l'Église vivante » (Benoît XVI, Discours au clergé de Rome, 2 mars 2006).
« Le Christ « ne se limite pas à parler « au nom de Dieu » comme les prophètes, mais c'est Dieu même qui parle dans son Verbe éternel fait chair. Nous touchons ici le point essentiel qui différencie le christianisme des autres religions, dans lesquelles s'est exprimée dès le commencement la recherche de Dieu de la part de l'homme. Dans le christianisme, le point de départ, c'est l'Incarnation du Verbe. Ici, ce n'est plus seulement l'homme qui cherche Dieu, mais c'est Dieu qui vient en personne parler de lui-même à l'homme et lui montrer la voie qui lui permettra de l'atteindre. C'est ce que proclame le prologue de l'Évangile de Jean : « Nul n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui l'a fait connaître » (1, 18). Le Verbe incarné est donc l'accomplissement de l'aspiration présente dans toutes les religions de l'humanité : cet accomplissement est l'œuvre de Dieu et il dépasse toute attente humaine. C'est un mystère de grâce » (Jean-Paul II, lettre apostolique À l'approche du troisième millénaire , 10 novembre 1994, n° 6).