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Dominique Le Tourneau - Page 12

  • Dite toute la vérité ?

    La gravité d’un secret peut, selon le cas, demander à la protéger, d’abord par le silence, ensuite par une réponse dilatoire (« ceci ne vous regarde pas ») ; mais si cela ne suffit pas, il est permis d’employer un langage qui peut avoir deux interprétations possibles ; il s’agit de la fameuse « restriction mentale », sorte de langage ambigu qui ne peut être utilisé que pour des raisons graves ; par là la vérité n’est pas lésée (puisqu’une des deux interprétations peut être vraie) et le secret non plus (car l’interprétation qui lui correspond n’est pas affirmée comme la seule). Quant à ce qu’on appelle la « désinformation », elle est un mensonge ou une invention, tactique visant à détruire le crédit d’une information gênante mais vraie. La restriction mentale doit donc, sous cet aspect, correspondre à une vérité, mais qui n’est pas celle que l’on doit cacher (celle-ci pouvant peut-être être perçue par un esprit critique et perspicace) ; il s’agit donc ici d’un moindre mal.

    J.-M. Aubert, Abrégé de la morale catholique, Paris, Desclée, 1987, p. 379.

  • Notre dette envers les prêtres

    Nous avons tous contracté une grande dette envers les apôtres de l’Eucharistie, envers celles et ceux qui ont contribué à en favoriser le culte et qui sont injustement peu célébrés. Bien que, quant à eux, ce qui les intéresse, ce n’est pas de focaliser notre attention sur eux mais bien sur le Seigneur présenté à notre adoration dans l’ostensoir. Un ostensoir qui ne pourra jamais être trop riche pour accueillir notre Dieu Souverain.

    Je pense en premier lieu à sainte Julienne de Mont-Cornillon.

    Saint Pierre-Julien Eymard.

  • Se faire plaisir ?

    Vouloir se faire plaisir n’a vraiment pas de sens. C’est même absurde. Cela revient à se centrer sur soi, alors que la vie chrétienne, c’est-à-dire la vraie vie, consiste à se centrer sur Dieu et les autres. C’est l’unique façon de vivre heureux, sans histoires.

    Ne chercher qu’à se faire plaisir, c’est tomber dans un égoïsme effréné. Moyennant quoi, même ce que l’on fait de bon est dévoyé par cette intention tordue, viciée à la base.

    La Sainte Écriture, qui est parole de Dieu et qui nous indique ce que notre Père attend de nous, la Sainte Écriture donc nous oriente dans une autre direction, autrement satisfaisante : « Celui qui m’a envoyé est avec moi et il ne m’a pas laissé tout seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jean 8, 29). Que ce soit notre Seigneur Jésus-Christ qui dise cela a évidemment un poids considérable. Nous pouvons appliquer à ce comportement ce qu’il disait le Jeudi Saint : « Je vous ai donné un exemple » (Jean 13, 15).

    Si le Fils n’a eu d’autre préoccupation que d’être agréable à son Père dans tout ce qu’il accomplissait, comment pourrions-nous avoir l’idée saugrenue d’agir différemment ? Saugrenue, mais hélas fort répandue de nos jours. C’est pourquoi il nous faut calquer notre action non sur celle des mondains et des frivoles mais sur celle de notre Sauveur.

    Car c’est bien de cela dont il s’agit. Il nous a rachetés en faisant plaisir à son Père et notre Père, en agissant pour son bonheur. Nous ne nous sauverons donc qu’en nous appliquant à notre tour à ne faire en tout que le bon vouloir de Dieu. Faisons nôtre la prière que la liturgie adresse à Dieu : «  (collecte du 7e dimanche du temps ordinaire).

  • Sacrements et sainteté

    Les sacrements greffent la sainteté sur le terrain de l’humanité de l’homme : ils pénètrent de la force de la sainteté l’âme et le corps, la féminité et la masculinité du sujet personnel.

    Saint Jean-Paul II, Audience générale, 4 juillet 1984, n° 2.

  • Les sacrements

    Les sacrements sont source de vie et d’espérance, et ils vous donneront la force de toujours rester vraiment fidèles à votre vocation de chrétiens, de chrétiens authentiques.

    Saint Jean-Paul II, Discours aux planteurs de sucre de Bacolod, Philippines, 20 février 1981, n° 2.

  • Prier le Sacré Coeur

    Prie bien le Sacré Cœur, tu sais, moi je ne vois pas le Sacré Cœur comme tout le monde, je pense que le cœur de mon époux est à moi seul comme le mien est à lui seul et je lui parle alors dans la solitude de ce délicieux cœur en attendant de le contempler un jour face à face.

    Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. Une course de géant. Lettres (édition intégrale), « Lettre 122 à Céline », Carmel le 14 Octobre 90, Paris, Cerf, DDB, 1977, p. 200.

  • Sacré Coeur et civilisation de l'amour

    La civilisation de l’amour est née de Dieu, parce que Dieu est Amour et, dans le Christ, cet amour qui est Dieu « s’est manifesté parmi nous » (cf. 1 Jean 1, 2 ; 4, 9). Dieu est l’Amour qui a révélé sa dimension infinie dans le don de soi sans réserve du Crucifié, du Fils de Dieu, qui s’est sacrifié pour nous, en s’immolant sur le Calvaire. Ainsi c’est du Cœur transpercé de Jésus crucifié que sort la civilisation de l’amour. Dans le sanctuaire de ce Cœur, Dieu s’est incliné vers l’homme et lui a fait don de sa miséricorde, le rendant capable, à son tour, de s’ouvrir à ses propres frères et sœurs dans la miséricorde et le pardon.

    Jean-Paul II, Allocution aux fidèles dans le stade de Nuoro, Sardaigne, 20 octobre 1985.

  • La création conduit à Dieu

    — Julien, c’est le jour qui commence. Vois : le soleil monte à l’horizon, rouge comme un globe de flamme ; devant lui, les étoiles s’effacent, et voici la lune qui pâlit à son tour.

    — Ô mon Dieu, mon Dieu ! dit l’enfant en joignant ses petites mains, comme cela est beau !

    — Oui, Julien, dit gravement M. Gertal, tu as raison, mon enfant : joins les mains à la vue de ces merveilles. En voyant l’une après l’autre toutes ces montagnes sortir de la nuit et paraître à la lumière, nous avons assisté comme à une nouvelle création. Que ces grandes œuvres de Dieu te rappellent le Père qui est aux cieux, et que les premiers instants de cette journée lui appartiennent. Et tous les trois, se recueillant en face du vaste horizon des Alpes silencieuses, qui étincelaient maintenant sous les pleins rayons du soleil, élevèrent dans une même prière leurs âmes jusqu’à Dieu.

    G. Bruno, Le Tour de France de deux enfants.

  • La crainte de Dieu

    La crainte sacrée est l’effroi qui s’empare de l’homme lorsqu’il entre en contact avec l’écrasante grandeur de Dieu. Elle saisit par exemple les Patriarches (Genèse 28, 17) et se grave dans un des noms redoutables donnés à Yahweh : « Terreur d’Isaac » (Genèse 31, 42.53). Elle envahit le peuple entier au pied du Sinaï (Exode 20, 18).

    Pareille frayeur trahit un réflexe instinctif de peur devant le sur-naturel, mais elle véhicule aussi des valeurs religieuses, car elle donne à l’homme à la fois le sentiment de sa fragilité et le sens de la toute-puissance de Dieu, qui impose à ses chétives créatures la distance de sa sainteté et en même temps la proximité de sa présence. Dans ce comportement de l’homme devant Dieu, l’accent est mis, on le voit, sur l’adoration tremblante et sur le respect immense, qui se manifestera aussi vis-à-vis des personnes, des objets, des lieux ou des temps marqués par la sainteté de Dieu.

    Dans la crainte morale, l’accent est mis au contraire sur l’obéissance aux commandements de Dieu, telle qu’on la rencontre, par exemple, dans l’attitude soumise de Joseph, qui se garde bien de tuer ses frères (Genèse 42, 18), des sages-femmes égyptiennes, qui se refusent à égorger les petits Hébreux (Exode 1, 17-21), et d’Abraham, qui ne voudrait pour rien au monde désobéir à ce qu’il croit être la volonté de Dieu (Genèse 22, 12). Tous craignent Dieu, c’est-à-dire se montrent totalement dociles à ses préceptes. // Ainsi, la crainte sacrée tremble devant Dieu et respecte scrupuleusement son culte, la crainte morale s’incline devant Dieu et observe intégralement sa volonté. La distinction entre les deux types de crainte n’est nullement imaginaire ; deux textes bibliques, au moins, juxtaposent curieusement, dans le même contexte, dans la même phrase, et sous les mêmes mots, la crainte effroi sacré et la crainte docilité morale :

    En Exode 20, 20, Moïse dit équivalemment à ses frères israélites terrorisés par la théophanie du Sinaï : « Ne craignez pas !... Craignez seulement ! » Ne craignez pas, c’est-à-dire, ne tremblez pas de peur ; craignez seulement, c’est-à-dire gardez-vous de pécher et préoccupez-vous d’obéir au Seigneur.

    Un parallèle analogue se lit en 2 Rois 17, 24-41. Dans cette page, le verbe craindre revient huit fois. Au verset 33, il désigne l’attitude des païens installés en Israël, qui « craignent » Yahweh, c’est-à-dire assurent régulièrement son culte (vv. 28-32). Au verset 34, il stigmatise la faute de ces mêmes païens, qui « ne craignent pas » Yahweh, c’est-à-dire n’observent pas ses commandements. Le premier de ces commandements prescrit en effet d’adorer Yahweh seul et de fuir les « dieux » étrangers ; or le péché dénoncé ici consiste précisément à offrir des sacrifices et aux idoles et à Yahweh (vv. 33, 35-40). Tout le passage vise donc les étrangers installés en Palestine, qui craignent Yahweh en tant qu’ils le vénèrent par les rites, et qui ne le craignent pas, puisqu’en même temps ils lui désobéissent. L’unité du texte, explicitement affirmée par le verset 41, est bien sauvegardée si l’on distingue ces deux sens du verbe craindre.

    P.-E. Bonnard, La Sagesse en personne annoncée et venue en Jésus Christ, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. Lectio divina 44, 1966, p. 55-56.

  • Dieu aide les justes

    Les Égyptiens, représentant les impies, et les Israélites, figurant les justes, ont expérimenté au cours de l’Exode des sorts bien différents : les uns, le salut ; les autres, la peine. Or, ce salut et cette peine leur sont venus par le même élément, ici maléfique et là bénéfique, soit par des éléments analogues ou opposés, sources de bonheur pour les bons et de souffrances pour les mauvais. Ainsi : - la même eau abreuvait les uns, écœurait  les autres (11, 4-14) ; - des bêtes infestaient l’Égypte, mais nourrissaient Israël (16, 1-4) ; - le serpent tuait les Égyptiens, mais sauvait les israélites (16, 5-14) ; - les précipitations célestes tombaient… en grêle sur les premiers, en manne sur les seconds (16, 15-29) ; - le jour devenait nuit pour les persécuteurs, la nuit devenait jour pour persécutés (17, 1-18, 4) ; - les meurtriers d’enfants virent leurs enfants tués par l’Exterminateur, qui épargna au contraire ceux dont on avait massacré leurs fils (18, 5-25) ; - comme aux origines, sous la main de Dieu, les forces cosmiques se déployèrent et spécialement les eaux d’une part s’ouvrirent pour laisser passer les israélites, d’autre part se refermèrent en chaos pour engloutir les Égyptiens (ch. 19).

    P.-E. Bonnard, La Sagesse en personne annoncée et venue en Jésus Christ, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. Lectio divina 44, 1966, p. 91-92.