Le grand sociologue Francis Blanche l’a dit : « Nous sommes pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. » Tout est dans la manière de l’exprimer. Tout est là, le verbe ! Pascal a raison : « Prends l’éloquence et tords-lui le cou ! » L’éloquence peut être excessive, mieux que l’éloquence, le mot, le bon mot. Nous avons inventé le bon mot. Il se suffit à lui-même. Il suffit. N’est-il pas vrai qu’il n’est de bon bec qu’à Paris ? Le bon mot fait le beau monde. À ce jeu, à cette civilisation des mots ; les penchants inquiétants, le socialisme, le christianisme, prennent un policé rassurant et, de fait, inoffensif, le socialisme caviar, le christianisme en « jean », le dernier marxiste que l’on s’arrache, le royaliste ressuscité.
Gérard Baloup, Europe, lointaine Jérusalem, Carnet de route, t. 2, s.d. (2008), p. 36-37.


Un acteur est avant tout l'interprète des paroles d'autres hommes, un âme qui voudrait se révéler mais ne peut pas ou n'ose pas, un artisan un peu bricoleur, un prestidigitateur aux multiples tours et aux multiples trucs, une outre de vanité, un froid observateur de la nature humaine, un enfant, et, dans le meilleur des cas, une sorte de prêtre défroqué capable, pendant une heure ou deux, d'invoquer le Ciel et l'Enfer afin d'hypnotiser un troupeau d'innocents.