Est humain un acte de l’homme ou de la femme qui est libre et volontaire. N’est donc pas humain en ce sens l’acte de l’enfant qui n’a pas encore atteint l’usage de la raison, pas plus que celui du fou, du moins dans les moments où il n’est pas lucide. « Les actes humains, c’est-à-dire librement choisis par suite d’un jugement de conscience, sont moralement qualifiables. Ils sont bons ou mauvais » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1749). Ils peuvent aussi être indifférents du point de vue de leur qualification morale : il est indifférent, par exemple, que j’écrive ce texte sur la toile ou sur une feuille de papier, debout ou assis. « L’agir est moralement bon quand les choix libres sont conformes au vrai bien de l’homme et manifestent ainsi l’orientation volontaire de la personne vers sa fin ultime, à savoir Dieu lui-même » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, 6 août 1993, n° 72). « La question initiale du dialogue entre le jeune homme et Jésus : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » (Matthieu 19, 16) met immédiatement en évidence le lien essentiel entre la valeur morale d’un acte et la fin ultime de l’homme […]. La réponse de Jésus et la référence aux commandements manifestent aussi que la voie qui mène à cette fin est marquée par le respect des lois divines qui sauvegardent le bien humain. Seul l’acte conforme au bien peut être la voie qui conduit à la vie » (Ibid.).
Il s’ensuit une conséquence importante : la qualification morale d’un acte humain, le fait qu’il soit moralement bon ou moralement mauvais, n’est pas une notion acquise par un vote populaire ou démocratique ; elle n’est pas davantage le fruit de sondages ou l’adaptation à un consensus, à ce que l’on appelle de nos jours la pensée « politiquement correcte ». La qualification morale des actes humains échappe en partie à l’emprise de l’homme, en ce sens que la référence qui permet de juger de la moralité n’est pas l’impression du moment, la sensation ou le profit que j’en retire, mais l’adéquation de mon acte à la loi morale objective, c’est-à-dire à la loi divine inscrite par Dieu dans la nature humaine, présentée sous la forme d’un droit positif que sont les Dix commandements remis par Dieu à Moïse (cf. Exode 24, 12-18 ; Deutéronome 9, 9-10). Je disais que la qualification morale échappe « en partie » à la volonté de l’homme, parce qu’il est question ici des actes humains, donc des actes dans lesquels l’homme engage sa liberté. C’est bien lui, en définitive, qui agit et donc qui fait que le bien ou le mal soient présents sur terre, progressent ou régressent.
Intervient ici la notion de liberté, qui demande quelques précisions.
(à suivre…)
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2. La moralité des actes humains
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6. L’homme face à la loi
En créant l’homme, Dieu lui a imposé une limite, ne pas manger du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal (cf. Genèse 2, 16-17). « Par cette image, la Révélation enseigne que le pouvoir de décider du bien et du mal n’appartient pas à l’homme, mais à Dieu seul » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 35). L’homme est donc invité à reconnaître en lui la loi morale que Dieu lui donne et à l’accepter, de sorte que « c’est dans cette acceptation que la liberté humaine trouve sa réalisation plénière et véritable. […] « La Loi de Dieu n’atténue donc pas la liberté de l’homme et encore moins ne l’élimine ; au contraire, elle la protège et la promeut » (Ibid.).
L’homme dispose donc d’une véritable « autonomie morale ». C’est dire que Dieu respecte la liberté humaine, s’est en quelque sorte imposé cette limite à sa toute-puissance. En effet, il « a voulu le laisser à son propre conseil (Siracide 15, 14) pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s’achever ainsi dans une bienheureuse plénitude » (concile Vatican II, constitution Gaudium et spes, 17). L’autonomie morale est la capacité interne de la connaissance morale, mais elle ne consiste pas dans « la création des valeurs et des normes morales par la raison elle-même » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 40). Autrement dit, l’homme n’est pas la source de la connaissance morale (connaissance du bien et du mal), « mais […] il y participe seulement par la lumière de la raison naturelle et de la révélation divine qui lui manifestent les exigences et les appels de la Sagesse éternelle » (Ibid., n° 41). C’est pourquoi « l’autonomie morale authentique de l’homme ne signifie nullement qu’il refuse, mais bien qu’il accueille la loi morale » (Ibid.). « La loi morale est l’œuvre de la Sagesse divine […]. Elle prescrit à l’homme les voies, les règles de conduite qui mènent vers la béatitude promise ; elle proscrit les chemins du mal qui détournent de Dieu et de son amour » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1950).
Il est erroné d’affirmer que Dieu n’est pas Législateur et qu’il a laissé à l’homme la tâche d’établir les normes morales, c’est-à-dire que les normes de la loi morale naturelle auraient leur origine exclusivement dans la raison humaine. Les normes morales ne seraient alors que le produit de la sagesse humaine, et non une participation de la Sagesse divine. Le pape Jean-Paul II a réfuté ces théories, en rappelant notamment que « cette prescription de la raison humaine ne pourrait avoir force de loi, si elle n’était l’organe et l’interprète d’une raison plus haute, à laquelle notre esprit et notre liberté doivent obéissance » ( encyclique Veritatis splendor, n° 44). Il est donc erroné de délier la compétence morale humaine de la Sagesse de Dieu, en niant qu’il existe entre les deux une relation de participation, en vertu de laquelle la loi morale naturelle est une loi divine. « La loi est déclarée et établie par la raison comme une participation à la providence du Dieu vivant Créateur et Rédempteur de tous » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1951).
(à suivre…) -
Préparation à Noël
La Neuvaine de préparation à Noël a pour origine le besoin de communiquer aux fidèles les richesses d’une Liturgie à laquelle ils n’avaient pas facilement accès. La Neuvaine de la Nativité s’est, de fait, révélée très utile, et elle peut encore continuer à remplir cette fonction salutaire. Toutefois, étant donné qu’à notre époque l’accès du peuple à la participation aux célébrations liturgiques a été facilité, il est souhaitable qu’entre le 17 et le 23 décembre, les fidèles soient invités à participer aux Vêpres, qui sont solennisées par la proclamation des « Grandes Antiennes Ô ». Une telle célébration pourrait être associée à certains éléments particulièrement chers à la piété populaire, qui pourraient être mis en valeur avant ou après les vêpres. Elle constituerait ainsi une excellente « Neuvaine de Noël » à la fois pleinement liturgique et attentive aux exigences de la piété populaire. Au cours de la célébration des Vêpres, il est possible de mettre en évidence certains éléments déjà prévus par la Liturgie (par exemple, l’homélie, l’usage de l’encens, l’adaptation des intercessions).
Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, 17 décembre 2001, n°103.
Ces grandes antiennes qui commencent par « Ô » sont les suivantes :
17 décembre : « Ô Sagesse de la bouche du Très-Haut, toi qui régis l’univers avec force et douceur, enseigne-nous le chemin de vérité, viens, Seigneur, viens nous sauver ! »
18 décembre : « Ô Chef de ton peuple Israël, tu te révèles à Moïse dans le buisson ardent et tu lui donnes la Loi sur la montagne, délivre-nous par la vigueur de ton bras, viens, Seigneur, viens nous sauver ! »
19 décembre : « Ô Rameau de Jessé, étendard dressé à la face des nations, les rois sont muets devant toi, tandis que les peuples t’appellent : Délivre-nous, ne tarde plus, viens Seigneur, viens nous sauver ! »
20 décembre : Ô Clé de David, ô Sceptre d’Israël, tu ouvres, et nul ne fermera, tu fermes, et nul n’ouvrira : arrache les captifs aux ténèbres, viens, Seigneur, viens nous sauver ! »
21 décembre : « Ô Soleil levant, splendeur de justice et lumière éternelle, illumine ceux qui habitent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, viens, Seigneur, viens nous sauver ! »
22 décembre : « Ô Roi de l’univers, ô Désiré des nations, pierre angulaire qui joint ensemble l’un et l’autre mur, force de l’homme pétri de limon, viens, Seigneur, biens nous sauver ! »
23 décembre : « Ô Emmanuel, notre Législateur et notre Roi, espérance et salut des nations,viens, Seigneur, viens nous sauver ! » -
Le ciel vu par Saint Augustin
Là sera la véritable gloire ; personne n’y sera loué par erreur ou par flatterie ; les vrais honneurs ne seront ni refusés à ceux qui les méritent, ni accordés aux indignes ; d’ailleurs nul indigne n’y prétendra, là où ne seront admis que ceux qui sont dignes. Là régnera la véritable paix où nul n’éprouvera d’opposition ni de soi-même ni des autres. De la vertu, Dieu Lui-même sera la récompense, Lui qui a donné la vertu est S’est promis Lui-même à elle comme la récompense la meilleure et la plus grande qui puisse exister : « Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » (Lévitique 26, 12)… C’est aussi le sens des mots de l’Apôtre : « Pour que Dieu soit tout en tous » (1 Corinthiens 15, 28). Il sera Lui-même la fin de nos désirs, Lui que nous contemplerons sans fin, aimerons sans satiété, louerons sans lassitude. Et ce don, cette affection, cette occupation seront assurément, comme la vie éternelle, communs à tous.
La Cité de Dieu 22, 30.
Voici, d’après elle [l’Écriture], ce que nous ferons là-haut : toute notre occupation tiendra dans ces deux mots : Amen, Alleluia ! […] Amen veut dire : c’est vrai ; Alleluia veut dire : louez Dieu. […] Et quand nous dirons c’est vrai, c’est Amen que nous dirons, mais avec un rassasiement en quelque sorte insatiable. Comme rien ne manquera à l’âme, ce sera le rassasiement ; mais comme cette vérité qui ne nous manquera jamais, nous réjouira toujours, toujours elle produira, si je puis dire, un insatiable rassasiement ; et plus ce rassasiement sera insatiable de vérité, plus l’âme répétera avec une insatiable vérité : Amen ! Mais quelle merveille ! Et qui peut l’exprimer, quand l’œil ne l’a point vu, ni l’oreille entendu ; quand elle n’est pas montée encore au cœur de l’homme (1 Co 2, 9). Et parce que, sans le moindre ennui, et dans une délectation perpétuelle, nous contemplerons le vrai, parce qu’il brillera à nos yeux d’une invincible évidence, tout brûlants d’amour pour cette vérité, nous livrant à elle dans un délicieux et chaste embrassement, mais celui-là tout spirituel, nous ferons entendre le mot de la louange et nous dirons : Alleluia ! Et par l’effet de cette charité ardente que les habitants de la cité sainte ressentiront pour leurs frères et pour Dieu, tous, à l’envi, s’entraîneront à cette louange, et ils diront : Alleluia parce qu’ils diront : Amen !
Sermon 362 29. -
28 octobre : saint Simon et saint Jude
Au cours de l'audience générale du mercredi 11 octobre 2006, le pape Benoît XVI a présenté la figure des apôtres saint Simon le Cananéen et saint Jude Thaddée :
Nous prenons aujourd'hui en considération deux des douze Apôtres: Simon le Cananéen et Jude Thaddée (qu'il ne faut pas confondre avec Judas Iscariote). Nous les considérons ensemble, non seulement parce que dans les listes des Douze, ils sont toujours rappelés l'un à côté de l'autre (cf. Mt 10, 4; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13), mais également parce que les informations qui les concernent ne sont pas nombreuses, en dehors du fait que le Canon néo-testamentaire conserve une lettre attribuée à Jude Thaddée.
Simon reçoit un épithète qui varie dans les quatre listes: alors que Matthieu et Marc le qualifient de "cananéen", Luc le définit en revanche comme un "zélote". En réalité, les deux dénominations s'équivalent, car elles signifient la même chose: dans la langue juive, en effet, le verbe qana' signifie: "être jaloux, passionné" et peut être utilisé aussi bien à propos de Dieu, en tant que jaloux du peuple qu'il a choisi (cf. Ex 20, 5), qu'à propos des hommes qui brûlent de zèle en servant le Dieu unique avec un dévouement total, comme Elie (cf. 1 R 19, 10). Il est donc possible que ce Simon, s'il n'appartenait pas précisément au mouvement nationaliste des Zélotes, fût au moins caractérisé par un zèle ardent pour l'identité juive, donc pour Dieu, pour son peuple et pour la Loi divine. S'il en est ainsi, Simon se situe aux antipodes de Matthieu qui, au contraire, en tant que publicain, provenait d'une activité considérée comme totalement impure. C'est le signe évident que Jésus appelle ses disciples et ses collaborateurs des horizons sociaux et religieux les plus divers, sans aucun préjugé. Ce sont les personnes qui l'intéressent, pas les catégories sociales ou les étiquettes! Et il est beau de voir que dans le groupe de ses fidèles, tous, bien que différents, coexistaient ensemble, surmontant les difficultés imaginables: en effet, Jésus lui-même était le motif de cohésion, dans lequel tous se retrouvaient unis. Cela constitue clairement une leçon pour nous, souvent enclins à souligner les différences, voire les oppositions, oubliant qu'en Jésus Christ, nous a été donnée la force pour concilier nos différences. Rappelons-nous également que le groupe des Douze est la préfiguration de l'Eglise, dans laquelle doivent trouver place tous les charismes, les peuples, les races, toutes les qualités humaines, qui trouvent leur composition et leur unité dans la communion avec Jésus.
En ce qui concerne ensuite Jude Thaddée, il est ainsi appelé par la tradition qui réunit deux noms différents: en effet, alors que Matthieu et Marc l'appellent simplement "Thaddée" (Mt 10, 3; Mc 3, 18), Luc l'appelle "Jude fils de Jacques" (Lc 6, 16; Ac 1, 13). Le surnom de Thaddée est d'une origine incertaine et il est expliqué soit comme provenant de l'araméen taddà, qui veut dire "poitrine" et qui signifierait donc "magnanime", soit comme l'abréviation d'un nom grec comme "Théodore, Théodote". On ne connaît que peu de choses de lui. Seul Jean signale une question qu'il posa à Jésus au cours de la Dernière Cène. Thaddée dit au Seigneur: "Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde?". C'est une question de grande actualité, que nous posons nous aussi au Seigneur: pourquoi le Ressuscité ne s'est-il pas manifesté dans toute sa gloire à ses adversaires pour montrer que le vainqueur est Dieu? Pourquoi s'est-il manifesté seulement à ses Disciples? La réponse de Jésus est mystérieuse et profonde. Le Seigneur dit: "Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui" (Jn 14, 22-23). Cela signifie que le Ressuscité doit être vu et perçu également avec le coeur, de manière à ce que Dieu puisse demeurer en nous. Le Seigneur n'apparaît pas comme une chose. Il veut entrer dans notre vie et sa manifestation est donc une manifestation qui implique et présuppose un coeur ouvert. Ce n'est qu'ainsi que nous voyons le Ressuscité.
à Jude Thaddée a été attribuée la paternité de l'une des Lettres du Nouveau Testament, qui sont appelées "catholiques" car adressées non pas à une Eglise locale déterminée, mais à un cercle très vaste de destinataires. Celle-ci est en effet adressée "aux appelés, bien-aimés de Dieu le Père et réservés pour Jésus Christ" (v. 1). La préoccupation centrale de cet écrit est de mettre en garde les chrétiens contre tous ceux qui prennent le prétexte de la grâce de Dieu pour excuser leur débauche et pour égarer leurs autres frères avec des enseignements inacceptables, en introduisant des divisions au sein de l'Eglise "dans leurs chimères" (v. 8), c'est ainsi que Jude définit leurs doctrines et leurs idées particulières. Il les compare même aux anges déchus et, utilisant des termes forts, dit qu'"ils sont partis sur le chemin de Caïn" (v. 11). En outre, il les taxe sans hésitation de "nuages sans eau emportés par le vent; arbres de fin d'automne sans fruits, deux fois morts, déracinés; flots sauvages de la mer, crachant l'écume de leur propre honte; astres errants, pour lesquels est réservée à jamais l'obscurité des ténèbres" (vv. 12-13).
Aujourd'hui, nous ne sommes peut-être plus habitués à utiliser un langage aussi polémique qui, toutefois, nous dit quelque chose d'important. Au milieu de toutes les tentations qui existent, avec tous les courants de la vie moderne, nous devons conserver l'identité de notre foi. Certes, la voie de l'indulgence et du dialogue, que le Concile Vatican II a entreprise avec succès, doit assurément être poursuivie avec une ferme constance. Mais cette voie du dialogue, si nécessaire, ne doit pas faire oublier le devoir de repenser et de souligner toujours avec tout autant de force les lignes maîtresses et incontournables de notre identité chrétienne. D'autre part, il faut bien garder à l'esprit que notre identité demande la force, la clarté et le courage face aux contradictions du monde dans lequel nous vivons. C'est pourquoi le texte de la lettre se poursuit ainsi: "Mais vous, mes bien-aimés, - il s'adresse à nous tous - que votre foi très sainte soit le fondement de la construction que vous êtes vous-mêmes. Priez dans l'Esprit Saint, maintenez-vous dans l'amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ en vue de la vie éternelle. Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié..." (vv. 20-22). La Lettre se conclut sur ces très belles paroles: "Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous préserver de la chute et de vous rendre irréprochables et pleins d'allégresse, pour comparaître devant sa gloire: au Dieu unique, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et puissance, avant tous les siècles, maintenant et pour tous les siècles. Amen" (vv. 24-25).
On voit bien que l'auteur de ces lignes vit en plénitude sa propre foi, à laquelle appartiennent de grandes réalités telles que l'intégrité morale et la joie, la confiance et, enfin, la louange; le tout n'étant motivé que par la bonté de notre unique Dieu et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ. C'est pourquoi Simon le Cananéen, ainsi que Jude Thaddée, doivent nous aider à redécouvrir toujours à nouveau et à vivre inlassablement la beauté de la foi chrétienne, en sachant en donner un témoignage à la fois fort et serein.
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Filiation divine
En cette période de préparation à lanaissance de Jésus-Christ, Fils de Dieu, il peut être utile de réfléchir à notre filiation adoptive envers Dieu.
« Avant la création du monde, avant notre venue à l'existence, le Père céleste nous a choisis personnellement, pour nous appeler à entrer en relation filiale avec lui, par Jésus, Verbe incarné, sous la conduite de l'Esprit Saint. En mourant pour nous, Jésus nous a introduits dans le mystère de l'amour du Père, amour qui l'enveloppe totalement et qu'il nous offre à tous. De cette façon, unis à Jésus, qui est le Chef, nous formons un seul corps, l'Église.
Le poids de deux millénaires d'histoire rend difficile la perception de la nouveauté du mystère fascinant de l'adoption divine, mystère qui est au centre de l'enseignement de saint Paul. Le Père, rappelle l'Apôtre, « nous a dévoilé le mystère de sa volonté,… le dessein de réunir tout sous un seul chef le Christ » (Éphésiens 1, 9-10). Et il ajoute, non sans enthousiasme : « Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux qu'il connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l'image de son Fils, pour faire de ce Fils l'aîné d'une multitude de frères » (Romains 8, 28-29). La perspective est vraiment fascinante : nous sommes appelés à vivre en frères et sœurs de Jésus, à nous sentir fils et filles du même Père. C'est un don qui bouleverse toute idée et tout projet exclusivement humains. La confession de la vraie foi ouvre grand les esprits et les cœurs à l'inépuisable mystère de Dieu, qui pénètre l'existence humaine » (Benoît XVI, Message pour la Journée mondiale de prière pour les vocations, 7 mai 2006).
C'est une des vérités fondamentales pour la vie chrétienne, en ce sens qu’elle devrait lui servir de fondement permanent. « Tous les hommes sont enfants de Dieu. Mais, face à son père, un enfant peut réagir de mille manières. À nous de nous efforcer, comme des enfants, de nous rendre compte que le Seigneur, en nous voulant pour enfants, nous fait vivre dans sa maison, au milieu de ce monde ; nous intègre à sa famille, fait nôtre ce qui est sien, et sien ce qui est nôtre ; nous vaut cette familiarité et cette confiance qui nous font lui demander, comme de petits enfants, l'impossible » (saint Josémaria,Lien permanent Catégories : Filiation divine, Jésus-Christ, Religion, Spiritualité, Théologie 0 commentaire -
15 novembre : saint Albert le Grand
C’est aujourd’hui le dies natalis, le « jour de la naissance » au ciel de saint Albert le Grand, né en 1206 et décédé le 15 novembre 1280. De son vrai nom Albert de Bollstaedt, il entra dans l’ordre des frères prêcheurs (les Dominicains), malgré la vive opposition de sa famille. Il se consacra très vite à l’enseignement dans divers couvents, avant d’être nommé Régent du studium generale, le centre d’études supérieures de l’ordre qui venait d’ouvrir à Cologne, où il fut le professeur du futur saint Thomas d’Aquin (lire la suite) -
18 octobre : saint Luc
Saint Luc est l’auteur du troisième Évangile, comme l’attestent de nombreux témoignages des Pères de l’Église, sans compter les manuscrits eux-mêmes : le papyrus Bodmer XIV (P66), daté de 175-225 a pour titre Euangelion katá Loukan, « Évangile selon Luc », et contient Luc 1,1 à 14, 26. Saint Irénée écrit dans son Adversus hæreses, « Contre les hérétiques », que « Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l’évangile prêché par celui-ci ».
Le nom de Luc apparaît à trois reprises dans le Nouveau Testament, et il s’agit toujours d’un collaborateur de Paul. « Tu as les salutations […] de Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs » (épître à Philémon 24). « Seul Luc est avec moi » (2 Timothée 4, 11). Le dernier texte précise que Luc est médecin : « Vous avez les salutations de Luc, le cher médecin » (Colossiens 4, 14).
Luc n’a pas été le témoin oculaire des faits qu’il rapporte, comme il ledit lui-même en introduction à son Évangile : « Puisque beaucoup ont entrepris décomposer un récit des événements quichenotte accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi l’exposé suivi, illustre Théophile, afin que tu te rendes compte de la solidité des enseignements que tu as reçus » (1, 1-4).
Il n’est pas d’origine palestinienne ; il est cultivé ; le langage qu’il utilise et la doctrine qu’il expose sont proches du corps doctrinal paulinien (de saint Paul) ; il connaît bien la communauté chrétienne d’Antioche. Il est probablement né dans cette ville et fait partie des chrétiens de la deuxième génération.
Il est également l’auteur des Actes des apôtres, qui reprennent la narration des faits là où son Évangile s’était arrêté, c’est-à-dire au moment de l’Ascension de Jésus au ciel. Il y raconte la naissance de l’Église,avec la venue du Saint-Esprit le jour de la pentecôte, son implantation et sa propagation. Il ne s’agit toutefois pas d’une simple chronique des événements : Luc montre que la mission du christ se poursuit avec les apôtres sous l’impulsion du Saint-Esprit. Celui-ci est tellement présent que les actes ont été qualifiés d’Évangile du Saint-Esprit. Le livre se compose de quatre grandes parties : la communauté primitive de Jérusalem (chap. 1-7), la dispersion des chrétiens à la suite des persécutions (chap. 8-12), l’entreprise missionnaire de saint Paul (chap. 13-20), la captivité de Paul à Jérusalem et à Rome (chap. 21-28).
On peut penser que saint Luc a achevé d’écrire son Évangile au début de l’année 63 et qu’il a terminé les Actes à la fin de cette même année63. -
3ème mystère douloureux : le couronnement d’épines
Il faut que l’Amour du Christ soit grand — démesuré à la démesure de sa condition infinie de Fils de Dieu — pour accepter de supporter de telles avanies.
C’est un acte de cruauté inutile. Dans l’état dans lequel il se trouvait, Jésus était déjà un homme mort… Mais il est la proie facile d’une garnison désœuvrée.
Dans leur méchanceté, les soudards sont malgré tout l’instrument dont Dieu se sert pour faire connaître une réalité profonde : la royauté du Christ. Certes, ils prennent cela sur le ton burlesque. Mais Jésus est bien roi. Il l’a expliqué à Pilate qui lui demandait : « C’est toi qui est le roi des Juifs ? » Jésus répond sans ambages : « Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gardes auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs » (Jean 18, 32-35). En effet, il aurait pu invoquer son Père, qui lui « fournirait immédiatement douze légions d’anges et plus » (Matthieu 26, 53). « Non, mon royaume n’est pas de ce monde. « Alors lui dit Pilate : « C’est donc que tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dit : je suis roi. Moi, je suis né et je suis venu dans le monde à seule fin de rendre témoignage à la Vérité. Quiconque est du parti de la vérité écoute ma voix » (Jean 18, 36-38). Ce ne sera pas le cas de Pilate, qui précisément livre Jésus à ses soldats pour qu’ils lui administrent une correction sévère. Les sévices gratuits peuvent sembler inutiles. Mais comme tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu (cf. Romains 8, 28), quand c’est le Fils de Dieu qu’ils blessent, ils servent à sauver du péché tous les hommes et les femmes qui acceptent l’Amour du Christ et de le reconnaître pour ce qu’il est : le Fils de Dieu incarné.
Les soldats, « après lui avoir retiré ses vêtements, jetèrent sur lui une clamyde rouge, tressèrent une couronne d’épines et la lui posèrent sur la tête, avec un roseau dans la main droite » (Matthieu 27, 28-29). Ils peuvent tourner Jésus en ridicule et faire des génuflexions grotesques : « Fléchissant le genou devant lui, ils le tournaient en dérision, disant : « Salut, ô roi des Juifs ! » Ils lui crachaient aussi dessus et, prenant le roseau, ils le frappaient à la tête » (Matthieu 27, 29-30). Ils n’en proclament pas moins une grande vérité. C’est « au nom de Jésus que [tout] genou fléchit dans le monde céleste, terrestre et infernal », toute langue devant « proclamer que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Philippiens 2, 10-11).
Pilate dit alors aux Juifs, sur un ton de moquerie : « Voilà votre roi ! » Ce à quoi les grands prêtres répliquèrent : « Nous n’avons d’autre roi que César » (Jean 19, 15-16). Machiavel dira qu’il aimait plus sa patrie que son âme…
Pilate persiste et signe dans son ironie. Il fait placer en-haut de la Croix un écriteau rédigé « en hébreu, en latin et en grec » (Jean 19, 20), de sorte que l’univers entier sache que « le seigneur est roi, il règne éternellement » (Psaume 29, 10). Dans l’âme de chaque baptisé, la royauté du Christ est appelée à s’étendre au monde entier. Son royaume est, en effet, spirituel. C’est un « règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix » (préface de la solennité du Christ-Roi). -
Les commandements de Dieu
Le terme « commandement » peut faire peur, car il fait penser à une série de prescriptions, d’ordres, qui viennent en quelque sorte limiter la liberté de l’homme. C’est vrai dans le cas des lois humaines, qui encadrent la vie en société. Mais Dieu n’a pas pour objectif de brider la liberté humaine. Bien au contraire, il veut qu’elle s’exprime le plus possible. La liberté est un grand don qu’il a fait aux hommes, sans doute le plus grand après celui de la vie.
Ces commandements ne constituent pas un carcan insupportable. « Combien j’aime ta loi, Yahvé ! Elle est sans cesse l’objet de ma méditation. Tes commandements me rendent plus sage que mes ennemis, car ils sont miens pour jamais. Je suis plus sage que tous mes maîtres, car tes ordonnances sont l’objet de ma méditation. J’ai plus d’intelligence que les vieillards, car je garde tes préceptes. […] Que ta parole est douce à mon palais, plus que le miel à ma bouche. Par tes préceptes je deviens intelligent : aussi je hais tous les sentiers du en songe » (Psaume 119 [118], 97-100.102-104).
Saint Jean exprimera une idée semblable : « L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas écrasants » (1 Jean 5, 3). C’est l’écho de l’enseignement du Maître — Jésus — qui sait bien de quoi il parlait : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau : c’est moi qui vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école : je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du soulagement pour votre être, car mon joug est agréable et mon fardeau léger » (Matthieu 11, 18-30).
Il existe dix commandements, le Décalogue, qui « se comprend d’abord dans le contexte de l’Exode qui est le grand événement libérateur de Dieu au centre de l’Ancienne Alliance. Qu’elles soient formulées comme des préceptes négatifs, des interdictions, ou comme des commandements positifs (comme : « Honore ton père et ta mère »), les « dix paroles » indiquent les conditions d’une vie libérée de l’esclavage du péché. Le Décalogue est un chemin de vie » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2057). En effet, « si tu aimes ton Dieu, si tu marches dans ses voies, si tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras et tu te multiplieras » (Deutéronome 30, 16).
Mais « Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi (saint Augustin, Sermon 149 13), car il est toujours possible à n’importe lequel d’entre nous, toi ou moi, d’avoir le malheur de nous rebeller contre Dieu, de le rejeter par notre conduite ou bien encore de nous exclamer : nous n’en voulons pas pour roi » (Luc 5, 4) » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 23).
Cet accomplissement des commandements de Dieu est essentiel pour l’éternité, pour construire la vie au-delà de notre monde, qui suit notre mort. Comme le Seigneur Jésus nous en avertit : « Amen, je vous le dis : avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un de ces plus petits commandements et qui apprendra aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux » (Matthieu 5, 18-19).