Face adorable et d'azur éclairée,
que te voilà, hélas ! défigurée,
blème des yeux, toute de sang pourprée !
Est-ce donc vous ?...
Arnould Gréban (1410-1471).
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Face adorable et d'azur éclairée,
que te voilà, hélas ! défigurée,
blème des yeux, toute de sang pourprée !
Est-ce donc vous ?...
Arnould Gréban (1410-1471).
Cantiques à la Vierge Marie (7)
Ô Mère, vous n’étiez pas présente au Cénacle
Le jour mémorable où votre Fils institua
Le sacrement gardé dans tous nos tabernacles,
Quand, prenant le pain et le vin, il les mua
Substance désormais de son Corps, de son Sang.
Vous n’étiez pas loin, et vous êtes devenue
Le sanctuaire premier d’un monde renaissant,
Premier de l’histoire et je vous dis : « Bienvenue ! »
Heureuse l’âme qui jouit de vos bonnes grâces ;
Florissante quand sur elle vous vous penchez.
Prospère est celle que vos bons soins désencrassent,
Et joyeuse parce que vous l'endimanchez.
Mère, quand je contemple une de vos images
Je frissonne de joie, parce que je vous vois,
Vous, ma mère, si belle et je vous rends hommage
Et de vos faveurs je me fais le porte-voix.
Fils étonnant, à la fois vrai Dieu et vrai homme
Vous êtes vraiment la Mère de tous les deux,
Mon action de grâces est un clair Te Deum.
Voilà un privilège autant doux que coûteux !
Cantiques à la Vierge Marie (6)
« Mon Fils, aurai-je soin de toi comme une mère ?
Ou dois-je t’adorer plutôt comme Seigneur ?
Tu connaîtras, je le sais, des heures amères ;
Me voici prête à en endurer les frayeurs.
Dois-je t’allaiter ou plutôt chanter ta gloire ?
T’apporterai-je du lait ou des aromates ?
Dois-je choisir la Croix plutôt que la mangeoire ?
Par Amour, je viens à toi, non en automate. »
Marie dépose son Jésus dans le berceau
Qu’est l’Église muée dans le vaste vaisseau
De la Rédemption du genre humain entier
Par le Nazaréen, le Fils du charpentier.
Vous vous montrez à nous dans la chapelle axiale
Habile préposée à la vie ecclésiale.
Vous jetez alentours un regard protecteur
Qui, vers le ciel, est pour nous le fil conducteur.
Vous êtes, de Jésus, le vivant reliquaire,
Donnant son sens à mon existence précaire.
Ne permettez pas que de Dieu je me sépare,
De son intimité je veux prendre ma part.
Cantiques à la Vierge Marie (5)
Sache qu’Élisabeth, ta bien vieille cousine,
Vient de concevoir, quand on l’on appelait « stérile ».
C’est son sixième mois et déjà se dessine
Son enfant, car, vois-tu, pour Dieu tout est facile. »
Le message est bref, mais il suffit pour comprendre.
Pourquoi faudrait-il faire une seconde attendre
La réponse que veut l’univers en suspend,
Car je n’oublie pas que d’elle son sort dépend !
Le jour est venu de l’entendre s’exprimer :
La tête inclinée, les bras croisés sur son sein,
« Voici du Seigneur la servante, sublimée,
Qu’il soit fait selon ta parole et ton dessein. »
L’archange a recueilli ces mots comme un nectar
Et va les rapporter au Très-Haut sans retard.
Mais l’Esprit Saint déjà a accompli son œuvre
En Marie, devenue un céleste chef-d’œuvre.
La création est en jubilation.
Bien que restant cachée aux yeux des nations
Jusqu’au jour fixé pour sa révélation,
C'est une espèce de transfiguration.
Satan qui alentour rôdait n’a rien compris.
Il n’a pas remarqué deux oliviers fleuris
Ni que deux chandeliers se trouvaient allumés.
Sans qu'il en soit conscient, il a été plumé !
Sa cause par ce « oui » est à jamais perdue.
Il n’a pas vu venir le Sauveur attendu.
Il est beaucoup trop fier pour capter le mystère
Qui va bouleverser en profondeur la terre.
Cantiques à la Vierge Marie (4)
L’armée des justes de la primitive Alliance,
Regroupés auprès du Sein d’Abraham, leur père,
Voient pointer enfin le jour de leur délivrance,
Ils retiennent tous leur souffle, car ils espèrent.
« Hâtez-vous ! Voyez que notre attente est trop dure
À porter, disent-ils à la Vierge Marie.
À vos décisions, chaque âme se confie.
Vous ratifierez le choix, nous en sommes sûrs. »
« Tu es la gloire de Jérusalem » la sainte,
« La joie d’Israël et l’honneur de notre peuple ».
« Et grâce à l’Esprit, tu vas devenir enceinte
Pour que le ciel par nous déserté se repeuple. »
Toutes les hiérarchies célestes au grand complet
Sont concentrées sur le lieu de Promission,
Où la vierge a reçu l'unique mission.
Donc qu’elle dise : « En ta Volonté, je me plais. »
Mais Gabriel reprend la parole : « L’Esprit
Viendra sur toi et son ombre te couvrira
Et du Fils de Dieu tu deviendras le pourpris.
Dieu est Saint, en tant qu’homme aussi il le sera.
Cantique à la Vierge Marie (2)
C’est mystère pour moi qui ai toujours voulu
Accomplir en tout ta très sainte Volonté,
Mais je vois bien que tu me choisis par Bonté
Et que tu as jeté sur moi ton dévolu. »
L'annonce la surprend, car de devenir mère,
Nul n’avait évoqué ce sujet jusque-là.
Marie voulait vivre en restant dans le sillage
De son Dieu, disparaître, effacée, et se taire.
L’Esprit Saint a vu sa haute pureté
Et a préparé des épousailles mystiques.
Il savait que son Fils aurait pour sûreté
Un tabernacle alors déjà eucharistique.
Or, la voici tout de go qualifiée de Mère
De ce Messie dont la venue serait prochaine.
C’est l’Amour de Dieu pour ses fils qui se déchaîne
Apportant un terme à un état éphémère.
L’humanité était privée d’éternité.
La jeune fille va en son sein abriter
Notre Sauveur grâce à l’action du Paraclet
Corroborée dans les vertus qu’elle exhalait.
— 1 —
De toute éternité Dieu vous choisit pour être
Vrai paradis terrestre au tout nouvel Adam,
De celui par qui nous, les humains, recevons l’être,
Et qui du contingent gagnons le transcendant.
L’archange Gabriel, dans un flot de lumière,
Vient rencontrer la vierge, abîmée en prière,
Au lieudit Nazareth. Elle est dans sa chaumière.
Il lui annonce que sa lignée est princière.
Gabriel dit : « Voici que tu enfanteras. »
Aussitôt Marie a en mémoire l’oracle :
Du prophète Isaïe : « La vierge concevra
Un fils », dit l’Emmanuel. Elle croit au miracle.
Puis l’archange dit : « Il sera Fils du Très-Haut.
Il succédera au grand roi David, son Père,
Son règne s’étendra à la lignée entière
De Jacob, mais il ne fera pas de vieux os. »
Cette vierge, c’est elle, ô suprême évidence !
Elle l’est restée, et ce n’est pas qu’apparence.
Mais sa surprise va cependant s’exprimer
À haute voix, dans un dialogue avec l’Aimé :
« Comment cela peut-il être ? Je ne connais
Point d’homme ! J’épouse, il est vrai, Joseph sous peu
Mais que nous nous soyons engagés tous les deux
À rester chastes à tout jamais, tu le sais.
Et comme un voyageur qui arrive de loin
Je découvre en intrus mon paysage humain.
Supervielle, Le paysage humain.
Moi de même, mon Sauveur, je Vous en prie par ce décapité,
Ayez pitié de ceux que j'aime, de peur qu'ils ne meurent dans leur incrédulité,
Et pour qu'ils entendent comme moi, avant l'heure où la Sentence s'exécute,
Votre voix qui leur dit : Paul, je suis ce Jésus que tu persécutes.
Paul Claudel, Corona benignitatis anni Dei, Le groupe des apôtres : saint Paul.
Depuis la ziggourat sinistre de Babel
Immortalisée par le pinceau de Bruegel
L'homme est fasciné par ce qui a trait au ciel
En traduit l'attrait en des projets démentiels
Jadis en Haute Égypte l’humble Vallée des Rois
Fut pour l'imaginaire artistique une proie
Facile à saisir qui devint la pyramide
Se développant elle revêtit de chlamydes
Les rives du Nil et le plateau de Gizeh
Comment cette forme a-t-elle pu aiguiser
L'art religieux des fiers enfants de Kukulcán
À Chichén Itza, comme à Teotihuacán
Certes la symbolique des deux n'est pas la même
À la divinité pourtant elle ramène.
La pyramide du maya n'est pas la tombe,
Elle n’est solitaire, mais de suite retombe
Écrasant de son haut un univers éteint.
Au Yucatán c'est pour un tout autre destin
Il ne s’agit pas d’un solennel obituaire
Mais elle conduit pas à pas jusqu’au sanctuaire
Qui, cherchant à atteindre l'empyrée, le couronne
À ses pieds s'étend la place aux mille colonnes
Plus loin le Temple des Tigres, un puits sacré,
Témoignent qu'ici tout est aux dieux consacré
L'homme de cet empire a formé à son gré
Un monument qui est cultuel et à degrés
Comme ailleurs aussi pour l’antique Saqqara
Qui reflétait Râ comme le fait du baccarat