L’Église catholique n’est pas seulement l’Église latine, de loin la plus importante numériquement, mais un ensemble de vingt-deux Églises de droit propre, dont vingt et une sont de rite oriental et suivent cinq traditions différentes : alexandrine, antiochienne, arménienne, chaldéenne, constantinopolitaine. Le rite « est le patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire qui distingue parla culture et les circonstances historiques des peuples et qui s’exprime par la manière propre à chaque Église de droit propre de vivre la foi » (Code des canons des Églises orientales, canon 28 § 1).
Les Églises de tradition alexandrine
1. L'Église copte (de l'arabe qoubt, corruption du grec aiguptios ou Égyptiens), qui poursuit la tradition de l’Église autochtone d’Égypte, qui s’opposa à la politique de l’Empereur de Constantinople et aux décisions du concile de Chalcédoine. Les premiers contacts avec l’Église romaine datent d’une mission dominicaine provenant de Terre Sainte, au XIIIe siècle. Une première tentative d'union de l'Église copte orthodoxe avec Rome a lieu pendant le concile de Florence (1438-1445) où deux légats patriarcaux signèrent l'acte d'union. Mais celle-ci ne fut jamais effective bien que les contacts entre Rome et l’Église copte aient été presque permanents. En 1630 une mission de capucins s'établit au Caire. En 1675, franciscains et jésuites suivent. La préfecture franciscaine de Haute-Égypte prend corps. En 1742, le Saint-Siège érige un vicariat apostolique confié au clergé indigène. Léon XII établit en 1824 un patriarcat copte catholique, mais cette union est sans lendemain. Le patriarcat d’Alexandrie pour les Coptes catholiques ne devient effectif qu'en 1895 (constitution apostolique Christi Domini de Léon XIII), avec la création de trois diocèses. L'Église copte compte de nos jours cinq éparchies (l’équivalent oriental des diocèses) en Égypte (Assiout, Ismaïlia, Louqsor, Minieh et Sohag), et une faible émigration.
2. L'Église éthiopienne catholique continue l’histoire de la chrétienté éthiopienne qui remonte au IVe siècle. Elle résulte de premiers efforts déployés par les Portugais au XVIe siècle. En 1545, un ambassadeur éthiopien demande un patriarche au roi Jean III du Portugal, qui pense aux jésuites, récemment fondés. Le P. Nuñez Barreto est nommé patriarche, mais au vu des difficultés rencontrées par l’expédition missionnaire, il attend à Goa d’où il envoie en 1557 un évêque et des religieux. Le roi Susenyos se convertit en 1622, et le pape Grégoire XV nomme Alfonso Mendez, S.J., patriarche de l'Éthiopie (1623). Mais une réaction violente s'ensuit et l'union est rompue en 1632 par le successeur de Susenyos. Les tendances latinisantes des missionnaires y étaient pour quelque chose. Des tentatives discrètes sont entreprises en 1839 par les Lazaristes conduits par le bienheureux Justin de Jacobis, nommé préfet apostolique, et par les Capucins, mais une violente persécution (1855-1868) entrave cet effort et bien des convertis retournent au schisme. Les missions catholiques ne jouissent de la paix qu'en 1889. L'occupation italienne (1937-1945) sera profitable à ces missions et permettra une réorganisation ecclésiastique : trois préfectures apostoliques (Gondar, Dessje et Tigré) sont créées tandis que trois vicariats apostoliques (Addis Abéba, Harar et Jimma) et la préfecture de Negelli relèvent de la Congrégation de Propaganda Fide. L'exarchat d'Addis Abéba est créé en 1951, puis élevé au rang de métropole dix ans plus tard. Le principal séminaire, fondé en 1481, se trouve au Vatican.
(à suivre…)