Être témoin du Christ
Tout baptisé est appelé à poursuivre la mission que le Christ a inaugurée sur la terre. Peu avant de quitter ce monde il a dit : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tous les commandements que je vous ai donnés » (Matthieu 28, 19-20).
Le Seigneur le dit à tout le monde et non à un petit groupe de privilégiés ou uniquement au clergé. Le concile Vatican II (1962-1965), le concile étant une réunion des évêques de l’Église catholique, a proclamé solennellement l’appel de tous les baptisés à la sainteté et à l’apostolat. Apostolat » vient du grec apostolos, « envoyé ».
Ce que saint Paul dit de lui-même s'applique à tout chrétien : « Annoncer l’Évangile, en effet, n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l’Évangile ! » (1 Corinthiens 9, 16). Le Seigneur avait ordonné à ses apôtres de « proclamer sur les toits » ce qu'il leur avait dit (Matthieu 10, 27). Le concile Vatican II a souligné l'importance de l'apostolat des laïcs, auquel il consacre un décret spécifique, Apostolicam actuositatem, « l’activité apostolique ». En vertu du sacerdoce commun que tous les fidèles ont reçu à leur baptême, il leur revient de travailler « à faire connaître à tous les hommes partout sur la terre le message divin du salut et à le faire accepter par eux » (n° 3), chacun à la place qu'il occupe dans le monde, dans son milieu de travail, sa vie familiale et sociale, etc.
Alors que bien des gens n’hésitent pas à faire étalage de leurs turpitudes, le chrétien ne peut pas garder son drapeau dans la poche. Il a le devoir de proclamer la vérité, de rendre compte de sa foi qui fait sa fierté. « Prêche la parole, insiste à temps et à contre-temps, convaincs, reprends, exhorte en toute partience et avec le souci d’enseigner » (2 Timothée 4, 2).
Le serviteur de Dieu Jean-Paul II nous a convoqués à une « nouvelle évangélisation ». Elle est nécessaire parce que chaque génération doit recevoir l’annonce de l’Évangile. Elle l’est aussi parce que de nos jours se produit avec force la situation que saint Paul annonçait : « Un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; au gré de leurs désirs, ils détourneront leurs oreilles de la vérité pour se tourner vers les fables » (2 Timothée 4, 3-4).
Le chrétien qui vit sa foi, qui se sent aimé de Dieu et aime, ou s’efforce d’aimer Dieu en retour, n’a qu’une envie : faire connaître cet Amour à ceux qui l’entourent, aider les autres à faire ressortir l’image et la ressemblance de Dieu auxquelles ils ont été créés (voir Genèse 1, 27), en leur donnant Dieu. « Celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu », souligne Benoît XVI, qui cite la bienheureuse Teresa de Calcutta affirmant que « la première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ » (Benoît XVI, Message pour le carême 2006).
« Allez prêcher l’Évangile… Je serai avec vous… » — Voilà ce qu’a dit Jésus… et il te l’a dit à toi » (St Josémaria, Chemin, n° 904).
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Le monde a besoin de saints
Le monde a besoin de saints
Voici un texte de Charles Péguy, qui pourrait bien s’appliquer à notre époque, en remplaçant « quatorze siècles » par « vingt siècles ». Tiré du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, il est mis par l’auteur dans la bouche de Jeannette. Ses propos peuvent paraître pessimistes. Nous pouvons les tempérer avec ce que le pape Jean-Paul II disait : « Dieu est en train de préparer pour le christianisme un grand printemps, que l’on voit déjà poindre », parce que « les peuples ont tendance à se rapprocher progressivement des idéaux et des valeurs évangéliques » (exhortation apostolique Redemptoris missio).
« Ô mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne. Si on voyait seulement se lever le soleil de votre règne. Mais rien, jamais rien. Vous nous avez envoyé votre Fils, que vous aimiez tant, votre Fils est venu,qui a tant souffert, et il est mort, et rien, jamais rien. Si on voyait poindre seulement le jour de votre règne. Et vous avez envoyé vos saints, vous avez appelé chacun par leur nom, vos autres fils les saints, et vos filles les saintes, et vos saints sont venus, et vos saintes sont venues, et rien, jamais rien. Des années ont passé, tant d’années que je n’en sais pas le nombre ; des siècles d’années ont passé ; quatorze siècles de chrétienté, hélas, depuis la naissance, et la mort, et la prédication. Et rien, rien, jamais rien. Et ce qui règne sur la face de la terre, rien, rien, ce n’est rien que la perdition. Quatorze siècles (furent-ils de chrétienté), quatorze siècles depuis le rachat de nos âmes. Et rien, jamais rien, le règne de la terre n’est rien que le règne de la perdition, le royaume de la terre n’est rien que le royaume de la perdition. Vous nous avez envoyé votre fils et les autres saints. Et rien ne coule sur la face de la terre,qu’un flot d’ingratitude et de perdition. Mon Dieu, mon Dieu, faudra-t-il que votre fils soit mort en vain. Il serait venu ; et cela ne servirait de rien. C’est pire que jamais. Seulement si on voyait seulement se lever le soleil de votre justice. mais on dirait, mon Dieu, mon Dieu, pardonnez-moi,on dirait que votre règne s’en va. Jamais on n’a tant blasphémé votre nom. Jamais on n’a tant méprisé votre volonté. Jamais on n’a tant désobéi. Jamais notre pain ne nous a tant manqué ; et s’il ne manquait qu’à nous, mon Dieu, s’il ne manquait qu’à nous ; et s’il n’y avait que le pain du corps qui nous manquait, le pain de maïs, le pain de sigle et de blé ; mais un autre pain nous manque ; le pain de la nourriture de nos âmes ; et nous sommes affamés d’une autre faim ; de la seule faim qui laisse dans le ventre un creux impérissable. Un autre pain nous manque. Et au lieu que ce soit le règne de votre charité, le seul règne qui règne sur la face de la terre, de votre terre, de la terre de votre création, au lieu que ce soit le règne du royaume de votre charité, le seul règne qui règne, c’est le règne du royaume impérissable du péché. Encore si l’on voyait le commencement de vos saints, si l’on voyait poindre le commencement du règne de vos saints. Mais qu’est-ce qu’on a fait, mon Dieu, qu’est-ce qu’on a fait de votre créature, qu’est-ce qu’on a fait de votre création ? Jamais il n’a été fait tant d’offenses ; et jamais tant d’offenses de sont mortes impardonnées. Jamais le chrétien ‘a fait tant d’offense au chrétien, et jamais à vous, mon Dieu, jamais l’homme ne vous a fait tant d’offense. Et jamais tant d’offense n’est morte impardonnée. Sera-t-il dit que vous nous avez envoyé en vain votre fils, et que votre fils aura souffert en vain, et qu’il sera mort. et faudra-t-il que ce soit en vain qu’il se sacrifie et que nous le sacrifions tous les jours. Qu’est-ce qu’on a fait du peuple chrétien, mon Dieu, de votre peuple. Et ce ne sont plus seulement les tentations qui nous assiègent, mais ce sont les tentations qui triomphent ; et ce sont les tentations qui règnent ; et c’est le règne de la tentation ; et les règne des royaumes de la terre est tombé tout entier au règne du royaume de la tentation ; et les mauvais succombent à la tentation du mal, de faire du mal ; de faire du mal aux autres ; et pardonnez-moi, mon Dieu, de faire du mal à vous ; mais les bons, ceux qui étaient bons, succombent à une tentation infiniment pire : à la tentation de croire qu’ils sont abandonnés de vous. Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, mon Dieu délivrez-nous du mal, délivrez-nous du mal. S’il n’y a pas eu encore assez de saintes et assez de saints, envoyez-nous en d’autres, envoyez-nous en autant qu’il en faudra ; envoyez-nus en tant que l’ennemi se lasse. Nous les suivrons, mon Dieu. Nous ferons tout ce que vous voudrez. Nous ferons tout ce qu’ils voudront. Nous ferons tout ce qu’ils nous diront de votre part. nous sommes vos fidèles ; envoyez-nous vos saints ;nous sommes vos brebis, envoyez-nous vos bergers ; nous sommes le troupeau, envoyez-nous les pasteurs. Nous sommes des bons chrétiens, vous savez que nous sommes des bons chrétiens. Alors comment ça se fait que tant de bons chrétiens ne fassent pas une bonne chrétienté. Il faut qu’il y ait quelque chose qui ne marche pas. Si vous nous envoyiez, si seulement vous vouliez nous envoyer l’une de vos saintes. Il y en a bien encore. On dit qu’il yen a. On en voit. On en sait. On en connaît. Mais on ne sait pas comment ça se fait. Il a des saintes, il y a de la sainteté, et ça ne marche pas tout de même. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Il y a des saints, il y a de la sainteté, et jamais le royaume de la perdition n’avait autant dominé sur la face de la terre. Il faudrait peut-être autre chose, mon Dieu, vous savez tout. Vous savez ce qui nous manque. Il nous faudrait peut-être quelque chosée nouveau,quelque chose qu’on n’aurait encore jamais vu. Quelque chose qu’on n’aurait encore jamais fait. Mais qui oserait dire, mon Dieu, qu’il puisse encore y avoir du nouveau après quatorze siècles de chrétienté, après tant de saintement saints, après tous vos martyrs, après la passion et la mort de votre fils. » -
Journée Mondiale de la Jeunesse2006
Journées Mondiales de la Jeunesse (J.M.J.)
À l’initiative du pape Jean-Paul II (1978-2005), des jeunes se réunissent pour prier et échanger tous les ans depuis 1985. Une année sur deux, la rencontre a lieu dans les différents diocèses du monde. L’année suivante, un rassemblement des jeunes du monde entier est organisé dans une ville donnée.
Après Cologne en août 2005, les J.M.J. ont lieu cette année dans les diocèses, le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, c’est-à-dire le 9 avril prochain.
Le thème retenu par le pape Benoît XVI est le verset 105 du psaume 119 : « Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route ». « La présence aimante de Dieu, à travers sa parole, est une lampe qui dissipe les ténèbres de la peur et éclaire le chemin, même dans les moments les plus difficiles », écrit le pape.
Il exhorte les jeunes — mais cela vaut pour tous les chrétiens — a « devenir des familiers de la Bible », pour qu’elle devienne « une boussole qui indique la route à suivre ». Cette lecture ne doit pas rester purement intellectuelle : elle marque une route à suivre : « La lecture, l’étude et la méditation de la parole doivent ensuite déboucher sur l’adhésion d’une vie conforme au Christ et à ses enseignements. »
On sait que, pour les chrétiens, le Christ est la Parole, le Verbe de Dieu, incarné, devenu homme, étant lui-même la seconde Personne du Dieu trinitaire. Voici l’itinéraire de la vie chrétienne : « Cherche le Christ, trouve le Christ, aime le Christ. » — Ce sont trois étapes très distinctes. As-tu essayé, au moins, de vivre la première ? » (saint Josémaria, Chemin, n° 382).
Les J.M.J. à Longchamp, en 1997 -
Le rôle de Marie
10. Le rôle unique de la Vierge Marie, Mère de Dieu, dans l'Incarnation.
a) De toute éternité Dieu a choisi Marie pour être la Mère de son Fils, en comptant sur sa libre coopération. « Le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant contribué à l’œuvre de mort [Ève en commettant le péché originel], une femme contribuât aussi à la vie » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 56).
Nous disons « de toute éternité », car Dieu est en dehors du temps, dans un présent éternel.
La Vierge Marie a coopéré au salut des hommes avec sa foi et son obéissance libres et prononcé son « oui » au nom de toute la nature humaine, devenant ainsi la « nouvelle Ève », la « mère de tous les vivants » (Genèse 3, 20). Si Marie se trouve du côté de ceux qui sont sauvés, étant elle-même rachetée par avance du péché originel en vue de sa maternité divine, elle se trouvait ainsi « particulièrement prédisposée à la coopération avec le Christ, médiateur unique du salut de l’humanité » (Jean-Paul II, encyclique (La Mère du Rédempteur) , n° 39).
b) La mission de Marie a été préparée par celle des saintes femmes de l’Ancienne Alliance, héritières de la promesse faite à Ève d’une descendance qui sea victorieuse du Malin (voir Genèse 3, 15). Marie « occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de Lui avec confiance. Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 55), celle du salut enfin donné aux hommes.
c) En vue de devenir la Mère de Dieu, la Vierge a été comblée de grâce par Dieu. C’est ainsi que l’archange saint Gabriel la salue : kecharitoméné, grec « objet de la faveur de Dieu ». « Réjouis-toi, [kecharitoméné], le Seigneur est avec toi » (Luc 1, 28). Ce mot est traduit habituellement par « pleine de grâce », comme dans la prière du « Je vous salue Marie ». Participe parfait en grec, il indique une qualité stable de la Sainte Vierge, son nomen gratiæ, « nom de grâce ». Marie est, par excellence, la « pleine de grâce ». Marie a reçu une quantité de grâces qui dépasse de beaucoup celle de toute autre créature, et correspond à sa condition de Mère de Dieu.
La plénitude de grâce de la très Sainte Vierge signifie qu’après l’humanité du Christ elle a été sanctifiée par la grâce comme aucune autre nature créée ; elle participe d’une manière particulière à la vie divine de la Sainte Trinité, comme Fille de Dieu le Père, Mère de Dieu le Fils et Épouse de Dieu le Saint-Esprit.
(à suivre…) -
Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge
Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge
La première édition de cet ouvrage date de 1843, alors qu’il a été rédigé par saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) décédé près de cent trente ans plus tôt. Le titre a été imaginé par l’éditeur et ne correspond en réalité qu’à la première partie du livre, sur la dévotion envers Marie. Mais l’auteur se propose de faire découvrir dans la deuxième partie une « grande et solide dévotion », non la dévotion envers Marie en général : « parmi toutes les vraies et véritables dévotions à la Sainte Vierge quelle est la plus parfaite, la plus agréable à la Sainte Vierge, la plus glorieuse à Dieu et la plus sanctifiante pour nous, afin de nous y attacher ». Grignion de Montfort présente par là un véritable itinéraire de vie spirituelle.
Cette remarque est faite par un montfortain, le Père Bernard Guitteny, dans un article qu’il publié dans la Nouvelle Revue de Théologie 127 (2005), p. 403-426, sous le titre « Le texte authentique du Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge de saint Louis-Marie Grignion de Montfort ».
Le P. Guitteny relève aussi que l’éditeur de 1843, suivi depuis lors, a porté des corrections et biffé des lignes du manuscrit original, le deuxième paragraphe du texte étant purement et simplement omis. Rétablir le texte original permet de rectifier ce que saint Louis-Marie Grignion de Montfort dit de Marie en rapport avec le second avènement de Jésus. Il ne se réfère pas à la fin des temps mais au fait que c’est par Marie que Jésus doit régner dans le monde. « Le règne de Jésus-Christ ne sera qu’une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très Sainte Vierge », écrit Grignion de Montfort qui entend contribuer au règne de Jésus-Christ par la pratique de la dévotion envers Marie qu’il propose.
Enfin le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, tel que nous le connaissons, comporte un acte de consécration à Marie qui, selon le P. Guitteny, n’est pas de Grignion de Montfort. Cet acte est une « consécration de soi-même à Jésus-Christ, la Sagesse éternelle, par les mains de Marie », qui entraîne le renouvellement des promesses du baptême et la « petite offrande de mon esclavage » que Marie doit remettre à Jésus. Or, pour Grignion de Montfort, il s’agit d’une consécration » d’un niveau de perfection bien plus élevé qu’un simple renouvellement des promesses baptismales, celui d’une démarche consistant à se consacrer « tout ensemble à la très Sainte Vierge et à Jésus-Christ » (non à l’un par l’autre), ce que chacun est appelé à réaliser au niveau de vie spirituelle auquel il se trouve : « Dieu ne donne pas sa grâce également forte à tous quoiqu il la donne suffisante à tous ».
Ces précisions sont utiles, car elles permettent de mieux saisir la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort expurgée des scories que le temps lui a attachées. -
Gloire de Dieu, gloire des hommes
Gloire de l’homme ou gloire de Dieu
La glorification de Dieu. La gloire de Dieu se trouve avant tout dans la perfection infinie de la Sainte Trinité, Dieu unique en trois Personnes. « La gloire, je ne la reçois pas des hommes » (Jean 5, 41), dit le Christ. Elle fait partie de sa nature divine. Par essence, Dieu est dans la gloire, Dieu est la gloire elle-même, puisque tous les attributs ou propriétés de Dieu en lui se confondent avec son Être absolu et éternel. Ils sont Dieu. Jésus déplorera que les hommes ne le reçoivent pas alors qu’il vient au nom de son Père, tandis qu’ils reçoivent celui qui vient en son propre nom. Puis il ajoute : « Comment pourrez-vous croire, vous qui recevez la gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? » (Jean 5, 43).
L’Ascension de Jésus-Christ au ciel, c’est-à-dire sa montée au ciel avec son corps par sa propre puissance, est la glorification complète de sa sainte Humanité par laquelle, en tant qu’instrument uni à sa divinité, Dieu opéré la Rédemption de l’humanité, la rachetant du péché.
C’est à partager cette gloire éternelle que la création est invitée. « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » (Psaume 19 [18], 2). Mais la gloire de Dieu se reflète surtout dans ses saints et se trouve proclamée quand l’Église élève l’un ou l’autre de ses enfants sur les autels : « Tu es glorifié dans l’assemblée des saints : lorsque tu couronnes leurs mérites, tu couronnes tes propres dons » (Préface des saints I).
Il est demandé à l’homme : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31). Saint Paul revient sur cette exhortation dans son épître aux Colossiens (3, 17) : « Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père. » Agir pour la gloire de Dieu est l’objectif premier du chrétien.
Or, l’homme a facilement tendance à rechercher sa propre gloire, à se substituer à Dieu en quelque sorte, à détourner ce qui lui revient de plein droit. En effet, « qui te distingue ? Et qu’as-tu que tu ne l’aies reçu ? » (1 Corinthiens 4, 7), sous-entendu de Dieu, créateur de toutes choses.
La tentation est vieille comme le monde. « Si vous désirez la gloire, soyez avides de la vraie gloire. Qu’est-ce que la gloire lorsqu’elle engendre l’infamie ? Qu’est-ce que la gloire, lorsque vous êtes forcés de rechercher les louanges de vos inférieurs, et que vous en avez besoin ? C’est un honneur de jouir de la gloire qui vient de plus grand que soi. Si vous aimez vraiment la gloire, aimez celle qui vient de Dieu. Si, par amour de Dieu, vous dédaignez celle qui vient des hommes, vous verrez combien celle-ci est méprisable. Tant que vous ne comprenez pas cette gloire qui vient de Dieu, vous ne verrez pas combien la gloire qui vient des hommes est honteuse et ridicule » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des apôtres 18, 3). Et le même auteur d’ajouter que « l’homme qui agit en vue d’une gloire humaine abandonnera vite la pratique de la vertu. En effet, s’il aspire aux louanges des hommes, il fait ce qu’ils veulent, et non ce qu’il voudrait lui-même », moins encore ce que Dieu attend de lui, en réponse au don de la vie, au don de son Fils sur la Croix pour nous tirer du péché, au don de la grâce.
« Tout ce qui passe et ne tourne pas à la gloire de Dieu est néant, et en-dessous même du néant » (sainte Thérèse d’Avila, Vie 20, 26), parce que cela ne conduit ni à croire ni à aimer. Or, la finalité suprême de l’homme reste d’aimer « le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit […] et ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22, 37.39). Que l’homme cherche Dieu, voilà qui est conforme à sa nature d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (voir Genèse 1, 27).
Face à cette tentation, vieille comme l’humanité, l’homme serait bien inspiré de répéter : « Non pas à nous, Yahvé, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire » (Psaume 115 [113A], 1).
La gloire humaine ne dure qu’un temps et est toujours fragile. Elle est suspendue au cours des événements. Elle peut étourdir, certes, mais quand elle cesse, l’homme se retrouve dans une solitude affreuse. Sa mort ne sera sans doute pas celle du roi Hérode, à Césarée. Ayant pris pour agent comptant les acclamations du peuple « c’est un dieu qui parle, et non un homme ! » « à l’instant même, un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas rendu gloire à Dieu, et, devenu la proie des vers, il expira » (Actes 12, 22-23). Mais le retour à la réalité n’en sera pas moins dur : « Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras à la poussière » (Genèse 3, 19).
(à suivre…) -
Être saint
Que veut dire « être saint » ?
« Voici quelle est la volonté de Dieu, votre sanctification » (1 Thessaloniciens 4, 3). Cette affirmation de saint Paul résume à la fois le plan de la Sainte Trinité par rapport à l’homme et la raison de notre existence sur terre. Le concile Vatican II parle de l’appel universel à la sainteté en ces termes : « Le Seigneur Jésus, Maître et Modèle divin de toute perfection a prêché cette sainteté de la vie […] à tous et à chacun de ses disciples, quelle que soit sa condition : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 48). […] Il est donc clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité » (constitution dogmatique Lumen gentium, « la lumière des nations », n° 40).
Or, l’Écriture ne cesse d’affirmer que Dieu est saint. Comment dans ces conditions prétendre à la sainteté ? C’est pourtant la volonté de Dieu, qui doit se traduire par une aspiration au progrès spirituel, à une amélioration de nos relations personnelles avec Dieu, au perfectionnement de notre vie. Il n’existe pas de sainteté médiocre. Ç’en serait l’antithèse. La sainteté se trouve dans les hauteurs, dans les sommets, dans le dépassement de soi.
Mais elle n’est pas le fruit du volontarisme. Elle résulte de la grâce de Dieu, qui est toujours première et, faut-il le souligner, acquise d’avance. Puisque Dieu veut notre sainteté, il nous en donne les moyens, il « se donne » lui-même à nous : grâce sanctifiante reçue au baptême et appelée croître tout au long de notre vie, vertus théologales de foi, espérance et charité, vertus morales de force, justice, prudence et tempérance, dons et fruits du Saint-Esprit, grâces actuelles, grâces propres à chaque sacrement, présence réelle du Christ dans l’Eucharistie et dans la réserve eucharistique gardée dans le tabernacle, trésor des indulgences…
La sainteté résulte donc de la grâce et de la réponse personnelle, libre et volontaire, de chaque homme. C’est là où le bât blesse, car Dieu ne veut pas nous contraindre à être saints : il respecte notre liberté. Il prépare les choses de sorte que nous soyons en mesure de lui dire « oui », de faire des efforts pour nous améliorer et le suivre. Mais il ne s’impose jamais. Puisque « la condition humaine, que nous l’admettions ou non, consiste [à servir], il n’est rien de meilleur que de se savoir esclaves de Dieu par Amour. Car nous perdons alors la condition d’esclaves ; nous devenons des amis, des fils. C’est en cela qu’apparaît la différence : nous faisons face aux honnêtes occupations du monde avec la même passion, le même enthousiasme que les autres, mais avec la paix au fond de l’âme ; avec joie et sérénité, y compris dans les contradictions, car nous ne mettons pas notre confiance dans ce qui passe, mais dans ce qui reste pour toujours » (st Josémaria, Amis de Dieu , n° 35).
Vouloir devenir saint, c’est ne pas se contenter d’être le chrétien que l’on est, et de se stabiliser à un niveau donné de pratique de la foi : messe dominicale, peut-être même quotidienne, prière régulière, sacrifices ou mortifications habituels, souci du prochain… Vivre la sainteté pour de bon consiste à « aspirer aux dons supérieurs » (1 Corinthiens 12, 31), comme l’écrit saint Paul.
C’est donc rechercher la perfection en toute chose, l’excellence. N’est-ce pas d’ailleurs ce à quoi le Seigneur nous invite explicitement quand il résume les commandements dans celui d’aimer Dieu « de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Matthieu 22, 38). Il n’attend pas que nous l’aimions un peu, beaucoup, énormément, mais de tout notre être, sans restriction aucune, sans réserve.
En définitive, la sainteté, c’est cela : tout faire d’abord et avant tout par amour de Dieu, pour lui faire plaisir, c’est que nous « fassions ce qui est agréable à ses yeux » (1 Jean 3, 22). C’est demander inlassablement à Dieu de nous donner sa grâce pour progresser, nous améliorer. Il ne nous la refusera pas : « Qui demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe, on ouvrira » (Matthieu 7, 8). -
Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (2)
L’Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (suite et fin)
La restauration de l’Ordre du Saint-Sépulcre. Après avoir restauré le patriarcat latin (lettre apostolique Nulla celebrior, 23 juillet 1847), Pie IX réorganise l'Ordre (bref Cum multa, 24 janvier 1868). Pour la première fois depuis quatre siècles, un patriarche de Jérusalem est nommé, en la personne de Mgr José Valerga, qui reçoit l'administration de l'Ordre dans ses prérogatives. Léon XIII étend aux dames le droit d'appartenir à l'Ordre (bref, 3 août 1888). Les nouveaux statuts sont signés à Jérusalem le 6 avril 1892.
Pie X confirme les privilèges de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem et se réserve le titre de Grand Maître (lettre apostolique Quam multa, 3 mai 1907). Le patriarcat de Jérusalem souffre beaucoup de la première guerre mondiale. Benoît XV bénit le projet de restauration et approuve la fondation de l'Œuvre de la préservation de la foi, unie à l'Ordre du Saint-Sépulcre. L'Ordre prend alors le titre d'Ordo Equestris Sancti Sepulcri Hierosolymitani, ou Ordre chevaleresque du Saint-Sépulcre de Jérusalem (sacrée congrégation de la Cérémoniale, décret du 5 août 1931). Pie XI approuve les statuts réformés (19 mars 1932). Pie XII les modifie et confie la grande maîtrise à un cardinal (lettre apostolique Quam Romani Pontifices, 14 septembre 1949).
Le 8 décembre 1962, Jean XXIII approuve la mise à jour des statuts et assigne à l'ordre la mission de travailler à promouvoir le progrès de la foi en Terre Sainte. De Paul VI est cette invitation : « Continuez à aimer ces Lieux Saints, d'une prédilection toujours plus intense et plus pieuse […] continuez à y promouvoir les œuvres de religion, d'instruction, de charité qui y attestent la présence tenace et amoureuse de l'Eglise catholique; augmentez, si possible, votre effort de bienfaisance spirituelle et corporelle pour ces populations […]; et faites-leur voir que votre Croisade veut être celle de la charité, de la concorde, de la paix; celle de l'Évangile du Christ » (Allocution à des membres du Saint-Sépulcre, 30 mai 1964).
L'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem de nos jours. Les statuts approuvés par Paul VI le 8 juillet 1977 n'ont fait que confirmer cette mission. L'Ordre du Saint-Sépulcre est l'un des trois seuls Ordres de chevalerie officiellement reconnus par le Saint-Siège et par les États (le gouvernement français l'a reconnu en 1928).
Il est placé sous l'autorité du cardinal Grand Maître — actuellement S. Em. le cardinal Caprio — qui le dirige au nom du Pontife romain et qui réside à Rome. Il est aidé par le gouverneur général et par le grand magistère, composé de 16 membres de différents pays, et par la Consulta, assemblée comprenant le grand magistère et les Lieutenants de tous les pays. Le grand prieur est de droit le patriarche latin de Jérusalem. L'ordre a son siège près de l'église de St-Onuphre au Janicule, dans un couvent donné par Pie XII, lieu où est mort Le Tasse (auteur de La Jérusalem délivrée).
L'ordre comprend 35 implantations, appelées Lieutenances. 16 en Europe : Allemagne, Angleterre et Galles, Autriche, Belgique, Ecosse, Espagne (Aragon, Catalogne et Baléares, Castille et Léon), Finlande, France, Gibraltar, Hongrie, Italie (centrale, méridionale, septentrionale, Sicile), Monaco, Pays-Bas, Portugal, Suisse); 14 dans les Amériques ; Brésil (Rio de Janeiro, São Paõlo), Canada (Montréal, Québec, Tonronto), Colombie, Equateur, Etats-Unis (sud, nord-est, ouest, est, nord), Mexique, Puerto-Rico) 1 en Océanie (Australie); 2 en Extrême-Orient (Philippines).
Les chevaliers et les dames du Saint-Sépulcre (plus de 10 000) se répartissent en trois classes : classe des chevaliers de Collier et des dames de Collier ; classe des chevaliers, qui se divise dans les grades de chevalier de Grand'Croix, Commandeur avec Plaque, Commandeur, Chevalier; classe des dames, qui se divise dans les grades de dame de Grand'Croix, dame de Commanderie avec Plaque, dame de Commanderie et dame. Choisis, comme le précisent les statuts, parmi les personnes de foi catholique profonde, de conduite morale exemplaire, particulièrement méritantes envers les œuvres catholiques de Terre Sainte ou envers l'ordre, ils sont nommés par le cardinal Grand Maître, le diplôme de nomination devant être muni du visa et du sceau de la Secrétairerie d'État.
L'investiture a lieu après une veillée de prière par l'adoubement selon le cérémonial approuvé par la congrégation des rites (25 juillet 1962).
L'insigne est la croix potencée rouge, cantonnée de quatre croisettes non potencées, dite de Jérusalem. Une ancienne explication en est qu'« en l'honneur de la passion du Christ, par respect envers le Souverain Pontife et par obéissance envers le Vicaire du Christ et les évêques, nous avons adopté « les saintes croix » en l'honneur des cinq plaies de notre Seigneur Jésus-Christ pour nous distinguer parmi les infidèles ».
L’Ordre du Saint-Sépulcre en France. La Lieutenance de France est dirigée par Maître André Damien. Elle comprend dix Régions, qui se divisent en Commanderies, au nombre de deux à cinq, les Régions et les Commanderies étant placées sous la protection d’un saint patron. L’église capitulaire de l’Ordre est l'église de Saint-Leu-Saint-Gilles, à Paris.
La Lieutenance de France assure la garde et la vénération des Saintes reliques de la Passion, dont l'ostension a lieu à Notre-Dame de Paris le premier vendredi de chaque mois, les vendredis de Carême et une bonne partie du Vendredi saint.
Ces dernières années, la Lieutenance de France, par exemple, a aidé à construire à Taybeh (village proche de Jérusalem) un dispensaire, une école (450 élèves) et une maison du pèlerin ; elle soutient des coopérants français, de préférence séminaristes, et participe à la construction d'un complexe scolaire à Reneh, en Galilée.
« Continuez à vénérer la terre sanctifiée par les Patriarches, les Prophètes, par les pas du Fils de Dieu qui s'est fait Fils de l'homme, par les Apôtres, en vous montrant toujours fidèles à l'esprit de vos statuts » (Jean-Paul II à des dirigeants de l'Ordre, 15 mai 1986). Le pape ajoutait : « Je vous félicite pour l'assistance que vous donnez aux institutions scolaires et culturelles du diocèse de Jérusalem […], les écoles contribuent à garantir la présence future de la foi chrétienne dans ces lieux, et présentent une aide appréciable pour la promotion civile, humaine et sociale de ces populations. » -
Dieu est-il injuste ?
Face aux drames que chaque homme connaît, il est fréquent d’entendre dire que Dieu est injuste ou que, puisque des gens sont durement frappés par la maladie, des catastrophes, une mort atroce, Dieu n’existe pas. Pour répondre, le préalable indispensable est de savoir ce qu’est la justice.
En droit, la justice consiste en la volonté de donner à chacun ce qui lui est dû. Élevée au rang de vertu cardinale, la vertu étant une disposition ferme et habituelle à faire le bien, la justice est « la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû » (Catéchisme de l’Église catholique Que nous ayons à donner à Dieu semble facile à comprendre : « C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17, 28), comme saint Paul l’expose aux Athéniens réunis à l’Aréopage. Nous n’existons que par Dieu, créateur du ciel et de la terre. Il est en droit de nous demander de l’écouter et de le suivre, d’autant que sa volonté à notre égard est notre vrai bien : il veut que tous les hommes soient sauvés.
Quant à nous, que pouvons-nous exiger de Dieu ? Que nous doit Dieu ? Rien, absolument rien. Ayant tout reçu de Dieu, que pourrions-nous exiger de lui ? Qui sommes-nous pour réclamer ? Dieu nous est infiniment supérieur. Il n’a aucune dette envers nous. Autrement dit, il n’y aucune injustice dans ce qu’il fait ou permet. « Tu es juste, Seigneur, toutes tes actions sont justes et toutes tes voies sont miséricorde et vérité » (Tb 3, 2).
Que le Seigneur accorde ses grâces à l’un et non à l’autre n’est nullement injuste. C’est son bon plaisir et en même temps le mystère de l’Amour de Dieu qui s’exerce comme il l’entend. « Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est mien ? Ou as-tu l’œil envieux parce que je suis bon ? » (Matthieu 20, 15). C’est la question à laquelle nous devons répondre avec la sincérité de notre conscience.
Si nous sommes favorisés par Dieu, nous lui rendrons grâce. Et si nous ne recevons pas ce que nous désirons, nous le remercierons pareillement, parce que, dans l’un et l’autre cas, il agit envers nous avec sagesse et bonté et que lui seul sait de science absolue ce qui convient à notre bien.
En outre, « l’expérience du passé démontre que la justice ne suffit pas à elle seule et même qu’elle peut conduire à sa propre négation et à sa propre ruine, si on ne permet à cette force plus profonde qu’est l’amour de façonner la vie humaine dans ses diverses dimensions (Jean-Paul II, encyclique Riche en miséricorde, n° 12). Et précisément « Dieu est amour » (1 Jean 4, 16) et n’agit que par pur Amour envers les hommes. -
Séparation et paroisses de Paris
Parmi les nombreux ouvrages parus à l’occasion du centenaire de la Loi du 9 décembre 1905 portant Séparation des Églises et de l’État, je voudrais signaler un livre un peu particulier qui a pour mérite de présenter la façon dont la séparation a été vécue sur le terrain, concrètement à Paris.
L’ouvrage, dû à Jacques Sévenet, est intitulé Les paroisses parisiennes devant la séparation des Églises et de l’État 1901-1908. Il a été publié chez Letouzey & Ané en novembre 2005, avec une préface de Valentine Zuber.
Cette reconstitution historique de la vie des paroisses catholiques à Paris au début du XXe siècle s’appuie sur une documentation riche et diversifiée : bulletins paroissiaux, revues ecclésiastiques, livres de fabrique, Journal officiel, minutes de conférences publiques, rapports de police, etc. L’auteur, curé en région parisienne, commence par un exposé sur la situation de l’Église catholique à Paris à la veillée la loi de Séparation. Puis il présente les acteurs catholiques de la période considérée, à commencer par le cardinal Richard, archevêque de Paris. Dans un troisième chapitre, il présente la typologie du conflit des deux Frances tel qu’il se présente dans les réunions publiques tenues à Paris tout au long de l’année 1905. Il montre ensuite comment ont lieu les inventaires des biens d’Église. La situation créée par la Séparation engendre le désarroi dans une Église qui se sent abandonnée et qui se demande quoi faire de sa liberté et où trouver de l’argent pour vivre. Plus angoissante semble être la question des associations cultuelles, refusées par le saint-siège. Des accommodements sont trouvés ici ou là. Le conseil curial que préside le curé, l’assemblée plénière des évêques de France sont aussi des réponses aux nouveaux besoins.
En conclusion, la Séparation va permettre aux curés parisiens de se libérer de la tutelle administrative et de développer les organisations paroissiales, notamment dans les quartiers les plus défavorisés. En outre, l’auteur prouve que la liberté et la neutralité de l’État ne sont en aucun cas une proclamation d’indifférence de ce dernier à l’égard du phénomène religieux présent sur son territoire.
Une première annexe présente les paroisses parisiennes de l’époque ; une deuxième annexe donne le texte de la loi du 9 décembre 1905.
Une recension plus détaillée de cet ouvrage paraîtra dans un prochain numéro de la revue Zeitschrift für Kirchengeschichte, à Tübingen.