« Elle est dure, cette parole ! » (Jean 6, 60); elle est dure parce que l’homme tombe souvent dans l’illusion de pouvoir « transformer les pierres en pain ». Après avoir marginalisé Dieu, ou l’avoir toléré comme un choix privé qui ne doit pas intervenir dans la vie publique, certaines idéologies ont visé à organiser la société à travers la force du pouvoir et de l’économie. L’histoire nous démontre, de façon dramatique, combien l’objectif d’assurer à tous le développement, le bien-être matériel et la paix en se passant de Dieu et de sa révélation a signifié en fin de compte donner aux hommes des pierres à la place du pain. Le pain, chers frères et sœurs, est « le fruit du travail de l’homme» , et dans cette vérité est renfermée toute la responsabilité confiée à nos mains et à notre intelligence; mais le pain est aussi, et avant tout, le « fruit de la terre », qui reçoit d’en haut le soleil et la pluie: c’est un don à demander, qui nous ôte tout orgueil et nous fait invoquer avec la confiance des humbles : « Notre Père (…), donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » (Matthieu 6, 11).
Benoît XVI, Homélie pour le congrès eucharistique d'Ancône, 11 septembre 2011.