Dans ce triste monde, nous avons au fond un bonheur que n'ont ni les
saints, ni les anges, celui de souffrir avec notre Bien-aimé, pour notre Bien-Aimé. Quelque dure que soit la vie, quelques longs que soient ces tristes jours, quelque consolante que soit la pensée de cette bonne vallée de Josaphat, ne soyons pas plus pressés que Dieu ne le veut de quitter le pied de la Croix... Bonne Croix, disait saint André. Puisque notre Maître a daigné nous en faire sentir, sinon toujours la douceur, du moins la beauté et la nécessité pour qui veut l'aimer, nous ne désirerons pas en être détachés plus tôt qu'il ne le veut... Et pourtant Dieu sait que le jour où cet exil finira sera le bienvenu, car la force est dans mes paroles plus que dans mon cœur.
Charles de Foucauld, Lettre du 6 février 1808, cité dans René Bazin, <em>Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara</em>, Paris, nouvelle édition, 2003, p. 127.

mort, comme au vestiaire on vous donne un habit pour un autre. Oui, ça devait être la mort d'un autre, (...) cet autre, lorsque viendra l'heure de la mort, s'étonnera d'y entrer si facilement, et de s'y sentir confortable.
Chacun de nous a une tâche essentielle dans la vie. Jésus a choisi chacun de nous, individuellement, et il l'a appelé par son nom ! Il n'est personne parmi nous qui n'ait une vocation divine. C'est ce que saint Paul a écrit dans son Épitre aux Éphésiens (4, 7 ; 11-12) (...). D'abord et avant tout, Dieu nous a appelés à l'existence. Il nous a appelés à l'être ! Il nous a appelés, par son Fils Jésus-Christ, à le connaître comme notre Père bien-aimé. Il nous a appelés à être ses enfants. Il nous a appelés à réaliser son plan éternel dans notre vie individuelle, avec Jésus pour guide. Il nous a appelés à être avec Jésus les cohéritiers de son Royaume céleste ! Ce que Dieu notre Père nous offre par son Fils, c'est une nouvelle vie où nous sommes réellement ses enfants avec Jésus pour frère. Un pressant appel à vivre, à aimer, à travailler pour la venue de son Royaume. Et si nous hésitons, si nous sommes désorientés, Jésus s'offre lui-même comme guide quand il dit : « Viens, suis-moi ! » (Luc 9, 59).
On devient enfant de Dieu non par nécessité, mais par le libre usage de on pouvoir : de telle sorte que le don divin offert à tous ne soit pas transmis par la naissance, mais soit accepté par la volonté. Et pour que les terreurs d'une foi encore faible n'empéchâssent personne de devenir enfant de Dieu - la difficulté rend timide l'espérance quand on désire plus qu'on ne croit - le Verbe de Dieu s'est fait chair, afin que par le Verbe incarné la chair même s'élevât jusqu'à Dieu. Et pour nous faire voire que le Verbe incarné n'est autre que le Verbe de Dieu, et qu'il est la chair de notre chair, il a habité parmi nous. En y habitant, il reste Dieu. (...) Il prend notre chair, et il ne perd pas sa dignité propre : Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité, parfait dans sa nature et véritablement doué de la nôtre.
conversion de mon cœur... (...) Tout ce qui n'est pas Dieu ne peut pas remplir mon attente. C'est Dieu même que je demande et que je cherche ; et c'est à vous seul, ô mon Dieu, que je m'adresse pour vous obtenir. Ouvrez mon cœur, Seigneur... (...) Vous seul avez pu créer mon âme : vous seul pouvez la créer de nouveau. Vous seul avez pu y former votre image : vous seul pouvez la reformer et y réimprimer votre portrait effacé, c'est-à-dire Jésus-Christ mon Sauveur, qui est votre image et le caractère de votre substance.
Dans la prison de Tarnow, les prisonniers entassés dans les cellules attendent d'être transférés au camp d'extermination d'Oswiccim (Auschwitz). Un condamné à mort fut amené dans l'une de ces cellules. Il était d'extrême-gauche et il ne croyait pas en Dieu. Il se promenait dans sa cellule, de long en large. Ses camarades lui avaient donné, pour qu'il le lise, un Évangile que l'on avait réussi à leur faire parvenir de l'extérieur. Il commença à le lire. Peu après, lorsque la Gestapo arriva afin de l'amener à l'échafaud, il dit à ses camarades : « Je vous remercie de m'avoir aidé à connaître Dieu le Père. Je n'ai plus le temps de pleurer les péchés par lesquels je l'ai offensé. Faites-le vous-mêmes pour moi. »
Il existe malheureusement un mirage auquel on risque de se laisser prendre : vouloir changer la société en changeant simplement les structures extérieures ou en cherchant uniquement à satisfaire les besoins matériels de l'homme. Et, au contraire, il faut commencer par se changer soi-même en se renouvelant moralement ; en se renouvelant du dedans par l'imitation de Jésus-Christ ; en détruisant les racines de l'égoïsme et du péché qui nichent dans chaque cœur. Des personnes transformées collaborent efficacement à la transformation de la société.