Les Églises orientales catholiques de tradition antiochienne
3. L'Église maronite, ou Église antiochienne syriaque maronite, tire son nom de saint Maron ou Maroun, ascète qui vécut dans la région de Cyr, en Syrie († 410). Le peuple maronite se considère l'héritier spirituel des moines du monastère de Saint-Maroun, (lire la suite)
Histoire - Page 8
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Les 21 Églisescatholiques d'Orient (2)
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3 septembre : st Grégoire le Grand
Saint Grégoire le Grand étant le premier des Pères de l’Église que je présente, il faut commencer par expliquer qui sont les Pères de l’Église. C’est un titre reconnu par les théologiens catholiques aux écrivains ecclésiastiques qui se sont distingués par l’orthodoxie de leur doctrine, la sainteté de leur vie, l’approbation, au moins tacite, de l’Église, et leur ancienneté (jusqu’au VIIIe siècle). On distingue (lire la suite)
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25 août : Libération de Paris
À l'occasion de l'anniversaire de la Libération de Paris,je vous propose une poème sur Paris, capitale.
CAPITALE
Ma capitale, c'est Paris
La ville de tous les prévôts
Cité de tous les grands paris
Où toujours liberté prévaut
Ville capitale
Sise au cœur de l’Île-de-France
Elle marque en tout temps, toute heure
Au pays tout entier de France
Les voies et moyens du bonheur
Ville impériale
Ses enfants sont primesautiers
Mais quand l'épreuve les surprend
S'ils ont oublié le psautier
Ils savent resserrer leurs rangs
Ville conviviale
Ah ! les deux tours de Notre-Dame
S'élançant, droites, vers le ciel
Elles symbolisent son âme
Mieux qu'un quelconque gratte-ciel
Ville cathédrale
La Seine, lente, qui s'y déroule,
Gros succès des chants populaires,
Désigne en permanence aux foules
Son aspect le plus médullaire
Ville fluviale
*
* *
Et Paris est ma capitale
Ville de tous les Marivaux
Parée comme une digitale
Incomparable et sans rivaux
Ville unique
La ville qui sert de repère
Grâce au céleste lanternier
Depuis l’époque de nos pères
Jusques au jugement dernier
Ville féerique
Ah Paris ! Ton peuple toujours
Brille par son intelligence
Suscite la nuit et le jour
Un immense élan d'allégeance
Ville ludique
Les Champs-Élysées, l’Arc, le Louvre
Ménilmuche puis Belleville
De partout le regard découvre
Les mille beautés de ma ville
Ville onirique
Quant au réseau de son métro
Soit il voisine les égouts
Soit il circule sous les eaux
De la Seine sans nul dégoût
Ville dynamique
*
* *
Ma capitale, c'est Paris
La ville de tous les dévots
Où l'on ose un hardi pari
Qui bien une grand messe vaut
Ville audacieuse
Parcourue de frémissements
Elle tire de son histoire
À force de renoncements
Un vaste pécule de gloire
Ville généreuse
Ah ! que de fois dans tes murailles
Le cri — ce cri ! – de liberté
Poussé par une humble piétaille
T'a redonné pleine fierté
Ville victorieuse
Et de Montmartre au Montsouris
Des Arènes jusqu'au Marais
Paris partout à tous sourit
Donne espoir au désemparé
Ville charmeuse
D'Eiffel la généreuse Tour
En inexorable guetteur
Rehaussée de tous ses atours
D'amour s'improvise quêteur
Ville ambitieuse
*
* *
Oui Paris est ma capitale,
Ville de tous les écheveaux
De ses ressources zénithales
Les démêlant aux caniveaux
Ville rebelle
D'Alger à Montevideo
D'Athènes, de Rome à Moscou
On y projette en vidéo
L'aventure des casse-cou
Ville étincelle
Tous ceux qui ont donné leur vie
Afin qu'autrui vive à son tour
Et extériorise à l'envie
Reconnaissance sans détour
Ville fraternelle
Sur la Butte, aux Grands Boulevards
Le titi parisien, railleur
Discourt, impénitent bavard
L'imagination vole ailleurs
Ville spirituelle
Mais quoi qu'on dise quoi qu'on fasse
Paris est bien la capitale
— Qu'on tire à pile ou bien à face —
Du monde. Donc elle est vitale
Ville universelle
Mon oncle Marcel Brion (1895-1984)
Marcel BRION est né le 21 novembre 1895, à Marseille, d’un père avocat, d’origine irlandaise (O’Brien) et d’une mère provençale (Berrin).
De 1908 à 1912, il fait ses études au collège Champittet à Lausanne. C’est dans cette ville que Lilianne Brion-Guerry, son épouse, a obtenu la création de la Fondation-Bibliothèque Marcel Brion). C’est de cette époque que date la devise de sa vie : Ardendo cresco.
Il est ensuite en philosophie au lycée Thiers à Marseille, puis commence des études de droit à Aix-en-Provence, études que la guerre interrompt. Engagé volontaires pour les Dardanelles, il est rapatrié sanitaire, ce qui lui permet d’achever ses études de droit.
C’est de 1924 que datent ses premières publications dans différentes revues : Le Feu, L’Art vivant, Fortunio. Il fait partie de l’équipe fondatrice de la revue Les Cahiers du Sud, auxquels il collaborera trente ans durant.
En 1929 paraissent son premier roman d’histoire, Bartolomé de Las Casas et son premier roman, Le Caprice espagnol. Il voyage beaucoup : Berlin (1928), pays scandinaves (1929, Munich (1930). Toutefois, à partir de 1933, il renonce à tout voyage en Allemagne du fait de la montée du nazisme. Il est au Proche-Orient en 1933-34, où il prépare La Résurrection des villes mortes, et au Caire, où il commence L’Histoire de l’Égypte et écrit un roman, La Folie Céladon. Il séjourne à Londres, Cork, Dublin, Rome et Florence en 1934-1935. Ses Laurent le Magnifique, Michel-ange, Léonard de Vinci s’y préparent. Il se rend aussi chaque automne à Vienne et à Venise et se retrouve fréquemment au bord du lac Léman qui a bercé son enfance.
Ses critiques littéraires en font un passeur de nombreux auteurs étrangers, dont il gagne l’amitié : Thoman Mann, Hemann Hesse, Hofmannsthal, Italo Selvo, Moretti, Unamuno, Eugenio d’Ors, Miguel Angel Asturias, Joyce, Walter Benjamin. S’il a rencontré Guillaume Apollinaire lors de la mobilisation, en août 1914, il a noué aussi des liens d’amitié avec Charles Du Bos, Blaise Briod, Giovanni Papini, Jacques Maritain. En Suisse, il fréquente Ramuz, Guy de Pourtalès, Marcel Pobé, Maurice Zermatten, Jaloux, Montherlant, André Germain, Marguerite Yourcenar.
Démobilisé au printemps 1940 pour raison de santé, il en profite pour se marier. Sa femme était élève de Maritain et de Focillon. Le couple voit souvent Darius Milhaud, Marcel Ray,Jouvet et Madeleine Ozeray, Blaise Cendrars. Marcel Brion monte Le Soulier de satin à la radio, à Marseille. Comme il refuse de collaborer avec le régime qui le sollicitait au nom de ses amitiés allemandes, il est interdit de publication.
Sa passion pour la montagne, où il retourne régulièrement jusqu’en 1982, nous vaut plusieurs romans : Les Miroirs et les Gouffres, Les Vaines Montagnes et surtout le roman initiatique Nous avons traversé la montagne.
Il noue de nouvelles amitiés,avec le P. Teilhard de Chardin rencontré chez les Margerie, Dino Buzzati, Lardera, Schneider, Domela, auxquels il consacre des études. Il défend les tenants du « nouveau roman ». Il publie l’Art abstrait (1956) et, sur un autre registre, L’Allemagne romantique (1962-1978), en quatre volumes, en même temps qu’il fait revivre la peinture de la même époque dans La Peinture romantique (1967), qui réhabilite C.D. Friedrich et P.O. Runge.
En 1964, Marcel Brion est élu à l’Académie française, où il succède à son ami Jean-Louis Vaudoyer. Parrainé par Daniel-Rops et Marcel Pagnol, il y est accueilli par René Huyghe.
Il reçoit le Grand Prix national des Lettres en 1979.
Il décède le 23 octobre 1984 dans son appartement parisien.
Bien d’autres ouvrages seraient à mentionner, car l’œuvre de Marcel Brion est particulièrement abondante. Elle se distribue en plusieurs champs. La littérature d’abord, avec des romans et des nouvelles, Marcel Brion excellant dans le domaine particulier du roman fantastique dont il est un des maîtres incontestés, puis les études sur le romantisme, enfin les essais de critique littéraire.
Un second secteur d’activité est celui de l’histoire, que ce soit l’Antiquité et le Moyen Âge, avec en ouverture une Vie d’Attila, publiée en 1928 et La Résurrection des villes mortes (1937), ou la Renaissance, qu’inaugure un Bartolomé de Las Casas, père des Indiens, déjà mentionné (1928), ou encore des récits historiques. L’histoire de l’art constitue un troisième secteur, avec en plus de titres déjà indiqués, Rembrandt, La Peinture allemande, L’Âge d’or de la peinture hollandaise, La Peinture religieuse : le sacré et sa représentation, ainsi que de nombreux essais.
Madame Brion-Guerry a poursuivi l’œuvre de son mari en publiant des œuvres posthumes et en assurant des rééditions de plusieurs ouvrages de Marcel Brion. Je souligne encore que les traductions en langues étrangères sont innombrables, non seulement en allemand ou en espagnol, mais aussi en italien, en japonais, en suédois, en hongrois, en anglais, en portugais, en grec, en roumain… C’est dire l’écho que son œuvre a rencontré et l’influence qu’il a exercée dans les domaines où il a excellé.
Le centenaire de la naissance de Marcel Brion a été marqué par un colloque international qui a eu lieu à la Bibliothèque nationale de France. Les Actes de ce colloque ont été publiés par Albin Michel sous le titre Marcel Brion, Humaniste et « passeur » (1996). On y trouvera évidemment une biographie de mon oncle, dont je me suis inspiré ici, et des études regroupées autour de « Marcel Brion et l’Europe », « Marcel Brion, un humaniste », « Les « passages », « Marcel Brion et la peinture ».
Le regard de Jésus dans la synagogue
Suivant son habitude, un jour de sabbat,
Jésus se rend à la synagogue du lieu.
Il ne va pas parler des choses d’ici-bas,
Mais de ce qui a trait au royaume des cieux.
Or, ce jour-là, un homme à la main desséchée
Figure en bonne place parmi l’assistance.
On épiait Jésus pour l’accuser de péché,
Et l’assaillait de questions avec insistance :
« Est-il permis le jour du sabbat de guérir
Un homme, quelle que soit son infirmité ? »
Jésus savait par cœur leur incrédulité
Et, promenant sur eux un regard rempli d’ire,
Contristé par l’endurcissement de leur cœur,
Leur attitude pharisaïque qui écœure,
Il dit à l’homme : « Tiens-toi debout au milieu,
Oublie tous ces messieurs et ne sois pas anxieux. »
Se tournant vers les scribes et les Pharisiens,
Il les interrogea : « Si vous voyez tomber
La brebis, un sabbat, dans un puits artésien,
Resterez-vous immobilisés, bouche bée ?
Ne vous hâterez-vous pas de la repêcher ?
Cet homme que vous voyez, la main desséchée,
N’a-t-il pas plus d’importance qu’une brebis
Et le guérir aujourd’hui n’est-il pas permis ? »
Tous se taisent, murés dans leurs contradictions.
Il dit alors à l’infirme : « Étends ta main. »
L’homme s’exécute. À la stupéfaction
De tous, son membre était redevenu sain !
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog »)
Quelques ancêtres (suite)
Albert Barbe (1831-1907), ancien élève de l’X (promotion 1851), fit les campagnes de Crimée et du Mexique. Dans l’armée de Bazaine pendant la guerre de 1870, il fut compris dans sa capitulation, et interné à Coblentz. Général (de brigade en 1881, de division en 1892), directeur de l’X (1886-1888), inspecteur général de l’artillerie, commandeur de la Légion d’honneur.
Hubert Beuve-Méry (1902-1989), docteur en droit, il fut nommé en 1928 professeur de droit international à l'Institut français de Prague, où il resta jusqu’à l’invasion allemande.
Correspondant du Temps, il n’eut de cesse de dénoncer la menace du national-socialisme, puis il critiqua vivement les accords de Munich et, dans un livre publié en 1939 (Vers la plus grande Allemagne), il dénonça le nazisme, tout en prônant une nouvelle Europe, alliant la démocratie et l’ordre comme le primat de l’homme et l’efficacité. En France, sous l’occupation, il entra au conseil de rédaction d’Esprit (avec notamment Emmanuel Mounier, Gabriel Marcel et André Philip). À l’instigation de René de Naurois, il devint professeur à l’école d’Uriage. Lorsque celle-ci fut dissoute par Laval à la fin 1942, il entra dans la Résistance, où il eut une activité importante. À la Libération, il fonda Le Monde, à la demande du général de Gaulle, dont il resta le directeur jusqu’en décembre 1969. Il fut notamment membre du conseil d’administration de France-Presse et de l’Institut Pasteur, président du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (1973-1979), professeur associé à l'Université Paris I. En 1974, il publia ses éditoriaux sur de Gaulle et le gaullisme sous le titre Onze ans de règne.
Marcel Brion (1895-1984), voir la notice qui lui sera consacrée le 24 août.
Baron Jules Cloquet (1790-1889),
docteur en médecine, professeur à la Faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine dès sa création (dont il fut président), commandeur de la Légion d’honneur. Il fut un élève du père de Flaubert, un grand ami et le médecin de Gustave Flaubert et de La Fayette (dont il ferma les yeux sur son lit de mort). Auteur d’ouvrages scientifiques.
Charles Coffin (1676-1749), chanoine, recteur de l’Université de Paris de 1718 à 1721. Il demanda au Régent et obtint de Louis XV que l’enseignement devienne gratuit (et il demeura tel jusqu’en 1793). Il rédigea une grande partie du bréviaire parisien de 1736 et de nombreuses pièces pour la messe (séquences, hymnes, motets).
Le regard du Christ sur Zachée
Regard porté sur Zachée dans le sycomore
Où, simple curieux, sans le savoir il implore
L’amendement d’une vie passée à tricher,
Qu’étant notable nul n’ose lui reprocher.
Mais aux yeux de Jésus, son âme est à nu.
Dans le geste accompli, il a reconnu
La capacité du pécheur à l’accueillir
Et dans la droite ligne à se rétablir.
C’est pourquoi s’arrêtant, il appelle Zachée
— Comme il le ferait pour n’importe quel coupable :
« Sans plus tarder, descend au lieu de te cacher,
Car aujourd’hui, tu me recevras à ta table… »
Le chef des publicains est frappé de stupeur ;
Il est ému par la tendresse qu’il découvre
Et dans la voix et dans le regard du Seigneur
Et sent que pour lui un nouvel horizon s’ouvre.
Prosterné devant Jésus, il le remercie
Et commande aussitôt la mère des banquets.
C’est les pécheurs et ses collègues qu’il convie.
Ils répondent tous ; aucun ne veut y manquer.
Voyant cela, les pharisiens murmurent entre eux :
« Comment a-t-il pu accepter, c’est scandaleux,
De se mêler à eux dont la simple présence
Rend impur et porte atteinte à la décence ? »
Zachée a cure de leurs récriminations,
Car le Salut annoncé à toutes les nations
A fait halte en personne dans sa maison
Faisant affluer en lui une floraison
De désirs de réparer et de compenser
Les malversations commises jusqu’ici.
« Pour tous ceux que j’ai lésés je vais dépenser
Le quadruple, pour que chacun bénéficie
D’un large dédommagement, et aux pauvres
Je m’en vais distribuer la moitié de mes biens.
À compter d’aujourd’hui, je m’en sens le gardien
Appelé à me préoccuper de tous les autres. »
À ces nobles déclarations Jésus répond :
« Pourquoi le condamnez-vous ? Apprenez qu’un pont
A été jeté entre passé et futur,
Car je suis venu pour guérir, non pour exclure.
En vérité, en vérité, je vous le dis,
Dans cette maison, le salut est arrivé
Aujourd’hui, car Zachée est lui aussi un fils
D’Abraham, dont vos tribus sont des dérivés.
Et, sachez-le bien, le Fils de l’homme est venu
Pour chercher et sauver ce qui était perdu.
Après s’être éloigné, cet homme est revenu,
C’est pour cela que chez lui je suis descendu. »
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog »)
Regard de Jésus sur le jeune homme riche
« Bon Maître, que dois-je faire pour acquérir
La vie éternelle en partage ? » Un notable
Pose cette question, car il veut parvenir
Pour de bon à une existence délectable.
Jésus regarda le jeune homme et l’aima,
Car il était fidèle depuis sa jeunesse
À la Loi du Père, dont le panorama
Suscite un désir de perfection, qui le presse.
« Dieu seul est bon, dit Jésus », avant de répondre
En énumérant pour lui les commandements.
Nés de l’amour de Dieu, ils peuvent faire fondre
Les cœurs sincèrement épris d’amendement.
Mais ce vouloir peut n’être que velléité
Si, au lieu d’être fixée en Dieu, l’âme
Vibre au bruit de l’argent et de ses futilités,
Est devenue la servante de Balaam.
« Va, vend tout ce que tu as. Donne-le aux pauvres.
Puis viens et suis-moi. » L’ordre est catégorique.
« Ne vis plus pour toi, mais seulement pour les autres.
Tu recevras alors une joie prolifique. »
Le regard interrogateur de l’espérance
Qui ne s’attendait pas à de telles exigences
Se mouille et, troublé, se tourne vers le sol.
Tout vendre pour suivre le Maître le désole.
Un grand combat intérieur le prend en tenaille :
« Le Rabbi ou mes possessions, c’est le dilemme.
Il ne parle pas comme les autres et je l’aime,
Mais c’est trop me demander, mieux vaut que je m’en aille. »
Sans regarder Jésus, qui l’aurait encouragé,
Sans rien dire ni demander des précisions,
L’homme, tout triste, applique sa décision
Fuyant le chemin sur lequel il s’engageait.
Il est plus difficile qu’un riche entre au ciel
Qu’un chameau passe par le chas d’une aiguille.
Le jeune homme s’est échappé comme une anguille
Plutôt que de fuir un monde artificiel.
C’est le mystère de la liberté humaine
Qui, mise en présence d’un océan d’Amour,
Préfère ce qu’elle connaît et qui l’enchaîne,
Et n’ose partir à la quête de cet Amour.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
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Jean-Jacques Le Tourneau, mon père
Jean-Jacques LE TOURNEAU est né le 24 juin 1908, à Paris VIIème arrondissement. Il appartenait à une famille d’architectes de père en fils depuis avant la Révolution jusqu’à son père, Marcel Le Tourneau, architecte et archéologue (auparavant ils avaient surtout été maîtres charpentiers à Angers), originaire de Saint-Sylvain d’Anjou, qui s’était installée en 1846 à Paris, 27 rue de l’Université, où il est né. Sa mère, Marie Grouvelle (1883-1969) était elle-même fille d’Antoine Grouvelle (1843-1917), directeur général des manufactures des tabacs, président de la société entomologiste de France.
Parmi ses ancêtres figurent le chimiste Guillaume Rouelle (1703-1770, membre de l’Académie des sciences ; le chimiste Hilaire Rouelle (1718-1799) ;Jean d’Arcet (1725-1801), directeur de la Manufacture de Sèvres, membrée l’Académie des sciences ; Jean d’Arcet (1777-1844), membre de l’Académie des sciences ; l’écrivain et diplomate Philippe-Antoine Grouvelle (1758-1806).
Il a épousé le 3 avril 1934 Melle Geneviève Barbe-Abeille, dont il a eu sept enfants.
Il était ingénieur de l’école nationale des mines de Paris (promotion 1928) et licencié en Droit, lieutenant d’artillerie de montagne (sur le front des Alpes du Sud en 1939-1940).
Entré à Saint-Gobain en 1932, chef du service administratif puis des transports (1942-1948), adjoint au directeur du département des produits chimiques (1948-1955), il fonda en 1955 le service des accords techniques et des affaires extérieures en vue de procéder à des transferts de maîtrise industrielle, par des projets sains et profitables pour toutes les parties. Il réalisa dans cet esprit des complexes industriels dans le monde entier. Il fut le directeur de ce service des accords techniques et des affaires extérieures à Saint-Gobain puis, à la suite de fusions, à Péchiney-Saint-Gobain, enfin à Rhône-Poulenc jusqu’en 1973. Président (1973-1978) de la Compagnie pour la cession de licences par lui fondée (Cofral), puis président d’honneur. Il avait été administrateur de sociétés en Espagne, France, Grèce, Hollande, Inde, Italie, au Mexique et au Pakistan, conseiller du commerce extérieur et président de sa commission d’Europe méridionale (1967-1973).
Selon Jacques Hertz, son plus proche collaborateur pendant de nombreuses années, Jean-Jacques Le Tourneau « était un homme brillant, non conformiste, enthousiaste, ouvert aux autres, entreprenant, parfois aux limites de ce qui était possible. Il ne s'est pas soumis aux normes de la réussite. Dans de nombreux pays, il a fait rayonner l'éclat de notre créativité, de notre humanisme et de notre foi dans une solidarité universelle : l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Sud, le Maroc, l'Algérie, l’Union Soviétique, le Canada, le Liban, la Jordanie, le Pakistan, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Yougoslavie et d'autres pays encore ont été marqués de son empreinte ». Il ajoute qu’avec « l'appui sans faille de la Compagnie de Saint-Gobain, puis dans le cadre d'une entreprise créée de toutes pièces, J.J. Le Tourneau et l'équipe qui lui a été fidèle, ont mis en oeuvre dès les années 1950 la pratique la plus nécessaire à notre temps, le PARTAGE : partage du savoir, partage de la technique, partage du management, partage des marchés, partage de la formation, partage des risques. Il fallait un esprit de grande classe pour convaincre les pouvoirs de faire dans leurs stratégies une place pour le service des autres et pour faire passer sur leurs entreprises ce souffle vivifiant. Les nombreux ingénieurs, techniciens, financiers, juristes et commerçants auxquels J.J. Le Tourneau a ouvert de nombreux horizons lui en sont toujours reconnaissants. Ils lui doivent une bonne part de leur épanouissement personnel. Ils ne l'oublieront pas. »
Jean-Jacques Le Tourneau a été administrateur de la Caisse centrale d’allocations familiales de la région parisienne (1946-1954), membre de la commission administrative de l’URSSAF de la région parisienne (1948-1954) et président de la commission de contrôle de l’URSSAF (1952-1954).
Il fut également membre fondateur de la Confédération générale des cadres (CGC), de la Fédération nationale des cadres des industries chimiques et du Syndicat des cadres des industries chimiques. Membre du comité directeur et de la commission de doctrine de la CGC (1945-1954), secrétaire général du Syndicat des cadres de la chimie (1950-1954), membre d’honneur du comité confédéral et du comité directeur de la CGC (à partir de 1954). À l’époque où Jean-Jacques Le Tourneau était à la CGC, celle-ci avait la culture de propositions constructives et la recherche de l’intérêt général.
Il milita toujours pour une réelle participation (et pas simplement pour l’intéressement des salariés). Auteur de nombreux articles économiques publiés dans Le Creuset, Cadres de France, Le Creuset-La Voix des cadres, Le Bulletin du Syndicat national des cadres de la chimie. Professeur à l’Essec (1973-1977). Il était Chevalier de la Légion d’honneur.
Regard sur la création
À chaque étape de la création du ciel
Et de la terre, que le narrateur sacré
Présente comme un hexaméron chamarré,
Dieu vit ce qui était né à l’existentiel,
Il l’examina en pensant à ses futurs
Utilisateurs, qui auront à le gérer,
Et il vit que c’était bon et que sa texture
Était de nature à croître et à prospérer.
Mais quand il en arriva à l’homme et la femme,
Le Créateur s’enthousiasma bien davantage,
Car ils possédaient sur le reste l’avantage
D’imiter son image, d’en être la flamme.
L’argile que le sculpteur céleste boulange
Met au jour une créature nonpareille
Devant laquelle tombent en extase les anges
Lorsqu’elle s’anime, sortant du sommeil.
Dieu leur a communiqué une morbidesse
Qui en fait des êtres d’une mobilité
Spéciale et d’une grande sensibilité,
Et les a faits participants de sa Sagesse.
Dieu vit que cela était bon. « Que tu es belle,
S’exclame-t-il, considérant l’âme immortelle,
Vraiment elle est à mon image et ressemblance ;
De toute ma création, elle est l’excellence. »
Alors, ne contenant pas sa jubilation,
Il s’écria à la face de l’univers :
« Cela est très bon. Voici la population
De cette terre à l’état embryonnaire,
Les premiers parents d’une longue descendance
De saints pour mon paradis, de damnés aussi
Pour l’enfer, qui n’auront pas su faire repentance
Lorsque j’aurai envoyé mon Fils, le Messie.
La vie de chaque être est plus que la nourriture
Et son corps a plus de prix que son vêtement,
Voilà pourquoi l’humain mérite un traitement
Tout à fait spécial, lui et sa progéniture. »
À Adam et Ève encore dans l’innocence,
Dieu n’a donné qu’un unique commandement,
De ne pas toucher l’arbre de la connaissance
Du bien et du mal, sous peine de châtiment.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog »)