Regard porté sur Zachée dans le sycomore
Où, simple curieux, sans le savoir il implore
L’amendement d’une vie passée à tricher,
Qu’étant notable nul n’ose lui reprocher.
Mais aux yeux de Jésus, son âme est à nu.
Dans le geste accompli, il a reconnu
La capacité du pécheur à l’accueillir
Et dans la droite ligne à se rétablir.
C’est pourquoi s’arrêtant, il appelle Zachée
— Comme il le ferait pour n’importe quel coupable :
« Sans plus tarder, descend au lieu de te cacher,
Car aujourd’hui, tu me recevras à ta table… »
Le chef des publicains est frappé de stupeur ;
Il est ému par la tendresse qu’il découvre
Et dans la voix et dans le regard du Seigneur
Et sent que pour lui un nouvel horizon s’ouvre.
Prosterné devant Jésus, il le remercie
Et commande aussitôt la mère des banquets.
C’est les pécheurs et ses collègues qu’il convie.
Ils répondent tous ; aucun ne veut y manquer.
Voyant cela, les pharisiens murmurent entre eux :
« Comment a-t-il pu accepter, c’est scandaleux,
De se mêler à eux dont la simple présence
Rend impur et porte atteinte à la décence ? »
Zachée a cure de leurs récriminations,
Car le Salut annoncé à toutes les nations
A fait halte en personne dans sa maison
Faisant affluer en lui une floraison
De désirs de réparer et de compenser
Les malversations commises jusqu’ici.
« Pour tous ceux que j’ai lésés je vais dépenser
Le quadruple, pour que chacun bénéficie
D’un large dédommagement, et aux pauvres
Je m’en vais distribuer la moitié de mes biens.
À compter d’aujourd’hui, je m’en sens le gardien
Appelé à me préoccuper de tous les autres. »
À ces nobles déclarations Jésus répond :
« Pourquoi le condamnez-vous ? Apprenez qu’un pont
A été jeté entre passé et futur,
Car je suis venu pour guérir, non pour exclure.
En vérité, en vérité, je vous le dis,
Dans cette maison, le salut est arrivé
Aujourd’hui, car Zachée est lui aussi un fils
D’Abraham, dont vos tribus sont des dérivés.
Et, sachez-le bien, le Fils de l’homme est venu
Pour chercher et sauver ce qui était perdu.
Après s’être éloigné, cet homme est revenu,
C’est pour cela que chez lui je suis descendu. »
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
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Le regard du Christ sur Zachée