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Spiritualité - Page 57

  • 7 octobre : Notre-Dame du Rosaire

    Aujourd’hui, 7 octobre, l’Église célèbre la Sainte Vierge sous l’invocation de Notre-Dame du Rosaire.
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    Le pape Léon XIII écrivait que, parmi ses différents titres, « le rosaire a celui-ci de très remarquable qu’il a été institué surtout pour implorer le patronage de la Mère de Dieu contre les ennemis du nom chrétien. À ce point de vue, personne n’ignore qu’il a souvent et beaucoup servi à soulager les maux de l’Église […] (voir la note du 1er octobre 2006). Nous donc, en l’honneur de Marie, la très auguste Mère de Dieu, en souvenir perpétuel du secours demandé par tous les peuples à son Cœur très pur en ce mois d’octobre, en témoignage perpétuel du très grand espoir que Nous mettons en cette Mère très aimante ; pour obtenir chaque jour davantage de sa bienfaisante protection, Nous voulons et décrétons que dans les litanies de Lorette, après l’invocation « Reine conçue sans le péché originel », soit ajoutée la formule : « Reine du très saint Rosaire, priez pour nous » (lettre apostolique Salutaris illa, 24 décembre 1883).
    « Le début du chemin, dont le terme est d’être complètement fou de Jésus, est un amour confiant envers Marie.
    — Veux-tu aimer la Sainte Vierge ? — Eh bien ! fréquente-la. Comment ? — En priant bien le Rosaire.
    Mais, dans le Rosaire… nous répétons toujours les mêmes choses ! — Toujours les mêmes choses ? Et ceux qui s’aiment, ne se disent-ils pas toujours les mêmes choses l’un à l’autre ?… La monotonie de ton Rosaire ne viendrait-elle pas de ce que, au lieu de prononcer des mots comme un homme, tu émets des sons comme un animal, l’esprit très loin de Dieu ? Écoute encore ceci : le mystère que nous allons contempler est indiqué avant chaque dizaine. — Est-ce que toi… tu as jamais contemplé ces mystères ?
    Fais-toi petit. Viens avec moi et — c’est là le point central de ma confidence — nous vivrons la vie de Jésus, de Marie et de Joseph.
    Chaque jour nous leur rendrons un nouveau service. Nous écouterons leurs conversations familiales. Nous verrons grandir le Messie. Nous admirerons ses trente ans de vie cachée… Nous serons présents à sa Passion et à sa Mort… Nous serons éblouis par la gloire de sa Résurrection…
    En un mot : fous d’Amour (il n’y a pas d’autre amour que l’Amour), nous contemplerons tous les instants de la vie de Jésus-Christ» (saint Josémaria, Saint Rosaire, au lecteur).

  • Le rosaire

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    Le rosaire, du latin rosarium, "couronne", est une pratique de piété principalement diffusée par lesdominicains de sorte qu'une tradition en attribue l'origine à leur fondateur, saint Dominique (v. 1170-1221), qui l'aurait reçue directement de la Vierge Marie. Elle consiste à réciter cent cinquante "Je vous salue Marie", répartis par groupes de cinquante, en méditant les "mystères" de la vie de notre Seigneur et de sa Mère, mystères "joyeux", "douloureux" et "glorieux". C'est le "psautier de la Vierge", le "Bréviaire de l'Évangile" ou encore un "abrégé de tout l'Évangile" (Paul VI, encyclique Marialis cultus) et l'expression du culte et de la dévotion envers Marie. Le pape saint Pie V en a fixé la forme traditionnelle en 1569. Chaque groupe de cinq mystères est appelé "chapelet". En 2002, le pape Jean-Paul II y a ajouté cinq mystères "lumineux", recouvrant la vie publique de Jésus.
    medium_Rosaire.2.jpgLe pape Jean-Paul II a consacré une lettre apostolique le Rosaire de la Vierge Marie dans laquelle il écrit (n° 2) : "Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. [...] On peut dire que le Rosaire est, d'une certaine manière, une prière-commentaire du dernier chapitre de la Constitution Lumen gentium du deuxième Concile du Vatican, chapitre qui traite de l'admirable présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Église. En effet, sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité, c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine. »
    Le mois d’octobre étant donc consacré à la dévotion du rosaire, je me propose de donner un bref commentaire de chacun des vingt « mystères » et de parler aussi de la fête de Notre Dame du Rosaire, qui a lieu le 7 octobre.

  • Agir en enfant de Dieu

    Par son exemple et ses paroles, Jésus nous a appris à nous adresser filialement à Dieu, notre père, en toutes circonstances. Le dialogue avec notre Père ne doit pas se limiter à quelques moments de notre vie ; il ne dépend pas non plus de sentiments passagers ni de la seule imagination. C’est l’attitude logique d’un enfant conscient que son Père est unique et le plus formidable de tous, qu’il peut tout.
    Même si Jésus se retire à l’écart pour s’adresser à son Père, il le prie également souvent alors qu’il se trouve avec ses disciples ou même une foule bruyante et exubérante qui se presse pour l’entendre ou attend qu’il fasse des miracles. « Je te bénis, Père du ciel et de la terre pour avoir caché cela à ceux qui ont la science et l’entendement et pour l’avoir révélé aux tout petits » (Matthieu 11, 25).

    Avant de ressusciter son ami Lazare, Jésus dit : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé » (Jean 11, 41).

    Au moment de multiplier les pains et les poissons pour donner à manger à une foule évaluée à cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, Jésus « lève les yeux au ciel » (Luc 9, 16).
    Le Jeudi saint, dans la solitude de Gethsémani et l’agonie dans laquelle il entre, le Seigneur prie ainsi : « Père, si tu veux bien, écarte de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Luc 22, 42)
    Le lendemain — Vendredi saint — au Calvaire, Jésus s’adresse encore à son Père : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23, 46).

    Cette relation filiale est constitutive de notre condition humaine élevée à l’ordre de la grâce. Elle doit donc commander le comportement entier du chrétien. Notre conversation devrait être la conversation d’un enfant de Dieu, notre travail, le travail d’un enfant de Dieu, notre vie de famille, la vie de famille d’un enfant de Dieu, notre amitié, l’amitié d’un enfant de Dieu, nos vertus, les vertus d’un enfant de Dieu, qui fait pleinement confiance à son Père pour le conduire jour après jour sur la voie de la sainteté, d’un progrès réel dans le bien. « Je vous veux rebelles, libres de tout lien, car je vous veux — le Christ nous veut — enfants de Dieu. Esclavage ou filiation divine : voilà le dilemme de notre vie. Ou enfants de Dieu ou esclaves de l’orgueil, de la sensualité, de cet égoïsme angoissé dans lequel tant d’âmes semblent se débattre » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 38).

  • La prière (5 et fin)

    Les obstacles à la prière

    Prier n’est pas toujours une entreprise facile, car nous rencontrons divers obstacles qui peuvent nous en écarter, ou bien nous pouvons en détourner le sens. « Dans le combat de la prière, nous avons à faire face, en nous-mêmes et autour de nous, à des conceptions erronées de la prière. Certains y voient une simple opération psychologique, d’autres un effort de concentration pour arriver au vide mental. Telles la codifient dans des attitudes et des paroles rituelles. Dans l’inconscient de beaucoup de chrétiens, prier est une occupation incompatible avec tout ce qu’ils ont à faire : ils n’ont pas le temps. Ceux qui cherchent Dieu par la prière se découragent vite parce qu’ils ignorent que la prière vient aussi de l’Esprit Saint et non pas d’eux seuls » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2726).
    Le danger est bien réel de ne prier que par envie ou par nécessité. Écoutons le témoignage d’une mère de famille, mêlée à la vie publique de son pays : « Les jours où je ne ressentais pas le besoin de Dieu, mes actions avaient une inspiration superficielle, matérialiste ; j’oubliais la prière, j’étais trop paresseuse et indifférente. C’est comme si j’avais dit à quelqu’un : « Je t’aime, mais seulement à mes conditions et quand j’en ai envie. Je te contacterai, mais toi, ne m’appelle pas » (J. H. Matlary, Quand raison et foi rencontrent, Paris, 2003, p. 257).
    La distraction est un autre obstacle. Notre capacité de concentration est malheureusement très limitée. Mais « une distraction nous révèle ce à quoi nous sommes attachés et cette prise de conscience humble devant le Seigneur doit réveiller notre amour de préférence pour Lui, en Lui offrant résolument notre cœur pour qu’Il le purifie. Là se situe le combat, le choix du Maître à servir » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2729). « Jésus, que mes distractions soient des distractions à l'envers : au lieu de me souvenir du monde, lorsque je te parle, que je me souvienne de toi en m'occupant des affaires du monde » (saint Josémaria, Forge, n° 1014).
    L’aridité ou la sécheresse peut également se faire sentir. Le cœur ne ressent ni envie de prier ni sentiments particuliers. « C’est le moment de la foi pure qui se tient fidèlement avec Jésus dans l’agonie et au tombeau » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2731). C’est l’heure de la persévérance et de la fidélité aux rendez-vous que nous nous sommes librement fixés avec Dieu. Nous savons qu’il existe. Nous croyons qu’il est présent, qu’il nous voit, qu’il nous entend, même si nous n’en faisons pas l’expérience sensible. « Le grain de blé, s’il meurt, porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). Mais « si la sécheresse est due au manque de racine, parce que la Parole est tombée sur du roc, le combat relève de la conversion » (Ibid.), du retour filial et contrit vers Dieu, de la protestation de notre amour sincère.
    « Dans ta vie de piété, persévère, volontairement et par amour — même si tu te sens sec. Et que t'importe si tu te surprends à compter les minutes ou les jours qui te restent pour achever cette norme de piété ou ce travail, et si tu éprouves le plaisir trouble du mauvais élève qui, dans des circonstances comparables, attend la fin des cours; ou de l'homme condamné à vingt ans de prison, qui attend que les portes de la geôle s'ouvrent devant lui pour retourner à ses erreurs.
    Persévère, j'y insiste! Avec une volonté efficace et renouvelée, sans jamais cesser de vouloir effectuer ces exercices de piété et d'en tirer profit » (saint Josémaria, Forge, n° 447).

  • La prière (2)

    La prière est exaucée.

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    Quand Jésus affirme « demandez et on vous donnera » ou « qui demande reçoit », il ne se place pas dans notre cadre temporel. Il ne nous dit pas : « Demandez et vous recevrez ce que vous avez demandé », pas plus que « demandez et vous recevrez sur le champ ». Non. Ce qu’il affirme, c’est que nous recevrons. Quoi ? Ce qui nous convient le mieux. Pouvons-nous oublier que Dieu est notre Père, un Père qui aime ses enfants d’un Amour infini, bien plus que ne peuvent le faire tous les pères et toutes les mères du monde, un Père qui veut le bien de ses enfants, là aussi mieux que tous les pères et les mères du monde, un Père qui sait de science exacte ce qui convient à chacun de ses enfants, un Père qui choisit donc pour nous effectivement ce qui nous convient le mieux à chaque instant et qui ne se trompe jamais dans son choix, autrement il ne serait pas notre Dieu infiniment Bon et Parfait ? Autrement dit, la situation qui est la nôtre à un moment donné, qu’elle nous apparaisse simple ou problématique, qu’elle soit marquée par la bonne santé ou la maladie, qu’elle nous apporte des joies ou des souffrances, est la situation à laquelle Dieu pense pour nous de toute éternité dans son Amour illimité, et donc la situation appropriée, idéale même pour nous sanctifier. Il ne peut pas y en avoir de meilleure, sauf à douter de la bonté paternelle de Dieu. Y songer ne peut que nous remplir d’optimisme et de reconnaissance face à la vie que Dieu nous donne de vivre.
    Nous avons vu ce que nous recevrons comme réponse à notre prière. Demandons-nous maintenant quand nous serons exaucés. Rarement dans l’immédiat. « Il leur dit une parabole pour montrer qu’il fallait prier toujours, sans jamais se lasser » (Luc 18, 1). C’est la parabole de la veuve et du juge inique. La veuve en question réclame justice jour après jour à la porte du cabinet du juge et ce dernier ne se résout à l’écouter que pour qu’elle cesse de le bassiner. La conclusion que Jésus en tire est la suivante : « Écoutez ce que dit ce juge inique ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui nuit et jour, et avec eux il referait attendre ? » (Luc 18, 6-7). Cette parabole nous montre bien que notre prière s’inscrit naturellement dans la durée. Mais elle présuppose la foi. Elle n’est ni un automatisme, ni une simple bouée de sauvetage. La prière devrait être une habitude chez nous. « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez, si bien que votre joie sera complète » (Jean 16, 24). Jean-Paul II déclarait un jour : « Face aux tragédies des hommes, les prières peuvent sembler inefficaces et vaines ; bien au contraire, elles ouvrent toujours de nouveaux chemins d’espérance, surtout lorsqu’elles sont mises en valeur par la douleur qui se transforme en amour » (Jean-Paul II, Discours aux jeunes et aux éducateurs de l’Institut Séraphique, Assise, 9 janvier 1993), la souffrance, la mortification étant la prière du corps.
    En tout cas, il est bon de nous arrêter à réfléchir sur la place que la prière occupe dans notre journée, et de voir si nous savons consacrer vraiment un temps précis à une heure donnée au Seigneur et, par la récitation du chapelet, aussi à notre Mère du ciel. Ce qui nous arrive peut-être, c’est que nous prions peu et mal, et que notre fréquentation de Dieu est réduite à sa plus simple expression alors que nous sommes heureux de nous retrouver avec nos semblables : conjoint, enfants, collègues de travail, amis, pour qui nous avons du temps et à qui nous avons des choses à dire…

    (à suivre…)

  • La prière (4)

    Les formes de prière (suite)
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    La vie transformée en prière. D’où une autre forme de prière qui est l’offrande à Dieu de tout ce que nous faisons, transformant tout en prière, comme « le roi Midas, qui changeait en or tout ce qu’il touchait », ainsi que le fondateur de l’Opus Dei le faisait remarquer (Amis de Dieu, n° 221). « Vie intérieure, tout d’abord : bien peu comprennent encore ce mot. Quand on entend parler de vie intérieure, on pense à l’obscurité du temple, quand ce n’est pas à l’atmosphère raréfiée de certaines sacristies. Depuis plus d’un quart de siècle, je dis que ce n’est pas cela. Je parle de la vie intérieure des chrétiens courants, que l’on rencontre habituellement en pleine rue, à l’air libre, et qui, dans la rue, à leur travail, dans leur famille, dans leurs moments de loisir demeurent, tout au long du jour, attentifs à Jésus-Christ. Qu’est-ce que cela, sinon une continuelle vie de prière ? N’as-tu pas compris qu’il te fallait être une âme de prière, grâce à un dialogue avec Dieu qui finit par t’assimiler à Lui ? » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 8). « Travailler ainsi, c’est prier. Étudier ainsi, c’est prier. Faire ainsi de la recherche, c’est prier ; nous n’en sortons jamais ; tout est prière, tout peut et doit nous mener à Dieu, nourrir ce dialogue continuel avec Lui, du matin au soir. Tout travail digne peut être prière ; et tout travail qui est prière est apostolat. C’est ainsi que l’âme s’affermit, dans une unité de vie simple et solide » (Ibid., n° 10).

    L’oraison jaculatoire. Il existe encore une autre façon de prier, qui est l’oraison jaculatoire, du latin jaculum, « javelot », « dard ». Invocation courte et fervente, telle une flèche d’amour à l’adresse de Dieu ou d’un de ses saints, qui peut être lancée, presque comme des pointes enflammées, par exemple contre les tentations, et qui manifeste aussi les sentiments du cœur : actes d’amour, de contrition, de réparation, actions de grâces, manifestation de notre filiation divine… Les textes de l’Écriture Sainte peuvent nous servir pour nous faire nos oraisons jaculatoires, adaptées aux besoins de notre âme, au temps liturgique,etc. Par exemple, « Seigneur, augmente en nous la foi » (Luc 17, 5), « Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir » (Luc 5, 12), « Seigneur, que je voie » (Luc 18, 41) ; « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jean 21, 17) ; « Seigneur, apprend-nous à prier » (Luc 11, 1) ; « je crois Seigneur, mais viens en aide à mon peu de foi » (Marc 9, 23) ; « Maître, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit » (Matthieu 8, 8) ; « mon Seigneur et mon Dieu » (Jean 20, 28) ; « Abba ! Père » (Marc 14, 36) ; « je puis tout en celui qui me fortifie » (Philippiens 4, 13) ; etc.

    La mortification. L’homme ne peut pas se sanctifier de façon désarticulée. Étant composé d’une âme et d’un corps, ce dernier doit aussi y contribuer. C’est le propre de la mortification, qui est la prière du corps, le sel de notre vie, une privation, ou souffrance, que l’on s’impose librement pour un motif spirituel.
    « La meilleure des mortifications est celle qui, s’appuyant sur des petits détails tout au long de la journée, s’attaque à la concupiscence de la chair, à la concupiscence des yeux et à l’orgueil. Mortifications qui ne mortifient pas les autres, mais qui nous rendent plus délicats, plus compréhensifs, plus ouverts à tous. Tu ne seras pas mortifié si tu es susceptible, si tu n’écoutes que ton égoïsme, si tu t’imposes aux autres, si tu ne sais pas te priver du superflu et parfois même du nécessaire, si tu t’attristes quand les choses ne vont pas comme tu l’avais prévu; en revanche, tu es mortifié si tu sais te faire tout à tous, pour les gagner tous (1 Corinthiens 9, 22) » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 9). La mortification « ne saurait consister en de grands renoncements, qui d’ailleurs se présentent rarement. Il doit s’agir plutôt de petites luttes : sourire à qui nous importune, refuser au corps les caprices de biens superflus, nous habituer à écouter autrui, faire fructifier le temps que Dieu met à notre disposition... Et tant d’autres détails, insignifiants en apparence, qui surgissent sans que nous les cherchions — contrariétés, difficultés, chagrins — au fil de chaque jour » (Ibid., n° 37).

    (à suivre…)

  • 1er octobre : mois du rosaire

    le Rosaire de la ViergeMarie dans laquelle il écrit (n° 2) : "Le Rosaire est ma prière préférée. C'est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. [...] On peut dire que le Rosaire est, d'une certaine manière, une prière-commentaire du dernier chapitre de la Constitution Lumen gentium du deuxième Concile du Vatican, chapitre qui traite de l'admirable présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Église. En effet, sur l'arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus Christ. Réunis en mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le cœur de sa Mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l'Église, de l'humanité, c'est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à cœur. C'est ainsi que la simple prière du Rosaire s'écoule au rythme de la vie humaine. »

  • Communion des saints (fin)

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    « Communion des saints. — Comment te l’expliquer ? — Tu sais ce que sont les transfusions de sang pour le corps ? Eh bien, c’est à peu près ce qu’est la communion des saints pour l’âme » ("Chemin, n° 544). Cette transfusion surnaturelle se réalise à partir de la prière et des efforts quotidiens vécus pour autrui. Nous retrouvons là le sens de la mortification ou des privations volontaires : « Ideo omnia sustineo propter electos. J’endure tout, pour les élus, ut ipsi salutem consequantur, pour qu’ils parviennent, eux aussi, au salut, quæ est in Christo Iesu : qui est dans le Christ Jésus.
    — Belle manière de vivre la communion des saints !
    — Demande au Seigneur de te donner l’esprit de saint Paul » (Ibid., n° 550).
    Nous pouvons toujours prier pour les hommes et les femmes qui sont sur terre. « Un autre me dit — et il en sait long sur la « communication » des biens surnaturels — : « Votre lettre m’a fait beaucoup de bien, on voit qu’elle est chargée des prières de tous !… et moi, j’ai grand besoin que l’on prie pour moi » (Ibid., n° 547). Chacun se sent ainsi fortifié dans la foi et à l’heure de l’épreuve. C’est une réalité qui est déjà présente chez les premiers chrétiens. Quand Pierre est arrêté et jeté en prison, « l’Église priait Dieu pour lui sans relâche » (Ac 12, 5). En sens inverse, le diacre Étienne prie pour qui sont en train de le lapider : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Ac 7, 60), mettant ainsi en pratique le commandement reçu du Seigneur : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Matthieu 5, 44).
    Nous demandons l’intercession de tous ceux qui retrouvent au paradis, anges et saints, qui « ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus […]. Ainsi, leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours pour notre infirmité » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 49).
    Nous intercédons à notre tour pour les fidèles défunts. C’est une pratique qui remonte aux premiers temps de l’Église, en s’appuyant sur un texte du deuxième Livre des Machabbées (12, 45) : « La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse. » En revanche, il est inutile de prier pour l’âme de ceux qui sont damnés en enfer, car leur situation est irréversible et leurs souffrances ne peuvent pas être atténues. Elles ne peuvent pas davantage nous aider : c’est d’ailleurs une idée qui est totalement étrangère à la situation de haine de Dieu dans laquelle elles retrouvent.
    Vivre la communion des saints renforce notre condition d’enfants de Dieu appartenant à l’unique famille de Dieu : « Lorsque la charité mutuelle et la louange unanime de la Très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, nous tous, fils de Dieu qui ne faisons dans le Christ qu’une seule famille, nous répondons à la vocation profonde de l’Église » (concile Vatican II, const. dogm. Lumen gentium, n° 51).

    (fin)

  • 1er novembre : la communion des saints

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    Dans le « Je crois en Dieu », les baptisés affirment croire en « la communion des saints », qui n’est autre que l’Église dans sa triple dimension d’Église « triomphante » au ciel, d’Église « souffrante » au purgatoire et d’Église « militante » sur terre. Comme saint Paul l’expose, « de même que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, si nombreux soient-ils, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ » (1 Corinthiens 12, 12), avec qui les baptisés ne forment qu’un seul corps, le Corps mystique de l’Église.
    Puisqu’il n’y a qu’un seul corps, « il faut croire qu’il existe une communion de biens dans l’Église », écrit saint Thomas d’Aquin (Excpositio in Symbolum apostolicum 10). Or, le Christ étant la tête du corps, il est communiqué à tous les membres par les sacrements de l’Église, canaux de la grâce.
    « Les sacrements, et surtout le baptême qui est comme la porte par laquelle les hommes entrent dans l’Église, sont autant de liens sacrés qui les unissent et les attachent à Jésus-Christ. La communion des saints, c’est la communion des sacrements » (Catéchisme du concile de Trente 1, 10, 24). Mais ce n’est pas seulement une « communion aux choses saintes, sancta », mais aussi une « communion entre les personnes saintes, sancti », donc entre les membres du Corps mystique. « Un membre souffre-t-il ? tous les membres souffrent avec lui. Un membre et-il à l’honneur ? tous les membres prennent part à sa joie. Or, vous êtes le Corps du Christ, et membres chacun pour sa part » (1 Corinthiens 12, 26-27). Moyennant quoi, « le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous, dans cette solidarité avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur la communion des saints ? Tout péché nuit à cette communion » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 953). Communion que nous pouvons parfaitement étendre aux hommes qui viendront après nous.
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    « Vivez avec une intensité particulière la communion des saints, et chacun sentira, à l’heure de la lutte intérieure, aussi bien qu’à l’heure du travail professionnel, la joie et la force de ne pas être seul » (saint Josémaria, Chemin, n° 545). Le fait de méditer sur cette grande réalité apporte à la fois force et sérénité dans le vie de chaque jour. Le chrétien sait qu’il ne lutte pas seul, et que rien de ce qu’il fait n’est indifférent ou inutile. Tout renforce ou affaiblit la communion des saints, tout peut être une aide apportée aux âmes du purgatoire et aux hommes qui se trouvent sur terre. Et en toute circonstance, le chrétien peut compter sur l’appui des anges et des saints du paradis et sur celui des âmes du purgatoire.
    Le dogme de la communion des saints se présente donc comme un moteur puissant de la vie spirituelle et de la vie tout court. C’est pour cela que l’Église a pour habitude d’invoquer les saints, notamment par les « litanies », invocations chantées en différentes circonstances, par exemple lors de la vigile pascale, la nuit de Pâques, de l’ordination sacerdotale, de la dédicace d’une église, etc. Les litanies comprennent le kyrie eleison et une liste de saints : à l’énoncé de chaque nom, le peuple répond « priez pour nous ». Les fidèles récitent aussi des litanies à la fin du chapelet.

    (à suivre…)

  • La prière (1)

    Nécessité de la prière

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    Le Seigneur Jésus-Christ a indiqué à ses apôtres « qu’il leur fallait prier toujours, sans jamais se lasser » (Luc 18, 1). Et il invite avec insistance à formuler une prière de demande. C’est sans doute un des points de son enseignement qui revient le plus fréquemment, probablement parce que Jésus connaissait par avance notre réticence à formuler une semblable prière. « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. Car qui demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira » (Mt 7, 7-8). L’affirmation ne laisse pas place au doute.
    Et pourtant celui-ci surgit parfois dans notre esprit. Pourquoi ? Parce que nous n’arrivons pas à nous abstraire de notre condition humaine et que nous raisonnons, même pour les choses de Dieu, avec nos paramètres terrestres.
    Laissons-nous donc gagner par cette conviction que la prière est l’arme toute-puissante dont nous disposons, bien souvent notre seul moyen d’action, mais que personne ne peut nous retirer. Nous pouvons toujours prier et, grâce à la prière, nous pouvons dire avec saint Paul : « Je puis tout en celui qui me rend fort » (Philippiens 4, 13).
    Dans nos relations avec nos semblables, nous avons souvent recours à une forme de prière : nous demandons des choses, des faveurs, nous passons par l’intermédiaire d’un ami, d’une relation, pour obtenir ce à quoi nous aspirons, personne que nous relançons si la réponse tarde à venir. Dans la vie spirituelle, la prière est tout aussi nécessaire, car c’est dans la mesure où nous fréquentons personnellement Dieu, où nous le connaissons que nous pouvons aimer notre prochain et vouloir son bien premier qui est le bien spirituel. Le saint-père souligne deux dangers opposés : « Si le contact avec Dieu me fait entièrement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à connaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être « pieux » et accomplir mes « devoirs religieux », alors même ma relation à Dieu se dessèche » (Benoît XVI, encyclique Dieu est amour, n° 18). L’un et l’autre aspects sont nécessaires et se commandent. Aimer autrui « ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu » (Ibid.).

    La prière de demande

    Nous ne saurions trop insister sur le fait que notre prière non seulement peut mais doit souvent prendre la forme d’une prière de demande. C’est sans doute un des points de l’enseignement du Christ qui revient le plus fréquemment, probablement parce qu’il connaissait par avance notre réticence à formuler une semblable prière. « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. Car qui demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira » (Matthieu 7, 7-8). L’affirmation ne laisse pas place au doute. Et pourtant celui-ci surgit parfois dans notre esprit. Pourquoi ? Parce que nous n’arrivons pas à nous abstraire de notre condition humaine et que nous raisonnons, même pour les choses de Dieu, avec nos paramètres terrestres. Or, Dieu est en dehors du temps. Il est Acte Pur, dit-on en philosophie. « Mon Père et moi, nous sommes toujours au travail », dit Jésus (Jean 5, 17), toujours en train d’agir, mais au présent.
    Pour le comprendre un peu nous pouvons suivre Aristote qui nous présente Dieu comme un veilleur situé sur une montagne au pied de laquelle s’écoule l’ensemble de l’humanité, depuis l’apparition de l’homme sur terre jusqu’à la fin des temps. Nous sommes immergés dans cette foule, avec une connaissance limitée à notre entourage et, si nous sommes de bonne stature, avec la capacité à voir un peu plus loin. Mais notre vision est très limitée. Dieu, en revanche, embrasse toute l’histoire humaine d’un seul regard. Rien ne lui échappe. Nous sommes bien obligés de tenir compte de notre condition, mais il faut veiller à ne pas y réduire Dieu.

    (à suivre…)