Elle consiste en l’annonce de Jésus-Christ. Il est la bonne nouvelle (l’évangile) que les apôtres ont proclamée dès le début, comme saint Paul l’écrit : « Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai annoncé et que vous avez reçu, auquel aussi vous êtes restés fidèles, par lequel aussi vous serez sauvés […]. Je vous ai, en effet, transmis tout d’abord ce que moi-même j’avais reçu : que le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures ; qu’il a été mis au tombeau et qu’il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures ; et qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze » (1 Corinthiens 15, 1-5). Ce message a directement trait à la mort et à la résurrection de Jésus pour notre salut et inclut que Jésus est le Messie (le Christ) envoyé par Dieu comme cela avait été promis à Israël. L’annonce du Christ embrasse donc la foi au Dieu unique, créateur du monde et de l’homme, y principal acteur de l’histoire du salut.
Le message chrétien annonce qu’avec Jésus-Christ s’est réalisée en plénitude la révélation de Dieu aux hommes : « Quand les temps furent accomplis, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, sous la Loi, pour racheter ceux qui étaient sous la Loi, afin que nous recevions la qualité de fils » (Galates 4, 4-5). Jésus révèle qui est Dieu d’une manière nouvelle et plus profonde que celle que le peuple d’Israël connaissait ; il révèle Dieu comme étant son Père d’une façon unique en allant jusqu’à dire : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10, 30). S’appuyant sur l’enseignement des apôtres, l’Église annonce que Jésus-Christ est le Fils de Dieu et vrai Dieu de même nature que le Père.
Jésus a agi durant sa vie sur terre avec le pouvoir de Dieu et de l’Esprit de Dieu qui était en lui (voir Luc 4, 18-21). Il a en outre promis d’envoyer l’Esprit après sa résurrection et sa glorification auprès du Père (voir Jean 14, 16, etc.). Quand les apôtres reçurent l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, ils comprirent que Jésus avait tenu sa promesse depuis le ciel et ils firent l’expérience de sa force transformante. L’Esprit Saint continue de vivifier l’Église comme son âme. Le message chrétien comprend donc l’Esprit Saint, vrai Dieu et troisième Personne de la Très Sainte Trinité.
Le message chrétien annonce aussi ce que Jésus annonçait : le royaume de Dieu (voir Marc 1, 15). Jésus a rempli de contenu cette expression symbolique en indiquant par elle la présence de Dieu dans l’histoire des hommes et à son terme, et l’union de Dieu avec l’homme. Jésus annonçait le royaume de Dieu comme étant déjà commencé par sa présence parmi les hommes et ses actions libératrices du pouvoir du démon et du mal (voir Matthieu 12, 28). Cette présence et cette action de Jésus-Christ sont continuées par l’Église par la force de l’Esprit Saint. L’Église est dans l’histoire des hommes comme le germe et la semence de ce royaume, qui culminera dans la gloire avec la seconde venue du Christ à la fin des temps. Entre-temps, en elle l’homme acquiert, grâce au baptême, une nouvelle relation avec Dieu, celle d’enfant de Dieu uni à Jésus-Christ, qui culminera aussi après la mort et la résurrection finale. Le Christ continue d’être réellement présent dans l’Église dans l’Eucharistie, et en agissant aussi dans les autres sacrements, signes efficaces de sa grâce. Par l’action des chrétiens, s’ils vivent la charité, l’amour de Dieu pour tous les hommes est mis en évidence. Tout cela entre dans le message chrétien.
Gonzalo Aranda, professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Navarre
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Religion - Page 69
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La substance du message chrétien
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26juin : fête de saint Josémaria
En proclamant qu’« il y a quelque chose de saint, de divin, qui se cache dans les situations les plus ordinaires et c’est à chacun d’entre vous qu’il appartient de le découvrir » (Entretiens avec Monseigneur Escriva, n° 114), le fondateur de l’Opus Dei à mis la sainteté à la portée de la main de chacun. C’est la vie de chaque instant qui doit être orientée, tout-venant, vers Dieu, vécue avec lui, par lui et en lui, offerte en union au sacrifice du Calvaire et donc à la messe qui le rend constamment présent dans le monde, transformée ainsi en prière et en force apostolique.
« Veux-tu vraiment être saint ? — Remplis le petit devoir de chaque instant : fais ce que tu dois et sois à ce que tu fais » (Chemin, n° 815). Vouloir être saint et en prendre les moyens, c’est montrer que nous prenons Dieu au sérieux, que nous prenons au sérieux le Sacrifice du Christ sur la Croix, afin « que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » (Jean 3, 15). « Tu me dis : « Oui, je veux. » — Bien. Mais veux-tu comme un avare « veut » son or, une mère son enfant, un ambitieux les honneurs, ou un pauvre sensuel son plaisir ? — Non ? — Alors, c’est que tu ne veux pas » (saint Josémaria, Chemin, n ° 316).
La sainteté est la vocation foncière de l’homme. Dieu nous a choisis « dès avant la création du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ » (Éphésiens 1, 4-5). L’initiative vient de Dieu. Elle est donc éternelle et indépendante du fait que nous sachions répondre on non. « Nous pouvons dire que Dieu « avant » choisit l’homme, dans le Fils éternel et consubstantiel, à participer à sa filiation (par la grâce), et seulement « après » (« à son tour »), il veut la création, il veut le monde » (Jean-Paul II, Discours, 28 mai 1986), comme lieu de réalisation de la sainteté.
Le 26 juin est la fête liturgique de saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, qui a proclamé que tous les hommes sont appelés à sanctifier dans la vie ordinaire, notamment dans l’exercice de leur travail professionnel et dans les occupations de chaque instant.
Cette date a été fixée par le pape Jean-Paul II quand il a béatifié Josémaria, le 17 mai 1992. Elle correspond à ce que l’on appelle le dies natalis, c’est-à-dire le jour de sa naissance au ciel, donc de son départ de ce monde. Ce même pape a qualifié saint Josémaria de « saint de la vie ordinaire », celui qui nous a appris à trouver Dieu dans les tâches et les occupations de notre vie, à les surnaturaliser pour qu’elles servent à nous rapprocher de Dieu et à en rapprocher aussi nos parents, amis, connaissances, etc. -
Que disent les évangiles apocryphes ?
Les évangiles apocryphes, qui ont proliféré dans l’Église au IIème siècle et par la suite, se ramènent fondamentalement à trois groupes : ceux dont nous ne conservons que quelques fragments écrits sur du papyrus et qui ressemblent assez aux Évangiles canoniques, ceux que nous conservons intégralement et qui font un récit pieux de choses sur Jésus et la très sainte Vierge, et ceux qui mettent sous le nom d’un apôtre des doctrines étranges distinctes de ce que l’Église croyait parla véritable tradition apostolique.
Les premiers sont peu nombreux et ne disent pratiquement rien de nouveau, peut-être parce que en nous connaissons mal le contenu. Les fragments de l’« évangile de Pierre », qui raconte la Passion, en font partie.
Le plus ancien du second groupe est le « protévangile de Jacques », qui raconte la présence de la très Sainte Vierge dans le Temple alors qu’elle avait trois ans et comment saint Joseph, qui était veuf, fut désigné pour prendre soin d’elle quand elle eut atteint l’âge de douze ans. Les prêtres du Temple réunirent tous les veufs et un prodige su bâton de Joseph dont surgit une colombe fit qu’il fut désigné. D’autres apocryphes plus tardifs qui rapportent la même histoire, comme le « pseudo Matthieu », racontent que le bâton fleurit miraculeusement. Le « protévangile » narre aussi la naissance de Jésus quand saint Joseph se rendait avec Marie à Bethléem. Il dit que le saint patriarche a cherché une sage-femme, qui a constaté la virginité de Marie dans l’accouchement. D’autres apocryphes de la même veine, comme « la nativité de Marie », racontent la naissance de la Sainte Vierge de Joachim et d’Anne alors qu’ils étaient déjà âgés. L’enfance de Jésus et les miracles qu’il faisait étant enfant sont racontés par le « pseudo Thomas », et la mort de Joseph est le thème principal de l’« Histoire de Joseph le charpentier ». Plus tardifs, les apocryphes arabes de l’enfance s’occupent des trois mages dont un apocryphe éthiopien donne les noms qui sont devenus si populaires. Un thème très apprécié des apocryphes, comme dans le « livre du repos » ou le « pseudo Méliton », est la mort et l’Assomption de la très Sainte Vierge, dont ils disent qu’elle est morte entourée des apôtres et que le Seigneur a transporté son corps sur un char céleste. Toutes ces légendes pieuses ont circulé abondamment au Moyen Âge et ont inspiré de nombreux artistes.
Un autre genre d’apocryphes est celui qui propose des doctrines hérétiques. Les saints Pères les mentionnent pour les réfuter et les désignent souvent du nom de l’hérétique qui les a composés, comme celui de Marcion, de Basilide ou de Valentin, ou du nom de leurs destinataires, comme celui des Hébreux ou des Égyptiens. D’autres fois, les mêmes Pères accusent ces hérétiques de mettre leur doctrine sous le nom d’un apôtre, de préférence Jacques ou Thomas. Les informations des Pères ont été confirmées avec la découverte en 1945 d’œuvres gnostiques à Nag Hammadi, en Égypte (voir le message du 29 juin). Ils présentent d’ordinaire des révélations secrètes prétendues de Jésus qui sont dépourvues de garantie. Ils imaginent le Dieu créateur comme un dieu inférieur et pervers (le Démiurge) et que l’homme obtient le salut à partir de la connaissance de sa provenance divine.
Gonzalo Aranda, professeur de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
Original sur le site opusdei.es
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18 juin : la Fête-Dieu
L’Église fête aujourd’hui le corps et le sang du Christ. Lors de la messe, quand le prêtre prononce les mêmes paroles que Jésus, le soir du Jeudi saint au Cénacle, le pain cesse d’être du pain pour devenir vraiment, réellement et substantiellement le corps du Christ, et de même le vin devient son sang. Celui-ci l’a institué au cours du dernier repas qu’il a pris avec ses apôtres, la dernière Cène : « Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna, en disant : “Ceci est mon corps, donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi.” Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : “Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous.” » (Luc 22, 19-20). C’est le sacrement de l’Eucharistie. La foi catholique affirme qu’après la consécration, le Christ est tout entier présent dans chacune des espèces et dans chacune de leurs parties.
L’Eucharistie, réservée dans le tabernacle pour être portée en Viatique aux malades proches de la mort, est aussi proposée à l’adoration des fidèles dans les saluts du Saint-Sacrement, les bénédictions du Saint-Sacrement, les reposoirs, les congrès eucharistiques…Cette adoration est fondamentale dans la vie d’un fidèle, car elle correspond à ce pour quoi l’homme a été créé.
« Il est émouvant pour moi de voir comment, partout dans l'Église, est en train de se réveiller la joie de l’adoration eucharistique et que ses fruits se manifestent. Au cours de la période de la réforme liturgique la Messe et l'adoration en dehors de celle-ci étaient souvent considérées comme en opposition entre elles : le Pain eucharistique ne nous aurait pas été donné pour être contemplé, mais pour être mangé, selon une objection alors courante. Dans l’expérience de prière de l’Église s’est désormais manifesté le non-sens d'une telle opposition. Augustin avait déjà dit : …nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit ;… peccemus non adorando — « Que personne ne mange cette chair sans auparavant l’adorer;… nous pécherions si nous ne l’adorions pas » (cf. Enarr. in Ps 98, 9 CCL XXXOX 1385). De fait, dans l'Eucharistie nous ne recevons pas simplement une chose quelconque. Celle-ci est la rencontre et l’unification de personnes ; cependant, la personne qui vient à notre rencontre et qui désire s’unir à nous est le Fils de Dieu. Une telle unification ne peut se réaliser que selon la modalité de l’adoration. Recevoir l’Eucharistie signifie adorer Celui que nous recevons. Ce n’est qu’ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons une seule chose avec Lui. C'est pourquoi le développement de l’adoration eucharistique, telle qu’elle a pris forme au cours du Moyen-âge, était la conséquence la plus cohérente du mystère eucharistique lui-même : ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et véritable. C’est précisément dans cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite également la mission sociale qui est contenue dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais également et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres. »
Benoît XVI, Discours aux membres de la curie romaine, 22 décembre 2005. -
Qui était Joseph d'Arimathie ?
Joseph d’Arimathie est mentionné dans les quatre Évangiles dans le contexte de la Passion et de la mort de Jésus. Il était originaire d’Arimathie (Arimathajimen hébreu), une ville de Judas, l’actuelle Rentis, à dix kilomètres au nord-est de Lydda, lieu probable de la naissance de Samuel (1 S 1, 1). Riche (Matthieu 27, 57) et membre illustre du sanhédrin (Marc 15, 43 ; Luc 23, 50), il possédait un tombeau neuf creusé dans le roc, près du Golgotha, à Jérusalem. C’était un disciple de Jésus, mais, comme Nicodème, il l’était en secret par crainte des autorités juives (Jean 19, 38). Luc dit de lui qu’il attendait le royaume de Dieu et qu’il n’avait pas consenti à la condamnation de Jésus par le sanhédrin (Luc 23, 51). À l’heure cruelle de la crucifixion, il n’hésite pas à faire face et il demande à Pilate le corps de Jésus (dans L’évangile de Pierre 2, 1 ; 6, 23-24, un apocryphe du IIème siècle, il le sollicite avant la crucifixion). Le préfet lui ayant donné l’autorisation, il détache le crucifié, l’enveloppe dans un drap propre et, aidé par Nicodème, dépose Jésus dans son tombeau, qui n’avait pas encore été utilisé. Après l’avoir fermé avec une grande pierre, tous deux s’en vont (Matthieu 27, 57-60 ; Marc 15, 42-46 ; Luc 23, 50-53 et Jean 19, 38-42). Tels sont les données historiques.
À partir du IVème siècle surgissent des traditions légendaires à caractère fantastique qui exaltent la personne de Joseph. Un apocryphe du Vème siècle, les Actes de Pilate, appelé aussi Évangile de Nicodème, raconte que les Juifs ont reproché à Joseph et Nicodème leur comportement envers Jésus et que Joseph a été mis en prison pour ce motif. Libéré miraculeusement, il apparaît à Arimathie. Il retourne à Jérusalem et raconte comment il a été libéré par Jésus. Plus fabuleuse encore est la Vindicta Salvatoris (IVème siècle ?), qui s’est beaucoup répandue en Angleterre et en Aquitaine. Ce livre raconte la marche de Titus à la tête de ses légions pour venger la mort de Jésus. Ayant conquis Jérusalem, il trouve Joseph dans une tour où il avait été enfermé pour qu’il meure de faim. Il avait été cependant alimenté par une nourriture céleste.
Aux XII-XIIIème siècles, la légende de Joseph d’Arimathie s’est enrichie de nouveaux détails dans les îles britanniques et en France, et a été insérée dans le cycle du saint Graal et du roi Arthur. Selon une de ces légendes, Joseph a lavé le corps de Jésus et en a recueilli le sang et l’eau dans un récipient. Puis Joseph et Nicodème en ont divisé le contenu (voir « Qu’est-ce que le saint Graal » ?). D’autres légendes disent que Joseph, emportant ce reliquaire avec lui, a évangélisé la France (certains récits disent qu’il a débarqué à Marseille avec Marthe, Marie et Lazare), l’Espagne (où Jacques l’aurait consacré évêque), le Portugal et l’Angleterre. Le personnage de Joseph devint très populaire dans ce dernier pays. La légende en fait le premier fondateur de la première église sur le sol britannique, à Glastonbury Tor, où son bâton prit racine et fleurit tandis que Joseph dormait. Glastonbury Abbey devint un important lieu de pèlerinage jusqu’à sa dissolution avec la Réforme de 1539. En France, une légende du IXème siècle rapporte que Fortuné, patriarche de Jérusalem, à l’époque de Charlemagne, s’enfuit en Occident en emportant avec lui les ossements de Joseph d’Arimathie, jusqu’au monastère de Moyenmoutier, dont il devint l’abbé.
Toutes ces légendes qui n’ont aucun caractère historique montrent l’importance accordée aux premiers disciples de Jésus. Le développement de ces récits peut être en rapport avec des polémiques de circonstance avec Rome dans certaines régions (comme l’Angleterre ou la France). Il s’agirait de démontrer que des régions avaient été évangélisées par des disciples de Jésus et non par des missionnaires envoyés par Rome. En tout état de cause, cela n’a aucun rapport avec la vérité historique.
Juan Chapa, professeur à la faculté de théologie de l’Université de Navarre
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Était-il normal que tant de femmes entourassent Jésus ?
L’attitude et l’enseignement de Jésus accordaient à la femme une dignité qui contrastait avec les coutumes de l’époque, et s’est maintenue dans la première communauté chrétienne, comme on peut le voir dans le Livre des Actes des apôtres et dans les lettres du Nouveau Testament.
Bien qu’il existât des différences entre les classes élevées et les classes populaires, ce qui était habituel, c’était que la femme ne joue aucun rôle dans la vie publique. Son domaine était le foyer où elle était soumise à son mari : elle sortait peu de chez elle et quand elle sortait, elle avait le visage couvert et ne s’arrêtait pas à parler à un homme. Le mari pouvait lui donner un libelle de répudiation et la renvoyer. Certes, tout cela ne s’appliquait pas de façon stricte aux femmes qui, par exemple, devaient travailler aux champs. Mais même dans ce cas, elle ne pouvait pas rester seule avec un homme. La différence la plus importante avec l’homme se trouve cependant dans le domaine religieux : la femme est soumise aux interdictions de la Loi, mais est exemptée des préceptes (aller en pèlerinage à Jérusalem, réciter chaque jour le Shema, etc.). Elle n’était pas tenue d’étudier la Loi et les écoles étaient réservées aux garçons. Pareillement, dans la synagogue la femme se trouvait avec les enfants, séparée des hommes par une grille. Elle ne participait pas au banquet pascal et n’était pas mentionnée parmi ceux qui prononçaient la bénédiction après le repas.
Face à cela, nous découvrons dans les Évangiles de nombreux exemples d’une attitude ouverte de Jésus : en plus de nombreuses guérisons de femmes, il prend souvent dans sa prédication l’exemple de la femme, comme celle qui balaye sa maison jusqu’à ce qu’elle trouve la drachme perdue (Luc 15, 8), la veuve qui persévère dans la prière (Luc 18, 3) ou la veuve pauvre et généreuse (Luc 21, 2). Il a corrigé l’interprétation du divorce (Luc 16, 18) et admis que des femmes le suivent. Quant à ceux qui le suivaient, l’attitude de Jésus a été également très ouverte. Jésus avait des disciples sédentaires, pour ainsi dire, qui vivaient chez eux, comme Lazare (Jean11, 1 ; voir Luc 10, 38-39) ou Joseph d’Arimathie (Matthieu 27, 57). De Marie, il est dit qu’« assise aux pieds du Seigneur, elle l’écoutait parler » (Luc 10, 39) comme pour signifier l’attitude du disciple du Seigneur (voir Luc 8, 15.21). l’Évangile parle aussi de la mission itinérante de Jésus et de ses disciples. C’est dans ce contexte qu’il faut entendre Luc 8, 1-3 (voir Matthieu 27, 55-56 ; Marc 15, 40)41) : Jésus « cheminait par villes et bourgs, proclamant et annonçant la Bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les Douze étaient avec lui, et aussi quelques femmes qui avaient été délivrées d’esprits mauvais et de maladies : Marie, surnommée Magdaléenne, de qui étaient sortis sept démons ; Jeanne, femme de Chouza, intendant d’Hérode ; Suzanne et plusieurs autres, qui les assistaient de leurs biens. » Un groupe de femmes accompagne donc Jésus et les apôtres dans la prédication du royaume et réalise une tâche de diaconie, de service.
Vicente Balaguer, professeur de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
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Que s'est-il passé au concile de Nicée ?
Le Ier concile de Nicée est le premier concile œcuménique, c’est-à-dire universel en ce que des évêques de toutes les régions où les chrétiens étaient présents y ont participé. Il a eu lieu quand l’Église a pu jouir d’une paix stable et disposer de la liberté pour se réunir ouvertement. Il s’est tenu du 20 mai au 25 juillet 325. Y ont pris part quelques évêques qui portaient sur leur corps les traces des coups qu’ils avaient reçus pour rester fidèles au cours des persécutions, encore très récentes.
L’empereur Constantin, qui n’avait pas encore été baptisé, ménagea la participation des évêques en mettant à leur disposition le service des postes impériales pour leur déplacement et en leur offrant l’hospitalité à Nicée de Bithynie, près de sa résidence de Nicomédie. De fait, il jugea cette réunion très opportune, car, après avoir obtenu la réunification de l’empire à la suite de sa victoire contre Licinius en 324, il désirait aussi voir l’Église unie, alors qu’elle était secouée par la prédication d’Arius, un prêtre qui niait la véritable divinité de Jésus-Christ. Depuis 218 Arius s’était opposé à son évêque Alexandre d’Alexandrie et avait été excommunié par un synode réunissant tous les évêques d’Égypte. Arius s’enfuit et vint à Nicomédie, près de son ami l’évêque Eusèbe.
Au nombre des Pères se trouvaient les personnages ecclésiastiques les plus importants du moment : Osius, évêque de Cordoue qui semble avoir présidé les séances ; Alexandre d’Alexandrie, aidé par Athanase, alors diacre ; Marcel d’Ancyre, Macaire de Jérusalem, Léonce de Césarée de Cappadoce, Eustache d’Antioche et quelques prêtres représentant l’évêque de Rome, empêché d’y assister en raison de son grand âge. Des amis d’Arius ne manquèrent pas : Eusèbe de Césarée, Eusèbe de Nicomédie et quelques autres. Environ trois cents évêques au total étaient présents.
Les partisans d’Arius, qui pouvaient compter avec la sympathie de l’empereur Constantin, pensaient qu’une fois qu’ils auraient exposé leur point de vue l’assemblée leur donnerait raison. Cependant Eusèbe de Nicomédie prit la parole pour dire que Jésus-Christ n’était qu’une créature, bien qu’excellente et très éminente, et qu’il n’était pas de nature divine. L’immense majorité des assistants remarqua aussitôt que cette doctrine trahissait la foi reçue des apôtres. Pour éviter une confusion aussi grave, les Pères conciliaires décidèrent de rédiger, sur la base du credo baptismal de l’Église de Césarée, un symbole de la foi qui reflétât de façon synthétique et claire la confession authentique de la foi reçue et admise par les chrétiens depuis les origines. Il y est dit que Jésus-Christ est « de la substance du Père, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré non pas créé, homoousios tou Patrou (consubstantiel au Père) ». Tous les Pères conciliaires, hormis deux évêques, ratifièrent ce credo, le symbole de Nicée, le 19 juin 325.
En plus de cette question fondamentale, le concile de Nicée fixa la célébration de la Pâques au premier dimanche suivant la première pleine lune du printemps, selon la pratique habituelle dans l’Église de Rome et de beaucoup d’autres Églises. Des questions disciplinaires de moindre importance, relatives au fonctionnement de l’Église, furent également traitées.
Pour ce qui concerne le sujet le plus important, la crise arienne, Eusèbe de Nicomédie réussit, avec l’aide de Constantin, à revenir sur son siège épiscopal, et l’empereur lui-même ordonna à l’évêque de Constantinople d’admettre Arius à la communion. Entre-temps, après la mort d’Alexandre, Athanase avait accédé à l’épiscopat à Alexandrie. Il fut une des principales figures de l’Église tout au long du IVème siècle, défendant la foi de Nicée avec une grande hauteur intellectuelle, ce qui lui valut d’être envoyé en exil par l’empereur.
L’historien Eusèbe de Césarée, proche des thèses ariennes, exagère dans ses écrits l’influence de Constantin au concile de Nicée. Si nous ne disposions que de cette source, nous pourrions penser que l’empereur, en plus de prononcer quelques mots de bienvenue au début des sessions, a joué le premier rôle pour réconcilier les adversaires et restaurer la concorde, s’imposant aussi dans des questions doctrinales par-dessus les évêques qui participaient au concile. Il s’agit d’une version biaisée de la réalité.
Si nous tenons compte de toutes les sources disponibles, nous pouvons certainement dire que Constantin a rendu possible la tenue du concile de Nicée et a exercé une influence sur la réalité de sa tenue en lui donnant son appui. Cependant, l’étude des documents montre que l’empereur n’a pas eu d’influence sur la formulation de la foi faite dans le credo : il n’avait pas la capacité théologique pour dominer les questions débattues, mais surtout les formules approuvées ne coïncidaient pas avec ses inclinations personnelles qui allaient plutôt dans le sens de l’arianisme, c’est-à-dire de considérer Jésus-Christ comme n’étant pas Dieu, mais une créature éminente.
Francisco Varo, doyen de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
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Jésus d’après les sources romaines et juives
Les premières mentions de Jésus dans des documents littéraires en dehors des écrits chrétiens se trouvent chez des écrivains grecs et romains qui ont vécu dans la deuxième moitié du Ier siècle ou la première moitié du IIème siècle, très près par conséquent des événements.
Le texte le plus ancien qui mentionne Jésus, bien que de façon implicite, a été écrit par un philosophe stoïcien originaire de Samosate en Syrie, appelé Mara bar Sarapion, vers l’année 73. Il parle de Jésus comme d’un « roi sage » des Juifs et dit qu’il a promulgué « de nouvelles lois », faisant peut-être allusion aux antithèses du Sermon sur la Montagne (voir Matthieu 5, 21-48), et qu’il n’a servi de rien aux Juifs de le mettre à mort.
La mention explicite de Jésus la plus ancienne et la plus célèbre est celle de l’historien Flavius Josèphe (Antiquitates iudaicæ 18, 63-64), à la fin du Ier siècle, connu aussi sous le nom de Testimonium Flavianum. Ce texte, qui a été conservé dans tous les manuscrits grecs de l’œuvre de Josèphe, en vient à insinuer qu’il pourrait s’agir du Messie, moyennant quoi nombre d’auteurs pensent qu’il s’agit d’une interpolation des copistes médiévaux. De nos jours, les chercheurs pensent que les mots originaux de Josèphe devaient être très similaires à ceux qui ont été conservés dans une version arabe citée par Agapios, évêque de Hiérapolis, au Xème siècle, d’où les interpolations présumées sont absentes. Ce texte est le suivant : « En ce temps-là, un sage appelé Jésus eut une bonne conduite et était connu pour être vertueux. Il a eu pour disciples de nombreuses personnes des Juifs et d’autres peuples. Pilate l’a condamné à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui étaient devenus ses disciples n’ont pas abandonné leur poste et ont raconté qu’il leur était apparu trois jours après la crucifixion et qu’il était vivant, et qu’il pouvait donc être appelé le Messie dont les prophètes avaient dit des choses merveilleuses. »
Parmi les écrits romains du IIème siècle (Pline le Jeune, Epistolarum ad Traianum Imperatorem cum eiusdem Responsis liber 10, 96 ; Tacite, Annales 14, 44 ; Suétone, Vie de Claude 25, 4), nous trouvons des allusions à la personne de Jésus et à l’action de ceux qui l’ont suivi.
Dans les sources juives, le Talmud en particulier, il est fait à plusieurs reprises allusion à Jésus et à certaines choses qui se disaient de lui, ce qui permet de corroborer certains détails historiques à partir de sources qui ne peuvent être suspectées d’avoir été manipulées par des chrétiens. Un chercheur juif, Joseph Klausner, résume ainsi les conclusions dignes de confiance qui peuvent se déduire des énoncés talmudiques sur Jésus : « Il y a des énoncés dignes de confiance comme quoi son nom était Yeshua (Yeshu) de Nazareth, qu’il a « pratiqué la sorcellerie » (c’est-à-dire qu’il a réalisé des miracles comme cela était courant à l’époque) et la séduction, et qu’il conduisait Israël sur une mauvaise voie ; qu’il s’est moqué des paroles des sages et qu’il a commenté l’Écriture de la même façon que les pharisiens ; qu’il a eu cinq disciples ; qu’il a dit qu’il ne venait nullement abroger la Loi ni demander quoi que ce soit ; qu’il a été suspendu à un bois (crucifié) en tant que faux maître et séducteur, la veille de la Pâque (qui tombait un jour de sabbat) ; et que ses disciples soignaient des maladies en son nom » (J. Klausner, Jésus de Nazareth). Le résumé qu’il fait, avec ses incises, exigerait des précisions du point de vue historique, mais est suffisamment expressif de ce que ces sources peuvent dire, qui n’est pas tout, mais n’est pas peu de chose non plus. Confrontant ces données avec celles qui proviennent des auteurs romains, il est donc possible d’assurer avec une certitude historique que Jésus existé et même de connaître certaines des données les plus importantes de sa vie.
Francisco Varo, doyen de la faculté de Théologie de l’Université de Navarre
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Coment expliquer la Résurrection de Jésus ?
La résurrection du Christ est un événement réel qui a eu des manifestations historiquement vérifiées. Les apôtres ont rendu témoignage de ce qu’ils ont vu et entendu. Vers 57, saint Paul écrit aux Corinthiens : « Je vous ai, en effet, transmis tout d’abord ce que moi-même j’avais reçu : quel le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures ; qu’il a été mis au tombeau et qu’il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures ; et qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze » (1 Corinthiens 15, 3-5).
Quand quelqu’un s’approche de nos jours de ces faits pour y chercher avec le plus d’objectivité possible la vérité de ce qui s’est produit, une question peut se présenter à son esprit : S’agit-il d’une manipulation de la réalité qui a eu un écho extraordinaire dans l’histoire humaine, ou d’un fait réel qui continue d’être surprenant et inattendu aujourd’hui comme pour les disciples stupéfaits à l’époque ?
Il n’est possible de trouver une réponse raisonnable à cette question qu’en étudiant ce que pouvaient être les croyances de ces hommes au sujet de la vie après la mort, pour se rendre compte si l’idée d’une résurrection comme celle qu’ils racontent est quelque chose de logique dans leurs schémas mentaux.
D’entrée de jeu, dans le monde grec on trouve des références à une vie après la mort, mais avec des caractéristiques singulières. L’Hadès, motif récurent dès les poèmes homériques, est le domicile de la mort, un monde d’ombres qui est comme un vague souvenir de la demeure des vivants. Mais Homère n’a jamais imaginé qu’un retour de l’Hadès soit possible dans la réalité. Dans une perspective différente, Platon a spéculé sur la réincarnation, mais n’a pas pensé à la revitalisation du corps, une fois mort, comme à quelque chose de réel. C’est-à-dire que, même s’il était parfois question d’une vie après la mort, l’idée de résurrection ne passait jamais par la tête, c’est-à-dire l’idée d’un retour à la vie corporelle dans le monde présent d’un individu quelconque.
Dans le judaïsme, la situation était en partie distincte et en partie commune. Le shéol dont parlent l’Ancien Testament et d’autres textes juifs anciens n’est pas très différent de l’Hadès homérique. Les gens y sont comme endormis. Mais, à la différence de la conception grecque, des portes sont ouvertes sur l’espérance. Le Seigneur est l’unique Dieu, aussi bien des vivants que des morts, avec un pouvoir aussi bien sur le monde d’ici-bas que sur le shéol. Un triomphe sur la mort est possible. Dans la tradition juive, d’aucuns manifestent une croyance en une certaine résurrection. L’on attend aussi la venue du Messie. Mais les deux événements ne semblent pas liés. Pour n’importe quel Juif contemporain de Jésus, il s’agit, au moins de prime abord, de deux questions théologiques qui se situent dans des domaines très distincts l’un de l’autre. On s’attend à ce que le Messie batte les ennemis du Seigneur, rétablisse dans toute sa splendeur et sa pureté le culte du Temple, établisse la domination du Seigneur sur le monde, mais on ne pense jamais qu’il ressuscitera après sa mort : c’est quelque chose qui, d’ordinaire, ne venait jamais à l’idée d’un Juif pieux ou instruit.
Dérober son corps ou inventer le faux bruit comme quoi il est ressuscité avec son corps, comme argument pour prouver qu’il était le Messie, est impensable. Le jour de la Pentecôte, selon les Actes des apôtres, Pierre affirme que « Dieu l’a ressuscité, l’affranchissant des douloureux la mort », concluant : « Que toute la maison d’Israël sache avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus que vous avez crucifié » (Actes 2, 24.36).
L’explication de semblables affirmations est que les apôtres avaient été les témoins de quelque chose qu’ils n’avaient jamais pu imaginer et que, malgré leur perplexité et les moqueries qu’ils pensaient à juste titre que cela allait provoquer, ils se voyaient dans l’obligation d’en rendre témoignage.
Francisco Varo, doyen de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
Disponible sur le site www.opusdei.es Traduit par mes soins -
Quelles étaient les affinités politiques de Jésus ?
Jésus a été accusé auprès de l’autorité romaine de promouvoir une révolte politique (voir Luc 23, 2). Pendant que le procurateur Pilate délibérait, il a fait l’objet de pressions pour qu’il condamne Jésus au motif suivant : « Si c’est celui-là que tu libères, tu n’es pas ami de César : quiconque se fait roi se déclare contre César » (Jean 19, 12). C’est pourquoi dans le titre de la croix qui indiquait le motif de la condamnation, il est écrit : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. »
Ses accusateurs ont pris pour prétexte la prédication de Jésus au sujet du royaume de Dieu, un royaume de justice, d’amour et de paix, pour le présenter comme un adversaire politique qui pourrait finir par poser des problèmes à Rome. Mais Jésus n’a pas participé directement à la politique et n’a pas pris parti en faveur d’aucune des factions ou des tendances réunissant les opinions ou l’action politique de ceux qui vivaient alors en Galilée ou en Judée.
Cela ne veut pas dire que Jésus se désintéressait des questions importantes dans la vie sociale de son temps. De fait, l’attention qu’il portait aux malades, aux pauvres et aux nécessiteux n’est pas passée inaperçue. Il a prêché la justice et, par-dessus tout, l’amour du prochain sans distinction.
Quand il entre à Jérusalem pour participer à la fête de la Pâque, la foule l’acclame comme le Messie en criant sur son passage : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux ! (Matthieu 21, 9). Cependant Jésus ne répondait pas aux attentes politiques selon lesquelles le peuple s’imaginait le Messie : il n’était pas un chef guerrier venant changer par les armes la situation dans laquelle ils se trouvaient, ni un révolutionnaire incitant à se soulever contre le pouvoir romain.
Le messianisme de Jésus ne se comprend qu’à la lumière des cantiques du Serviteur souffrant prophétisés par Isaïe (Isaïe 52, 13-53, 12), qui s’offre à la mort pour la rédemption de beaucoup. C’est ainsi que les premiers chrétiens l’ont clairement compris en réfléchissant, mus par l’Esprit Saint, sur ce qui s’était passé : « Le Christ lui-même a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces ; lui qui n’a pas commis le péché et dont la bouche n’a pas proféré de mensonge ; lui qui subissait les outrages sans riposter ; qui endurait la souffrance sans faire de menaces, s’en remettant à celui qui juge en toute justice ; qui a lui-même porté nos péchés en son corps, sur le bois, afin qu’étant mort à nos péchés nous vivions pour la justice ; dont les meurtrissures nous ont guéris. Car vous étiez comme des brebis errantes ; mais à présent vous êtes revenus au pasteur et au gardien de vos âmes » (1 Pierre 2, 5-9).
Certaines biographies récentes de Jésus font remarquer, à propos de son attitude face à la politique du moment, la diversité des hommes qu’il a choisis comme apôtres. On cite d’ordinaire Simon, appelé le zélote (voir Luc 6, 15), qui, comme son surnom l’indique, devait être un nationaliste radical, engagé dans la lutte pour l’indépendance du peuple face aux Romains. Certains experts des langues de la région signalent aussi Judas Iscariote dont le surnom iskariot semble être la transcription populaire grecque du mot latin sicarius, ce qui en ferait un sympathisant du groupe le plus extrémiste et violent du nationalisme juif. En revanche, Matthieu était collecteur d’impôts pour l’autorité romaine, « publicain » ou, ce qui était alors considéré comme l’équivalent, collaborateur avec le pouvoir politique établi par Rome. D’autres noms, comme Philippe, marquent la provenance du monde hellénique qui était très établi en Galilée.
Ces données peuvent présenter des détails discutables ou associer certains de ces hommes à des attitudes politiques qui n’ont pris de l’importance que quelques décennies plus tard, mais en tout état de cause elles montrent bien que dans le groupe des Douze se trouvaient des gens très différents les uns des autres, chacun avec ses opinions et ses prises de positions, qui avaient été appelés à une tâche, celle de Jésus, qui transcendait leur filiation politique et leur condition sociale.
Francisco Varo, doyen de la faculté de théologie de l’Université de Navarre
Disponible sur le site www.opusdei.es
Traduit par mes soins