Albert Barbe (1831-1907), ancien élève de l’X (promotion 1851), fit les campagnes de Crimée et du Mexique. Dans l’armée de Bazaine pendant la guerre de 1870, il fut compris dans sa capitulation, et interné à Coblentz. Général (de brigade en 1881, de division en 1892), directeur de l’X (1886-1888), inspecteur général de l’artillerie, commandeur de la Légion d’honneur.
Hubert Beuve-Méry (1902-1989), docteur en droit, il fut nommé en 1928 professeur de droit international à l'Institut français de Prague, où il resta jusqu’à l’invasion allemande.
Correspondant du Temps, il n’eut de cesse de dénoncer la menace du national-socialisme, puis il critiqua vivement les accords de Munich et, dans un livre publié en 1939 (Vers la plus grande Allemagne), il dénonça le nazisme, tout en prônant une nouvelle Europe, alliant la démocratie et l’ordre comme le primat de l’homme et l’efficacité. En France, sous l’occupation, il entra au conseil de rédaction d’Esprit (avec notamment Emmanuel Mounier, Gabriel Marcel et André Philip). À l’instigation de René de Naurois, il devint professeur à l’école d’Uriage. Lorsque celle-ci fut dissoute par Laval à la fin 1942, il entra dans la Résistance, où il eut une activité importante. À la Libération, il fonda Le Monde, à la demande du général de Gaulle, dont il resta le directeur jusqu’en décembre 1969. Il fut notamment membre du conseil d’administration de France-Presse et de l’Institut Pasteur, président du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (1973-1979), professeur associé à l'Université Paris I. En 1974, il publia ses éditoriaux sur de Gaulle et le gaullisme sous le titre Onze ans de règne.
Marcel Brion (1895-1984), voir la notice qui lui sera consacrée le 24 août.
Baron Jules Cloquet (1790-1889),
docteur en médecine, professeur à la Faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine dès sa création (dont il fut président), commandeur de la Légion d’honneur. Il fut un élève du père de Flaubert, un grand ami et le médecin de Gustave Flaubert et de La Fayette (dont il ferma les yeux sur son lit de mort). Auteur d’ouvrages scientifiques.
Charles Coffin (1676-1749), chanoine, recteur de l’Université de Paris de 1718 à 1721. Il demanda au Régent et obtint de Louis XV que l’enseignement devienne gratuit (et il demeura tel jusqu’en 1793). Il rédigea une grande partie du bréviaire parisien de 1736 et de nombreuses pièces pour la messe (séquences, hymnes, motets).
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Le regard du Christ sur Zachée
Regard porté sur Zachée dans le sycomore
Où, simple curieux, sans le savoir il implore
L’amendement d’une vie passée à tricher,
Qu’étant notable nul n’ose lui reprocher.
Mais aux yeux de Jésus, son âme est à nu.
Dans le geste accompli, il a reconnu
La capacité du pécheur à l’accueillir
Et dans la droite ligne à se rétablir.
C’est pourquoi s’arrêtant, il appelle Zachée
— Comme il le ferait pour n’importe quel coupable :
« Sans plus tarder, descend au lieu de te cacher,
Car aujourd’hui, tu me recevras à ta table… »
Le chef des publicains est frappé de stupeur ;
Il est ému par la tendresse qu’il découvre
Et dans la voix et dans le regard du Seigneur
Et sent que pour lui un nouvel horizon s’ouvre.
Prosterné devant Jésus, il le remercie
Et commande aussitôt la mère des banquets.
C’est les pécheurs et ses collègues qu’il convie.
Ils répondent tous ; aucun ne veut y manquer.
Voyant cela, les pharisiens murmurent entre eux :
« Comment a-t-il pu accepter, c’est scandaleux,
De se mêler à eux dont la simple présence
Rend impur et porte atteinte à la décence ? »
Zachée a cure de leurs récriminations,
Car le Salut annoncé à toutes les nations
A fait halte en personne dans sa maison
Faisant affluer en lui une floraison
De désirs de réparer et de compenser
Les malversations commises jusqu’ici.
« Pour tous ceux que j’ai lésés je vais dépenser
Le quadruple, pour que chacun bénéficie
D’un large dédommagement, et aux pauvres
Je m’en vais distribuer la moitié de mes biens.
À compter d’aujourd’hui, je m’en sens le gardien
Appelé à me préoccuper de tous les autres. »
À ces nobles déclarations Jésus répond :
« Pourquoi le condamnez-vous ? Apprenez qu’un pont
A été jeté entre passé et futur,
Car je suis venu pour guérir, non pour exclure.
En vérité, en vérité, je vous le dis,
Dans cette maison, le salut est arrivé
Aujourd’hui, car Zachée est lui aussi un fils
D’Abraham, dont vos tribus sont des dérivés.
Et, sachez-le bien, le Fils de l’homme est venu
Pour chercher et sauver ce qui était perdu.
Après s’être éloigné, cet homme est revenu,
C’est pour cela que chez lui je suis descendu. »
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog ») -
Un voyage en Corse (suite et fin)
(suite du récit de voyage de Fernand Le Tourneau en Corse, en 1909)
Le lendemain au départ, temps couvert : nous voyons la côte et la mer, mais les montagnes du Cap sont dans les nuages, et aussi l’Ile [Rousse] que nous ne devrions pas perdre de vue.
La route suit la côte, qui est très découpée, contournant chaque golfe et chaque ravin, tantôt montant, tantôt descendant ; elle est parfois taillée dans le roc, qui descend à pic jusqu‚à la mer. Les roches sont blanches, vertes, noires, mais surtout vert clair, creusées par le vent et la pluie en forme de coupe, les maquis vont souvent jusqu‚à la mer, et les chênes verts sont nombreux, bien plus avancés ici qu’auprès d‚Ajaccio ; le feuillage nouveau a presque remplacé celui de l’an dernier. Des cultures en terrasses autour de chaque village.
Nous nous arrêtons pour déjeuner à la Marine d’Albo : quelques maisons de pierre, la Douane et l’auberge, dominées par la Tour génoise. Le téléphone annonçant notre venue n’est pas encore arrivé, et nous déjeunons de saucisson, œufs et poisson.
Après déjeuner, nous regardons les drôleries d’un perroquet, donné à l’aubergiste par son fils, marin au service de l’État. Il épuce un vieux qui doit être de ses amis, et lui becquette les yeux et la bouche. Il becquette aussi la bouche de la jeune servante, jolie fille aux beaux yeux et au joli teint, qui lui tend amoureusement les lèvres, les yeux mi-clos. À qui songe-t-elle ?
Nous allons voir emballer dans des sacs le poisson pêché la veille sur la côte de l’Ile Rousse, et séché au soleil pendant vingt-quatre heures : espèces d’anguilles de mer à peau tigrée, qu’ils appellent morenas [murènes ?]. Cela permet de les conserver et de les transporter plus loin.
Le temps s’était levé, et, soudain, en face de nous, au-dessus de la côte et des nuages qui la couvraient, très hautes, les montagnes toutes blanches, vite cachées à nouveau par les nuages. Quand le temps est tout à fait clair, ce doit être magnifique.
Nous passons à Nonza, perché sur un haut rocher à pic sur la mer, et, continuant à longer la côte, arrivons à Saint-Florent en même temps que la fraîcheur du soir. Promenade dans la ville, où la jetée sert de latrines, où les enfants chantent faux les cantiques à l’église, et où les petites filles chantent en français des rondes sur la promenade ombragée de platanes.
19 mai. Départ de bonne heure pour Bastia. La route monte le long d’une vallée bien arrosée, et même marécageuse par endroits. Beaux pâturages, beaux chênes verts, beaux oliviers. On passe en vue d’un village pittoresquement étagé au flanc du coteau, Oletta, puis on monte dans les châtaigneraies et les pâturages au col de San Stefano, d’où la vue est étendue sur les deux vallées et les deux mers. La route traverse en descendant le défilé du Lancone, très abrupt du côté de la route, le torrent dans le fond du ravin, très profond, le maquis couvrant les pentes du haut en bas, la vallée plus large, et la mer au fond du défilé. Descente sur la mer et sur Bastia par une route très cahoteuse, et un soleil très chaud.
Il fait très chaud ici ; nous avons repris notre chambre, relativement fraîche, et d’où l’on entend les hirondelles, et les sonneries trop fréquentes de l’église voisine.
Nous avons été satisfaits de notre séjour à Bastia, qui est pittoresque et animée. Nous avons seulement un peu souffert de la chaleur, et faisions la sieste après déjeuner jusqu’à 3 heures. Après, nous prenions une voiture ou un des trams qui sillonnent la ville, pour faire une promenade aux environs.
Jeudi, nous sommes allés aux grottes de Brando et à Erbalunga, à huit kilomètres de Bastia, sur la route du Cap. Les grottes sont à mi-hauteur, à flanc de coteau, d’accès très facile, avec escaliers bien aménagés. Elles se composent de deux salles, pas très grandes, dont les parois et les voûtes sont entièrement garnies de stalactites et de concrétions calcaires. L’éclairage est assez curieux : ce sont des bougies et des lampes à huile comme celles de Pompéi. Le gardien va en avant les allumer avant de commencer la visite.
Erbalunga, qui est à côté, est un petit village bâti sur un promontoire : du côté de la terre, où il y a peu de largeur, il y a la place et les cafés où l’on prenait l’apéritif, car c’était fête. Le lavoir couvert avec eau courante, et la Marine, où l’on était en train de mettre à l’eau les barques, tirées sur le sable avec des poulies. Après, il n‚y a plus qu’une ruelle centrale, et des maisons baignant de chaque côté dans la mer. De temps à autre, entre deux maisons, une descente à l’eau sur le roc. À l’extrémité, adossée à une maison, une tour génoise en ruine. Le village est aussi pittoresque de l’extérieur que de l’intérieur, et c’est un des plus jolis coins de Bastia. Près de l’église, il embaumait un mélange de roses et de citronniers.
Hier matin, promenade à pied de 5 heures un quart à 8 heures sur les collines qui avoisinent Bastia : soleil déjà chaud, et un peu de brume. Mais on passe par des sentiers à travers champs, montant, descendant, traversant un ruisseau à gué, longeant un vieux fort ruiné. Les haies sont couvertes de fleurs : roses, chèvrefeuilles, orangers, citronniers, fleurs du maquis. De la vue presque tout le temps.
L’après-midi, promenade en voiture du même genre, passant plus au nord, et montant plus haut. Nous sommes passés devant quelques bouchons [cabaret], où, l’été, les Bastiais viennent chercher un peu de fraîcheur, et avons fait le tour de Cardo, petit village pittoresquement juché sur un éperon de montagne, et en sommes descendus par une route défoncée par les charrois des carriers et des ardoises de mauvaise qualité, exploitées à flanc de coteau en bordure de la route. Quel chaos, et que de tournants brusques !
La vue est beaucoup plus nette que le matin, très étendue et très variée d’aspect. Nous voyons Bastia de très haut et sous toutes ses faces, et, peu à peu, les ombres s’allongent et gagnent Bastia, tandis que la mer et les bateaux sont encore tout éclairés.
La campagne est très bien cultivée : légumes, vignes, beaux oliviers. Dans le fond des vallées, bois ombreux et de l’eau qui sourd de tous côtés. Nombreuses chapelles funéraires, toujours situées à un endroit d’où la vue est belle.
Le cocher, qui est du pays mais a voyagé, y est rentré pour ne pas rester éloigné de sa mère. Les chevaux et la voiture sont à lui, et il se fait de bonnes journées, ayant gagné la veille 45 francs ; il est vrai que c’était fête, et qu’il a marché toute la journée. L’été, il va aux eaux d’Orezza, et gagne de 45 à 50 francs par jour à mener les baigneurs des hôtels aux eaux à 1 franc par tête et autant au retour. La vallée où sont les eaux est malsaine, et l’on habite dans les villages sur les hauteurs à une certaine distance. Il y a dans la région un bandit qui, il y a deux mois, a tué un brigadier et deux gendarmes et est activement recherché. Il y en a donc encore !!!
Les ouvriers agricoles gagnent de 2.25 à 2.50 par jour ; il est vrai que la vie est très bon marché : les petits pois se vendaient la veille au marché 0.05 le kilo, et, à la suite d’une pêche abondante, le poisson 0.20 la livre, les langoustes 0.75 la livre ; les fraises en saison valent 0.05 la livre, et les figues fraîches 0.05 les quarante, le vin naturel 0.30 le litre, et, quand la récolte est abondante, comme l’an dernier, certains propriétaires, faute de futailles pour le loger, le donnent pour rien à qui veut l’emporter. Une maison de sept pièces coûte 10 francs par mois de loyer.
* * *
Nota : une voiture, à l’époque, n’est pas une voiture automobile (celles-ci sont encore très rares), mais une voiture tirée par un ou deux chevaux et dirigée par un cocher ; c’est un taxi hippomobile. -
Regard de Jésus sur le jeune homme riche
« Bon Maître, que dois-je faire pour acquérir
La vie éternelle en partage ? » Un notable
Pose cette question, car il veut parvenir
Pour de bon à une existence délectable.
Jésus regarda le jeune homme et l’aima,
Car il était fidèle depuis sa jeunesse
À la Loi du Père, dont le panorama
Suscite un désir de perfection, qui le presse.
« Dieu seul est bon, dit Jésus », avant de répondre
En énumérant pour lui les commandements.
Nés de l’amour de Dieu, ils peuvent faire fondre
Les cœurs sincèrement épris d’amendement.
Mais ce vouloir peut n’être que velléité
Si, au lieu d’être fixée en Dieu, l’âme
Vibre au bruit de l’argent et de ses futilités,
Est devenue la servante de Balaam.
« Va, vend tout ce que tu as. Donne-le aux pauvres.
Puis viens et suis-moi. » L’ordre est catégorique.
« Ne vis plus pour toi, mais seulement pour les autres.
Tu recevras alors une joie prolifique. »
Le regard interrogateur de l’espérance
Qui ne s’attendait pas à de telles exigences
Se mouille et, troublé, se tourne vers le sol.
Tout vendre pour suivre le Maître le désole.
Un grand combat intérieur le prend en tenaille :
« Le Rabbi ou mes possessions, c’est le dilemme.
Il ne parle pas comme les autres et je l’aime,
Mais c’est trop me demander, mieux vaut que je m’en aille. »
Sans regarder Jésus, qui l’aurait encouragé,
Sans rien dire ni demander des précisions,
L’homme, tout triste, applique sa décision
Fuyant le chemin sur lequel il s’engageait.
Il est plus difficile qu’un riche entre au ciel
Qu’un chameau passe par le chas d’une aiguille.
Le jeune homme s’est échappé comme une anguille
Plutôt que de fuir un monde artificiel.
C’est le mystère de la liberté humaine
Qui, mise en présence d’un océan d’Amour,
Préfère ce qu’elle connaît et qui l’enchaîne,
Et n’ose partir à la quête de cet Amour.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog ») -
Jean-Jacques Le Tourneau, mon père
Jean-Jacques LE TOURNEAU est né le 24 juin 1908, à Paris VIIème arrondissement. Il appartenait à une famille d’architectes de père en fils depuis avant la Révolution jusqu’à son père, Marcel Le Tourneau, architecte et archéologue (auparavant ils avaient surtout été maîtres charpentiers à Angers), originaire de Saint-Sylvain d’Anjou, qui s’était installée en 1846 à Paris, 27 rue de l’Université, où il est né. Sa mère, Marie Grouvelle (1883-1969) était elle-même fille d’Antoine Grouvelle (1843-1917), directeur général des manufactures des tabacs, président de la société entomologiste de France.
Parmi ses ancêtres figurent le chimiste Guillaume Rouelle (1703-1770, membre de l’Académie des sciences ; le chimiste Hilaire Rouelle (1718-1799) ;Jean d’Arcet (1725-1801), directeur de la Manufacture de Sèvres, membrée l’Académie des sciences ; Jean d’Arcet (1777-1844), membre de l’Académie des sciences ; l’écrivain et diplomate Philippe-Antoine Grouvelle (1758-1806).
Il a épousé le 3 avril 1934 Melle Geneviève Barbe-Abeille, dont il a eu sept enfants.
Il était ingénieur de l’école nationale des mines de Paris (promotion 1928) et licencié en Droit, lieutenant d’artillerie de montagne (sur le front des Alpes du Sud en 1939-1940).
Entré à Saint-Gobain en 1932, chef du service administratif puis des transports (1942-1948), adjoint au directeur du département des produits chimiques (1948-1955), il fonda en 1955 le service des accords techniques et des affaires extérieures en vue de procéder à des transferts de maîtrise industrielle, par des projets sains et profitables pour toutes les parties. Il réalisa dans cet esprit des complexes industriels dans le monde entier. Il fut le directeur de ce service des accords techniques et des affaires extérieures à Saint-Gobain puis, à la suite de fusions, à Péchiney-Saint-Gobain, enfin à Rhône-Poulenc jusqu’en 1973. Président (1973-1978) de la Compagnie pour la cession de licences par lui fondée (Cofral), puis président d’honneur. Il avait été administrateur de sociétés en Espagne, France, Grèce, Hollande, Inde, Italie, au Mexique et au Pakistan, conseiller du commerce extérieur et président de sa commission d’Europe méridionale (1967-1973).
Selon Jacques Hertz, son plus proche collaborateur pendant de nombreuses années, Jean-Jacques Le Tourneau « était un homme brillant, non conformiste, enthousiaste, ouvert aux autres, entreprenant, parfois aux limites de ce qui était possible. Il ne s'est pas soumis aux normes de la réussite. Dans de nombreux pays, il a fait rayonner l'éclat de notre créativité, de notre humanisme et de notre foi dans une solidarité universelle : l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Sud, le Maroc, l'Algérie, l’Union Soviétique, le Canada, le Liban, la Jordanie, le Pakistan, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Yougoslavie et d'autres pays encore ont été marqués de son empreinte ». Il ajoute qu’avec « l'appui sans faille de la Compagnie de Saint-Gobain, puis dans le cadre d'une entreprise créée de toutes pièces, J.J. Le Tourneau et l'équipe qui lui a été fidèle, ont mis en oeuvre dès les années 1950 la pratique la plus nécessaire à notre temps, le PARTAGE : partage du savoir, partage de la technique, partage du management, partage des marchés, partage de la formation, partage des risques. Il fallait un esprit de grande classe pour convaincre les pouvoirs de faire dans leurs stratégies une place pour le service des autres et pour faire passer sur leurs entreprises ce souffle vivifiant. Les nombreux ingénieurs, techniciens, financiers, juristes et commerçants auxquels J.J. Le Tourneau a ouvert de nombreux horizons lui en sont toujours reconnaissants. Ils lui doivent une bonne part de leur épanouissement personnel. Ils ne l'oublieront pas. »
Jean-Jacques Le Tourneau a été administrateur de la Caisse centrale d’allocations familiales de la région parisienne (1946-1954), membre de la commission administrative de l’URSSAF de la région parisienne (1948-1954) et président de la commission de contrôle de l’URSSAF (1952-1954).
Il fut également membre fondateur de la Confédération générale des cadres (CGC), de la Fédération nationale des cadres des industries chimiques et du Syndicat des cadres des industries chimiques. Membre du comité directeur et de la commission de doctrine de la CGC (1945-1954), secrétaire général du Syndicat des cadres de la chimie (1950-1954), membre d’honneur du comité confédéral et du comité directeur de la CGC (à partir de 1954). À l’époque où Jean-Jacques Le Tourneau était à la CGC, celle-ci avait la culture de propositions constructives et la recherche de l’intérêt général.
Il milita toujours pour une réelle participation (et pas simplement pour l’intéressement des salariés). Auteur de nombreux articles économiques publiés dans Le Creuset, Cadres de France, Le Creuset-La Voix des cadres, Le Bulletin du Syndicat national des cadres de la chimie. Professeur à l’Essec (1973-1977). Il était Chevalier de la Légion d’honneur. -
Un voyage en Corse
Un de mes cousins, Louis Le Tourneau, a retrouvé de vieux papiers de famille et a pris la peine de transcrire un récit de voyage rédigé par mon arrière grand-oncle, Fernand Le Tourneau (1875-1959).
SÉJOUR à BASTIA et TOUR du CAP CORSE par M. et Mme Le Tourneau, Mai 1909
Dimanche après-midi, nous sommes allés nous promener dans la ville, et sur la côte, où le tramway nous a amenés à trois kilomètres pour 0.20 [francs]. Le tramway est un petit break de 6, où l’on a la prétention de faire tenir jusqu’à 10 personnes, du même modèle que les fiacres de la ville. (lire la suite) -
Regard sur la création
À chaque étape de la création du ciel
Et de la terre, que le narrateur sacré
Présente comme un hexaméron chamarré,
Dieu vit ce qui était né à l’existentiel,
Il l’examina en pensant à ses futurs
Utilisateurs, qui auront à le gérer,
Et il vit que c’était bon et que sa texture
Était de nature à croître et à prospérer.
Mais quand il en arriva à l’homme et la femme,
Le Créateur s’enthousiasma bien davantage,
Car ils possédaient sur le reste l’avantage
D’imiter son image, d’en être la flamme.
L’argile que le sculpteur céleste boulange
Met au jour une créature nonpareille
Devant laquelle tombent en extase les anges
Lorsqu’elle s’anime, sortant du sommeil.
Dieu leur a communiqué une morbidesse
Qui en fait des êtres d’une mobilité
Spéciale et d’une grande sensibilité,
Et les a faits participants de sa Sagesse.
Dieu vit que cela était bon. « Que tu es belle,
S’exclame-t-il, considérant l’âme immortelle,
Vraiment elle est à mon image et ressemblance ;
De toute ma création, elle est l’excellence. »
Alors, ne contenant pas sa jubilation,
Il s’écria à la face de l’univers :
« Cela est très bon. Voici la population
De cette terre à l’état embryonnaire,
Les premiers parents d’une longue descendance
De saints pour mon paradis, de damnés aussi
Pour l’enfer, qui n’auront pas su faire repentance
Lorsque j’aurai envoyé mon Fils, le Messie.
La vie de chaque être est plus que la nourriture
Et son corps a plus de prix que son vêtement,
Voilà pourquoi l’humain mérite un traitement
Tout à fait spécial, lui et sa progéniture. »
À Adam et Ève encore dans l’innocence,
Dieu n’a donné qu’un unique commandement,
De ne pas toucher l’arbre de la connaissance
Du bien et du mal, sous peine de châtiment.
Dominique LE TOURNEAU
Extrait d’un poème inédit Le Regard.
La reproduction est autorisée à condition d’en indiquer la provenance. Il est possible de donner aussi l’adresse de ce bloc-note (vulgo dicto « blog ») -
15 août : le vœu de Louis XIII
Aujourd’hui, 15 août, nous fêtons l’Assomption de la Sainte Vierge, en tant que patronne principale de la France. Voici l’explication de l’origine de cette fête :
Très pieux, Louis XIII (1610-1643) fait le vœu de consacrer la France à Marie, sous le vocable de son Assomption – sa montée au ciel avec son corps. On conserve quatre rédactions de ce vœu, la dernière en date du 10 février 1638 : le monarque « admoneste tous nos Peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que sous une si puissante Patrone nostre Royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses Ennemis ». Ce vœu devra être commémoré dans tout le royaume le jour de l’Assomption, le 15 août. Une conséquence semble être la grâce d’avoir un héritier, le futur Louis XIV.
Parmi les tableaux qui représentent cet événement, mentionnons la Vierge du vœu de Louis XIII de G. Coustou l’Ancien, 1677-1746 ; le Vœu de Louis XIII de J. Ingres, 1780-1867 (reproduit ci-contre).
Extrait de mon ouvrage Les mots du christianisme. Catholicisme - Orthodoxie - Protestantisme, Fayard. -
Les 14 et 15 août à Paris
Le 15 août est fêté traditionnellement à la cathédrale de Paris par un ensemble de cérémonies dont voici le détail :
Le 14 août, Vêpres à 17h45, suivies de la messe à 18h30 ;
Puis, de 19h45 à 20h15, déplacement vers l’embarcadère avec la statue de Notre-Dame et, de 20h45 à 22h30 procession fluviale sur un bateau-mouche.
Le lendemain, 15 août, solennité de l’Assomption de Notre Dame, patronne principale de la France :
Vêpres à 16h, suivie de la procession de la statue de la Sainte Vierge dans l’Île de la Cité. Messe à 18h15. -
Voyage à Persépolis
Il est en Orient une ville très légendaire
Dont l’évocation frappe toujours l’imaginaire.
Elle est vieille de deux mille six cents ans
Et fut détruite par Alexandre le Grand.
Quant au motif de ce geste dévastateur,
Nul ne le sut jamais, un instinct prédateur
Devant néanmoins être exclu. Mais revenons
À Persépolis, car tel est son si beau nom.
Ville mythique que fonda Darius Ier
Qui n'hésita pas à puiser dans le grenier
Parmi les arts de son siècle les plus toniques :
Colonnes cannelées relevant de l'ordre ionique,
Et de la riche Égypte les salles hypostyles,
De Mésopotamie des frises dont le style
Grandiose et guerrier est présent à notre esprit
Pour l'avoir souvent vu reproduit ou décrit.
Ledit Darius fit percer un canal du Nil
À la Mer Rouge, pour recevoir du fournil
Le pain doré, des fruits divers et les barriques
Qu'il réglait avec sa monnaie, les dariques.
N'oublions pas qu'il fut battu à Marathon
Défaite que voulut venger son rejeton
Xerxès après Platées puis hélas Salamine,
Mycale enfin, dut faire une bien grise mine.
À Persépolis, il rehausse la splendeur
Des temples et remet plus encore à l'honneur
Les cohortes sans fin de ses vaillants soldats
Dont les faits d'arme sont pourtant sans grand éclat.
Quant à Artaxerxès, son fils, qui lui succède,
C'est par un bain de sang qu'à son trône il accède.
Il sait se montrer à l'occasion magnanime
Et même accueille le vainqueur de Salamine,
Thémistocle, sur le tard frappé d'ostracisme
À Athènes même, et, ignorant tout racisme,
Il accepte que ce qui reste d'Israël
Rentre à Jérusalem, s’y trouvant comme au ciel.
Persépolis connaît, sous son gouvernement,
Une floraison de parures, d'ornements.
Chez les Achéménides, elle apparaît vraiment
Comme étant la cité au meilleur agrément.
(Poème inédit)