5. Nous avons vu jusqu’ici l’affirmation de l’Église comme quoi Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, à l’encontre des diverses hérésies qui se sont manifestées aux IVème et Vème siècles.
Aujourd’hui, il est question de la très sainte Humanité de Jésus.
Une précision terminologique tout d’abord. Incarnation vient du latin in « dans » et caro « chair ». « Reprenant l’expression de saint Jean (« Le Verbe s’est fait chair » : Jean 1, 14), l’Église appelle « Incarnation » le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 461) : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme » (credo de Nicée-Constantinople).
Dans l’Incarnation, « la nature humaine a été assumée, non absorbée » par la personne du Verbe, comme le souligne le concile Vatican II (constitution dogmatique Gaudium et spes, n° 22).
— Parce que la nature humaine n’a pas été « absorbée », l’Église enseigne « la pleine réalité de l’âme humaine, avec ses opérations d’intelligence et de volonté, et du corps humain du Christ » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 470).
— Parce qu’elle a été « assumée », « la nature humaine du Christ appartient en propre à la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée » (ibid.). C’est pourquoi la plus petite des actions du Christ dans son humanité a une valeur infinie par rapport à la rédemption de l’humanité, la rédemption étant n des principaux mystères de la foi chrétienne – partie de la vérité inaccessible à la raison –, selon lequel Jésus-Christ a sauvé l’humanité du péché en mourant sur la Croix.
L’humanité de Jésus apparaît comme le « sacrement », c’est-à-dire « le signe et l’instrument de sa divinité et du salut qu’il apporte : ce qu’il y avait de visible dans sa vie terrestre conduit au mystère invisible de sa filiation divine et de sa mission rédemptrice » (Ibid., n° 515).
* L’Incarnation marque un anéantissement de la nature divine. Le Seigneur a assumé la nature humaine sans manifester dans son humanité la gloire surnaturelle qui lui revenait en tant qu’humanité du Verbe : « Il s’anéantit lui-même » (Philippiens 2, 7). Il a connu la soif (Jean 6, 7), ressenti la fatigue (Jean 4, 6 ; Matthieu 8, 24), eu des amis (Jean12, 1-3), éprouvé de la tristesse devant l’ingratitude des hommes (Luc 19, 41), manifesté une sainte colère en présence du comportement mercantile des marchands dans le Temple qui transforment la maison de prière en une caverne de brigands (Matthieu 21, 13), etc.
Il a voulu nous ressembler en tout, sauf dans le péché, pour que, par son exemple, nous aimions notre condition humaine et nous sachions la sanctifier. En effet, étant Dieu parfait Jésus nous donne un modèle de perfection dans la vie ordinaire.
* L’âme humaine du Christ. Apollinaire de Laodicée (vers 300-vers 390) ayant affirmé que le Verbe avait remplacé l’âme du Christ, le pape Damase Ier a écrit en 375 une lettre à l’évêque Paulin d’Antioche dans laquelle il affirme que le Fils de Dieu « a pris l’âme et l’esprit de l’homme » et a donc assumé une âme humaine raisonnable.
« Le Fils de Dieu a assumé un corps animé par une âme humaine raisonnable. Avec son intelligence humaine, Jésus a appris beaucoup par l’expérience. Mais aussi comme homme, le Fils de Dieu avait une connaissance intime et immédiate de Dieu son Père. Il pénétrait également les pensées secrètes des hommes et connaissait les desseins éternels qu’il est venu révéler » (Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, n° 90).
(à suivre…)