4. La remise en cause de la divinité du Christ et son affirmation par le magistère de l’Église
Précision terminologique : magistère, du latin magister, « maître ». Fonction d’enseignement de l’Église, qu’elle exerce en vertu du mandat reçu de son divin fondateur, Jésus-Christ, de prêcher la vérité à toutes les nations.
« Dès le troisième siècle, l’Église a dû affirmer contre Paul de Samosate, dans un concile [c’est-à-dire une réunion d’évêques ou de chefs d’Églises locales] que Jésus-Christ est Fils de dieu par nature et non par adoption. Le premier concile œcuménique [réunion des évêques représentant l’ensemble de l’Église] de Nicée, en 325, confessa dans son Credo que le fils de Dieu est « engendré, non pas créé, de la même substance (homousios) que le Père » et condamna Arius qui affirmait que « le Fils de Dieu est sorti du néant » et d’une autre substance que le Père » (Catéchisme de l’Église catholique)
Plus tard, Nestorius (vers 380-vers 451) voit dans le Christ une personne humaine conjointe à la personne divine du Fils de Dieu. Cette nouvelle hérésie est combattue par saint Cyrille d’Alexandrie (vers 376-444) et condamnée par le troisième concile œcuménique, réuni à Éphèse en 431. Il affirme que « le Verbe, en s’unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle, est devenu homme ».
« L’humanité du Christ n’a d’autre sujet que la personne divine du Fils de Dieu qui l’a assumée et faite sienne dès sa conception. »
C’est pourquoi le même concile d’Éphèse a proclamé que la Vierge Marie est en toute vérité theotokos, la Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu en son sein : « Mère de Dieu, non parce que le Verbe de Dieu a tiré d’elle sa nature divine, maistrance que c’est d’elle qu’il tient le corps sacré doté d’une âme rationnelle, uni auquel en sa personne le Verbe est dit naître selon la chair » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 466).
Une nouvelle hérésie allait surgir : le monophysisme, du grec monos « un seul » et phusis « nature ». Elle est développée par Eutychès (378- après 454), pour qui « la nature humaine avait cessé d’exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 467). En 451, le concile de Chalcédoine, quatrième concile œcuménique, l’a condamnée en enseignant qu’il y avait deux natures en Jésus, la divine et l’humaine, « sans confusion, sans changement, sans division, et sans séparation. La différence des natures n’est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase ».
Cette définition ne devait pas calmer tous les esprits. Il s’en trouva encore, après Chalcédoine, pour faire de la nature humaine du Christ une sorte de sujet personnel. Il revint au deuxième concile de Constantinople (cinquième concile œcuménique), réuni en 553, de proclamer qu’il « n’y a qu’une seule hypostase [ou personne], qui est notre seigneur Jésus-Christ, un de la Trinité ». Résumant les enseignements conciliaires le Catéchisme de l’Église catholique (n° 468) affirme que « tout dans l’humanité du Christ doit donc être attribué à sa personne divine comme à son sujet propre, non seulement les miracles mais aussi les souffrances et même la mort : « Celui qui a été crucifié dans la chair, notre seigneur Jésus-Christ, est vrai Dieu, Seigneur de la gloire et Un de la Sainte Trinité » (IIème concile de Constantinople, en 553).
Dans son enseignement, l’Église se sert de notions qu’elle empreinte à la philosophie — substance, nature, hypostase ou personne — pour préciser la réalité de Dieu et, en lui, de Jésus-Christ, à la fois, nous l’avons dit, vrai dieu et vrai homme. On appelle union hypostatique cette union de la nature divine et de la nature humaine, dans l’unité de la personne, ou hypostase, du Christ, chaque nature conservant ses caractéristiques propres. L’union hypostatique de la nature humaine du Christ avec le Logos ou « Verbe » divin se produit au moment de la conception du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie. Elle ne s’est pas interrompue avec la mort du Christ sur la Croix : son âme seule s’est séparée de son corps, la divinité ne se séparant pas de l’humanité du Seigneur.
(à suivre…)