Ce symbole [le silence] a également un aspect subjectif : le sujet qui cherche à connaître Dieu se trouve face à une connaissance située au-delà de toute connaissance humaine et des conditions spatio-temporelles ; alors, l’expérience mystique aura comme caractéristique essentielle d’indivision de l’âme et de ses facultés, l’unification parfaite au-delà du temps et de l’espace.
Ce besoin de silence dans la recherche de l’union avec Dieu apparaît non seulement chez Denys, mais semble être une constante de la mystique de tous les temps… ainsi dans notre siècle, le bienheureux Josémaria Escriva de Balaguer se rapproche de Denys dans un passage chargé de symbolisme, où il affirme, en parlant de l’union avec Dieu : « Nous avons couru ‘comme le cerf, qui languit après l’eau vive’ (Ps 42, 2) ; assoiffés, secs, la bouche en feu. Nous voulons boire à cette source d’eau vive. Sans rien faire d’extraordinaire, nous évoluons tout au long du jour dans cette abondante et limpide source aux eaux fraîches qui jaillissent jusqu’à la vie éternelle (cf. Jn 4, 14). Les mots deviennent inutiles, parce que la langue n’arrive pas à s’exprimer. Alors le raisonnement se tait. On ne discourt plus : on se regarde ! Et l’âme se met encore une fois à chanter un chant nouveau, parce qu’elle se sent et se sait aussi sous le regard aimant de Dieu, à tout instant » (Amis de Dieu, n° 305).
Le mouvement de ce texte ressemble beaucoup à la voie suivie par Denys : le bienheureux Escriva, parlant du désir de Dieu, symbolisé par le feu, rappelle nécessairement l’eau pour s’apaiser, parvient au besoin du silence intérieur ; il faut faire taire le raisonnement pour parvenir à l’union, au regard qui mène nécessairement à la louange divine.
A. Léon, Le Langage symbolique chez Denys l’Aréopagite : une voie vers la connaissance de Dieu, Rome, 1997, p. 261).